Faire ses devoirs, voilà une expression que Tamaki n'avait plus employé depuis qu'il était en doctorat de sciences, à vrai dire, il ne le disait plus de cette façon. Il disait "bûcher" ou "préparer ses cours", mais avec son stage qui lui demandait du temps, le jeune homme n'avait plus le temps de faire quoi que ce soit niveau études. Après tout, il lui restait quoi? Deux années à tirer et après, signature du contrat au Seoul Grand Park. Après tout, les derniers efforts étaient à faire, mais c'était les derniers.

Au lieu de ça, le voilà qu'il rentre et s'affale sur son lit, épuisé de sa journée de travail. Il passe ses mains sur son visage et jette un oeil à son téléphone. Il n'y avait pas d'appels, ni de messages, et il s'étonnait de ne pas voir Minah dans sa chambre alors qu'il était bientôt 20h. Il se redressa et s'assit au bord de son lit avant de se décider ENFIN à se pencher sur l'ultime devoir qu'il devait faire... Son mémoire. Et oui, ce fichu mémoire qu'il devait déjà préparer, et vu la tonne de choses qu'il avait à pondre, il préférait s'y prendre maintenant. Il prit alors son sac de cours, mit sa casquette et partit en direction de la B.U, qui allait fermer d'une minute à l'autre, certes, mais il savait faire du charme à la bibliothécaire, c'était donc dans la poche.

Il approcha, sûr de lui, de la grande porte de la BU lorsqu'il fut stopper par une grosse dame, qui n'était pas la même que d'habitude. Horreur! Tamaki afficha une mine effrayée en voyant le bibendome devant lui. Demi-tour jeune homme, la B.U va fermer. NON. Pas moyen de faire demi-tour maintenant, il avait absolument besoin d'un bouquin traitant de la faune des pays froids, et ce n'est certainement pas cette femme qui allait l'empêcher. S'il vous plaît c'est vraiment urgent, je dois rendre un mémoire et j'ai besoin d'un bouquin! Elle secoua la tête. Très bien, euh... Que direz-vous si mon professeur vous reproche ma mauvaise note? Elle arqua un sourcil et le regarda de haut, avant de jeter un oeil à la grande horloge au dessus de la porte de la B.U. Et, d'un signe de tête, lui fit un comprendre qu'il pouvait y aller avant d'ajouter: mais dépêchez-vous, je ferme dans 5 minutes! Pas une de plus! mais Tamaki était déjà en chemin, cherchant alors son bouquin. Ben enferme moi, roh. Quelle histoire! chuchota le jeune homme lorsqu'il passa devant un petit, minuscule rayon et crut reconnaître une silhouette. Il stoppa net sa course et sa curiosité devenant un peu trop forte, il regarda attentivement.

OH. MON. DIEU. C'était la fille du zoo. Paniqué, il voulut continuer sa course, mais elle avait dû le voir, et continuer sa course était exactement la chose à ne pas faire s'il ne voulait pas passer pour un idiot. Un imbécile. Il lança un regard vers l'entrée mais la grosse dame était penchée sur des papiers. Caché derrière une grande bibliothèque de livres, il hésitait encore à se montrer. Est-ce que c'était vraiment utile d'aller la voir, alors qu'ils ne s'étaient vus qu'une fois, au zoo? Bon ok, ils avaient plutôt bien discuté mais après? Tamaki, ça s'arrête là, t'es pas assez bien pour elle, et puis si ça s'trouve, elle t'a déjà oublié.

Il retira sa casquette et leva les yeux vers le plafond, avant de prendre sa décision. Il allait la voir, voilà, parce que sinon, il allait le regretter toute sa vie. Ainsi, il apparut à nouveau dans le rayon, pile face à la demoiselle qui était bien cachée dans l'obscurité (sûrement que personne ne l'avait vu, elle était bonne pour rester enfermée toute la nuit)...

- Salut..." lança doucement Tamaki en s'approchant d'elle. "... Tu... Tu te souviens de moi?"  

Assise dans l’obscurité imposante de cette immense bibliothèque, elle se servait de la lumière des réverbères pour se repérer, pour que ses traits soient le plus précis possible. Assise dans l’obscurité mais surtout dans un silence le plus total, elle arrivait à se concentrer, à ne penser qu’à ses doigts qui glissaient sur ce morceau de papier. Personne ne la voyait, personne ne savait qu’elle était là. Cachée au gré de la nuit, elle prenait le temps de se réfugier dans un monde qu’elle ne savait partager. Comme un rituel, elle venait régulièrement s’asseoir à même le sol de cette bibliothèque universitaire parfois pour lire, parfois pour dessiner. Hana aimait les endroits bruyants autant que les endroits calmes, elle aimait s’amuser comme se retrouver pour réfléchir, pour ne plus penser aussi. Juste vivre un peu à sa manière, juste se procurer le bien-être dont elle avait besoin. Elle en bravait les interdits, restant jusque tard dans la nuit alors que la bibliothèque était fermée. Ses voyages nocturnes lui avaient cependant permis de trouver des sorties dont personne ne connaissait l’existence afin de pas rester enfermée toute une nuit entourée de livres.

Il était bientôt l’heure de la fermeture, la bibliothécaire allait fermer les portes et Hana n’attendait que de se retrouver seule et enfermée dans l’immense bibliothèque sombre qui suscitait son imagination. Le silence régnait, parfois la grosse dame chantonnait mais cette fois-ci, elle entendit une voix masculine au loin. La jeune femme resta pourtant concentrée sur ses esquisses, espérant simplement qu’ils ne viennent pas vers elle. Puis un silence, elle se demanda un instant si l’heure avait enfin sonné jusqu’à ce qu’une ombre passe au bout de l’allée d’où elle se retrouvait. Elle leva un œil, reconnaissant un homme dont elle ne vit le visage à cause de la casquette qu’il portait. La voix qu’elle avait entendue devait certainement lui appartenir et, immobile, elle priait pour qu’il ne l’ait pas remarquée mais il fit demi-tour et vint vers elle. Elle leva la tête vers lui, pensant à se retrouver nez-à-nez avec un professeur ou n’importe qui pouvant la chasser en quelques secondes, mais elle reconnut un visage familier et se mit à doucement sourire. « Tu es le gars du zoo ? » lui répondit-elle alors, fermant son carnet à dessins d’un geste de la main alors qu’elle pencha légèrement son visage sur le côté, les sourcils quelque peu froncés. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Presque amusée qu’il l’ait reconnue malgré l’obscurité et qu’il se trouve ici alors qu’elle ne l’avait plus croisé depuis leur rencontre au zoo, elle lui posa une question bien moins évidente que s’il lui avait posé.

Amoureuse de prendre des risques, Hana avait semé la panique le jour de leur rencontre. Un peu trop aventureuse, elle avait tenté de s’approcher des animaux sans même réfléchir au danger auquel elle se présentait. Les regards vicieux et presque apeurés, le dédain parfois, elle semblait être une folle parmi tous ces gens respectables ; cela dit, rien pour l’arrêter. Le jeune homme qui lui faisait face désormais, personnel du zoo, l’avait vue faire avant de retrouver dans l’enclos des crocodiles, non loin de celui où elle se trouvait. Admirative de son métier courageux, ils avaient réussi à discuter après son intervention auprès des reptiles. Bien sûr qu’elle se souvenait de lui. « Tu sais que tu risques de rester enfermer si tu restes là ? » lui lança-t-elle alors d’un ton amusé, comme si elle n’était aucunement concernée par ses propres dires.

Oh... Oh mon dieu. Elle l'avait reconnu presque aussitôt. Et avec un si joli sourire, cela envoya tamaki direct dans les nuages. Elle était si jolie, il se rappelait leur rencontre, ce qui lui décrocha à son tour un sourire encore plus grand qu'il ne l'imaginait. Elle était en train de dessiner, semble-t-il, ce qui l'étonna un peu, mais agréablement. Voilà un point commun: Tamaki dessinait lui aussi, sûrement pas les mêmes choses que la demoiselle, mais il avait une réelle passion pour le dessin, et ce, depuis tout petit. Déjà dans la forêt, il allait, il partait parfois seul, se percher dans un arbre et dessiner les animaux qu'il croisait. Cela pouvait être des singes, ou des oiseaux. Beaucoup de ses dessins étaient conservés dans un carton, dans la maison familiale, mais il n'en avait jamais montré un seul. Par pudeur, peut-être, et pourtant.. Pour un gamin, il en avait fait de très jolis.

Ben, il me fallait un bouquin en fait, pour pouvoir travailler sur mon mémoire ce soir. Il tourna la tête vers la dame qui rangeait ses affaires dans son sac. Il grimaça puis tourna la tête vers Hana, prêt à lui dire exactement ce qu'elle lui dit: qu'il fallait partir au risque de se retrouver coincés. Oui je sais mais j'ai négocié, normalement, elle ne nous enfermera pas. Il faudrait être f... soudain, il entendit la porte se fermer et un bruit de clé venant de l'extérieur.

Il tourna vivement la tête vers l'entrée de la bibliothèque, les yeux ronds comme des billes. Non mais...? il regarda à nouveau Hana. La dame venait de partir, mais il avait tellement du mal à le croire qu'il la cherchait encore. Tout était éteint dorénavant, seules les lumières de l'extérieur permettaient de se voir. J'y crois pas... Elle savait que j'étais là, elle m'a enfermé? Il haussa les sourcils, et se reprit très vite. Elle NOUS a enfermé, pardon. Il grimaça, puis regarda tout autour de lui. Il n'avait pas vraiment envie de passer la nuit coincé dans la bibliothèque, certes avec Hana, cela ne le dérangeait pas, mais quand même, il avait un dossier à avancer et il n'avait pas pris ses feuilles avec lui. Lui qui pensait venir pour seulement 2 minutes, il allait sûrement y passer la nuit.

Mais Hana semblait si décontractée qu'il se demandait si elle n'avait pas une idée derrière la tête, comme par exemple... Une sortie secrète? Mais, ça te fait rien d'être coincée ici? Après tout, chacun son tour pour montrer ses talents. Lui avait montré qu'il maîtrisait bien les crocodiles, à elle de lui montrer comment elle pouvait se permettre de rester jusqu'à tard dans la B.U sans avoir peur de rester coincée.