Les gens disent qu'on ne choisit pas sa famille. Pourtant, n'est-ce pas faux ? Qu'est-ce qui nous retient de claquer la porte un beau jour en effaçant tous moments délicats de sa mémoire, mémoire extrêmement bien conçue par ailleurs ? L'amour. On ne choisit pas sa famille, mais on choisit de les aimer et de les accepter tels qu'ils sont, avec leurs travers et leurs penchants étranges. Et pour un peu que l'on ait baigné dans cette atmosphère depuis l'enfance, alors ces mêmes travers construisent notre normalité. forgent une bulle qui nous écarte de la normalité des autres.
Les parents de Jae Hyeon n'avaient pas prévu d'avoir un enfant, et ce fut aussi pour cette raison qu'il resta fils unique. Consacrés à l'amour envers Bouddha, vivant en marge dans un lieu de secte ( c'est ainsi qu'ils sont considérés, comme tous religieux extrémistes ) aux règles d'apparence bien strictes, pourtant si souples, Jae Hyeon fut l'accident découvert trop tard qui les poussa à se retirer un peu plus. Il passa son enfance dans une ferme les entretenant, au milieu d'un élevage de moutons. Alors ouais, quand on y pense, ceci explique cela.

Franchement, pour être honnête deux minutes, on se rend vite compte que Jae Hyeon n'a rien à dire sur la vie qu'il a mené. En fait, il part du principe qu'il n'a que vingt-deux ans, et que tout est encore à écrire, que sa jeunesse commence à peine et que son livre n'en est qu'au prologue. Après tout, aussi marginal soit-il, aucun élément n'est venu perturber son passé, si ce n'est quelques soucis du quotidien et quelques tracas qu'on connu la majeur partie de la population coréenne.
Élevé dans une ferme et entretenu de sorte à vouer tout son amour à bouddha, il ne vécu que dans une spiritualité douteuse et des pratiques étranges, du moins pour le temps qu'il ne passa pas à courir après les moutons. Sa famille n'a jamais eu une situation financière très stable : sa mère est une ancienne vendeur de pharmacie qui s'est convertie à la ferveur du Bouddhisme dès son mariage avec son père, lui-même ancien pilote de ligne. Il est parfois difficile de réalisé à quel point ils ont échangé une vie stable, contre celle-ci qui ne l'est pas. Ses plus proches voisins se situant à des kilomètres, la seule vie sociale qu'il connu fut celle au sein de son foyer, ce qui a sans nul doute participé à sa timidité presque maladive.

Néanmoins, Jae Hyeon avait cette passion pour le foot depuis qu'il était enfant. Au collège, il concilia les études avec cette pratique, immolant la moindre parcelle de temps libre. Son talent fut par ailleurs tel qu'il fut remarqué très jeune comme espoir de l'équipe nationale, boursier pour une grande école spécialisée. Il aurait peut-être vécu son rêve, de cette façon, mais ses parents refusèrent de laisser s'échapper la seule personne capable d'apporter un gain d'argent supplémentaire. Et alors même qu'il aurait pu s'en offusquer, son ouverture d'esprit et sa capacité à la rationalité le poussèrent à accepter son sort sans broncher.
Dès qu'il en eut l'âge, Jae Hyeon se mit au travail, cumulant parfois les petits travaux, illégaux pour certains. En contrepartie, il redoubla d'efforts pour ses études afin de ne pas se laisser distancer, et sombra de cette façon dans le rythme intensif coréen ; nuits courtes et stress des examens, réprimandes de ses parents. Ceux-ci, d'ailleurs, le poussèrent plusieurs fois à quitter les sentiers de l'école afin de se consacrer pleinement à un emploi, mais le garçon refusa d'abandonner un avenir auto-tracé qui se dessinait un peu plus à ses yeux.

Il intégra Yonsei en tant que boursier. Ses notes furent excellentes aux examens, si bien que chaque frais de sa scolarité fut assumé par l'école elle-même. Travailleur acharné, il refusa tout d'abord d'intégrer une fraternité pour se consacrer à son cursus, tenant tête à ses parents qui désespéraient de voir leur compte en banque se refluer un jour.
Néanmoins l'année dernière, un incendie d'origine inconnue toucha la ferme de ses géniteurs et la ferme entière brûla, l'élevage avec, avant même qu'ils ne puissent faire quoi que ce soit. Coup dur pour Jae Hyeon : il manqua de peu de quitter Yonsei pour venir en aide à ses parents, se sentant encore bien égoïste d'être encore étudiant à ce jour. Le seul épargné par cet incendie fut un agneau fragile qu'il prit sous son aile en le surnommant affectueusement Wattouat, attaché à cet animal comme à une part de son passé. Les dépressions qui suivirent furent nombreuses : tiraillé entre l'autorité de ses parents et son désir de poursuivre ses études, il fut même obligé de prendre contact avec la psychologue de Yonsei sous recommandation de l'un de ses professeurs.

Il se força alors à intégrer l'une des fraternités, afin de souffler et de détourner ses pensées des points noirs de son parcours. Allez savoir pourquoi il choisit les gumiho, sans doute par le plus grand des hasards, ou plutôt sous le coup du destin ? Effectivement, chez les bleus se trouve Ahn Kwan Hee, et croyez le ou non, c'est sûr et certain, Kwan Hee est la représentation même de l'enveloppe du nouveau Bouddha, sa réincarnation. Pouvait-il mieux tomber ? Jae Hyeon se fait esclave avec plaisir, le plus soigneux des assistants, le plus aimant des adorateurs.