A peine ai-je mis un pied à l'intérieur que la musique bourdonne dans mes oreilles, me mettant immédiatement dans l'ambiance du soir. Il y a déjà quelques personnes sur la piste de danse qui s'émoustillent au rythme de la musique. Esquissant un sourire, je salue rapidement quelques connaissances, étant un habitué des lieux, et me dirige vers quelques uns de mes amis, déjà présents dans le bar, scrutant de leurs œils de lynx des potentielles proies pour la soirée. Il faut dire qu'avec eux, il n'y a jamais de répit, c'est toujours le même discours, la même situation, la même technique de drague, et le même type de filles. Bien sûr pour ne pas faire monde à part je les suis souvent dans leur mouvement mais n'étant que très peu intéressé, je me lasse rapidement de ce jeu qui m'indiffère plus qu'autre chose. Malheureusement je ne peux pas le montrer car je dois faire bonne figure et maintenir le rôle qui m'a été attribué, et ce, depuis ma naissance, c'est à dire faire l'homme, le vrai mâle, celui qui chasse uniquement les femmes et non pas les personnes du même sexe. Après quelques minutes à observer la scène qui s'anime devant moi, je m'écarte du groupe, préférant m'isoler quelques instants près du bar, le temps de m’hydrater correctement pour pouvoir supporter toute cette mascarade. Arrivé à hauteur du bar, je commande un cocktail typique de la maison et m'y installe pour pouvoir, au mieux, le boire. En longeant le bar, je croise le regard d'une charmante, semble t-il, jeune femme, qui m'a l'air toute intimidée et pas forcément dans son élément, ou alors ce n'est que l'impression qu'elle me donne. Je l'analyse en quelques secondes, me donnant les informations nécessaires pour tenter une approche. Elle est plutôt fine, à un petit visage mais des traits tout de même assez durs, elle ne semble pas entourer d'amis, pas maintenant en tout cas, et elle fait mi garçon manqué mi . . .  Je ne saurai pas vraiment l'expliquer mais elle m'intéresse car elle se dégage des autres femmes que j'ai l'habitude de croiser ici. J'aime la nouveauté et surtout le challenge.

Je bois d'une traite mon verre et m'approche délicatement de cette personne, pour m'installer à ses côtés, lui faisant un sourire charmeur. « Ta soirée se passe bien ? ». Je tente d'être le plus naturel possible, pour ne pas l'effrayer. Je ne sais pas encore si c'est le type de filles qui risque de courir après un tel échange ou si au contraire,elle va rester à mes côtés pour avoir une éventuelle conversation. Je lui lance un regard qui se veut rassurant, « Tae Oh, enchanté ».
   

Tenue

L'ennui peut nous emmener à des situations bien étrange. C'est ce dont je suis en train de me rendre compte tout en étant assis près du comptoir, à observer la foule danser autour de moi et en sirotant un cocktail dont j'ai oublié le nom. Je suis seul, comme trop souvent à mon goût. Jamais encore je n'étais sortit dans un endroit si peuplé et je ne sais pas encore si je m'y sens à l'aise ou non. En revanche, je peux dire que la foule me plaît. Il y a ici une concentration de coréen tous plus magnifique les uns que les autres et j'ose espérer ne pas rentrer seul ce soir. Ce serait un total gâchis de ma soirée.

Je n'ai pas fais un grand effort sur ma tenue vestimentaire, j'ai simplement attaché mes cheveux en une queue de cheval basse et tenté de porter des vêtements mixtes. J'aime jouer sur mon androgénie, j'aime à voir le regard confus des hommes qui me prennent pour une femme, ou le désir de ceux qui aime ma féminité. En somme, j'aime attirer l'attention et même si je ne suis arrivé que depuis quelques minutes, je suis déjà las d'attendre.

Bien que je me refuse souvent à faire le premier pas, j'ai ce soir une envie particulière de compagnie. Je commence donc, mon verre au bord des lèvres, à balayer l'assemblée du regard. Dans la salle, les hommes sont bien trop occupés à danser, à draguer ou à embrasser pour se soucier de moi. Le long du comptoir, en revanche, mon regard en accroche un autre et je me met immédiatement à sourire. Pour me plaire, il faut être beau, mais il faut aussi avoir du charisme et une certaine intelligence. Il faut aussi savoir faire le premier pas. Il semblerait que l'homme qui vient de croiser mon regard est pourvu de ce dernier trait puisqu'il termine rapidement son verre et vient me rejoindre. Immédiatement, et sans même que je n'en prenne conscience, mes gestes se font plus délicats et mes jambes se croisent. « Ma soirée était d'un ennui sans nom, jusqu'à il y a quelques secondes » répondis-je avec un sourire joueur, buvant une nouvelle gorgée de mon verre, presque vide. « Je suis enchanté, Tae Oh. » Je continue, sans me présenter pour autant. Je ne sais pas si l'homme qui se tient face à moi connaît les tendances des prénoms chinois, mais je ne veux pas qu'il sache immédiatement que je suis du même sexe que lui. Pas encore. « Que fais un si bel homme, seul, dans un endroit comme celui-ci ? » Demandais-je alors, sans lâcher Tae Oh du regard. Cette soirée vient de prendre une tournure qui me plaît.
   

En matière de séduction je ne suis pas un homme compliqué, j'aime autant les formes que les sans formes, j'aime une personne faite de chair comme frêle, bref, je drague tout ce qui peut attirer mon regard, plaisant ou non. J'aime juste passer quelques moments avec une personne, sans qu'il n'y ait forcément de suite, juste pour ne pas être seul, pas dans ce type de contexte en tout cas. Je ne peux donc m'empêcher de sourire lorsque la personne abordée semble me certifier que je lui plais et que je viens d'égayer sa soirée. Elle est donc apte à avoir une conversation banale, ou plus, avec moi, ce qui me rend quelque peu joyeux. Cela signifie très clairement que je ne vais pas être seul ce soir et peut-être même que je ne vais pas rentrer seul, si affinités, soulageant ainsi mes quelques désirs masculins, mais rien n'est encore joué, il faut faire preuve de patience et de séduction. Tel est mon rôle en cet instant précis. « Je suis bien heureux de pouvoir enjoliver ta soirée » et c'est très sincère. Je fronce tout de même des sourcils lorsqu'au lieu de me donner, à son tour, son prénom, elle se contente de juste confirmer ma salutation, ce qui me frustre un peu mais en même temps un soupçon de mystère, ça ne peut que me plaire. Je ne préfère donc pas relever ce manque d'information pour la lui demander plus tard. Je souris davantage sans quitter pour autant le regard de cette inconnue qui me fait face et qui semble elle aussi être dans un jeu de séduction. J'aime, étrangement, ça. « Je suis déjà très flatté par cet adjectif qui me qualifie si bien, et pour te répondre je ne suis pas seul, je suis accompagné d'amis qui sont sûrement déjà occupés ailleurs, et moi-même je semble être soudainement occupé ».  Très occupé avec cette charmante jeune femme mais je pense qu'elle a dû clairement comprendre mes sous-entendus. « Et toi ? Que fais-tu dans un tel lieu, seule je suppose ? Une jeune femme, comme toi, devrait faire attention, il n'y a que des lions en cage prêts à rugir sur leurs proies, c'est bien connu. Sauf si toi aussi tu n'es qu'une lionne cherchant sa proie et que tu cherches une compagnie plus. . . . masculine ? ». Il ne faut pas croire, les hommes ne sont pas les seuls dragueurs et les femmes sont souvent bien moins innocentes qu'elles n'en ont l'air car elles savent pertinemment qu'en mettant leurs pieds dans un tel endroit, elles prennent le risque de se faire courtiser par des hommes, tous plus excités les uns des autres.
   

Tenue

Je ne réponds pas lorsqu'il me dit être heureux de rendre ma soirée meilleure, je me contente de sourire, le laissant ensuite répondre à mes questions. Il n'est pas seul, donc. Pourtant il n'est pas avec ses amis à l'instant, il est avec moi. Joueur, je m'approche de lui, de quelques centimètres à peine, puis je mime de murmurer bien que ce soit impossible dans cet endroit, la musique couvrirait le moindre de mes mots. « Je suis persuadé que tu vas être occupé à bien mieux qu'eux. Je juge ma compagnie meilleure que celle de n'importe qui d'autres. » Je n'ai pas peur d'étaler ma confiance en moi, en revanche j'ai peur de laisser ma langue fourcher sur un mot qui traduirait trop tôt de ma masculinité, si légère soit-elle. Il me confirme quelques secondes plus tard qu'il me considère comme une femme, j'espère qu'il ne sera pas trop déçu ensuite.

« Je m'ennuyais, alors je suis venu me divertir. » Je lance d'un ton nonchalant, en glissant mon index sur le bord de mon verre vide, plongeant ensuite mon regard dans le sien avec un air faussement innocent. « Je n'attends que ça, que les lions rugissent. » Mon regard se détourne de Tae Oh pour parcourir la foules de cours qui dansent et s'enlacent. « Je suis une lionne, j'attends que les lionceaux se jettent eux-même dans mes griffes, puis je mords. » Il y a trop longtemps que je n'avais pas joué ainsi de sous-entendus. Je ne m'effraie pas de la réputation que je pourrais me créer, je suis resté enfermé loin des plaisirs de ce monde trop longtemps. « Penses-tu être assez masculin pour que ma soirée soit intéressante jusqu'au bout, ou penses-tu me lasser en cours de route ? » J'ose demander, je veux juger de la confiance qu'il a en lui-même. Je ne suis pas du genre à apprécier les complexes, à prendre le temps de passer outre. Je ne veux pas servir de thérapie à qui que ce soit.

« Que dirais-tu d'offrir les prochains verres ? » Je pose ma main sur son genoux et remonte de quelques centimètres à peine sur sa cuisse, avant de la poser à nouveau sur le comptoir. Je n'ai pas besoin qu'il paye mon verre, je veux simplement juger sa personne, encore un peu. Le jeu m'amuse et j'aime à pousser les gens jusqu'à leurs limites. Où seront celles du beau Tae Oh ?

   

J'émets un rire cristallisant quand, sans aucune pudeur, la jeune femme me dit qu'elle est très certainement de meilleure compagnie que les autres femmes présentes aussi ou même que les autres individus tout court. Je n'en doute pas au vu de son assurance. J'aime lorsque les femmes savent ce qu'elles désirent, qu'elles aient confiance en elles et qu'elles ne fassent pas vœu de chasteté, surtout pour venir dans de tels lieux. J'ai une préférence pour ce type de femmes puisque celles qui sont soi-disant, innocentes, pures, ne me plaisent guère. Il ne peut y avoir de jeu en leur compagnie alors que moi je recherche justement l'attraction, l'amusement, que cela dure, que cela n'aille pas trop vite, que l'apprivoisement se fait petit à petit. C'est beaucoup plus amusant, surtout pour un homme qui n'apprécie finalement pas les femmes. « Sincèrement, je n'en doute pas, mais je pense être aussi d'excellente compagnie et que tu as bien des chances de m'avoir comme interlocuteur » dis-je en y ajoutant par la même occasion un clin d’œil sous-entendant que je suis un homme particulièrement intéressant et que beaucoup de femmes doivent l'envier à l'instant présent. Je sourcille légèrement, trouvant cette personne de plus en plus intéressante au fil de notre discussion. Alors comme ça la jeune femme attend qu'il y ait justement un lion pour la pourchasser, comme c'est intéressant, je pense être la meilleure personne pour ce rôle si c'est ce qu'elle cherche. Je rigole lorsqu'elle même elle se compare à une lionne prête à rugir sur ses proies. « Je vois que nous sommes deux lions, toi la lionne et moi le lion, qui va rugir en premier ? Toi ou moi ? », je lui lance un petit regard coquin, m'amusant de cet échange.

Je hausse des épaules lorsqu'elle me demande si je suis assez masculin pour rendre sa soirée assez intéressante. Ça, ce n'est pas à moi de juger mais à elle, même si je n'ai aucun doute sur mes capacités à faire de sa soirée, une soirée particulièrement plaisante. « Je ne lasse jamais personne mais c'est toi qui as le jugement dernier, donc tu te feras ta propre opinion d'ici quelques minutes. Ceci dit comme tu es encore à mes côtés, je suppose que oui ». Je lui fais un sourire charmeur, montrant à quel point je ne doute pas de mes qualités en matière de drague ou même en matière de plaisir charnel. Elle ne semble pas avoir peur cette petite puisqu'elle finit par toucher mon genou, pour entamer un premier contact avec moi, pour finir par déposer sa main sur le comptoir. Une aguicheuse qui sait y faire, en plus de cela, le jeu risque d'être encore plus amusant. « Tu souhaites t'enivrer un peu plus avec moi c'est ça ? Parce que si c'est ça il y a d'autres moyens . . .  mais n'allons pas trop vite, et amusons nous encore un peu ». Je me mords la lèvre supérieure, me trouvant étrangement attiré par cette femme, ce qui est une première. En général je m'amuse juste sans réel plaisir mais là, c'est autre chose. « Que dirais-tu si je t'offre un verre ? », dis-je en reprenant les mots de la jeune femme mais en les tournant à ma propre sauce. Je demande au barman de me servir deux verres et quelques minutes après il nous les apporte. Je lui tends le verre et prends le mien en le levant dans sa direction, « On trinque ? A ta plus belle rencontre », je souris mielleusement, et bois quelques gorgées de mon breuvage. « Et . . .  puis je savoir quel est le prénom de la lionne en face de moi ? ».
   

Tenue

Un homme sûr de lui. J'aime ça. S'il y a bien une chose dont j'ai horreur, c'est de devoir guider. J'aime rugir, j'aime régner, mais j'aime aussi suivre les directives, surtout en ce qui concerne la séduction. Cela ne veut bien entendu pas dire que je me laisserais faire, seulement un homme sûr de lui, presque sévère, c'est aussi dangereusement séduisant. Une forme de masculinité que je n'ai pas, que je ne cherche pas à avoir mais que je cherche chez l'autre, à mes risques et périls. Tae Oh entre dans mon jeu, il suit mes actions et il en vient même à me demander qui rugira le premier. « Oh, j'espère bien que ce sera toi. » Ma voix est presque mielleuse. J'ai horreur de ça, seulement je ne peux pas lui montrer que mon côté femme forte, je dois aussi le laisser entrevoir une certaine fragilité dont les hommes raffoles. Pour l'instant je joue encore avec le feu, je le laisse croire que je suis une femme, seulement il faudra bien lui dire la vérité si je veux jouer plus longtemps, s'il me laisse le droit de jouer encore.

Une nouvelle question piège franchit mes lèvres. Une légère provocation à laquelle il répond à la perfection. Il a confiance en lui, c'est du moins l'impression qu'il dégage et que ses mots transmettent. Il me plaît, je crois que c'est désormais une certitude. « Tu as raison. » Je confirme avant de reporter mon attention sur mon verre. « Je souhaites m'enivrer. Ou peut-être que je souhaites que ce soit toi qui m'enivre, qui sait ? » Mon sourire est joueur, mais furtif. Je passe mes doigts dans mes cheveux pour les rabattre derrière mon oreille et je lui lance un regard qui en dit long sur mes intentions. Cela dit, comme il vient de l'évoquer, nous devrions nous amuser un peu plus. « C'est exactement ce que je veux. Je te laisse même le choix de ce que tu me feras boire. Un privilège. » Le presque inconnu a désormais toute mon attention, les beaux mâles de la piste de danse sont déjà loin dans mon esprit. Me captiver est une chose difficile, mais il y parvient. Son assurance, peut-être... Ou son sourire.

Je me saisie du verre qu'il me tend et trinque avec lui. « Ma plus belle rencontre, ou la tienne ? » Un air taquin, à nouveau, orne mon visage. Il sait y faire, il a de l'expérience dans la séduction et c'est aussi réconfortant qu'enivrant. L'alcool contenu dans mon verre brûle délicieusement ma gorge et alors qu'il demande à nouveau mon prénom, je me dis qu'il est tant de le lui donner. « Le mystère n'est-il pas plus séduisant ? » Je demande tout de même une dernière fois, avant de venir glisser délicatement mes doigts sur la nuque du jeune homme, approchant mon visage du sien jusqu'à ce que mes lèvres effleurent les siennes. Je joue quelques secondes, puis murmure contre sa bouche « Je m'appelle MaoDi. » C'est quitte ou double. Soit il me repousse violemment et je devrais tourner les choses à mon avantage pour garder la face devant l'entièreté du bar, soit je le ramène à la maison.

   

Je rigole instantanément quand elle me dit qu'elle espère que je sois le premier à rugir. Je n'ai aucun doute sur mes capacités à la satisfaire dans ce domaine là, je suis toujours le premier à chasser et donc toujours le premier à rugir, pour le plus grand plaisir de ces dames. « Et si ce n'est pas le cas ? » demandais-je en arquant un sourcil, « la gazelle va t-elle s'enfuir dans les crocs d'un autre lion ? ». Bien sûr, je dis ces mots pour plaisanter car la jeune femme semble être totalement charmée par moi, sans que je ne m'en vante, mais il faut dire qu'il y a un jeu intéressant entre nous, et cela semble lui plaire, tout autant que cela me plaît. Elle s'amuse à me poser des questions pour voir qu'elles sont mes réponses et savoir si elle peut rester en ma présence ou si je suis bien plus ennuyeux que je ne parais l'être, mais j'ai plus d'un tour dans mon sac et il faut toujours se méfier du lion qui attend de rugir sur sa proie favorite. Je la laisse donc tenter de me charmer et de me provoquer, me lançant quelques regards aguicheurs, me faisant rire intérieurement. C'est vraiment la première fois que je croise une femme telle qu'elle, je n'ai jamais été autant séduit par une silhouette féminine, ce qui me paraît bien étrange. « Oh mais je pense que je t'enivre déjà avec mes paroles et mon charme si irrésistible » dis-je en m'approchant de son oreille pour lui susurrer ses mots, m'éloignant juste après, un sourire coquin sur les lèvres. « Et si j'ai le privilège de choisir le verre en question je ne vais pas refuser un tel honneur, je vais donc te laisser goûter à l'exquis cocktail que je t'ai préparé . . . enfin que le barman va te préparer ». Je fais exprès de me tromper, l'invitant à continuer cette discussion pour qu'elle puisse, éventuellement, goûter à ma chair.

Prenant le verre dans mes mains, je lui lance un regard provocateur, « la tienne, et peut-être la mienne, seul l'avenir pourra me le dire ». Peut-être que cette femme va m'intéresser plus que la norme habituelle. Lorsque je lui demande son prénom et qu'elle finit par me lâcher celui-ci, je reste quelques secondes interdit, ne comprenant pas immédiatement. « Mao Di, vraiment ? », je fronce quelques secondes mes sourcils et finis par rire de la situation. Alors depuis le début je me suis trompé, ce n'est pas une femme mais un homme, je comprends mieux pourquoi elle a autant de répartie et pourquoi elle me séduit autant. Je ne sais pas si je dois continuer ou pas ce jeu de séduction. A vrai dire je suis plus intéressé par les hommes que par les femmes, mais j'en séduis que très rarement, préférant éviter ce type de situation, pour ne pas nuire à ma réputation mais cet homme ressemble tellement à une femme qu'il est facile de cacher la vérité. Intéressant. « Hum . . . Je vois . . . Le jeu prend une tournure quelque peu amusante, je dois l'avouer ». Je finis les quelques gorgées de mon verre, passant ma langue sur mes lèvres. « Devrais-je continuer ou ne devrais-je pas ? Si j'arrête maintenant tu risques de rentrer penaud et frustré de cette soirée n'est-ce pas ? ». Je continue ou je continue pas ? Telle est la question.
   

Tenue

À mon incroyable et entière surprise, Tae Oh continue à jouer. Il trouve même mon information intéressante. Je devine que mon rôle était tenu à la perfection, encore une fois. Il faut dire que ce n'en est pas vraiment un, de rôle. J'ai toujours eut cette personnalité ambiguë que je ne comprends parfois pas moi-même. Je ne cherche pas à me placer dans une catégorie, j'aime jouer de mon physique androgyne mais au fond le jeu n'est que le reflet de ce que je suis.

« Je sais garder les choses intéressantes. » Continuais-je d'un ton enjôleur, un sourire amusé aux lèvres. Même s'il dit risquer de quitter la partie, je sens qu'il ne le ferait pas. Si ma masculinité le dérangeais, il serait partit à la seconde où il a comprit. Il ne serait plus là, à tenter de me faire dire des mensonges, à tenter de m'obliger à flatter son ego. « Penaud ? Non, très cher. Bien sûr, il serait triste de devoir te laisser partir, mais il y aura un autre agneau à capturer dans mes filets. » Une qualification qui risque de ne pas vraiment lui plaire, s'il est susceptible. Tous les hommes le sont lorsqu'on s'en prend à leurs virilités.

La première partie du piège est terminée. Je l'ai attiré à moi, je l'ai laissé me séduire en le séduisant au même moment. Désormais, c'est son estime que je dois taquiner. Juste assez pour qu'il ne veuille pas me donner raison, juste assez pour qu'il ait envie de me montrer à quel point j'ai tord. « Peut-être pourrais-je trouver un lion plus sauvage » Dis-je en m'éloignant, reprenant sagement ma place sur le tabouret du bar. Je dévie mon regard, porte mon verre à mes lèvres et laisse mes yeux faire le tour de la foule. Je mime le désintérêt lorsque je pense encore à l'odeur enivrante de l'homme à mes côtés.

C'est en plongeant finalement mes yeux dans ceux de Tae Oh que je termine mon verre avant de le reposer sur le comptoir. « N'as-tu pas envie de sortir de ta zone de confort ? Il y a tant de choses merveilleuses que tu risques de rater... » Je laisse mes mains glisser du haut de mes cuisses à mes genoux en un geste discret, mais que je souhaites appuyant mes propos. Après quelques secondes à observer mon partenaire de la soirée, je me lève à nouveau et passe mes bras autour de son cou, m'approchant jusqu'à ce que mes lèvres soient proches de son oreille. « Je peux te promettre que je suis meilleure que toute les catins de cette boîte. » Un discours peu flatteur, mais en ce qui concerne la séduction, je n'ai aucune peur quand à ma possible réputation. Je ne risque pas de me priver d'un peu de plaisir pour un langage peu flatteur. Le jeu en vaut la chandelle.

   

Il est vrai que face aux hommes je suis plutôt, voir totalement, réticent à l'idée de finir ma soirée en leur présence et je préfère même éviter ce type de situation, au risque de me voir condamner à donner des explications à mes supérieurs. Je ne veux pas le dire mais en tant que membre de la mafia, mes faits et gestes sont parfois scrupuleusement analysés et répétés, d'où mon impossibilité de faire tout ce que je désire. Même si ce n'est pas une surveillance permanente, il y a beaucoup plus de membres de la mafia circulant dans la nature qu'on ne peut l'imaginer, d'où ma difficulté à me laisser prendre au jeu avec des hommes. Mais pour Mao Di le jeu est plus intéressant puisque son physique porte à confusion, pour mon plus grand plaisir. Je rigole, sournoisement, fixant d'un regard intense le jeune homme. « Mais cet autre agneau sera t-il à la hauteur de tes espérances, pourra t-il prendre la place du bélier que je suis ? Un agneau, ce n'est qu'un novice, tandis que moi . . . Ô moi, je suis loin d'être débutant ». Je lui fais un grand sourire, rempli de sous-entendus. En vérité, je n'ai pas du tout d'expérience avec les hommes, enfin si, mais elles ne se comptent pas sur les doigts d'une main, tandis qu'avec les femmes, c'est autre chose. Je garde ce sourire narquois quand il fait mine d'être subitement désintéressé par ma personne. Oh le vilain ! Il sait comment jouer à ce petit jeu du chat et de la souris, mais je ne suis pas contre, au contraire, je trouve cela palpitant, me donnant, presque, envie de rester à ses côtés, pour conclure cette discussion à ma façon. « Peut-être bien que oui mais peut-être bien que non, si lion sauvage tu trouves, mieux que moi, alors fais moi signe, mais je doute que tu puisses avoir une telle chance ». Je me détourne quelques instants de son regard, faisant tournoyer entre mes doigts le verre vide. J'ai hâte de savoir s'il en trouve, mais au vu de son regard qui se pose de nouveau dans le mien, je doute encore plus.
Mao Di tente alors de me faire succomber en faisant glisser sa main sur ses jambes, pour venir, par la suite, se glisser à mon cou, jouant certainement la carte du rapprochement corporel. En pleine hésitation, je finis par replacer une mèche de cheveux derrière son oreille, lui susurrant, « et bien montre moi que tu es la meilleure de toutes ces  . . .  catins ». Je m'éloigne de lui, soufflant légèrement sur son oreille, pour laisser la chaleur venir la chatouiller. « Tu as toutes les cartes, ou presque, en main, alors comment comptes-tu me faire succomber totalement, comment comptes-tu me montrer tes capacités si. . .  hors normes ? ». J'arque un sourcil, prêt à tout entendre, mais surtout, à tout voir.