La pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter. Plusieurs élèves étaient par paires, sous des parapluies. C'était peut-être l'occasion de se rapprocher un plus d'une autre personne, cette manière de faire. Je n'en savais pas grand chose, et je m'en moquais. En partant du dortoir des neugdae, je n'avais pas eu le temps de prendre quoi que ce soit. Je me suis habillé léger, un simple haut avec mon écharpe rouge habituelle, avec un pantalon. Je n'avais pas envie de perdre du temps à me déshabiller avant de rentrer du dortoir pour aller me coucher. Tu parles d'une excuse pour ne pas se couvrir, surtout en temps de pluie. J'étais adossé à un arbre, qui était juste après la porte d'entrée. Je ne recevais pas grand chose comme gouttes. Mais j'étais certain de prendre une douche monumentale si je pointais mon nez dehors. Il pleuvait de plus en plus fort. Je n'avais pas cours, ce matin. Je voulais voir s'il y avait quelqu'un que je connaissais, histoire de prendre des nouvelles. Sauf que maintenant, vu la pluie battante, je ne voulais pas m'aventurer pour être trempé.. Je relève la tête pour fixer les nuages sombres, un long soupir s'échappe de mes lèvres. Je crois que je vais rentrer au dortoir et me recoucher au plus vite. Au moins, je serais au chaud sans qu'une personne vienne me déranger. Bon, si Rahel était dans la chambre, elle pouvait m'embêter, mais elle a l'autorisation de le faire. Depuis que Mio est partie de la fraternité, c'était assez calme. Je jouais de moins en moins à la console, car je me concentrais sur mes études. Je trouve ça facile, mais il faut que je commence à mettre du moins pour pouvoir obtenir mon diplôme. Quelques minutes plus tard, je suis retourné chez les neugdae. Il n'y avait rien à faire, alors j'ai profité pour me sécher et de me mettre en caleçon pour m'allonger sur mon lit. Rahel n'était pas là, j'aurais pu l'attendre, mais je ne sais pas si elle est allée en cours.

Rahel avait eu une rude soirée. Enfin, tout dépend de la définition que l'on donne à « rude ». Dans son cas, il s'agissait d'une soirée faite de décadence, de fête, de beuverie. Et elle en était ressortie épuisée, totalement, réellement. Elle avait fait la fiesta jusqu'à pas d'heure et était quasi directement allée en cours, sans même passer par son dortoir ou sa chambre. Motivée au départ, mais rapidement épuisée par la suite. Ces cours l'agaçaient, et ce bas peuple l'agaçait : oui, les gens l'énervaient, tous. Elle n'aimait être entourée que de sa clique, quelques personnes qu'elle avait choisi consciencieusement. A croire que la vie de gang des Park n'épargnait personne, du plus grand au plus petit. Oui, elle agissait comme une maîtresse incontestée avec sa clique, et refusait de se mélanger aux autres, qu'elle ne trouvait pas à son niveau. Prétentieuse ? Peut-être bien, mais elle ne s'en cachait pas. Après tout, on ne voyait qu'elle dans cette université, et elle y croyait. On ne voyait qu'elle, avec sa crinière dont la couleur changeait comme on changerait de chemise, et ses habilles de lumière dont peu oseraient se parer.
Epuisée, et résignée, elle finit par prendre le chemin de sa chambre. Personne ne s'y trouverait, qu'elle avait cru au départ. Et qu'elle ne fut sa surprise lorsqu'elle y retrouva Tae Hwi. « Tiens donc. » Souriant malicieusement, elle s'approcha de lui. « On sèche les cours à ce que je vois ? Tu sais que t'es un vilain garçon ? » Laissant échapper un petit rire, elle lui tourna ensuite le dos, commençant à se déshabiller sans gêne aucune. Les robes sexy s'était bien beau, mais rien ne valait ses pyjamas bien agréables, et tout aussi séduisants, comme sa petite nuisette en dentelle qu'elle enfilait justement avant de s'attacher les cheveux en un chignon rapide. Puis nonchalamment, elle partit s'asseoir sur son propre lit, sans lâcher Tae Hwi du regard, un sourire en coin au bord des lèvres.

Je ne savais vraiment pas quoi faire.. J'ai allumé ma console de jeu ainsi que mon ordinateur, mais j'ai tout de suite abandonné l'idée de jouer ou de regarder un film. J'avais tout simplement envie de me reposer, d'entendre les gouttes d'eaux exploser contre les fenêtres de la chambre. Je pouvais en profiter vu que ma colocataire n'est pas présente, mais c'est cool de se reposer dans ses bras lorsqu'elle est présente. Nous avons une relation plutôt particulière, je crois que personne ne pouvait comprendre ce qui se passait entre nous. Je vous rassure, nous ne sommes pas un couple, c'est une relation difficile à expliquer. Je regarde le plafond attentivement en pensant à diverses choses. Il faut que je me trouve une partenaire sexuelle qui serait capable de se déguiser en un personnage de film d'horreur ou de dessin animé pour faire un petit scénario érotique. Je sais que ça peut être bizarre vu comme ça, mais c'est toujours sympa de faire des jeux sexuels en étant déguisé, et je pense que pouvait être totalement génial si c'est mélangé avec du sm. Je vais devenir réalisateur de films pornographiques que de devenir médecin ou chirurgien. Est-ce que c'est complètement tordu de penser à des choses comme celle-ci ? Je ne sais pas, mais si je propose cela à des personnes fermées d'esprit, ils vont commencer à jouer les vierges effarouchées. Qu'est-ce que je m'en fichais de leur avis, je fais ce que je veux. Je sors de mes pensées lorsque j'entends la voix de ma colocataire. « Je ne sèche pas, je n'ai pas cours ce matin. » Pour une fois que je ne sèche pas les cours. J'avais souvent des sanctions pour ne pas aller aux cours importants. Je m'ennuyais et je connaissais déjà à peu près les exercices sur les bouts des doigts. La jeune femme se met dos à moi et commence à se déshabiller pour se mettre en pyjama. J'en ai profité pour regarder son dos et ses fesses, c'est toujours un plaisir de reluquer celle-ci. Elle a ce corps que toutes femmes rêvent d'avoir, mais elles ne s'appellent pas toutes Rahel. Elle se pose sur son lit et nos regards ne se lâchent pas, on pourrait croire que c'est une bagarre de regard, mais c'est plutôt un jeu de séduction qui venait se mettre en place. Je me lève du lit et je vais m'allonger auprès d'elle. Je lui fais en bisou sur le coin de ses lèvres, mes mains viennent entourer sa taille. « Madame me laisse tout seul le soir pour aller je ne sais où ! J'ai fait des cauchemars et tu n'étais pas là pour me rassurer. » Un sourire s'affiche sur mon visage, et je niche mon visage dans le creux de son cou. Ce n'est pas un reproche, son attention m'a manqué.

Rahel n'était pas adepte des relations classiques. A vrai dire, toutes ses relations étaient étranges, originales, hors du commun. La belle ne faisait rien comme tout le monde. Sa relation avec son propre frère n'était pas classique, ça annonçait directement la couleur. Et bien évidemment, Tae Hwi n'était pas en reste. Il était son colocataire, elle s'amusait parfois à se vanter d'être sa « maîtresse » et lui son « plus fidèle serviteur »... Il partageait son lit, elle le couvrait presque maternellement parfois. Oui, une relation très étrange, trop étrange en fin de compte. Mais la Park s'en satisfaisait. Et puis, l'avantage était qu'elle pouvait se permettre bon nombre de choses en sa compagnie. Se déshabiller sous ses yeux n'était pas un problème, se pavaner en petite culotte, venir se glisser entre ses draps, sortir nue de la douche... Que des avantages que je vous dis, que des avantages.

Epuisée par sa soirée de la veille, elle était donc revenue dans sa chambre après une tentative d'aller en cours. Et une fois déshabillée, histoire d'être plus à l'aise, couverte d'une fine nuisette oh combien confortable et sexy à la fois – autant allier l'utile à l'agréable, non ? -, elle se glissa dans son lit sans le quitter du regard, un sourire en coin. Elle n'avait pas besoin de parler pour qu'il la comprenne, et savait qu'il saisirait tôt ou tard le message qu'elle tentait de lui faire passer. Et, surprise. Le voilà, quelques instants plus tard, à venir dans son lit, se glissant entre ses draps. C'est bien évidemment les bras grands ouverts que la blonde l'accueille, sans perdre son sourire, répondant à son mince baiser. « Owh. Mon pauvre bébé, tu as fait des cauchemars, vraiment ? » Elle glissa sa main dans ses cheveux, les caressant en jouant avec. « Ou est-ce que c'est un mensonge pour me faire culpabiliser de t'avoir laissé seul toute la soirée ? » Elle eut un petit rire, taquin. « Je ne m'en irai plus, si ça peut te rassurer. » Puis, elle se pencha un peu, venant glisser quelques mots à son oreille en chuchotant. « Ou... Que dirais-tu de rester ici toute la journée ? Rien que tous les deux ? » Elle voulait le pousser au vice, rester entre ses bras plutôt qu'affalé sur une chaise de cours, vile tentatrice, qu'est cette Rahel.

Ce qui est bien lorsque je suis avec la demoiselle, c'est que je pouvais oublier les soucis du quotidien. Évidemment, je rigolais lorsque je lui avais dit que je faisais des cauchemars lorsqu'elle n'est pas avec moi, je lui faisais une demande, je voulais qu'elle soit plus présente dans notre chambre. J'ai besoin de sa présence, alors il faut qu'elle rentre le plus souvent possible, au moins, je pourrais faire quelque chose d'autre de mes nuits. J'en avais marre de jouer à mes jeux vidéos ou à me toucher devant des films pornographiques ou même sur des photos d'elle ou de Eun Bi. C'est lassant de faire la même chose. Heureusement que ma demi-sœur me téléphone pour savoir si je veux bouger quelque part, elle vient souvent me chercher en moto et grâce à elle, je faisais autre chose de mes soirées. Nous visitions souvent des villes où nous n'avions pas été, il fallait bien qu'on se vide la tête de temps en temps. J'aimais être avec les personnes que j'aimais, ce n'est toujours pas évident de s'arranger, mais on fait en sorte de passer du temps ensemble, et c'est ce que je voulais avec ma « maîtresse ». On fait quelques trucs ensemble, mais sinon, on se voit que lorsque nous rentrons au dortoir. J'ai commencé à rigoler quand elle me proposa de rester avec elle toute la journée, ce n'est pas de refus, après tout, les révisions pouvaient bien attendre. Je suis un génie, je n'avais pas besoin d'avoir la tête plongée dans mes cahiers toute la journée. « Hm... » Je viens attraper ses lèvres pour lui montrer que j'acquiesce son idée. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre, et il fallait dire que j'avais envie d'être avec elle. Je suppose que je n'avais besoin de parler pour qu'elle comprenne ça.

Rahel avait un cercle de proches assez restreints. Amis, un peu plus qu'amis, ou amis spéciaux, bref. Il y en avait pour tous les goûts, surtout ceux de la belle, mais surtout... Ils n'étaient pas beaucoup. Elle ne les choisissait pas à la légère, car elle préférait éviter de laisser des gens non méritants se rapprocher d'elle. Elle connaissait sa valeur, et voulait que celle de ses « proches » soit équivalente à la sienne, ou s'en rapproche du moins. Même en réalité, cela pouvait aussi se traduire par une envie d'être bien, tout simplement, d'être comprise, de ne pas être jugée et d'éviter d'être blessée. Et Taehwi arrivait justement à respecter ces différents critères à la lettre. Avec lui, Rahel se sentait bien. Juste bien. Elle n'avait pas besoin de beaucoup en dire, de beaucoup en faire, tout allait de soi. Ils se comprenaient intuitivement, et cela lui allait à la perfection. La preuve : là voilà, en nuisette, dans un lit, alors qu'il venait tout juste de faire jour il y a quelques heures de cela et que la nuit n'était pas prête à pointer le bout de son nez et... Et eux non plus d'ailleurs, n'allaient pas pointer le bout de leur nez dehors avant un petit moment. Comme elle le ferait avec un enfant, la belle le cajolait, le couvrait de baisers et de caresses. « Tu as fait quoi, hier, en mon absence ? » Elle caressait ses cheveux, jouant avec, sans le lâcher du regard, un mince sourire sur les lèvres. « Tu es sorti un peu ? Même si tu es sorti sans moi, tu peux me le dire, je ne t'en voudrai pas pour cette fois. ~ » Elle rit un peu, lui volant un nouveau baiser. « On se commandera quelque chose pour le déjeuner, comme ça pas besoin de sortir d'ici, ça te va ? » Parfois, Rahel aimait se couper du monde. Juste totalement se couper du monde. Elle voulait passer la journée entière en tête à tête avec lui et se détendre, sans à avoir à mettre les pieds dehors ou à se mêler de quelque chose du « monde extérieur ».