18 nourrices, 16 licenciements, 2 démissions, une enfant jamais contente.

Saejin n'était pas une gosse capricieuse, pourtant, mais elle ne voulait qu'une chose ; ses parents. Son seul camarade de jeu ? Ses deux frères. Ils jouaient ensemble, même s'ils étaient plus vieux. Ils savaient l'occuper, l'amuser, et Saejin les adorait. Ils étaient sa seule famille, pour elle, ses seuls amis, aussi. Ses parents étaient toujours absents, jamais présent pour elle, pour eux, et en guise d'excuse, ils avaient "trop de travail". Saejin les avait longtemps détesté, pour la délaisser aussi facilement et sans once de remords. Puis, au fil du temps, elle s'y était fait, horriblement seule et triste. Bon, ses parents ne l'ont pas rendue dépressive pour autant ; Saejin a juste été élevé par des nourrices, son grand frère et son jumeau, Hyunwoo. Les trois formaient un duo de choc, et entre nous, la jeune fille s'amusait à exaspérer les nourrices, dans l'espoir d'attirer l'attention de ses parents sur elle. Si ça a fonctionné ? Pas du tout. Trop occupés par leur boulot, ils n'ont pas vraiment capté le manège de leur fille. Elles finissaient toutes licenciée. Le 12 octobre 2010, ce qui commençait à aller mieux est devenu horrible. Son grand frère est mort. D'une mucoviscidose. A seulement 19 ans. Les faux jumeaux, sa mère, son père, étaient plongés dans un chagrin qui semblait être sans fin. Un genre de train qui ne s'arrête jamais, un titanic qui coule trop lentement pour être supportable. De la torture. Un être qui manque, ça vous ronge, et Saejin, en plus de se sentir seule à cause du manque de ses parents, n'était pas au beau fixe. Elle ne sortait plus énormément, et ce jusqu'en 2012. Inconsolable.  Son grand frère était son modèle, un ange, quelqu'un qui n'aurait jamais du mourir si jeune. Et ses parents l'avaient compris ; ils s'étaient mis en tête que personne ne devait mourir ainsi - et ils étaient devenus encore moins présents. Vous comprenez donc où je veux en venir ; la jeune fille était accablée d'une tristesse sans nom.

douceur réveillée, acidulée

Malgré tout, la vie devait continuer, et sur un plan plus social et moins familial, la jeune fille n'était pas à plaindre. Malgré les langues de vipère qui dénigraient la nature de sa beauté, Saejin était une fille plutôt appréciée, pendant ses années lycée. Cheerleader, studieuse, fêtarde, jolie, le stéréotype parfait de la fille parfaite. Rien de bien mauvais car en prime, elle n'était pas bien méchante, simplement corrompue. Traînée par ses amies dans des paris stupides, elle avait fait du mal aux autres sans s'en vouloir. Sauf pour une personne. Tamaki. Cet intello puceau à souhait, idiot, dont elle ne pensait pas s'éprendre, l'avait emmêlée dans ses propres fillets et perdue. Pauvre nana, tout le monde la voulait sauf lui. Enfin, même si tout le monde la voulait, elle n'était pas pour autant sortie avec x, y, ou z. Non, du tout, elle était très sérieuse. Son seul petit-ami et elle sont restés ensemble une petite année.. Un peu moins. Sincère, et un peu trop franche, elle l'avait quitté quand elle s'était rendue compte de son attirance étrange (et anormale) pour le geek. Et une fois le lycée terminé, elle s'était dirigé vers des études qui lui parlaient ; les langues. Petite, elle voyageait souvent avec ses parents (sans vraiment profiter de ces derniers), profitant de divers pays et divers cultures, élargissant sa mentalité et, surtout, son langage. Elle était devenue rapidement curieuse face à certaines ethnies, apprenant à connaître certaines cultures, jusqu'à d'autres langues. Bon, le chinois, ce sont ses parents qui avaient décidé pour elle mais, le russe, c'était son initiative. Hormis ça, Saejin reste une fille à découvrir, à apprendre, sociale mais brisée, heureuse mais triste, intelligente mais énormément fêtarde.. Un paradoxe.