Hojoo a un sale caractère, son regard d’ailleurs ne la trahit pas. Elle a toujours eu cette manie malpolie de fixer les gens comme s’ils ne lui arrivaient pas à la cheville. La jeune femme ne s’en rend pas toujours compte, et parfois, elle en profite, en abuse, insistant de son regard de braise sur quelqu’un qui ne se sent pas forcément bien dans sa peau. C’est cruel. La coréenne n’est pourtant pas si méchante, elle est simplement impossible à changer : elle est comme, les vieilles personnes coincées dans leur jeunesse d’après-guerre qui soutiennent woodstock mais qui sont contre la drogue et les tatouages. Hojoo s’interdit sans peine les petits plaisirs de la jeunesse camée de séoul et réprimande tous ceux qu’elle voit avec un joint dans la bouche ou un monstrueux tatouage tribal sur le corps. De son intolérance légendaire, l’acrobate assure que les tatouages ne sont qu’un effet de mode et sont ici non pas pour raconter une histoire mais simplement pour être vus.

Hojoo ne s’aime pas. du moins, elle essaye de faire croire au monde qu’elle se sent parfaite comme elle est, et qu’elle n’a rien à envier aux autres. C’est une fille bien trop paradoxale et ça lui coûte souvent sa crédibilité. Elle n’aime pas les gens indiscrets complètement timbrés et pourtant ses deux héroïnes sont deux brigands sadiques et dont le cerveau a tant grillé qu’il a filé par les trous des oreilles. Baby firefly adorait couper la tête de ses poupées et les exposer sur les murs. Harley quinn s’est entiché d’un maniaque gangster et s’est jetée dans de l’acide pour lui. ça n’est pas hojoo. Du moins, ça n’est visiblement pas ce qu’elle est : peut-être ce qu’elle aimerait être. C’est peut-être pour cette stupide raison qu’elle veut faire de la téléréalité après tout. Paradoxale oui. Incomprise certainement, et par elle-même encore plus. C’est pourtant bien elle, qui aime la discrétion, qui se retrouve à être danseuse de charmes et rêve de passer dans des émissions complètement dépravées qui doivent être les plus regardées dans le pays.

S’il y a bien un point sur lequel elle ressemble à sa arlequin préférée, mis à part sa souplesse légendaire, c’est bien qu’elle s’entiche assez facilement, sans pour autant le montrer pleinement, des voyous ou hommes cruels. Ce n’est pas de sa faute, s’assure hojoo en se regardant dans le miroir, le sourcil droit toujours redressé avec classe. Elle est simplement un aimant à danger public et elle en paie le prix. Pour l’instant elle n’a pas encore trouvé celui qui la fera se sentir bien tout en la faisant se sentir en danger. Le jour et la nuit. Les deux amants se mêlent avec tant de facilité.

Et pourtant, à se mêler avec des bandits, hojoo montre davantage son caractère de femme forte, autoritaire et sans détour. Personne ne peut la sentir, prévoir ce qu’elle pourra dire ou faire. Fierté illimitée, cruauté sans barrière, et pourtant, enchainée par le fond, la prisonnière tire sur ses chaines et s’en montre presque capricieuse, stupide ou courageuse, devenant alors aussi dangereuse que son propre bourreau.

Le monde connait la hojoo silencieuse, et serviable. Celle qui dit oui à tout en grognant, et qui donne un coup de main sans même réfléchir malgré son regard de mauvais augure qui ferait fuir les gens normaux, qui amuse les malins, qui attire les gens dangereux, qui intéresse les curieux et qui effraie les primaires. Et quand elle souffre. Quand elle se sent emprisonnée comme un vulgaire animal, lorsqu’on lui dit ce qu’elle doit dire ou faire alors la lionne sort ses griffes en feignant d’obéir, sans cesse sous le joug d’une idée ou d’une véritable personne. Reine en carton qui cherche sa propre libération.