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yu naru (étincelle)
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yu naru (étincelle) | Mer 24 Aoû - 16:46 Citer EditerSupprimer
nom : yu, pas le nom d'mon père, celui de mon beau-père, qui m'a adopté askip comme une preuve d'amour. #yumille prénom : naru, un prénom typisé jap, en l'honneur de mon père. âge : 22. date et lieu de naissance : le 04.04.94, une date que j'déteste, qui m'a toujours malheur - rien d'étonnant, étant donné que j'la partage avec l'autre boulet de la famille. origines : coréano-japonaises même si j'parle pas un mot de jap, et que j'y ai jamais mis les pieds. nationalité : coréennes. cursus universitaire : commerce, seulement en première année, à cause du service militaire qui m'a bouffé 2 ans et une année d'arrêt d'études. métier : pas de boulot pour le moment. orientation sexuelle : hétéro (riensexuel). classe sociale : heureusement que beau-papa est friqué. code du règlement : stitch . tu veux t'investir ? chez les thugs noirs
J'm'appelle Yu Na Ru, mes parents on divorcé quand j'étais gamin, ma mère s'est remariée avec un type pleins aux as, un espèce de trader. Il est bizarre, mais il est bien pour maman, alors moi ça m'va. Il avait déjà deux gosses, deux mecs qui sont venus s'installer chez nous, avec maman, Sana et moi. Ensuite ils ont eu ensemble des jumeaux, quelques années plus tard. Ouais, elle est nombreuse ma famille, totalement recomposée. Ouais elle est étrange ma famille, un peu bancale, surtout pas normale, mais putain qu'est-ce que j'l'aime. On vivait tous entassés dans notre p'tite maison familiale, celle de maman, qu'elle aime comme la prunelle de ses yeux. On était un peu les uns sur les autres, mais c'était cool, moi j'aimais ça. Peut-être aussi que c'était grâce à elle, tu sais. La première fois que j'l'ai vue, on était dehors avec Sana et maman. Elle, elle avait son gosse sous le bras, et elle traînait sa p'tite valise en direction des logements sociaux. Et elle pleurait, c'est ça la première chose que j'ai remarqué. Alors j'me suis sauvé de l'emprise de ma mère et j'ai couru vers elle. J'l'ai frôlée, elle s'est tournée vers moi. Ils étaient détruits, ses yeux, elle était brisée, son âme. J'étais qu'un gamin mais ça j'l'ai vu tout d'suite, ça j'l'ai senti tout de suite. J'm'en rappelle comme si c'était hier, j'lui ai fait signe de se baisser, elle s'est penché vers moi, et j'ai tendu la main pour essuyer ses joues. Et là, elle a souri. Un vrai sourire. Elle a souri et son visage s'est illuminé, elle a souri et ma vie s'est transformée. C'est précisément à ce moment-là que j'ai su qu'elle et moi ça allait être pour la vie, elle et moi ça allait être pour l'éternité. Maman est venu me récupérer ensuite, et j'suis parti à reculons. Mais j'suis revenu. Souvent. Au moins une fois par semaine j'passais chez elle, elle me préparait le goûter, et puis on discutait, on riait, j'l'aidais quand j'pouvais pour les tâches ménagères. J'ai même réussi à convaincre maman d'accepter de l'embaucher, pour qu'elle vienne me récupérer après les cours et qu'elle me garde un peu. J'avais cinq ans, j'étais profondément sous le charme de cette dame aux longs cheveux et au visage si beau. L'avenir s'annonçait radieux – personne a pensé à me prévenir que le bonheur a une fin. Toujours. J'avais sept ans quand elle est tombée amoureuse. Elle continuait à s'occuper de moi mais elle était ailleurs, elle était avec lui. J'avais neuf ans quand il l'a larguée comme une malpropre, et que j'ai du ramasser les bouts de son cœur brisé. Elle a fait une dépression, j'ai dû le cacher à ma mère pour pouvoir continuer à venir chez elle, à veiller sur elle, prendre garde à c'qu'elle mange. A c'que son gosse mange, aussi. Elle m'appelait son bébé, son ange, son amour, son sauveur. Et moi putain, moi ça m'rendait heureux. J'vivais plus que pour elle, pour nos entrevus, nos moments de têtes-à-têtes, nos contacts et nos câlins. Elle était mon tout. Mais j'étais pas le sien. Elle est retombée amoureuse. Plusieurs fois. Ça s'est mal fini. A chaque fois. Elle était trop faible pour vivre, trop faible face à l'amour, alors elle s'est laissée détruire par ce sentiment. Et moi j'étais là, toujours dans l'coin. J'ai vieilli, j'ai grandi, j'suis tombée profondément amoureux d'elle, un peu plus à chaque fois que j'venais chez elle, que j'devais sécher ses larmes, que j'voyais son sourire. Quand elle souriait, c'était le monder entier qui disparaissait autour de moi. Y avait plus qu'elle. Y a toujours eu qu'elle.
Dans la famille, tout le monde a commencé à se douter de quelques choses. Sana, ça a été la première à savoir la vérité. Parce que j'pouvais pas lui mentir, parce que j'pouvais pas lui cacher ça. Elle voulait que j'fasse attention, elle savait pas que c'était trop tard. Les autres le devinaient, j'ai jamais confirmé, j'avais pas besoin, j'avais pas envie non plus. Mais c'était flagrant. J'ai atteint l'âge où les gamins commencent à sortir ensemble, j'ai atteint l'âge des premiers patins. J'ai atteint l'âge des premières copines, aussi. J'en ai eu une, d'ailleurs, quand j'avais quatorze ans, sous son insistance. Ça a duré deux semaines, j'pouvais pas faire ça c'était plus fort que moi. Joo, elle se moquait de moi, elle disait que j'avais du mal avec les filles – elle savait pas que mon problème c'était elle. Quand j'y repense, j'me dis qu'elle devait connaître la vérité, qu'elle a juste fait semblant parce qu'elle pouvait pas affronter ça, qu'elle était pas capable d'encaisser. Et j'la déteste de m'avoir gardé sous son pouvoir, alors qu'elle m'a jamais aimé en retour.
Le coup est tombé, le jour de mes quinze ans. Il était minuit, j'ai débarqué chez elle, grand sourire aux lèvres, persuadé qu'elle m'avait prévu une petite surprise. Et elle, elle m'a ouvert la porte, avec un sourire, encore plus grand que le mien. J'l'oublierai jamais ce sourire, j'l'avais jamais vu sur elle avant. C'était un sourire de pur joie, de pur bonheur. J'étais heureux de le voir, j'me doutais de rien, pourtant j'aurais dû deviner que c'était mauvais signe. Elle m'a fait entrer, elle tenait pas en place, courant partout, sautillait comme une enfant.Et elle les a prononcés, ces quatre mots, qui m'ont figés sur place, m'ont détruits. Je vais me marier. J'pouvais plus bouger, j'pouvais plus respirer, j'ai bien cru que j'allais crever, là, dans son entrée. Elle m'a agitée la bague sous le nez, puis a posé sa main sur son ventre. Et ça devait être une surprise mais... j'attends un enfant. J'l'entends encore, cette phrase, résonner dans l'appartement, comme un coup de marteau censé m'achever. De l'autre côté, dans l’entrebâillement de la chambre ouverte, y avait son autre gosse qui me regardait l'air moqueur, l'air de dire que j'aurais dû m'y attendre, que j'ai été con, que y avait jamais eu aucun espoir. Mais j'ai pas pu, j'pouvais pas. Alors j'suis reparti sans un mot, elle a pas essayé de me retenir. J'ai cessé de venir chez elle, elle a pas cherché à me contacter. C'était fini. Définitivement.
J'ai eu mon diplôme, sous la supervision de mes gardiens de prison – ma mère et mes profs quoi -, avec de super notes. J'm'en foutais un peu, j'savais pas quoi faire de ma vie, mais on m'a rabâché les oreilles comme quoi fallait qu'j'réussisse, alors j'ai réussi, même si j'en avais rien à faire. Après, j'suis direct parti pour mon service militaire. Parce que comme ça j'étais débarrassé, parce que comme ça j'allais pouvoir l'oublier. J'suis parti dans l'armée de terre, et seulement quelques mois après j'ai appris que Sana était en taule. Ça a été la douche froide. Si j'avais pu, j'me serai cassé, pour la rejoindre, défoncer les barreaux, me couler dans ses bras, et m'enfuir avec elle. Mais j'pouvais pas. Alors j'me suis contenté de profiter de mes rares permissions pour aller la voir, aussi souvent que possible, le plus longtemps possible. J'lui racontais à quel point c'était dur ; elle m'expliquait à quel point c'était dur pour elle aussi, dans cette prison. Pendant vingt-et-un mois, j'avais qu'une envie, rentrer chez moi, définitivement, en avoir fini avec cette corvée. Mais à vingt ans, quand j'suis sorti, j'savais pas quoi faire. J'ai erré un instant sans but, puis ma mère m'a dit de postuler à la Yonsei. Ça m'intéressait pas des masses mais j'me suis lancé. Tradition familiale, j'pouvais pas y couper. J'ai commencé des études de commerce, j'en avais pas particulièrement envie, mais c'était c'qu'on attendait de moi, alors j'l'ai fait.
Pendant deux mois j'me suis rendu tous les jours à l'université, le vague à l'âme, la mort dans l'âme. Mais ça m'empêchait pas, d'aller au parlois toutes les semaines, pour rendre visite à Sana, la voir un peu, lui parler, m'assurer qu'elle aille bien, et puis m'abreuver de sa présence. Une fois par semaine j'respirais, c'était de l'air vicié, de l'air malsain, mais j'respirais quand même et ça m'permettait de survivre, même si c'était loin de me suffire. Elle me manquait, ma sœur. Les autres étaient là, évidemment, mais c'était pas pareil. J'les aimais, j'aimais passer du temps avec eux, mais ça m'suffisait pas, et ils y pouvaient rien. Y a le train-train qui s'est installé, mais il a vite était bousculé. Le jour alors que j'ressortais de la fac, j'l'ai vue, cette silhouette prostrée sur le bitume. Les gens l'évitaient avec un air de dégoût, persuadés que c'était un clodo. Mais moi j'l'ai reconnue, tout de suite. Mon âme l'a reconnue. J'aurais dû faire pareil que les autres, l'ignorer et rentrer chez moi. Ma vie aurait été différente si j'avais fait ça. Mais j'ai pas pu. A la place j'me suis approché, les membres tremblants. Elle a levé la tête, nos regards se sont croisés. Et là j'ai su qu'j'y pouvais rien, qu'elle et moi c'était pour la vie, elle et moi c'était pour l'éternité, ça servait à rien de lutter. Alors j'l'ai prise sous mon aile, j'l'ai racompagnée chez elle. Elle avait la peau sur les os, j'l'ai nourris, j'me suis occupé d'elle. Son gamin, il avait quatre ans, mais j'voulais pas le voir, j'le détestais pour c'qu'il m'avait fait, j'le repoussais sans cesse, j'voulais pas jouer avec lui, j'voulais pas parler avec lui. C'est sa sœur qui prenait soin de lui. Tant mieux, bon débarras. Au début, j'allais à l'université pour faire acte de présence, mais mes pensées étaient entièrement tournées vers elle, à toute heure du jour et de la nuit. Elle était en dépression, elle avait besoin de moi, j'supportais pas de rester loin d'elle. Alors après quelques semaines, j'ai arrêté les études, et pendant presque un an, j'ai passé mes journées entre ma maison et son appartement. Pendant presque un an, j'me suis acharné à la remettre sue pieds. Parfois j'prenais le temps de respirer, j'ai même appris à faire de la moto, j'ai commencé à faire du parkour. Mais concrètement, mon temps libre, j'le passais avec elle. J'lui ai dédié ma vie et j'les voyais, les résultats. J'la voyais se remplumer, reprendre des couleurs, recommencer à sourire un peu. J'croyais que le plus gros était passé, j'croyais que tout allait bien aller, que c'était fini, qu'elle était guérie. Jusqu'au jour de mes vingt-et-un alors, alors que j'allais, tout guilleret, à l'immeuble, il est arrivé, le camion de pompier. Il m'a dépassé et mu par un instinct, j'ai couru, comme jamais j'avais couru auparavant, comme jamais j'ai couru plus tard. J'y étais presque, j'ai atteint la porte une minute après les urgences, j'ai grimpé les escaliers quatre à quatre. Sa porte était ouverte, j'suis rentré, on a voulu m'en empêcher. J'm'entends encore crier, bousculer, ruer comme une bête sauvage, me précipiter à l'intérieur... et tomber sur ce cadavre, dans la salle de bain. Y avait du sang partout, mais la seule chose que j'ai vu, c'est elle. C'est son visage. Ses traits tirés. Sa peau pâle. Et la lame posée par terre à ses côtés, abandonnée, oubliée. Cette image, elle est gravée dans ma tête, derrière mes paupières. Cette image, pendant des mois, j'l'ai revue presque chaque nuit dans mes cauchemars. Elle était morte, avant même que j'arrive, elle était morte avant même que j'l'apprenne, mais j'suis tombé à côté d'elle, j'l'ai secoué, j'ai crié, encore. J'ai pleuré aussi. Et puis j'ai arrêté – tout. Même de respirer, même de vivre. On m'a repoussé, on l'a emmené elle. J'ai senti qu'on me touchait, j'sais pas qui c'était. Qu'on se blottissait contre moi, qu'on me secouait, j'y ai pas fait gaffe. Et puis quelqu'un est venu me récupérer, me conduire à la maison, presque en me portant. Deux jours après, j'suis allé voir Sana en prison. Et j'me suis brisé en milles morceaux, devant elle qui était incapable de me sauver.
Pendant à peu près un an, j'me suis interdit de vivre, ou à peine. J'ai perdu la notion du temps, j'passais mes journées chez moi, dans mon lit, à me morfondre, écouter de la musique, redécouvrir tout ce qui me faisait penser à elle. Pendant un an j'me suis noyé dans son souvenir. Pendant un an, les seuls que j'autorisais à pénétrer mon p'tit monde, c'était ma famille. J'leur disais jamais rien de l'orage qui grondait dans mon cœur, mais j'continuais à leur parler et ils pouvaient rien me demander de plus. Après quelques mois de cet état végétatif, j'ai recommencé à sortir – pour autre chose que mon rendez-vous hebdomadaire au foyer et à la prison. J'ai repris la parkour, ai testé des chemins de plus en plus dangereux. J'bondissais au-dessus des bâtiments, et le vent dans mes cheveux me faisaient respirer, un peu. Parfois j'rêvais de glisser, de tomber, de crever. Mais j'le faisais jamais. Le reste du temps, j'enfournais ma moto pour aller le plus loin possible, le plus vite possible. J'frôlais les accidents de justesse, j'frôlais la mort de justesse, mais j'survivais alors j'm'en foutais, alors j'continuais. Jusqu'à ce jour, où j'ai pris le virage un peu trop tard, ou j'ai tourné un peu trop tard, où j'me suis mangé le bitume un peu trop brutalement. C'est grâce à mon casque et à ma combinaison en cuir, que maman m'enfilait de force, que j'suis pas mort. C'est grâce à ma mère, que j'suis pas mort. Ma moto, par contre, elle était en pièces détachées. Des bouts de mon corps aussi. Et c'est quand j'ai vu le regard de ma mère, que j'ai pris conscience de la connerie que j'avais fait. Et que j'ai décidé de me reprendre en main. J'ai repris ma vie, pour lui faire plaisir, pour la rendre heureuse, pour qu'elle arrête de s'inquiéter – elle et les autres, aussi. En mars 2016 j'ai repris des études, j'ai revu mes amis, j'm'en suis fait de nouveaux, j'ai recommencé à sortir pour autre chose que faire n'importe quoi, pour prendre un verre, un café, sortir en boîte, à la salle d'arcade, ou faire du shopping. J'étais plus l'même, ça servait à rien de faire croire le contraire. J'ai changé mais j'suis en vie, j'ai changé mais c'est pas grave parce que j'suis là, toujours là, que j'suis pas prêt de repartir.
yu naru
citation de ton choix
DECONTRACTE (★★★★★) | JEMENFOUTISTE (★★★★★) | PROTECTEUR (★★★★✰) | RENFERME (★★★✰✰) | BON VIVANT (★★★★✰) |
PESSIMISTE (★★★★✰) | LOYAL (★★★✰✰) | VIOLENT (★★★✰✰) | REBELLE (★★★★✰) | EGOCENTRIQUE (★★★✰✰) |
Rumour has it... j'aurais un frère jumeau (F, c'est pas mon jumeau putain) Survole l'avatar, petit coquin. | My character Je te demande si tu es une bête féroce ou bien un saint, mais tu es l’un, et l’autre - et tellement de choses encore. Tu es infiniment nombreux, celui qui méprise, celui qui blesse, celui qui aime, celui qui cherche - et tous les autres ensembles. Trompe-toi, sois imprudent, tout n’est pas fragile. N’attends rien que de toi, parce que tu es sacré, parce que tu es en vie, parce que le plus important n’est pas ce que tu es, mais ce que tu as choisi d’être. J'sais pas c'que j'suis, j'saurais pas me définir. Il s'est passé trop d'choses dans ma vie, j'ai subi trop de métamorphoses, j'sais juste que j'suis plus le même que j'étais hier, et probablement pas encore celui que j'serai demain. Tout c'que j'sais, c'est que j'suis qu'un con. « Naru, t'es vraiment trop con. » On m'le dit assez souvent pour que j'l'oublie pas, ça. Mais j'm'en fous de c'qu'ils disent, c'est probablement ça qui les dérange le plus. J'm'en fous de c'qu'ils pensent de moi, de c'qu'ils disent de moi. J'm'en fous de quasi tout, en fait. J'ai trop donné maintenant j'peux plus, j'veux plus. Ça s'est toujours mal fini à chaque fois que j'me suis trop investi, alors maintenant j'ai une règle, une seule, que j'veux surtout pas enfreindre : ne jamais s'investir. J'sais m'faire apprécier des autres, mais j'essaie toujours de pas trop m'attacher. J'manipule pas les gens, j'suis pas comme ça, mais j'en ai besoin, de cette barrière qui me sépare des autres, cette barrière que j'abaisse que pour la famille. Et puis y en a une autre, de règle, que j'me répète tous les soirs avant de dormir, pour être certain de pas l'oublier, jamais, parce que c'est la plus importantes de toute. Parce que ça m'détruirait, de l'oublier. Faut plus que j'tombe amoureux. L'amour ça existe pas de toute manière. J'suis bien mieux seul. Ouais j'suis bien mieux seul, j'ai pas besoin d'une nana à mon bras pour être heureux, au contraire. L'amour, ça amène que des emmerdes. C'est un sentiment destructeur, j'veux plus y toucher, plus jamais, j'le laisserai plus me détruire, plus jamais. Ça m'empêche pas de flirter, un peu, parfois, parce que j'trouve ça cool, parce que parfois ça fait du bien, parce que j'sais pas pourquoi, en fait. Mais l'engagement, c'pas pour moi. (Probablement qu'ils avaient raison, tous, j'suis vraiment qu'un con.) « T'es infernal, tu veux pas penser un peux autres autres ? » Avant ouais, avant j'pensais aux autres, tout le temps, j'les mettais avant moi. Avant, j'm'en foutais de moi tout simplement. Dans mon ordre d'importance y avait Sana, et puis Joo, ensuite la famille, après eux tous les autres... et en dernier, moi. Mais maintenant c'est moi d'abord, moi en premier. Qu'ils aillent tous crever, les autres, j'en ai plus rien à foutre. C'est pas tout à fait exact ouais, c'est c'que j'essaie de faire croire aux gens. Au fond y a pas tant de choses qu'ont changé, ma famille elle reste plus importante que tout. Mais pour le reste, j'pense d'abord qu'à ma gueule. Parce que les autres, ils ont jamais rien fait pour moi. Parce que ça fait trop mal, de me soucier d'eux. Pourtant j'suis loyal, toujours, j'crois. On peut compter sur moi, toujours, j'crois. Mais me demandez pas de faire des promesses. Les promesses, j'ai jamais su les tenir, j'sais pas pourquoi. J'lui avais promis, à Joo, que tout irait bien, que j'allais la sauver. Résultat, elle s'est butée, et depuis, j'ai plus jamais rien promis à personne. Parce que dans tous les cas ça déconne, parce que j'suis pas assez doué pour les tenir, pour faire en sorte que ça fonctionne. Faut pas compter sur moi les gars. (J'suis désolé, j'aurais tellement voulu pourtant.) « Tu veux pas voir la vie en rose, Naru ? T'ouvrir un peu au monde ? » Elle est pas rose, la vie, j'le sais, j'l'ai découvert dans les larmes et la souffrance. Elle est même pas grise, la vie, en fait. Elle est noire, y a juste quelques zones blanches, qui s'font rapidement contaminer. On m'dit que j'suis réaliste – trop réaliste – et pessimiste. Mais pourquoi personne veut m'croire, pourquoi personne veut m'écouter ? Vous pourrez pas dire qu'j'vous aurais pas prévenu, quand vous foncerez droit dans le mur, comme j'l'ai fait avant vous. Peut-être que j'pourrais vous sauver, si j'vous racontais toute l'histoire, si j'vous expliquais ma déchéance, comment j'me suis expulsé du paradis. Comment tout mon espoir est mort, s'est écoulé de ses plaies pour disparaître dans le néant. J'pourrais tout vous raconter. Mais j'peux pas. Y a que Sana qu'a l'droit de savoir la vérité. J'sais pas ouvrir mes sentiments aux autres, j'aime pas m'confier, la vérité vraie y a qu'ma frangine qui la connaît. Et c'est pas contre vous, c'est pour moi. J'y arrive pas c'est tout, et j'veux pas qu'vous sachiez tout c'qui s'passe dans mon crâne. J'me fais peur à moi-même parfois tu sais. Y a une tempête dans ma tête, y a un démon dans mon cœur. J'm'étonne moi-même, parfois, d'mes réactions. Penchants violents, c'est comme ça qu'ils disent. J'sais pas moi, j'en sais rien, j'sais juste qu'il s'passe dans trucs pas net dans mon cerveau et j'veux pas qu'les autres le voient. La plupart du temps, j'arrive à contrôler tout ça, à garder tout ça en moi, mais parfois ça sort et j'tape, et j'dois taper, c'est plus qu'une envie, c'est un besoin. (J'suis pas une chose fragile, j'suis une bête féroce.) « T'es tellement plus beau, Naru, quand tu rigoles aux éclats. » Elle me le répète tellement souvent, ma mère, et elle sait qu'ça m'rend dingue, que j'déteste ça. Parce qu'elle a raison. Et c'pour ça que j'ris souvent, faut pas croire, j'broie pas du noir en permanence. Au contraire j'suis plutôt un bon vivant, j'sais m'amuser, faire la fête, j'suis plutôt du genre détente et décontracté moi, mais j'garde toujours en tête qu'y a un orage qui s'cache derrière le plus beau des soleils, alors j'suis toujours sur mes gardes. J'ai beau être pessimiste, j'ai beau être réaliste, quand j'étais gamin, et même plus tard, ça m'arrivait d'm'évader. D'inventer des histoires dégoulinantes de guimauves, dont j'avais toujours honte après, mais qui m'permettait d'remonter le moral des autres. J'le faisais toujours pour Joo, pour qu'elle sourie. Depuis qu'elle est plus là, j'l'ai pas fait une seule fois, parce que ça m'rappelle trop de souvenirs. Mais ça m'empêche pas d'faire mon chieur. Ça m'empêche pas d'vivre – un peu. Maman elle dit tout le temps qu'j'étais un vrai p'tit démon quand j'étais gosse – et qu'ça a pas tellement changé aujourd'hui. J'aime faire des conneries, ouais, j'entraîne souvent ma p'tite sœur là-dedans d'ailleurs, même si elle me lâche la plupart du temps pour pas avoir à ramasser les pots cassés. J'aime pas qu'on m'dicte les règles, mais j'aime pas être celui qui dicte non plus. En fait j'suis plutôt dans la neutralité, mais quand on m'oblige y a des chances pour que j'obéisse pas. Rebelle, j'crois c'est comme ça qu'on appelle ça, même si moi j'appelle pas ça tout court, y a pas besoin, c'est juste moi, c'est juste quelque chose qui fait parti de moi. J'sais pas être quelqu'un d'autre, j'peux pas être quelqu'un d'autre. Y a qu'ma famille qui peut me faire faire des trucs que j'veux pas, mais pas parce qu'ils se montrent autoritaires, surtout parce que j'les aime et que j'veux leur faire plaisir. (J'veux surtout pas les décevoir, j'ai peur de les décevoir.) J'me suis mis à déconner complètement. Y a quelque chose qui a sauté là-dedans je sais pas. J'pense que c'est parce qu’inconsciemment je... j'ai l'impression de perdre le contrôle. De perdre le contrôle sur toutes les choses dans lesquelles j'étais impliqué, sur tous les éléments de ma vie. Comme ça, plongé dans un état de colère absolument indescriptible, c'était insoutenable. C'est comme être enfermé dans une boîte sans lumière, dans laquelle le temps s'arrête. C'est comme être dans les limbes en fait. |
This is my story
tu nous entends l'blizzard, tu nous entends? si tu nous entends, va-t'faire enculé, tu pensais qu't'allais nous avoir hein, tu croyais qu'on avait rien vu
Ils t'ont fait quoi Sana dis-moi ? Ils t'ont fait quoi pour que tu changes comme ça, pour que tu te transformes comme ça ? J'te regarde et putain, j'ai qu'une envie, envoyer tout balader et te prendre dans mes bras. J'm'en fous des gardiens qui nous quittent pas des yeux, j'm'en fiche des caméras et de leurs regards froids, tout c'que j'veux c'est tout foutre en l'air et te prendre dans mes bras jusqu'à t'écraser, jusqu'à t'étouffer. J'veux juste vous avoir tout contre moi, ta chaleur et toi, pour pouvoir enfin respirer, pour avoir enfin l'impression de vivre un peu. Mais j'peux pas, j'peux pas, parce que si j'fous la merde, c'est toi qui en paieras les pots cassés, c'est toi qu'ils feront chier, si j'fais n'importe quoi, et ça j'veux pas, j'peux pas supporter l'idée. Alors j'reste là, les mains posées en évident sur la table, mais les doigts serrés en un poing. Et ça m'démange de l'envoyer dans la gueule de cette fille dont tu m'as parlée, l'autre jour, cette connasse qui t'a fait chier. Mais j'me retiens et j'esquisse un sourire. J'veux t'rassurer mais ça marche pas parce que t'es pas dupe, parce que tu la vois, cette larme qui coule le long de ma joue. J'veux pas t'inquiéter Sana, putain j'préférerais crever plutôt que te faire du mal mais là j'peux pas, j'peux plus. J'ai l'impression de mourir Sana, si tu savais. J'voudrais mourir, là, en silence, sans rien dire, mais quand j'les vois tes yeux qui brillent d'inquiétude, c'est plus fort que moi. J'ai jamais rien pu te cacher, Sana, t'as toujours réussi à lire en moi comme dans un livre ouvert. « Elle est morte. » C'est d'une voix étouffée que j'les lâche ces mots qui claquent dans l'espace entre nous. Et j'sais que t'as compris, tout de suite, que j'ai pas besoin de préciser, que tu sais déjà, parce que t'as deviné, t'as tout deviné. Mais j'peux pas m'arrêter là, j'peux plus, faut que j'continue. Maintenant qu'ils ont commencé à sortir, les mots, ils veulent plus rentrer. « Tu vois de qui j'parle hein ? Joo, la voisine du bout d'la rue... elle s'est butée mais j'pense c'était prévisible hein ? » Et j'rigole parce que moi j'l'avais pas vu venir, parce que moi j'pensais pas qu'elle pourrait aller jusque là. Et j'me déteste pour ma naïveté. J'me prends la tête avec les mains et y a mes larmes qui continuent à dévaler, des larmes de rage cette fois. « Elle est crevée et putain j'peux pas m'empêcher de la détester. J'la déteste de m'avoir abandonné. Et j'me déteste de pas avoir pu la sauver, j'me déteste, j'me déteste tellement. » J'm'effondre sur la table, j'peux pas m'retenir, j'peux pas m'arrêter de sangloter. Et toi tu veux dire quelque j'le sais, j'le sens même si j'te vois pas. Tu veux me réconforter mais c'est trop tard. Time's up, la visite est finie. Tu protestes, j'l'entends, mais tu peux rien faire, tu peux rien y faire, t'es obligée de les suivre, t'es obligée de partir. Et moi j'me retrouve sur le bitume froid, devant la prison, les bras serrés autour de mes jambes, le visage enfoui entre mes genoux. J'ai envie d'crever, de ramper jusqu'à la route et d'laisser la première voiture qui passe m'écraser, me piétiner, détruire ma vie, et arrêter la douleur. Mais j'peux pas. J'peux pas.
J'm'appelle Yu Na Ru, mes parents on divorcé quand j'étais gamin, ma mère s'est remariée avec un type pleins aux as, un espèce de trader. Il est bizarre, mais il est bien pour maman, alors moi ça m'va. Il avait déjà deux gosses, deux mecs qui sont venus s'installer chez nous, avec maman, Sana et moi. Ensuite ils ont eu ensemble des jumeaux, quelques années plus tard. Ouais, elle est nombreuse ma famille, totalement recomposée. Ouais elle est étrange ma famille, un peu bancale, surtout pas normale, mais putain qu'est-ce que j'l'aime. On vivait tous entassés dans notre p'tite maison familiale, celle de maman, qu'elle aime comme la prunelle de ses yeux. On était un peu les uns sur les autres, mais c'était cool, moi j'aimais ça. Peut-être aussi que c'était grâce à elle, tu sais. La première fois que j'l'ai vue, on était dehors avec Sana et maman. Elle, elle avait son gosse sous le bras, et elle traînait sa p'tite valise en direction des logements sociaux. Et elle pleurait, c'est ça la première chose que j'ai remarqué. Alors j'me suis sauvé de l'emprise de ma mère et j'ai couru vers elle. J'l'ai frôlée, elle s'est tournée vers moi. Ils étaient détruits, ses yeux, elle était brisée, son âme. J'étais qu'un gamin mais ça j'l'ai vu tout d'suite, ça j'l'ai senti tout de suite. J'm'en rappelle comme si c'était hier, j'lui ai fait signe de se baisser, elle s'est penché vers moi, et j'ai tendu la main pour essuyer ses joues. Et là, elle a souri. Un vrai sourire. Elle a souri et son visage s'est illuminé, elle a souri et ma vie s'est transformée. C'est précisément à ce moment-là que j'ai su qu'elle et moi ça allait être pour la vie, elle et moi ça allait être pour l'éternité. Maman est venu me récupérer ensuite, et j'suis parti à reculons. Mais j'suis revenu. Souvent. Au moins une fois par semaine j'passais chez elle, elle me préparait le goûter, et puis on discutait, on riait, j'l'aidais quand j'pouvais pour les tâches ménagères. J'ai même réussi à convaincre maman d'accepter de l'embaucher, pour qu'elle vienne me récupérer après les cours et qu'elle me garde un peu. J'avais cinq ans, j'étais profondément sous le charme de cette dame aux longs cheveux et au visage si beau. L'avenir s'annonçait radieux – personne a pensé à me prévenir que le bonheur a une fin. Toujours. J'avais sept ans quand elle est tombée amoureuse. Elle continuait à s'occuper de moi mais elle était ailleurs, elle était avec lui. J'avais neuf ans quand il l'a larguée comme une malpropre, et que j'ai du ramasser les bouts de son cœur brisé. Elle a fait une dépression, j'ai dû le cacher à ma mère pour pouvoir continuer à venir chez elle, à veiller sur elle, prendre garde à c'qu'elle mange. A c'que son gosse mange, aussi. Elle m'appelait son bébé, son ange, son amour, son sauveur. Et moi putain, moi ça m'rendait heureux. J'vivais plus que pour elle, pour nos entrevus, nos moments de têtes-à-têtes, nos contacts et nos câlins. Elle était mon tout. Mais j'étais pas le sien. Elle est retombée amoureuse. Plusieurs fois. Ça s'est mal fini. A chaque fois. Elle était trop faible pour vivre, trop faible face à l'amour, alors elle s'est laissée détruire par ce sentiment. Et moi j'étais là, toujours dans l'coin. J'ai vieilli, j'ai grandi, j'suis tombée profondément amoureux d'elle, un peu plus à chaque fois que j'venais chez elle, que j'devais sécher ses larmes, que j'voyais son sourire. Quand elle souriait, c'était le monder entier qui disparaissait autour de moi. Y avait plus qu'elle. Y a toujours eu qu'elle.
Dans la famille, tout le monde a commencé à se douter de quelques choses. Sana, ça a été la première à savoir la vérité. Parce que j'pouvais pas lui mentir, parce que j'pouvais pas lui cacher ça. Elle voulait que j'fasse attention, elle savait pas que c'était trop tard. Les autres le devinaient, j'ai jamais confirmé, j'avais pas besoin, j'avais pas envie non plus. Mais c'était flagrant. J'ai atteint l'âge où les gamins commencent à sortir ensemble, j'ai atteint l'âge des premiers patins. J'ai atteint l'âge des premières copines, aussi. J'en ai eu une, d'ailleurs, quand j'avais quatorze ans, sous son insistance. Ça a duré deux semaines, j'pouvais pas faire ça c'était plus fort que moi. Joo, elle se moquait de moi, elle disait que j'avais du mal avec les filles – elle savait pas que mon problème c'était elle. Quand j'y repense, j'me dis qu'elle devait connaître la vérité, qu'elle a juste fait semblant parce qu'elle pouvait pas affronter ça, qu'elle était pas capable d'encaisser. Et j'la déteste de m'avoir gardé sous son pouvoir, alors qu'elle m'a jamais aimé en retour.
Le coup est tombé, le jour de mes quinze ans. Il était minuit, j'ai débarqué chez elle, grand sourire aux lèvres, persuadé qu'elle m'avait prévu une petite surprise. Et elle, elle m'a ouvert la porte, avec un sourire, encore plus grand que le mien. J'l'oublierai jamais ce sourire, j'l'avais jamais vu sur elle avant. C'était un sourire de pur joie, de pur bonheur. J'étais heureux de le voir, j'me doutais de rien, pourtant j'aurais dû deviner que c'était mauvais signe. Elle m'a fait entrer, elle tenait pas en place, courant partout, sautillait comme une enfant.Et elle les a prononcés, ces quatre mots, qui m'ont figés sur place, m'ont détruits. Je vais me marier. J'pouvais plus bouger, j'pouvais plus respirer, j'ai bien cru que j'allais crever, là, dans son entrée. Elle m'a agitée la bague sous le nez, puis a posé sa main sur son ventre. Et ça devait être une surprise mais... j'attends un enfant. J'l'entends encore, cette phrase, résonner dans l'appartement, comme un coup de marteau censé m'achever. De l'autre côté, dans l’entrebâillement de la chambre ouverte, y avait son autre gosse qui me regardait l'air moqueur, l'air de dire que j'aurais dû m'y attendre, que j'ai été con, que y avait jamais eu aucun espoir. Mais j'ai pas pu, j'pouvais pas. Alors j'suis reparti sans un mot, elle a pas essayé de me retenir. J'ai cessé de venir chez elle, elle a pas cherché à me contacter. C'était fini. Définitivement.
J'ai eu mon diplôme, sous la supervision de mes gardiens de prison – ma mère et mes profs quoi -, avec de super notes. J'm'en foutais un peu, j'savais pas quoi faire de ma vie, mais on m'a rabâché les oreilles comme quoi fallait qu'j'réussisse, alors j'ai réussi, même si j'en avais rien à faire. Après, j'suis direct parti pour mon service militaire. Parce que comme ça j'étais débarrassé, parce que comme ça j'allais pouvoir l'oublier. J'suis parti dans l'armée de terre, et seulement quelques mois après j'ai appris que Sana était en taule. Ça a été la douche froide. Si j'avais pu, j'me serai cassé, pour la rejoindre, défoncer les barreaux, me couler dans ses bras, et m'enfuir avec elle. Mais j'pouvais pas. Alors j'me suis contenté de profiter de mes rares permissions pour aller la voir, aussi souvent que possible, le plus longtemps possible. J'lui racontais à quel point c'était dur ; elle m'expliquait à quel point c'était dur pour elle aussi, dans cette prison. Pendant vingt-et-un mois, j'avais qu'une envie, rentrer chez moi, définitivement, en avoir fini avec cette corvée. Mais à vingt ans, quand j'suis sorti, j'savais pas quoi faire. J'ai erré un instant sans but, puis ma mère m'a dit de postuler à la Yonsei. Ça m'intéressait pas des masses mais j'me suis lancé. Tradition familiale, j'pouvais pas y couper. J'ai commencé des études de commerce, j'en avais pas particulièrement envie, mais c'était c'qu'on attendait de moi, alors j'l'ai fait.
Pendant deux mois j'me suis rendu tous les jours à l'université, le vague à l'âme, la mort dans l'âme. Mais ça m'empêchait pas, d'aller au parlois toutes les semaines, pour rendre visite à Sana, la voir un peu, lui parler, m'assurer qu'elle aille bien, et puis m'abreuver de sa présence. Une fois par semaine j'respirais, c'était de l'air vicié, de l'air malsain, mais j'respirais quand même et ça m'permettait de survivre, même si c'était loin de me suffire. Elle me manquait, ma sœur. Les autres étaient là, évidemment, mais c'était pas pareil. J'les aimais, j'aimais passer du temps avec eux, mais ça m'suffisait pas, et ils y pouvaient rien. Y a le train-train qui s'est installé, mais il a vite était bousculé. Le jour alors que j'ressortais de la fac, j'l'ai vue, cette silhouette prostrée sur le bitume. Les gens l'évitaient avec un air de dégoût, persuadés que c'était un clodo. Mais moi j'l'ai reconnue, tout de suite. Mon âme l'a reconnue. J'aurais dû faire pareil que les autres, l'ignorer et rentrer chez moi. Ma vie aurait été différente si j'avais fait ça. Mais j'ai pas pu. A la place j'me suis approché, les membres tremblants. Elle a levé la tête, nos regards se sont croisés. Et là j'ai su qu'j'y pouvais rien, qu'elle et moi c'était pour la vie, elle et moi c'était pour l'éternité, ça servait à rien de lutter. Alors j'l'ai prise sous mon aile, j'l'ai racompagnée chez elle. Elle avait la peau sur les os, j'l'ai nourris, j'me suis occupé d'elle. Son gamin, il avait quatre ans, mais j'voulais pas le voir, j'le détestais pour c'qu'il m'avait fait, j'le repoussais sans cesse, j'voulais pas jouer avec lui, j'voulais pas parler avec lui. C'est sa sœur qui prenait soin de lui. Tant mieux, bon débarras. Au début, j'allais à l'université pour faire acte de présence, mais mes pensées étaient entièrement tournées vers elle, à toute heure du jour et de la nuit. Elle était en dépression, elle avait besoin de moi, j'supportais pas de rester loin d'elle. Alors après quelques semaines, j'ai arrêté les études, et pendant presque un an, j'ai passé mes journées entre ma maison et son appartement. Pendant presque un an, j'me suis acharné à la remettre sue pieds. Parfois j'prenais le temps de respirer, j'ai même appris à faire de la moto, j'ai commencé à faire du parkour. Mais concrètement, mon temps libre, j'le passais avec elle. J'lui ai dédié ma vie et j'les voyais, les résultats. J'la voyais se remplumer, reprendre des couleurs, recommencer à sourire un peu. J'croyais que le plus gros était passé, j'croyais que tout allait bien aller, que c'était fini, qu'elle était guérie. Jusqu'au jour de mes vingt-et-un alors, alors que j'allais, tout guilleret, à l'immeuble, il est arrivé, le camion de pompier. Il m'a dépassé et mu par un instinct, j'ai couru, comme jamais j'avais couru auparavant, comme jamais j'ai couru plus tard. J'y étais presque, j'ai atteint la porte une minute après les urgences, j'ai grimpé les escaliers quatre à quatre. Sa porte était ouverte, j'suis rentré, on a voulu m'en empêcher. J'm'entends encore crier, bousculer, ruer comme une bête sauvage, me précipiter à l'intérieur... et tomber sur ce cadavre, dans la salle de bain. Y avait du sang partout, mais la seule chose que j'ai vu, c'est elle. C'est son visage. Ses traits tirés. Sa peau pâle. Et la lame posée par terre à ses côtés, abandonnée, oubliée. Cette image, elle est gravée dans ma tête, derrière mes paupières. Cette image, pendant des mois, j'l'ai revue presque chaque nuit dans mes cauchemars. Elle était morte, avant même que j'arrive, elle était morte avant même que j'l'apprenne, mais j'suis tombé à côté d'elle, j'l'ai secoué, j'ai crié, encore. J'ai pleuré aussi. Et puis j'ai arrêté – tout. Même de respirer, même de vivre. On m'a repoussé, on l'a emmené elle. J'ai senti qu'on me touchait, j'sais pas qui c'était. Qu'on se blottissait contre moi, qu'on me secouait, j'y ai pas fait gaffe. Et puis quelqu'un est venu me récupérer, me conduire à la maison, presque en me portant. Deux jours après, j'suis allé voir Sana en prison. Et j'me suis brisé en milles morceaux, devant elle qui était incapable de me sauver.
J'ai envie d'crever, de ramper jusqu'à la route et d'laisser la première voiture qui passe m'écraser, me piétiner, détruire ma vie, et arrêter la douleur. Mais j'peux pas. J'peux pas. J'cesse de vivre, le temps passe, la nuit tombe, j'ai conscience de rien, à part de ma p'tite personne, à part de ma grande douleur. Mais finalement, j'me relève lentement, j'rentre chez moi, comme un zombie. J'attrape mon téléphone, j'passe un coup de fil et puis j'ressors, pour y aller directement, à ce foyer où elle était, la première fille de Joo. On parle, un peu, elle m'indique où il a été conduit, le bambin âgé de cinq ans. J'hoche la tête, j'repars, j'me réfugie dans mon lit, et puis j'en ressors plus. Une semaine plus tard, j'retourne à la prison. Puis j'enchaîne avec le foyer. J'parle à l'aînée, ensuite j'rends visite au cadet. Et pour la première fois de ma vie, j'lui tends les bras, pendant qu'il s'y réfugie. J'plonge ma tête dans ses fins cheveux et j'laisse mes larmes couler sur les mèches. J'crois avoir touché le fond à ce moment-là, mais j'me doute pas un seul instant, que c'était loin d'être fini.
Pendant à peu près un an, j'me suis interdit de vivre, ou à peine. J'ai perdu la notion du temps, j'passais mes journées chez moi, dans mon lit, à me morfondre, écouter de la musique, redécouvrir tout ce qui me faisait penser à elle. Pendant un an j'me suis noyé dans son souvenir. Pendant un an, les seuls que j'autorisais à pénétrer mon p'tit monde, c'était ma famille. J'leur disais jamais rien de l'orage qui grondait dans mon cœur, mais j'continuais à leur parler et ils pouvaient rien me demander de plus. Après quelques mois de cet état végétatif, j'ai recommencé à sortir – pour autre chose que mon rendez-vous hebdomadaire au foyer et à la prison. J'ai repris la parkour, ai testé des chemins de plus en plus dangereux. J'bondissais au-dessus des bâtiments, et le vent dans mes cheveux me faisaient respirer, un peu. Parfois j'rêvais de glisser, de tomber, de crever. Mais j'le faisais jamais. Le reste du temps, j'enfournais ma moto pour aller le plus loin possible, le plus vite possible. J'frôlais les accidents de justesse, j'frôlais la mort de justesse, mais j'survivais alors j'm'en foutais, alors j'continuais. Jusqu'à ce jour, où j'ai pris le virage un peu trop tard, ou j'ai tourné un peu trop tard, où j'me suis mangé le bitume un peu trop brutalement. C'est grâce à mon casque et à ma combinaison en cuir, que maman m'enfilait de force, que j'suis pas mort. C'est grâce à ma mère, que j'suis pas mort. Ma moto, par contre, elle était en pièces détachées. Des bouts de mon corps aussi. Et c'est quand j'ai vu le regard de ma mère, que j'ai pris conscience de la connerie que j'avais fait. Et que j'ai décidé de me reprendre en main. J'ai repris ma vie, pour lui faire plaisir, pour la rendre heureuse, pour qu'elle arrête de s'inquiéter – elle et les autres, aussi. En mars 2016 j'ai repris des études, j'ai revu mes amis, j'm'en suis fait de nouveaux, j'ai recommencé à sortir pour autre chose que faire n'importe quoi, pour prendre un verre, un café, sortir en boîte, à la salle d'arcade, ou faire du shopping. J'étais plus l'même, ça servait à rien de faire croire le contraire. J'ai changé mais j'suis en vie, j'ai changé mais c'est pas grave parce que j'suis là, toujours là, que j'suis pas prêt de repartir.
J'tourne la tête, j'te regarde. T'as posé la tête sur mon épaule, t'as fixé ta main dans la mienne, et tous les deux on regarde ce film totalement pourri, à l'intrigue vue et revue. Enfin, tu regardes, moi j'suis à peine, parce que j'pense à autre chose. J'réfléchis à tout c'qui s'est passé, tout c'qui reste à arriver, et j'prends conscience de beaucoup de choses. J'recommence à vivre, Sana. J'recommence à vivre à tes côtés, toi qui est enfin sortie de prison, toi qui est enfin de retour avec moi, toi qui es là, juste là. J'recommence à vivre mais tu sais, Joo elle aura toujours un bout de mon âme et j'porterai toujours sa présence au fond de mon cœur.
About me
Je suis...
pampe
:nabilla: :nabilla: :nabilla:
Célébrité prise
- Code:
[url=http://www.shaketheworld.net/u956][b]▲[/b][/url]▼ <taken><upper>AHN JAE HYUN</upper></taken> ✎ <lower>yu naru</lower>
PV pris
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[url=http://URL DU PROFIL][b]▲[/b][/url][url=http://URLDELAFICHEPV]▼[/url] <taken><upper>NOM PRENOM ( PSEUDO, GROUPE)</upper></taken> ✎ <lower>pseudo membre</lower>
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Re: yu naru (étincelle) | Mer 24 Aoû - 16:47 Citer EditerSupprimer
IOEFNDKJSNFJKDNFJKDNFJKSNFJKDNSKJFNJ
J'ai toujours dit que la puissance du grand-frère était incontestée (oui je sais il est pas encore là mais même AVANT qu'il ne soit là, sa force est déjà parmi nous, c bô )
REBIENVENUE MA LILI D'AMOUR avec ce compte fabuleux, tu es la première arrivée de la famille, gg, j'espère que tu n'attendras pas trop longtemps les autres en tout cas. Garde un oeil sur ta soeur pour moi stp
JTMMMMMM
J'ai toujours dit que la puissance du grand-frère était incontestée (oui je sais il est pas encore là mais même AVANT qu'il ne soit là, sa force est déjà parmi nous, c bô )
REBIENVENUE MA LILI D'AMOUR avec ce compte fabuleux, tu es la première arrivée de la famille, gg, j'espère que tu n'attendras pas trop longtemps les autres en tout cas. Garde un oeil sur ta soeur pour moi stp
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Re: yu naru (étincelle) | Mer 24 Aoû - 16:47 Citer EditerSupprimer
dzefg
EDIT : SALUT FUTUR DEMI FRERE PAS SI DEMI FRERE QUE CA
T bo
T k non
T sec si
Promis ta frangine elle arrive vite pour te faire les pires misères de ta vie
EDIT : SALUT FUTUR DEMI FRERE PAS SI DEMI FRERE QUE CA
T bo
T k non
T sec si
Promis ta frangine elle arrive vite pour te faire les pires misères de ta vie
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Re: yu naru (étincelle) | Mer 24 Aoû - 16:50 Citer EditerSupprimer
NARUUUUUUUUUUUUUUUUU !
OSEF ! SI JE SUIS PAS PREUMS ! TU SAIS QUE JE T'AIME ! :bago:
Yong Sun n'est pas encore là pour accueillir son frère adoré, alors Hera le fait à sa place !
(et avouons qu'il t'aurait pas accueilli de cette façon)
OSEF ! SI JE SUIS PAS PREUMS ! TU SAIS QUE JE T'AIME ! :bago:
Yong Sun n'est pas encore là pour accueillir son frère adoré, alors Hera le fait à sa place !
(et avouons qu'il t'aurait pas accueilli de cette façon)
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Re: yu naru (étincelle) | Mer 24 Aoû - 18:16 Citer EditerSupprimer
jpp les gars j'vous aime de trop :nabilla:
CADEN, TOI FUTUR FRANGINE DE MOI RIEN QU'A MOI (tu vois, j'te mets en first, psq t'as la first place dans mon kokoro )
hâte de voir ton édit olala
YUJUJU, FUTUR GRAND-FRERE DE MOI mais t'as volé la place de ma soeur à moi et j'accepte moyen t'as de la chance d'être toi
merciiiiiiii j'espère pas trop attendre non plus RAMENEZ-VOUS VITE
jtm de l'amour vrai véritable
FUUKO, FUTURE... euh... FUTURE DEMI-SOEUR PAR ALLIANCE (jpp) DE MOI QUE J'AIME MÊME SI J'LE SAIS PAS ENCORE édite vite
CHUNGAH, la plus jolie :( pas, ça va pas avec ta beauté
HERA, FUTUR FRERE PAS JUMEAU DE MOI MÊME SI J'AURAIS BINE AIME QUE NON tu sais que j't'aime aussi
(et étrangement, j'préfère être accueilli par hera que par yong sun )
JIHOON, tragi :nabilla:
JAX, autant que toi
CADEN, TOI FUTUR FRANGINE DE MOI RIEN QU'A MOI (tu vois, j'te mets en first, psq t'as la first place dans mon kokoro )
hâte de voir ton édit olala
YUJUJU, FUTUR GRAND-FRERE DE MOI mais t'as volé la place de ma soeur à moi et j'accepte moyen t'as de la chance d'être toi
merciiiiiiii j'espère pas trop attendre non plus RAMENEZ-VOUS VITE
jtm de l'amour vrai véritable
FUUKO, FUTURE... euh... FUTURE DEMI-SOEUR PAR ALLIANCE (jpp) DE MOI QUE J'AIME MÊME SI J'LE SAIS PAS ENCORE édite vite
CHUNGAH, la plus jolie :( pas, ça va pas avec ta beauté
HERA, FUTUR FRERE PAS JUMEAU DE MOI MÊME SI J'AURAIS BINE AIME QUE NON tu sais que j't'aime aussi
(et étrangement, j'préfère être accueilli par hera que par yong sun )
JIHOON, tragi :nabilla:
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