Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Quand j’avais obtenu son appel où il me disait qu’il pouvait enfin recevoir de la visite, j’en avais eu les larmes aux yeux tel était l’émotion.  Ca pouvait paraitre ridicule pour certain, mais pour moi, c’était comme un soulagement de le retrouver après autant de jours de séparation. Je ne les comptais plus. Combien de temps ca faisait d’ailleurs que je n’avais pas pu le serrer contre moi, que je n’avais pas pu toucher son visage ? 3 mois ? Peut être 4 maintenant. La dernière fois était lors de son jugement. Les seuls contacts que j’avais eu droit jusqu’à présent, c’était des appels, et pas tous les jours. Il me parlait d’ailleurs que très peu, écoutant plus ce que j’avais à dire. Je n’avais pas la moindre idée de si il allait bien, ce qu’il faisait pour occuper son temps, si il s’entendait bien avec les autres détenus. Il me disait que le stricte minimum pour me rassurer, mais j’avais tant de questions à lui poser. J’avais bien essayé de le voir, de soudoyer les gardiens, mais ca ne m’avait qu’apporter préjudice. J’étais donc partie tôt pour être certaine de ne pas rater leur des visites, en espérant que personne d’autre n’ait eu la même idée que de le voir, sinon je serais recaler à l’entrée comme un petit chiot une nouvelle fois abandonné. je n'avais pas pu m'empecher de me faire belle pour lui. J'avais fais un effort vestimpentaire, m'étais une robe - pas trop aguicheuse quand même, et des talons hauts, lui montrant les progres que j'avais fais avec ces choses. Je dus passé un détecteur de métaux, et j’avais été fouillé par une gardienne. Par prévention disait-elle, mais je la soupçonnais d’autre chose. Je suivis la foule de gens, à la queue leu leu, jusqu’à une petite salle où se trouvait plusieurs petites tables. Je pris place à celle qu’on m’assignait, et je patientais. Nerveuse, comme à un premier rendez-vous, je me tordais les doigts dans l’impatience de l’attente si longue. Quand une porte métallique se fit en entendre, des détenus pénétrèrent dans la pièce. Me tenant droite comme un i, je le cherchais du regard, me déboitant le coup à force de faire la girafe. Quand je le vis entrer à son tour, je me fichais bien des règles et de ses mains menottes, j’attendis qu’il soit à ma portée, et je lui sautais au coup, volant un baiser interdit, envoyant voler le rester en éclat…

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Je devais admettre que je n’avais pas l’habitude des prisons. Je n’y avais jamais mis les pieds avant qu’In Su n’y soit incarcéré. Et la dernière fois que j’étais venue, ca c’était plus mal … passé. Je ne lui en avais jamais parlé lors de nos appels, mais ca m’avait coupé l’envie d’essayer à nouveau d’entrer pour le voir. Donc quand je vis mon meilleur ami passé le pas de la porte accompagné d’un gardien, j’oubliais instantanément les règles qu’on m’avait récitées à l’entrée. Pas de contact physique avaient-ils dit ? Qu’ils aillent se faire foutre. N’écoutant aucune remontrance que m’avait faite, que ce soit de la sécurité de la prison ou de Yoon qui ne voulait plus que je mette les pieds ici, je courrais me réfugier dans les bras de cet homme dont j’étais resté éloigné si longtemps. J’arrivais même à lui voler un baiser avant que deux gros bras ne nous séparent. Je reconnus celui qui m’attrapait par le bras. Quand nos regards se rencontrèrent et qu’il eut ce sourire pervers aux coins des lèvres en me reconnaissant, je griffais sa main pour qu’il me lâche, le repoussant violemment. « Ne me touchez pas. » grinçais-je entre mes dents pour ne pas affoler Insu, et je suivis son geôlier et lui qui l’obligeait à s’asseoir. Je pris place face à lui. Je rougis face à son compliment, parce que malgré tout, quoi qu’il dise, ca me faisait toujours le même effet. J’avais fait ces efforts pour lui, même si ces derniers temps, les vernissages de mes photos m’obligeait à porter des robes et des talons pour faire bonne figure phase à la populace de riches. « J’espère que tu aimes. » Murmurais-je en remettant une mèche derrière mon oreille. Même moi, je pouvais avoir des comportements de fille, mais chassez le naturel et il revient au galop, hm ? J’éclatais de rire. « J’avoue. Je les ai mises avant d’entrée, mes baskets sont restées dans mon sac à l’accueil. » Il ne lui avait pas fallu longtemps pour me démasquer. Je gonflais les joues, ayant l’impression que rien n’avait changé entre nous. « Toi aussi tu as changé… » Finis-je par murmurer en voyant les hématomes bleutés et son visage meurtri. Son regard n’était plus le même. On aurait dit une personne brisée. Par reflexe, je tendis une main vers sa joue pour la caresser du pouce, mais quelqu’un hurla que tout contact physique était interdit. Je faillis lui tirer la langue avant de me retenir, le lieu n’étant pas vraiment approprié. « Je déteste ces gens. » murmurais-je à l’intention d’Insu. Parce qu’ils m’avaient séparé de lui trop longtemps, parce qu’ils m’empêchaient de le voir, de lui parler, de le toucher. Parce qu’ils nous avaient fait du mal. « Tu sors quand ? » demandais-je d’une voix désespérément plaintive.

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

On essayait chacun à notre façon de faire comme si tout allait bien, comme si rien n’avait changé. Ca devait faire six mois que je ne l’avais pas vu. Six longs mois loin de ses bras, de ses lèvres, de sa présence. Et quand bien même j’avais désespérément essayé de le voir encore et encore, on m’avait toujours refusé les visites pour le voir. On l’avait catégorisé de dangereux criminel. Mon Insu ! Un dangereux criminel ! C’était une grosse connerie et pourtant, ils avaient l’air de tous y croire, comme si on lui avait collé une étiquette sur le front qui le répertoriait. Ils ne le connaissent pas aussi bien que je le connaissais. Je pouvais affirmer qu’il n’avait rien fait de mal, et s’il avait pu faire du mal à autrui, c’était qu’il avait une bonne raison. Je ne savais comment réagir. Ca me brisait le cœur de le voir dans cet état, et il s’obstinait malgré tout à me préserver dans un monde où tout allait bien, mais je n’étais pas conne. Je le vois bien que ca va pas. Je le vois bien à sa tête, à son regard qu’on l’a brisé. Cependant, je ne dis rien. Je me contentais de sourire pour le satisfaire et nous voiler la face encore quelques instants dans ce bonheur factice qu’était nos retrouvailles. Le frôlement de ses doigts contre les miens me donna un frisson qui parcourut tous mon échine. Je jetais un coup d’œil vers le gardien qui n’avait pas l’air de s’en être aperçu ou alors s’était-il fait une raison en se disant que c’était e mieux qu’il pourrait avoir de nous vis-à-vis des règles en vigueur ? « Encore deux mois ? » m’écriais-je un peu trop haut, un brin outré de voir que la justice de ce pays était si lente, même pour les innocents. Voyant que quelques personnes se retourner vers nous, je les fusillais du regard sans vergogne. « Ils savent pas te faire passer plus vite ? Il n’y a pas un moyen de te faire sortir ? Quelques choses que je pourrais faire ? » Demandais-je presque suppliante face à cette nouvelle qui me forait à prendre mon mal en patience pour voir mon meilleur ami hors les barreaux. Je soupirais, un peu résignée. « Ou un moyen pour qu’on se voit plus souvent ? … tu me manques In Su… » Murmurais-je venant à mon tour effleuré ses doigts, le mieux que je pouvais faire sans qu’on ne m’oblige à sortir de force. Quand il eut finit de me rassurer, il bifurquait la discussion sur ma propre vie. J’eus un moment de flottement, où je détournais les yeux, hésitante. Devais-je lui dire combien j’avais été perdu sans lui ? A quel point j’avais été blessée ? Devais-je lui avouer que j’avais été tellement misérable que j’avais eu besoin d’aide pour me relever et continuer à avancer ? Devais-je lui dire que j’avais emménagé avec un autre que lui pour être certaine de ne pas resombrer en pensant à lui ? Je me contentais de sourire et de lui avouer que des demi-vérités. « Depuis mon premier vernissage il y a quelques mois, un acheteur a été intéressé par mes photos, et depuis, je fais vernissage sur vernissage. Mes photos commencent doucement à être connues. Je ne peux pas encore dire que je peux en vivre, mais c’est déjà mieux que rien, non ? » Si il savait que mes photos avaient attiré l’œil dans un premier temps parce qu’une séance de photos où j’avais posé nues s’y étaient retrouvé par erreur, il me rirait au nez.

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Je continue de sourire pour ne jamais l’inquiéter. Elle semble si fatiguée et inquiète. Je la connais assez pour savoir qu’elle a dû en passer des nuits blanches à devenir dingue de ne pas pouvoir me contacter ou même avoir des nouvelles de moi …  Je m’en veux de lui faire subir ça et j’aimerais pouvoir m’excuser un million de fois, lui faire comprendre que je donnerais tout pour changer la donne et pas seulement pour qu’on me libère mais pour qu’elle n’ait pas à subir ça. Je retiens un soupire triste avant de secouer la tête, préférant ne pas trop m’étendre sur mon cas qui s’avère plus critique qu’elle ne peut le comprendre. Je ne sais d’ailleurs pas comment lui annoncer qu’elle ne m’aura plus. Que c’est fini. Que je vais finir ma vie en taule au train où ça va … parce que Franklin a fait tout ce qu’il pouvait. Tout ce qu’il pouvait pour m’enfoncer. « Soit patiente Princesse et je sortirais d’ici. Un jour ou l’autre je retrouverais ma liberté mais je ne saurais pas te dire dans combien de temps … » Je tente de lui sourire de mon air malicieux mais le cœur n’y est pas. Je préfère l’écouter de sa vie dehors et de ce qu’elle a comme projet, plutôt que de lui raconter l’enfer que c’est que d’être en prison. Je la regarde et l’écoute distraitement, surement comme je le suis depuis le début. Elle est si belle. Elle mérite d’être heureuse et de faire sa vie. Loin de tout cet enfer. Parce que je sais que si elle reste … elle va s’empêcher de partir, de vivre, de réaliser ses rêves. Qui sait, peut-être que la vérité lui fera suffisamment mal pour qu’elle me laisse moisir ici. Et dans le fond je sais qu’elle reviendra toujours. Qu’elle pardonnera toujours tout. Elle parle de vernissage, de photos, je souris, passant mon pouce sur le coin de ma lèvre fêlée. « C’est bien ça Princesse. » murmurais-je d’une voix lointaine « Je suis fier de toi. » assurais-je avec un peu plus de contenance en posant mon regard sur elle. « Je suis sûre que tu vas devenir une photographe connue, ça ne fait aucun doute. » je l’avais toujours soutenu dans ses projets, je lui avais offert quelques matériels professionnel qui pouvait l’aider à se développer. Et je me souviendrais toujours de la joie sur son visage quand je lui avais offert cet objectif photo … bien mieux qu’une paire de  louboutin, je vous assure. Je frôle toujours ses doigts comme une caresse discrète et rassurante. « Comment tourne la boutique ? » demandais-je avec une pointe au cœur, j’avais peur qu’elle m’annonce que ça avait coulé et que mon rêve allait juste s’arrêter là.
 

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Sa réponse évasive à toutes mes questions n’a rien de rassurant. Je le connais assez pour comprendre que c’est plus grave qu’il n’y parait. Je déglutis péniblement, essayant de reprendre une certaine contenance et ne pas me décomposer devant lui. Ca ne lui faciliterait la tâche en rien, ne faisant qu’empirer le mal-être qu’il devait déjà subir. Au fond, si moi j’avais été dévasté par son incarcération, je ne pouvais imaginer l’enfer qu’il devait vivre malgré tout le contraire qu’il essayait de me convaincre. Je croisais mes doigts sur la table, assez près des siens, et je baisais les yeux, n’osant le regarder en face, je ravalais les larmes qui s’apprêtaient à couler. « D’accord… je serais patiente.. » murmurais-je presque inaudible. Et quand je me sentis d’attaque pour lui répondre avec un minimum d’entrain, même si le cœur n’y était pas, je le regardais à nouveau pour parler de ce qui se passait dans ma vie, de ce qu’il avait loupé ces six derniers mois. Je lui parlais de mes vernissages, mais il avait l’air si lointain, comme à demi-là. Un instant, je me dis que ce que je lui racontais ne devais sans doute pas plus l’intéresser, lui qui moisissait ici. Pourtant, dans le fond, il avait toujours été le premier à me soutenir quand je m’étais lancée dans cette aventure folle sans aucun diplôme derrière moi comme filet de sécurité. Toujours le premier à me suivre qu’importe le périple dans lequel je nous emmenais. Mais cette fois, je ne pouvais pas le suivre, malgré tous mes efforts… « C’est grâce à toi tout cela. Si tu ne m’avais pas soutenu, ni offert mon premier appareil photo, je n’aurais pas eu le courage d’arriver jusque-là seule. » Je lui souris pour lui prouver ma sincérité, même si elle n’était plus à démontrer depuis longtemps. Juste quelque chose de familier dans ce lieu trop austère. Quand il continuait sur sa boutique de skate, je souris à nouveau, mais rassurant cette fois. « Elle va bien. Jun et une jeune femme, Mee Yung la gèrent en ton absence. » Je n’osais lui dire que certains clients commençaient à se poser des questions sur son absence, et que nos mensonges ne suffisaient plus. Ses joues creusées par la fatigue et la faim m’inquiétèrent soudainement. Je levais une main pour lui caresser par reflexe, mais j’arrêtais mon geste à mi-chemin en voyant un gardien bouger du coin de l’œil. Je me retins bien malgré moi, soupirant doucement pour rester calme et ne pas céder à la panique. « Tu manges assez In Su ? Tu veux que je t’achète quelque chose au distributeur ? »

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Tu m'as manqué !

Ne me quittes pas.

Minri ✧ Insu

Je m’obstinais à faire semblant que tout était normal, que tout allait bien. Je fermai les yeux sur la vérité qu’on me mettait sous le nez. In Su n’était plus le même. Il était malheureux ici. Je pouvais le comprendre d’un simple coup d’œil. Son regard qui vacillait entre tristesse et regret. Les marques encore récentes sur son visage, preuve qu’il s’était fraichement battu. Peut-être le matin même. Je gardais mes œillères pour ne pas voir sa souffrance, persistant à faire comme si il y n’y avait pas eu ces nombreux mois d’absence et d’éloignement. J’essayais d’amener un semblant de normalité dans son quotidien devenu sans doute si morne. Néanmoins, il allait bien falloir se rendre à l’évidence. La réalité était bien trop lourde pour qu’on l’ignore encore longtemps. Même si ses yeux me suppliaient de ne pas lui poser de questions, je ne pouvais rester inerte à l’observer se laisser dépérir. Et puis cette restriction de ne pas pouvoir le toucher allait finir par me pourrir. Je ne pouvais me contenter de ces gestes furtifs, à la dérobé des regards indiscrets des gardiens. Je me mis soudainement à murmurer, un brin gênée parce que j’allais dire, car le lien était peu approprié. « Insu, tu sais, il existe ce truc, ce droit de visite exclusif pour les couples puissent se voir en privé dans la prison une fois par mois … tu crois que … enfin, tu vois ? » je souris maladroitement, sans vraiment trouver les mots justes. Il devait m’avoir à peine écouté, perdu dans ses pensées, car il reprit sur un autre ton qu’il n’avait jamais voulu me faire du mal. « Mais enfin In Su, tu m’as pas fait de mal, ne dis pas de bêtise. Je t’aime toujours autant qu’au premier jour, rien n’a changé. » Je souris, me voulant rassurante à la vue de la peine et les regrets qu’il pouvait ressentir à ce sujet. Sa détresse m’interpela soudainement, m’inquiétant plus que d’ordinaire. Je l’écoutais avec plus de sérieux, me demandant ce qui pouvait bien le tourmenter de la sorte. Mes doigts frôlaient ses mains du bout des doigts pour le montrer que je le soutenais même si je ne disais mot. Je hochais la tête avec conviction alors qu’il me demandait si je savais qu’il n’avait pas tué cette femme. Evidemment, mon In Su n’était pas un assassin ! Min Ki ? Il me semblait avoir entendu ce prénom être cité lors du jugement. Je fronçais les sourcils ne comprenant pas pourquoi ce Minki l’aurait fait enfermer. Avait-il une dent contre lui ? « C’est qui ce taré ? » lâchais-je du taco tac subitement énervé que mon meilleur ami ait pu être incarcéré à cause d’un mêle-tout. « Il se prend pour qui ? C’est lui qu’on aurait du enfermé ! » Ma voix s’était élevée naturellement comme à chaque fois que j’étais hors de moi. Les gardiens prièrent de faire moins de bruit. Geste auquel je répondis par un regard noir. « En sortant d’ici, je vais porter plainte contre lui, ca va être vite réglée cette histoire. » repris-je en baissant le son, prenant un ton de comploteuse.