Une mère, un père, trois enfants. Ni l'aîné, ni le cadet. Placé à la seconde place dans cette famille dont les disputes devraient en faire marrer plus d'un, je dois avouer que cela ne me déplaît pas. En effet, alors que certains aimeraient être les plus grands pour faire les chefs, pour endosser une certaine responsabilité, je suis plutôt du genre laxiste ou du moins je préfère m'occuper seulement de ma petite personne. Je ne suis pas non plus le parfait petit dernier malgré que mon comportement pourrait faire penser le contraire. En effet, depuis ma tendre enfance, je suis un gamin assez turbulent dans le sens où j'aimais beaucoup me faire entendre. Toutefois, l'arrivée de mon jeune frère a beaucoup changé ma façon d'agir. Il faut dire que, comme tout le monde, je n'ai pas pu m'empêcher de le bichonner un minimum. Du moins, quand je ne décidais pas de lui mener la vie dure. Après tout, pendant cinq bonnes années, j'étais censé être le chouchou des parents. Mais bizarrement à son contact, j'ai eu l'impression d'être doux. Un peu trop doux, pour tout dire alors que ce vilain me piquait tous mes jouets ! Pour résumer, je ne me plains jamais de ma position au sein de ma famille. S'il y a bien quelque chose qui ne changera jamais, c'est bien celle-ci et je crois notamment que mon service militaire a décuplé cette sensation...

Mais avant tout, devrais-je vous raconter des souvenirs plus anciens ? Des souvenirs qui ont marqué mon adolescence, des événements choquants à faire pleurer dans les chaumières...

Si vous voulez voir des larmes couler, je vous conseille de regarder essentiellement sur les joues de mes anciennes conquêtes. Dés mon adolescence, je n'ai pas cessé de faire du sport et comme dans les feuilletons américains, j'étais du genre à avoir énormément d'amis, ou du moins, des gens qui y ressemblaient plus ou moins. J'étais aussi le couillon qui se croyait tout permis et qui ne manquait pas de se resservir une nouvelle assiette car j'avais la chance de faire partie de l'équipe de football de mon collège, puis de mon lycée. Si certains jugeaient ce traitement de faveur ridicule, d'autres semblaient bien plus intéressés. Et clairement, un mec qui faisait autant attention à lui se devait d'être bien entouré. D'ailleurs, en y repensant, j'ai toujours été un éternel insatisfait et même à l'époque. Je crois que c'est notamment pour cette raison que je remplaçais ma petite copine par une autre demoiselle tout aussi charmante, ou du moins, qui possédait certaines qualités qui me rendaient malades à l'époque. Y a t-il une explication à tout cela ? Pas réellement mais je pense que je ne voulais pas reproduire le même chemin que mon frère a emprunté, lorsqu'il était à ma place. Pas très sociable, pas très intéressant, je me suis servi de toutes mes activités extra-scolaires pour nouer des contacts avec les gens. Bien sûr, je ne souhaite pas donner une image négative de mon frère car il a toujours été plus mature que moi. Nous sommes tous différents. Mais même si je lui pardonne son manque de réputation, je ne pourrais jamais dire que j'aurais aimé l'imiter, que ça soit un jour ou tout le temps. Le pire, c'est que nos situations différentes n'ont pas ruiné notre relation. Il n'hésitait pas à se moquer de moi et de l'image que les gens avaient de moi. Et je lui répondais de la même manière car bizarrement, dans notre famille, je me suis toujours senti différent, voire plus vivant ? Contrairement à ce que certaines personnes pourraient penser, nous avions tous été bien éduqués. Le truc, c'est qu'on le montre uniquement au sein de notre foyer familial et non ailleurs.

Toutefois, mon règne a failli s'écrouler à la fin du lycée. Il faut dire que les jeunes femmes de mon âge commençaient à connaître un peu mon personnage. Mais, par chance, grâce à mes notes exceptionnelles (enfin spécialement en mathématiques), j'ai pu découvrir un tout autre royaume: l'université de Yonsei. Et bon sang, je n'ai pas perdu de temps pour m'accorder quelques plaisirs, profitant de mon indépendance mais tout au fond, je subissais ma dépendance envers ce domaine connu de tous : qu'est le sexe. Si les femmes sont considérées comme le sexe faible, je dois avouer que j'ai tendance à me poser des questions sur ces habitudes que j'ai pris depuis mon inscriptions à la faculté : relations d'une nuit, des amitiés améliorées voire même des relations plutôt courtes. Je suis sensible aux charmes des femmes tout comme je considère mon comportement tout à fait normal. Un homme a des besoins, pas vrai ? En tout cas, je ne me suis jamais réellement remis en question jusqu'à un jour bien particulier.

Ce jour particulier a été marqué principalement par une visite médicale alors que j'étais encore en train d'effectuer mon service militaire. Service militaire que j'ai entamé à la fin de mon bachelor à l'université. D'ailleurs, avant de vous expliquer les détails sur ce tournant dans ma vie, je ne peux m'empêcher de vous raconter à quel point je garde de bons souvenirs de ces deux dernières années. Cette expérience m'a demandé beaucoup d'énergie vu les efforts à prodiguer chaque jour mais la cohésion du groupe m'a permis de devenir plus fort. Je pourrais aussi évoquer toutes ces chamailleries devant nos supérieurs et cette ambiance enfantine qui résidait dans nos dortoirs. Si le luxe n'était pas la chose la plus importante de ce très long séjour, je crois que les fous-rires ont pris la première place du classement des souvenirs inoubliables. En effet, j'ai pu montrer à quel point j'ai le sens de l'humour à mes camarades et parfois, je n'hésitais pas à me glisser dans une jupe pour satisfaire les nostalgiques. Il faut dire que la présence des femmes nous manquait terriblement et les dérapages sont donc monnaie courante. Mais, malgré tout, une certaine controverse a eu lieu.

Si mes tendances travelo ont fait marrer tout le monde, celles-ci combinées à une volonté de ma part de me calmer vis-à-vis des femmes ont contribué à des rumeurs sur ma personne. J'aurais une nouvelle orientation sexuelle. A croire que le fait d'être entouré uniquement d'hommes a changé ma nature profonde... Je n'ai pourtant jamais montré aucun signe d'intérêt envers eux. En fait, le problème vient de cette fameuse journée que j'ai brièvement évoqué précédemment. En effet, avant de rentrer au bercail, j'ai mis la main sur un magazine féminin pendant que l'infirmière était partie de s'occuper de certains prélèvements... Et moi, bizarrement curieux par un test affiché sur la couverture, j'ai fini par compter avec beaucoup de difficulté le nombre de personnes avec qui j'ai couché depuis que j'ai laissé ma virginité à la porte. Et malheur ! Impossible pour moi de tout me remémorer. C'est notamment pour cela que je n'ai pas pu dormir de la nuit suivant cette visite médicale. Car oui, selon l'article, un homme qui a eu plus de 110 relations sexuelles ne peut trouver la femme de sa vie. Naïf, idiot, cette histoire m'a complètement remué. J'ai compté, je n'ai pas cessé de compter avant d'arriver à un chiffre qui me semble être le bon: 107 relations. Ce numéro m'interdit de profiter de nouveau des charmes d'une femme. Je dois viser juste. J'ai le droit qu'à deux erreurs de parcours. Alors, au lieu de fauter directement, j'ai décidé de faire attention à moi, de m'éloigner, oubliant toutes ces années d'intimité partagées avec ma passion préférée. Et ciel, tout ce temps d'abstinence commence à peser lourd mais je n'ai pas le choix. Je dois me montrer fort comme on me l'a éduqué au service militaire. En attendant, j'ai également repris mes études de mathématiques et je suis donc en cinquième année depuis mi-avril, date de mon retour officiel à la vie civile.