Wearing. | Budget serré oblige, Raon pouvait rarement assouvir sa passion pour les comics et les manga. Pourtant c'était vraiment un échappatoire pour lui. Quand les choses étaient trop explosives chez lui, qu'il ressentait l'envie de claquer la tête d'une de ses sœurs dans un mur, au lieu de finir en taule, il finissait dans un book cafe de la ville. Il ignorait qui avait eut l'idée de ce concept mais il lui taperait bien la bise pour l'avoir empêché de finir dans la rubrique faits divers du Maeil Ilbo ou autre journal du genre. Et ce jour-là n'échappait pas à la règle, après s'être disputé avec sa sœur Ran quant à son choix douteux de carrière auquel il s'opposait complètement, il avait fuit dans ce qui était maintenant son havre de paix. Comme à son habitude, il s'était trouvé une place tranquille au fond de l'établissement. Il avait devant lui sa tasse de cappuccino à moitié entamée et une pile de DC comics (dont certains qu'il avait déjà lu mais prenait plaisir à relire) et quelques manga d'un auteur japonais qu'il aimait particulièrement. Il était d'ailleurs en plein milieu d'un de ces derniers lorsqu'un mouvement d'air et le bruissement de la chaise lui indiqua que quelqu'un s'asseyait en face de lui. Il releva à peine le regard, un fin sourire étirant ses lèvres. « Je vois qu'on a eu la même idée. Encore. » Il croisa enfin le regard de Young Mi. Bien qu'ils étaient devenus amis et qui leur arrivait de se voir en dehors de ce café, il restait le lieu où ils s'étaient rencontrés et leur QG. Ils s'y croisaient plus que régulièrement. « Ça va sinon ? » Il releva enfin les yeux de son livre qu'il posa sur le côté après en avoir marqué la page.

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(tenue) | Mes amis avaient tendance à me taquiner en me disant que si l’on me cherchait, il n’y avait que 3 lieux où il fallait chercher. La cuisine du Palace où je travaillais, chez moi ou encore dans ce fameux book coffee où j’avais presque élu domicile. Depuis petite, j’avais toujours été fan de littérature et si la mésaventure de ma vie ne m’avait pas fait m’exiler un moment aux Etats-Unis, j’aurai surement fait un métier en rapport avec ce domaine. Les livres avaient été un moyen pour moi de m’échapper, de me changer les idées... A New York, avant que je ne puisse me faire un réel réseau d’amis, je trainais tout le temps les book coffee pour passer le temps et éviter de rester H24 chez mon frère. La littérature a toujours été et est toujours une sorte d’échappatoire pour moi. Aujourd’hui encore je lis pour me détendre et pour oublier. Les heures passer dans ce book coffee me permettent d’échapper au stress du Palace et surtout d’oublier que pour l’instant je n’ai toujours pas vu mon fils. C’est donc comme à mon habitude que j’entrai dans l’établissement. Errant dans les allées à la recherche de l’œuvre coup de cœur, j’aperçu une ligne qui m’était familière. A vrai dire ici, toutes les têtes m’étaient un peu familière, mais il y avait les rares avec qui j’avais sympathisé et que je voyais même à l’extérieur. Raon faisait parti de ceux-là. On avait rapidement accroché et il me faisait beaucoup rire. C’est pour cela que je n’hésitais pas à me diriger vers lui, et m’asseoir à sa table comme si de rien n’était, un manga à la main. J’avais opté pour quelque chose de détente pour le coup. « C’est une habitude maintenant. » dis-je en riant.  « Ca va, je suis juste crevée à cause du boulot. J’ai un jour de congé aujourd’hui à cause d’un accident dans la cuisine. » Je lui montrais alors le léger bandage que j’avais autour du poigné. Une petite brûlure dû à l’inattention d’un commis, mais au moins j’avais gagné un jour off. « Et toi ? T’essaie encore de t’échapper de chez toi ? »

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Wearing. | Il savait bien qu'il avait des goûts littéraires particuliers Raon. Ses sœurs s'étaient assez souvent foutues de lui pour savoir que ça amusait beaucoup qu'un homme comme lui – avec son soit disant poste à responsabilités – lise ce genre de bouquins pour geeks ou « adolescents dégénérés ». Grand bien lui en fasse, Raon était un lecteur complètement décomplexé. Il ne rougit donc pas un seul instant de se faire surprendre en pleine lecture de « Original Sin » par la jolie Yeong Mi. Il posa la BD sur la table en regardant la main de la jeune femme une légère grimace sur le visage. Il n'avait jamais imaginé les cuisines comme un lieu dangereux, mais depuis qu'il la connaissait, il avait revu son jugement. « Si tu n'as qu'un jour de congés j'imagine que c'est rien de grave ? » Pas de doigt coupé ou autre accident du genre avec des couteaux aux lames aussi longues qu'un avant-bras. « Oui. C'était ça ou j'allais finir par casser un truc. » Il pinça les lèvres. « Et par truc j'entends mon agaçante chère petite sœur. » Il eut un petit sourire désabusé. Avisant ce que tenait la jeune femme dans ces mains il la regarda avec un air surpris. « Un manga ? C'est que j'ai vraiment déteint sur toi. » Il eut un sourire en coin, un brun arrogant. « J'ai toujours su que j'étais un homme d'influence. » Il lui prit le manga des mains et regarda ce qu'elle avait choisi. Il le lui redonna en ricanant. « On a encore quelques progrès à faire quand même. »

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(tenue) | Je n’avais jamais jugé les goûts littéraires de qui que ce soit. La lecture c’était la lecture, et elle englobait tous les types d’œuvre possibles et imaginables. Au contraire, à une époque où la technologie prenait le pas sur la littérature, j’étais contente de voir ce genre de lieux encore pas mal fréquenté. Je n’étais pas du genre à taper sur la technologie pour rien moi même étant une fervente utilisatrice de toute sorte de gadget, mais il fallait savoir faire la part des choses et varier les plaisirs. C’était mon côté raisonnable qui parlait là. Avec Raon, j’étais assez décomplexée et on parlait de tout et de rien sans vraiment se juger. C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai pas vraiment hésité à me parler de mon fils ou de mes soucis au travail. Ca paraît bizarre de se confier de la sorte à quelqu’un qu’on ne connaît pas depuis tant de temps que ça, mais certains feelings faisait qu’on pouvait se sentir en confiance avec des gens plus rapidement qu’à l’accoutumé. « Tu rigoles ? Même si je m’étais coupé une main ils m’auraient sommé de revenir le plus tôt possible. Il a tellement de travail à abattre que se passer d’un seul élément pour autant de temps c’est du suicide pour le reste de l’équipe. » J’aimais la rigueur qu’imposait le travail en Palace mais j’avoue que la pression était parfois difficile à digérer. Je comprenais que mon compère avait aussi ses problèmes à gérer, notamment avec sa famille. « J’aurais du mal à avoir un ami meurtrier je te l’avoue, vaut mieux que tu contrôles tes pulsions c’est mieux pour tout le monde. » dis-je en éclatant de rire. Raon me prit le manga des mains avant même que je ne puisse l’ouvrir. En effet à la base je n’étais pas une grande férue de manga mais le jeune homme avait peu à peu déteint sur moi. Je ne voulais cependant pas l’avouer. « On se calme Melon Man. J’avais des goûts littéraires très diversifiés avant de te rencontrer tu sais. ». Mon choix d’un shojo bien girly ne sembla pas l’avoir convaincu pour autant. « Han quel dédain ! Tu crois vraiment que j’ai une tête à lire des shonen, sérieusement ? » lui répondis-je toujours avec le même rire. « Tu pourrais me conseiller, je suis ouverte à toutes les propositions. »

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Wearing. | Raon ne connaissait pas vraiment le monde de la restauration. Mais comme tout le monde il avait entendu ces légendes comme quoi le rythme était inhumain, que c'était « marche ou crève », qu'il était impossible d'avoir une vie en dehors de son job... Et il avait cru qu'il s'agissait réellement d'une légende. Mais depuis qu'il côtoyait Yeong Mi, il revoyait sa copie. Il imaginait quand même mal les supérieurs de la jeune femme continuer de la faire travailler avec une blessure grave, mais finalement... « C'est des ouf quand même... » Il secouait doucement la tête, montrant par là son incompréhension face à l'exigence de ce milieu, avant qu'un léger sourire n'étire ses lèvres. « Ça doit être chaud quand même de couper des trucs avec un moignon... Et sale. » Il eut un léger rire, s'amusant à sa propre réflexion. La présence de Yeong Mi avait le mérite de le détendre, et lui permettait de prendre un peu de distance avec l'énième altercation qu'il avait eu avec sa petite sœur. « Tu viendrais pas me voir en prison ? » Il posa une main sur son cœur, comme si les paroles de la jeune femme le blessaient sincèrement. « Le orange me va bien pourtant. Je serais sexy dans la tenue de prisonnier. » Il lui adressa un sourire de playboy avant de rire une nouvelle fois. « C'est juste que ma sœur me soûle encore avec son histoire de mannequinat. » Il passa la main dans ses cheveux dans un signe d'agacement. Il comprenait que sa sœur ait des rêves, mais il aurait voulu qu'elle réalise ce qui était réalisable et ce qui ne l'était pas (selon lui). « Aujourd'hui j'ai appris que mademoiselle était en train de se préparer un book. » Bien qu'il gardait son calme, intérieurement, il fulminait. Il ne saurait expliquer pourquoi il rejetait ainsi l'idée de sa sœur. On devait sans doute le prendre pour un tyran à refuser de voir sa sœur vivre son rêve, mais il était persuadé que c'était pour son bien. Il reporta son attention sur le livre que Yeong Mi avait entre les mains et il eut un rire moqueur. « Ouais me la fait pas à l'envers y a de très bons shonen pour les filles maintenant ! Je sais de quoi je parle. » La tournure était maladroite, il parlait évidemment des shonen qu'il choisissait pour ses sœurs.

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(tenue) | Ce que j’aimais chez Raon, c’était son humour. C’était d’ailleurs pour cela qu’on avait aussi rapidement accroché alors que nous ne nous connaissions que depuis peu en réalité. Sa blague me confortait dans cette idée. « J’ai des images qui me viennent à l’esprit mais je t’épargne la description » dis-je en riant. Je l’écoutais ensuite me raconter les raisons de son énervement. Non pas que je ne serai pas aller lui rendre visite en prison, et je me prononcerai moins sur sa possible allure en orange, mais je n’avais juste pas envie de le voir croupir en prison, surtout pour une raison aussi stupide. Je comprenais tout à fait ce qu’il pouvait ressentir, mais malheureusement on ne pouvait on ne pouvait choisir pour les autres. Moi-même étant la dernière d’une fratrie de quatre avec deux frères très protecteur, j’ai eu à subir les conseils de mes frères. « Tu sais... tu ne pourras jamais l’empêcher de faire ce qu’elle veut. » Et je parlais en connaissance de cause. « Moi aussi j’avais deux grands frères un peu lourdaud qui pensaient savoir ce qui était bien pour moi. Ils auraient tué pour que je fasse une carrière d’avocate, ou de médecin. » J’avais l’air un peu nostalgique, mais aujourd’hui tout cela était derrière moi. « Au final, je me suis retrouvée avec un enfant dans les jambes à 17 ans et maintenant je suis chef de cuisine. » La cuisine n’était pas vraiment une voix très prisée en Corée par les familles traditionnelles, à tord. A la base j’ai toujours été une artiste, et je suis tombée dans le domaine culinaire aux Etats-Unis par pragmatisme, mais je ne regrettais pas. « Avant ça, j’ai eu des phases : peintres, photographe, dessinatrice... mais rien de bien conventionnel. Pourtant je me débrouille bien aujourd’hui. » Je n’essayais pas de lui faire changer d’avis, mais je voulais lui expliquer qu’il devait être moins dur avec sa sœur et surtout qu’elle finirait toujours pas faire ce qu’elle voulait. « Mannequin c’est pas si mal que ça. Tout ce que tu peux faire c’est essayer de la protéger quoi qu’elle fasse. » Bref, j’avais fini mon petit speech, et je ne voulais pas le contrarier plus que ça. « Je veux bien que tu me les montre parce que pour l’instant je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied. »

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Wearing. | Raon n'avait pas la réponse à « qu'est-ce que l'amitié ? » mais il pensait bien que c'était ce qu'il vivait avec Yeong Mi. L'amitié ce n'était pas dire que ce que voulait entendre l'autre, mais c'était aussi dire ce que l'autre ne voulait pas entendre. Et c'était exactement ce que venait de faire Yeong Mi en parlant de la sœur du coréen. Le plus dur pour Raon, c'était de reconnaître qu'au fond elle avait très probablement raison, mais il refusait de l'entendre, et surtout il refusait de le comprendre. Alors il préféra d'abord se cacher derrière l'humour pour faire face à cette conversation. « Okay... Donc tu viens clairement de dire que je suis un lourdaud comme tes frères... Vous êtes dure avec moi mademoiselle Nam. » Il prit un ton dramatique qui dénotait complètement avec sa posture sur son siège. Finalement, il prit sa tasse et se redressa légèrement sur sa chaise. « C'est juste que le monde du mannequinant est rude et clairement elle va mettre du temps avant de pouvoir en vivre... Moi ça fait six ans que j'me saigne pour mes sœurs. Alors j'aimerais bien aussi qu'elle trouve un taffe rentable plutôt que des chimères. » C'était probablement égoïste, très certainement même. Mais lui avait renoncé à ses rêves, et il attendait de ses sœurs qu'elles fassent rien qu'un minimum de compromis pour l'aider dans cette tâche. Mais il savait aussi ce qu'il était possible de penser de lui en l'entendant parler ainsi. « Je sonne comme un sale con égoïste hein ? » Il haussa simplement les épaules en reposant sa tasse après avoir bu une gorgée. « De toute façon je vais rentrer, j'vais m'excuser et elle aussi ou dans l'ordre inverse j'sais pas. » C'était toujours de cette façon que les disputes se terminaient chez les Yeo. Jouant avec les pages de son manga il eut un léger rire à la demande de la jeune femme, c'est plutôt la formulation qui le fit rire. « Évidemment, mais formule pas ça comme ça je pourrais y voir une invitation. » Il eut un rire, réfléchissant à des titres à lui donner, mais aussi à une réflexion qu'elle lui avait fait juste avant. « En parlant d'enfant, t'as revu ton ex comme tu avais dit que tu le ferais ? »

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(tenue) | Il est vrai que Raon et moi ne nous connaissions pas depuis très longtemps, mais ce n’était pas une raison pour ne pas lui dire ce que je pensais véritablement sur le sujet, d’autant plus que je me voyais d’une certaine manière en sa sœur. Clairement, je savais que Raon n’allait pas changer d’avis grâce à mon petit discours, il avait son idée en tête et il en faudrait du temps et des arguments pour changer tout ça. Néanmoins, je comprenais aussi son point de vue. En tant que cadet de famille, on ne réalisait pas souvent tous les sacrifices que les aînés pouvaient faire pour nous, moi la première. « Pas lourdaud mais... juste un peu trop protecteur. » lui répondis-je alors sur le même ton. S’ils n’étaient pas là pour nous protéger, nous les petites sœurs prendrions constamment les mauvaises décisions. Savoir qu’ils sont là pour faire les rabat-joie était nécessaire, bien que pénible aussi. Mais chaque famille avait son histoire et Raon avait ses raisons de s’inquiéter pour sa sœur. J’espérais juste qu’ils finiraient pas régler la question de manière durable. « Non pas égoïste juste que... il y en aura toujours qui devront se sacrifier pour d’autres, c’est comme ça que ça marche. » C’était facile à dire pour moi car j’ai toujours été celle pour qui on s’est sacrifié, notamment avec Min Guk et Min Yul, mais je savais que si un jour je devais passer de l’autre côté, je ferai ce qu’il y avait à faire. Je jetai alors un coup d’œil sur la couverture de mon manga, me disant que je ne serais vraiment pas contre un peu de diversité. « Mais c’est une invitation ! Prépare tes recommandations parce que je risque d’être très critique. » Je le taquinais à moitié, sachant que je savais aussi être assez exigeante dans ce domaine là. J’avais toujours adoré lire, mais ces derniers temps c’était devenu une sorte d’issu lorsque je ne voulais pas penser à des sujets compliqués, comme toute cette histoire avec Min Yul. « Oui on s’est revu et ça s’est pas trop mal passé en fait. » J’avais confié à Raon mes craintes et mes appréhensions, alors je me devais aussi de lui parler du dénouement. « Il va parler au petit et quand ils seront prêts, on essaiera de se voir tous les trois. » J’étais à la fois excitée et craintive, entre rêve et cauchemar je ne savais pas vraiment comment tout cela allait se finir. « J’espère que ça va bien se passer... j’ai juste peur de ne pas trouver ma place parmi eux. Et puis ça fait bizarre de revoir mon ex après toutes ces années. Je sais qu’il ne se passera plus jamais rien entre nous mais j’ai l’impression d’avoir perdu quelque chose. » J’avais tourné la page mais quelque fois il m’arrivait de penser à d’autres scénarios. « Mais dès que je pourrai le voir régulièrement il faudra que tu le rencontres. Je ne le connais pas mais je suis sûre que tu vas l’adorer. » J’éclatais alors de rire. Je disais ça à tout le monde, mais même si je ne le connaissais pas, j’étais sûre que c’était un gamin adorable.

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Wearing. | Il préférait prendre les choses avec humour, sinon il allait finir par se rendre malade. Ce qu'il faisait n'était pas contre sa sœur, mais plutôt pour elle, mais ça semblait difficile à comprendre pour sa cadette. Il préférait largement en plaisanter, sinon il allait finir par se taper la tête sur la table jusqu'à ce que sa cervelle sorte, et Yeong Mi n'avait probablement pas envie de voir ça. « Ouais ouais t'as dis lourdaud fait pas genre ! » Sa sœur aurait d'ailleurs trouvé l'adjectif encore bien trop faible. Raon s'en voulait souvent d'avoir ce rôle de méchant, de « patriarche », mais il ne l'avait pas voulu, ça lui était tombé dessus d'un coup, il essayait de faire avec. Il n'aimait pas l'idée d'avoir à se sacrifier, d'être celui qui devait renoncer à tout, tout le temps. Ce n'était pas juste, et il attendait de ses sœurs qu'elles fassent un minimum de concessions, alors autant dire que le discours de la coréenne ne lui plaisait pas vraiment. Il haussa les épaules en grimaçant, il refusait à se résoudre que « c'était comme ça que ça marche » comme elle venait de le dire. Le terrain des manga était plus neutre, et tout en riant il se mit à réfléchir. « Alors... Prend note fillette ! » Il fouilla dans sa mémoire des titres de shonen pour filles qu'il avait recommandé à sa sœur et qu'elle avait apprécié. « T'as Gate... Ma sœur a kiffé Bus Gamer aussi. Et elle m'a soûlé avec...  Docteur Méphisto. Le titre est chelou mais je cite : oppa c'est trop bien tu devrais le lire ! » Il avait imité la voix enjouée de Rahee, en prenant soin de monter le ton dans les aigus pour souligner son excitation. Puis il écouta avec plus de sérieux ce que lui racontait Yeong Mi, curieux de savoir ce qu'elle avait appris sur son fils et son ex-copain. « Pourquoi il ne pourrait plus rien se passer entre vous ? Il a quelqu'un dans sa vie ? » Le fait de se remettre avec quelqu'un dont on s'était séparé ne dérangeait pas vraiment Raon, les erreurs de parcours étaient permises. Il était admiratif de ce que faisait dire et faire l'amour maternel. Yeong Mi n'avait pas encore rencontré ce petit garçon, mais il voyait dans son regard et ses paroles qu'elle l'aimait déjà. C'était fou, c'était fort. « Oui c'est cool quand ils sont petits, c'est en grandissant que les problèmes commencent ! » L'adolescence, l'âge ingrat par excellence. Alors que petits, ils étaient innocents et tellement manipulables. « Quand les petites avaient son âge, je pouvais leur faire faire n'importe quoi c'était cool. Passé dix ans ça se rebelle, ça crie... » Il fit une moue dégoûtée avant de se mettre à rire à ses propos et à aux souvenirs que ça ravivaient. « Il t'a dit comment il s'appelait ? »

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(tenue) |Parfois le destin mettait des individus sur notre chemin que nous n’aurions jamais eu l’occasion de rencontrer si ce n’était grâce au hasard. Depuis mon retour à Séoul, ce destin avait énormément joué en ma faveur. J’y avais rencontré de notre personne ainsi, comme Nobu mon colocataire actuelle. Même si toutes ces rencontres étaient plaisantes et que je ne voulais pas les classer, je dois dire que Raon était l’une des favorites. Il avait cette empathie qui donnait envie de se confier directement à lui, et j’étais pendu à ses lèvres à chacune de ses histoires. Ses histoires de famille étaient assez mouvementées et j’étais contente de pouvoir à ma façon lui prodiguer quelques conseils. Je le taquinais car je comprenais très bien ce que ses sœurs pouvaient vivre avec lui, mais en fin de compte c’était à eux de gérer leurs histoires de famille. Cependant, je ne doutais pas qu’en rentrant chez lui tout allait bien se passer. Je commençais à anticiper le dénouement de ses récits précédents. Enfin, l’objet de notre première rencontre fortuite restait tout de même les mangas, et c’était un domaine dont j’adorais discuter avec lui. Je ne m’y connaissais que trop peu comparé à lui, et je n’hésitais pas à écouter ses recommandations. « Docteur Méphisto ? Ok, ok je note... si c’est ta sœur qui le recommande, je ne peux qu’aimer ! » Solidarité féminine quand tu nous tiens. « Je te dirais ce que j’en pense. Par contre si je n’aime pas, tu auras de mes nouvelles... » dis-je d’un air faussement contrarié pour le taquiner. Les mangas mais surtout la littérature en général avait été une sorte de refuge pour moi pendant ma grossesse et par la suite. Aujourd’hui encore, ça me permet de me changer les idées quand je veux la situation avec Min Guk. « J’en sais rien... mais si c’était le cas ça ne m’étonnerait pas. C’est un garçon adorable, drôle, avenant... n’importe qui craquerait pour lui. Et puis même s’il n’avait personne, c’est juste que quelque chose s’est brisé entre nous. On n’est plus les mêmes. C’est la vie. » J’étais un peu amer, mais il valait mieux voir la réalité en face, on était mieux chacun de son côté. Notre lien était Min Yul, et ça me suffisait amplement pour l’instant. « T’es vraiment un rabat-joie. » lui lançai-je en riant même si je savais qu’il avait raison. Mes frères n’arrêtaient pas de me répéter que bébé j’étais adorable, mais qu’à l’adolescence j’avais été insupportable. « J’ai tellement envie de le voir que je crois que je suis capable de céder à tous ses caprices ! Peut-être qu’à l’adolescence je serai plus stricte qui sait... mais pour le moment je serai une maman poule. » J’avais les yeux qui brillaient rien que d’y penser. « Min Yul... je n’aurai pas choisi mieux je crois. Je me le répète comme si c’était moi qui l’avais choisi à la maternité. » Je riais mais j’étais complètement gaga pour l’instant. Je n’avais pas choisi d’être parent mais maintenant il fallait que je sois une bonne mère. C’était une tâche difficile mais j’allais faire tout mon possible. « C’est complètement random mais... tu sais que je te verrai tellement en papa gâteau ? T’as une tête de père qui emmène son gamin au parc et qui attise l’œil de toutes les mamans célibataires autour. » Je ne pouvais m’empêcher d’éclater de rire à ma remarque, j’adorais le taquiner et le faire sortir de sa zone de confort.

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