❥ Il aurait pu mourrir sous cet afflux d'émotions. Pleurer n'est pas exclu, mais l'arrêt cardiaque est la plus probable des réactions. La joie, dans un premier temps, de retrouver Miso, puis la tristesse de se dire qu'elle était là... Juste là, proche... Sans oublier la honte, la honte d'avoir oublié que l'espoir existe encore et d'avoir simplement baissé les bras.

Il la fixe, redoutant le moment ou la colère l'emporterait sur l'émotion. Il faut dire qu'il  l'a cherché en lançant cette connerie. Il s'était préparé à tous les scénarios de retrouvailles sauf à celui-ci, alors cette surprise qui le paralyse est probablement justifiée. Des conneries, il en a toujours sortis, surtout dans des moments embarrassant ou il se sent complément absent, incapable de réagir. Ce n'est pas le coup qu'elle lui assène ni même ses cris qui l’assomment, pourtant le rideau qui lui tombe dessus est bien présent. Ses oreilles sifflent, les mots de sa moitié ont du mal à percuter son esprit. C'est probablement parce qu'il n'a pas mangé depuis ce matin ? Le voilà à jouer les fragiles tandis que Miso pleure, encore à cause de lui. Il s'en veut, il voudrait pouvoir lui expliquer, lui dire qu'il est désolé. Lui expliquer qu'il a attendu, mais lorsque sa bouche s’entrouvre, aucun son ne parvient à s'échapper. Il est devenu muet, maintenant, Hwan ? De toutes les fois où on lui a demandé de fermer son insupportable grande gueule, il perd les mots et la voix lorsqu'il a besoin de se justifier. Quel abruti, pense t-il.  Malgré les secousses, il est tétanisé.  C'est lorsque Miso fini contre lui qu'il réalise que tout cela est dû à une perte d'équilibre.

Il en parlait de sa sœur. Ses qualités, il les vantait sans se soucier de gonfler ses amis. La seule devant qui il pouvait perdre la face qu'il disait. Il passe ses bras autour d'elle avec une lenteur étonnante, pour la serrer contre lui aussi fort qu'il le peut, mais ses jambes tremblent, ces fichus jambes, incapable de le tenir ce soir. Il inspire, grandement nichant son nez au creux de sa nuque, cherchant ce parfum qui lui avait tant manqué. Il trésaille, faibli, c'est lorsque son nom retenti derrière lui qu'il réalise que c'est le béton qu'il va rencontrer s'il ne se ressaisi pas.

Heureusement qu'elles sont là, ces quatre mains bienveillantes qui les retiennent avant qu'un autre drame ne se produise. On l’intime de s'agenouiller, mais lui ne lâche pas cette emprise, comme un enfant auquel on voudrait enlever son doudou. Au milieu de la ruelle, à même le sol, ces anges gardiens s'éloignent, mais pas trop loin, laissant à ces deux là les retrouvailles qu'ils avaient tant espérer. Sa main glisse contre le dos de Miso, remontant pour se poser derrière son crâne, caressant du bout des doigts ses cheveux. Il n'a pas les mots pour exprimer tout ce qu'il a sur le cœur, mais le simple contact avec sa chevelure à l'effet d'un électrochoc... Si son corps se réchauffe, il agrippe un peu plus à elle, tentant de camoufler ces sanglots qui naissent petit à petit.

❥ TENUE x Elle l’avait attendu, maudit, détesté, aimé. Si fort que toutes ces émotions revenaient brusquement sans qu’elle ne s’y attende. Pourtant elle avait espéré ce jour, encore et encore. Il était arrivé si brusquement qu’elle n’y était presque pas prête. Pourtant tous les jours elle s’était conditionnée à ses retrouvailles sans jamais perdre espoir, parce que perdre espoir, c’était perdre la vie. Elle avait continué de vivre, d’avancer tout en laissant sa vie entre parenthèse. Il n’avait fait qu’attendre et tomber amoureuse. Tomber si fort qu’elle s’en était blessée et abîmée le cœur, mais elle n’avait jamais abandonné. Quand bien même la terre entière lui montrait qu’elle avait tort de croire qu’elle pouvait réussir. Sa persévérance avait finalement payé. Chujung avait fini par assumer ses sentiments pour elle et aujourd’hui, à cet instant, cette nuit, elle serrait son frère contre elle. Elle s’y accrochait comme une forcenée de peur qu’il ne disparaisse. Elle n’a même pas fait attention à leur chut, celle de leur corps entremêlé si étroitement qui refusait de se lâcher. La moitié d’un tout, la moitié d’un rien qui se retrouvait enfin. Et Miso ne savait plus comment gérer ses émotions. Elle lâche un gémissement en se serrant un peu plus contre lui, cette caresse dans ses cheveux lui rappelle combien il a pu lui manquer. Au sol et le cœur éclatant elle respire son parfum. A-t-il lui aussi vécu l’enfer de sentir ses bras se refermer sur le vide, exacerbant ce manque acide et douloureux ? Lui a-t-elle manqué autant qu’elle a cru crever sans lui ? Ils ont toujours été ensemble, dans le pire comme le plus beaux. Pourtant, elle réalise ce soir que le pire c’était d’être sans lui, c’était d’être seule, livrée à elle-même.

 

Elle-même. C’est fini tout ça.

 

Elle n’ose pas relever le visage vers lui. Elle se contente de rester contre lui, alors que es sanglots de son frère lui explose le cœur. « J’suis là Oppa … » qu’elle arrive à lui murmurer maladroitement en caressant sa nuque doucement comme elle a toujours eut l’habitude. Jusqu’à la base, là où ses petits cheveux se rebellent. Là où elle avait toujours pris l’habitude de glisser ses doigts froids. Elle laisse échapper un nouveau sanglot en nichant son visage dans le creux de son cou. Min Jun, Hwan, son frère est là. Il est là. Putain, devant elle. A genoux. Elle ne sait pas vraiment combien de minutes s’écoulent, combien de temps elle pleure contre lui, à le serrer, craignant qu’il ne disparaisse. Puis des voix la tire de ses retrouvailles. Elle lève à peine son regard pour voir deux garçons aussi ahuri qu’eux, les fixer et tenter de discuter discrètement. L’incompréhension se lit sur leur visage et ils sont aussi sidérés que pourraient l’être Miso et Hwan. Un bout de vie que Miso n’a pas connu. Elle les fixe sans quitter les bras de son frère. Elle entend quelques bribes de leur conversation mais rien de réellement cohérent pour son esprit surchauffé. T’étais où ? Là. T’as fait quoi ? Tout. Miso ne sait même plus quelles questions poser en premières. Elle déglutit avant de poser son front contre la tempe de son frère. Prenant,  d’une infime lenteur, le temps de se redresser légèrement. Elle caresse les deux joues de son frère pour lui relever la tête et croiser son regard. son regard dans lequel elle voudrait pouvoir se noyer. « J’suis là … » répète-t-elle encore sonnée.

 

Elle n’a pas la force de se lever, ni même de réaliser la situation. Il est là. Là. Et c’est tout ce qui compte. 

❥ Il a tellement honte. Honte d'avoir perdu l'espoir, d'avoir par moment oublié. Négligé sa recherche. Envisagé de passer à autre chose. Plus les secondes passent, et plus il se noie dans les remords.

Il lui paraît impossible pour le moment de sortir la tête de l'eau. Il va tout simplement sombrer.

C'est probablement la première fois qu'on le voit ainsi. Si faible, déversant toutes les larmes de son corps dans de lourds sanglots. Son visage est déformé par la tristesse qu'il refoulait depuis des mois - voir des années. Il se fiche d'être bruyant, de renifler, de manquer de souffle. Il faut que tout parte, purger la peine. Comment pouvait-elle être là, devant lui, alors qu'il... Ne cherchait plus vraiment. Ses poings se resserrent dans le dos de sa soeur jusqu'à enfoncer le peu d'ongles dans le creux de sa paume. Elle est là, c'est elle qui le dit. Sous ces paroles, a nouveau il resserre son étreinte à lui briser les os s'il en avait la force. Pour combien de temps avant d'être à nouveau séparés? La chance ne fait pas parti du quotidien quand ils sont ensemble. Peut-être faudrait-il oublier cette soirée, s'oublier mutuellement pour survivre dans ce monde sans pitié. Comment peux-tu penser des choses pareil ? J...e... t'...ai..m.. bégaye t-il comme pour balayer ses remords et s'excuser à la fois. Il ne lui avait jamais dit, ou peut-être pas assez pour qu'il s'en souvienne.. Mais, si jamais elle disparait à nouveau, si à nouveau quelqu'un les sépare brutalement... Au moins elle le saura. Miso saura que jamais elle n'a quitté son coeur, que toujours elle était présente, malgré la distance. J'ai toujours pensé à toi. C'est une chose assez simple qu'il ne peut pas dire pour le moment. Les mots sont difficiles, certes, mais le plus compliqué n'est pas de s'exprimer... C'est de devoir affronter le regard de sa chair et son sang et ce, malgré cette culpabilité qui ne quitte plus son coeur et qui le presse dans sa poitrine.

Ces doigts si chauds contre ses joues ont pourtant un effet de froid particulièrement intense au point de le tétanisé. Hwan tente de maintenir la tête haute et de plonger son regard dans celui de sa soeur, mais c'est encore plus douloureux pour le moment. Je... Ses lèvres tremblent, rendant presque inaudible sa première tentative. Je suis désolé Miso. D'avoir douté. Encore, toujours. Une main relâche son etreinte et va se déposer doucement sur la joue de la jeune femme. Sa La circulation ayant été presque coupée, le contact est un peu électrique sur le moment dût à sa peau froid.

Alors, il s'arme de courage, ou du moins tente. Le yeux et la bouche tremblant, il hésite. Par ou commencer ? Il y a tellement de questions, un tout qu'il faut résoudre. C-Comment? Oui. Par là. Comment est-ce possible? Peut-être pourra t-elle lui expliquer comment elle s'en est sorti jusqu'ici.

❥ TENUE x Elle n’arrive pas à la réaliser. Elle n’arrive pas à croire que tout ça ce soit réel. Elle se demande même si elle ne rêve pas, pourtant aucun de ses songes ne lui a paru plus réel que celui-ci. Les bruits de la rue, la chaleur de son corps, les murmures de ses amis. Miso se noie dans autant de détails. Elle ne retient pourtant que le corps froid de son frère, l’électricité entre leur deux corps. Son jumeau est là et soudain son monde semble se remplir à nouveau de couleur. L’obscurité dans laquelle elle avait appris à évoluer seule se dissipe pour laisser place à une lumière si intense qu’elle en devient aveuglante. Elle se sent mal, une nausée lui tord la poitrine mais elle s’accroche. Trop d’émotion d’un coup, elle tremble, elle ne sait lequel des deux soutient l’autre. Il est là putain … elle a beau se répéter inlassablement cette phrase elle n’arrive pas à s’en convaincre. Elle le touche, le sent, elle respire son parfum, elle s’imprègne de son odeur si familière. Elle se dit qu’elle a bien fait de ne pas perdre espoir, de s’échiner aussi souvent pour le retrouver … de poster ses affiches sur le mur, son numéro qu’elle a balancé dans toute la ville en s’attirant tous les pervers du coin. Elle réalise que sans tout ça ils n’auraient pas pu se retrouver, pas encore. Elle ne peut retenir les larmes et se jette à nouveau à son cou. Je t’aime aussi a-t-elle envie de lui dire … mais les mots coincent dans sa gorge. Ça fait tellement de mal et en même temps tellement de bien … elle a supplié tellement fort de pouvoir le retrouver, rien qu’une fois … quand elle l’a aperçu ce jour-là … c’était le signe qui lui manquait. C’était l’espoir qu’elle retrouvait. Elle avait couru si vite pour le rejoindre mais il avait disparu … juste comme ça … elle avait pourtant cru ce jour-là que c’était la fin de leur cauchemar. Il leur aura fallu attendre tellement de temps encore … Elle se presse contre lui en l’étouffant surement. Son frère a l’air tellement malheureux qu’elle ne comprend pas encore très bien pourquoi il semble tellement souffrir de leur retrouvaille. Pourtant elle voit combien qu’il est soulagé de la retrouver et qu’il semble à la fois si heureux … Elle caresse son visage et observe ses traits si longuement qu’elle finit par déceler sa culpabilité.

 

Elle avait peur … si peur de ne plus le retrouver, même en étant avec lui, elle avait peur de ne plus le comprendre, que leur séparation ait ruiné leur lien. Alors quand elle se retrouve à lire si facilement les émotions de son frère elle sent son cœur éclater. « Arrête … » gémit-elle dans un sanglot quand elle le voit s’excuser. Ne fait pas ça … Elle secoue la tête et l’attire à elle à nouveau pour l’étouffer dans une étreinte serrée. Comment ? Elle murmure dans son cou en soufflant tout bas « J’ai rencontré des gens qui m’ont aidé … » c’est tout ce qu’elle est capable de lui dire pour l’instant. Elle tombe sur ses fesses sans s’en rendre compte et fixe Min Jun de ses yeux larmoyants. « T’étais où Oppa … ? » répète-t-elle la voix cassée. « J’ai eu tellement peur si tu savais … » se remet-elle à pleurer plus fort avant de retourner dans ses bras. Et s’il avait ramené en Corée du Nord, il aurait été tué, sans autre forme de procès. Il aurait servi d’exemple. Il aurait été une menace. Comment aurait-elle pu vivre sans lui ? Soudain ces trois dernières années lui semblent tellement terrible et dure … Elle secoue la tête et attrape le visage de son frère « On se quitte plus … on se quitte plus minjun tu le promets ? » gémit-elle comme l’enfant qu’elle était toujours auprès de lui. Elle voit deux hommes s’approcher, les amis de Hwan à ne pas en douter. « Hey mec … vous voulez qu’on aille ailleurs p’tet ? » demande-t-il à la fois gêné et ému pour son pote. Ils avaient tous l’air paumé ça c’était un fait. Miso se redresse rapidement sans quitté les bras de son frère et regarde autour d’elle comme si tout ça c’était soudain étranger pour elle. Yindee ! Où est-elle maintenant ? Miso la cherche du regard sans réussir à trouver le visage de sa mère de substitution. 

❥ A toutes les soirées de débauches. A toutes ces nuits blanches, ces soirées à divaguer sur des sujet comme "comment changer le monde". A tous ces amis qui l'ont trainé vers le fond quand lui les trainait vers le haut. Quand, lors des courses poursuites ils se retrouvaient face au mur et que la peur le poussait à escalader l'impossible. Quand le doute prenait possession de son coeur et que pour oublier, c'était le premier à proposer de sortir. Tout ces moments, ces instants qui ont fait que Hwan n'était plus que l'ombre d'un homme perdu.

C'est peut-être le début de la fin de cette époque ?

C'est faux. Ces gens, ce sont aussi sa famille désormais. Tout comme Miso, Hwan a rencontré des gens qui l'ont aidé, qui ne l'ont jamais jugé, qui sont resté les-même ai fil des années. C'est faux. Ils ne le trainaient pas vers le bas et inversement. L'accompagnement vers les fin fond du néant était mutuel, voir même principalement à cause de Hwan. Ils auraient pu le laisser attendre indéfiniment dans le froid la fois ou il s'est trompé. Ils auraient pu le rejeter en découvrant ses papiers. T'étais ou ? Partout et nulle part à la fois. C'est une réponse valable quant on sait à quel point la galère l'a laissé lambiner dans la rue pendant un long moment... Malgré tout, ce n'est passa qu'il parvient à articuler. J'étais avec eux... Il marque une pause. Eux, ce n'est pas très gratifiant, alors il murmure doucement leurs noms. Jin et Minho. Osant a peine regarder en arrière, il sent néanmoins la force reprendre possession de son corps lorsque son double, sa chair et son sang, attrape son visage. Impossible de fuir la réalité, et quand bien même, pourquoi fuirait-il ses retrouvailles ? Jamais. Plus jamais on se sépare. Plus jamais on nous séparera. Cette force, c'est probablement la colère des souvenirs qu'il avait enfoui au fond de son coeur. Sa mâchoire se serre, mais cette sensation permet d'éviter cette ivresse de bonheur. Cette faiblesse qui le rendait si triste également.

Lorsque l'attention de Miso se porte sur les deux idiots derrière lui, il arrive à se ressaisir et à tourner la tête une fois son visage essuyé grossièrement. S'il croit duper ces types, c'est raté. ses joues et yeux sont carrément rouge, mais au moins il ne pleure plus. Un haussement de la tête, il prend le temps de réfléchir avant de faire un mouvement trop maladroit. Doucement, il se relève, relevant Miso avec lui. Soit un gars, Hwan. soit le bonhomme, redevient le chef de famille.

Tu cherches quelqu'un ? Dit-il la voix moins tremblante. Sa copine ? Suggère Minho. Hwan quant à lui hausse les épaules. Pour être honnête, il s'en fiche complètement. On a un copain qui a son appart' dans le coin... Ah, "le" tatoueur.... Oui, ce serait mieux que de se mettre une race en boite, non ? Dit-il en réfléchissant, avant de rigoler bêtement en reprenant ses esprits... Et surtout, ça lui permettra de présenter Miso à ces crétins.