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La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni]

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La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Jeu 17 Nov - 15:29
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Bo Ni

 Le paysage défile sous mes yeux me faisant ainsi ressentir une certaine amertume, qui émane brusquement, douloureuse et accablante. Mes yeux se perdent jusqu'à cet horizon vaste, me noyant dans cette illusion de liberté. Ma main vient toucher, du bout des doigts, la vitre qui me fait face, semblant vouloir attraper ce songe d'être libre un jour. Une larme finit par glisser sur ma joue que je chasse rapidement d'un revers de main, plaçant ensuite mon front contre la vitre. Ça ne sert plus à rien d'espérer, il n'y a, actuellement, plus d'espoir. Je suis enchaînée, pour de bon et à vie. J'inspire profondément, ferme quelques secondes les yeux et tente d'oublier ces maux. L'heure n'est pas à la mélancolie. Si je suis dans ce bus, c'est uniquement pour me vider la tête, même pour quelques heures. J'en ai besoin. Cruellement besoin. Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas jusqu'où je vais, mais je sais que je pars. C'est tout et ça a le don de m'apaiser, juste un peu. De toute manière, ce bus va forcément s'arrêter à un point précis, je ne suis donc pas totalement perdue. Et puis, il est facile de nos jours de retrouver son chemin. Même si je me retrouve dans une contrée inconnue, je ne serai jamais autant perdue que je ne le suis quotidiennement dans ma vie. Fatiguée par tant de pensées, je m'enfonce dans le siège, peu confortable, essayant de trouver la bonne position pour pouvoir rejoindre les bras de ma déesse préférée, Morphée. Le noir prend alors possession de mon environnement, me laissant être dans une certaine sérénité.

Plusieurs longues minutes après, ma tête vient se cogner brusquement contre la paroi du bus, me réveillant en sursaut. « Outch » dis-je en massant doucement là où je me suis faite mal, ouvrant difficilement les yeux, pour que ceux-ci s'habituent de nouveau à la luminosité. Le chauffeur annonce alors que c'est le terminus et que nous devons tous sortir. Je regarde autour de moi et ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire lorsque je constate que nous ne sommes que deux à l'intérieur du bus. Au moins je sais que la destination finale n'est pas très prisée. Je ne sais pas si je dois me sentir soulager ou si je dois m'en inquiéter. Qu'importe. De toute manière je ne peux plus faire demi-tour, je suis désormais arrivée, alors autant descendre.  A peine ai-je posé mon pied à l'extérieur du bus que je suis surprise par l'étendu du paysage et les couleurs que celui-ci contient. Moi qui suis habituée à la ville, aux immenses bâtiments, à la pollution, je me sens dans un autre univers, sur une autre planète. J'avoue que je ne me suis jamais retrouvée en campagne, ma famille n'ayant jamais eu le désir de se retrouver dans un tel lieu, manquant de classe et de luxe. Je suis tellement ébahie par ce paysage déconcertant que je ne réalise pas immédiatement que je ne sais même pas par quoi commencer et surtout où me rendre. Ce n'est que lorsque je vois l'autre personne du bus qui s'en va vers une direction précise que je constate que moi je ne sais pas par où aller. J'accours alors vers cette inconnue pour lui demander mon chemin. « Ex . . .  excusez moi ! » dis-je d'une voix quelque peu intimidée, « je ne connais absolument pas cet endroit, est-ce que par hasard vous savez où je pourrai me rendre ? Pour . . . visiter ? ». Ou juste me balader.  Elle va sûrement me prendre pour une idiote. 


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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Lun 21 Nov - 6:45
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Seol

Et c'est pas facile, pour Boni, d'être rentrée. C'est pas facile, pour Boni, de reprendre contact avec la réalité du monde, sa réalité du monde. C'est pas facile, pour Boni, de rester sur place, ne pas bouger, ne pas voyager. Gamine bien trop rêveuse, gamine bien trop volage qui à peine rentrée, songe déjà à repartir - veut déjà repartir. Mais elle peut pas, Boni. Parce qu'elle a promis, parce qu'elle s'est promis. Parce qu'elle veut changer le monde, parce qu'il faut bien commencer quelque part. Et que la Corée lui semble le pays parfait pour ça, que la Corée lui semble tout à fait adéquat. Alors même si elle veut partir, elle reste. Elle a pas le choix. Enfin, si elle l'a. Mais aucun suffisamment satisfaisant.

Alors elle se contente d'accepter.
Alors elle se contente de faire de son mieux.

Et vissée sur le fauteuil, elle s'accorde une journée d'évasion, le regard perdu à l'horizon, les prunelles fixée sur l'immensité qui se déroule devant elle. Et elle sourit, retrouve sa verdure, sort enfin du chemin goudronné qui lui donne des boutons - Boni, elle ne se sent elle-même qu'en compagnie de la nature, elle ne se sent elle-même que connectée aux arbres et aux plantes, loin des immeubles et de l’étouffante moiteur de la ville. Un léger soupir s'échappe de ses lèvres et elle ferme les yeux, abaisse les paupières, se laisse bercer par les cahots, par la progression du bus, par les bercements du véhicules.

Mais elle s'endort pas, non.
Yeux fermés, elle se contente de réfléchir.

Et quand le véhicule parvient enfin à destination, elle bondit de son fauteuil, impatiente, excitée. « Merci et au revoir monsieur ! » adresse-t-elle au chauffeur, le tout accompagné d'un immense sourire, avant de rejoindre l'extérieur. Et elle reste un instant debout, la tête levée vers le ciel, sourire aux lèvres. Et elle respire, et elle inspire l'air pur de la campagne. Et elle est heureuse, là. Elle est heureuse loin de la ville, loin de la pollution, loin des gens trop pressés, loin de l'air vicié expulsé par les voitures bien trop présentes. Elle reste un instant, réfléchit un peu aussi, et finalement se met en marche. Elle sait déjà où elle veut aller, sait déjà où elle veut retourner. Alors elle se met en route, rapidement, avance d'un pas pourtant lent, ses prunelles observant avec bonheur le paysage qui l'entoure. Jusqu'à ce qu'elle se fige, arrêtée dans son élan par une voix inconnue. Elle se détourne, la regarde et lui adresse un sourire - pour la mettre en confiance. « A vrai dire, ça fait longtemps que je ne suis pas venue ici donc je doute faire un excellent guide touristique. Mais il y a une ville pas très loin, par là, avec une boulangerie qui fait probablement les meilleures pâtisserie du pays. » Elle laisse son regard dévier, observer le paysage, se perdre en lui. Et elle sourit à nouveau. Un sourire encore plus gros, un sourire encore plus lumineux. « Mais si c'est te promener qui t'intéresse, je peux sans doute t'aider. Par là-bas y a un coin vraiment sympa, magnifique, avec une rivière, j'y vais tout le temps, tu veux que j'te montre ? » Insouciante la gamine, inconsciente peut-être aussi, de celle qui donne sa confiance à n'importe qui, même aux inconnus. De celle qui trouve la jeune femme beaucoup trop perdue et innocente, pour lui vouloir du mal.


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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Jeu 1 Déc - 13:19
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Bo Ni

C'est une nouvelle expérience pour moi, que de m'en aller vers une destination inconnue et forcément, ne connaissant absolument pas les lieux, je suis dans l'obligation de m'adresser à une inconnue. Je ne doute pas qu'elle puisse m'aider dans ma démarche, puisqu'elle semble savoir où elle va, ce qu'elle veut et ne semble pas étrangère à cet endroit. Fort heureusement elle ne prend pas peur et me répond simplement, mes yeux se dirigeant vers les endroits qu'elle indique. Une boulangerie ? Quelle bonne idée. Je n'ai pas eu le temps de manger, pour le moment, par manque de temps et parce que mes pensées étaient bien trop focalisées sur d'autres détails de ma vie pour me concentrer sur mon envie de me nourrir. Et puis, si ce sont les meilleures du pays, je pense que cela vaut le détour, même si je me demande comment dans un tel coin, une pâtisserie de qualité peut exister. Ça semble être désert et je doute que beaucoup de touristes viennent jusqu'à là pour s'y promener. Je ne peux que lui faire confiance de toute manière, je n'ai pas d'autres choix. « Oh . .  mer . . . », je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle me propose ensuite une autre destination, qui semble correspondre à ma demande. Il est vrai que j'ai surtout envie de prendre l'air, de respirer, de marcher paisiblement sans me prendre la tête, sans avoir le bruit des voitures, des klaxons et autres bruits incessants, me brusquant les oreilles. Je réfléchis quelques secondes, hésitante quand même à la suivre. Ce n'est pas que je suis méfiante, mais je ne connais pas cette femme et malgré ses airs sympathiques, elle peut très bien m’entraîner dans un piège. Il est vrai que le lieu n'est pas propice à faire un kidnapping ou même à voler une personne, mais on ne sait jamais. Je tente de la regarder discrètement, pour pouvoir l'analyser et me décide finalement à accepter. J'ai déjà pris le risque de venir jusqu'ici, sans savoir où je vais, alors autant continuer à prendre des risques. « Très bien, alors je te suis jusqu'à ce fameux endroit. De toute manière je n'y connais rien, autant que je profite de cette indication », je lui fais un grand sourire et la suis, impatiente de découvrir ce fameux endroit qui m'a l'air particulièrement beau. J'hésite quelques secondes à discuter, mais après quelques pas, je me lance, « je m'appelle Hong Seol . . . et toi ? ». Autant que je fasse plus ample connaissance pendant que nous marchons, ça permet d'instaurer une certaine confiance. Je pense. « Tu as habité ici ou tu connais juste l'endroit par hasard, en l'ayant déjà visité ? », car de ce qu'elle m'a dit, ce n'est pas sa première fois ici.   

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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Mar 17 Jan - 14:43
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Seol

Elle sourit à la jeune femme, Boni, contente de cette rencontre, même si elle aurait peut-être aimé rester seule. Mais elle est comme ça, Boni, elle partage, tout, y compris son petit coin de paradis, y compris ses moment d’évasion (parce que c’est beau, et que la beauté, elle mérite d’être propagée dans le monde entier). « Moi c’est Boni ! Contente de te rencontrer, ça fait plaisir de pouvoir montrer le coin, y a jamais grand monde par ici. Par contre j’te préviens, une fois là, tu voudras plus repartir. » Et elle plaisante, et elle rigole, mais ment pas totalement au fond. Parce que c’est son dilemme de chaque instant, son dilemme d’à chaque fois. Partir, rester, se trouver un petit coin, y passer la nuit, y passer la vie ? Elle peine constamment à retourner à la civilisation, Boni, quand elle redécouvre les merveilles de cette campagne qu’elle chérit au plus haut point. Alors elle est heureuse, Boni, de pouvoir partager ça avec quelqu’un, elle est heureuse, Boni, de pouvoir initier une étrangère aux plaisirs de la nature (au plaisir de la nature comme elle la voit, la perçoit, la vit ici). « Non j’ai jamais vraiment habité ici mais on y allait assez souvent pour voir ma… grande tante ? C’est comme ça qu’on dit ? La sœur de mamie ? Enfin quand j’étais gamine elle habitait ici et on venait la voir, j’ai pas énormément de souvenirs mais j’sais qu’on revenait à chaque fois qu’on était de passage dans le coin. Avec mes parents d’abord, puis ils me laissaient y aller seule. J’aime bien ici, c’est apaisant, c’est calme. C’est hors du monde un peu. » Parce que la réalité, elle a pas d’emprise, parce que la réalité elle est ailleurs, loin, sur le sol goudronné, perdue entre deux immeubles, perdue dans l’immensité de cette ville aux mille visages, tous semblables, tous ternes (tous figés dans l’ennui, à défaut de l’être dans le temps). Elle avance, marche, respire l’air frais, profite, sourit aussi un peu, sourit aussi beaucoup. Et tourne le regard pour observer sa camarade. C’est pas souvent qu’elle vient ici accompagnée, Boni, c’est pas souvent qu’elle se balade avec quelqu’un. Alors elle est pas habituée, trouve ça bien pourtant. Elle ressent pas le besoin de parler constamment, Boni, de remplir les blancs comme s’ils étaient maudits, elle se contente de laisser son esprit vagabonder et ses mots avec. « Et toi qu’est-ce que tu fais ici ? Etant donné que tu connais pas, je suppose que tu vis pas ici… à moins d’être une nouvelle habitante ? Tu baisserais la moyenne d’âge ça c’est sûr. » Elle rigole à nouveau, même si elle est pas vraiment drôle – au moins est-elle spontanée. Elle rigole parce que c’est pas totalement faux non plus, parce que les résidents sont plus tous jeunes (et s’ils l’étaient, probablement s’ennuieraient-ils beaucoup trop, loin de la ville et son tapage perpétuel).

HRP:


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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Sam 21 Jan - 15:47
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Bo Ni

Je répète plusieurs fois le prénom de la jeune femme, trouvant ce prénom particulièrement original. « Je n'avais jamais entendu un tel prénom. Il vient de quelle origine ? ». Je sais que je la connais à peine mais je suis une personne assez curieuse de nature et ce prénom est peu commun à mes oreilles, donc j'ai forcément le désir de connaître sa source. J'esquisse ensuite un sourire et regarde les alentours qui me paraissent effectivement bien vides. « Je ne suis pas surprise de savoir que ce lieu est désertique. Mais je pense que c'est justement ça qui peut me plaire », le fait d'être seule au monde, de sortir de cette société polluée, de cette ville qui étouffe. Je pense qu'il faut parfois s'éloigner de tout ça, et prendre l'air, tout en se retrouvant seule avec soi-même, « j'espère que j'aurai sincèrement l'envie de revenir ici ». Peut-être que ce lieu pourra devenir mon endroit de prédilection pour souffler et oublier toute cette pression qui m'accapare de jour en jour. Lorsque j'écoute Boni parler, je l'envie. Terriblement. Elle a l'air d'avoir eu une vie paisible, apaisée, avec une famille qu'elle semble chérir, juste au ton de sa voix. Tandis que moi . . . dès ma naissance, j'ai été soumise à un destin tout tracé, à une vie en apparence de princesse mais qui s'est avérée être un véritable cauchemar. J'aurai aimé partir avec ma famille en campagne, inhaler l'odeur des fleurs sorties tout juste de la rosée du matin. J'aurai aimé courir dans les champs, et m'étaler au sol pour mieux me relever, joyeuse et innocente. Mais la vérité est toute autre et ce n'est que dans mon esprit que je peux me construire un tel monde, plus apaisant. C'est le seul moyen d'échapper à cette prison d'orée qui se referme de jour en jour sur moi.
Je suis donc à la trace la jeune femme, les mains les poches, tout en observant le paysage qui se trouve tout autour de moi. J'ai les yeux éblouis par tant de splendeur, par tant de verdure, par tant de calme. Le chant des oiseaux parvient même jusqu'au creux de mes oreilles, tel un chant réconfortant, qui allège mon âme. Si seulement j'avais la chance de pouvoir y rester toute une vie, si seulement j'avais la chance de pouvoir vivre ici . . . Je sors brusquement de mes pensées lorsque la jeune femme m'interpelle me posant la question redoutable et redoutée. « Oh . . . moi ? ». Mes yeux se perdent quelques secondes vers l'horizon, mes pensées divagantes bien loin. Je souris légèrement à l'évocation de cette ville remplie de personnes âgées, d'après la jeune femme, m'imaginant au milieu de cette population atypique. « J'aurai aimé . . . c'est certain . . . y vivre, mais malheureusement je ne suis qu'une voyageuse de quelques heures », ou peut-être d'une nuit, je ne sais pas. Je doute pouvoir dormir dans un tel lieu, malgré le fait que j'habite désormais seule, loin de ma maison familiale. Mais, je ne suis pas à l'abri d'une visite de courtoisie. « Pour tout te dire . . . . j'avais besoin de m'éloigner de la ville. De tout ça. De ma vie. D’ordonner mes pensées. De me retrouver . . . peut-être », je laisse quelques secondes de blanc, et reprends, « je suis montée dans un bus, au hasard, et j'ai attendu qu'il m'amène quelque part. Quelque soit l'endroit, je voulais fuir la ville. Alors je me suis retrouvée ici, et je doute avoir des regrets ». J'aurai pu tomber sur une autre grande ville, mais finalement, les choses ont fait que j'ai atterri ici. « Et puis . . . j'ai eu de la chance de tomber sur une potentielle guide pour me montrer les merveilles de cet endroit perdu, au milieu de nul part » dis-je avec un sourire sincère.   





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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Ven 10 Fév - 18:16
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Seol

« En vrai je sais pas du tout d’où il vient… J’crois qu’il est écossais ou un truc comme ça, mais c’est ma mère qui l’a choisi ! Enfin, après concertation avec mon père… Elle voulait un prénom occidental, lui coréen. Alors ils ont choisi Bonnie et ils l’ont… coréaniser ? » Elle sait pas trop si ce mot existe, Boni, se contente de rire un peu de son anecdote. Ses parents lui ont si souvent raconté cette histoire, qu’elle se contente de la dicter, sans vraiment y réfléchir, presque comme un automatisme. Et elle continue de sourire en gambadant, s’éloigne parfois, vient de sa main tousser un massif, une fleur, un brin d’herbe, avant de retourner vers sa camarade en quelques bonds. Elle retourne dans l’enfance, Boni, retrouve sa naïveté de gosse fascinée par la nature, la vie qui pulse dans chaque parcelle de cette terre qu’elle chérit plus que tout. Elle est heureuse ici, Boni, sent qu’elle pourrait l’être pour toujours. Pour toujours si elle acceptait d’abandonner ses attaches, de laisser la réalité de la ville loin, derrière elle, là où elle n’a plus d’emprise, là où elle n’existe plus peut-être. « Je suis heureuse que t’aies pris ce bus alors ! Tu verras, tu apprendras à connaître l’endroit… et le mieux, c’est que tu pourras y revenir quand tu veux. » Petit clin d’œil complice de celle qui n’a aucun mal à se rapprocher des gens. « Si tu veux, ça sera notre petit secret, on gardera ça toutes les deux, rien que pour nous. Comme ça, les gens, ils sauront jamais où t’es. Et puis comme ça, les problèmes, ils pourront jamais te suivre. C’est cool, ça, non ? » Un échappatoire, c’est ce qu’il représente ce lieu, pour elle, ce qu’il a toujours représenté. Une fuite, une envolée loin, loin des problèmes qui hantent son esprit, sa vie, encombrent son cœur, et ternissent un peu plus son âme. Au contact de cet air si pur, si vivant, elle retrouve un eu de sa blancheur, Boni. Elle redevient un petit peu plus elle. C’est pour ça qu’elle y va dès qu’elle peut, le plus souvent possible – pour retourner vers ce petit bout d’elle, qui l’aide à se rappeler de qui elle est.
Brusquement, elle tourne, sans trop prévenir, frôle la jeune femme, s’excuse dans un éclat de rire et pointe le doigt vers la forêt. « Par là ! » Elle pense pas du tout, Boni, au caractère suspect de son invitation, à ce lieu caché de tous les regards, qui pourraient abriter monstres et meurtriers. Masquer des cris de terreur, aussi. Elle s’en fiche, juste impatiente d’arriver à bon port. Tellement qu’elle s’élance, esquisse quelques pas, se rappelle qu’elle doit attendre, alors attend en trépignant. Puis reprend sa route, slalome entre les arbres, entre les branches, balance quelques mots, quelques plaisanteries, mais reste silencieuse la plupart du temps. Parce qu’ici c’est le calme, et qu’elle n’aime pas le rompre, Boni. Mais surtout parce qu’ici c’est l’apaisement et qu’aucun mot ne devrait y avoir d’emprise. « LA. » Un cri qui effraie quelques oiseaux, donc les battements d’ailes retentissent dans l’air. « On y est. » Elle lâche ces quelques mots dans un souffle, le regard fixé sur la petite rivière, plus fine à l’entrer, qui s’étend dans la clairière, s’amincit de nouveau par la suite. Ici si large qu’on ne pourrait la franchir d’un bon, suffisamment profonde pour n’y avoir pieds qu’à peine, la tête sortant à peine de l’eau. Et les quelques rochers, qui percent la surface, et les quelques fleurs, qui percent la végétation. Et le calme, et la sérénité. Elle sourit, s’avance, vient de ses doigts noués récupérer un eu du liquide, qu’elle regarde couler sur sa peau. Apaisée.


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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Sam 11 Fév - 13:41
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Bo Ni

 J'écoute attentivement sa petite histoire concernant son prénom, trouvant cela presque marrant. Elle est quad même chanceuse d'avoir un prénom ayant une histoire, dont elle a connaissance, je ne sais même pas pour quelle raison mes parents m'ont appelé Seol. Sûrement parce qu'ils n'avaient aucune autre idée et qu'ils se sont contentés de choisir le premier prénom qui leur tombait dessus. Sincèrement, ça ne m'étonnerait pas. « En tout cas il est très beau » dis-je avec une extrême sincérité. Ce n'est pas tous les jours qu'il est possible d'entendre un prénom avec une telle sonorité. J'esquisse de nouveau un sourire, amusée par les paroles de la jeune femme. Je suis heureuse aussi d'avoir eu l'idée de prendre ce bus, sans savoir où j'allais atterrir, me retrouvant alors perdue dans cette vaste campagne, là où l'air y est respirable, sans foule se tenant à mes côtés. C'est apaisant. « Notre petit secret ? » répétais-je, en arquant un sourcil, surprise par ses propos. C'est quelque peu étrange d'avoir un secret avec une parfait inconnue, mais qui pourtant, a bien saisi la raison de ma présence en ce lieu. Alors pourquoi pas garder cet endroit entre elle et moi ? Pourquoi ne pas en faire un secret ? Je doute la rencontrer de nouveau, mais Séoul, malgré son immensité, n'est pas une ville si grande que ça et il est fort possible que je la croise de nouveau, dans les ruelles bondées de la capitale. « C'est très sympathique de ta part de proposer que cela reste entre nous. Je t'avoue que j'aimerai bien garder ce site pour moi, sans forcément en parler à mon entourage. Je pourrai alors m'y rendre sans aucune crainte, pour pouvoir respirer et me sentir libre », parce que j'en ai besoin. D'un petit espace rien que pour moi. Pour ne plus suffoquer. « Merci » dis-je rapidement, dans un simple murmure. Ce n'est pas tous les jours que je tombe sur une personne d'une telle gentillesse, et semblant si optimiste, si joyeuse. Elle me donne presque envie de toucher au bonheur. Moi aussi.
Je sursaute lorsqu'elle se tourne brusquement vers moi, ne m'attendant pas à une telle annonce, regardant alors dans la direction qu'elle pointe. « I . . ci ? », je ne suis pas très assurée de voir cette forêt qui semble cacher bien des mystères, et qui n'a pas l'air très accueillante. Pendant une fraction de seconde j'émets un doute sur les intentions de la jeune femme, craignant qu'elle ne me prenne par surprise, pour mieux me vider du peu de choses que j'ai amené avec moi. Mais . . . ses paroles me reviennent en tête, me donnant ainsi du courage pour avancer et la suivre, au fin fond de ce labyrinthe si sombre. Je ne dis pas un seul mot, préférant garder un certain mutisme pour ne pas perdre mon calme qui tend à vouloir disparaître.
Et nous arrivons enfin. Dans une petite clairière, avec une rivière à l'eau claire, semblant m'appeler tel un chant de sirène. La lumière perce joyeusement le feuillage, jouant avec les quelques remous de l'eau. Je suis subjuguée. Totalement charmée. « Wouah ! » dis-je doucement, ne pouvant me retenir plus. Jamais, ô grand jamais, je n'aurai pensé qu'une forêt pouvait cacher un tel trésor. J'en perds mon langage tellement ce lieu est somptueux et semble si agréable. Je m'approche timidement du bord, touchant du bout des doigts l'eau scintillante. Je ne peux m'empêcher de sourire, séduite par cette étrange émotion qui me gagne progressivement. J'enlève délicatement mes chaussures pour m'installer sur l'herbe qui borde la rivière, et y mets mes pieds, ressentant une sorte de décharge agréable. Je n'ose pas prononcer un seul mot, fermant quelques secondes les yeux, mais finis par rompre ce silence. « C'est très agréable. J'ai l'impression de toucher du bout des mes oreilles la liberté », je fais quelques mouvements avec mes pieds, parlant à voix basse, pour ne pas trop ruiner ce moment apaisant. « C'est doux comme impression et si ça ne tenait qu'à moi je resterai ici encore des heures. Je préfère ça qu'être enchaînée ». J'inspire profondément, observant l'environnement. « Je vais sûrement te poser une question étrange mais . . . qu'est-ce que pour toi la liberté ? ».  


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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Dim 12 Mar - 12:25
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Seol

« Il faut toujours se ménager un petit jardin secret, ça fait du bien à l’âme et au cœur, d’être seul parfois, pour se ressourcer. » Et elle sourit, Boni, adresse un regard à sa camarade, sourit à nouveau, pour l’encourager, pour la soutenir. Parce qu’elle le pense tout ça, Boni, parce que c’est pour ça qu’elle aime aller à la campagne, là où elle peut être seule, là où elle peut respirer, loin du reste, loin des problèmes. Dans sa petite bulle où nul ne peut entrer, sa petite bulle où elle se sent enfin libre, où elle se sent purement elle, purement reposée, purement apaisée. Ils sont peu à être au courant de son coin de paradis. Et ça lui fait tellement de bien, qu’elle espère que ce soit le cas pour la jeune femme aussi. Qu’elle puisse toucher l’apaisement du bout des doigts.
Alors elle l’entraîne dans les méandres de la forêt, tourne et retourne, prend à droite, puis à gauche. Elle se doute qu’elle doit la perdre, que Seol ne réussira probablement pas à retrouver son chemin seule. C’est pas un très bon guide, Boni, elle se contente bien trop souvent de se jeter la tête la première dans la gueule du loup, de courir dans tous les sens, se précipiter vers le lieu convoiter, sans trop se soucier des autres, de s’ils parviennent à mémoriser le chemin. Mais elle s’en fiche, de toute manière, puisqu’elle se dit qu’elle sera là pour le retour.
Et le monde s’arrête, quand elle arrive enfin à sa clairière, baignée par les quelques rayons du soleil reflétés par la surface de l’eau. Elle récupère un peu de liquide, l’observe couler le long de sa peau, fuir entre ses doigts et finalement vient de sa paume effleurer ses joues, humidifier un peu son visage, le sourire aux lèvres. Elle est dans un autre monde, Boni, à des kilomètres de l’endroit, à des kilomètres de son corps, quand Seol vient se rappeler à son esprit, la faisant légèrement sursauter. « Ça fait du bien hein ? Bon l’eau est fraîche, mais si agréable. » Elle sourit, reporte son attention sur l’étendue d’eau, puis vient imiter sa camarade, en se débarrassant de ses chaussures pour tremper ses orteils. Et elle a droit, un peu, au début, mais ne se laisse pas abattre, ne se laisse pas avoir, et plonge ses pieds sans sourciller, sans réfléchir. « Enchaînée ? Comment ça être enchaînée ? » Elle lui pose la question, doucement, par curiosité, lui laisse l’occasion de répondre, de raconter, d’expliquer. Ou au contraire, d’ignorer, de passer à autre chose, comme si elle n’avait rien entendu. Elle le sait, Boni, que c’est pas toujours simple de se confier. Mais elle le sait aussi, Boni, que parfois c’est nécessaire, que parfois c’est presque vital, et que ça fait toujours du bien, de parler à un inconnu, qui ne peut ni juger, ni rapporter ses propos. « La liberté ? » Elle cligne des yeux, surprise. Fronce ensuite les sourcils, le regard perdu dans la rivière. Elle ne sait pas, en vérité, ne s’est jamais vraiment posée la question. Pour elle la liberté, ça coule de source, pour elle la liberté c’est quelque chose qui se vit, qui se ressent, pas qui s’explique. Pour elle, la liberté, c’est au-delà des mots. « Pour moi la liberté c’est… je sais pas trop. Pouvoir faire ce qu’on veut, sans se soucier du regard des autres, des avis des autres ? Être qui on veut, sans laisser la société nous dicter notre conduite ? Pouvoir rire quand on veut, sourire quand on veut, manger ce qu’on veut, partir où on veut. Hm… oui je crois que c’est ça. Pour moi. Mais je sais pas, j’me suis jamais vraiment posé la question. La liberté, c’est quelque chose qu’on vit avant tout, pour moi. Quand on découvre la liberté, la vraie, on le sait, on le ressent et c’est comme si plus rien d’autre n’avait d’importance. Comme si on se découvrait enfin. » Et elle se rend compte qu’elle s’est emportée, rigole un peu, revient plonger la main dans l’eau, sourire aux lèvres, avant de tourner la tête vers la jeune femme. « Et toi, t’en penses quoi ? »


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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Mer 15 Mar - 13:56
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Bo Ni

Elle n'a pas tort. Pour ma part, ce n'est que très récemment que je me suis lancée dans cette quête de me trouver un lieu unique, apaisant, où mes pensées pourraient défiler sans filtre, sans retenue. Me couper de la réalité du monde, rentrer dans celui de l'imaginaire, ce n'est pas quelque chose que j'ai pour habitude de faire mais que je dois apprendre à faire. C'est doux et ça donne de la vigueur. Je suis contente d'avoir croisé la route de cette inconnue au prénom atypique. « Merci. Je pense que grâce à ton aide je vais pouvoir me construire un jardin secret où je serai la seule à détenir le secret », et surtout où je vais pouvoir organiser mes pensées, les structurer, et les extérioriser par un moyen quelconque. Peut-être que je vais être moins anxieuse, moins renfermée dans ma bulle. Je l'espère du moins. Lorsque nous arrivons toutes les deux à la petite clairière, perdue dans la forêt, puis loin de l'agitation habituelle, je reste sans voix, émerveillée par cette découverte. Je n'ai jamais, ô grand jamais, eu la chance de tomber sur un lieu aussi mignon, aussi sympathique, chaleureux, de toute ma vie. Je me sens déjà à mon aise malgré l'humidité et la fraîcheur des lieux, c'est agréable. Je suis tellement bien que je me permets d'y glisser mes pieds dans cette eau qui me fait face, ressentant une nouvelle énergie, qui va sûrement me permettre de tenir la journée et peut-être quelques jours supplémentaires. Je suis tellement bien qu'inconsciemment je révèle une partie de moi, en précisant que je suis une femme enchaînée, attisant ainsi la curiosité de ma partenaire de route. J'esquisse un petit sourire, sarcastique, ne sachant pas quoi répondre. Comment lui dire que depuis ma naissance je suis prise au piège par ma famille ? Comment lui expliquer que je suis devant autrui l'oie blanche de la famille mais dès que le cercle familial se referme sur moi je deviens le petit canard ? Comment expliquer que je suis malmenée par ma famille ? Comment expliquer les raisons qui les poussent à agir de la sorte avec moi alors que je n'en ai même pas connaissance?Peut-être suis-je juste différente ? Peut-être est-ce parce que je fais pas partie des requins qui peuplent cette société ? Peut-être que je suis trop douce, trop discrète ? Peut-être que contrairement à eux je n'ai pas envie de heurter les autres, détruire leur vie ? C'est sûrement ça. « Hum . . . disons juste que j'ai le sentiment d'être enfermée dans une cage d'orée, que ma famille est assez particulière avec des normes et des valeurs strictes qui ne me conviennent pas toujours. Je suis issue d'une famille riche et autant dire que ce n'est pas la grande joie tous les jours » dis-je en regardant mes orteils plongés dans l'eau. Je la questionne alors sur ce que représente le mot liberté pour elle, sa définition à elle. Ce n'est pas une question simple je l'admets, mais je suis curieuse de savoir la définition pour d'autres personnes. Je ne peux m'empêcher de sourire à l'évocation de sa définition, la trouvant totalement adéquate et celle qui me correspond aussi. Elle rêve de cette liberté qu'elle n'aura sûrement jamais. Pouvoir simplement rire quand elle veut avec qui elle veut, sortir avec qui elle veut sans se soucier du regard de ses parents qui savent tout sans même qu'elle n'aille dire quoique ce soit et qui du coup gèrent ses relations, avoir des pensées tout en pouvant les verbaliser, ne pas avoir de régime stricte. Bref, elle vit, pour le moment, l'exact contraire de ce que la jeune femme vient d'évoquer mais aimerait que cela s'améliore. « Je pense que j'ai la même définition que toi. Mais . . je n'y crois pas. Je ne crois pas en l'existence de la liberté. Je pense qu'elle n'est qu'une illusion qui permet à chacun de se croire libre et donc d'avancer en ayant cette croyance. Je pense que personne ne peut y accéder. On peut se croire libre mais ce n'est jamais le cas. On est tous prisonnier d'un fonctionnement, d'un système ». Je pousse un long soupir et me reprends rapidement, posant mon regard sur Bo Ni. « Désolée. Je dois sûrement avoir une pensée bien pessimiste par rapport à toi. Je pense que mon parcours de vie me pousse à te donner une telle réponse ».  

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Re: La liberté, c'est la possibilité de s'isoler. [Feat. Bo Ni] | Ven 17 Mar - 18:33
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La liberté, c’est non seulement partir, mais ne pas savoir, ne pas vouloir savoir, où l’on va.
Feat Seol

Elle laisse son regard se perdre, Boni. Le laisse s’évader dans l’immensité de la nature, de cette nature qu’elle aime tant, chérit tant. « Je connais ça… enfin j’ai eu la chance d’avoir des parents géniaux. Mais je connais. C’est pas facile de s’enfuir. » Et elle comprend, Boni, la détresse de sa camarade – ne la partage pas totalement, elle bien qu’emphatique, n’ayant néanmoins jamais connu une telle situation. Et elle est triste, Boni, d’entendre tout ça. Elle elle est pleine de compassion, Boni, pour cette personne qu’elle ne connaît pas vraiment, mais qu’elle trouve pourtant sympathique, et pour qui elle espère le meilleur. Parce que c’est elle, parce que c’est Boni – parce que Boni elle veut le bonheur de tout le monde, estime que chaque être sur cette planète devrait avoir cette infime chance d’être heureux.
Et pourtant Boni, elle fronce les sourcils quand l’autre reprend la parole, réfléchit un peu, puis finit par hausser les épaules. Elle trempe sa main dans l’eau, l’enlève, l’essuie ensuite sur son pantalon et relève la tête. « Moi je pense que… je pense qu’on peut trouver des systèmes qui nous permettent d’être libres. Quand j’étais en Dordogne, on vivait dans un ecovillage et… on avait des tâches à faire, des responsabilités, y avait des règles, mais ces règles elles respectaient notre liberté je sais pas si tu vois ? C’était des règles auxquels on obéissait, parce qu’elles étaient pas là pour nous faire du mal, juste pour faciliter la vie en communauté et permettre à l’écovillage de prospérer. Mais là-bas moi j’me sentais libre parce que… parce que j’me sentais vivre, vraiment vivre. C’était pas comme ici, là-bas, y avait pas la société pour nous enchaîner, y avait que la communauté pour nous aider à nous épanouir. » Et elle sourit, Boni, et elle laisse à nouveau son regard se plonger dans les profondeurs de l’eau, l’esprit déjà à des kilomètres, près de ce village où elle se sentait enfin chez elle, où elle se sentait purement elle. Elle le sait, Boni, que c’est grâce à la Dordogne qu’elle est encore vivante, elle qui se laissait lentement mourir par la Corée. Elle qui aime tellement la petite famille qu’elle s’est forgée là-bas, qui donnerait tout pour les revoir puisqu’ils lui manquent, tous. Elle qui programme déjà ses prochaines vacances là-bas, prévoit d’y passer quelques jours, peut-être quelques semaines (et d’y amener des amis pourquoi pas, leur faire découvrir son chez elle, le vrai, le pur). « Mais je pense que… même si c’est dur, même si ça paraît presque impossible, sa liberté, faut l’arracher à la force de ses bras. S’en donner les moyens. S’enfuir si on étouffe, s’éloigner de ce qui nous retient. Même si c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. » Elle le sait, Boni, que c’est pas simple. Qu’elle-même n’a réussi que parce que ses parents l’y ont aidé, que parce que ses parents ont fait tout le travail, ont trouvé le fameux village, l’y ont entraîné. Elle a réussi à devenir libre, à atteindre du moins ce qui s’en approche le plus pour elle, parce qu’elle était pas seule dans sa démarche, parce qu’elle était entourée de ces deux êtres qu’elle aime plus que tout. « Après je sais pas, je pense qu’il y a aussi une différence entre la liberté mentale et la liberté physique ? » Une idée à peine émise, qu’elle n’approfondit pas plus, parce qu’elle sort de nulle part, parce qu’elle-même n’y avait pas pensé avant de la laisser s’échapper et que maintenant, elle se dit que c’est peut-être pas si con que ça finalement. Que peut-être il y a une nuance entre ces deux concepts, une infime différence – ou une beaucoup plus grande.


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