❥ Ca ne l’étonne même pas qu’il se ravise dès l’instant où elle ouvre la fenêtre. Elle peut voir sur son regard qu’il ne cautionne pas la méthode, il n’a même jamais du sauter par la fenêtre de chez lui pour faire le mur lorsque ses parents le pensaient endormis. Soo Kyung en est consciente, le troisième étage, c’est haut. Pour autant, elle ne semble pas mesurer le danger, encore pire, elle semble y prendre du plaisir. Elle est prête à glisser sa jambe sur le rebord lorsqu’elle l’entend grogner qu’il préfère rester à l’intérieur. Elle met tout sur pause un instant et se retourne vers lui d’un air faussement diplomatique. « Alors c’est quoi ta solution, à toi ? Parce que t’as l’air de compter sur moi pour te sortir de là mais à part la fenêtre, je ne sais pas, tu penses que je suis magicienne ? Je n’ai pas encore le pouvoir te me téléporter ou même de passer à travers les murs. » Il ne pensait quand même pas qu’elle aller lui ouvrir une fermeture éclair dans l’entrebâillement de la porte pour l’y laisser passer, l’en laisser s’échapper, et puis refermer le tout, ni vu, ni connu. Elle s’écarte momentanément de la fenêtre. Elle n’a pas oublié son échappatoire mais elle n’est plus à une minute près, en contrepartie de la nuit que Hyeon s’apprête à passer ici. « T’es pas croyable. Je suis sûre que tu penses même pas à toi, à ce dont toi t’as envie. Dès que tu fais quelque chose, tu te demandes juste si c’est politiquement correct, si c’est socialement acceptable et puis si ça ne l’est pas, tu oublies. T’en as pas marre, que le spectre de tes parents te dicte tout dans ta vie ? Je t’ai pas vu depuis des années mais je suis sûre que ça, au moins, ça n’a pas changé. » Elle pourrait lire en lui comme dans un livre ouvert, ils sont tellement différents, et pourtant des deux, il est celui qui est le plus prévisible. Elle ricane doucement, elle n’attend même pas de réponse, elle sait qu’elle a raison. « Tu leur expliqueras quoi, demain ? Que tu t’es endormi sur cette chaise, que tu t’es faufilé par un petit trou de souris et que t’as rien à te reprocher ? » Elle devient un peu plus sérieuse, elle ne sourit plus à présent. « Faut faire des choix dans la vie, et tous les choix sont pas ou bons, ou mauvais. Parfois tu dois juste faire un choix qui est moins pire que l’autre, et si tu préfères te faire virer de l’université plutôt que de sortir de ton petit confort quotidien, débrouille-toi tout seul. » Elle lui aura au moins proposé une issue de secours, qu’il ne vienne pas pleurer dans ses pattes, le lendemain, que c’est de sa faute s’il lui arrive des problèmes.

❥Il ne peut pas enfreindre une telle règle et surtout, il ne peut pas se mettre en danger. Lui, il n'a pas soif d'adrénaline, lui, il préfère se conformer aux règles qu'on lui a inculqué, lui, il préfère être un pantin qu'avoir une trop grande liberté. C'est ainsi qu'il fonctionne, et même si cela lui déplaît, il ne peut pas aller à l'encontre de telles principes, surtout pas lorsque sa vie est mise en danger. Certes, il sait pertinemment qu'elle a raison sur le fait qu'ils n'ont pas d'autres solutions que de passer par la fenêtre, mais il se refuse à user d'une telle pratique. Peut-être qu'elle n'a pas d'autres solutions, peut-être que finalement elle n'en sait pas tant que ça sur comment il est possible de fuir, mais qu'importe, lui, il ne souhaite pas passer par la fenêtre. C'est tout. « C'est dommage » dit-il simplement en guise de réponse, en se contentant de hausser les épaules. Il n'est pas magicien non plus mais il est encore moins suicidaire. Il serre les poings alors qu'elle lui dit ce qu'il déteste entendre dire. Il sait qu'elle a raison et lui-même l'a pensé juste avant, mais pour autant, il ne peut rien faire. Elle, elle semble avoir survécu à tout ça et tant mieux pour elle, mais lui, il ne peut pas. Ses parents ont trop d'emprise et il a toujours fonctionné ainsi. Quoiqu'il fasse il ne pourra jamais totalement changer. Il a grandi en suivant les règles à la lettre, sans jamais oser donner son avis ou même agir de lu-même, mais peut-il y changer quelque chose ? Cela dure depuis des années déjà. C'est dans son fonctionnement. « T'as fini ? » demande t-il simplement. Il esquisse un léger sourire, se contentant de lier ses mains, l'une à l'autre. Il sait qu'il y a les bons et les mauvais choix dans la vie. Il sait tout ça. Au fond de lui en tout cas. Mais qui est-il pour juger ce qui est bien et ce qui est mauvais ? Il n'est pas un juge, il n'est qu'un pianiste renommé. Qu'est-ce qui est bon et qu'est-ce qui est mauvais ? Les personnes peuvent penser prendre la bonne solution mais elle s'avère finalement être la mauvaise. Il ne se donne alors pas de choix, il suit juste ce qu'autrui lui a inculqué. « Oh parce que tu penses que passer par la fenêtre va forcément m'aider, alors que nous sommes quand même haut. Et si je tombe, que vas-tu faire ? Vas-tu en prendre la responsabilité ? Et moi dans l'histoire ? Au moment où je glisserai, je regretterai mon acte, culpabilisant de t'avoir suivi. Je préfère me faire prendre que de mourir à cause d'une sottise de ma part ». Il inspire profondément et croise ses bras, « je reconnais. Je n'aurai pas dû être intrigué du mouvement soudain dans ce bureau. J'en prends donc l'entière responsabilité. Qu'importe si je me fais prendre demain, j'ai toute la nuit pour réfléchir à une potentielle excuse. Alors ne t'en fais pas pour moi. Fuis donc par la fenêtre, moi je reste ici, en essayant de trouver une solution ». Hyeon se lève quelques secondes et fait le tour du   bureau, essayant de trouver un objet pouvant l'aider à ouvrir la porte.

❥ Elle le secoue comme un pommier avec ses mots mais il n’entend rien. Elle pourrait ne rien en faire et le laisser dans son embarras, un problème qu’il a lui-même causé et qu’il creuse encore à cause de son étroitesse d’esprit. Alors, qu’est-ce qu’elle fait encore là, à le regarder fouiller les tiroirs du bureau… Il semble espérer un miracle de Noël, la clé magique qui ouvrirait la porte, le toboggan gonflable qui l’aiderait à glisser depuis la fenêtre jusqu’au sol sans encombre. Non, vraiment, elle a beau se poser la question dans tous les sens, elle n’a pas la moindre idée de ce qu’il espère y trouver, mais elle sait qu’elle perd un temps infini à essayer de lui faire entendre raison. Et quelle raison ! Ce n’est même pas qu’il est dans le déni, difficile à convaincre, incapable d’ouvrir les yeux sur la vérité. Ce qu’elle lui dit, il le sait, mieux que personne, et il ne s’en cache pas. Pour une personne qui écoute ce qu’on lui dit et qui fait ce qu’on lui commande, il a l’air plutôt borné, comme si une seule voix avait été programmée à la réponse rapide dans sa tête, la voix à l’unisson de ses parents un peu trop envahissants. « Ok, très bien. Tu sais quoi ? Laisse tomb… » elle s’interrompt dans un nouveau sursaut. Des pas résonnent dans le couloir, l’allure est soutenue, le pas lourd et décidé. « Merde, merde ! Referme ça, mais dépêche-toi ! » Il n’a pas l’instinct, elle l’a. Elle lui fait signe de tout remettre en l’état pendant qu’elle s’active à refermer cette foutue fenêtre. L’adrénaline aurait pu s’évanouir là, dans le silence le plus complet, mais la clé tourne dans la serrure et cette fois, elle en est sûre, ils ne couperont pas à une petite visite.

Ce n’est plus le moment de chercher une solution. Hyeon est tellement pétrifié qu’elle pense pour deux, elle l’attrape par le nœud de sa cravate et l’attire avec elle jusque dans le petit renfoncement d’un mur, habilement caché à la condition de ne pas faire un bruit, un geste, ne serait-ce même qu’une respiration trop saccadée. La porte s’ouvre, Soo Kyung se rapproche du garçon, comme si c’était possible vue l’étroite proximité laissée entre eux. Elle ne le regarde même pas, elle n’a sûrement même pas à lui dire de garder le silence, la situation est tellement critique qu’il a dû le comprendre de lui-même. S’ils se font prendre maintenant, ils sont fichus, l’un, comme l’autre. « Elles sont où, mais elles sont où… ça se perd pas, des clés de voiture ! » La silhouette s’approche dangereusement du bureau, elle le contourne, en fait le tour, s’approche gravement de leur cachette. Soo Kyung pourrait s’offrir en tapisserie tant elle sent son dos s’ancrer dans le mur à mesure qu’elle prie, et surtout qu’elle jure, dans un coin de sa tête. Elle savait qu'elle n'aurait pas du parler, qu'elle aurait dû se la fermer et sauter par cette fenêtre. Elle s'en fiche pas mal que Hyeon se fasse prendre, mais qu'il se fasse prendre et elle avec, ça allait lui laisser un terrible goût amer.

❥ Il n'a pas envie de suivre la jeune femme. Par le passé, il s'en souvient encore, il l'a maintes fois fait, la femme agissant toujours de manière dangereuse, à croire qu'elle aime se mettre en danger. Mais au fond, cela ne l'étonne guère au vu de son histoire. Il ne veut pas non plus la catégoriser là-dedans, et en faire une conséquence de sa vie, et donc adhérer à ce type de comportement, mais c'est juste qu'elle est plus susceptible que les autres d'avoir de telles réactions. La jeune femme semble donc déterminer à s'en aller par la fenêtre tandis que lui préfère la sécurité en restant dans le bureau. Malheureusement, les circonstances font que Soo Kyung s'arrête brusquement de parler, semblant avoir entendu un bruit étrange. « Qu'est-ce qu'il se  . . . », il ne finit lui-même pas sa phrase qu'il les entend, les pas. Qui se rapprochement progressivement, l'angoisse le prenant peu à peu. Ils ne vont quand même pas déjà se faire prendre ? De toute manière, que cela soit maintenant ou après, cela ne change pas grand chose à la situation dans laquelle il se trouve tous les deux. Ils sont pris au piège quoiqu'il advienne. Il n'a pas le temps de lui demander ce qu'ils doivent faire qu'elle l'entraîne déjà contre le mur, semblant vouloir se cacher. Cette fois-ci, il se laisse faire, sans un mot, se collant à la jeune femme, pour réduire la visibilité que l'homme, qui est entré, pourrait avoir sur eux. Hyeon n'avale plus sa salive, se taisant, restant de marbre, pour ne pas se faire entendre. Même son souffle est beaucoup plus lent et il tente, du mieux qu'il peut, de respirer sans bruit. Mais pourquoi est-il là ? Qu'a t-il fait de mal pour mériter un tel sort ? Doit-il être si fermement puni ? Le sort s'acharne sur lui chaque fois qu'il est en présence de Soo Kyung, c'est elle son porte . . . Il sursaute légèrement alors que l'homme se retourne vers l'endroit où il se trouve, et par automatisme, Hyeon attrape la jeune femme pour la coller à lui, son visage tourné vers la jeune femme, comme pour les cacher, son cœur tambourinant rapidement sous le coup du stress. Il retient quelques secondes sa respiration et fort heureusement, l'homme s'en retourne vers la sortie, sans même les remarquer, refermant de nouveau derrière lui. Le jeune homme tourne son visage vers la porte, vérifiant la disparition réelle de l'homme. Sans même lâcher la jeune femme, il respire enfin, poussant un long soupir, « on l'a échappé belle ». Alors qu'il se tourne vers la jeune femme, il constate, enfin, la proximité soudaine avec la jeune femme, écarquillant les yeux, surpris par une telle proximité. Il la repousse rapidement et s'éloigne de la jeune femme, gêné par un tel rapprochement. Il passe une main rapide sur ses vêtements, « n'en profite pas pour te rapprocher de moi ». Il réajuste sa cravate et reprend rapidement de la contenance, oubliant ce moment quelque peu dérangeant. « Tu comptes toujours fuir par la fenêtre ? » demande t-il. Et alors qu'il pose la question, tout en s'approchant légèrement d'elle, la porte s'ouvre en grand. Les surprenant en plein flagrant délit !  

❥ Elle mord doucement dans sa lèvre et ferme les yeux, quelques secondes, comme une forme de prière adressée à quiconque pourrait les entendre. C’est que, mettre sa vie en danger, en général, elle ne le remarque même pas. En revanche, lorsqu’il s’agit de ses études, elle est beaucoup plus consciencieuse. Elle sait qu’elle n’a pas les meilleurs résultats, elle n’est pas à la tête de sa classe, et pourtant elle s’en soucie assez pour récupérer une vieille copie et l’échanger contre le bon devoir. Elle aime ce qu’elle fait, sa spécialité, la physique. Elle ne le montre pas, mais elle adore les sciences, regarder les étoiles, tenter de nouvelles expériences chimiques. Alors oui, ce qu’elle a fait peut s’apparenter à de la triche, une tricherie flagrante quand bien même elle a fait son devoir elle-même. Mais ça, elle y tient suffisamment, elle y tient assez, peut-être même plus qu’elle ne tient à sa vie, pour tout foutre en l’air maintenant. Elle n’a plus rien, rien dans sa vie qui permette d’espérer une seconde chance. Si on la fiche en dehors de cette université avec un dossier affublé d’une accusation de triche, elle est foutue, et alors son père aura eu raison… elle mord dans sa lèvre, presque à sang tellement cette idée la révulse. Un petit moment, elle en oublie même jusqu’à la présence de Hyeon, qui la serre un peu plus fort contre lui pour ne pas se faire prendre. Et quand tout est fini, elle respire enfin, un grand souffle de soulagement, rapidement balayé par une remarque purement gamine du garçon. « Arrête tes conneries, pourquoi je voudrais me rapprocher de toi. » Elle pose une question qui n’en est même pas une, elle la commence comme une question mais la termine comme une affirmation : elle n’a pas envie de se rapprocher de lui.

Il est tellement pointilleux qu’il en vient même à s’épousseter dans tous les sens, détendre les pliures de ses vêtements causées, certainement par une trop grande proximité. Soo Kyung se tient face à lui, appuyée contre le bureau sur lequel elle s’est presque assise à son aise. Elle regarde Hyeon, en face d’elle, avec un air dépassé. Monsieur est toujours si bien habillé, mais qui vient à l’université avec une cravate. Elle se lève et doucement laisse ses doigts glisser contre le tissu de la cravate, elle fronce les sourcils mais ses lèvres s’arquent d’un petit sourire moqueur. « Tu comptes toujours rester ici jusqu’à demain matin ? » Elle n’a pas changé d’avis, elle est quasiment sûre que lui non plus d’ailleurs. « Je savais bien que j’avais entendu parler. » La brune se retourne, le bras toujours tendu vers la cravate de Hyeon, alors que ses cheveux sont encore légèrement en pagaille de la planque d’il y a deux minutes. Sa mâchoire tombe grande ouverte et don sang ne fait qu’un tour. « Ahjussi, c’est pas du tout ce que vous croy… » Il la coupe brusquement. « YAH ! VOUS DEUX ! Vous n’avez pas honte de fricoter dans les bureaux de l’administration ?! Aigooooo, ces jeunes… » Ses yeux écarquillés rencontrent ceux de Hyeon et brusquement elle s’écarte de lui. « HEIN !? » Elle est prête à tout nier en bloc, à se défendre corps et âme. Et puis elle réfléchit… c’est peut-être mieux de se faire pincer à tort pour ça, que de se faire prendre pour triche ou  tout autre invention que cet agent d’administration aura eu le don de s’imaginer. Elle voit que Hyeon est à deux doigts de cracher le morceau alors brusquement, Soo Kyung se rapproche de lui et colle sa paume contre ses lèvres pour l’empêcher d’en placer une. « Ah—ahjussi, ce n’est pas ça, pas du tout… » Elle prend un air qui la rend vraiment-faussement-coupable. C’est du jeu d’acteur dans le jeu d’acteur mais c’est sans doute mieux de se faire prendre pour ça que pour triche.

❥ « Tant mieux » dit-il d'une voix lassée alors qu'elle affirme ne pas vouloir se rapprocher de lui. Il n'a pas ce désir non plus et s'ils sont sur la même longueur d'onde alors cela ne fait que l'arranger. Pour une fois qu'ils sont tous les deux d'accord sur un point, ça tient presque du miracle. Il se racle donc la gorge, après être sorti de l'endroit où ils se cachaient précédemment, essayant d'enlever toute trace de cet instant. Hyeon ne peut s'empêcher de froncer légèrement des sourcils alors qu'elle lui demande s'il compte rester là jusqu'à demain. Il en vrai qu'en réfléchissant bien, s'il se fait prendre demain matin, il va être le seul à être durement puni, enfin, en tout cas à avoir quelques réprimandes tandis qu'elle, elle jubilera sûrement dans son coin, heureuse de l'avoir laissé, alors que c'est de sa faute s'il est prisonnier, dans ce bureau. Il n'a malheureusement pas le temps de donner sa réponse qu'une voix se fait entendre, derrière lui, le surprenant et laissant son regard s'en aller jusqu'à la voix. Il reste quelques secondes tétanisé en constatant que c'est l'individu de tout à l'heure qui est revenu à la charge, les ayant sûrement entendu auparavant. Il avale difficilement sa salive, se tournant vers l'individu et se penchant en avant, « désolé Monsieur. Ce n'est pas ce que vous semblez penser ». Il lance un regard réprobateur à la jeune femme à ses côtés, se faisant la remarque que si, à ce moment là, elle n'avait pas touché sa cravate et si elle n'avait pas les cheveux ainsi défaits, cet homme n'aurait jamais eu de pensées déconcertantes qui ne lui correspondent absolument pas. Pas lui. Il s'apprête alors à avouer un fait, sans forcément entrer dans les détails, pour ne pas non plus que Soo Kyung ait des problèmes supplémentaires, ayant déjà préparé une phrase d'accroche, mais la jeune femme intervient, prenant un air faussement coupable. « Qu'est-ce que . . . », il regarde intensément la jeune femme, puis leur vis-à-vis, tour à tour, ne comprenant pas le but de cette mascarade. « Yah, ne me faites pas croire de telles sottises, je vois bien dans votre regard que c'est faux », il regarde ensuite Hyeon, le regardant de haut en bas. Il ressent une sorte de critique du regard et cela lui déplaît fortement, « Ahjussi, vous me connaissez assez bien pour savoir que je ne suis pas ce type d'homme auquel vous pensez. Jamais je n'oserai toucher une femme de cette manière ». Hyeon est outré, car en plus d'être pris sur le fait, l'homme semble croire que tous les deux ont tenté certains actes et dans le bureau, en plus de ça. Autant dire que sa réputation est clairement ternie. Soo Kyung ne doit sûrement pas se douter de l'impact que cela peut avoir. Si des rumeurs de ce type circulent il est certain de voir la fin de sa carrière, et bien plus encore. Il n'ose imaginer les dégâts. « Vous ne pouvez pas passer sur cet événement,juste une fois ? Nous nous sommes juste retrouvés enfermer dans ce bureau, parce que je cherchais . . . . mon portable que j'avais laissé dans son bureau, et nous avons juste crains des représailles, et des malentendus ». Il voit bien que cet homme doute, à cause des mots de Soo Kyung et de sa réaction. Quelle femme stupide ! Elle ne sait même pas jouer la comédie, et au lieu de trouver une toute autre excuse elle essaye de corroborer les propos de cet homme. Il inspire profondément, sachant pertinemment qu'il se doit de donner cette information qu'il déteste tant transmettre, « vous connaissez mes parents . . . », il arque un sourcil. Il ne veut pas soudoyer cet individu, mais il veut juste signifier là que ses parents risquent de réagir au quart de tour, et qu'il risque, fortement, d'être viré, ses parents cherchant la moindre petite bête pour qu'il puisse payer le prix cher s'il parle trop. C'est une vérité qu'il lui est difficile d'avouer. « Vous êtes punis tous les deux . . . », il regarde Hyeon, intensément, et finit par demander à Soo Kyung de sortir, désireuse de parler seul à seul avec Hyeon. Ce qui veut tout dire. Hyeon se doute bien de la finalité de cette situation. Néanmoins, il compte bien essayer de le sauver, tout autant que la jeune femme, sans lui tenir un seul mot de cette idée. Mais est-ce que cela va réellement avoir un impact . . . il en doute.  

❥ Les justifications fusent au point de ne plus rien y comprendre. L’homme de l’administration est certain d’y voir deux débauchés qui tentaient de s’envoyer en l’air dans l’un des bureaux de l’université, et Soo Kyung est tellement heureuse de l’échappatoire en or qui leur est servi, qu’elle corrobore ces propos pour brouiller les autres pistes. Mais Hyeon n’a pas l’air d’avoir saisi l’enjeu et à son histoire de téléphone oublié, elle soupire discrètement, silencieusement, que ce garçon est ennuyeux… Ce n’est pas pour un vulgaire portable oublié dans une salle de l’établissement que la brune aurait craint des représailles, encore moins un malentendu. Elle aurait déjà tonné à la porte et menacé le corps universitaire de porter plainte s’ils ne s’excusaient pas sur le champ pour la grossière erreur. « Toucher une femme de cette manière, yah ! T’as quel âge, huit ans ? » C’est ce qu’elle lui souffle à l’oreille pendant que des regards incompréhensibles s’échangent et communiquent. Mais Hyeon a l’air tellement sûr de lui qu’elle s’en fiche un peu. Les soupçons de triche sont loin et personne n’y songe. Alors du moment qu’elle sort de là, peu importe de quelle manière, elle n’en a rien à faire. Elle retrouve sa place contre le bureau et attend que la situation se dénoue d’un air exaspéré, presque lassée par autant d’incompétence. Elle est à deux doigts de sortir son téléphone pour passer le temps en attendant que ces deux-là se décident et se mettent d’accord, lorsqu’elle surprend une phrase qui lui glace le sang. « Vous connaissez mes parents… » Elle n’est pas la seule à se stopper net, l’homme donne lui-même l’impression de ne pas être très bien et tout son aplomb s’envole en même temps qu’il baisse les yeux, cherchant à poursuivre, mais sans trop savoir comment. Et la punition tombe. Elle soupire, beaucoup plus bruyamment cette fois, et s’apprête à se redresser pour sortir de là sans un mot de plus, mais elle est déjà priée d’attendre à la porte, prétexte pour les deux hommes de s’entretenir l’un avec l’autre. « Quoi ? Pourquoi ? » Elle s’insurge rapidement et capte les regards. Ils veulent tout dire et elle sent rapidement que dans cette histoire, elle va se retrouver le bec dans l’eau, toute seule. « Je rêve, vous vous foutez vraiment de moi… » C’est un rire forcé et dégoûté qui s’en suit, alors qu’elle ne jette même pas un regard à Hyeon et s’incline grossièrement devant l’agent d’administration. Elle ouvre la porte à la volée et, pour la refermer, ne la laisse ni plus, ni moins que claquer violemment dans son dos.

Elle est partagée entre se barrer d’ici comme une voleuse et ne plus jamais entendre parler de cette histoire, et y rester pour en connaître le saint dénouement. « Enfoiré, » c’est bien du scorpion qu’elle parle, lui et sa morale à deux balles. Au final, il ne vaut pas mieux qu’elle et elle s’effondre au sol, assise en tailleur sur le sol du couloir en attendant que ces deux-là ressortent.

❥La colère commence progressivement à atteindre le corps de Hyeon mais il ne dit rien, ne reflète rien, gardant ce visage fermé qu'il porte tant. Elle aurait pu donner d'autres excuses, qu'importe laquelle, mais pas celle là, pas en faisant croire qu'il l'a touché alors qu'il ne l'a pas fait. Il en devient presque aigri. Elle ne réalise même pas dans quelle situation délicate elle le met. Quelle image va t-on avoir de lui ? Lui qui est un pianiste renommé. Des rumeurs vont commencer à fuser dans les couloirs de l'université, pour atteindre l'extérieur, pour enfin apparaître dans les journaux et nuire totalement à sa réputation, à sa carrière. Des femmes vont commencer à s'inventer des histoires, disant avoir été touchées par lui, qu'il aurait fait des avances, alors qu'il n'est absolument pas ce type d'homme. Il ne dit rien lorsqu'elle lui murmure de telles paroles, alors qu'elle sait pertinemment la vérité et qu'il doute avoir besoin de la lui dire. Elle n'est pas stupide, ou une gamine comme elle le dit si bien. Il ne peut s'empêcher alors de préciser le statut de ses parents, puisque c'est la seule solution pour lui de s'en sortir.Il le sait pertinemment. Même si sa relation avec ses parents est inexistante, il sait à quel point ils sont influents. Il n'avait jamais utilisé son nom pour s'échapper de certaines circonstances, mais là, il y a un réel besoin et c'est uniquement parce que Soo Kyung l'a entraîné là-dedans, et pour cette raison, il la déteste. L'homme en question semble avoir compris tandis que Soo Kyung s'insurge alors qu'il lui demande de sortir. Avant qu'elle ne parte, Hyeon la regarde rapidement, alors qu'elle est de dos, poussant un long soupir, semblant refléter ses pensées. Même s'il ne l'apprécie pas pour ce qu'elle vient de faire et ce qu'elle lui oblige à faire, il ne peut pas non plus la laisser seule dans la punition à venir. Mais il doute être en capacité de le faire. Il se concentre alors sur la conversation avec son vis-à-vis, gardant la tête basse, comme on le lui a toujours appris, même si au fond, il n'a aucune raison de le faire. Mais encore une fois, c'est de la faute à Soo Kyung . . .  et de la sienne aussi, très certainement.

« Je connais assez bien vos parents en effet pour savoir le risque que j'encoure si je fais remonter la moindre information. Et de toute manière je ne comptais pas vous punir. Juste par principe, et pour ne pas insurger la jeune femme, je ne pouvais pas dire devant elle que je n'allais punir qu'elle et non vous, alors ne vous en faites pas. Je vous enlève cette charge ». Hyeon grince légèrement des dents, mais garde un visage neutre, hochant vigoureusement de la tête. « Puis-je quand même vous demander une faveur ? ». Il relève sa tête, délicatement, ses yeux s'ancrant dans ceux de son vis-à-vis, mais sachant pertinemment que la discussion est vaine. Elle dure encore plusieurs minutes, et Hyeon finit par sortir du bureau, se penchant plusieurs fois, serrant la main que l'homme lui tend. S'apprêtant à s'en aller, il remarque alors la présence de Soo kyung, encore présente. Il inspire profondément, bougeant légèrement sa tête, l'air négatif. Il ne fait pas attention à elle et la contourne, mais finit par s'arrêter, lui lançant un rapide regard. « J'espère que tu es fière de toi ?! Et j'espère que tu vas assumer la responsabilité de tes actes ? Tu es majeure et vaccinée n'est-ce pas ? Alors désormais, avant d'entraîner une autre personne dans de telles sottises, réfléchis ».  

❥ Elle ne s’attend pas à des miracles. Elle les voit sortir bras-dessus bras-dessous du bureau et la poignée de main n’a rien d’anodin. Le personnel d’administration lui jette un regard froid, quant à Hyeon elle n’est pas capable de dire ce qu’il pense car toutes ses expressions se ressemblent, elles ne disent rien et sont monotones. « Je savais bien que vous n’aviez rien à voir dans cet histoire, Hyeon. » Elle lève les yeux au ciel, quelle mascarade ! Il ne trompe personne mais s’il veut jouer la comédie, grand bien lui fasse. « La punition sera la suivante, » et il s’adresse à elle d’un air nettement supérieur, « exclusion de l’université pendant trois jours à compter de demain. » Les mots la quittent et ses yeux s’arrondissent. Elle s’attendait à tout, sauf ça. « Vous avez de la chance c’est le weekend, ce ne sera donc effectif en pratique que pour la journée de lundi, mais cet avertissement sera porté à votre dossier. C’est très grave d’entrer par effraction dans les bureaux de l’administration en dehors des heures d’ouverture et lorsque l’on n’y a pas été invité, comme Monsieur Hyeon l’était. » Elle est tellement tendue qu’elle menace d’exploser à tout instant, la mâchoire tremblante et les poings resserrés autour d’un vide oppressant. Elle aurait pu répliquer un milliard de choses, pas sûr qu’elles auraient amélioré son sort. Pas que Soo Kyung en ait quelque chose à foutre, mais sa patience a des limites et elles ont été franchies depuis si longtemps qu’elle sait qu’elle risquerait de se retrouver dans de véritables ennuis si elle tentait de se défendre ou d’emporter le garçon dans sa chute. « Trop aimable. » Elle fulmine d’un sourire plaqué qui ne trompe personne sur le reflet de tout ce qu’elle pense.

Sans un mot de plus, elle attrape son sac resté au sol et tourne les talons. Elle manque de bousculer Hyeon qui s’est arrêté en plein milieu du couloir, sans doute parce qu’il se défile à nouveau ? Ce ne serait pas la première fois. Sauf que ses paroles ont l’art de la mettre deux fois plus en colère et cette fois-ci, elle n’est pas certaine de pouvoir la contenir plus longtemps. « Dégage de là, » elle lui rentre dedans par un coup d’épaule mais s’immobilise quelques pas plus loin. « J’assume quoi, ta lâcheté sans nom et ton incapacité à porter les conséquences de tes actes ? Je prends pour toi parce que t’as un nom trop précieux pour être sali ?! Mais guess what, t’étais avec moi dans ce bureau et toi non plus, t’avais rien à faire là-dedans ! » Elle pourrait continuer des heures à lui déverser son flot de haine et ses yeux au creux desquels les éclairs n’en finissent plus de jaillir. « T’es qu’un gamin Hyeon, alors tes sermons sur la responsabilité tu te les carres où je pense et tu viens pas m’emmerder à parler de chose que tu connais pas, compris ? » On peut lire tellement de choses dans son regard, c’est troublant. De la colère, de la déception, de l’incompréhension. Une profonde injustice qui persiste, une gamine brisée. Une jeune femme qui ne sait pas trop où elle va. « Moi au moins, je réfléchis par moi-même. »

❥ Il ne sait pas quoi ajouter de plus, et ne parvient même pas à prononcer un seul mot. Les circonstances ne l'aident absolument pas et de toute manière il ne peut rien faire. Le verdict est tombé et il a eu beau essayer de faire changer d'avis cet homme, il n'est pas parvenu, celui-ci voulant faire régner une certaine discipline. Alors ainsi soit-il. Puisque ce destin ne peut être changer, Hyeon n'en ait pas capable. Et de toute manière, en a t-il sincèrement l'envie ? Ne mérite t-elle pas quelques remontrances ? C'est elle après tout qui a voulu tricher, elle qui est rentrée par effraction dans ce bureau, lui, il a juste été là au mauvais moment, au mauvais endroit. Alors oui, il se décharge de toute responsabilité, même si, malgré lui, il se sent terriblement mal vis à vis de la jeune femme. Il aurait souhaité avoir une autre issue. Mais il n'y en a pas. Il sent la colère de la jeune femme lorsqu'elle le bouscule, même un peu, et qu'elle prononce des mots forts, virulents. Il ne peut même pas lui expliquer qu'il a essayé. Sincèrement essayé, mais que c'était voué à l'échec, que cet homme est bien trop fixé sur ses intentions de la punir elle et elle seule pour pouvoir lui faire changer de raison. Mais à quoi cela va t-il servir de lui expliquer, elle ne va pas le croire. Alors, doucement, mais sûrement, il encaisse les mots, la force de sa rage, essayant de la contenir, mais la laissant exploser telle une bombe à retardement. « Même si j'étais présent, ça ne veut pas dire que j'ai agi comme toi, de manière illégitime. Ce n'est pas illégitime d'être dans le bureau d'un professeur ou du directeur, du moment que rien ne s'y passe. Par contre, toi . . . c'est d'un autre niveau ». Il sait qu'il envenime la situation, mais ce n'est pas grave. Qu'elle continue de croire qu'il n'est qu'un homme mauvais, qui joue de sa prestance. Qu'elle continue de croire qu'il n'est qu'un égoïste qui ne pense qu'à lui sans penser aux autres, tirant les ficelles de sa réputation. « Et ne t'en fais pas, je ne risque pas de t'embêter de nouveau. Je doute que nos chemins se croisent de nouveau et j'espère ne pas le croiser de toute manière. Toi et moi nous sommes différents désormais et de parfaits inconnus. C'est la meilleure solution et c'était bien mieux avant ». Je me penche rapidement vers elle, en signe de respect et par principe, « sur ce je te laisse. Je pense que tous les deux nous avons d'autres chats à fouetter.  Profite bien de ces quelques jours de repos. Au revoir » dit-il d'un ton sec, prenant le chemin inverse de la jeune femme. Décidément, cette soirée a été particulièrement mouvementée. Ce qui tient du miracle. Il espère juste ne pas croiser la jeune femme de nouveau mais surtout . . . qu'elle s'en sorte . . . quand même.