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Qui provoquera Rox et Rouky s'y fera mordre les doigts... ft. Jeha
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Re: Qui provoquera Rox et Rouky s'y fera mordre les doigts... ft. Jeha | Ven 7 Avr - 21:36 Citer EditerSupprimer
Renard orgueilleux, tu toises le monde qui t’entoure. Dédaigneuse et indifférente, ton instinct tempétueux te joues des tours. Prétendument insensible, tu te laisses emporter par l’aventure. Renard curieux, tu as crois le chemin d’un loup solitaire. Dans la nuit et le froid de l’hiver, tu tempêtes mais tu es soleil. Malgré les tornades et l’orage, d’un sourire tu ramènes la lumière. Et sans en avoir l’air, sans le savoir, du loup tu fais ton allié. Figées sous la surface glaces, exit les clivages et les différences, depuis la pénombre vous brillerez. Il est le Rouky de ton Rox.
Les yeux s’écarquillant quelque peu, Hera bâtit légèrement des paupières, un soupçon stupéfaite et incrédule tandis que les mots de son partenaire se portaient à ses tympans. Ce ne fut pas tant de la vexation que ce refus suscita en elle que de l’étonnement. La jeune femme ne comprenait pas son tort. N’était-ce pas dans les coutumes sud-coréennes de réclamer à se faire inviter ? N’était-ce pas là, entre eux deux, dans son bon droit ? Une requête légitime : de femme à homme, de cadette à aîné ? Son intention première relevait nullement de l’ordre, juste, elle était persuadée que les choses se faisaient ainsi. Se trompait-elle ? Aussi coutumière que la singapourienne pouvait être avec la langue de la péninsule qu’elle avait pratiqué depuis son plus jeune âge, avec son histoire et son fonctionnement général transmis en héritage avec son soin par sa mère et ses grands-parents, nombre de rudiments de la vie quotidienne s’avéraient inconnus et mystérieux pour elle. Si Hera avait baigné en partie dans la culture sud-coréenne dès l’enfance, elle n’en connaissait guère que les facettes et les codes de la haute société. Le monde des lambdas, jusqu’à son arrivée à la Yonsei, cet exil en milieu sauvage, primitif et inhospitalier, l’égérie ne le connaissait qu’à travers les drama et les romans. L’immersion s’était révélée en conséquence quelque peu déconcertante – et c’était un terrible euphémisme en plus la sachant débarquée de sa tour d’ivoire pour se retrouver livrée à elle-même au sein de la fraternité des Gumiho. Aujourd’hui encore, si son esprit s’était ouvert avec une marge qu’elle n’aurait probablement jamais imaginé possible, vraisemblablement les usus de cette société n’étaient pas encore parfaitement assimilés. De ce fait, Hera ne reçut pas ce refus comme une offense. Mais loin d’elle également l’idée de s’excuser pour cette maladresse. Et non, elle n’avait pas faim non plus ! À nouveau, les sud-coréens lui paraissaient tellement obsédés par la nourriture et les repas, qu’elle pensait sincèrement se plier aux moeurs de son interlocuteur. Décidément, elle avait fait fausse route sur toute la ligne. Ce n’était pas comme si elle pouvait être déçue de ne pas partager un diner avec lui, en revanche, elle ne cèderait pas sur ses projets d’organisation. S’ils espéraient vraiment avoir une chance de l’emporter, ils ne pouvaient pas se permettre de se lancer dans la compétition à l’aveugle. Et là où ce grand malin avait indéniablement tort à son sens résidait dans l’absence pratique à établir un programme en mouvement. Ils avaient vraiment besoin de mettre la ligne directrice de leur entrainement ainsi que les objectifs finaux à définir à plat. Au sens propre comme au sens figuré. Des paroles en l’air en patinant et des notes prises sur leurs smartphones en discutant ? Non cela ne correspondait absolument pas à sa conception de l’organisation. Ils devaient écrire, partager, visualiser sur un support papier. Son esprit carré ne le concevait pas autrement. Son regard se posa sur son partenaire avec un nouveau jugement. Pourquoi l’avait-elle imaginé jusqu’à lors comme un individu sérieux et rigoureux ? Peut-être son tempérament bourru qui l’avait induite en erreur. Brève désillusion puisque la jeune femme n’avait pas que cela à penser. De toute façon, ils avaient accepté de relever le défi, il était désormais trop tard pour faire machine arrière. Néanmoins, que le loup ne se berce pas d’illusion, la renarde reviendrait tôt ou tard à la charge pour obtenir de lui gain de cause. Petit canidé à la mâchoire acérée.
Les deux patineurs se remirent alors en mouvement afin de tester une nouvelle tentative de porter. Une autre figure, un porté plus classique, plus franc aussi. Il avait dans le concept de face à face, une notion de proximité plus induite. Or tous deux s’en passeraient bien volontiers, mais là encore, les premiers essais s’avéraient bien loin de la véritable symbiose des corps que requérait le patinage en couple. Impertinente folie qui les avait pris de s’engager dans un tel affrontement ! Foutue fierté qui les avait poussé à réagir avant de réfléchir ! Car plus ils évoluaient sur la glace, et plus Hera commençait vraiment à prendre conscience de ce qu’un tel binôme impliquait. Ses méninges tournant toujours à plein régime. Contraire à la première figure, inconsciemment, la jeune femme elle-même fonctionnait de manière mécanique et non plus aussi instinctive. Dans son esprit défilé les images des différentes prestations de patinage en couple qu’elle avait pu admirer. Les figures, les portés, la proximité, la complicité… Quand bien même, il ne s’agissait pas de romantisme, les programmes nécessitaient une forte communication corporelle entre les corps des deux patineurs. Alors, naturellement, cette projection engendra une légère crispation nouvelle dans ses muscles. L’essai eut beau être une « réussite », pour une première expérience, les carences aussi bien techniques que artistiques étaient légions. La synchronisation ne fut pas au rendez-vous. Quant à l’exercice du porté en lui-même, ses hanches enserrées par les mains solides de son partenaire suscita en elle une sensation de gêne. Elle ne parvint à s’en défaire afin de faire preuve de plus de souplesse. De surcroit, l’impression de vide du fait d’absence de contact entre ses lames et le sol, totalement dépendante de l’emprise du loup, posa ses petites mains fines sur ses larges épaules où elle prit appuie, lui arracha un frisson désagréable. Elle était cette petite chose vulnérable qu’il soulevait comme pour tester leur rapport poids-force avec une vague nonchalance. Au moins lorsque Jeha la reposa, Hera tâcha de relativiser en s’estimant heureuse qu’il n’y ait pas eu d’incident… Ou du moins en évitèrent-ils un de justesse ! Avant même de comprendre ce qu’il se passait, alors qu’elle se passait libérée des bras de l’homme, Hera se sentit attirée à lui, son dos se cabrant légèrement sous l’effet de l’attraction. Les yeux grands ouverts, cette entrave dont elle ne souhaitait que se défaire se fit au contraire plus ferme, l’espace d’une poignée d’instant. Lorsque l’emprise fut relâchée, ce fut cette fois-ci son tour ne rétablir prestement la distance. Au moins, elle obtint satisfaction quand Jeha reconnut qu’elle avait raison.
« Évidemment, » siffla-t-elle entre ses dents d’une voix basse.
La jeune femme n’en avait pas douter une seconde et son partenaire lui épargnait la peine de mener bataille pour lui ancrer cette vérité dans le crâne. Malheureusement, une bataille non livrée n’en évita pas une autre. En retard sur son partenaire qui avait pris les devants en direction du banc où reposaient ses affaires, les paroles moqueuses de leurs détracteurs du soir ne manquèrent pas pour autant de parvenir jusqu’à ses oreilles. Cependant, Hera ne put ni prévenir, ni retenir le geste du loup. Au summum de l’incrédulité, son visage se décomposa. Jeha venait de… Le frapper ? Non mais elle hallucinait là ? Ce n’était pas possible ? Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous ces mecs à ne posséder d’autres arguments que leurs poings ? Furieuse, elle parvint à sa hauteur et l’attrapa par le bras pour l’obliger à se tourner face à elle. Hera fulminait, et quand bien même seuls ses yeux se distinguaient de son visage emmitouflée , leur intensité exprimait sans la moindre nuance toute sa désapprobation.
« T’es content de toi ? Tu n’avais vraiment pas mieux en réserve ? La répartie, tu connais ? »
Plus que de la colère, ce fut un sentiment de déception qui monta en elle. Dire que la jeune femme lui accordait un peu d’estime. Elle se rendait compte à quel point elle connaissait bien mal son partenaire. Encore une fois, elle s’était trompée. Elle en avait marre des gens, marre des désillusions et de tous ces cons pour ne pas ces connards qui peuplaient la planète ! En parlant de ce genre de spécimen, la pétasse de tout à l’heure commença à gémir de sa voix criarde. La singapourienne tourna aussitôt la tête faire elle et lui claqua avec un intransigeance :
« Oh et toi, ta gueule, c’est pas le moment ! Emmène-le se faire soigner et ne m’emmerdez plus pour aujourd’hui ! »
Son ton fut-elle que cette fois, leur interlocutrice sembla sidérée et n’insista effectivement pas davantage. Hera avait bien mieux à faire que de s’occuper de leur cas. Celui de Jeha représentait sa première priorité ! Son attention se reporta donc sans attendre sur ce dernier.
« Maintenant, tu as intérêt à mettre les bouchées doubles ! Après une telle humiliation de faire équipe avec une personne qui use de la violence aussi stupidement, on a intérêt à briller et pas qu’un peu ! »
Son dégoût à son égard était tel que Hera souhaitait à peine voir son visage. Comment avait-elle été aussi naïve de l’imaginer valoir mieux que ça ? La jeune femme s’en écarta et s’en retourna en quelques foulées vers la piste de la patinoire pour finalement faire volte-face et exploser derechef. Elle ne s’égosillait pas dans les aiguës non, mais sa voix se faisait ferme et glaciale, d’une cinglante autorité :
« Alors, je m’en contrefiche que tu ne veuilles pas diner ou quoi que ce soit, maintenant, nous allons poser les règles dans un café, un restaurant, la bibliothèque… où bon semblera à Brutus et demain, nous commencerons un véritable entrainement intensif à la patinoire habituelle ! »
Ses pas glissés en direction de la sortie la ramenèrent à Jeha. Hera jugea préférable de ne pas lui adresser un regard, afin d’apaiser peut-être ses nerfs en pelote par sa faute.
« Prends tes affaires, la séance est finie pour aujourd’hui, je n’ai pas envie d’être l’objet de tous les regards outrés par ton comportement, et allons discuter de tout ça ailleurs. »
En plus d’être hors d’elle, d’être déçue, dégoutée par ce sentiment de honte qui lui collait momentanément à la peau, Hera ne souhaitait vraiment pas attirée l’attention sur elle de cette manière. L’égérie ne pouvait se le permettre, elle n’était pas à l’abri d’être reconnue pour une raison ou autre et là, les conséquences de cette soirée tourneraient au véritable fiasco.
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Re: Qui provoquera Rox et Rouky s'y fera mordre les doigts... ft. Jeha | Lun 24 Avr - 20:38 Citer EditerSupprimer
Tu as oublié comment être aimable. Tu as oublié les sourires spontanés, la tranquillité d'esprit et ce que tu ressentais avant que cette méfiance ne vienne teinter ton monde, de la même manière que la nuit voile celui dans lequel tu évolues. Mais sur la glace, tu retrouves cet ancien toi. Et les émotions négatives qui polluent tes rapports humains semblent s'évanouir, et ce malgré sa présence. Elle n'est plus une femme à tes yeux. Elle est un compagnon, un partenaire, une motivation à te dépasser. Elle est le renard proche du loup. Elle est le Rox de ton Rouky.
L'écarlate souillait mon poing serré et la colère mon être contracté. La mâchoire durcie, les yeux noyés, je fixai cet homme qui dissimulait son nez explosé d'une main au gant ensanglanté. Le voir ainsi recroquevillé sur la glace au blanc taché ne m'apportait aucune joie particulière. La colère elle même retomba, soufflée par un tableau aussi pathétique que lamentable. Des doigts menottèrent mon bras et me forcèrent à pivoter d'une pression vers la silhouette d'une Hera furieuse. Mon sourcil sombre, à l'arc dessiné sur une obsidienne noirâtre, tressauta. Plus que furieuse, elle semblait noyée d'un mépris qui m'était si familier qu'il ne me toucha pas. Je cherchais à faire naître cette expression si souvent que la voir n'était plus synonyme que de soulagement pour mon esprit sauvage et solitaire. Faussement stoïque, je ne lui offris que la ligne acérée d'une mâchoire contractée et la noirceur d'un regard félin. Ses doigts s'évanouirent, puis sa langue claqua, avec une violence verbale destinée à la jeune princesse figée près de son serviteur à terre. Je me tendis, sur la défensive, dès que le bonhomme de neige se tourna à nouveau pour m'offrir des paroles d'une ironie presque comique. « Humiliation ? » repris-je d'une voix échauffée par les braises d'une colère tapie dans mon cœur, « tu estimes qu'insulter cette fille est moins violent qu'un coup de poing ? Vraiment ? » Le dégoût qui luisait dans ses yeux me laissait tout aussi indifférent qu'un mépris familier. Elle se détourna, en une pirouette motivée par la rage qui flamboyait dans son être. La délaissant, elle et sa réaction extrême, je tournai la tête pour observer le couple qui s'éloignait. Cette image suffit à éveiller en moi des pensées qui ne m'avaient jusqu'ici qu'effleurer. Leur duo était déséquilibré. L'homme, ou plutôt le jeune sot, était clairement écrasé par la jeune femme, qui dominait par son port arrogant et sa langue acérée. Hors, et même si elles n'étaient pas du même bois, Hera avait le même genre de réaction qu'elle. Le voile fut sombre. Il glissa sur mes traits tendu, sur mes yeux aux pupilles rétrécies, sur mes lèvres serrées. L'ébène coula sur mon front, balayée par le vent frais, comme pour noircir davantage un visage au sauvage révélé. L'animal s'était éveillé, pour protéger une liberté et des choix que je ne souffrais plus qu'on discute. Ni qu'on juge. Je l'entendis aux lames qui rappèrent, je le sentis aux sons qui couinèrent. Alors plantai-je mes yeux dans les siens, noyé d'une impulsivité farouche. « Je ne crois pas non. » lui opposai-je instinctivement. Le loup s’agitait dans mon poitrail brûlant, face au comportement arrogant d'une renarde à la puérilité autant perceptible dans ses gestes que dans son verbal. Une nouvelle fois, elle tentait d'écraser, de dominer une situation qu'elle ne pouvait pas même surplomber. J'étais trop sauvage pour qu'elle puisse même espérer planter les griffes, trop indépendant pour lui offrir ma nuque désœuvrée, trop solitaire pour ne serait-ce qu'accepter de recevoir ses paroles cinglantes sans les retourner. « Il est temps qu'on discute et je n'attendrais pas d'être enfermé dans un lieu clos et astreint au silence pour mettre les choses au clair. » claquai-je avec une détermination inébranlable. Même si je savais céder quand les circonstances s'y prêtaient, j'étais doté d'une volonté de fer, que mon handicap n'avait fait que renforcer les longs mois durant lesquels j'avais été diminué. Depuis, je ne faisais que repousser, inlassablement, tant mes propres émotions que celles des autres. Elle pouvait être bornée mais elle n'aurait jamais gain de cause si je ne me décidais pas à ployer l'échine. Fait impossible, maintenant qu'elle s'était décidée à appuyer de toutes ses forces sur des épaules trop larges pour elle. Je retins mon agressivité latente devant l'ordre qui gicla et mis pied sur l'herbe sans avoir la moindre intention d'obtempérer. Je rejoignis le banc, rigide et troquai mes patins pour mes chaussures sans un mot pour elle. Je donnais l'impression de céder, de lui laisser les rênes mais il n'en était rien. J'avais seulement compris qu'elle avait plus peur du jugement d'autrui que de celui de ceux qui lui étaient plus proches que des étrangers. Un fait que je ne comprenais pas plus que je ne l'approuvais. Dès qu'elle fut prête, je refermai les doigts sur son bras et l'entraînai à l'écart, dans un bosquet d'arbre silencieux éclairé d'un lampadaire à la lumière aussi vive que celle qui luisait dans mes prunelles opiniâtres. « Juger impulsivement, je peux m'efforcer de le comprendre parce que je suis fait du même bois. Néanmoins, si tu veux mépriser des choix qui ne te correspondent pas sans chercher à en saisir la nature, ou si tu veux absolument m'écraser et faire de moi un pantin, notre collaboration va s'arrêter là, tout simplement parce qu'il n'y aura rien à gagner. » Je lâchai son bras et, sans lui laisser le temps de répondre, enchaînai inébranlable. « Je t'ai affirmé tout à l'heure qu'ils étaient robotiques et que notre principale chance était de distiller des émotions. Je vais te donner une autre de leurs faiblesses. Il n'y a aucun équilibre dans leur duo. » Je dénonçais une évidence qu'elle n'avait visiblement pas perçue d'elle même, peut-être parce qu'elle avaient toutes deux ce point commun. La volonté d'asseoir une autorité qu'elle pouvait obtenir selon ceux qui faisaient face. « Cette fille, dont tu ne peux pas souffrir le comportement, domine son partenaire autant sur la glace que lorsqu'ils prennent la parole. De fait, il ne prend aucune initiative, si ce n'est puériles voir dangereusement stupides. Résultat, que se passe t-il lorsqu'ils patinent? Il sert de pilier, de colonne, mais il n'est pas plus un partenaire qu'il n'est un véritable soutien pour elle. Il est juste là pour décorer. Artistiquement, ça les fragilise. » Je glissai les mains dans les poches de ma veste, mais sans être victime d'un froid repoussé par mes émotions embrasées. « Je l'ai frappé parce qu'il nous a manqué de respect, à l'un comme à l'autre. Tu peux préférer la violence verbale, mais elle n'est pas toujours effective, encore moins avec un homme. Je ne te demande pas d'approuver, ni même de t'en mêler. C'est ma façon d'agir et ma façon d'être. Quand on s'en prend à mon entourage ou à ce que j'estime être mon honneur, je réponds parce que je suis sauvage, impulsif et colérique. Je ne suis pas dans la réflexion, je suis dans l'émotion. Ce n'est pas toujours la meilleure façon d'agir, mais c'est la mienne. Néanmoins, et si ça peut te rassurer, je ne lève la main que sur les crétins masculins. Parce que les hommes, que tu le veuilles ou non, comprennent bien souvent mieux les coups que les insultes. » Je n'avais pas plus l'habitude d'expliquer mes choix que de me confier. Néanmoins, elle était plus qu'une connaissance, elle était ma partenaire. Mon honneur, la compétition et son âge me poussaient néanmoins à faire un effort dont elle n'avait probablement pas conscience. « Nous sommes deux opposés. Soit nous en jouons, soit nous arrêtons tout. Je peux faire avec ton manque de liberté, ta manière de te dissimuler des autres, ton ton acéré et ta volonté de faire les choses au carré quand je suis moi même un instinctif. Je peux jongler à condition que tu arrêtes de vouloir me dominer, par tes idées ou par ta colère, ce que je ne fais pas moi même malgré le pouvoir que donne l'âge dans ce pays. La question est l'es tu ? » Seuls ses yeux étaient visibles malgré le flot de lumière qui la nimbait. Et je ne fuyais pas plus son regard qu'une vérité que je lui assénais, avec le peu de diplomatie que je possédais. Je lui avais épargné une dureté, une agressivité familière, parce qu'elle ne représentait aucun danger pour l'homme méfiant que j'incarnais. Mais je n'aimais pas plus son comportement qu'elle n'aimait le mien. Cependant, j'étais apte à faire des efforts, si elle faisait de même dans l'intérêt d'une compétition qui démarrait aussi mal qu'abruptement. Un duo n'était éligible à la victoire que s'il y avait mélange de complicité et de respect. Sans l'un et l'autre, il ne servait à rien de continuer et de s'entraîner comme des fous pour s'opposer à deux crétins qui jubileraient plus qu'ils ne s'écraseraient. Soit elle le comprenait et faisait contre mauvaise fortune bon cœur pour tenter de comprendre l'incompréhensible, soit nous déclarions forfait.
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Re: Qui provoquera Rox et Rouky s'y fera mordre les doigts... ft. Jeha | Ven 5 Mai - 23:38 Citer EditerSupprimer
Renard orgueilleux, tu toises le monde qui t’entoure. Dédaigneuse et indifférente, ton instinct tempétueux te joues des tours. Prétendument insensible, tu te laisses emporter par l’aventure. Renard curieux, tu as croisé le chemin d’un loup solitaire. Dans la nuit et le froid de l’hiver, tu tempêtes mais tu es soleil. Malgré les tornades et l’orage, d’un sourire tu ramènes la lumière. Et sans en avoir l’air, sans le savoir, du loup tu fais ton allié. Figées sous la surface glaces, exit les clivages et les différences, depuis la pénombre vous brillerez. Il est le Rouky de ton Rox.
Violence physique, violence verbale… La renarde n’était pas sans connaitre le pouvoir des mots, leur capacité à se transformer en lames aiguisés. Elle en connaissait même que trop bien l’art de les manier. Sa langue se faisait épée. Elle leur préférait cette puissance sournoise destructrice à celle de l’usage des poings. La véhémence avait un si délicieux goût sucré en bouche. Délectation des sens, à condition d’en faire bon usage. La singapourienne ne la savourait guère lorsqu’elle se laissait emporter à une once de vulgarité. La subtilité et la pertinence dédaigneuse, si perfide était tellement plus plaisante. Indéniables démons qu’elle aurait beau tenter de taire, inexorablement, ils revenaient l’envelopper de leur voluptueuse caresse sous son échine. Dominer, cette jouissance satisfaisante, le loup l’éprouvait par le biais de l’impact physique, la renarde par la morsure venimeuse de ses mots. Non, ces derniers n’étaient pas moins violent et pouvaient au contraire, causer bien davantage de ravage. Véritable poison injecté dans un esprit. D’une manière ou d’une autre, il y avait toujours des mots qui restaient graver dans la mémoire pour nous hanter. Le processus n’était pas plus honorable, juste plus discret, moyen de préserver l’image tandis qu’on s’adonne à un véritable jeu de massacre. Ça c’était Zhang Hera. L’ancienne Hera, mais ô combien pourrait-elle changer, certains instincts ne s’endormiront sans doute jamais pleinement. La jeune femme avait vu son reflet dans le miroir et avant que les ténèbres ne ternissent sa beauté, n’empoisonne la véritable perle de pureté qui reposait dans son coeur, elle avait décidé de lutter, un peu, contre son propre venin ruisselant dans ses veines. L’envie de recouvrir la capacité d’esquisser des sourires de la pointe du pinceau de la sincérité.
À l’instar des derniers pas sur la glace avant de poser pied sur la terre ferme, jusqu'à ce banc où ils se déchaussèrent de leur patin, la singapourienne avait déjà parcouru bien du chemin. Le reflet dans le miroir avait tant changé, et l’engrenage ne faisait que commencer à s’enclencher. Cependant, nombre ne voyait pas, et sans doute ne le verrait jamais, lutte éternelle du « regard » d’autrui. Jeha ne faisait pas non plus exception, il la jugeait tout autant. Elle ne cherchait pas à comprendre ? Un reproche si récurrent, très certainement véridique, l’égérie avait parfaitement conscience qu’elle n’avait guère accordé d’intérêt à quiconque ou presque, de manière pure et sincère, pendant près de dix-huit ans. Elle apprenait seulement, omettait bien souvent ce chapitre de la leçon de la vie, certes. On ne refait pas le monde en un jour. Cependant, l’entendre la révulsait d’autant plus qu’un sentiment croissant d’injustice montait en elle au fil du temps. Elle s’ouvrait aux autres mais n’avait parfois l’impression que de recevoir reproches et remontrances, bien plus que d’encouragements. Un effort de compréhension de sa part qui ne trouvait nul retour. Égérie, visage publicitaire, dans son quotidien même, les gens se contentaient de la façade, sans lui accorder de profondeur, sans même envisager qu’elle puisse, secrètement car de manière inavouée, faire des efforts pour donner le meilleur d’elle-même et ce, non plus seulement à des fins personnelles, scolaires ou professionnelles, mais aussi pour ceux qui l’entourent. Un étau qui lui compressait parfois la poitrine, comme les doigts de l’homme qui vinrent enserrer son bras pour l’emmener avec lui. Cortège de regards curieux, méfiants, médisants, mais passifs qui les accompagna sur leur passage. Un homme qui vient de manifester clairement une prédisposition à la violence, emmenant fermement une jeune femme tout aussi indéniablement fâchée contre lui et le public se contente de regarder, de juger, mais nul n’aurait l’idée d’envisager s’interposer. Certes, Hera ne témoigna guère ni de réactions de panique ni de soumissions. Elle aurait volontiers résister mais l’attention se ne concentrait déjà que trop sur eux. Si son masque venait à tomber, son identité révélée, les conséquences risquaient d’être lourdes à porter.
Dans un lieu isolé, à la lueur d’un réverbère, de son regard intense et perçant, pas une seule seconde elle ne lâcha son interlocuteur. La rage lui brûlait les lèvres de l’asséner de ne plus jamais s’oser à la toucher de la sorte, à l’entrainer à sa suite. Nul n’était autorisé à la traiter ainsi, il n’existait d’exception à cette règle. Néanmoins, la belle n’en décrocha pas plus un mot que ses yeux d’une fermeté implacable. Puisqu’il avait tant à dire qu’il parle ! Qui l’eut-cru aussi bavard ? Pire qu’une femme dirait certains. Quand le loup eut posé ce qui ressemblait à un point final, usage de l’interrogation pour lui donner ouverture à la parole, la singapourienne roula brièvement des yeux avant d’esquisser les prémices d’un sourire, un soupçon narquois au coin de ses lèvres qu’elle dévoilait en ôtant le masque qui les recouvrait.
« Je peux en placer une ? » souligna-t-elle avec ironie comme lui-même, à ses yeux, pouvait tout autant essayer de revendiquer la figure d’autorité, la fermeture à la discussion qu’il entendait lui reprocher. Certes, l’agacement sur l’instant empêchait Hera d’aborder la situation de manière objective. D’autant plus que tout autant que lui, la singapourienne ne se résignerait pas à courber l’échine, peut-être encore plus car éprouvant la nécessité de ne pas se laisser dominer malgré sa petite taille, malgré son sexe et l’inévitable infériorité physique qui faisait bouillir le sang dans ses veines. Zhang Hera n’était inférieure à personne !
« T’ai-je donner l’impression de vouloir te manipuler ? Si tel avait été le cas, soit tu n’y aurais vu que du feu, soit tu n’en aurais eu conscience qu’une fois piégé ! »
Assurément, si son intention avait été telle, son procédé l’aurait été tout aussi différent. La colère n’engendrait souvent que la réciproque, elle le savait, mais ses ardeurs étaient à l’instar des extrêmes de son tempérament, de la démesure de son pays natal. Inconsciemment, par ses élans tempétueux, Hera laissait une ouverture à la confrontation, plus ou moins gérée. Néanmoins, si elle voulait s’épargner toute lutte, mettre un terme aux clivages, elle connaissait les stratégies et les moyens parfois des plus impitoyables. La brunette avait toujours été sujette aux coups de sang, la récurrence de leur manifestation ne se révélait être que l’expression de sa spontanéité libérée, paradoxe d’un esprit aussi franc que manipulateur.
« Je ne suis plus comme ça. Pour preuve, ne t’ai-je pas accorder le droit de paroles ? »
Une petite étincelle dans le regard, sans doute parce qu’il avait prononcé un interminable discours, sa fureur s’était estompée mais son tempérament ne s’en endormait pas pour autant. Hera le provoqua volontaire avec un petit éclat espiègle dans la voix, et de l’amertume étirée, le coin de ses lèvres se dessina davantage d’une pointe de malice.
« Sauvage, impulsif et colérique ? Alors tu pourrais être surpris… »
S’il ne voyait en elle que la poupée capricieuse, qui faisait passer la frustration de sa résignation aux codes de la société sur les autres, alors il se mettait le doigt dans l’oeil. Lui non plus, il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Avant, cela n’importait pas. Ils n’avaient réciproquement aucune raison d’essayer, d’apprendre à mieux se connaitre. Désormais, la situation avait changé, s’ils devaient devenir des partenaires, comme l’eut-il si bien dit, alors, ils devront faire des efforts, autant l’un que l’autre !
« Crois-tu que je n’ai pas d’instinct ? Crois-tu que je n’ai pas le sang aussi chaud que le tien ? Peut-être, je ne sais, je peux être autant de feu que de glace. Mais le monde ne nous permet pas d’agir simplement au gré de nos instincts. Pourquoi crois-tu que j’étais été placée égérie ? Je me doute que tu t’en contre-fiche, mais puisque je t’ai écouté, c’est à ton tour. N’est-ce pas ce que tu préconise, égalité de statut ? »
La renarde ôta écharpe, manteau et bonnet, libérant sa longue chevelure voluptueuse épousant ses épaules. Qu’importait le froid, elle avait le sang suffisamment chaud pour tenir quelques minutes ainsi dévêtue. Elle voulait juste se libérait de cet anonymat qui la brimait. Libération factice car à l’abri des regards mais néanmoins symbolique et dictée par son instinct :
« Ce statut d’égérie outre une stratégie relationnelle et financière n’est rien de plus qu’une façon de m’enchainer, justement pour brimer mon impulsivité. Pourquoi ne pas me rebeller ? Parce que quoi qu’il arrive, nous sommes toujours retenus à des chaines ou à d’autres, à moins de verrouiller son coeur à quiconque. Je me plis aux règles et aux codes pour ceux qui me sont chers, pour ne pas que mes dérapages se répercutent sur eux d’une manière ou d’une autre. »
Son ton demeurait depuis le début parfaitement calme mais ferme et assuré. Elle avait foi en ses convictions. Son regard déterminé mais non agressif témoignait de sa faveur, et de la véritable force qu’elle pouvait puiser de son coeur :
« Ta précieuse liberté n’est qu’une chimère. Quant à la mienne, je suis prête à l’amputer, à la sacrifier pour le bien de ceux que j’aime. »
Pourquoi lui disait-elle tout ceci ? Pourquoi s’ouvrir et s’épandre autant sur le sens profond de ses pensées. Il n’était qu’un anonyme, un individu presque sans visage avec lequel partager des moments où elle souhaitait un peu décrocher. Non, il ne l’était plus.
« Ils n’ont simplement pas à le savoir, alors, même si je me doute que ce soit ton genre, ne t’avise pas d’ébruiter mes propos. »
Pudeur des sentiments, Hera qui était pourtant prête à une grande dévotion pour ses proches, ferveur qu’elle s’était découverte de plus en plus que récemment, n’osait encore la révéler. Parce qu’aimer signifiait être faible, parce qu’aimer semblait être une honte. S’exposer, se dévoiler au risque d’être blessée, au risque d’être repoussée. Une prudence qui parfois, à cause d’oeillères protectrices pouvait causer du tort comme il avait failli en être il y avait peu avec Hyeon. À ne pas oser croire en ses sentiments que le pianiste tentait de lui confesser, elle avait failli commettre une terrible erreur.
Un frisson parcourut son échine. Vent froid de l’hiver qui s’immisça comme pour l’aider à balayer ses pensées, à changer de sujet, afin que de nouveau renaisse ce léger rictus malicieux qui sciait si bien à ses lèvres.
« Le renard et le loup… , réfléchit-elle à dans un souffle audible et amusé. Aussi ressemblants que différents. »
L’égérie renfonça son chaud bonnet sur sa tête tandis que ses oreilles souffraient des piqûres du froid. Puis, ses yeux se relevèrent vers son interlocuteur, sans perdre de cet éclat subtil qui illuminait son visage :
« Nous devons, je crois, nous amadouer l’un l’autre… »
Délectation de la perspective d’une idée naissante dans son esprit : baisser les armes ? Pas tant que cela, plutôt détourner leur usage :
« Ne devrions pas mettre cela en scène ? Le renard et le loup qui se découvrent, s’éloignent et se rapprochent, poussés par la curiosité, par la persévérance et le défi de balayer les idées reçues. » De son écharpe, elle entoura derechef son cou. « Un jeu, duel où nous cherchons à prendre le dessus l’un sur l’autre, usant chacun de ses propres méthodes, pour finalement parvenir à un juste de milieu de compromis. Et par la même occasion, se rire à la fois de manière aussi subtile que manifeste de la dysharmonie caricaturale de nos adversaires. »
Flammes qui s’embrassèrent dans son regard, peinture de la victoire, une envie de rendre ce défi encore plus corsé et enrichissant :
« Veux-tu jouer à ce jeu là ? Le mettre en scène, que notre propre entraînement devienne l’essence et la source d’inspiration de notre tableau final ? À voir, si terminerons sur l’harmonie ou sur la rupture. »
S’accorder tous deux à faire des efforts, s’ouvrir autant à la discorde qu’à la concorde afin de dessiner le croquis d’une fresque explosive à l’issue incertaine et en conséquence d’autant plus intrigante.
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Re: Qui provoquera Rox et Rouky s'y fera mordre les doigts... ft. Jeha | Mar 29 Aoû - 0:10 Citer EditerSupprimer
Tu as oublié comment être aimable. Tu as oublié les sourires spontanés, la tranquillité d'esprit et ce que tu ressentais avant que cette méfiance ne vienne teinter ton monde, de la même manière que la nuit voile celui dans lequel tu évolues. Mais sur la glace, tu retrouves cet ancien toi. Et les émotions négatives qui polluent tes rapports humains semblent s'évanouir, et ce malgré sa présence. Elle n'est plus une femme à tes yeux. Elle est un compagnon, un partenaire, une motivation à te dépasser. Elle est le renard proche du loup. Elle est le Rox de ton Rouky.
Si la colère qui ravageait ses pupilles ne me toucha pas, j'eus plus de mal à tolérer la lueur de mépris qui l'accompagnait. La mâchoire dangereusement contractée, je m'efforçais d'emmurer le loup qui ne demandait qu'à hurler et dont l'orgueil venait d'être bafoué par l'éclat de sa prétention. Ce n'était qu'une enfant. Du moins était-ce ainsi que je considérais encore ma plus jeune sœur, pourtant nettement plus âgée qu'Hera. Aussi retins-je les mots cinglants qui écorchaient mes lèvres serrées devant tant de suffisance. Pour qui se prenait-elle ? Ma peau, échauffée par une irritation renaissante, roula sur les os d'un visage tendu. Mais les chaînes ne résistèrent pas à la brusque hilarité ironique d'un animal insoumis. Mes lèvres se fuirent, mes yeux sombres s'étirèrent et ma nuque bascula légèrement tandis que s'échappaient les notes graves et suaves d'un rire mordant. « Par respect pour toi, et parce que je te juge trop intelligente pour tomber dans de tels clichés, je vais considérer cette remarque comme étant une tentative humoristique d'alléger une conversation tendue. » Seule l'étincelle qui avait luit dans ses yeux me retenaient encore près d'elle suite à une phrase qui, d'ordinaire, aurait plus qu'hérissé le poil d'un loup indomptable. Je ne demande qu'à être surpris. Dans un sens plus que dans l'autre. J'attendais de voir sous le visage glacé d'une jeune fille parfois guindée l'animal de feu qu'elle prétendait être. Je désirais qu'elle me détrompe et allège les doutes que son attitude récente venait de faire naître. Défiant, je coulais les mains dans les poches de ma veste sans quitter du regard celle qui me demandait d'écouter. Le monde est tel qu'on le choisit. Les mots effleurèrent ma langue silencieuse mais sans prendre leurs envols. Je demeurais muet, et à l'écoute d'une brune discourant sur les impacts et conséquences d'une liberté qu'elle ne s'accordait plus par amour. Néanmoins, je ne pouvais pas -ou ne pouvais plus- comprendre. Le sacrifice de soi même au nom des autres était pour moi une connerie à ne jamais faire. Le voile de mes cils chuta et effleura deux pommettes tissées d'écarlate. Ce fut un battement éthérée, à l'image de la neige tombée quelques heures plus tôt. « Je ne me fou pas de tes opinions et j'entends d'autant plus ton discours qu'une amie m'a tenu le même il y a quelques jours. Elle aussi sacrifie sa liberté et se laisse brider pour protéger ses proches. C'est un comportement que je peux tenter de comprendre … un peu, mais qui me rend dingue. » J'inspirai profondément, happé par les souvenirs d'une discussion récente. Les émotions d'hier alors m'effleurèrent. Je ne digérais pas mon incapacité à protéger Séol ou à lui faire entendre raison. Je soufflai doucement pour alléger un cœur serré. L'air chaud effleura mon inférieure puis se mua en un nuage de buée qui troubla le visage d'un vis à vis sûr de ses convictions. « Elle est aussi chimérique à tes yeux que tes raisons sont illusoires aux miens. » La liberté était un sujet épineux pour chacun d'entre nous. Décriée ou adulée, elle ne laissait jamais indifférent. Et pour moi … elle était d'autant plus viscérale qu'elle était mon bouclier contre la souffrance engendrée par les chaînes dont elle parlait. J'avais été enchaîné, aveugle, abrutis par les conventions et les croyances populaires. Plus maintenant. Peut-être était-ce chimérique de le penser et d'y croire mais je préférais l'illusion à l'abandon. « J'ai autre chose à faire de ma vie que de colporter ce que tu ressens Hera. Tu peux dormir tranquille. » répliquai-je calmement. Ce furent les dernières braises d'une discussion houleuse. Le vent glacée les souffla violemment et les frissons se multiplièrent. Les lèvres sèches et violacée, je les serrai tandis qu'elle étirait les siennes en un sourire familier. La flamme qui brillait dans ses pupilles noires n'était d'ailleurs plus ni ironique ni orgueilleuse. Elle avait une idée. Mon sourcil navigua légèrement sur un front aussi pâle que l'hiver qui nous fouettait et dont l'impétuosité était soulignée par le ballet déchaîné des mèches sombres sur mon front. Sa remarque fit tressaillir les commissures de ma bouche. Néanmoins son idée réveilla une curiosité latente et jusqu'ici étouffée par la colère. Je hochai légèrement la tête, prêt à rebondir sur une proposition qui me plaisait d'autant plus qu'elle nous ressemblait, mais le vibreur de mon téléphone me coupa dans mon élan. Je refermai les doigts sur l'appareil tremblant et le sortis de ma poche. Le nom de ma sœur s'y inscrivant, je fis un léger signe à Hera et me détournais pour prendre l'appel. Il suffit de quelques mots, d'une intonation pour que la scène présente s'efface de mémoire. Le combat, le poing frappé et le début ouvert sur la liberté disparurent, gommées par l'inquiétude que je ressentis. « Ne bouge pas, j'arrive. » Elle répondit par l'affirmative et raccrocha. Le cœur au diapason des tonalités que je finis par assassiner d'une pression du pouce sur le bouton, je me tournai vers Hera. « J'aime ton idée mais on en discutera plus tard. Il faut que j'y aille. » Je replaçai mon sac sur mes épaules et détournai les talons pour m'éloigner, motivé par l'urgence. Néanmoins, j'eus un dernier mot pour Hera, vers laquelle je me tournai légèrement. « Sois prudente en rentrant. » Elle me rappelait Eun Bi, que je n'aurais pourtant jamais laissé seule au milieu des bosquets. Toutefois, je ne pouvais guère m'amuser à la traîner vers la patinoire pour m'assurer qu'il ne lui arriverait rien. Elle était libre et adulte, malgré sa jeunesse apparente. Je la délaissai donc et m'éloignai, le pas silencieux sur les plantes gelées par le vent. Je l'étais aussi. Mais j'oubliais. Je ne pensais plus qu'à rentrer le plus rapidement possible à l'université pour comprendre ce qui avait pu arriver à Eun Bi pour qu'elle m'appelle. Car je savais, malgré sa question insipide et son ton faussement enjoué que quelque chose clochait. Je savais assez pour la rejoindre manu militari sans plus me poser de question.
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