Elle avait divulgué un bout de son identité, deux mots avaient suffi pour tenter de se défaire de ce sentiment qui l’oppressait. Elle ne savait pas si elle devait craindre qu’il ne les utilise contre elle, mais il était bien trop tard pour revenir en arrière. Les dernières larmes roulaient sur ses joues, mais ses pleurs se tarissaient, laissant à la coréenne un dernier hoquet. Calme toi Eun Mi, tu n’as rien, tu es vivante et tu n’as rien ! L’angoisse était encore présente, la peur presque palpable, mais elle s’était toujours évertuée à faire confiance. Où cela la menait-elle aujourd’hui ? Dans une ruelle, avec un illustre inconnu tenant un discours incohérent. La coréenne ne fut pas surprise de sa question, pas plus qu’elle ne fut offensée. « Je ne mens pas, je le jure ! » Sur un ton qui se voulait rassurant et honnête, elle voulait enfin reprendre pieds, laisser ce moment désagréable derrière elle. Elle l’écouta se présenter à son tour, un nom qu’elle ne connaissait pas, qu’elle n’avait jamais entendu. Jung Hwan Baek. Elle attrapa timidement la main qu’il lui tendait. « Je crois que oui. Ça va. » Il semblait tout à coup beaucoup moins effrayant. Presque amical. Il ne lui en fallut pas plus pour s’accrocher à ce sentiment, cette porte de sortie qui lui permettrait de laisser l’angoisse derrière elle. Avec difficulté, elle se releva, les jambes ankylosées d’être resté recroquevillée sur elle même si longtemps. Ses muscles protestaient de soudainement devoir s’étirer après avoir été tant crispé par la peur. Elle attrapa son sac pour en sortir un mouchoir, essuyer les dernières larmes qui avaient coulé, les dernières preuves de sa frayeur. Elle épousseta ses vêtements en attendant que son sauveur de l’imite et se lève à son tour, et lui offrit un sourire timide. « Un chocolat chaud alors ? » La ruelle lui semblait bien sinistre à présent, les bâtiments et Hwan Baek avaient été seuls témoins de son désarroi, et elle ne voulait plus se laisser abattre. Eun Mi se sentait reprendre quelques forces et elle comptait bien se ressaisir. Elle se pencha vers l’artère encore animée, la foule pressait le pas, ignorant tout du drame qui avait failli se produire à seulement quelques mètres d’eux seulement. N’osant pas faire le premier pas elle même, elle se retourna sur son sauveur, le suppliant intérieurement de bien vouloir prendre les devants. La coréenne craignait que ses agresseurs ne soient tapis dans l’ombre, attendant le moment opportun pour s’en prendre de nouveau à elle. Mais enfin Eun Mi, tu n’es pas la seule fille au monde, qu’est-ce qui te fais croire qu’ils n’attendent que toi ? « Est-ce que tu connais un peu les lieux ? Je… » Soupirant, elle ne connaissait absolument pas ce côté de Séoul, pour n’y être venu que de rares fois, et toujours accompagnée. « Je ne connais pas bien les environs à vrai dire. » Une fois à son côté, elle ne put s’empêcher de lui saisir le bras. Un geste pour le moins surprenant qu’elle se refusait d’être aussi familière, mais qui la rassurait tout de même. « Je… Je te suis. »