Rapidement Bom Chan se recule dans un grognement en faisant un doigt d’honneur au gardien et aux autres détenus. « Allez-vous faire foutre » marmonna-t-il avant de retourner s’asseoir avec Rei à leur place respective. « T’es ma copine qu’ils aillent se faire mettre ailleurs ces fils de putes » ronchonne Bom Chan. Il préfère en rire aussi, pas penser à la demande de son frère. C’était quoi ces conneries de toutes façon. Il était hors de question de Rei se foute en l’air … Bom Chan était pas prêt à ça, pas prêt à vivre sans lui, à vivre sans son frère. Il serre les dents ayant du mal à se défaire de cette idée et préfère le croire quand il lui dit qu’il ne lâchera pas jusqu’à la délibération. Bom Chan ne le laissera pas lâcher l’affaire de toute façon. L’un des détenus les fixes en se foutant de leur gueule et Bom Chan sent la colère monter en lui. il était ce genre de mec qui n’avait rien contre les gays, mais il était hors de questions qu’on le prenne pour une pédale. Il ancre son regard à celui de l’homme en face de lui sans baisser les yeux pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas peur de lui et de ses conneries. La seule raison qui le poussa réellement à détourner les yeux c’était Rei. Il n’avait pas envie que son frère se mange la conséquence de ses provocations. Il soupire et serre le poing « Vivement que je te sorte d’ici putain. » et c’était vrai, et c’était ça leur lien. Leur empathie. Ce que vivait l’un, l’autre le ressentait aussi. Bom Chan avait plus de liens et de vie avec Rei qu’avec son jumeau. Il se penche discrètement vers lui et murmure tout bas. « Je me suis arrangé pour te faire avoir un téléphone, soit prudent quand tu l’utilises. Va voir Won Ho. Je ne sais pas qui c’est mais renseigne toi. Dis-lui que c’est Bom Chan qui t’envoie et que s’il te file pas le truc qu’il te doit je ne respecterais pas ma part du deal. » Il avait pensé que ça pouvait aider à faire tenir Rei sur les derniers jours. « Tu connais mon numéro par cœur c’est bon ? » dans le doute il lui récita à nouveau et lui récita aussi celui de Wen Yi. Juste au cas où. « Peut-être que si elle t’envoie des photos d’elle à poil tu dormiras mieux. Non ? » Ricane-t-il en se moquant de lui amusé. « Et il aura deux autres sachets pour toi. Pour ta jambe. Mais vas-y mollo j’ai pas réussi à en avoir plus. C’est les doses que tu prends pour 4 jours normalement. Essaye de tenir au moins 15 jours avec ça … okay frère ? » Bom Chan s’en était voulu de ne pas avoir réussi à lui faire passer plus d’anti douleur que ça. Il avait fait de son mieux mais avec le changement de directeur de la prison les deals avaient été surveillé de plus en plus prêt et les gardiens leur laisser passer de moins en moins de choses … mais à force de persévérance Bom Chan s’était occupé de tout. il était hors de question qu’il laisse souffrir Rei les bras croisés. 

Rei préférait plaisanter de sa détresse plutôt qu'en pleurer. Les hommes ça ne pleure pas qu'on lui avait rabâché lorsqu'il était petit, alors il serrait les dents. Il serrait les dents et il pensait à se foutre en l'air, comme si ça arrangerait les choses. Il se rassit après cette pseudo-altercation avec Bom Chan, le cœur serré malgré tout. Pourtant il se força à rire aux propos de son meilleur ami, il savait déjà que ça allait le poursuivre avec ses co-détenus, mais il espérait que ce n'était plus pour très longtemps. D'une manière ou d'une autre. Un sourire en coin étira ses lèvres lorsqu'il entendit ce que son frère de tout sauf de sang avait préparé pour lui. Il se rendait compte des risques qu'il prenait, mais aussi de ce que ça devait lui coûter. De l'argent, du temps, des efforts... Rien ne se faisait sans rien, et il ne voulait pas imaginer ce que Bom Chan devait promettre ou payer en retour de ce téléphone. « Tu crois vraiment que j'peux oublier ton numéro ? Je suis rouillé mais pas sénile. » Il eut un rire rauque, qui le fît tousser, parce qu'une des seules activités qu'il avait dans cette foutue taule c'était fumer. Fumer et ne plus avoir d'activité physique foutait son corps en l'air plus qu'il ne l'était déjà. « Si elle m'envoie des photos à poils je vais encore moins dormir... La frustration frère, ça rend ouf ! » Il prit un air un peu plus espiègle. « Mais des photos de toi à oilp' je dis pas ! » Et une fois de plus son rire rauque, sincère et pourtant froid résonna alors qu'il se moquait de Bom Chan. Mais bizarrement, c'était savoir qu'il allait avoir des cachets qui l'excitait le plus. Il était en manque presque à chaque instant. Le fait qu'il ait eu la possibilité de se fournir des petites doses par-ci par-là avait nourri son addiction sans la contenter, il était donc toujours entre un état de satisfaction moyenne et de manque totale. Et tout ces mois dans cet état l'avait épuisé, il ne garantissait pas de tout avaler d'un coup pour être apaisé aucun moins une fois, juste une fois, pour la première fois depuis des mois entiers. « T'es une mère pour moi, j'te l'ai déjà dit ? » Il afficha un sourire sincère, tordu mais plein de toute la gratitude dont il était capable. Il n'avait pas à dire merci, son meilleur ami saurait interpréter son sourire comme il devait l'être, ce qui avait plus de valeur que n'importe quel « merci » dit à haute voix. Il avisa un des gardiens arriver pour dire à Bom Chan que son heure de visite était terminée. Rei croisa le regard du coréen. « Je sais que j't'ai fait flippé, mais je m'accroche t'en fais pas pour moi. » Il se leva et prit son frère dans ses bras dans ce qu'ils s'amusaient à appeler « une accolade virile ». On ne le laissa pas attendre de voir Bom Chan quitter la pièce, un gardien l'entraîna de son côté pour le ramener dans l'enfer de sa cellule. Rei n'était pas croyant, et avec tout ce qu'il avait fait, il était mal placé pour demander la compassion d'un quelconque dieu, mais il priait intérieurement pour que la délibération prenne fin rapidement. Il ne tiendrait plus très longtemps, mais encore grâce à son frère, il avait de quoi l'aider à s'accrocher.

« Ouais, accroche-toi frère. » conclut Bom Chan en le regardant. Il ricane à ses paroles, imagine bien son meilleur ami totalement frustré de ne pas pouvoir s’envoyer en l’air. Depuis combien de temps est-il enfermé déjà ? Beaucoup trop longtemps.  Beaucoup trop pour ne pas ressentir le manque. De sexe, de drogue, de vie. Et comme s’ils étaient liés Bom Chan le ressent aussi. Il a beau s’envoyer en l’air, être libre, tout lui parait fade. Tout lui parait … sans goût et amer. La vérité c’est qu’il s’interdit de vivre tant que son meilleur ami est enfermé. Alors c’est vrai parfois, il se perd dans les draps de lin Yao et  ça lui fait du bien. Un plaisir coupable qui l’aide à tenir et qui l’aide à se battre pour son frère. Il sait qu’il a gagné, il sait au fond de lui qu’ils pourront aller loin si Rei y croit aussi … Il a décidé d’y croire pour deux et de soulager son frère du mieux qu’il pouvait. Quand les gardiens arrivent, Bom Chan râle, c’est trop tôt,  trop rapide. Il le sait déjà libre alors de le voir repartir ainsi lui arrache un grognement de colère. Il lui rend son accolade et murmure tout bas « Je serais là. » dès que tu sors, dès que tu sombres. Je serais là qu’importe le moment … je, serais, là. IL soupire une dernière fois et attends que son meilleur ami disparaisse de son champs de vision pour se détourner finalement. Il y a encore tant de choses à préparer. Il ne veut pas perdre plus de temps. il redresse les épaules, foudroie du regard les quelques idiots qui le fixe d’un air moqueur et quitte les lieux rapidement. Son frère va être libre, il le sent de toutes les fibres de son corps.