« J’aurais été déçu du contraire. » S’il l’aime bien Soko c’est parce qu’elle a cet esprit rebelle pour ne pas dire un peu libertin. Elle fait ce qu’elle veut, elle dit ce qu’elle veut et elle ne se soucie pas du regard des autres. Jusque-là il pensait qu’elle s’habillait aussi comme elle le voulait mais visiblement ce n’est pas le cas, il a presque failli être déçu. Il la taquine sa petite Soko, elle le corrige comme si elle était en bonne position pour le faire. Dans une énième gorgée, il fait glisser le liquide ambré qui corrige sa faim naissante. Il parle beaucoup de son frère, Noma, mais il ne s’en rend même pas compte. C’est aussi pour ça qu’il ne le supporte pas des masses, il l’obsède beaucoup trop pour aborder le sujet sereinement. En attendant il propose à Soko une chambre dont il n’est, en toute vérité, pas assuré de l’inoccupation. Il s’en fou Noma, tout ce qu’il veut c’est qu’elle reste dans les parages mais visiblement c’est encore une enfant surveillée. Le pire c’est qu’elle pense que ça puisse avoir quoi que ce soit d’attractif à ses yeux. « On ne s’est pas bien compris. Je veux toutes les informations sans avoir à venir habiter chez toi. Sans vouloir devenir irrespectueux ça ne donne pas super envie. » A vrai dire ça fait même flipper mais il se retient de le lui préciser pour éviter de la vexer. « Bon dans mon lit alors. » qu’il lâche comme ultime concession en se désignant de ses deux mains comme s’il était en pleine justification.

Il ne rétorque rien à la remarque de Soko, jugeant plus habile de ne rien répondre. Il faut parfois savoir se taire et ça même Noma l’a compris malgré son goût prononcé pour la provocation verbale. Par contre ce qu’il n’abandonne pas c’est son ambition de voir Soko abandonner ses projets personnels pour rester en sa compagnie. Il estime qu’elle ne pourra s’en aller que lorsqu’il en aura décidé et quelque chose lui dit qu’il ne prendra pas sa décision avant vingt-deux heures. « Inutile t’a passé l’heure. »Il ignore ses réprimandes et s’enfonce, comme un enfant oui. « Quelle triste vie j’ai l’impression de revenir dix ans en arrière. » Ca fait vieux comme ça dix ans mais ça correspond à l’époque où il fallait compter sur des horaires précises pour aller voir ses copains, tout en demandant la permission d’abord bien sûr. Enfin… quand il n’avait pas le nez pointé de force dans les bouquins. Il la suit, se levant sous son influence comme si elle avait la moindre force pour le soulever. « Non pas encore. » La vérité c’est qu’il a la flemme de cuisiner quoi que ce soit alors comme d’habitude il compte commander. « J’abuse de quoi ? De t’avoir fait changé d’avis ? » qu’il questionne avec un air fier, pas du tout préoccupé par sa lourdeur sur le sujet. « T’es plutôt pizzas ou burgers ? » qu’il demande en allant chercher dans un tiroir la multitude de feuillets promotionnels régulièrement remis à jour qu’il collectionne. « Je partirais bien sur un KFC. Histoire de partager mon poulet avec toi. » qu'il articule en s’achetant un air de pervers bien lourd et une tonalité de voix dégoulinant dans les graves, s'approchant dangereusement de Soko ses prunelles plantées dans les siennes.

« Tu m’imagines tout de suite en playboy. C’est fou ça » qu’il lâche les sourcils ondulés dans toute l’arrogance qu’il peut réussir à puiser en lui. Ca l’amuse de jouer son rôle de gosse de riche alors que de l’autre côté il s’évertue à le renier. Une sorte d’autodérision qui le fait rire lui-même. Il parlait de ses amis en général mais pour Soko il s’agirait uniquement de filles. « Merci de me faire ce plaisir. Même si j’adore entendre le son de ta voix. » son jugement en revanche un peu moins. Mais elle n’est pas apte à le juger, il le sait bien. « Je pense à toi. » voilà ce qui lui permet de mieux dormir la nuit. Il aoute à ça un petit sourire carnassier et c’est limite s’il ne tend pas la joue pour se faire battre. Il se tâte Noma, son idée de KFC lui met l’eau à la bouche mais c’était sans compter sur la non participation de Soko. Il dépose le papier près d’elle, ignorant l’activité à laquelle elle cherche à s’adonner dans la cuisine. Pas besoin de chercher : la réponse est sous ses yeux. Ou dans les siens, ceux dont il intensifie le regard comme un type aux idées douteuses. Il est tellement concentré dans son numéro qu’il ne considère par les mains de Soko comme une menace, il pense même qu’elle joue le jeu. C’est sans compter sur ses chatouilles imprévues qui le surprennent dans un bond, se déhanchant légèrement pour tenter de faire cesser la jolie brune. « Je t’aide déjà. C’est quoi ce chantage à deux balles. » Toutes ses techniques de manipulation sont vaines face à une telle tentative. Il se libère en se reculant, les bras repliés par autodéfense devant lui. « C’est hyper suspect ce que tu fais là, tu dois vouloir m’empoisonner pour te mettre aux fourneaux. »