C'était la douleur, c'était le sang sur sa nuque, les brûlures sur son visage, son poignet qui le lançait comme jamais il n'avait ressenti ça. C'était la peine, c'était toutes ses émotions qui refaisaient surface, c'était toujours la colère qui faisait trembler tout ses membres sans qu'il ne puisse l'arrêter. C'était toutes ses émotions qui le firent tomber à même le sol lorsque l'autre fut partie, ses larmes qui roulaient sur son visage alors qu'un sanglot s'échappait de ses lèvres. Il n'avait jamais su gérer tout ça, il ne savait pas comment les autres faisaient. Un dernier sanglot s'échappa encore de son corps, le secouant de toute part, puis il sécha ses larmes (il tenta, d'autres sadiques sortaient de ses yeux et roulaient encore sur son visage ébouillanté), attrapa son téléphone (cet imbécile utilisa, comme à son habitude, sa main dominante, n'ayant pas enregistré qu'il avait -sûrement- un poignet cassé) pour... Il ne savait pas pourquoi, d'ailleurs. Il se leva, tenta de se calmer une nouvelle fois, en vain. Puis attrapa sa veste, et sortit à son tour. Il fallait qu'il aille à l'hôpital, il n'avait pas le choix. Sur le chemin, il envoya un seul sms, à Eun Mi, espérant qu'elle amène avec elle un peu de calme, il en avait bien besoin ‹ tu peux me rejoindre à l'hôpital stp ? ›. Un taxi, un peu de marche, et il était dans la salle d'attente des urgences, souhaitant être soigné pour ne pas finir défiguré à vie, attendant son amie, et observant l'état des gens tout autour de lui, puis son poignet qui commençait à enfler.

La jeune coréenne était concentrée sur l’un de ses devoirs de littérature. Les lèvres pincées, la langue sortie, elle faisait preuve d’un sérieux extrême. Son crayon courait sur les pages de son livre pour retenir les meilleurs passages, ceux qui seraient dignes d’être cités. Elle était dans un autre monde, comme à chaque fois qu’elle tournait les pages d’une œuvre. Alors quand son téléphone vibra sur le bois du bureau, elle sursauta. Fronçant les sourcils elle se demandait bien qui pouvait lui envoyer un message. La tête encore dans son devoir, elle saisit l’objet et s’accorda une petite pause. Elle failli lâcher son téléphone lorsqu’elle lut le texte qui s’affichait sous ses yeux. tu peux me rejoindre à l'hôpital stp ? Sans même réfléchir elle bondit de sa chaise pour attraper sa veste et aller au secours de son ami. Malheureusement Eun Mi n’a pas beaucoup de moyens, et la seule façon pour elle de se rendre à l’hôpital était donc de prendre le bus. Le trajet lui parut interminable et une fois qu’elle fut arrivée au lieu de rendez-vous, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas répondu au message de Se Yun. Les mains tremblante de ne pas savoir ce qu’elle pourrait découvrir elle partit à sa recherche, oubliant d’envoyer son message. Et elle le trouva enfin. L’hôpital la rendait nerveuse, elle se souvenait des derniers instants de sa mère, et ça ne l’aidait pas à rester maîtresse de ses émotions. Mais de toute façon Eun Mi n’avait jamais su les maîtriser. En voyant le visage de Se Yun elle porta les mains devant sa bouche grande ouverte, les yeux écarquillés. Elle s’avança vers lui prudemment, mais une fois à son niveau elle ne put s’empêcher de laisser couler une larme. « Oppa … mais … mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » Délicatement elle fit courir le bout de ses doigts aux endroits boursoufflés de son visage, essayant de jauger la situation. « Tu as appelé un médecin ? Il faut appeler un médecin ! »

L'attente lui paraissait interminable. Les malades ne défilaient pas, ils restaient tous à leur place. Il avait envie de râler, il était toujours énervé, le trajet, malheureusement, ne l'avait pas calmé. Il aurait voulu à nouveau frapper dans le mur, mais cela aurait été, encore une fois, une mauvaise idée. Il soupira. L'attente lui paraissait interminable. Les infirmières se baladaient entre eux, les jugeant, ou essayant de deviner la cause de leur venu. Pour lui ce n'était pas difficile. Une d'entre elles le regarda avec un air de surprise, puis de dégoût, et il lui jeta un regard noir. Qu'elle était conne, qu'elle était bête. S'il n'avait pas été en public il aurait remplacer son expression par une de terreur. L'attente lui paraissait interminable, puis enfin il aperçut Eun Mi qui s'approchait de lui. Il se calma instantanément, et espérait que grâce à elle le temps passerait plus vite. Il vit une goutte d'eau couler sur son visage, et les siennes qu'il retenait encore menacèrent elle aussi de subir le coup de la gravité. Il les ravala, reniflant bruyamment. Qu'est ce qu'il lui était arrivé ? ‹ je me suis battu, et aucun de nous n'a gagné ›, lui répondit-il tout simplement, levant son poignet gonflé pour lui montrer, ses lèvres se tordant en un sourire triste et tremblotant. On entendait quelques sanglots dans sa voix, mais il était encore déterminé à les retenir. Il était mal de lui faire subir son état, mais il n'avait pas su qui contacter d'autre. ‹ faut juste compléter un dossier, mais j'ai pas pu › Encore une fois, il montra son poignet. ‹ tu veux bien m'aider ? › sa voix tremblota une nouvelle fois, mais si il pleurait, elle aussi allait le faire, et ils ne s'arrêteraient jamais.

Battu ? Elle s’en serait certainement doutée au vu de son apparence. Elle resta dubitative en apprenant qu’aucun n’avait gagné. Qu’est-ce que cela signifiait ? Ils s’étaient fait prendre par un policier ? Se Yun s’était fait attaqué par un groupe de délinquant qui l’avait laissé, en fuyant devant le corps abîmé du coréen ? Un tas de scénarios différents traversa son esprit, toujours plus sombre les uns que les autres. Il lui montra son poignet et Eun Mi retint un cri d’effroi, il avait plus que doublé de taille et il pendait mollement au bout de son bras. Et en voyant le regard de Se Yun elle essaya de ne pas craquer. Il fallait qu’elle soit forte, pour son ami, pour l’aider. « Un dossier ? Quel dossier ? » La voix tremblante elle mit quelques seconde avant de comprendre qu’il parlait d’un dossier d’admission. Et elle se leva d’un bond, comme si elle avait été assise sur un ressort. « Oui, oui d’accord, ne t’inquiète pas oppa, je vais le remplir ! » Elle tourna la tête de gauche à droite pour essayer de trouver le bureau d’admission, mais elle ne le voyait pas. « Oppa … » Elle tendit la main ouverte vers lui « Ne bouge pas d’accord, je reviens tout de suite ! » Elle hésita une seconde, puis partit à la recherche de ce fameux bureau. Trottinant dans les couloirs, les effluves de désinfectant lui emplissaient les narines, et lorsqu’elle trouva enfin le fameux bureau elle se pressa de demande un formulaire. Elle aurait voulu courir pour rejoindre Se Yun, après tout, il aurait pu se passer mille et une chose pendant sa courte absence, un malaise, une migraine, un arrêt cardiaque… Elle fut rassurées de le voir assis sur son siège exactement comme elle l’avait quitté. Et elle lui montra avec triomphe le document. « Je l’ai ! On peut le remplir ! » Elle reprit place auprès de Se Yun, et s’installa de façon à pouvoir écrire rapidement. « Mais oppa … » Eun Mi était du genre curieuse voyez-vous, et elle ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer le pire, alors elle essaya de se rassurer en se disant qu’il y avait une explication logique derrière tant de blessures. « Comme tu t’es fait tout ça ? Ils étaient nombreux ? » Le visage grave elle posa une main sur celle de son ami, mais en le voyant grimacer, elle se rendit compte qu’elle avait touché la mauvaise main. « OH MON DIEU JE SUIS DÉSOLÉE OPPA ! JE NE VOULAIS PAS… »

Quel dossier ? Il la regarda étrangement. Elle ne devait pas aller souvent aux urgences et il était triste de l'y avoir amené. Mais rapidement elle comprit, et il lui fit un sourire timide lorsqu'elle lui dit qu'elle avait compris. Suite à ses ordres, il ne bougea pas, de toute manière, il n'en avait plus la force. Il s'avachit un peu plus sur sa chaise, et se perdit un peu dans ses pensées. Il avait un peu envie de dormir, juste un peu, mais il n'était pas dans une position suffisamment confortable. Il observa les murs blancs, éclairés de cette lumière trop forte qui faisait ressortir tout les détails ingrats, et fixa ses mains. Ses doigts étaient abîmés eux aussi, un peu de sang avait séché sur ses articulations. Il essaya de l'essuyer mais serra les dents lorsque le contact lui aporta une vague de douleur. Et, alors qu'il espérait qu'elle reviendrait vite, elle était de retour. Il leva les yeux sur elle, et sourit lorsqu'elle lui montra le dossier. Il allait commencer à lui dicter quoi écrire lorsqu'elle se remit à parler. Nombreux ? Non... Il n'était qu'un.. enfin, une. ‹ eum › Il commença, avant qu'un cri de douleur ne s'échappe de ses lèvres et que quelques larmes en profitèrent pour se faire la malle. Il serra les dents, une nouvelle fois, si fort qu'il cru qu'il allait en casser une.‹ c'est pas grave › il siffla. Il aurait voulu secouer ses membres pour faire passer la douleur, mais se retint. ‹ y'avait qu'une personne › Il ne savait pas s'il pouvait lui dire toute la vérité, il ne savait pas comment elle le prendrait. ‹ mais c'était vraiment une sauvage › Il aurait voulu laisser ses mots au masculin, mais les mots et la vérité s'échappèrent tout seul de ses lèvres. Il réfléchit. Une. Deux secondes. Fallait-il lui dire ? Il mordit ses lèvres. Non. Pas encore. Puis il commença à lui dicter quoi écrire sur le dossier. ‹ mon nom, c'est min se yun. ›

Elle voyait bien qu’elle lui avait fait mal en posant sa main sur son poignet blessé. Et se mordit l’intérieur de la joue se maudissant de ne pas être plus adroite dans ses gestes en voyant le visage de Se Yun se crisper sous la douleur. Elle fut abasourdie en apprenant qu’une seule personne pouvait lui avoir fait autant de mal. Une sauvage ? L’esprit littéraire de la jeune coréenne vagabonda instantanément en imaginant une grande amazone qui aurait pu lui régler son compte. Après tous les amazones étaient des femmes guerrières légendaires ! Lorsqu’il commença à dicter, Eun Mi se reprit, droite sur sa chaise, elle nota scrupuleusement les informations qu’il lui donnait. Une fois tout noté et correctement rempli, elle demanda une nouvelle fois à Se Yun de ne pas bouger et courut rendre le dossier complété à l’infirmière du bureau. Elle s’assura une dernière fois que tout était bon, puis repartit au pas de course vers Se Yun. Elle remarqua son ami un peu plus avachit sur sa chaise, la tête reposant sur le dossier, et elle failli tombée tant le choc fut rude. Et s’il était mort pendant ce court instant ? Elle ne se pardonnerait jamais de ne pas avoir été là pour prendre soin de lui. Elle courut jusqu’à lui, voulant le secouer pour s’assurer qu’il se reposait juste, mais elle n’osait pas le toucher. Les mains tremblantes elle les avançait pour les reculer sans jamais le toucher réellement. « Oppa ? » Elle avait lu dans quelques livres qu’il valait mieux éviter de déplacer quelqu’un de gravement blessé, que ça pouvait aggraver son cas. Alors les larmes roulant sur ses joues, elle partit à la recherche d’une infirmière. Elle en accapara une en pleurant à chaude larme que son ami était entrain de mourir et qu’il fallait l’aider, et réussi à la convaincre de la suivre jusqu’à Se Yun. L’infirmière interpela le coréen, cherchant à savoir s’il avait fait un malaise, mais quand il releva la tête quelques secondes plus tard, elle dut se rendre à l’évidence qu’elle avait certainement un peu exagérée. « Je suis désolée, je ne savais pas… je … je suis vraiment désolée… » Elle s’inclinait chaque fois un peu plus, essuyant ses larmes. La nurse lui jeta un regard noir et leur demanda de patienter encore jusqu’à ce qu’ils soient appelés à leur tour. Eun Mi s’installa de nouveau près de son ami, rouge de honte d’avoir paniqué si vite. Puis elle ne pu retenir plus les larmes qui brouillaient sa vue. « Oppa … tu m’as fait peur ! » La jeune coréenne laissa alors éclater les sanglots qu’elle retenait depuis le sms inquiétant.

C'était trop long, beaucoup trop long, tout s'étirait en longueur, le temps d'attente, les questions du dossier, le temps lui même semblait avoir décidé de changer ses valeurs. Il n'en pouvait plus. Son visage le lançait, son oreille et son poignet aussi, à tel point qu'il n'était plus qu'une boule douleur, au bout du bout. Encore une fois, il eut envie de s'endormir, et se demanda si c'était faisable, et s'il allait se réveiller ensuite, ou s'il garderait les yeux fermés à jamais. Personne ne penserait plus à lui... Mais il ne pouvait pas s'y laisser aller, pas quand il était en présence de la jeune femme. Qui s'en était allée rendre le dossier à l'accueil. Il laissa tomber sa tête doucement en arrière, fermant ses yeux quelques secondes, et à peine l'eut-il fait que quelques larmes quittèrent le coin de ses yeux, se frayant un chemin entre les légères cloques qui s'étaient formées sur son visage. Il ne savait même pas s'il pourrait les sécher sans se faire souffrir encore plus. Putain, il en avait marre, et tout ça c'était la faute à l'autre conne. Putain. Encore une fois, il regretta de ne pas l'avoir fait passer par la fenêtre. Il aurait pu prétendre à un simple accident, mais sa conscience lui avait dicté de ne pas le faire. Il commençait petit à petit à sombrer, perdu dans ses pensées, s'imaginant un monde où Hera n'était plus, un monde où il l'avait tué, un monde où elle reviendrait le hanter. Putain. C'était horrible. Comme si même dans le repos éternel elle ne semblait pas vouloir le laisser en paix. Sa tête dodelina un peu sur le côté. Il était fatigué. Il tenta de la remettre droite. Il était fatigué. Mais il ne fallait pas s'endormir, non, pas avant d'avoir été soigné. Il redressa la tête, souleva ses paupières, et sous ses yeux entrouverts se déroulait une scène qui le laissa un moment perplexe. Une infirmière carrément soulée face à une Eun Mi au visage mouillé. Il haussa ses sourcils sous le coup de la surprise. De sa main valide, il attrapa doucement le poignet de son amie pour la faire s'asseoir à ses côtés, posant ensuite sa main sur le haut de sa tête. ‹ je suis désolé › lui chuchota-t-il pour la calmer, mais surtout parce qu'il ne faisait plus confiance à sa voix. Il avait depuis trop longtemps retenu ses larmes. ‹ j'aurais pas dû te dire de venir, je suis désolé de t'inquiéter. › Sa bouche se tordit un peu, et enfin il laissa échapper face à elle une première larme. Elle mêlait la douleur, la tristesse, la fatigue, la colère, et toutes les émotions bonnes ou mauvaises. Et d'autres suivirent, parce qu'il y en avait trop, parce que c'était trop. Il laissa à nouveau sa tête se cogner légèrement contre le dossier de sa chaise. ‹ j'irais bien, je suis sûr, c'est juste un poignet cassé ou déboité je sais pas, mais tout se soigne › Il tenta un sourire, omettant volontairement le reste des blessures, tout se soignait de toute façon. ‹ faut juste pas que je m'endorme parce que sinon je vais louper mon tour › Ah. Il avait compris, c'était la redescente, c'était l'adrénaline qui quittait son corps qui provoquait sa forte envie de se rouler en boule et de fermer les yeux.

Se Yun s’excusa, et la jeune coréenne ne comprit pas tout de suite pourquoi il le faisait. Il regrettait de l’avoir appelé, de lui avoir demandé son aide. Et l’angoisse d’Eun Mi monta encore d’un cran. « Mais oppa, tu sais que tu peux toujours m’appeler si tu as besoin ! » Elle était morte d’inquiétude bien sûr, mais qui ne le serait pas dans un tel endroit ? Il essaya de la rassurer une nouvelle fois en lui disant que tout irait bien. Mais la jeune coréenne ne serait rassurée qu’une fois qu’ils quitteraient ce lieu, ce couloir de la mort. Malgré la température élevée, elle frissonna, les hôpitaux ce n’était vraiment pas son endroit préféré. Il ne fallait pas qu’il s’endorme. Pour ça elle était capable de l’aider. Alors régulièrement, elle l’appelait pour éviter qu’il ne tombe dans les bras de Morphée. Elle trouvait le temps long, pourtant il ne s’était certainement passé que quelques minutes à peine, mais la peur qui lui pinçait l’estomac lui donnait l’impression que les infirmiers et médecins qui passaient devant eux marchaient au ralenti. Puis elle poussa un lourd soupir de soulagement lorsqu’un médecin appela enfin Se Yun. Eun Mi ne savait pas s’il fallait l’accompagner ou seulement l’attendre, alors elle se leva à moitié, voulant aider Se Yun à faire de même. « Je … oppa … je t’attends là ? »

A force de s'empêcher de dormir, il avait fini par faire passer cette envie. Il garda les yeux grands ouvert, profitant simplement de la présence rassurant de son ami. Il regrettait de l'avoir emmener, mais en même temps, il était content qu'elle soit là, parce qu'il n'aurait pas aimé rester seul à attendre. Il ne savait même pas s'il aurait réussis à attendre. Il serait peut être parti, si elle n'avait pas été là, laissant son poignet se soigner seul au risque de ne plus pouvoir l'utiliser, puis abandonner ses études, puis disparaître sur une île pour se la couler douce... Ca semblait être une bonne idée, pourquoi est ce qu'il n'y avait pas pensé plus tôt ? Il hésita un moment entre se lever et partir ou rester assis, mais il n'eut pas à réfléchir plus longtemps puisque le médecin arriva. Il soupira, puis se leva. Il vit Eun Mi en faire de même avant de se raviser presque. ‹ bah non, viens ! › Il lui fit un petit geste de sa main valide pour lui faire signe de venir. Il n'allait pas la laisser seule. La discussion avec le médecin fut désagréable, les soins en furent tout autant, mais, apparemment, il eut de la chance. Ses brûlures n'étaient pas assez sévères pour qu'il le garde à l'hôpital, il pouvait sortir. Il était sûre que cela avait duré des heures. Et il était ressortit avec un plâtre au bras, un pansement sur l'oreille, et une ordonnance pour une crème contre les brûlures et des antidouleurs. Il avait l'air malin, comme ça. ‹ tu as faim ? › il demanda à Eun Mi. Il voulait se faire pardonner. ‹ si c'est le cas, choisis un endroit, choisis ce que tu veux et je t'invite › Il lui fit un petit sourire. Le médecin avait dit qu'il devait prendre un antidouleur dans la soirée, mais il avait tenu aussi longtemps avec la douleur, il pourrait encore tenir quelques temps.

Il lui fit signe de les rejoindre. À vrai dire la jeune coréenne ne savait pas si c’était une bonne idée. Après tout elle n’était pas de sa famille, elle avait surtout peur de déranger plus qu’autre chose. Mais s’il ne voulait vraiment pas il pourrait toujours dire non, n’est-ce pas ? Alors elle lui emboita le pas pour le suivre dans le bureau du médecin. Dans la pièce, elle prit place sur le bord de la chaise, regardant Se Yun se crisper au moindre contact du médecin, et Eun Mi ressentait tellement sa douleur qu’elle grimaçait en même temps que lui. Plusieurs fois elle demanda au médecin si tout irait bien, s’il avait besoin de soins particuliers, et chaque fois il lui donnait la même réponse : du repos et pas de bagarre seraient amplement suffisant. Lorsqu’il s’apprêtait à les congédier, Eun Mi insista une dernière fois pour être sûre que son ami n’avait pas besoin de passer une nuit n observation. « Vous êtes sûr ? Mais et s’il fait un malaise ? J’appelle les ambulances ? » Mais son ton était ferme, et la jeune coréenne n’insista pas. En sortant, Eun Mi se sentait déprimée, elle aurait voulu qu’on soigne un peu plus Se Yun, elle ne savait pas exactement comment, mais elle aurait aimé qu’on la rassure un peu plus. En voyant sa mine déconfite, Se Yun lui proposa d’aller manger un morceau, lui laissant carte blanche pour le lieu. Eun Mi se souvenait alors que lorsqu’elle était malade, sa mère l’emmenait souvent manger une glace. « Une glace ! » Un sourire vint illuminer son visage, mais il était hors de question qu’il l’invite, après tout c’était lui le « malade ». « Mais Oppa, c’est moi qui t’invites ! » Elle planta ses deux pieds dans le sol, les bras croisés sur la poitrine. Elle essayait à nouveau de jouer les dures, mais sa moue qu’elle voulait sûre d’elle la faisait davantage ressembler à une enfant.