Il avait envie de lui offrir un petit quelque chose, même si lui n'avait pas spécialement faim. Il avait la tête dans les choux, le corps encore engourdi, mais il tenait bon. Il avait vécu pire, de toute façon. Ca n'avait été qu'une fille, une simple fille. Il s'était battu avec bien d'autres personnes, ou choses, parfois improbables. Il pouvait presque se vanter d'avoir tout vécu. Une glace ? Ca lui allait très bien. Il attrapa son portefeuille dans la poche interne de sa veste, et s'arrêta net lorsqu'il l'entendit dire qu'elle voulait payer. ‹ mais euh, nan ? › Il la regarda, incrédule. ‹ je peux pas te laisser payer pour moi, non › Il fronça les sourcils, un peu mécontent. Il ne pouvait pas la laisser payer, déjà parce que il n'avait pas besoin qu'on lui paye quoique ce soit, ensuite parce qu'il voulait lui offrir, et enfin, il se sentait encore et toujours émasculé. C'était une femme qui l'avait blessé à ce point, il s'était senti une première fois émasculé, puis il avait dû aller à l'hôpital à cause d'une femme qui lui avait volé une partie de sa virilité, et maintenant, la mignonne petite Eun Mi voulait lui payer une glace, c'était comme si on l'avait castré. Il la regardait avec des grands yeux alors qu'elle semblait être déterminée. ‹ mais non, mais, je peux pas te laisser faire ça, je veux payer › sa voix trembla, et il fronça ses sourcils si fort que cela en perturba sa vision. Et il craqua, parce que c'était trop. Il s'était retenu trop longtemps, et ce fut la goute d'eau qui fit déborder le vase. Toute la journée avait été une suite d'événement qu'il n'avait pas su gérer, il y avait un mix d'émotion bien trop important, et il lâcha un premier sanglot, debout, les bras droits le long de son corps, les poings serrés. Et les larmes coulèrent. Elles roulaient vite sur son visage et se perdaient dans son cou. Elles refroidissaient ses brûlures et il n'osa pas essayer de les recueillir. Il regarda Eun Mi droit dans les yeux, et lui dit avec fermeté : ‹ c'est moi qui paye ok ›

Elle le regarda sortir son portefeuille alors qu’il fronçait les sourcils lorsqu’elle lui avait proposé de l’inviter. « Mais oppa, c’est à toi qu’il faut remonter le moral ! » Le visage fermé et résolu, elle voulait pourtant quand même essayer d’insister, mais lorsqu’elle vit des larmes s’échapper du coin des yeux de Se Yun, elle referma la bouche. Elle ne savait pas pourquoi il se mettait dans un tel état, elle ne voulait pas lui faire de peine, bien au contraire. Elle voulait juste prendre soin de son ami, son oppa qui était couvert de blessures et qui, selon elle, avait désespérément besoin de réconfort. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, mais sa timidité l’en empêchait. Au lieu de ça elle se contenta de le regarder, les yeux embués de le voir craquer. La jeune coréenne compris alors, la douleur devait être vraiment atroce pour qu’il se mette à pleurer comme ça. Puis sur un ton ferme et définitif il ne lui laissa pas le choix. « D’accord. Désolée … » D’ailleurs elle ne savait pas trop pour quoi s’excuser, pour lui avoir proposé de l’inviter alors qu’elle voulait simplement le réconforter ? Peu importe, elle fit tout de même. Mais en voyant les larmes couler sur ses joues, elle pouvait au moins faire quelque chose. Alors elle sortit un mouchoir en tissu de son sac, et s’approcha de lui pour récupérer délicatement la frustration de Se Yun. « Je suis désolée de t’avoir fait de la peine oppa. » Elle prit bien soin de ne pas appuyer sur les endroits boursoufflés. Une fois les larmes récoltées, elle rangea son mouchoir et sourit de nouveau. « On y va ? » Elle l’entraina vers les bus pour se rendre chez un glacier qu’elle aimait particulièrement, celui dans lequel sa mère l’emmenait souvent.

Les larmes coulaient comme s'il avait ouvert un robinet. Il y avait une fuite, et il n'arrivait pas à l'arrêter. Il avait l'impression de subir une tempête sur son visage, et espérait juste que le soleil reviendrait bientôt. C'était bon de craquer, ça faisait du bien. Il sentait son corps se détendre un peu, il sentait son esprit se vider au fur et à mesure que ses pleurs se calmaient. Cela mettrait du temps, avant qu'il reprenne entièrement ses esprits, mais il était capable de marcher sans que ses larmes brouillent sa vue, et de toute façon, il y avait Eun Mi devant lui pour le guider. Il se laissa entraîner, comme un petit enfant qui accompagnait sa mère et qui ne voulait pas la quitter. Il la suivait au pas près, ayant peur de la perdre s'il fermait les yeux, ou détournait son attention. Ses larmes avaient séché le temps qu'ils arrivent là bas, et grâce à la jeune femme, mais il savait que ses yeux rougis trahissaient son état. Il devait avoir l'air beau, chez ce glacier, la mine boursouflées, les yeux bouffis, un bandages à l'oreille et un plâtre au bras. Il eu peur un instant que celui-ci le jette dehors, ou qu'il demande à son amie si elle était bien en sa compagnie ou si elle se faisait agresser, mais rien de tout cela. ‹ tu veux quel parfum ? › lui demanda-t-il alors qu'il regardait ce qu'il y avait comme choix. Peut être la glace calmerait sa gorge irritée à force de crier. Il l'espérait. ‹ moi je pense que je vais prendre pomme verte. › Il aimait le côté acidulé de ce sorbet, et n'avait pas envie de quelque chose de trop sucré ou crémeux. Il laissa la plus jeune faire son choix, et alla rapidement payer avant qu'elle ne change d'avis. Des tables étaient disposées dans le petit local, et, fatigué comme il l'était, il décida qu'ils allaient s'asseoir. ‹ alors, tu penses avoir fait le bon choix ? › demanda-t-il alors qu'il désignait la glace de Eun Mi. Parler de tout et surtout de rien lui changeait les idées, mais il savait qu'à un moment il devrait affronter la vérité, et révéler ce qu'il s'était vraiment passer. Sa mine se fit plus sombre alors qu'il commença à manger la sienne. ‹ moi je fais toujours les bons choix › ajouta-t-il avec un petit clin d'œil.

En entrant dans le magasin, le glacier eut d’abord une grimace en voyant l’état dans lequel se trouvait son ami. Mais Eun Mi lui offrit un grand sourire, comme pour lui demander silencieusement d’être compatissant. Après tout, lorsqu’on se sent triste ou abattu, quoi de mieux qu’une glace pour se remonter le moral ? Une glace ou un chocolat chaud, les deux meilleurs remèdes que la jeune coréenne connaissait. « Hmmmm …. Je vais prendre Menthe-Chocolat ! » Tout avait l’air appétissant, mais la menthe-chocolat était son parfum préféré. Elle regarda Se Yun s’empresser de régler la note avant de s’installer enfin à une table. La jeune coréenne s’étonnait toujours de voir à quel point la générosité de Se Yun était sans limites. Elle se sentait encore gênée de l’avoir peiné quelques minutes plus tôt. Elle dégusta alors sa glace à grand coups de cuillères. Et la bouche pleine, répondit à son ami « Sûre et certaine ! Tu veux goûter ? » Elle lui tendit alors sa cuillère comme pour lui donner la becquée. Elle remarqua le subtil changement dans le regard du coréen, et se sentit de nouveau peinée de le voir porter seul le fardeau d’un combat qui lui avait laissé des marques. « Oppa, est-ce que tout va bien ? C’est de manger qui te fait mal au visage ? » Elle se demandait combien de temps il lui faudrait pour cicatriser complètement. Est-ce que sa peau en sortirait indemne ? Les yeux humides, elle s’efforça de ne pas verser à nouveau des larmes, ressentant un peu trop la douleur qui émanait de lui. Elle ne voulait pas non plus le replonger dans ce moment si difficile alors elle essaya de détourner son attention. « Tu sais si la glace ne t’aide pas à aller mieux j’ai une autre solution ! Un bon chocolat chaud ! Si tu veux je t’en préparerais un quand on sera au dortoir ! » La jeune coréenne s’inquiétait, et en tant qu’amie, il était de son devoir de veiller sur lui et de s’assurer qu’il aille bien. Elle ne voyait pas ça comme une corvée, mais plutôt comme occasion de montrer à ses amis qu’elle les chérissait.

Il hocha la tête de gauche à droite lorsqu'elle lui proposa de gouter sa glace. Il n'en avait pas vraiment envie, il préférait resté sur sa propre saveur acide qui redonnait un peu de peps à sa vie. Il lâcha un petit rire lorsqu'elle lui demanda si manger lui faisait mal. Elle était trop mignonne, tellement qu'il n'en pouvait presque plus. Il se demanda comment une telle fille pouvait exister, mais surtout, pourquoi elles n'étaient pas toutes comme ça. ‹ non, t'inquiète pas, ça va, je fais que penser › En vérité, il avait mal, mais il ne voulait pas l'inquiéter plus. Il n'avait pas encore d'antidouleur, ou de crème, ou quoique ce soit pour soulager, mais quelques minutes ou heures de plus ne changeraient rien à son état. Il pouvait bien attendre. Il se concentra sur sa glace, la tritura un peu du dos de la cuillère en se demandant si l'étaler sur son visage calmerait un peu la chaleur qu'il dégageait... Mais il se contenta de prendre un cuillère un peu mollement, et de l'amener jusqu'à sa bouche, laissant ensuite fondre la glace sur la langue. Il aurait aimé que ça pétille, mais il n'était pas sûr que ça existait. Ses yeux s'ouvrirent en grand lorsqu'elle lui proposa un chocolat... chaud, et il s'empressa de faire des signes de mains pour l'arrêter (se faisant, par la même occasion, extrêmement mal en agitant son fichu poignet cassé). ‹ surtout pas de chocolat chaud s'il te plait, froid à la limite mais pas chaud › Il se demanda s'il n'allait pas développer une sorte de phobie des boissons chaudes après ça. La peur suprême de se la prendre dans la gueule. Il continua de jouer avec sa nourriture, la boule verte s'était depuis un moment transformé en une purée froide de plus en plus liquide. ‹ et puis, je pense que je ne vais pas rentrer au dortoir ce soir... › Il allait squatter chez quelqu'un, ou aller dans son appartement, il ne savait pas encore. Ce qui était sûr c'est qu'il ne mettrait pas les pieds dans ce fichu dortoir. Il n'avait pas envie d'être questionné, de voir les dégâts qu'ils avaient causé sans même prendre la peine de nettoyer.

Rassurée, elle continua de picorer sa glace, avec le sourire accroché aux lèvres. Mais lorsqu'il agita les mains, les yeux écarquillés la suppliant de ne pas lui préparer une boisson chaude, elle grimaça en même temps que lui. Il agitait sa main bandé avec une telle vigueur qu'elle avait peur qu'il ne se la casse à nouveau. " OPPA ! Arrête, d'accord, d'accord, je ne ferais pas de chocolat chaud, c'est promis ! " Et lorsqu'il fut rassuré à son tour, il reporta son attention sur ce qui restait de sa glace. Elle allait lui demander s'il n'aimait pas son sorbet, il reprit la parole. Il projetait de ne pas rentrer. Eun Mi le regarda gravement, elle ne comprenait pas pourquoi il s'évertuait à fuir le dortoir, pourquoi il ne voulait pas rentrer dans le confort et la chaleur de la fraternité. La jeune coréenne prit peur. Est-ce que quelqu’un le suivait ? Elle se rappelait que dans ses romans, les héros fuient toujours leurs lieux habituels pour ne pas mettre en danger ceux qu’ils aiment. Était-ce le cas de Se Yun ? Avait-il quelques grosses brutes à sa poursuite au point qu’il ne se sente plus en sécurité dans le dortoir ? Eun Mi était peinée, si vraiment il avait de si graves ennuis, il fallait qu’elle l’aide. Mais comment ? De sa petite taille et avec ses bras si maigres elle n’était certainement pas de taille à rivaliser avec qui que ce soit, et c’était toujours elle qui avait été défendue, alors comment trouverait-elle le moyen de soutenir à son tour une personne qui lui était chère ? « Oppa je te protègerais ! Tu peux compter sur moi ! » Malgré son inexpérience dans ce domaine, elle ne se laissait pas abattre. Elle tenterait. Et elle échouerait surement, mais il fallait qu’elle rassure son ami. Elle gonfla ses joues, le regard déterminé et hocha la tête. « Tu vas voir à nous deux je suis sûre qu’on peut s’en sortir ! » Elle plongea dans ses réflexions, il devait bien y avoir passage dans l’une de ses nombreuses lectures dont elle pourrait s’inspirer. Mais peu importe comment elle abordait la chose, chacun des moments héroïques qu’elle avait lu impliquait des combats épiques et des armes de tous genres. « Tu as un plan ? Il faut qu’on réfléchisse à un plan ! »

L’idée d’une boisson chaude le paniquait, et il se demanda si cela n’avait pas créé une nouvelle phobie. Il espérait que non, parce qu’il y avait des journées où il carburait au café, et il ne savait pas s’il pourrait tenir sans ce liquide précieux. Le regard de Eun Mi, lorsqu’il lui annonça qu’il n’allait pas rentrer au dortoir ce soir-là, le culpabilisa. Il se sentait comme un enfant qu’on allait gronder, mais qu’on attendait qu’il comprenne sa bêtise avant. Malgré cela, il ne comptait pas changer d’avis. Il ne voulait pas voir le désastre, et l’autre conne, et tous ceux qui allaient comprendre et la protéger. Il n’avait pas envie de subir les regards noirs, et l’incompréhension, et le dégoût que la situation entraînera. Avec un peu de chance, elle serait trop fière pour le dire à qui que ce soit, et il serait protéger par ce secret qu’elle même garderait… Il rit en entendant son amie lui dire qu’elle allait le protéger. « t’es mignonne eun mi, mais je n’en ai pas besoin, je t’assure » Et c’était vrai, il n’en avait pas besoin. Parce qu’il savait de toute façon qu’il était plus fort qu’elle, et que même si elle y allait de toute sa force et son intelligence (bien qu’il doutât qu’elle en ait), elle ne pouvait pas rivaliser face à lui. « on a pas besoin de plan, c’est déjà réglé. il n’y a personne qui va venir m’agresser, et on ne va agresser personne » Il n’avait pas envie d’initier la jeune femme à la violence, de toute façon, et il n’avait pas non plus envie qu’elle le voit battre encore une fois une femme. Il soupira, et se remit à touiller sa glace sans conviction, en apportant une petite cuillère jusqu’à sa bouche pour sentir à nouveau le goût acidulé qui réveillait un peu ses papilles. « je ne veux juste pas rentré parce que… » devait-il lui dire la vérité, au final ? « je me suis battu avec quelqu’un de la fraternité… » Il ne savait pas si elle allait demander plus de détail, ou que cela lui suffirait à comprendre pourquoi il ne souhaitait pas rentrer. Il n’avait pas envie d’assumer les conséquences, pas aujourd’hui, et pas dans le reste de la semaine si c’était possible aussi.

La jeune coréenne fut surprise de l’annonce de son ami. Elle n’avait pas pensé que quelqu’un puisse les agresser et encore moins qu’ils soient les instigateurs d’une quelconque attaque. Elle essayait de comprendre SeYun, mais visiblement la situation lui échappait. Elle ne savait pas ce qu’il s’était passé et cela l’inquiétait. Elle l’observait remuer la glace fondue dans son récipient d’un air absent, et le voir si effacé. Elle aimait le SeYun qui riait avec elle et qui lui faisait des blagues, et à ce moment-là, il en était bien loin. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras et essayer de le réconforter davantage, mais elle n’osait pas. Premièrement parce qu’elle risquait de lui faire mal et ensuite parce qu’elle doutait qu’il accepte de se sentir plus faible encore. Le contact n’était pas l’un de ses points forts, mais pour un ami, elle pouvait faire un effort. Elle s’attendait à tout, sauf à ce qu’il venait de lui dire. Il s’était battu avec quelqu’un de la fraternité ? La jeune coréenne ne pouvait imaginer que quelqu’un au sein du dortoir soit à ce point violent. Bien sûr, les rumeurs allaient bon train, mais elle pensait que c’était uniquement des rumeurs. « Mais oppa… il faut le dénoncer ?! » Les mains devant la bouche, elle essayait de contenir son effroi. « On ne peut pas laisser quelqu’un d’aussi violent dans le dortoir ! » Elle s’imaginait déjà faire face à une immense silhouette – et vu sa petite taille n’importe lequel des Gumihos était immense à ses yeux – effrayée et essuyant un coup. Elle avait peur que l’agresseur, quel qu’il soit, s’en prenne à quelqu’un d’autre. Mais par-dessus tout, elle avait peur d’en être la victime un jour prochain. Elle ne savait pas se défendre et la force dont elle pouvait faire preuve était à peu près aussi puissante que celle d’une fillette de maternelle. Les yeux écarquillés, elle ne pouvait s’empêcher de penser que SeYun avait sans doute fait preuve de courage face à un tel adversaire. Elle n’osait pas demander le nom de l’agresseur, elle avait peur de découvrir une face cachée chez quelqu’un qu’elle apprécierait, et elle n’était pas sûre de savoir y faire face. Alors elle ne demanda pas. Elle préféra conserver l’anonymat de cette personne. Les lèvres pincées, elle espérait que SeYun garde cette information pour lui. Mais ce qui l’inquiétait avant tout, c’était de savoir son ami si blessé. Etait-il proche de son agresseur ? Il quittait le champ de bataille, ça Eun Mi pouvait très bien le comprendre, mais et s’il devait partir pour toujours ? « Oppa… tu vas rester combien de temps loin du dortoir ? » Elle ne prétendait pas vouloir le forcer à rester dans un lieu qui lui rappellerait sans aucun doute une nuit de combat, mais elle était triste de ne rien pouvoir y faire. La tête baissée sur sa glace, elle réfléchissait intensément, puis releva la tête presque aussitôt, les yeux brillants. Mais bien sûr ! Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? « Oppa ! Tu veux aller chez mon papa ? Il y a largement de la place et ça lui permettrait de ne pas être tout seul … au moins pour ce soir ? Il est très gentil je te le promets ! »

« non, non, il ne faut pas le dénoncer » il s’empressa de dire, agitant ses mains en avant pour intensifier son discours, lui laissant à peine le temps de finir sa phrase. Il ne pouvait pas dénoncer cette personne, il savait bien que les seules répercussions seraient pour lui, et lui seul. Il n’était pas assez idiot, bien qu’il le soit, pour penser qu’il en ressortirait indemne, et que tout le monde allait le croire et blâmer son adversaire. Il n’était pas quelqu’un de très apprécié, il le savait, et s’en fichait un peu, mais dans ces situations-là, cela ne jouait pas en sa faveur. « ne t’inquiète pas, cela ne se reproduira plus ! » Cependant, il n’en était pas moins sûr. Il ne pouvait pas contrôler sa colère quand il se retrouvait en face de la vice-présidente, et à chaque fois qu’il la voyait, il avait envie de lui apprendre sa place. Et il savait que si tous les deux étaient aussi bornés, la situation n’était pas prête de s’arranger. « je ne sais pas encore, ce qui est sûr c’est que je ne rentre pas ce soir, après demain je ne sais pas… je serais sûrement obligé de passer prendre des affaires par contre, mais je ne suis pas sûr d’y dormir. » Il fit une petite moue découragée, touillant encore sa glace qu’il finit par abandonner sur le côté, la texture ne lui plaisant plus du tout. Il était fatigué, il se sentait las, il avait envie de fermer les yeux et de tout oublier, de s’endormir et de se réveiller comme si tout cela n’avait été qu’un bien mauvais rêve. Qu’il n’était pas blessé, qu’il n’avait pas détruit ce fichu dortoir. La seule chose qu’il ne regrettait pas, en vérité, c’était d’avoir frappé Hera. Il aurait préféré l’avoir envoyé valser par la fenêtre, mais il avait malheureusement eu une once de raison. Il se mit à doucement rire à la proposition de la jeune femme. « t’es trop mignonne Eun Mi mais je vais pas aller dormir chez ton papa ! » dit-il alors, un sourire tendre sur les lèvres. C’était bien la seule à qui il offrait ce genre d’expression, les autres ne le méritaient pas, ou très peu le méritait. « je veux bien te croire, qu’il est gentil, mais qu’est-ce qu’il va penser du genre de personne avec qui traîne sa fille ? » Et oui, sa pauvre gentille fille qui traîne avec un garçon comme lui, cela n’allait pas. Se Yun était un méchant, un dur, un mauvais garçon qu’il ne fallait pas fréquenter. Il insultait, il se battait, il était tout ce que les parents redoutaient. « ne t’en fais pas, je sais me débrouiller ! » il lui fit un sourire, avant de se lever pour partir. « je te raccompagne au dortoir, je vais pas te laisser marcher toute seule, et ensuite je pars » Il irait passer une partie de sa soirée à la jungle, en compagnie de Ten, et après il aviserait. Il avait des sous, il avait de quoi faire.