C'était plus fort que moi, j'étais totalement incapable de lui dire ce qui allait réellement se passer dimanche. C'est pourquoi, je m'occupais de réchauffer les plats, la regardant mettre la table. J'étais bizarrement nerveux parce que je savais que Ji Na me connaissait comme sa poche, elle savait aussi très bien quand quelque chose n'allait pas. Je ne savais pas très bien mentir à ma soeur contrairement à mon père et aujourd'hui, cela me jouait de sacrés tours. Elle étouffait un rire alors que je lui soumettais l'idée que notre père pourrait avoir envie de nous présenter sa nouvelle conquête. Elle se tournait alors vers moi, me demandant si j'étais sûr alors qu'elle insinuait que quelqu'un d'autre devait présenter quelqu'un à la famille ce dimanche. Bon, cette fois-ci, j'étais cuit. Je répondis donc d'un « peut-être bien ? » énigmatique avant de sortir les plats du micro-ondes lorsqu'elle m'annonçait que c'était prêt. Elle déposait alors une carafe d'eau sur la table avant de me dire qu'elle savait... je souriais d'un air amusé, ramenant les plats à table avant de lui glisser « ah, tu savais ? » d'une voix presque provocatrice. Oui, ça c'était tout moi. Plutôt que de parler sérieusement de moi ou de mes sentiments, j'aimais éviter ça et parler d'autre chose. Bon là, c'était Jina et elle m'avait coincé. J'avais plus le choix, je devais parler. C'est pourquoi j'ajoutais « c'est vrai, je présente ma copine à Papa dimanche mais je pensais pas que tu me parlais de ça en fait » d'une voix toujours aussi enjouée alors que je m'asseyais face à elle, un sourire collé aux lèvres pour cacher à nouveau tout ce que je ressentais à présent..

Il noyait le poisson, j’en étais pleinement consciente, après s’être caché derrière le secrétaire, et notre paternel, je ne savais pas quoi en faire. Alors j’avais mis les pieds en plein dans le plat. Sa dernière tentative d’éviter la question était vouée à l’échec. Totalement même. Alors j’avais décidé de ne plus être le genre a me coller la tête dans le sable, ca suffisait. Quand j’avais dis que je savais, son « ah je savais » avait tendance a me crisper. Je lui jetais un regard qui en disait long sur ma pensée. Pourquoi étais tu comme ca Ki Tan ? Pourquoi étais tu encore en train de te cacher derrière ce visage provocateur ? Je le connaissais trop bien. Il se cachait, Avant qu’il n’admette qu’il allait présenter quelqu’un à notre paternel. Et qu’il ne pensait pas que je lui parlais de ça. J’éclate d’un rire froid, totalement dénué d’amusement. « A peine. Et même pas tu m’en parle avant hein ? » Je recule négligemment la chaise, le fixe droit dans les yeux avant de demander simplement « Et qui est la malheureuse élue ? » J’admettais mal que mon frère me tienne dans la même ignorance que notre père, et encore plus qu’il me prenne pour plus bête que je ne l’étais. Il ne présentait jamais les greluches à notre père, alors ca pouvait être sérieux, mais dans ce cas, j’aurais du être au courant, ou les avoir croisé sur le campus, mais non, rien. « Et ne tente pas de noyer le poisson, je te connais… » Tout en lissant mon tee-shirt. J’étais sure qu’il s’agissait d’un plan carotte, et son comportement ne faisait que me le confirmer.

Je voyais bien que ma soeur était on ne peut plus sur la défensive tout comme je l'étais. J'évitais ces questions parce que je ne savais trop que répondre. Je n'aimais pas parler de sentiments. À dire vrai, depuis le décès de ma mère, je n'étais plus le même et beaucoup d'émotions avaient quitté mon être. Aujourd'hui, j'étais simplement devenu un gamin capricieux qui vivait au jour le jour et ça, Jina le savait bien. Je soupirais à nouveau lorsqu'elle me signalait qu'elle aurait bien aimé être au courant avant. Ne quittant pas son regard, je lui répondis « c'est pas comme si c'était important Jina.. tu sais très bien comment j'me contrefous de tout ça. Tu crois vraiment que j'veux me caser ? » d'une voix toujours aussi provocante comme si cela allait me protéger de tout. C'était vain et je le savais plus que bien. Elle me fixait alors, reculant en me demandant qui était celle qui avait la malchance de se retrouver prise dans mes filets. Je ne tergiversais plus, ajoutant simplement « c'est Mari-Kuen. » comme si c'était évident. Comme si j'étais pas à l'aise face à son attitude interrogatrice, j'en vins même à ajouter « c'est bon Jina. C'est la vérité alors arrête tout ça. » d'une voix calme tandis que je me retenais de dire ou faire des choses que je pouvais regretter. J'assumais pas cette fausse relation. Faudrait bien qu'un jour je dise toute la vérité à notre père mais avant ça, je comptais bien le berner encore un peu histoire de vivre ma vie comme je le voulais..

On n’était pas portés sentiments dans la famille. Pas du tout même, et Ki Tan n’y faisait pas exception. On était tous des handycapés a ce niveau là, certains plus touchés que d’autres ; Quand il me dit que ce n’était pas si important, et qu’il se contrefoutait de tout ça, je fermais les yeux. J’en étais persuadée et j’avais eu raison. C’était un mensonge qu’il allait servir au paternel. Et son air provocant n’allait pas le sauver de ce qui pouvait se profiler à l’horizon s’il lui présentait quelqu’un. Quand il lachait l’identité de celle qui jouait à ce jeu avec lui, je haussais un sourcil. Elle me disait absolument rien, je me disais que j’allais surement mener mon enquete la dessus. La dernière chose dont mon frère avait besoin était d’une tarée ou que notre père vienne découvrir le pot aux roses. Il me rajoutait que c’était la vérité, et que je devais arrêter. Je croisais les bras en signe de profonde protestation. « Tu sais, pour lui cacher il y a des trucs plus faciles à gérer que de te trouver une fausse copine… » Je songeais a comment j’avais dissimulé Aidan. Bon d’accord, on m’avait légerement aidée sur la fin mais… il ne l’a jamais su ou du moins n’en a jamais fait allusion et c’était l’essentiel. « Et je continue si je veux, bientôt tu vas me sortir que tu vas lui annoncer que vous avez parlé de trucs sérieux… » Je ne plaisantais pas, plus ca prendrait d’importance auprès de notre père, plus ca serait compliqué à gérer. « C’est pour toi que je dis ça. » J’aimais mon frère et j’avais pas envie de le voir passer sous le compresseur Song.