Je m'étais encore fait avoir par ma bande de potes. Ils avaient décidé de se retrouver dans un bar du centre ville pour se saouler la tronche jusqu'à pas d'heures. Seulement ils étaient carrément fauchés et je me retrouvais donc dans la position de celui qui allait payer leurs consommations ce soir. Je soupirais tandis que je dévalais la rue. Il n'était ni trop tard, ni trop tôt. Le soleil venait à peine de se coucher et tandis que je tirais une dernière latte sur ma cigarette, j'entendis quelques bruits indistincts. Je continuais de marcher sans trop m'en préoccuper avant de dépasser un groupe de mecs qui semblaient assez excités. Ça criait de partout en riant d'un air que je n'aimais pas. Pourtant, loin d'avoir peur d'eux, je continuais mon chemin en leur lançant un simple regard en biais. Simple regard qui me valut de croiser celui d'une femme..

Je dus m'y reprendre à deux fois avant de calculer qu'il y avait une femme au milieu de ce groupe de mecs. Je dus aussi m'y reprendre à deux fois pour essayer de savoir si elle allait bien ou si elle était en mauvaise posture. C'était bien ma veine, mes potes m'attendaient et j'hésitais entre jouer le bon samaritain et aller m'amuser tranquillement avec ceux qui me dépouillaient. Pour la troisième fois de la soirée, je tournais donc les talons avec la ferme intention de ne plus me retourner. C'était aussi une question de fierté..

Je fis quelques pas, soupirant à nouveau bruyamment avant de me rappeler le regard de cette femme. Impossible pour moi de faire comme si je n'avais rien vu. Je retournais donc sur mes pas, tournant au coin de la rue avant de rejoindre le petit groupe de mecs qui s'était étiré autour de la jeune femme. Tranquillement, je m'avançais vers eux, notant qu'ils étaient une dizaine et que c'était leur chef qui faisait peur à cette femme visiblement. Levant les yeux au ciel une dernière fois, je passais entre ses sbires, arrivant à hauteur de la jeune femme avant de lui prendre la main doucement, lui disant « chérie, qu'est ce que tu fais là ? Je t'attendais devant le restau depuis dix minutes » d'une voix calme alors que je ne calculais même pas tous ces mecs. Du moins, pour le moment. Parce qu'en voyant le visage apeurée de celle que je venais de désigner comme ma copine, j'avais décidé qu'ils allaient passer un sale quart d'heure. Me tournant alors vers leur chef, je gardais la jeune femme derrière moi pour la protéger au cas où et je balançais alors un « tu croyais faire quoi à ma copine là ? Mmh ? » d'une voix pleine de rage alors que je tentais tant bien que mal de contrôler ma colère. Je ne me reconnaissais plus mais c'était plus fort que moi. Elle avait besoin de quelqu'un et ce quelqu'un ce serait moi...

Je n'avais pas eu d'autre choix que de faire demi-tour. Le regard de cette femme ne m'avait pas laissé indifférent, c'était certain. Elle avait quelque chose qui m'attirait irrémédiablement vers elle et c'était pour cette raison que j'avais finalement pris sa défense. Marchant tranquillement au milieu du groupe, je sentais que ces hommes se demandaient qui j'étais. Un petit sourire satisfait étirait alors mes lèvres tandis que j'arrivais enfin en face de la demoiselle. Elle semblait apeurée, terrifiée et là, je sus que j'avais fait le bon choix. Je tentais de la rassurer en lui prenant doucement la main, lui faisant comprendre d'une phrase que j'étais venu pour l'aider. Je la gardais soigneusement derrière moi en signe de protection, m'adressant au chef de la bande en lui demandant ce qu'il comptait faire à ma copine. Du coin de l'oeil, je la voyais si mal, une larme roulant sur sa joue alors qu'elle me remerciais dans un murmure. Là... mon sang ne fit qu'un tour. Ce que les gens ne savaient presque jamais à mon propos, c'était que je n'étais pas que Song KiTan, l'Héritier du groupe Song, non non. J'étais aussi KiTan, le garçon qui avait du grandir sans son père et défendre sa mère au péril de sa vie. Ce KiTan qui s'était fait un nom et qui était redouté pour son caractère violent quand on l'emmerdait...

Alors oui, j'étais pas très à l'aise face à une dizaines de mecs mais lorsqu'il n'y avait qu'un chef et ses sbires, c'était plutôt facile de se débarasser d'eux. Pour la simple et bonne raison que sans chef, ils rebroussaient très vite chemin. Au bout de quelques instants, le chef me répondit tout de même que ce n'était pas mes affaires et que je n'aurais pas du la laisser se promener seule aussi tard. Mes dents grinçaient sous la rage que j'éprouvais. Même si ce n'était pas vrai, elle se promenait quand même seule et là, ça m'inquiétait de voir ce qui pourrait lui arriver à l'avenir si elle sortait seule à nouveau. Toujours aussi campé sur ma fierté, je répondis alors « désolé, mais quand ça concerne ma femme, ça me concerne aussi, vieux » d'une voix provocatrice et le retour ne se fit pas attendre. Je sentis son poing s'écraser contre ma joue gauche en une fraction de seconde alors que je n'avais pas bougé d'un pouce. Pour la protéger elle, toujours. Le regard noir de haine, je lui assenais un bon coup de pied dans l'abdomen, sentant ma colère monter et prendre le dessus sur ma raison tandis que je lui rétorquais « tu sais à qui tu viens de coller une droite, mec ? Si j'étais toi, je me tirais tout de suite sinon ça va mal finir. Song KiTan ne pardonne jamais » d'une voix menaçante alors que je me faisais une raison : soit il connaissait l'empire Song et il aurait peur d'un procès soit il connaissait la réputation que j'avais et il se tirerait de peur. En tous les cas, je pensais avoir mis la demoiselle à l'abri et c'est pour cela que je décidais de lui prendre la main, traversant à nouveau le groupe de mecs en sa compagnie avant de l'amener jusqu'à ma voiture, lui ouvrant la portière en ajoutant « monte, je te ramène chez toi » d'une voix à moitié tremblante alors que je n'arrivais pas à calmer ma colère, comme à chaque fois...

Je comprenais pourquoi ils s'en étaient pris à cette femme. Elle était mignonne, elle semblait douce et sans défenses... je comprenais donc très bien pourquoi ils faisaient ça mais c'était impossible pour moi de le tolérer à ce niveau-là. Elle était tellement fragile et innocente que je refusais l'idée de la laisser seule. C'est pourquoi je venais de prendre un bon coup de poing dans la joue. Je ne scillais pas, restant droit dans mes bottes sans bouger. J'avais l'habitude de prendre des coups. Dans ma jeunesse, je traînais souvent avec les gars du quartier et puis, je pratiquais la boxe depuis plus de dix ans maintenant. Cela expliquait peut-être un peu le courage que j'avais eu en la voyant si démunie. Je remarquais d'ailleurs qu'elle venait de se prendre une gifle par un de ses sbires, ce qui eut le don de me mettre encore plus en colère. Je venais à peine de mettre un sale coup de pied dans l'abdomen de son chef que je venais maintenant l'attraper par le col de son pull, prêt à lui mettre la raclée de sa vie. Ce ne fut qu'après quelques paroles que son chef commençait à se confondre en excuses lorsqu'il comprit qui j'étais. Je lâchais alors son homme de main tout en ajoutant « putain, t'as de la chance toi.. » avant de me retourner vers la femme que je protégeais, vérifiant si elle allait bien. Ce fut le moment que je choisis pour emmener cette jeune femme loin d'eux, ne pouvant réprimer un petit sourire victorieux. J'm'en sortais pas si mal pour le moment...

Je l'amenais donc jusqu'à ma voiture, marchant d'un pas vif alors que je sentais qu'elle marchait vite pour me suivre. Une fois arrivés près de ma voiture, je lui demandais de monter tout en lui ouvrant la portière, restant derrière elle pour m'assurer que personne ne nous avait suivi. Je soupirais alors doucement, montant à mon tour. Je m'asseyais au volant, enclenchant immédiatement le verrouillage des portières tandis que je pouvais me calmer à présent. Ma colère sourde semblait s'éteindre au contact de cette fille si bien que je détournais la tête vers elle pour voir si elle allait mieux. Au lieu de cela, elle s'excusait, me disant que c'était de sa faute et que j'avais été génial. Je lui souriais d'un air doux, lui répondant « tu vas pas t'excuser d'être jolie quand même ! t'inquiète pas pour moi, j'ai l'habitude de croiser ce genre de gars. Je pouvais pas te laisser seule face à eux. Je m'en serais voulu.. » tiens première nouvelle, je m'en serais voulu. C'était sorti d'une manière tellement naturelle que j'm'en étais même pas rendu compte. Je m'approchais alors légèrement d'elle, effleurant sa joue du bout des doigts avant de lui dire « je suis désolé pour ça, si j'avais vu ce connard à temps... t'aurais pas été blessée » d'une voix sincère. Ça aussi, c'était une première pour moi, m'inquiéter pour une fille. Je tentais de réprimer cette attraction que je ressentais pour elle, accrochant enfin ma ceinture tout en lui demandant « je compte sur toi pour me guider, Miss ... ? » et là j'me rendis compte que je ne connaissais même pas son prénom, comble de la soirée si je puis dire. Je riais dans un souffle, massant ma mâchoire doucement alors que je tentais de me concentrer sur la route, ajoutant « je t'ai même pas demandé ton prénom en fait. C'est dingue de sortir avec une fille sans connaître son prénom quand même » alors que je souriais, tentant de détendre l'atmosphère maintenant que nous étions loin de tout ça..

Entrer dans la voiture m'avait rassuré et calmé. Ils ne pouvaient plus la toucher ni même lui faire du mal. C'était un grand soulagement pour moi. Je m'appuyais alprs contre mon siège, la tête en arrière comme s'il fallait que je calme l'orage qui se déroulait en ce moment même dans ma tête. Ce fut ce moment là qu'elle choisit pour s'excuser. Je me redressais alors, la regardant tandis qu'elle jouait avec ses mains, tête baissée. Quand je la regardais comme ça, aussi fragile, je la trouvais tellement belle... je ne lui cachais d'ailleurs pas, lui signalant que ce n'était pas un crime d'être jolie et qu'ils n'auraient pas du faire ça. Mon compliment indirect fit son petit effet car le petit bout de femme qui m'accompagnait commençait à rougir. Elle était vraiment mignonne et je ne regrettais pas de l'avoir sauvée pour le coup. Alors que je lui disais que j'avais l'habitude de croiser ce genre de gars, elle me répondait que je devrais faire attention à moi si c'était le cas et je ne pouvais m'empêcher de rire franchement, ajoutant « c'est plutôt moi qui devrait te dire ça » d'une voix amicale tandis que je continuais « ça me plaît pas de savoir qu'en passant ici, tu peux être abordée, tout ça... ça m'énerve un peu » d'une voix presque désolée. Oui, j'm'énervais trop vite, c'était dans mon caractère alors bon. Je n'y pouvais pas grand chose mais je tentais tout de même d'aller mieux.

Je lui effleurais alors la joue, remarquant la rougeur qu'avait laissé cette gifle et elle me répondis que ce n'était pas grave, qu'il ne fallait pas que je m'inquiète pour ça et que ça finirait bien par partir. Oui, elle avait sans doute raison mais c'était plus fort que moi, je m'inquiétais pour elle, réellement et sincèrement. Elle me retournait alors la remarque, me signalant que j'aurais sûrement un beau bleu le lendemain. Lui souriant, je démarrais alors la voiture, embrayant calmement avant de lui répondre « j'me fais pas de soucis pour ça, j'ai toujours eu plein de bleus au visage parce que j'ai longtemps fait de la boxe » d'une voix enjouée alors que je ne quittais la route des yeux que pour la regarder quelques secondes à chaque fois. Je suivais la zone sud comme elle me l'avait indiqué quelques minutes plus tôt. Ma joue me faisait atrocement mal et je la massais de temps en temps, ce qui ne semblait pas lui avoir échappé. Je tentais à nouveau de faire le mec fier, lui souriant en ajoutant « ne t'inquiète pas pour moi, je m'en occuperai plus tard de tout ça » tout en lui faisant un clin d'oeil amusé. J'étais concentré sur la route, pourtant lorsque je lui parlais à nouveau, impossible de me rappeler son prénom. Pour la simple et bonne raison que je ne le connaissais pas. Hye Young... c'était sympa comme prénom, mignon même. Ça lui allait bien. J'ajoutais donc un « enchanté donc, hye young. » tandis qu'elle me disait mon nom. Je rigolais de bon coeur, lui répondant « en chair et en os, le seul et le vrai » d'une voix enjouée tandis que m'arrêtais à présent à un feu, lui demandant par où je devais aller ensuite. Bizarrement j'espérais un accident, des embouteillages, quelque chose qui ferait durer ce moment et qui me permettrait de ne pas la voir s'envoler maintenant. Je ne me reconnaissais plus face à elle, j'étais devenu doux, presque trop sage mais le pire, c'était que j'adorais ça...

J'arrivais doucement à reprendre le contrôle de mes émotions, moi qui détestait tout ce qui pouvait m'échapper. J'en venais même à lui avouer calmement que je n'aimais pas trop l'idée de la savoir seule le soir dans ce coin. Là c'était le coeur qui parlait et non la raison. Je m'inquiétais vraiment et j'en venais même à chercher une solution à ce problème. Puis, elle me signalait le fait que je me conduisait comme un grand-frère envers elle, voire comme un petit ami. Je rigolais doucement avant de me mordre nerveusement la lèvre. C'est vrai qu'avec elle, j'avais tendance à vouloir être très protecteur mais... c'était totalement différent du sentiment que j'éprouvais en présence de ma soeur, Jina alors... je me posais des questions, réellement. Puis, comme à mon habitude depuis notre rencontre, je lui parlais franchement. Je lui répondis alors « nan dis pas ça, j'ai assez à faire avec ma soeur Jina » avant de lui faire un clin d'oeil léger puis, j'ajoutais « et puis, pour le petit-ami... j'ai jamais été sérieusement avec une fille alors j'sais pas trop comment on doit se comporter dans ce genre de situation » d'une voix calme et sereine. C'était bizarre, je me livrais à elle mais je n'avais pas peur qu'elle puisse connaître le vrai moi. Au contraire, tout chez elle m'attirait étrangement c'est pourquoi je lui demandais « t'aurais pu appeler ton mec remarque... j'ai pas pensé à ça avant d'agir » d'un ton curieux comme si cette phrase avait été dite pour savoir si oui ou non, elle avait quelqu'un.. le seul truc c'est que je ne pourrais jamais m'autoriser le moindre rapprochement avec elle, de peur de lui faire du mal. Elle semblait si fragile...

Lorsque j'évoquais le fait que j'avais longtemps pratiqué la boxe, son regard semblait s'illuminer et elle me demandait rapidement si je pourrais lui apprendre quelques techniques. Je souriais toujours, content de l'intérêt soudain qu'elle me portait. Ça voulait dire qu'elle voulait me revoir et que cette rencontre ne finirait pas sur un abandon. D'habitude, je ne laissais pas les femmes prendre les devants mais elle était si charmante que je ne pouvais rien lui refuser. Je lui répondis donc « avec plaisir. Je peux même devenir ton coach personnel gratuitement si ça t'intéresse » d'une voix amusée alors que je me reconcentrais quelques secondes sur la route. Elle continuait de me parler de sa douce voix si agréable et j'en venais presque à oublier le caractère de merde que j'avais d'habitude en compagnie des femmes. J'étais devenu aussi doux qu'un agneau et lorsqu'elle me disait que j'avais intérêt à prendre soin de ma joue pour éviter que mon joli visage soit abîmé à cause d'elle, je lui souriais à nouveau, lui caressant doucement les cheveux de ma main libre avant d'ajouter « ne t'inquiète pas pour moi, tout ira bien » alors que je ne quittais pas la route des yeux, de peur de retomber dans son regard si doux. Lorsqu'elle me demandait si Song Ki Tan était bien mon prénom, je ne pus m'empêcher de faire une blague, le seul, l'unique et elle me répondit que j'étais apparemment craint par beaucoup. Prenant un air plus sérieux, je me décidais alors à lui parler un peu de ma vie, chose que je ne faisais jamais et surtout pas avec une inconnue mais... avec elle, c'était différent. Je lui répondis donc « Tu sais, avec un nom comme le mien. Soit ce mec savait quelle réputation j'avais dans le coin, soit il connait mon père et le pouvoir de son entreprise. Dans tous les cas, je gagnais » d'un ton serein alors que je roulais toujours, lentement pour une fois, histoire de faire durer le plaisir. Pourtant, quelques minutes plus tard, un bruit de famine se fit entendre. Je posais alors ma main sur mon estomac en riant, lui demandant « désolé, j'ai rien mangé depuis ce midi je commence à décéder. T'as faim un peu ou non ? » d'une voix douce alors que je finissais pas ajouter « je connais un petit restau pas loin, on pourrait s'arrêter pour manger un peu, t'en penses quoi ? » oui, Song Ki Tan l'insaisissable était en train de demander à une fille de venir en rendez-vous avec lui... c'était bien une des seules fois où je faisais ça. C'était tellement surprenant que j'en venais même à me demander quel pouvoir elle pouvait bien avoir sur moi...