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    :: Défouloir :: 2017

JERA (+) I can't help but want you even though I try not to

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JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Ven 17 Mar - 1:55
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'aura jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 


Une ombre voilait mes traits froids et fermés. Projetée par une casquette aussi noire qu'un regard défiant, elle était le reflet de celle qui pesait sur mon âme depuis quelques jours. Il avait suffit d'une scène imprévisible, de quelques mots provocants et d'un effeuillage indésiré pour mettre à mal un équilibre encore fragile. Le temps n'avait servit à rien. Je me tenais éloigné des femmes depuis des mois, espérant ainsi pouvoir panser les plaies d'un cœur foutu et d'une confiance brisée, mais ces quelques minutes en captivité m'avait fait comprendre que mes blessures étaient encore sanguinolentes. Je n'avais été que trop conscient de la faiblesse qui m'avait embrassé, alors même que l'animal ruait sauvagement dans mon être torturé par un désir que je n'avais pas su éteindre. D'aucuns diraient qu'un instant de passion n'engageait à rien et qu'une étreinte n'était qu'un moment volé que l'on finissait par oublier. Mais de même que ces demoiselles qui ne m'inspiraient plus aucune confiance, je me méfiais d'un cœur sensible, aveugle et aussi impulsif que l'homme auquel il appartenait. Et j'angoissais. Car, si je ne me voyais pas tomber amoureux de Sora, dont la personnalité vive et sensuelle ne me correspondait pas, je n'avais pas pour autant aimé ce qu'elle m'avait fait ressentir ce soir là. Des émotions que j'avais éprouvé seul et qui n'engageaient que moi. Des sensations que je ne désirais pas et qui me terrifiaient tout autant que la perspective de retomber amoureux un jour. Des échos de voix me parvinrent et je ralentis, la main pressée contre la visière de ma casquette. Je la baissai sur mon front et marchai d'un pas souple vers la porte d'entrée. Mon prénom résonna dans la cuisine, mais je l'ignorai et quittai le dortoir des Neugdae sans un regard en arrière. Seule la peur dictait ma conduite, encore plus renfrognée et fermée que d'ordinaire. Je l'évitais. Je rentrais tard le soir, quittai la maison à l'aube, dormais au studio quand je n'avais pas le courage d'attendre l'obscurité pour fermer les yeux et manquai chaque repas de groupe pour ne pas avoir à la regarder ou à lui parler. J'étais extrême, tant par ma manière d'être que de réagir. Mais je me connaissais suffisamment pour craindre mes réactions si je me retrouvais face à elle. Je n'avais pas plus de contrôle sur mon impulsivité que sur ce désir masculin qu'elle avait éveillé. Et je ne tenais pas particulièrement à me rendre compte qu'une simple serviette avait définitivement chamboulé la vision que j'avais d'elle. Je préférais qu'elle reste cette emmerdeuse, au fort caractère, que j'évitais par manque d'intérêt avant les insultes et ce passage dans la ruelle. Je refermai la main sur la poignée de ma portière et me glissai sur le siège de ma voiture. J'étais épuisé. Épuisé d'avoir peur, épuisé d'avoir mal, épuisé de voir les ombres d'un passé se refléter dans ce regard qui me fixait dans la glace. Épuisé de la désirer. Non, je n'avais rien oublié. L'eau froide, le déni, la fuite n'avaient pas suffit à effacer les quelques images mentales qu'elle m'avait laissé. J'appuyai ma tête contre le siège, tandis que mes pensées dérivaient vers cette photo qu'elle avait prise, ou plutôt capturée dans un moment de faiblesse. Une photo qui n'était pas ressortie depuis, et ce à ma plus grande surprise. Je m'étais attendu à voir des sourires, à percevoir des allusions, mais rien n'avait jamais laissé sous entendre qu'elle ait pu la montrer ne serait-ce qu'à Il Nam. Pourquoi ? La question ne fit que rebondir avant d'être soufflée par un esprit apeuré. Peu importe. J'avais besoin de détendre mes muscles crispés et mon corps contracté. Hors, si je n'avais aucune intention de suivre le conseil stéréotypé d'amis qui me conseillaient de coucher, je connaissais un moyen sûr pour relâcher la pression qui s'accumulait sur mes épaules. La boisson.

Une insidieuse chaleur irradiait mes doigts tandis qu'ils dansaient sur le clavier de mon téléphone portable. Mon pouce en caressa l'écran puis effleura la touche tactile pour immortaliser une scène dont la sensualité m'aurait laissé de marbre une heure plus tôt. Mais l'alcool noyait à présent mes veines brûlantes, dans lesquelles ruisselaient en toute impunité la musique suave et latine que déversaient les hauts parleurs accrochés au plafonds. Rythmée par des notes lentes et chaudes, elle inspirait à la fois l'homme et l'artiste. Je fis naviguer mon téléphone sur la foule qui dansait en contrebas mais l'appareil photo fut brusquement assassiné par l'arrivée d'un appel. Reconnaissant le prénom d'un ami qui n'avait pu se libérer de la soirée, je décrochai et pressai le portable contre mon oreille échauffée. « Je suis toujours au club et je ne compte pas rentrer. » le coupai-je sans même connaître le motif de son appel. Sa surprise se matérialisa par des mots qui m'effleurèrent et la réponse jaillit sans que je ne puisse la retenir. « Je préfère de loin m'envoyer en l'air avec la musique que de me débattre éternellement dans mes fantasmes. » Le silence, puis une marque d'humour de la part d'un ami déconcerté firent naître un sourire amusé sur mes lèvres. « Puisque je t'ai au téléphone … tu ne voudrais pas me passer la clé de ton appartement ? » L'idée m'avait effleuré l'esprit dès que j'avais vu son prénom s'afficher sur l'écran. Car, si l'alcool avait chassé momentanément la peur d'un regard plus serein, il n'avait pas encore effacé la pensée bornée qu'il me fallait éviter la cause d'un tourment pour le moment oublié. « Tu la déposes et ensuite tu repars, je saurais me démerder ...oui même bourré. » confirmai-je moqueur sans daigner écouter les derniers échos d'une conscience presque endormie par le mélange de boisson. Les remarques de mon ami s'évanouirent et je ne répondis plus que par mono syllabe, l'attention attirée par un collègue qui me faisait signe. Je finis par raccrocher et par rejoindre la table qu'il quittait, au bras d'une demoiselle qu'il venait visiblement d'attirer dans ses filets. « Tu restes ? »J'acquiesçai, sans particulièrement craindre la solitude dans laquelle je me plongeai. Je pris la bière à moitié pleine, demeurée près du siège que j'avais quitté, et rejoignis à nouveau le balcon pour observer ces couples qui se formaient sur la piste de danse. Je n'enviais pas la complicité que certains affichaient mais je devais reconnaître que l'ambiance avait un certain charme. Je pris une série de photos et m'apprêtai à éteindre l'appareil pour retourner m'asseoir quand un visage inattendu s'y refléta. Je levai la tête et effleurai du regard la silhouette de Sora qui montait l'escalier. Sans ressentir ce mélange de méfiance et d'angoisse qui me heurtait d'ordinaire à la perspective de lui faire face, je la suivis des yeux tandis qu'elle s'approchait. « Tu ne ressembles pas vraiment à Il Nam » commençai-je quand elle fut suffisamment proche pour m'entendre, et ce malgré la musique forte qui inondait les lieux. Ses yeux brillaient dans le clair obscur qui baignait la grande salle, en un mélange fauve qui rappelait la chevelure qui ruisselait sur ses épaules.  J'en suivis la cascade malgré moi et effleurai du regard une tenue qui mettait en valeur son corps pulpeux et sauvage. Alors, et sans réfléchir, je levai le téléphone pour prendre un cliché qui me brûlait les doigts et faisait écho à une envie plus profonde que réveillait sa présence. « Et toi, tu es comment ? » demandai-je en lui tendant mon portable. Je faisais ainsi référence à des paroles qui s'étaient gravés dans mon esprit, des mots que je lui aurais retourné ce soir si je n'étais pas si naturellement fermé. Car elle était belle. Néanmoins, et si l'agressivité avait quitté les ombres d'un regard fiévreux, je n'en demeurais pas moins l'homme sauvage qui ne voulait d'une relation pour rien au monde.  
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Ven 17 Mar - 22:45
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I can't help but want you even though I try not to
Je Ha & Sora





TENUE & MUSIC | « Tu te fous de moi ? » Je regardais mon amie jouer les désespérés, priant vers moi de ses mains jointes afin que je puisse la pardonner. Elle appuyait ses excuses d'un regard de chien battu qui me fît rapidement soupirer. Je détestais me faire voler mes amies par leur mec au mauvais moment. Ji Hyun venait de recevoir un appel de son cher et tendre dont la photo apparaissait sur son écran, lui arrachant un sourire des plus amoureux et coulant. Elle était in love de ce mec, et le voilà qui lui avait préparé une surprise, une surprise somptueuse, lui demandant de le rejoindre non loin de là. L'entendant couiner, ses pieds s'agitant sous la table, j'en concluais que son coeur était déjà ailleurs, entrain de courir dans la direction de l'écho du sien, et que quoi que je dise, le corps n'allait pas tarder à suivre. Pourquoi la retiendrais-je ? Regardez-la comme elle était heureuse et impatiente, c'était indéniable, pensais-je, mon menton appuyé sur ma main alors qu'elle s'emmitouflait dans son manteau. Je la serrais dans mes bras, lui déposant un bisou sur la joue. « Il a interêt à te gâter ~ » Ou il aura à faire à moi. On sentait la légère menace dans mon regard, avant de sourire lorsqu'elle me donna un petit coup sur l'épaule. Je suivais sa silhouette disparaître rapidement vers l'entrée du bar, regardez-la comment elle était pressée, aaaah j'vous jure. Je levais la main vers le serveur, lui indiquant un troisième mojito, autant partir avec assez d'alcool dans le sang. Je croisais lentement les jambes, assise sur un des tabourets du bar, admirant silencieusement les allers et retours des barmans, leurs exploits avec les cocktails de couleurs qui me donnaient envie d'en commander plus pour qu'ils continuent. Distraction. Les deux tabourets qui m'entouraient, étaient occupés un bon moment puis délaissés, dans un sentiment d'abandon. Plusieurs fois dans la soirée. De belles paroles, parfois crues, parfois trouvées dans un magazine ou un film, allez savoir. Des verres que je refusais, qui atterrissaient quand même devant moi, les délaissant sans craindre d'offusquer la personne. J'avais dit non après tout, pourquoi insister ? Les parfums d'homme se mélangeaient, se penchant vers moi dans un désir de rapprochement, un désir sexuel courant dans leurs veines, ressortant dans chacun de leurs faits et gestes. Mais je n'étais pas interéssée, pas d'humeur. Oh oui, j'avais plus d'une fois succombé à tout ça, le plaisir d'un court instant, la détente absolue de l'esprit et du corps. Délicieux dialogue entre deux corps entrelacés. Je repoussais la main qui voulait se poser sur mon bras dans une tentative de caresse, attrapant mon verre et le finissant d'une traite dans une expiration assouvie. Ignorant les derniers mots pour attirer mon attention, je descendis de mon piédestal, mes talons claquant sur le sol lorsque mes pieds le touchèrent à nouveau, avant de prendre la direction de la sortie. J'allais chercher moi-même une bonne compagnie !

D'une moue boudeuse, je m'appuyais sur le comptoir du restaurant, y croisant les bras, avant de m'y avachir dessus. La silhouette familière de mon ami, et ex, se découpait dans la cuisine, semblant toujours des plus occupés à chaque fois que je venais. « Il Naaaaam ~ On m'a abandonné ! » m'écriais-je, le faisant légèrement sursauter en réalisant ma présence, et sous le ton que j'avais pris. C'était toujours ma manière d'être avec lui, je ne savais pas vraiment pourquoi je me comportais de cette manière. Plus.. mignonne ? Cute, disaient les coréens, et étonnamment, ça venait tout seul, donc cela devait être une partie de moi que j'ignorais totalement, et l'alcool n'aidait pas à adoucir ce tempérament enfoui. Il y avait encore quelques clients, malgré l'heure tardive. La fermeture aurait déjà dû sonné il y a déjà trente minutes, je me demandais ce qu'il attendait pour les virer. Mais Il Nam était bien trop gentil, et si les gens demandaient après sa cuisine, il ne pouvait jamais refuser. Je cherchais à l'accaparer à la fin de son service, mais il semblait assez en feu derrière les fourneaux. Il me confiait que ses parents étaient tous les deux grippés, et restés au chaud chez eux, et qu'il y avait que lui et la jeune serveuse pour assurer ce soir. Quelque chose me dit que cela avait dû bien défilé en ce vendredi ! Tant mieux pour eux si cela fonctionnait bien, mais le jeune homme devait se donner deux fois plus que d'habitude. Il refusa mon aide, ce qui me fît grogner, avant qu'il ne s'exclame entre deux assiettes qu'il était entrain d'ajuster. Le voilà qui s'éclipsa à l'arrière de la boutique, avant de revenir à la vitesse de l'éclair, déposant sous mon nez une petite clé. « Est-ce que tu pourrais te charger d'apporter ça à Jeha s'il te plaît ? C'est les clés de mon appart. » J'haussais un sourcil. Jeha ? Je ne savais pas si il allait m'apprécier en tant que messagère. Et puis, il.. m'évitait. Ohh oui il m'évitait, il faisait un demi-tour des plus brusques à chaque fois qu'il me croisait dans un couloir de la fraternité, et même de la faculté. Et j'avais beau gueuler son prénom, il faisait mine de ne rien entendre. Mais qu'est-ce qu'il préparait encore celui-là ? « C'est une garçonnière cet appart ou quoi ? » plaisantais-je, alors que le brun gardait volontairement un silence qui voulait tout dire, avant de rire et de reprendre. « Naaan.. Il rentre pas à la fraternité ce soir. Je devais lui apporter mais finalement, je ne peux pas me libérer.. » Il m'indiqua le lieu où il se trouvait, un club à proximité et j'étais surprise d'apprendre qu'il était déjà un peu cramé quand il l'avait eu au téléphone. Mon dieu, un Jeha cramé, qu'est-ce que cela pouvait donner ? Est-ce que cela doublait son tempérament d'emmerdeur ? Je n'avais pas envie de me disputer ce soir.. Je soupirais dans le vide, le souvenir de ses pommettes rosées, de son regard embrumé, ténébreux.. attirant et de son visage penché vers le mien en un souffle captivant.. Et il fallait en plus que je l'escorte sain et sauf jusqu'à l'appartement ? Il Nam le savait adulte et responsable, mais il semblait assez préoccupé par le fait qu'il rentre seul, alors j'opinai simplement du menton. Ok, j'en faisais mon affaire.    

Une chaleur lourde m'enveloppa, contrastant avec la fraîcheur hivernale du clair de lune. D'une démarche féline, je m'avançais dans les lieux. Je connaissais le club que de nom, mais je n'y avais encore jamais mis les pieds. C'était immense, composé de divers espaces, tous assez bien délimités et particulièrement remplis. De l'entrée, au premier étage, on avait le bar principal, très bling bling, doté d'éclairages des plus extravagants, on ne pouvait  absolument pas le rater. Il y avait plusieurs rangées de banquettes d'un cuir brut noir, pour la plupart occupées, où les gens parlaient fort pour s'entendre. On avait une vue en hauteur sur le rez de chaussée, une large piste de danse bondée, avec un DJ qui envoûtait les danseurs sur un rythme latino qui semblait chauffer un peu plus l'atmosphère. Il y avait également un autre étage, une mezzanine qui dominait l'ensemble du club. Étrangement, je n'arrivais pas à imaginer Jeha ici. N'était-ce pas un peu trop.. N'y avait-il pas un peu trop de monde pour lui ? Je ne balayais même pas les corps qui s'agitaient en contrebas, parcourant plutôt ceux qui demeuraient assis autour de leur bouteille de champagne offerte par la maison. Les verres trinquaient, les rires se mélangeaient à l'agitation de certains groupes de jeunes qui fêtaient certainement la fin des examens ou qui voulaient juste faire la fête. Je traçais finalement mon chemin jusqu'au comptoir du bar, me commandant un nouveau cocktail plus fruité. « Ne lésinez pas sur le rhum. » J'en aurais bien besoin ! Et si il se barrait dès qu'il me verrait ? Je crois que.. je lui rentrerais dedans si il osait encore me fuir sans raison. Depuis cette fameuse situation dans la salle de bain la derrière fois.. ça remontait à plus d'une semaine, maintenant, presque deux ! Mais qu'est-ce qu'il avait, je l'avais si choqué que ça ? C'était ça ? Il agissait presque comme un.. un puceau. Il n'était pas homosexuel déjà, moi je ne savais plus quoi penser.. il était bien trop mystérieux, et ça en était presque épuisant d'essayer de le comprendre dans le peu de choses qu'il laissait transparaître. J'attrapais mon cocktail orangé, me décidant à reprendre ma quête. Quand tout à coup, je le repérai. Il était contre la barrière en haut de la mezzanine, son portable en main. Photographe un jour, photographe toujours. J'aspirais une grande inspiration. Armée ? Oui, prête, chef.

J'empruntai le large escalier qui menait à l'étage, mes doigts glissant sur la rampe en fer. Il avait fini par me voir, et je m'arrêtais à la dernière marche, le fixant un instant pour voir si il allait partir à l'opposé. Mais étrangement, il n'en fit rien, mes paupières se refermant légèrement sur mes prunelles suspicieuses. Il prit la parole, alors que je m'appuyais sur la rambarde à côté de lui. « Non, pas vraiment.. Déçu ? » lui lançais-je du coin de l'oeil, alors que je détaillais la foule en contrebas. Je vois, il y avait une très bonne vue d'ici, je comprenais pourquoi il y trouvait un certain confort. Observer, presque sans qu'on nous voit, pensais-je d'un léger sourire, avant d'être attiré par un soudain mouvement sur ma droite. Mon regard bordé de noir se posa sur l'appareil qu'il avait fini par abaisser. Il m'avait pris en photo, j'étais simplement de profil, et je souriais. J'en esquissais un nouveau à sa réplique, n'était-ce pas une impression de déjà-vu ? Je levais mes yeux vers lui, une lumière jaune peignant de temps à autre son visage. « Seule et affamée. » répliquais-je, sans vraiment réfléchir, avant d'aspirer une nouvelle gorgée de mon verre. « J'suis payée en tartelette pour t’escorter sain et sauf à l'appartement de Il Nam, il n'a pas pu se libérer. Le restaurant était bondé ce soir. » continuais-je, alors que je me penchais un peu plus pour admirer la foule qui formait un cercle, quelques solistes ressortant enfin du lot. Il était bien calme aujourd'hui, cela en était presque.. inaccoutumé. Tout à coup, je sortis la petite clé confiée par son meilleur ami d'où je ne sais où, la lui montrant entre mes ongles soigneusement coloriés de rouge. « Ne ronchonne pas, il fait ça parce qu'il s'inquiète pour toi, tu le sais ? » Quant à moi, ça me distrayait plus qu'autre chose, je n'avais rien à faire après tout et cela me donnait une occasion de croiser le loup entre quatre murs. « Tu vois cette clé ? N'essaye même pas de la récupérer, elle restera avec moi jusqu'à ce que je t'ai vu franchir l'entrée de votre garçonnière mutuelle ! » lui lançais-je amusée, mes lèvres fines s'étirant, alors que je glissais l'objet du délit dans le décolleté de ma robe échancrée. Mon regard appuyé lui lançait un défi silencieux, me cambrant légèrement, avant de lever les mains en l'air en entendant le DJ parler au micro. J'enroulais ma bouche autour de la paille rayée de noir et de blanc, ondulant doucement sur la musique suave, presque aussi sucrée que cet alcool délicieux. Ça envoyait pas mal l'ambiance par ici ! Après quelques minutes, je me retournais vers Jeha, posant mon verre sur la table derrière nous. « Alors, tu ne me fuis pas ce soir ? Je m'attendais à devoir te courir après, et te plaquer au sol pour te forcer à rester avec moi. Est-ce que ça va ? » C'est vrai, il avait quand même un comportement assez contradictoire en ce moment-même, moi je ne savais plus où on en était à force ! Il avait un caractère si changeant..  

    
 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Dim 19 Mar - 0:04
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'aura jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 


Je l'avais fuit dans l'espoir d'éteindre en moi les braises d'un désir aussi brusque qu'incompréhensible. Je m'étais détourné, dissimulé sous la visière de ma propre lâcheté, mais sans parvenir à effacer ou à oublier des images qui n'avaient eu de cesse de hanter mon esprit. Et en cette seconde encore, alors que je la mirais, je ne pouvais m'empêcher de visualiser les courbes hypnotiques d'un corps que cette robe moulante ne dissimulait guère. Je plissai mon inférieure et soufflais sur les mèches rebelles qui flirtaient avec mon front, dans l'espoir illusoire de chasser, par quelques bulles de dioxyde, les images chaudes qui se répandaient sous mes paupières. Peine perdue. Elles y dansaient, immuables, et aussi sanglantes que le tissu qui la drapait, d'un rouge qui trahissait son tempérament fougueux tandis que les bas, transparents et sombres, soulignaient la provocation naturelle qui la nimbait. « Je mentirais si je répondais autrement que par je ne sais pas. » avouai-je, distrait par les émotions malignes et contradictoires qu'elle m'inspirait. Des sensations sur lesquels j'étais incapable d'apposer une étiquette, tant elles étaient floues et obscures. L'alcool ne m'y aidait pas. Il noyait mes pensées, assassinait la méfiance et échauffait un esprit fragilisé par le manque de sommeil et une obsession indésirée. Fuir Sora ne m'avait servit à rien, si ce n'est à fermer les yeux sur la réalité d'une soif primaire que le temps ne parvenait pas à tuer. Elle incendiait ma gorge, asservissait mes muscles et torturait un cœur aux battements irréguliers. Je haïssais cette faiblesse qu'elle me forçait à regarder dans les yeux, j'exécrais ce manque de contrôle qui me rendait instable et fragile. Mais, la boisson ayant abolie les faibles boucliers noirâtres d'ordinaire maintenus par un orgueil assommé, l'idée de tourner les talons ne me vint pas à l'esprit. Mon imprévisibilité naturelle me poussa même à immortaliser le sourire qu'esquissa ses lèvres pleines tandis qu'elle observait la foule et les danses inspirées par une musique aussi sensuelle qu'elle pouvait l'être. Le son de l'appareil l'arracha néanmoins à sa contemplation et je lui tendis mon portable, en murmurant des mots que mon conscient aurait réprouvé. N'avait-il pas tout fait pour éradiquer une scène que je lui rappelais, à lui comme à celle qui en était à l'origine ? Mais s'il grogna, la blonde se contenta d'un sourire amusé. Un dessin taché par l'alcool qu'elle y fit couler après avoir levé son verre et déclamé des mots qui se fichèrent dans ma chaire, comme une dizaine d'aiguillons brûlants. « A moins d'avoir imaginé la connotation sexuelle de ta réponse, je dirais que tu ne manques pas de nourriture dans cette salle. Ni de compagnie. » rétorquai-je en la quittant sciemment des yeux pour m'adosser à la balustrade. La musique me semblait plus forte, plus chaude en cette seconde où le désir se répandait dans la conversation comme un vice. Je ne m'étais pas attendu à une telle répartie, mais celui qui voulait fuir était définitivement trop grisé pour esquisser un pas vers la sortie. Je croisais les bras sur le métal froid mais relevai brutalement la tête vers la jeune femme quand elle dévoila la raison de sa présence. Si je l'avais deviné, je ne m'étais pas attardé sur une pensée qui, à l'instar de nombreuses autres, m'échappaient sitôt qu'elles effleuraient mon esprit. « En tartelettes au chocolat ? » demandai-je impulsivement, l'obscurité d'un regard illuminé par une gourmandise que je ne savais pas refréner lorsqu'il s'agissait des pâtisseries d'Il Nam. Il me fallut une minute supplémentaire pour aller au delà de la simple mention de nourriture et comprendre qu'il m'avait envoyé un chaperon. « Je vais résumer en essayant de rester clair malgré mon cerveau défaillant … Tu viens jouer les gardes du corps ? Mais qui va me protéger de toi ? » La réplique m'avait échappé sans que je ne puisse la retenir et je me mordis la lèvre, les pupilles rétrécies par l'inconscience. La musique avait heureusement choisit cet instant de brutale franchise pour hurler et j'espérai qu'elle n'ait pas entendu cet aveu de faiblesse que même mon inconscience ne désirait pas partager. Avouer la peur était une chose que mon orgueil ne supporterait pas, et ce même à moitié assommé par l'audacieux mélange de bière et de vodka que j'avalais depuis mon arrivée. Une peur qui resta invisible tandis que je suivais des yeux la clé apparue entre ses doigts fins, d'une blancheur qui contrastait avec ses ongles aussi rougeoyant que le désir qui battait mes veines. Un désir dont je n'eus réellement conscience que lorsqu'elle dissimula l'objet dans son corsage, entre ses seins rehaussés par sa robe courte. Il ne m'en fallut pas plus pour en dessiner la courbe de mes prunelles assombries, qu'elle soit de chaire ou de tissu. Mon cœur s'emballa, pulsant ainsi un sang brûlant, et ses battements résonnèrent sourdement dans mes tempes, dans ma gorge sèche et jusque dans la pulpe de mes doigts recroquevillés. « Je m'inquiète pour moi aussi. » lâchai-je en levant la tête pour plonger dans son regard. « Si bien qu'il est hors de question que j'accepte. Je préfère encore dormir sur la banquette de ma voiture. » L'inquiétude d'Il Nam me mettait dans une position que j'aurais aimé lui faire ravaler si je ne tenais pas autant à cet écervelé. Cependant, j'avais conscience que seul mon silence m'avait mis dans cette situation inextricable. Mais aller dans un appartement avec elle et à moitié saoul … je ne me faisais pas assez confiance. J'avais déjà faillit craquer dans une salle de bain surchauffée et ce « en pleine possession » de mes moyens … L'idée que je puisse m'humilier seul en cédant à l'appel d'une bouche au pli moqueur me faisait frémir. Je n'avais pas encore assez bu pour me foutre d'une telle idée. Un mouvement. Une danse. Ses hanches roulaient, ses paupières valsaient et ses lèvres embrassaient une paille dans laquelle roulait un liquide doré qui comblait sa gorge dansante. Une gorge qui émit quelques sons ressemblant étrangement à des mots. A une question qui vibrait, qui replaçait une réalité déchirée par la musique et le contexte dans lequel nous étions immergés. « Tu es la spécialiste des mauvaises idées Sora. Tu t'obstines à me titiller quand je m'efforce de te décourager de m'adresser la parole, tu me sauves la vie en mettant la tienne en danger, tu me provoques dans un espace confiné sans réellement savoir ce que tu vas trouver … et pourtant, je crois que celle de me plaquer au sol serait de loin la pire de toutes. » Il n'y avait aucune fuite dans un aveu en demi teinte et qui en révélait encore moins que ce regard fiché dans le sien. Me plaquer au sol … Je secouai légèrement la tête et un sourire à l'émotion indicible étira mes lèvres. Elle avait le don de faire naître dans ma tête des images que j'aurais préféré voir brûler dans un néant intouchable. Le talent de faire fantasmer un homme qui ne demandait qu'à vivre reclus, loin de toute tentation susceptible de briser un peu plus une âme déjà tourmentée. Je l'étais, cet homme qui ne voulait qu'une tranquillité qu'elle s'obstinait inconsciemment à faire voler en éclat, cet homme pétris de contradictions qui voulait autant fuir l'animal qui sommeillait en lui que se dissimuler derrière ses crocs aiguisés. Une chape de fatigue fit ployer mes épaules et je perdis toute envie de me battre contre elle. Pas ce soir. Pas maintenant. Je ne voulais pas céder au désir mais à la chaleur d'un alcool qui roulait dans mes veines et qui ne demandait qu'à s'intensifier. « Puisque tu es coincée ici par mon entêtement … attends moi. » lui dis-je brusquement en la contournant pour rejoindre l'escalier qui menait à la salle principale. Je gagnai une piste de danse où je ne comptais pas imposer ma présence plus que quelques secondes. Je slalomai, comptant sur ma souplesse pour éviter ceux qui s'étreignaient et me traçais une voie jusqu'au bar où je plaçais quelques billets en échange d'une destination inconnue. Je ne réfléchissais guère à mes gestes, noyés par une idée confuse. Mes doigts s’enroulèrent autour des bouteilles et, faisant fit de ce qui évoluait autour de moi, je ralliai l'escalier pour rejoindre d'un pas souple la jeune femme, qui attirait les regards des quelques hommes installés aux tables adjacentes. Je les ignorais, chose pour laquelle j'étais habituellement peu doué, et posai sur la table où trônait son verre vide la bouteille de rhum, la vodka et le jus d'orange. « Joue … ou plutôt bois avec moi. » lançai-je d'une voix aggravée, tout autant qu'un regard qui chercha le sien avant de s'y immerger. Je ne savais pas vraiment ce qui me poussait à jouer ainsi avec un feu que je savais pourtant dangereux. Mais mes inhibitions semblaient s'être fracassées, que ce soit contre l'ivresse, la fatigue ou encore ce besoin primitif dont je voulais ignorer pour le moment jusqu'au nom. « Si je gagne, tu me laisses la clé et tu rentres sagement à la fraternité sans plus te préoccuper de la vague promesse que tu as pu faire à Il Nam. » J'espérais provoquer la femme de défi qu'elle se révélait être, comme pouvait en témoigner le regard qu'elle m'avait lancé lorsque ses doigts avaient coulés dans son corsage pour y cacher l'objet de mon désir. Ou plutôt l'un des objets. Le seul néanmoins sur lequel je désirais me concentrer. « Si tu gagnes … je te laisse choisir. Je ne sais pas bien ce que tu peux désirer, mais je peux répondre à une de tes question si question il y a. » Je pris son verre que je posais près des boissons, puis la bouteille vide que j'avais abandonné pour la cogner d'un geste ferme contre la table. Le boulot se brisa, ne laissant qu'un récipient de taille à peu près identique au sien. « Choisissons un jeu simple et rapide … du style, un verre, un regard et le premier qui se laisse aller à l'hilarité, ou à un sourire, perd la manche. » Je décapsulai le rhum et en versai une larme dans son verre que je lui tendis, comme pour lui demander de céder. Ses yeux, dans l'obscurité, paraissait plus sombres. Deux onyx saupoudré d'or que la lumière transfigurait lorsqu'elle l'effleurait. Je sentis le néant contenu dans mes pupilles déborder. Je sentis la chaleur de mon corps s'exacerber. Je sentis cette flamme, si particulière, si indésirable, bleuir dans mes veines. Un soupir. Un simple soupir effleura mes lèvres qui s'étirèrent brusquement en un sourire qui irradia deux obsidiennes fatiguées mais amusées par, je l'espérais, une délivrance temporaire. Car ce ne serait jamais que temporaire tant que je n'aurais pas nourris un corps à vif, en cette étreinte d'un soir dont Wook et quelques uns de ses amis étaient friands. Mon sourire s'incurva, évolua en une mimique presque abattue. Imaginer ce dernier rire d'une brusque faiblesse était hilarant pour l'homme en état d'ébriété. Mais l'idée de le faire pour une nuit et à la va vite me déplaisait assez pour ternir la brève hilarité qui avait noyé mon regard et détendu mes traits. « Pour répondre à ta question … je crois que je ne vais jamais bien quand tu es dans les parages. Tu es du genre épuisant.» admis-je finalement, en tenant toujours le verre que j'attendais qu'elle prenne. « Tu me fais chauffer constamment le chaud et le froid par tes provocations et maintenant tu vas me pousser à trop boire pour récupérer ma clé. »  
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Dim 19 Mar - 17:29
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I can't help but want you even though I try not to
Je Ha & Sora





TENUE & MUSIC | A sa réplique, j'écarquillais en grand les yeux, remettant dans son contexte ses paroles et les miennes.. Ah oui.. ça pouvait être un peu sous-entendu.. Je lâchais un petit rire qui se perdit dans l'ambiance mouvementée, me mordillant la lèvre inférieure. « Pas ce genre de gourmandise haha.. En effet, tu as bien imaginé cette connotation sexuelle, bien que j'aurais pu la dire dans d'autres circonstances. » continuais-je, alors que je suivais son mouvement vers la foule endiablée. Tout le monde semblait d'humeur à faire la fête, et dire que c'était ce que j'avais prévu avec Ji Hyun ! Ni elle, et Il Nam n'étaient disponibles. Qui aurait cru.. Mon regard glissa sur le côté. Que je finirais la soirée avec Jeha. Je levai les yeux au ciel, j'aurais tout vu, moi je vous le dis. On ne pouvait décidément rien prévoir de nos journées ! « Nan, en tartelettes aux framboises, je préfère les fruits. C'est toi le chocolat, si je me souviens bien. » glissais-je, d'un sourire léger. Bizarrement, un souvenir me revenait en mémoire, cette fameuse nuit où on s'était engueulé plus violemment que jamais, d'ailleurs je ne préférais pas me remettre en tête les mots que l'on s'était lancé.. Mais cette araignée était arrivée, troublant tout, me faisant perdre tous mes moyens, la honte... et en plus, il m'avait donné une de ses délicieuses tartelettes de son meilleur ami, fourrée à plusieurs parfums chocolatés. Ça devait être celles-là qu'il adorait, faisant naître une légère envie qui illuminait ses prunelles lorsque j'évoquais ma récompense. A vrai dire, Il Nam n'avait pas eu à me pousser beaucoup. Je n'avais plus rien à faire de la soirée, et l'idée de rentrer ou de me balader seule, pour une fois je ne m'en sentais pas le courage. Un besoin de distraction évident, voyez-vous. Mais si cela pouvait se passer sans trop de complications, juste un peu de détente, s'amuser ! Oui, mesdames et messieurs, j'avais de telles pensées, même en sachant que j'allais rejoindre Mister râleur. Nouveau surnom, vous l'aimez ? Je gardais espoir, j'avais confiance sans savoir vraiment pourquoi, même si je restais en perpétuelle position de défense pour gérer ses multiples réactions inattendues. C'était comme aimer un chien d'attaque, mais porter en permanence une combinaison rembourrée pour pouvoir l'approcher, l'habituer à votre présence et finir par le caresser. Pourquoi.. Pourquoi je voyais toujours Jeha comme un canidé ? Un loup, un chien.. Rien de péjoratif mais.. Je me moquais intérieurement de mes pensées, alors qu'il reprenait la parole, mais la chanson avait choisi cet instant précis pour envoyer de fortes nuances d'électro, aspirant les dernières paroles du brun. J'haussais un sourcil. « Je suis vice-présidente du club de Taekwondo de Yonsei, et tu as déjà vu mes compétences alors je suis apte à endosser ce rôle non ? Sens-toi flatter ~ » lui lançais-je d'un clin d'oeil, avant qu'il n'évite aussitôt mon regard. C'était peut-être le moment où il devait réaliser que je pouvais très bien le ramener de force dans l'appartement si je voulais haha Prends peur, je t'en prie, j'en ai l'habitude ! J'avais l'impression de ressentir son malaise juste à côté de moi, ne me doutant absolument pas que c'était bien autre chose qui le troublait. Notamment cette petite clé que je lui présentais, avant de sagement la ranger dans mon corsage. Enfin.. sagement n'était pas vraiment le terme pour un tel emplacement, mais je n'avais aucune poche, comment vouliez-vous que je fasse ? Et puis au moins, j'étais sûre qu'il ne me fausserait pas compagnie, il n'irait pas la récupérer, malgré mon regard aguicheur pour le taquiner. « Tu.. Tu t'inquiètes pour toi aussi ? » Il continua sa réplique, m'arrachant un nouvel éclat de rire. « Oh pitié. Je te ramène, je te dépose dans l'appartement et je repars ! Je ne vais pas non plus te border. Je ne te déshabillerais même pas pour te mettre en pyjama contre ton grè, même si t'es inconscient, ok ? » le rassurais-je, en me penchant vers lui d'un air amusé, mes prunelles glissant lentement sur lui, avant de secouer doucement la tête. Non mais ce mec. Il n'avait absolument aucune confiance en moi, cela en était presque vexant. En me reculant, je soupirai. Il ne disait pas ça pour rire, on pourrait le croire mais non, vu le ton calme qu'il prenait. Nom de dieu, ce n'est pas comme si j'allais l'abandonner dans la rue complètement bourré ! J'étais encore humaine quand même, de quoi avait-il peur ? Et je ne comptais pas le frapper non plus aux dernières nouvelles, c'était avant, et si cette pulsion pouvait éviter de revenir, je ne disais pas non. Incompréhensif..

Mon corps et mes pensées avaient fini par se laisser envahir par le silence de mon aîné, puis par la musique, reprenant à nouveau des notes latinos, beaucoup intéressantes à mes oreilles. Je n'avais pas encore fait de numéros au Nymphéa avec ce style de musique, sauf à plusieurs. C'était le genre d'univers que l'on devait aborder avec un partenaire et non seule, comme j'avais la grande habitude de le faire. Un numéro de couple.. Il fallait que j'y réfléchisse, pensais-je, remuant naturellement mes hanches sur la mélodie chaude mais possédée par un rythme effréné, qui semblait faire tourner beaucoup de têtes sur la piste. Tourner, tourner et encore tourner, à vous en faire perdre la notion du temps... Mais le temps en profitait pour me réveiller, reportant mon attention sur Jeha, silencieux à côté de moi. Il était encore là, j'en restais toujours étonnée. Il ne m'avait pas fui comme il le faisait ces derniers jours, est-ce que c'était à cause du lieu ? Je me demandais même si il ne s'était pas passé quelque chose, d'où la question banale du ça va. Mais.. en réalité, je ne croyais absolument pas qu'il allait se confier à moi sur quoique ce soit. Et il évita soigneusement la question directe, et pourtant claire, en me sortant un immense monologue, qui fît agrandir mes yeux qui le fixaient. « Pourquoi tu rapportes tout à moi ? Je te demandais si ça allait, c'est tout.. » commençais-je, d'un regard qui voulait clairement dire, t'es bizarre ! « Heureusement que j'ai fait tout ça ! Sinon, tu ne me parlerais toujours pas, tu serais.. bien amoché.. et tu serais moins détendu que maintenant ! » lui lançais-je d'une voix plus forte, une moue se formant sur mes lèvres. J'avais fait pas mal de choses involontairement, mais c'était arrivé comme ça, voilà tout. D'autres avaient été choisi, voulu, et je ne les regrettais absolument pas. « Et ne me tente pas. Je pourrais le faire ici, devant tout le monde, ne crois pas que je n'en serais pas capable ! Et.. » Je levais mon doigt vers lui, un sourire taquin se dessinant dans mon agacement. « Et je parlais de te plaquer au sol hein, va pas sous-entendre d'autres connotations sexuelles imaginaires. Ahh j'te jure.. » lâchais-je, en secouant à mon tour légèrement la tête, m’intéressant à plusieurs jeunes filles qui envahissaient soudainement le DJ derrière les platines. Regardez-le celui-là comme il était bien entouré !

Je m'appuyais un peu plus sur la balustrade, quand tout à coup, le brun s'éclipsa de quelques mots, se dirigeant vers l'étage du bas. Tiens, où est-ce qu'il allait ? Je suivais sa démarche souple se frayer un chemin dans la foule, veillant à ce qu'elle ne s'aventure pas vers l'entrée. Mais à la place, il se dirigeait vers le bar, revenant quelques minutes plus tard avec trois bouteilles entre ses bras, qu'il déposa sur la table. Mon regard s'immergea silencieusement dans le sien, la rambarde nichée dans le creux de mes reins. Il voulait nous soûler ! Je venais de terminer mon quatrième verre de la soirée, je sentais qu'il m'en fallait peu pour passer dans l'autre camp, dans le camp des pompettes comme on dit. Je levais le menton en l'air, la flamme du défi m'enflammant aussitôt le corps. « Alors jouons. » Après tout, pourquoi pas, les jeux d'alcool étaient toujours amusants, tant qu'on les faisait avec les bonnes personnes. Étonnamment, je n'en doutais pas. Je m'installais sur la banquette en face de la sienne, croisant lentement les jambes, la robe remontant de quelques centimètres sur mes cuisses dénudées. Je ne le quittais pas du regard, comme si nous nous apprêtions à jouer une partie de poker et qu'il fallait déjà bluffer dans l'expression inébranlable de nos visages. J'écoutais ses instructions, approuvant d'un mouvement de tête. « Prépare-toi à me supporter pendant encore de longues heures.. Tu vas perdre. » lui assurais-je avec un cran qui me caractérisait. Je suivais ses mains longues et fines mettre en ordre les différents éléments du jeu sur la table. Jolies mains d'ailleurs. L'une d'entre elles s'était saisi de la bouteille vide du brun, qu'il décapita d'un mouvement net sur le côté de la table, ne laissant que sa partie basse encore intacte. A cette démonstration, je m'étais brusquement redressée vers la table, lâchant un « Woooaw... ! You're amazing ~ How did you do that ? It was so fast ! » scandais-je soudainement de ma langue que je qualifiais de maternelle dans une exclamation qui fît retourner quelques personnes vers notre table, mais je n'y prêtais aucune attention. « Tu m'apprendras ? Ça n'a pas l'air si facile que ça à faire ! » continuais-je, des petites étoiles pétillant dans le doré, totalement obnubilée par son verre improvisé. Admirative. J'étais sûre d'avoir assez de force pour le faire, mais j'étais moins assurée de retrouver la bouteille un minimum intact me connaissant ! J'écoutais d'une oreille son idée de jeu, je retenais l'essentiel, alors qu'il remplissait son verre d'une larme alcoolisée, le présentant devant moi pour stimuler l'envie de me laisser tenter. Un rictus. Regardez-le comme il se sent confiant. « Adjugé, vendu. Mais ne crois pas être avantagé, mon cher. J'ai des talents insoupçonnés. » approuvais-je, avant de me reculer. Je me tapotais les joues des deux mains, comme si je cherchais à les détendre, à faire en sorte qu'elles ne tirent pas sur mes lèvres pour me faire sourire. J'étais plutôt douée pour ça normalement, mais je ne doutais pas que cela devait être aussi son cas ! Mais je n'aimais pas perdre. Pas delà à me torturer pendant des siècles si c'était le cas, mais je n'aimais pas cette sensation. Alors que pour ma part, j'essayais de relâcher mes muscles faciaux, Jeha se mit.. à sourire. A sourire dans le vide, ce qui me fît papillonner des paupières. Mais ce n'était pas un sourire bien heureux, plus mélancolique qu'autre chose. Il s'entraînait lui aussi, ou il se parlait encore à lui-même ? Pensais-je, alors qu'il reprit la parole. Un rire, un rire ironique. « Et c'est toi qui me dit ça ? Tu es pareil, un vrai volcan en éruption, et c'est tout aussi fatiguant.. Et puis, c'est aussi toi qui a proposé ce jeu, alors qu'on pourrait très bien rentrer à l'appart sans boire plus et je regagnerais la fraternité par la suite. Tu compliques tout, moi je n'y peux rien. » répliquais-je, en faisant une moue angélique, avant d'avancer ma main vers lui. J'attrapais le verre, mais surtout, ses doigts avec, le forçant à lentement abaisser l'objet sur la table. « Pas de coups bas, le jeu n'a pas commencé. » lui lançais-je, en plissant mes yeux comme un cow-boy, prêt à tirer, le coin de mes lèvres se retroussant.

Je versai la même quantité de vodka dans son verre éraflé, le mettant en garde de ne pas se couper la bouche avec. Il me faisait marrer, il aurait pu simplement demander un autre verre ! Ça avait servi à m'impressionner au moins, même si ce n'était certainement pas le but recherché. « Bon, t'es prêt ? On commence.. » Je commençais déjà à avoir chaud, je le sentais. Le rhum faisait vicieusement son chemin dans mes veines. Passant ma main dans les cheveux, je dégageais un peu mon cou, les calant sur une épaule en une expiration. Je décroisais mes jambes, les glissant l'une contre l'autre sur le côté dans une position plus élégante, avant de m'appuyer des deux mains sur la table. Une aura soudainement plus sérieuse et dominante se dégageait de moi alors que je m'accrochais aux prunelles noircies du loup, dans lesquelles j'essayais d'entrevoir sa pupille cachée. « Eeeeet c'est parti ! » Attention concentration. Ses yeux étaient aussi noirs que ses cheveux qui retombaient sauvagement sur son front. Il abaissait légèrement sa tête, rendant son regard plus agressif.. non ce n'était pas le mot cette fois-ci. Je dirais, plus imposant. Si il ne parlait pas beaucoup, ou pas assez à mon goût, cet homme savait transmettre aisément son émotion du moment juste de cette manière. Un dialogue aveugle se noua de longues secondes, alors que je plissais mes paupières, jouant à passer de son oeil droit à son oeil gauche sans rien lâcher. Les paumes de mes mains s’enfoncèrent dans la fraîcheur de la table, ignorant les jeunes turbulents qui passaient à côté de notre table et qui devaient se demander ce que l'on faisait. Et puis tout d'un coup, sans prévenir, j'haussais un sourcil, un seul. (CLIQUE) Il s'étais mis à bondir sur mon front quelques secondes, avant de passer le relais à celui de gauche, qui réalisa la même performance. Le reste de mon visage restait stoïque, tandis que mes sourcils se faisaient comiquement une partie de trampoline à tour de rôle. Mais mon petit jeu semblait avoir fonctionné, car peu à peu, les extrémités de la bouche du photographe se redressèrent dans un bref instant que je capturai. « Perdu ! » m'écriais-je, d'un large sourire enfantin, me laissant retomber en arrière sur le canapé. « Je savais que ce talent me serait utile un jour.. Quoi ? Tu n'as pas dit qu'on avait pas le droit de troubler l'autre non ? Haha allez, de toute façon, c'était juste un test, ça te va ? ~ » Une pointe d'arrogance se décela dans mes paroles, s'amusant à titiller son esprit de compétition. Je récupérais mon verre, et le fît résonner contre le sien. « Allez, on boit quand même pour la peine, avoue que ça t'as surpris ! » Sourire. Le breuvage creusa ma gorge d'une traite, et je fermais un instant les paupières pour faire passer la brûlure intérieure qui se fraya un chemin jusqu'à mon estomac. « Aish ~ Je vais remettre de l'orange, j'aime pas boire pur.. Ah ! Accorde-moi une question, une simple question. » En fait, je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que je voulais lui poser, pleins de choses me venaient en tête, se mélanger, et puis, celle-là était venue. « Dis.. Et toi, tu me détestes ou tu ne m'apprécies pas ? » lui demandais-je subitement, en plongeant mon regard plus sérieux dans le sien sans cette fois essayer de lutter, faisant écho à des paroles que j'avais déjà prononcé il y a de cela quelques temps. J'étais toujours directe, un peu trop. Évitant les mélanges, je resservais les même alcool dans nos verres, une pointe de diluant, avant que la nouvelle manche ne reprenne quelques minutes plus tard.

Il était encore plus concentré, beaucoup plus encore. Je me laissais doucement envahir par son regard ténébreux. Les battements de ses cils se faisaient rares, ou bien, trop rapides pour que cela puisse me perturber. Ils les avaient longs pourtant, c'était beau. Je pariais que le photographe était photogénique. Les lumières multicolores envahissaient la pièce d'un arc en ciel incontrôlable, creusant des ombres sur son visage. Des ombres qui accentuaient le charisme qu'il dégageait sans faire le moindre mouvement. La montagne face au vent. Moi, j'aimais jouer. « T'as de beaux yeux, tu sais.. » murmurais-je assez fort, pour qu'il l'entende, ma tête se penchant légèrement sur le côté. C'était une réplique d'un film célèbre, que j'avais dû voir en version sous-titré quand j'étais enfant avec mes parents, et qui me revenait soudainement en mémoire. Elle était de circonstances après tout. « Laisse-moi les voir de plus près. » Il n'avait pas précisé qu'il ne fallait pas se rapprocher, non ? Je me redressais alors en avant, glissant dans une lenteur calculée mes avants bras sur la table lisse, d'un blanc translucide, gagnant une bonne distance dont je ne semblais vouloir arrêter l'ascension. Vingt centimètres. Je me stoppais à ces vingt centimètres qui séparaient nos cibles mutuelles. Ça y est.. je pouvais voir ses pupilles, dilatées, d'un noir profond. C'était mieux. Si les siennes semblaient fuir, mes paupières, elles, s'amusaient dans une danse lente, à se fermer puis à s'entrouvrir, jouant sous diverses émotions. Ma bouche s'entrouvrit à son tour, à la recherche d'air, la chaleur envahissant mon corps tendu, concentré. La proximité n'aidait pas non plus, surtout qu'elle était plus que familière, une impression de déjà-vu me traversant de nouveau. Un frisson. Je me mordillais la lèvre inférieure. « A cette allure.. je pense qu'on va tous les deux dormir ici, sur les banquettes.. » lui susurrais-je, évitant que la plaisanterie ne se reflète sur mon visage. Et on aura perdu tous les deux car je ne l'aurais pas ramené à l'appart et lui, n'aura pas réussi à se débarrasser de moi !  

     
 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Mar 21 Mar - 3:56
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'aura jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 


La gêne ne m'effleura pas de son aile brûlante lorsqu'elle révéla l'absence de toute connotation sexuelle dans une phrase pourtant tendancieuse. L'alcool en avait assassiné jusqu'au souffle et je savourais un répit qui, pourtant, pouvait s'avérer dangereux pour l'homme dont la méfiance s'était assoupie. Mes lèvres s'étirèrent même en une ébauche de sourire moqueur, dissimulée par un profil maintenu dans l'ombre. J'avais du mal à croire une femme qui maniait la provocation avec autant d'aisance que de naturel. « Un fruit acide et piquant … pourquoi ne suis-je pas étonné ? » La provocation drapait des mots fuyants, que ma langue avait joué spontanément. Mais je n'en regrettais aucun, d'autant plus que la conversation prenait une tournure autrement plus déplaisante qu'un jeu léger et sans conséquence. Ma mâchoire dessina une contrariété passagère et un soupçon d'angoisse colora mes pupilles voilées par un rideau de cils ondoyant. « Parce que tu te sens flattée d'être assignée à ma surveillance ? » la contrai-je, mais sans ignorer le battement félin d'une paupière joueuse et amusée. Un tableau qui m'aurait probablement agacé si je n'avais pas été aussi épuisé, tant par l'alcool que par mes pensées tumultueuses. J'aurais même pu en sourire si ma sexualité ne s'était pas à nouveau éveillée pour pervertir un corps attiré par les mouvements gracieux d'une danseuse culottée. C'était risible. Dire que j'avais demandé cette clé pour justement échapper au genre d'images dont elle bombardait mon faible cerveau en coulant la main au creux de seins qui m'obsédaient déjà suffisamment. « Tu es vraiment une emmerdeuse. » grognai-je lorsqu'elle éclata de rire pour se moquer d'une remarque dont elle ignorait le véritable sens. « Tu peux tout aussi bien me la remettre ici, je ne suis ni ton ami ni ton frère. » lui rappelai-je avec un sourire mordant, mais sans une trace d'agressivité dans une voix aggravée par la fatigue et échauffée par un souffle brûlant. « Avoue que tu n'agis ainsi que pour me faire chier. Dommage pour toi, je suis trop saoul pour m'énerver.  » Elle s'avança mais je n'eus pas la présence d'esprit de reculer, hypnotisé par un regard pourtant moqueur. Puis, lorsqu'elle recula, ce fut la danse qu'elle dessina de son corps voluptueux qui captiva mon attention. Elle était aussi suave et chaude que sa personnalité, aussi dangereuse que la femme qui, par la musique, se laissait porter. Jusqu'à cette question familière, qu'elle prenait l'habitude de poser dès qu'elle me voyait. Mais elle fit l'erreur d'y ajouter une image dont mon esprit aurait préféré ignorer l'existence. Je ne réagis que vis à vis d'elle et laissai échapper toute la frustration que faisait naître en moi son comportement. Ce que, bien évidemment, elle ne comprit pas. Comment l'aurait-elle pu alors que je ne saisissais pas moi même le brusque chamboulement dont j'étais la victime ? « Et tu ne t'en porterais pas moins mal Sora. » lui répondis-je, en la mirant de deux pierres assombries par le calme et une certaine forme de sérieux, la seule que me permettait mon état. « Que t'apportent nos discussions houleuses et nos rencontres aussi brèves qu'explosives ? Hormis l'énervement et l'incompréhension ? Pas grand chose n'est-ce pas ? » Je n'attendais pas vraiment de réponse à une question somme toute rhétorique, car il n'y en avait aucune autre si ce n'est celle que je venais de déclamer. Même si mon comportement l'amusait au delà de la colère, même si le jeu qui commençait à se tisser à mes dépens l'intéressait, la conclusion n'en serait pas moins différente que le prologue :  il n'y aurait jamais rien d'autre entre nous que quelques piques. Mon asociabilité et mon désir buté de ne me faire aucune amie du sexe féminin m'en empêchait, sans mentionner, de surcroît, le désir qui m'éclaboussait et qui rendait toute autre relation que ce « pas grand chose » impossible. « Je t'en crois capable et c'est pourquoi je te déconseille férocement de le faire. Sinon je te mords. » Je savais, malgré la brume et la chaleur qui empoisonnait mes pensées, que cette soirée n'était qu'une parenthèse. Une parenthèse que je m'autorisais dans cette fuite permanente motivée par l'angoisse et la défiance, par la volonté farouche de préserver une indépendance difficile à sauvegarder. Mais ce soir, je choisissais d'abdiquer. Plutôt que de fuir et de l'abandonner comme mon bon sens me l'aurait sans doute soufflé, je ne la quittai que pour quelques minutes, afin de suivre une envie à laquelle je n'aurais jamais cédé d'ordinaire. Mais l'alcool n'était-il pas connu pour rendre con ? Et ne l'étais-je pas de me jeter dans la gueule du loup, en partageant avec elle plus d'un verre dans le but ridicule de récupérer une clé à l'utilité fracassée par sa présence ? Pourquoi étais-je aussi buté ? Autant de questions qui ne firent que m'effleurer pour mieux disparaître, à la faveur de la chaleur, des rires et de la flagrance si particulière de l'alcool qui baignait les lieux. S'y ajouta celle du cuir, sur lequel elle s'installa après avoir cédé sans hésitation à ma proposition. Le visage à l'impassibilité feint, elle croisa ses jambes galbées sous la table, en un mouvement qui fit remonter le vêtement sanglant sur sa peau laiteuse. Cette femme … « Je ne saurais jamais prêt à te supporter … autant jouer. » répliquai-je en lui coulant un regard narquois. Elle était sûre d'elle mais je doutais qu'elle puisse tenir cette position glacée plus longtemps que quelques minutes. Étonnamment, et dans un élan de sadomasochisme inconscient, je comptais sur son côté le plus provocant pour la pousser à céder et à perdre. Elle ne pouvait s'empêcher de titiller et de chercher un animal qu'elle réussissait la plupart du temps à trouver. Mais ce soir … j'étais amorphe et toute notion de colère m'avait déserté pour ne laisser que deux flammes dans mes yeux noirs.

Elle craqua plus vite que je ne l'aurais escompté, en se redressant avec une vivacité marquée par un anglais américanisé et sexy. Il me fallut quelques secondes pour comprendre que la bouteille cassée était à l'origine de son admiration subite. « Il en faut peu pour t'impressionner. » m'étonnai-je, alors même qu'elle regardait le verre improvisé avec des étoiles plein les yeux. Un sourire fleurit spontanément sur mes lèvres. Je n'aurais jamais cru voir un jour une telle mimique enfantine s'afficher sur ses traits. Aussi, et cédant à une impulsion subite, je coulai un regard autour de moi et récupérai une bouteille vide abandonnée sur la table déserte qui jouxtait la nôtre. Je la contourna et m'assis près d'elle pour lui montrer un geste que je considérai facile et peu digne d'intérêt. Pour ce faire, je l'enjoignis à saisir la bouteille de sa main fine et la recouvris de ma paume brûlante. J'ignorai les flèches empoisonnés qui s'enfoncèrent dans ma chaire lorsque je frôlais sa cuisse de la mienne. J'ignorai la morsure du désir quand j'embrassai ses doigts des miens. D'une impulsion franche et ferme, je la poussai à frapper la bouteille contre la table. Le goulot se brisa, et j'en récupérai le vestige après l'avoir relâché avec une soudaineté qui trahissait les derniers lambeaux d'une personnalité endormie. « Tu vois, rien de bien compliqué. » murmurai-je à mi voix en me redressant pour regagner un siège sagement disposé de l'autre côté du meuble. J'humidifiai mon inférieure sèche d'une caresse humide d'une langue assoiffée, sans savoir si c'était l'alcool ou l'ambroisie qui me tourmentait, et versai dans son verre une larme de rhum afin de lancer un jeu qui tardait. « Je connais au moins ton talent le plus dangereux. » grommela-je à mi voix en remplissant mon verre, avec plus de générosité que le sien. Un verre que je bus d'une traite. Cette femme était décidément mauvaise pour ma santé. Elle était un poison qui se glissait insidieusement dans mes pensées et dans mes veines, un supplice de tantale imposée sur ma route par un destin sadique. Au final, je n'étais pas différent de la majorité des hommes. J'étais gouverné par mon bas ventre avant de l'être par un cerveau définitivement dominé. « Mais qui te dit que je voulais rentrer seul ? » lui demandai-je brusquement en vrillant mon regard au sien. Une idée qui me paraissait d'autant moins incongrue que j'en ressentais le  besoin. Pathétique. Je lui tendis son verre sans plus en rajouter, préférant rebondir sur une question jusqu'ici ignorée et à laquelle elle répondit au tac au tac. « Je complique et tu te mêles de tout et de rien. Tu vois bien que nous sommes deux personnalités incompatibles. » Ses doigts frôlèrent les miens et s'y enfoncèrent, en une caresse affirmée pour laquelle j'hésitai à lâcher le verre. Mais mes inhibitions se cassaient la figure, se brisait sur cette table tâchée d'alcool et d'ombre. « Ça vaut aussi pour toi. » Je n'avais qu'une confiance assez relative en So Ra. Elle jouait avec mes émotions et mes réactions comme un musicien du violon et je doutais profondément de sa bonne volonté à ne pas jouer de provocation pour parvenir à ses fins. Et elle était joueuse, de cela je ne pouvais plus douter. Comme pour répondre à une pensée silencieuse, elle passa les mains dans ses cheveux en un geste félin destiné à les réunir sur une épaule. Sa nuque, ainsi dégagée, dévoilait une ligne pure et transfigurée par la boucle d'oreille qui dansait alors qu'elle s'installait. Elle donnait l'impression d'être une lionne, terrée dans les hautes herbes, attendant la proie assez naïve pour se jeter entre ses crocs. J'inspirai doucement et m'adossai à ma chaise pour m'éloigner de ce visage aux prunelles hypnotiques. Elle avait un regard … captivant et il était sans doute ce qui me perturbait le plus chez elle. Je serrai les dents et, d'une pression, m’efforçai de ne pas succomber à l'ensorcellement de ses yeux dans lesquels je ne me noyai que trop aisément. Une pression. La rangée d'ivoire embrassa à nouveau sa compagne et je me durcis, non pour lui échapper mais pour tenir le siège. Les secondes s'écoulèrent et je n'entendais que mon cœur frapper ma cage thoracique, au rythme d'une musique de plus en plus onctueuse. Ce fut soudain. Brusque. Son sourcil bondit sur son front d'albâtre en un mouvement comique auquel je ne m'attendais pas. Je retins de justesse l'éclat de lire mais pas le dessin qui étira mes lèvres, trahissant l'hilarité attendrie qui perça le stoïcisme oublié de mon regard. Son sourire fit écho au mien tandis qu'une exclamation heureuse échappait à ses lèvres carmines. « Je ne l'ai pas dit. » grognai-je en peinant à retenir les aiguillons d'un rire farceur. « Et ça compte. Profites en parce que je n'ai pas l'intention de me faire avoir une seconde fois. » [/color]maugréai-je tandis qu'elle frappait mon verre du sien, en un son éphémère qui me fit craquer. Je le portai à ma bouche et posai le verre coupant avec prudence sur une inférieure tendue pour recevoir l'alcool brûlant qui m'arracha la gorge. Je plissai un œil en baissant légèrement la tête. C'était dégueulasse … mais la chaleur lourde qui se dissémina dans mon être était si agréable qu'elle me fit oublier la saveur âcre qui tourmentait pourtant ma langue. Mais je préférais cette brûlure à celle du désir que la boisson atténuait. Je reposai le verre en secouant la tête mais la relevai sitôt qu'elle posa sa question. « Tu ne me l'as pas déjà posé ? » J'avais la sensation d'avoir déjà vécu la scène mais je ne parvenais pas à me remémorer le contexte dans lequel elle avaitété posée, ni même la réponse que je lui vais donné. « Tu poses la mauvaise question. » répondis-je finalement en faisant tourner un verre entre mes doigts que je fixais, comme pour dissimuler une blessure qu'elle effleurait sans savoir. « Ce n'est pas que je te déteste ou que je ne t'aime pas. C'est que je ne tiens pas spécialement à t'apprécier. » Je levai les yeux vers elle, afin d'assumer une réponse qui, contrairement à sa question, manquait de franchise. Mon histoire était plus compliqué que ces quelques mots qui pouvait blesser son ego à défaut de ses sentiments inexistants. Elle ne me connaissait pas plus que je la connaissais. Mais je savais néanmoins qu'elle était fière et qu'elle ne comprendrait certainement pas un raisonnement trouble et peu expliqué.

Le verre fut poussé, avec une pointe de jus de fruit pour en atténuer la saveur amère. Je l'embrassai à nouveau des doigts et mon visage fut noyé par une impassibilité ombrée, née d'autant plus facilement qu'elle m'avait rappelé en peu de mots pourquoi je ne désirais pas l'approcher. Une conscience qui se déchira, incapable de hurler assez fort et assez longtemps pour réveiller un cerveau totalement amorphe. Mais l'humour s'était cependant dilué. Même la musique semblait plus lointaine, tandis que n'existait plus qu'un regard dans lequel je m'immergeai. Dans l'ombre, tout juste dérangée par un kaléidoscope fuyant de lumières colorées, ses yeux étaient sombres et d'autant plus magnétiques qu'ils étaient soulignés d'épais traits noirs, qui en accentuait à la fois la profondeur et l'animalité. Un mouvement. Son menton navigua vers la droite et sa boucle d'oreille effleura sa gorge nue tandis qu'elle soufflait des mots chauds qui coulèrent dans mes oreilles pour faire naître en moi la surprise. Néanmoins, je reconnus sans peine la référence célèbre qui s'y dissimulait. Mais elle ne s'arrêta pas à cette simple reprise et, après l'avoir annoncé, s'approcha avec une lente sensualité qui la caractérisait. Seul mon dossier m'empêcha de reculer la tête et je parvins à rester immobile et ce bien qu'elle s'amusa à m'approcher suffisamment pour que je sente son souffle chaud rebondir sur mes lèvres. J'eus l'impression de revivre à nouveau une scène, mais cette fois une scène que je n'avais pas réussit à effacer. Un baiser manqué, une véritable épreuve qui m'avait demandé plus de forces que je n'en possédais réellement. J'entrouvris les lèvres dans un mouvement inconscient pour inspirer et retrouver contenance, mais ce fut sa propre chaleur que je respirai, plutôt que celle d'une boîte surchauffée. Le cœur battant, les tempes irradiées, je me contraignis à la regarder. Une nouvelle fois, j'étais dominé par cette femme trop charismatique. Pourquoi ? Parce que je n'attaquai pas, parce que je préférai défendre plutôt que d'aller au front. Mon sourcil s'arqua légèrement et, plutôt que de reculer, j'avançai légèrement. Un ou deux centimètres furent ainsi parcourus et je soufflai gravement. « La beauté est dans les yeux de celui qui regarde. » Le proverbe m'était venu spontanément, d'autant plus vrai qu'elle avait des yeux magnifiques. Néanmoins, j'étais d'autant moins apte à lui dire que cette proximité m'étouffait. Elle réveillait en moi toutes les sensations que j'avais éprouvé dans la salle de bain. L'envie éclaboussée d'écarlate, la tension sourde et violente de mes muscles contractés, le désir sauvage de capturer sa bouche et de goûter enfin à même la source ce souffle qui ne cessait de rebondir sur mes lèvres serrées. Ce souffle dont je humais la flagrance malgré moi, et qui trahissait les arômes riches de l'alcool que nous partagions. N'y tenant plus, je levai la main et effleurai des doigts son menton. Une caresse sur sa peau, qui devint une pression quand j'y appuyai pour la pousser à fermer la bouche. Mon pouce effleura alors sa mâchoire, sa boucle d'oreille froide, sa tempe plus chaude puis ce front satiné dans lequel je l'enfonçai pour la contraindre à reculer. «N'envahis plus mon espace vital ou je mords. » grondai-je, le bras tendu mais sans chercher à échapper à l'étreinte d'un regard que je ne pouvais quitter sous peine d'être disqualifié. Ma main chuta et mon pouce frôla son nez puis cette bouche dont le toucher exquis fit naître des aiguillons brûlants dans mon bras. « Et si tu ne veux pas dormir ici … abandonne et donne moi la clé. » murmurai-je d'une voix plus chaude en approchant mon buste de la table.  J'y pressai les coudes et me penchai légèrement afin de mieux la regarder. Intensément. La lumière donnait l'impression que sa peau était transparente tant elle était pâle sous les faisceaux. « Toi qui est affamée … » soufflai-je en levant un sourcil moqueur, « je suis prêt à négocier en gourmandises et mignardises. » So Ra était plus coriace que je ne l'avais imaginé, d'autant plus que je ne savais pas comment amener un sourire à étirer cette bouche désirable. « Ce jeu est perdu d'avance. Tu n'es pas femme à craquer et je ne me ferais pas avoir deux fois par un mimique aussi adorable soit-elle. Hors, dormir sur cette banquette alors que tous les mâles de cette salle te dévorent les yeux … ce serait une vraie mauvaise idée. » Une autre, cependant, dansait dans ma tête. « Corsons le jeu. » Sans la quitter des yeux, je déboutonnai mes manches blanches et les remontai sur mes coudes. Alors, je lui tendis la main et, avec un sérieux que démentait deux obsidiennes creusées dans un visage impassible, je capturai sa paume que je serrai entre mes doigts. Elle était délicieusement chaude, à la différence de ses ongles dont la caresse était froide. « Le bras de fer chinois. Le premier à rire ou à capturer le pouce de l'autre gagne. » Je me fis violence pour ne pas sourire à ma propre bêtise enfantine et contractai la mâchoire pour accentuer le sérieux d'un visage à l'impassibilité feinte. Pour ce faire, je fis la connerie de me concentrer sur la chaleur que faisait naître une touché. Mon pouce embrassa son index en une caresse éphémère tandis que je le levai en position d'attaque. « Alors, cap ou pas cap » lui lançai-je provocant en resserrant l'étreinte de ma main contre la sienne.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Mar 21 Mar - 22:25
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Je Ha & Sora





TENUE & MUSIC | Que m'apportaient nos discussions houleuses et nos rencontres aussi brèves qu'explosives ? Pas grand chose en effet, juste une compagnie, une distraction éphémère qui me suffisait parfois. Je ne lui en demandais pas plus de toute façon, sauf cette simple envie de le voir se relâcher qu'il semblait inconsciemment aujourd'hui me satisfaire, et je commençais doucement à me rendre compte que l'alcool y était pour beaucoup. Breuvage envoûtant qui changeait, dévoilait ou accentuait notre personnalité et je me demandais ce que cela allait donner sur lui. Le petit jeu qu'il proposa allait sans doute m'aider à le découvrir, même si quelques shooters auraient été plus rapides. Mais non, je ne cherchais pas à le soûler ! Juste un peu, ça lui réussissait pour le moment, deux ou trois verres de plus ne lui feraient pas de mal. En parlant de verre, le voilà entrain d'en créer un sous mes yeux épatés, n'ayant encore jamais vu ça de ma vie ! On voyait juste ça dans les films, quand des gens se battaient dans les bars, il y avait toujours un plan rapproché d'un mec qui attrape une bouteille en verre et la fracasse sur le comptoir, afin de s'en servir comme une arme tranchante et potentiellement mortelle contre ses ennemis. C'était moi l'ennemi ? Ahh je voulais savoir faire ça ! « Oui, il m'en faut peu. » Pas toujours, mais cette action était particulièrement convaincante, et quelque part.. assez sexy. Oui, la légende des mauvais garçons avait toujours eu tendance à faire de l'effet sur les femmes, je ne pouvais le nier, même si ce n'était pour ma part, pas dans mes critères les plus appuyés. Mais en tant que femme, j'avais aussi envie d'enrôler cette image, un peu badass, tout en essayant de paraître naturel. C'était ce qu'il faisait, son geste semblait d'une banalité pour lui, c'était banal quand on avait l'habitude de le faire, pas pour les autres. Je m'accrochais à son sourire soudain, vrai, sans retenue, alors qu'il ne décide tout à coup à se lever, pour venir s'installer à côté de moi. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il me fasse un cours sur le champ, il avait senti ce besoin de transmettre aussitôt son savoir ! Le canapé s'affaissa légèrement à côté de moi, alors qu'il m'invitait à poser la main sur la nouvelle bouteille qu'il avait récupéré, délaissée sur la table voisine. Geste rapide que je fis sans tarder, relevant le défi. Mais je craignais de la briser toute entière.. Si j'avais bien appris une chose dans les entraînements de sport de combat que je suivais, c'était bel et bien ma tendance à parfois manquer de délicatesse, ou de maîtrise, quand j'utilisais ma force. Il fallait bien le dire.. j'étais un peu brute ! Surtout lorsque j'étais motivée. Le verre paraissait épais, était-il dur à briser ? Je caressais du bout des doigts la fraîcheur de celui-ci, m'apprêtant à décaler ma main plus loin pour effectuer l'action de la briser, mais celle de Jeha la captura. Sa paume chaude entoura la mienne et je sentis à la pression qu'il émettait que je n'aurais pas grand chose à faire, à part suivre son mouvement. Mais là ? Là, juste devant ? Yah, si je pouvais éviter de t'envoyer du verre dessus, et sur moi par la même occasion, ça serait plutôt pas mal. J'étais peu sûre de ma main sur ce coup-là, et pourtant, ça ne lui avait pris qu'une brève seconde pour briser la bouteille en deux, le morceau se détachant d'une brève tonalité sur la table. Mon corps s'était crispé contre celui de mon voisin, la tension de mes jambes contre la sienne. Il me relâcha tout aussi vite que sa brusque envie de jouer les professeurs, retournant s'asseoir en face de moi. Son départ me vola quelques degrés à la température ambiante. « C'est tout ? En fait, ça se brise assez facilement ! J'me demande combien on peut en briser en une minute.. » lui lançais-je, comme un petit défi dans une réponse presque rhétorique, alors que je lorgnai aux alentours pour voir si il n'y en avait pas d'autres. Stop Sora, tu mettras ton nouveau talent à l'oeuvre un autre jour !

Mon talent le plus dangereux ? Il devait penser à celui de me battre certainement, et je ne pouvais pas dire qu'il avait tort, mais je n'avais pas pu m'empêcher de rajouter.. « Ohh, il faudrait qu'on soit beaucoup plus proche pour savoir quel est mon talent le plus dangereux.. » murmurais-je presque pour moi-même, mais assez fort pour qu'il l'entende, étirant lentement mon corps, mes épaules en arrière. La voila ma connotation sexuelle ! Mon regard coula aussitôt vers le sien. « Eh bien, si tu ne rentres pas seul, je vous laisserais faire vos affaires, voilà tout. » Après tout, je n'allais pas tenir la chandelle si il rentrait vraiment avec quelqu'un et je suis sûre qu'il n'aurait pas de grandes difficultés pour cela. Si il mettait son agressivité brutale de côté, il pourrait avoir n'importe qui et sur un plateau d'argent. Mais que voulez-vous ? Il y avait des choses bien compliquées à corriger chez chacun, à changer, et j'en faisais aussi bel et bien partie. Mais c'était ça qui était souvent le plus intéressant chez les gens. Des choses qu'on ne voyaient pas chez les autres. Des choses chiantes, emmerdantes, qui nous rendaient fous de rage, et qui nous sortaient du quotidien, de notre stabilité. « Je n'aime pas quand c'est trop facile.. Si tu étais comme moi, je m'ennuierais sans doute. » affirmais-je simplement. Je réalisais quelque chose.. j'étais un peu sadomasochiste quand même ! C'était comme si j'affirmais que je préférais m'engueuler violemment avec lui, que de rester tranquillement avec quelqu'un et de m'ennuyer avec ! Je levais les yeux en l'air, peu convaincue, avant de reporter mon attention sur le jeu qui venait de commencer. J'avais choisi une stratégie plus directe, et sans doute inattendue, en utilisant un petit atout comique qui avait toujours réussi à faire son petit effet. Et cette surprise avait eu l'effet escompté, faisant retrousser ses lèvres tendues. Un point pour moi alors, si il l'affirmait ! Je refermais mon poing devant moi, le serrant en guise de victoire, avant de boire mon verre qui m'arracha une expression désagréable sous l'alcool pur. Puis je posais ma question, et je sentais dès que je l'avais formulé, que j'avais peut être mal choisie. A vrai dire, c'était moi une fois qu'il lui avait dit ça, que je ne le détestais pas, mais que je ne l'appréciais pas, voilà tout. Je ne l'appréciais pas, mais voir d'autres l'apprécier, tel que Il Nam, et m'en faire un autre portrait, me faisait douter sur mon jugement tranché d'origine. Et je haïssais douter de cette manière sans me faire un avis enfin juste. Mais pour lui, peut être que ce n'était pas son cas et sa réponse me figea de longues secondes, essayant de décortiquer le sens de ses paroles. « Tu ne tiens pas spécialement à m'apprécier.. Je ne sais même pas comment prendre ça. » Et c'était le cas, je crois que d'ailleurs, personne ne m'avait encore dit quelque chose comme ça. « Je me sens un peu vexée d'une certaine manière et en même temps.. c'est assez évasif mais bon. Au moins, t'as été honnête ! » lui lançais-je, d'un sourire crispé, trahissant un orgueil enflammé que je tentais d'étouffer. Mais qui avait posé cette question hein ? Je n'avais rien à dire. Rien ne devait sortir de toute manière, ma mâchoire se durcissant de plus en plus dans la concentration dans ce besoin intempestif d'effacer toute trace d'hilarité. Deuxième manche..

Par besoin de reprendre le dessus, un dessus légèrement ébranlé, je m'affairai à passer à un niveau supérieur. Nous étions sur un terrain qui nous était presque familier, je commençais à le comprendre. Nous arrivions à tenir, et la surprise semblait être l'atout qui était de notre côté pour titiller l'autre. Alors, je me décidai à me rapprocher dans une lente ascension le long de la table, ses prunelles se faisant soudainement moins sombres lorsqu'elles étaient plus à ma portée. J'aimais vraiment son regard, tout comme il pouvait m'enrager en deux secondes, ça je l'avais bien compris au cours de nos diverses rencontres. Ce regard qui m'avait donné maintes fois envie de le gifler, de le provoquer, de le dominer de n'importe quelle manière. Pour qu'il l'abaisse. C'était ce même regard qui me faisait face aujourd'hui, dans ce jeu enfantin que nous n'aurions jamais pensé faire ensemble. Ce même regard appuyé, chaud, envoûtant, qui semblait me caresser de son silence. Ce même regard que je n'avais, cette fois-ci, pas envie de forcer à abaisser. Je me surprenais à désirer qu'il ne s'éloigne pas, pour profiter encore de cette ambiance. Ambiance n'était pas le mot car je ne pourrais mentir sur la tension que je ressentais face à lui, d'aussi près. Une tension imprévue, agréable dans cette sensation instable qu'elle me prodiguait. Son souffle se rapprocha de plusieurs centimètres, répondant à mon attaque provocante. Je pouvais sentir son haleine oranger, se mêler à l'agrume de ma langue passant sur ma lèvre inférieure. Sa réplique me prit de court, mes prunelles s'agrandissant lentement, sous la chaleur de sa citation. Venait-il de me faire un compliment ? Je papillonnai des paupières sans lâcher le chocolat que m'offraient ses pupilles joliment dévoilées. Si je le disais, il était bien capable de me le reprendre ! Si bien que je gardais ma remarque pour moi, laissant échapper un léger soupir. On allait jamais y arriver, pensais-je.. Quand mon corps rata un battement malgré lui lorsque sa main se posa sur mon visage. Il n'y avait pas besoin de beaucoup s'alarmer pourtant, il avait seulement fini par attraper mon menton, le relevant pour me forcer à fermer la bouche. Je plissais les yeux d'un air renfrogné. Dis tout de suite que je parle trop ! Je relevais l'objet du délit, comme pour mieux le défier, mais ses doigts s'en étaient allés ailleurs en un effleurement léger, mes lèvres s'entrouvrant à nouveau, avant que l'un d'entre eux ne s'abatte sur mon front pour me faire reculer. « Yah ! Ne t'éloigne pas trop alors. Si t'es trop loin, c'est trop simple. » A ses mots, mes dents claquèrent au passage involontaire de son doigt qui avait rebondi sur ma bouche. Ce simple toucher m'avait arraché un frisson, effaçant son passage du bout de la langue. « Je n'abandonnerais rien. J'ai tout mon temps.. » En clair, il n'était pas encore débarrassé de moi mais c'était beau d'essayer. Il ne faisait qu'avancer et reculer, alors que pour ma part, je ne bougeais pas, stoïque, roulant lentement les épaules comme un félin prêt à bondir. Je restais aux aguets de mes ovales en amande, alors qu'il s'appuyait à nouveau contre la table, bombant légèrement son buste vers l'avant. Je retins un sourire de justesse à son allusion de toute à l'heure, mais surtout, en essayant de m'avoir en corsant la récompense de gourmandes pâtisseries, particulièrement prisées de nos personnes. Ok, touchée ! « Tu veux augmenter le nombre que Il Nam m'a promis ? Promets-moi plutôt quelque chose que toi tu pourrais me faire, si je gagne ~ » lui susurrais-je en haussant un sourcil, charmeuse, même si je ne pensais en réalité à rien de particulier. Mais l'idée de gagner à la fois quelques tartelettes et un service de Jeha, cela me plaisait assez, me faisant claquer les ongles d'impatience sur la table. Je reconnais aussi que ce jeu était perdu d'avance, nous étions plutôt à armes égales sur ce coup. Je remuais à nouveau mon sourcil de bas en haut pour le taquiner, en l'entendant le qualifier de mimique adorable. Adorable, eh bien ! C'était peut être mon arme la plus dangereuse enfin de compte. Je fis une moue. « Si.. Si tu restes avec moi, personne ne viendra déranger mon sommeil sur cette banquette. Ne sous-estime pas ta présence, tu as une bonne carrure en plus, j'ai pu le constater.. » répliquais-je en penchant légèrement la tête sur le côté, d'une voix lascive, me plongeant plus intensément dans son regard que je n'avais toujours pas lâché. Je n'avais pas eu le temps de bien regarder, mais il ne m'avait fallu que quelques secondes pour me l'avouer. Et puis, c'était vrai, on m'approchait moins quand j'étais en compagnie d'un homme. Soit on pensait que c'était mon mec, la plupart du temps d'ailleurs, soit ils n'osaient pas, surtout les coréens. Les américains eux, fonçaient dans le tas si ils n'étaient pas sûrs de la nature de la relation, même accompagnée et demandaient clairement la moitié du temps, ce qui était parfois agréable dans leur cran assumé, tout comme tout à fait ennuyant. Corser le jeu ? Corsons le jeu. Je me reculais, reprenant un minimum place sur le canapé, alors qu'il remontait ses manches. « Ouuuh.. Mais c'est qu'on deviendrait sérieux dis-moi. » le taquinais-je, me retenant de ne pas caresser les veines apparentes qui ornaient ses avant-bras dessinés, mais le lien visuel n'était toujours pas perdu. Il perdurait, bien que cela devenait difficile de ne pas être attiré machinalement par les gestes de chacun, du brouhaha environnant, et de ne se focaliser que sur une seule et même personne. Il me présenta sa main, et non sans appréhension sur sa nouvelle idée, je glissai la mienne dans sa paume, avant qu'il ne la referme. Une chaleur chaude l'enveloppait, la même que celle qui m'avait entourée, encouragée à casser la bouteille, la même que celle qui était passée sur mon visage un peu plus tôt. Je plaquais le dos de mon autre main contre ma bouche, m'empêchant de justesse de sourire sous la bêtise de son choix de jeu, à nouveau. Mais j'adorais, ça me faisait rire, mais je ne pouvais pas rire ! « T'as d'autres jeux comme ça en réserve ? » lui lançais-je, en arquant un sourcil, car la soirée allait bel et bien durée si c'était comme ça ! Mais ça ne me déplaisait, cela me surprenait plus qu'autre chose. Sa poigne se fît plus ferme sur ma main droite, qui était enfin guérie de sa blessure, mais dont la marque se voyait encore. « Cap. »

J'avais dit cap, mais j'avais parlé sans avoir évaluer correctement la situation comme j'avais pourtant l'habitude de le faire. Pourtant, l'évidence était sous mon nez, et ne se manifesta que lorsque le combat commença. Mon pouce était ridiculement petit à côté du sien, qui le surplombait d'un bon centimètre. J'avais beau le dresser en l'air pour le faire paraître plus fier, il allait être difficile d'attaquer son cousin masculin. On leva nos bras devant nous, presque nos regards à la même hauteur afin que l'on ne puisse laisser fuiter une éventuelle mimique de rire chez l'autre. Si je ne pouvais faire grandir mes doigts, je me servais de notre poigne qui me fît garder un équilibre plus constant. J'étais toujours très cérébrale pour ce genre de choses ! Si il allait à droite, j'allais à gauche, et inversement. Je me mordillais la lèvre inférieure. Je n'arrivais pas à l'attraper de front, il était trop haut, alors je passais de côté, essayant de le plaquer, mais il était bien plus costaud que moi. Je laissai échapper un grognement, sifflant nerveusement entre mes dents serrées. « C'est comme si un athlète poids plume affrontait un athlète poids lourd ! » lâchais-je, avant qu'il n'arrive tout à coup à m'attraper. Selon le jeu, il fallait compter jusqu'à trois pour gagner. « Non non non ! Attends.. Attends, c'est pas fini ! C'est pas fini j'te dis ! » scandais-je d'un regard enflammé par la compétition. Je l'entendais compter, alors que je mettais toutes mes forces pour m'échapper de son attaque, et puis tout à coup, j'avais senti que j'y étais allée un petit peu trop fort dans ma tentative d'évasion. La pression qu'il exerçait sur mon pouce m'arracha une exclamation douloureuse d'une brève seconde, alors que je venais de réussir à le récupérer. Je portai ma main libre d'un mouvement protecteur autour du doigt levé, fixe, avant de m'arrêter net, plongeant mon regard dans celui de Jeha que j'avais quitté sans le vouloir quelques secondes. Un pouffement, mon corps se crispant sur lui-même dans ce simple affaissement bref, les lèvres fines roulant sur elles-même.. avant d'éclater d'un rire franc et enfantin que je n'arrivais plus à retenir devant la situation. « Pardon.. Je suis désolée ! J'ai senti mon pouce craquer, c'était dégueux, j'ai pas pu me retenir.. » avouais-je, d'un large sourire alors que j'agitai celui-ci pour vérifier si tout allait bien, nos paumes toujours liées. « T'inquiètes, tu ne m'as pas fait mal, c'est moi qui ai fait un mauvais mouvement. Bon, tu gagnes cette manche. » concluais-je, en secouant légèrement de bas en haut sa main comme si je le félicitais, avant de lentement m'en séparer. Mais je la rattrapais fermement, afin qu'il ouvre sa paume devant moi. « T'étais avantagé sur ce coup-là, avoue-le. Regarde-moi ça.. » J'apposai la mienne contre la sienne, remontant le long de ses doigts en une caresse insoupçonnée. Il avait la peau douce pour un homme, c'était toujours bon à prendre. Même un très bon point. Tout cela était long et élancé.. et je profitais de ce moment de répit pour laisser glisser mes prunelles ailleurs, descendant en un battement de paupière sur son avant-bras bandé. Je me laissais aller à des images accablant brusquement mes pensées, trahissant une soudaine tentation exquise d'une situation bien différente à la vue d'un nouvel atout. J'inspirai, entrouvrant mes lèvres asséchées, avant de m'éloigner de son toucher brûlant. Il valait mieux se brûler d'une autre manière, pensais-je, en rajoutant un peu plus de rhum dans mon verre. « Allez, cul sec ! » scandais-je, en me mettant de profil comme le voulait la tradition, tendant la gorge à l'extrême jusqu'à la dernière goutte, lâchant un soupir, le visage vers le plafond. Je secouais la tête. Comment pouvais-je avoir ce genre de pensée avec Jeha ? Ce n'était pas comme si j'étais en manque.. ou peut-être un peu, sans le savoir.. Emmerdant, mais attirant. Terriblement même, pour les deux. C'était sûrement le lieu, l'ambiance, rien d'autre. Je reposais mon verre, résonnant d'une tonalité sourde sur la table. « Ahhhh.. J'avais mal aux joues à force de me retenir de sourire, pas toi ? » Essayer de tenir sans esquisser la moindre expression, ce n'était décidément pas si simple, surtout que ça faisait presque dix minutes non ? J'avais l'impression que cela avait duré des lustres ! Bien que cela n'ait été pas si désagréable. « T'as le droit de me poser une question si tu veux, même si tu ne tiens pas spécialement à m'apprécier.. » lui lançais-je comme une nouvelle pique que je m'affligeais à moi-même, avant d'esquisser un sourire aiguisé, claquant violemment la bouteille de rhum à côté de nous après m'être à nouveau servi. Je coulai vers lui un regard intéressé, tout en réfléchissant à la troisième épreuve.. ça y est, le rhum en moi faisait son effet..

J'écarquillais les yeux.. j'avais une idée ! « Aish ~ .. » soupirais-je en fermant les yeux, exaspérée d'avoir pensé à ça. A vrai dire, je voulais chercher quelque chose dans lequel je serais avantagée, mais dans un club, il n'y avait pas tant de possibilités. Je levais mon doigt en l'air, ah ! « A moi de choisir la dernière épreuve ! On va corser encore plus les choses. » J'allais mélanger deux idées, pour faire mieux passer la première. Sans perdre de temps, je me levai à mon tour en lui lançant un sourire mystérieux, le laissant à la table pour me diriger vers le bar, follement bondé. Je me frayais un chemin en m'imposant sans difficulté entre quelques personnes, demandant au barman un verre à whisky et, un verre de shooter tout deux vides, que j'emportai avec moi jusqu'à la mezzanine, les posant d'un coup sec devant Jeha. Sans plus tarder, je mélangeais dans le grand verre un des deux alcools transparents avec de l'agrume, en remplissant une bonne partie. « Tu dois sans doute connaître ce jeu, je l'ai appris dans un bar avec de la bière et du soju quand je suis arrivée en Corée.. » continuais-je, alors que j'attrapais le shooter vide, le faisant flotter dans le breuvage aux nuances chaleureuses. « Chacun notre tour, on va remplir ce shot de rhum. Celui qui le coule, a perdu, et doit tout boire, cul sec ! » lui lançais-je, en plongeant mon regard dans le sien. « Maaaais.. pour rendre tout cela un peu plus difficile, et drôle d'ailleurs, on va tous les deux faire des aegyos à l'autre, tout le long de l'épreuve, pour le décourager ! On ne doit ni rire, ni sourire à ce que fait l'autre, sinon il a perdu ok ? » Je sentais que ça allait être un massacre, mais on allait pas nous noter de toute façon, c'était juste pour déstabiliser l'autre pendant qu'il verse. « Et ne pense pas que je suis avantagée.. Crois-moi c'est pas facile pour moi non plus, mais c'est le dernier round, allezzz ! » affirmais-je en faisant déjà une moue mignonne. Et on s'en foutait, personne ne nous entendait vraiment, tout le monde était cramé ici. Je ne réalisais même plus qui j'avais en face, si j'y réfléchissais à deux fois, je trouverais cette situation totalement impossible.. et pourtant !

On se concentra pendant une longue minute, et je me sentais déjà désespérée d'afficher une telle apparence. Ce n'était tellement pas moi ! Si je m'étais royalement moquée des coréens qui faisaient ce genre de choses en arrivant dans ce pays, mes amies me l'avaient vite enseigné, et apparemment ici, ça faisait vraiment son petit effet sur la plupart des hommes. Quelle drôle de culture ! Mais je devais faire gaffe, j'étais capable d'éclater de rire si le brun tentait un truc auquel je ne m'attendrais absolument pas, donc il ne fallait pas croire que c'était gagné pour moi. Je le laissais donc commencer, lui concentré sur le verre, et moi dans mon personnage. Je me penchais vers lui, assez pour être juste devant le verre, posant mon menton sur mes mains. « Tuuuu ne vas pas y arriverrrr ~ » commentais-je, en allongeant certaines syllabes d'une voix enfantine en papillonnant des yeux. Mais il avait réussi biensûr, ce n'était que le début, mais le verre n'était pas si grand que ça. Et la bouteille de rhum ne lésinait pas sur les proportions, il fallait la contrôler. Je lançais des « Va-y, déconcentre-moi, tu me donnes la victoire ou quoi ? » lui criais-je pour l'encourager à oser, alors que j'avais déjà le sourire qui me torturait. Je continuais mes assauts, remuant les épaules de droite à gauche, jouant d'une bouche mutine, boudeuse, faisant glisser mes ongles sur le grand verre, fusillée par ses yeux ténébreux. C'était embarrassant, mais étonnamment.. marrant. Quand c'était mon tour, je me débarrassais de mon mode aegyo d'un frisson gêné, évitant les prunelles du brun qui assistait à ça, n'assumant pas entièrement cet air drôle mais ridicule que j'endossais. Par la suite, je sentais mes mains trembler de plus en plus sur la bouteille alors que je fixais le point d'impact. « Non, je ne tremble pas, c'est de l'excitation. » murmurais-je, mes lèvres entrouvertes, avant que le liquide ne coule, un peu trop à mon goût, mais la marge se réduisait, et le petit verre s'enfonçait de plus en plus... Lorsque ce fût à nouveau son tour après quatre ou cinq remplissages, je me décidais à utiliser mon arme ultime pour le faire vaciller. De ce que l'on m'avait raconté, cela ferait vaciller tous les hommes.. Du moins, les coréens. Alors, après une inspiration, me mordillant la lèvre inférieure en ravalant une pointe de fierté qui me titillait l'esprit, je laissais échapper ce terme.. « Oppa ~ » susurrais-je, d'une voix un peu trop suave. Je l'avais dit ! Ce mot que je ne disais jamais à personne d'ailleurs parce que ce n'était pas dans ma culture ! Ahhhh j'vais mourir putin... Je penchais la tête sur le côté, avant d'avancer ma main vers celle qu'il avait gardé sur la table, m'amusant à tâter le bout de ses doigts d'un air mignon. « Jeha Oppa ~ Pourquoi tu ne veux pas que je te ramèèèène ? Tu as peur de moi ? Dommaaage, parce que je vais gaaagner ~ » lui lançais-je d'un large sourire, mi-aegyo mi-provoquant alors qu'il tentait de se concentrer sur la bouteille qu'il tenait...

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Jeu 23 Mar - 4:03
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'aura jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 


Sa voix sensuelle se fit caressante, à l'image de ses yeux fauves braqués sur moi. J'inspirai doucement, tandis que mes cils effleuraient mes pommettes embrasées par l'alcool et par cet élan de désir qui transperçait mon être au touché velouté de ses mots. Je n'imaginai rien cette fois. La provocation habillait son timbre chaud et ses sombres pupilles dilatées. Je fermai impulsivement le poing, dessinant ainsi un rejet inconscient de ce que mon corps ressentait avec une ardeur qui m'aurait effrayé si je n'étais pas aussi diminué. Un état que trahit ma voix plus chaude qu'agressive. .« Un talent que je n'aurais donc jamais le bonheur de connaître. » L'ironie rythmait une phrase envoyée en une exhalaison presque rauque alors même qu'elle s'étirait comme une panthère sous un chaud soleil d'été. Pourquoi le rhum n'assassinait-il pas le nouveau regard que je posais sur elle ? Ne pouvait-il pas me tirer en arrière, à l'époque où elle n'était rien de plus que ce chat sauvage et presque antipathique ? Ce félin aux pensées et aux réactions horripilantes ? Je soupirai doucement, atterré par sa manière de voir les choses. Elle était incompréhensible. S'attendait-elle vraiment à me voir flirter et draguer devant elle ? L'ivoire râpa ma lèvre inférieure mais je ne me fatiguais pas à débattre d'un sujet qui n'avait pas lieu d'être. Néanmoins, je ne parvins pas à retenir la remarque que m'inspira la sienne, alors qu'elle mentionnait son amour de la difficulté. .«Il faut être masochiste pour aimer se battre avec moi. » remarquai-je, le sourcil arqué sur une obsidienne insondable. Je savais, mieux que personne, combien je pouvais être imbuvable lorsque je m'en donnais réellement les moyens. Mon état d'esprit et ma sociabilité étaient aussi sombres que pouvaient l'être la chevelure d'ébène qui coulait en mèches folles sur mon front. Mais je n'avais aucune envie de confier à Sora que mon comportement n'était du qu'à une profonde envie de me tenir à l'écart. Je ne me livrais pas facilement, pas même à ceux qui étaient le plus proches de moi. Je préférais le silence aux discours, la noirceur à la fragilité. Mettre des mots sur mes blessures étaient les exposer et je préférais apparaître difficile que meurtrit à autrui. Ces pensées ne suffirent pas à me prémunir du sourire lorsqu'elle fit danser son sourcil avec une dextérité comique, dans le cadre d'un jeu lancé impulsivement. Sa victoire la fit serrer le poing comme sur les champs de bataille et je réprimais un nouveau sourire, aussitôt assassiné par une question à laquelle je répondis avec une franchise contestable. Mais comment lui avouer que je fuyais toute relation avec les femmes ? Comment lui dire que la nôtre m'intéressait d'autant moins que je la désirais ? Je sentis, sitôt les mots soufflés, que j'avais blessé son orgueil. Je contractai la mâchoire et me laissai aller contre le dossier froid de ma chaise.. « Ne le prends pas pour toi. J'aurais fait cette réponse à n'importe qui. » Si le rhum avait détruit mon bouclier naturel, il n'atténuait en rien une impulsivité qui venait de me faire défaut. Son expression contrariée m'avait poussé à vouloir atténuer mes paroles mais je me demandais subitement si je ne m'étais pas enfoncé. Les femmes aimaient encore moins ce genre de remarques, lorsqu'elles étaient sans subtilité rabaissées à un nombre. Mes muscles se tendirent et je m'astreins au silence. Il n'était peut-être pas plus mal que sa fierté soit blessée par un commentaire qu'elle ne pouvait comprendre. Peut-être ainsi ne chercherait-elle plus ma compagnie, même lorsque celle-ci n'était sûrement qu'un pis aller, du moins j'osais l'espérer. Je ne m'expliquais d'ailleurs pas vraiment ce qu'elle faisait encore là, à gâcher sa soirée dans l'alcool en compagnie d'un homme qui ne tenait pas réellement à ce qu'elle soit là.  Mais était-ce la vérité ? Une part de moi, si infime soit-elle, n'appréciait-elle pas sa présence ? La question m'effleura l'esprit, tandis que je me perdais dans ses yeux. Aucun sourire ne pouvait naître dans cette ambiance tendue, tout juste déchirée par la musique et les battements de mon cœur. Quand à me perdre dans ces deux andratites … j'avais l'impression de lui donner accès à une âme que je maintenais farouchement à l'écart du monde. Une impression qu'exacerba son brusque mouvement vers l'avant, alors qu'elle s'approchait dans le but de prendre un ascendant que je n'avais aucune envie de lui laisser. Ce fut une phrase, un souffle, un toucher éthéré. Un éloignement contraint et forcé. J'eus la sensation de respirer dès qu'elle s'éloigna, alors même qu'elle plissait la bouche en une moue boudeuse qui fit renaître cet éclat amusé dans mes pupilles.. « Et si tu es trop proche, c'est trop simple. » rétorquai-je en lui coulant une œillade impassible. Elle roula les épaules, comme pour contrer ma remarque d'une attitude féline. L'idée qu'elle puisse me forcer à passer la nuit dans cette boîte et en sa compagnie, me poussa à changer de stratégie. Sans remord, je m'attaquai à son point faible, que je connaissais d'autant mieux que je le partageais. Les tartes, le sucré, les pâtisseries divines que notre ami commun s'acharnait à créer pour nous allécher. Mais, malgré la flamme qui luisit dans les pierres qui paraient son visage, elle resta coriace. Quand à sa proposition … Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, alors même que des images brûlantes s'amusèrent à naître sous mes paupières battantes. Saloperie. .« La seule chose que je sois capable de faire pour toi sans avoir envie de t'étriper sont des photos. Et encore … je ne suis pas certain de pouvoir conduire une séance sans t'assassiner au milieu. » Je n'avais rien à lui offrir, hormis mon bien être et mes nuits qu'elle piétinait allégrement avec une inconscience d'autant plus emmerdante qu'elle continuait. Une œillade, un sourire, un timbre. Elle usait de ses charmes avec un naturel insupportable. Un charme qu'elle exacerba en cette mimique délicieuse qu'elle s'amusa à réitérer dès que j'eus prononcé le mot adorable.. « Je ne suis pas assez chevaleresque pour veiller sur ton sommeil, même endormit. » la contrai-je, sans relever la remarque qui consistait à me rappeler cet instant brûlant où nos corps avaient été tout aussi exposé que le désir qu'elle m'avait inspiré. Mais il me fut impossible d'oublier ce retour de flamme, qui coulait dans mes veines aussi chaudement que la boisson dont je m'imbibais. Et ce mélange, toxique, me faisait prendre les décisions les plus irrationnelles. Comme celle de lui prendre la main pour faire un bras de fer. De toucher sa peau. De savourer la texture soyeuse de sa paume de la pulpe de mes doigts. Des éclats se fichèrent dans mon avant bras, de petits éclairs qui naissaient dans ma main pour remonter violemment jusqu'à mon coude pressé contre la table. J'entrouvris les lèvres, bus une gorgée de cet air chaud qui nous baignait. Il l'était toujours moins que la température d'un corps tendu, non par la méfiance mais par l'envie. Elle se cacha la bouche, en un geste qui m'arracha un grognement amusé.. « Ne triche pas et concentre toi. » Je raffermis ma prise sur ses doigts fins alors qu'elle affirmait sa volonté de disputer une manche, somme toute déséquilibrée. Mon pouce voyagea, dansa avec le sien, dont la coiffe rouge et acérée me poussait à jouer avec une dextérité relative. Mais il était difficile d'éviter la lame sanglante, qui m'effleura par deux ou trois fois alors que je tentais de capturer son pouce mouvant.. « La plume est plus puissante que l'épée. » contre attaquai-je en évitant son doigt pour mieux le plaquer contre mon index. Sans la quitter des yeux, je comptai dans un souffle les trois chiffres qui me séparaient de la victoire. .« Un. » commençai-je sans pitié, en maintenant pressé contre ma peau son membre pâle. .« Deux. » Elle tirait, tentait d'échapper à l'inéluctable. Elle faillit y parvenir, mais par un chemin détourné. Sa mimique, son exclamation faillirent me priver d'un sérieux vacillant. Mais les prémices de l'éclat furent étouffer par mes dents violentes. Le trois ne vint cependant jamais, puisqu'elle arracha sauvagement son pouce à sa prison de chaire avant d'éclater d'un rire claire dont chaque brisure s'arrima à ma chaire comme autant de souvenirs brûlants. Mais ce fut son sourire qui enflamma mes yeux posés sur elle. Elle dégageait une brusque douceur qui me fascina, bien plus que je ne l'aurais jamais reconnu. Sa poignée de main finit par me sortir de ma léthargie et je levai un sourcil avant de la serrer doucement en une étreinte que je désirais éphémère. Un désir supplanté par celui qu'elle provoqua lorsqu'elle embrassa ma paume de la sienne. .« Je ... » Les mots se perdirent, lorsque ses doigts remontèrent lentement sur les miens pour en parcourir la longueur. Il tambourina, sans accord, sans rythme, dans une tête embrasée tandis que je la fixai mais sans lui arracher cette main sensible dans laquelle s'enfonçaient des morceaux de verres écarlates et imaginés. Mais elle finit par la relâcher et je reculai, plaquant la malmenée contre mon récipient coupant que je remplis de vodka pur. D'un geste, je levai le verre et goûtai à la boisson dans une impulsion qui reflétait la sienne. Je fermai à nouveau un œil, ouvris la bouche et toussai légèrement, comme pour expulser l'âcre saveur de la boisson pure. Son verre teinta au même moment et je retins une grimace alors même que je secouai la tête en un mouvement qui amena une dizaine de mèches à couler devant mes yeux. Je soufflai absent puis me concentrai à nouveau sur elle. .« Plus que mes joues, c'est ma langue qui est atteinte. » fis-je avec humour en glissant cette dernière sur mes lèvres, comme pour atténuer la morsure dont elle fut victime lors du jeu. Puis ce fut un rictus qui déforma mon visage lorsqu'elle mentionna une réponse qui lui restait visiblement en travers de la gorge. .« Pourquoi perds tu ton temps avec un asocial comme moi, plutôt que de faire la fête avec ton cercle d'ami ? » Si elle s'était attendue à une question personnelle, elle serait déçue. Je n'avais pas tenu à pousser l'affront jusqu'à dédaigner le droit de lui poser une question, mais je ne tenais pas à en apprendre plus sur elle. Elle m'obsédait déjà assez, par ses gestes et sa manière d'être. Je n'avais pas besoin de plus, pas plus que je ne désirais tisser des liens avec elle par le biais des confidences.

Un soupir lui échappa et une grimace macula brusquement ses traits. Elle en expliqua la raison quelques secondes plus tard, dévoilant qu'elle venait de penser à un jeu pour lequel elle se leva. Un sourire étira ses lèvres encore humides et elle s'éloigna d'un pas félin. Sa chevelure dansait sur ses reins en un balancement tout aussi sensuel que le roulement de ses hanches. Je détournai les yeux, frottai ma paupière de ma paume puis croisai les mains sur lesquelles je pressai mon front moite. Qu'avait-elle imaginé pour en venir à esquisser une grimace ? Je fis rouler mes épaules, pour détendre mes muscles ankylosés et me redressai en étirant ma nuque. Mes doigts y coulèrent pour la masser instinctivement tandis que Sora revenait, armée de de deux verres. Je haussai un sourcil, sans forcément voir où elle désirait en venir. Mon cerveau embrumé ne me permettait plus de réfléchir, si ce n'est aux sensations brumeuses que cette femme m'inspirait. Elle verra de l'alcool dans le plus grand des deux et le remplis au trois quart en expliquant un jeu qu'en effet je connaissais.. « Ça marche. » acceptai-je sans réfléchir, prêt à en découvre avec ce petit verre vide qui flottait allégrement dans la boisson orangée. Mais la seconde règle me laissa perplexe. .« Aegyos … tu veux dire jouer les mignons ? »  Je grimaçai faiblement. Autrefois, je n'aurais eu aucun mal à m'amuser d'un tel jeu mais je m'étais tellement replié sur moi même que j'en avais oublié le côté le plus détendu de ma personnalité. Et même l'alcool n'amenuisait que difficilement la barrière que j'avais hissé entre moi et le passé.. « Tu es la dernière personne au monde que j'aurais imaginé proposer un tel jeu. » Je comprenais mieux sa grimace maintenant qu'elle m'avait exposé son idée aussi originale qu'inquiétante. Je levai les yeux vers elle, tandis qu'elle démontrait les prémices d'un talent dont j'ignorais l'existence. Mes yeux s'agrandirent et je souris. Un dessin franc et lumineux qui creusa deux légère fossettes dans mes pommettes. .« Ça te va bien. » Un compliment sincère, dont je regretterais probablement les échos le lendemain. Mais mon cerveau vide n'était plus apte à réfléchir sur mon comportement. Je savourai seulement l'instant présent et ce même si j'allais probablement me couvrir de ridicule. Je pris la bouteille après m'être concentré et la penchai avec le plus de délicatesse possible pour en verser le contenu petit à petit dans le petit verre qui nageait. Un fait d'autant plus difficile que j'étais aussi brute que bourru. Elle bougea, s'approcha mais je tâchai de l'ignorer pour ne pas perdre dès le premier round. Cependant, son appel me fit tressaillir et je levai légèrement la tête vers elle. .« Oublie ce que j'ai dit, ça ne te va pas du tout. » me moquai-je pour la déstabiliser, assez pour me permettre de finir l'épreuve sans m'écrouler, qu'il s'agisse de rire ou de surprise. Mais, dès qu'elle entoura la bouteille de ses longs doigts fins, je me surpris à regretter de ne plus l'avoir. Qu'allais-je bien pouvoir inventer pour rentrer dans les critères qu'elle avait imposé ? Je me servis un large verre de rhum que je bus sec pour me donner un courage que je ne possédais pas tandis qu'elle jouait avec la bouteille en me houspillant de ne pas la déconcentrer suffisamment.. « Aaaaah je réfléchis. » me plaignis-je en adossant mon dos à la chaise, les bras croisés sur mon torse. Plutôt que l'adolescent, je cherchais l'enfant que j'avais été. L'enfant non pervertit par cette obscurité qui me suivait telle une ombre. .« Laisse moi gagner. » lui demandai-je en m'avançant brusquement.. « S'il te plaît ? » soufflai-je en plissant la lèvre inférieure de manière à marquer une supplication qui envahit mes yeux bruns. Une première plutôt ratée, par manque de confiance et par une gêne palpable. Je ne savais plus être mignon alors même qu'elle excellait. Sous le rideau de mes cils à moitié baissés et chaque fois qu'elle jouait à la petite fille, je me retenais de ne pas rire. Heureusement, chaque sourire, chaque impulsion était par la suite assassinée lorsque mon tour venait. .« Sora aa. » l'appelai-je quand revint son tour de prendre la bouteille. .« Cesse de me faire souffrir et abandonne cette boutei-ei -lle. » sanglotai-je à moitié et de manière très exagérée, comme un enfant capricieux. Je frappai la table du front puis de mes poings de manière répétée, sans plus parvenir à trouver ridicule un comportement inspiré par la situation. Alors je me redressai brusquement et agitai les jambes dans tous les sens, pour exagérer mon mécontentement. Oui c'était ridicule. Toute la scène oscillait entre l'adorable et le franchement grotesque. Un fait dont je ne prendrais conscience que lorsque l'alcool cesserait de voiler ce que nous partagions. Les tours s'enchaînèrent, les mimiques s'aggravèrent. Je partais chaque fois sur une nouvelle stratégie, entre le capricieux, le « charmeur » et l'emmerdeur. Ce dernier fut l'habit dans lequel je me sentis le plus à l'aise … mais également l'habit le plus dangereux. Car j'en vins à m'approcher d'elle pour souffler sur son front, ses paupières, ses joues, la frôlant presque du nez dans le seul but de l'empêcher de verser son sésame correctement. .« Tu vas perdre, un peu, beaucoup, passionnément. » Des jeux d'enfants. Des mots qui ne pouvaient pas résonner autrement que comme un jeu d'enfant.

Alors qu'on approchait de la fin et que je ne savais plus vraiment quel comportement adopter, je pris la bouteille et me penchai légèrement en avant pour verser les dernières larmes d'alcool. Mais le mot qu'elle utilisa eut le don de mes déstabiliser. Je tressaillis mais parvins à ne pas laisser échapper la bouteille. Contrairement à la plupart des hommes, je détestais être appelé ainsi. Ce n'avait pas toujours été le cas, mais ce terme était entaché par un passé que je gardais sous clé. Je ne laissai plus que mes sœurs le prononcer, en particulier Eun Bi, parce que sa voix familière et sa présence suffisait à chasser les ombres de mon esprit. Je me crispai, lui coulai un regard noir puis penchai la tête et commençai à verser. Une goutte, deux chutèrent dans le liquide ambré. Mais ses doigts frôlèrent les miens, en une caresse légère avant qu'elle réitéra. Quatre lettres. Mais ce fut sa question sur la peur qui me fit faire un mouvement déséquilibré. Bien qu'infime, il suffit à ce que le rhum déborde. Le verre coula profondément dans le liquide et je levai la tête, un œil fermé. Ce verre noyé sonnait la défaite. En temps normal, j'aurais grogné. Râlé. Mais ce jeu avait été si perturbant, tant par rapport à moi qu'à elle, que je fis la seule chose humaine capable d'alléger mon être. J'éclatai de rire. Il ronfla dans ma gorge puis s'échappa, forçant mon torse à valser sous les contre coup d'un son qui frappait mon thorax, ma gorge puis mes lèvres avant de s'envoler dans la salle surchauffée. Je sentis les larmes embuer mes yeux et je renversai la tête en arrière, libérant un trop plein d'émotions qui prirent la fuite avec une délectation sonore. Mais il finit par se faire caressant sur mon inférieure, avant d'y mourir tandis que j'essuyai mes yeux du dos de la main. .« Pitié ne m'appelle plus comme ça, j'en ai encore des sueurs froides. » réussis-je à articuler, le souffle court de m'être à ce point épancher dans l'hilarité. Je finis par secouer la tête d'un geste brusque, de gauche à droite en une fois, avant de plonger les doigts dans le verre pour récupérer un shooter. L'alcool déborda quand je l'en extirpai afin de  le porter à ma bouche pour le boire cul sec. Mais ma gorge vacillante me fit boire de travers et je m'étouffai à moitié. Je me penchai sur le côté, tendis le bras sur la table et posai ma main libre sur ma gorge tandis que je toussai pour expulser les quelques gouttes rebelles. Un son rauque, qui m'acheva. Mon front rejoignit mon avant bras dans lequel il s'enfonça et je pris quelques secondes pour inspirer à plein poumon avant de me redresser pour lui faire à moitié face, les paupières baissées.. « Si ce n'est pas le manque de sommeil, ce sera toi. Je suis sûre que tu vas me tuer un jour. » râlai-je en plongeant la main dans mes cheveux. L'ébène coula sur mes doigts qui remontèrent avant de glisser sur mon front puis mon visage. Et elle chuta sur mes cuisses tandis que le rideau de mes cils se levait pour permettre à mon regard de retrouver le sien.. « Tu as gagné. J'abandonne cette clé, de toute façon, elle ne m'ait plus utile. » murmurai-je en levant légèrement les yeux vers le plafonds pour assurer une contenance encore tremblante. Je l'avais désiré pour fuir celle qui était en face de moi. Celle avec qui je passais finalement une partie de ma soirée, soirée qui n'avait rien de catastrophique. Je n'avais plus eu d'éclat de rire depuis des mois, du moins pas d'aussi francs et spontanés. Et, quelque part, ça faisait un bien fou. . « Et c'est maintenant que je vais m'inquiéter de ce que tu comptes demander, chose que tu n'as pas précisé avant de t'engager. Qu'est-ce que tu veux savoir ? » Je n'avais aucune idée du genre de question qu'elle pouvait poser. J'espérais simplement qu'elle n'en poserait aucune qui toucherait à ma vie privée. Je savais être bon joueur mais pas au point de lui exposer des faiblesses dont elle en approfondissait certaines inconsciemment. L'une d'entre elle s'était d'ailleurs exacerbée ce soir, de même que l'intérêt que je lui portais. Elle m'avait montré une facette de sa personnalité qui m'avait distrait et amusé, mais surtout qui m'avait plus. Des faits que j'étais d'autant moins apte à percevoir que mon cerveau s'était mis en veille pour ne laisser plus que mon côté à fleur de peau. Je posai la main sur la table et mes doigts dansèrent pour battre le rythme des secondes qui s'écoulaient tandis que je la regardais intensément, prêt à refuser ce à quoi je ne voulais pas répondre. .« A moins que tu ne veuilles en finir et me demander de rentrer enfin sagement ? » demandai-je d'un ton légèrement moqueur, en espérant ainsi distiller une nuance de légèreté qu'elle ne voudrait plus briser par des questions sommes toutes inutiles. Car cette soirée n'était qu'une trêve dont je profitai sans avoir l'intention de réitérer. Fait que j'aurais pu reconsidérer si je n'avais pas ressentit ce désir toxique pour elle. Elle gagnait sans doute à être connu, malgré son côté emmerdant et sa forte personnalité. Mais ce n'était définitivement pas par moi. Parce qu'un regard, un effleurement, une parole suave suffisait à échauffer un corps qu'elle avait réveillé.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Ven 24 Mar - 13:49
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I can't help but want you even though I try not to
Je Ha & Sora





TENUE & MUSIC | « Tu voudrais me prendre en photo ? Alright, je note ça ~ Même si j'aimerais bien voir ton book d'abord, je ne sais même pas quel genre de clichés tu prends. » lui répondis-je, ignorant à mon tour les verbes péjoratifs qu'il utilisait pour m'atteindre. Pourquoi pas, à vrai dit, ça serait plutôt une première. Je n'avais jamais servi de modèle à un photographe. Il y en avait bien un d'attitré au Nymphéa, mais ce n'était pas la même chose. Il avait surtout l'ambition de capturer des moments scéniques, les coulisses, parfois les loges, et même quelques répétitions quand il était libre. Et je devais avouer que j'étais curieuse du style de photographe qu'était Jeha.. Il faut dire que je n'avais jamais eu vraiment l'occasion, ni le temps de lui demander, comme si j'avais la violente impression qu'il ne voudrait pas partager sa passion avec moi. Ce n'était peut-être qu'une impression finalement, si il me le proposait, bien que cela soit d'une drôle de manière, mais c'était déjà ça ! Je gardais l'offre en tête, et je n'hésiterais pas à lui rappeler, un jour où nos humeurs seraient à nouveau accordées.. Va savoir quand cela se reproduirait ! Surtout qu'il m'affirmait déjà qu'il n'était pas assez chevaleresque pour veiller sur mon sommeil si je m'endormais ici, sur cette banquette. « Pas grave, il paraît que je donne des coups de pied en dormant, je devrais pouvoir me débrouiller. » affirmais-je, d'un regard assuré alors que l'on passait au second jeu proposé par monsieur. Venant de lui, c'était... J'écrasais ma main contre ma bouche, effaçant l'esquisse d'un sourire qui voulait fleurir. Je repris vite mon sérieux, surtout pour lui prouver que je ne trichais pas. Comment pouvait-on tricher à ça en plus ? Je ne faisais plus attention aux gens des autres tables, peut-être spectateurs de notre combat de pouce acharné, car oui, il était acharné ! Mon petit pouce se battait comme un fou, évitant son jumeau immense qui avait pourtant réussi à le coincer. Mais non, il n'allait pas mourir de cette manière, je le refusais ! Il s'était débattu avec toute la force qu'il avait en lui, même un peu trop, le faisait soudainement craquer dans un faux mouvement brusque. Le petit cri que je laissais échapper avait stoppé net l'homme dans son attaque, comme un boxeur devant le gong sur un ring. J'avais perdu en ayant oublié de tenir notre lien visuel, et mon rire avait emporté tout air impassible que j'avais pourtant fixement attaché à mon visage. Point agacée par ce point bêtement donné, je reconnaissais simplement les atouts de mon adversaire, atout physique que je touchais d'un geste proche, presque amical, mes doigts contre les siens, effleurant des yeux des avants-bras virils et leurs veines apparentes.. L'alcool semblait rendre mon attention un peu plus en alerte, comme si tout semblait zoomé, accentué, me troublant un instant, alors que je reportais mon attention sur mon verre, en écho au loup devant moi. Je pouvais enfin afficher mon amusement sur mes traits, et c'est ce que je fis à sa remarque, me demandant si il s'était coupé la langue avec le verre ébréché qui lui servait de récipient, ou si il l'avait mordu trop fort pour s'empêcher d’émettre une émotion qui devait être gardée contenue pour rester en règle. Moi, c'était ma lèvre inférieure, une rougeur légèrement plus importante que la teinte de maquillage qui l'habillait, et ma mâchoire, qui en avait assez d'être crispée pour retenir une bouche rieuse. Sa question me prit de court, haussant les sourcils. Je n'avais pas de véritable réponse à lui donner à vrai dire, je n'en savais rien moi-même. « Pour être honnête, je voulais rendre service à Il Nam. J'ai senti qu'il était inquiet, et qu'il aurait préféré venir de lui-même. D'ailleurs, je ne comprends pas sa crainte, mais je ne connais pas tout entre vous.. » Oh loin de là. Il semblait juste avoir eu envie de sortir, et de boire un peu, avec des amis ou non, je n'en avais pas vu du moins. Il avait peur que Jeha fasse quoi ? « Quant à moi, je venais de me faire lâcher par une amie alors que je voulais prolonger la soirée avec elle.. Et qui aurait cru que je la prolongerais avec toi ? » continuais-je d'un air amusé en levant les yeux au ciel, et les mains avec, d'un geste presque comique à destination du ciel et de dieu, même si je n'étais pas spécialement croyante. Mais c'était pour démontrer exagérément que cela relevait presque du miracle, et parfois, il pouvait nous frapper sans que l'on s'en rende compte.

Honnêtement, je me demandais moi-même pourquoi je me mettais dans ce genre de situation.. Pourquoi est-ce qu'il fallait que je pense aux aegyos pour la troisième épreuve ? Je pensais que je devais chercher quelque chose qui allait m'avantager, mais au lieu de ça, je choisissais un sujet dans lequel j'étais encore une novice.. Bien que je fus torturée par un entraînement féroce enseigné par des amies coréennes et leurs attitudes surjouées de petite fille.. Mais pourquoi, pourquoi mesdames ? Je devais reconnaître que j'étais restée statique, presque choquée en voyant cela la première fois, bien éloignée de mon Amérique adorée, bien que mon pays natal soit la Corée. Il semblait que ce soit comme un rituel d'apprendre cette espèce de charme qu'il fallait afficher aux autres, en particulier devant les hommes pour les faire craquer. N'avaient-ils pas l'air de détraqués à aimer des attitudes d'enfant comme ça, non ? Je ne savais pas quoi en penser, mais j'avais essayé de durement apprendre, dû moins ce que je pouvais, à la limite de la fierté de femme qui me rappelait sciemment à l'ordre dans la gêne que cela pouvait me provoquer. C'était tellement contraire à ma personnalité ! Mais si il fallait encore jouer un peu les mignonnes, pourquoi pas.. ça irait.. Je ne faisais que soupirer en allant chercher les verres, avant de les disposer devant Jeha et lui expliquer les nouveaux enjeux. Comme je m'y attendais, lui aussi avait perdu pied quelques secondes en entendant la seconde partie des règles. Car oui, dans ce pays, il existait aussi des aegyos masculins, mais la majorité était mis en avant par les célébrités qui s'en donnaient à coeur joie, ou presque pour leurs fans. « Oui, c'est ça, jouer les mignons.. » Et il avait raison, c'était pas quelque chose que je proposerais tous les jours, tout juste une fois par an et encore.. A son expression légèrement déconfite, je réalisais que mon idée m'était venue car je voulais le voir de cette manière, voir ce que cela pouvait donner et si il en était capable surtout. Mais une grande partie de moi en doutait, et serait déçue de ne pas lui découvrir ce genre de nouvelle facette. C'est beau de rêver.. Quant à l'autre partie, elle s'en réjouissait juste, car l'avantage serait de mon côté, du moins si j'assurais ma dextérité, ce qui n'était pas toujours le cas. J'allais donner le meilleur, allez ! C'était une compétition après tout ! Alors je commençais déjà à chercher ce côté mignon en moi, accentuant mes fins de phrase d'une bouche boudeuse et angélique que j'offris aussitôt à Jeha. Mais celle-ci perdit sa concentration, s'entrouvrant un instant à la vue du sourire qu'il venait d'afficher. Je le fixais sans m'en rendre compte, sa voix chaude glissant jusqu'à moi avec une douceur.. dans laquelle je m'obstinais à chercher une once de moquerie. « Profite-en, sens-toi privilégié, je t'en prie ~ » lui répliquais-je presque désespéramment, avant d'abaisser la tête. Je passais la main dans ma blondeur, les ramenant en arrière puis les glissant sur le côté, soufflant sur une mèche rebelle qui se dandinait devant mon front. Fierté, on se revoit plus tard. Je t'aime.

Alors qu'il tenait la bouteille, je grognai à sa remarque, et en même temps, j'avais déjà envie de m'écrouler de gêne ! « Je saaaais, mais je vais continuer pour ton plus grand plaisiiir ~ » répliquais-je, mielleuse, avant qu'il ne finisse son tour, me déconnectant aussitôt de mon mode cute. Je sentais que finalement, on allait trouver que ce verre allait être long à remplir ! Je récupérais la bouteille, la tenant fermement pour éviter qu'un peu d'alcool ne soit déversé par mégarde. A face de moi, un silence total, si bien que je lâchai un soupir et une remarque presque encourageante à mon collègue, qui s'enfonçait dans le canapé. De mon côté, j'en profitais pour jouir du moment de calme qu'il m'accordait sans le vouloir, avant de devoir reprendre sa place. Quant il reprit finalement la parole en s'avançant brusquement vers l'avant.. Je m'arrêtais dans mon mouvement, n'affichant aucune réelle réaction durant de longues secondes, ce qui voulait plutôt tout dire. « Ouuuuuh.. Mais c'est que j'aurais pu craquer pour cette demande si polie, j'adore ! » lui affirmais-je, moqueuse, alors que je fis tomber une dernière goutte ambrée dans le shooter, avant de lui confier la bouteille à mon plus grand regret. Allez, quand il faut y aller.. il faut y aller ! Je tapotais mes joues pour agrandir une expression enjouée, agitant mes doigts autour du verre comme si je jouais d'un piano invisible. Et va-y que je te crée un petit bonhomme avec l'index et la majeur, jouant à lui faire escalader le verre, et à le faire parler d'une voix un peu plus aiguë que ma voix naturelle. La déconcentration ne fût pas assez forte, et je serrais mes poings d'une manière encore involontairement mignonne, alors que les rôles s'échangèrent à nouveau. Mais alors que je pensais pouvoir me détendre et baisser un peu les armes, une petite voix résonna en face de moi, une voix inhabituelle, qui me fît aussitôt relever la tête. J'écarquillais les yeux en l'entendant prononcer mon prénom de cette manière.. « No way.. » Nom de dieu, il sanglotait, il sanglotait ! Ma mâchoire s'était tendue en un réflexe de survie en sentant mes lèvres se relâcher. Ma poigne se resserra sur la bouteille, j'en oubliais presque mon épreuve alors que j'assistais à une scène à laquelle je n'aurais jamais pensé assister ! Le voilà qui s'agitait de ses poings sur la table, ses jambes tapant le sol dans un tambourinement furieux digne d'un enfant de quatre ans, attirant aussitôt les regards qui violentèrent un peu plus mon envie d'éclater de rire. Je tournais brusquement la tête, versant sur le coup un peu trop de rhum dans ma précipitation de vouloir enfin respirer ! Je lui tendis la bouteille, sans pouvoir la lâcher, m'accordant enfin cet éclat amusé qui me tordait le ventre, lui laissant mon tour. « .. Ah.. Are you killing me.. On dirait que t'as fait ça toute ta vie ! » Le déchaînement de ce contraste flagrant, presque épatant de personnalité me choquait encore, mais dans le bon sens du terme si on pouvait dire ! Adieu le repos, il était doué pour ça, ça allait être dur de résister maintenant.. Les parties s'enchaînèrent à plusieurs reprises, et j'avais l'impression qu'on perdait furieusement en énergie tellement on se donnait dans nos rôles, sans réellement savoir pourquoi. Ah oui, la clé ! Mais en quoi ça m’intéressait moi.. Je m'acharnais à jouer de petites exclamations adorables, faisant des V avec mes doigts, papillonnant des yeux, une bouche espiègle, finissant même par m'allonger sur les bras en gonflant les joues. « Jehaaaa t'es méchant, tu vas pas me faire boire tout ça quand même, hmmmm ~ ? Sois gentleman, perds pour moi ~ » continuais-je en roulant des épaules d'un air enfantin, la voix attristée et d'une faiblesse surjouée. Je ne savais plus ce qui était le pire.. Moi entrain de faire des aegyos ou lui.. Je n'osais plus le regarder après avoir finalement admis qu'il pouvait se montrer particulièrement.. mignon, même si le ridicule le suivait de près ! Mais comment pouvais-je juger, alors que j'étais dans le même cas ! Le verre était presque plein, je penchais lentement la bouteille, avant de stopper mon geste en sentant le brun s'approcher dangereusement de moi. Pourtant, je ne reculais pas, resserrai ma poigne sur la bouteille, fermant par réflexe les paupières au souffle chaud qui balaya mon visage. Je fronçais les sourcils, me mordant la lèvre inférieure, avant de ré-ouvrir les yeux, m'accrochant aux siens qui n'étaient qu'à quelques centimètres devant moi. Je m'avançais pour le repousser doucement, front à front, nez contre nez dans une proximité que nous ne semblions pas vraiment réaliser, une proximité déjà rencontrée, mais évitée jusque-là. « Dégage ton haleine de vodka toi, oust ! » lui criais-je, ravalant l'amusement qui voulait me dominer, avant d'à nouveau réussir à ne pas couler l'objet flottant.        

Le moment était crucial, et je m'en frottais les mains, de mes prunelles félines braquées sur lui. Là, on était en finale, le verre était en un parfait équilibre que l'un de nous deux allait troubler. Et je lançais des petits souhaits en l'air dans ma tête pour que cette personne soit l'homme qui cherchait actuellement son ultime concentration. Il fallait désormais utiliser le tout pour le tout, c'était à ce moment-là que je me décidai à utiliser ma meilleure arme. Le fameux oppa ~ Et il avait fait mouche, ses pierres sombres qui ornaient son visage, coulant vers moi en un tir feint. Bien que cela ne soit pas la réaction que j'attendais, il avait tout de même réagi, et j'en rajoutai une couche, sans ménagement, y impliquant son prénom. Un frisson m'avait parcouru à la prononciation d'un terme qui m'était peu familier ainsi qu'à ce ton attendrissant que je prenais pour l'atteindre et le déstabiliser. Avec ces aegyos, j'avais l'impression d'être un petit chien qui remuait sans cesse la queue devant son maître ! Cela semblait peu naturel et presque rabaissant sans que je ne sache réellement pourquoi. Si bien qu'une part de moi enflamma mon sourire de petite fille, d'une arrogance plus familière de femme, dans mon expression, dans ma main délicatement entreprenante, insoumise, alors que je lui prédisais déjà ma victoire. Et puis, le petit verre coula comme un bébé titanic et je fis un bond sur mes talons, scandant un incontrôlable « J'ai gagnééééé ! », avant de me lâcher dans une petite danse improvisée d'une vague à gauche, puis d'une vague à droite. « I'm the best. » Je me laissais littéralement tomber en arrière sur la banquette, libre enfin d'être nous-même, sans la moindre retenue. Mais ce qui me fît sortir de ma léthargie éphémère, fût l'inattendu son qui s'échappa de Jeha, si bien que je me redressai aussitôt pour être sûre de ce que je voyais, et pour en profiter un peu plus. Je le regardais faire, partir dans un grand rire relâché, presque fou, qui cogna contre les basses de la stéréo en contrebas. J'en souriais, en miroir au sien, car je venais de me dire pour la seconde fois en quelques jours.. qu'il était beau. Beauté dans une dureté qui avait disparu. Disparu, mais juste un temps, j'en étais certaine, alors autant en profiter avant de l'affronter à nouveau. Mon rire se mêla à l'écho du brun. « Jamais, même si tu me supplies ! » Non, c'était bien trop bizarre, et puis ça m'arrangeait. Il s'empara du verre doublement alcoolisé, le portant à ses lèvres et je lui faisais un signe de la main répétitif comme pour l'inviter à garder le rythme de la descente dans sa gorge, avant qu'il n'avale de travers. Je me penchai un peu vers lui, m'assurant que je ne doive pas lui donner une bonne tape dans le dos. Il n'allait pas me claquer entre les bras quand même ! Il reprit finalement la parole après avoir repris son souffle. « Peut-être.. ça dépendra de mon humeur et de la tienne, mais c'est possible. » disais-je, en approuvant ses paroles, portant mes lèvres au fond de rhum oranger qu'il me restait. Ouuui, j'avais gagné ! Rien que l'idée de gagner était déjà tout à fait plaisante. J'avais commencé le jeu sans réellement mettre sur table la récompense que je souhaitais, mais c'était pour mieux y réfléchir en réalité ! Et maintenant.. rien ne venait. Que pourrais-je lui demander ? Je plongeai mes prunelles dans les siennes, comme si je pouvais y trouver la réponse, les coulant sur la table puis vers la foule, le pouce jouant sur ma lèvre inférieure.. Notre équilibre était stable, mais fragile, et je n'avais pas encore envie de le briser. Pas encore. Alors je mis rapidement de côté ce qui pourrait l'agiter, ou le mettre dos au mur. Une question agréable, sur un sujet qui lui plairait et qui m’intéresserait.. Et puis, naturellement, d'un battement de cils vers lui, je la posai. « Est-ce qu'il y a un cliché.. que tu aimerais absolument immortaliser un jour dans ta vie ? Un seul.. » demandais-je avec une certaine douceur, et un sérieux, dû à la longue minute que j'avais passé à chercher la bonne question. Une personne, un lieu, un moment, ça pouvait être n'importe quoi. Je me demandais si c'était compliqué à répondre comme ça, ou si il y avait déjà réfléchi. « Si tu n'as pas encore la réponse, tu peux toujours me la dire plus tard ! » Je reviendrais la chercher, si il oublie.

Embrumés. Nous étions dans la phase où l'alcool semblait officiellement faire son effet. Je le sentais cogner contre ma tête, brûler dans mes veines, assommant, tout en étant vivifiant, une véritable contradiction ! Il nous rendait amorphe, tout en nous rendant dingue et intenable. Un regain d'énergie me prit, soudainement, sans que je ne m'y attende. Rentrer ? Pas encore, c'était encore trop tôt ! Mon corps s'était embarqué dans quelques notes qu'il connaissait, réagissant avant même y avoir pu y mettre un titre. (MUSIQUE 1) Je fermais les yeux, me laissant aller, la tête un peu en arrière, les épaules nues se dandinant à leur guise. Comme si la musique m'appelait, je quittai le canapé, comme piquée violemment, tout en contournant la table vers le brun sagement assis. « Viens danser. » Je me penchai vers lui, mes doigts s'enfonçant dans le dossier de la banquette, l'autre main effleurant l'air devant lui en une invitation. « Viens danser avec moi. » Cela sonnait doucement, plus comme une demande qu'un ordre. Une envie, juste pour ce soir. Parce que seule, je n'avais pas envie de me mêler à la foule, ce soir. « Allez, viens danser, s'il te plaît.. » rajoutais-je d'un sourire taquin, des restes d'aegyo me collant encore à la peau. J'enroulai lentement mes doigts autour de son poignet pour l'attirer et finalement, le faire se lever dans mon entrain. C'était un peu comme ma seconde récompense ! D'une démarche féline, je gagnais l'escalier, jetant quelques coups d'oeil vers le photographe derrière moi pour être sûre qu'il ne me faussait pas compagnie entre temps, avant d'effleurer enfin la piste. La musique frappa, scanda, échauffant les corps d'une nouvelle chaleur qui ne semblait plus être la même que nous avions fréquenté, un étage plus haut. L'univers ici était plus rapide, plus endiablé, dans un langage plus collé serré, plus parlant qu'une simple conversation, surtout pour certains couples qui s'épousaient à merveille. Voilà une ambiance qui m'était familière pour être débarrassée une bonne fois pour toute de toute contrainte, des moindres questions et problèmes qui nous piquaient l'esprit. Ici, vous laissez tout au bar, et la piste n'était réservée qu'aux déchaînements corporels, uniquement, et à leur sauvagerie, leur folie, débridées. Je coulai mes paupières assombries d'eyeliner vers Jeha, l'encourageant d'un rire moqueur, mes doigts s'agrippant aux siens. Juste le bout des doigts, ne voulant pas le perdre en me frayant un chemin dans la foule enlacée. Un trou, une poche d'air, c'était parfait, on s'y installa. « J'adore cette chanson ~ » lui glissais-je en atteignant son oreille un instant, avant de m'en éloigner de deux pas.

Et c'était fini, j'étais déjà envahie. Mes hanches roulaient sur les basses, donnant des accoups brusques, à droite, à gauche, se détachant du haut de mon corps qui parfois les suivait.. parfois s'en éloignait.. jouant à s'accorder dans leurs opposés. Les talons claquaient sur le carrelage foncé, en un son sourd, inaudible, marquant les temps, le rythme latino qui s'échappait des enceintes. J'observais Jeha qui me faisait face, avant de m'avancer à nouveau d'une main sur son épaule. « Danse comme tu veux, lâche-toi ! Tout le monde s'en fout de ce que font les autres, il n' y a que moi qui te regarde ! » lui criais-je assez fort, d'un sourire chaleureux, de ce regard enflammé, déjà imbibé par le parfum de la danse. Je me reculais, tournant sur moi-même, laissant ma tête partir en arrière, la blondeur épousant mon dos. De profil, j'ondulai en de lentes vagues, sensuels mouvements, reins cambrés, poitrine gonflée par une inspiration brutale. Les doigts couronnaient d'une couronne carmine flottaient autour de moi en de fins fils invisibles, glissant dans mes cheveux désordonnés, sur les quelques mèches sauvages qui fendaient de tant à autre un visage traversé par diverses expressions. Paupières closes, lèvres entrouvertes, regards aguicheurs, langue provocante, trahissant un plaisir inouïe à accorder à mon corps ce moment de répit. J'esquissais quelques pas, un mambo me rapprocha d'une petite enjambée du brun dont j'aspirais la fragrance masculine qui s'échappait de sa chemise pâle, reculant puis revenant dans un petit jeu à deux. Je ne m'éloignais jamais beaucoup, je ne pouvais pas, et je ne voulais pas. Entre quelques battements de coeur, je m'accrochais aux ténébreuses pierres, brillantes, habillant un visage illuminé d'éclairages rouges, jaunes, aveuglants parfois, mais jamais assez pour que je puisse le perdre. Les gens qui poussent, qui te donnent un coup sans le vouloir, mon rire se frayant un chemin entre les chœurs. L'anglais dominait les deux pulpeuses qui semblaient connaître les paroles par coeur. She came and gave it to you..

Le DJ, d'un habile talent, changea le rythme, changea de chanson, le style latino dominant toujours les danseurs. (MUSIQUE 2) Mais tout le monde s'arrêta brutalement, reprenant un souffle presque perdu. Ce morceau, c'était autre chose, une autre émotion, une autre gestuelle. Je partis les chercher, laissant couler mon corps sur les percussions dans un chaloupé sensuel, levant les bras en l'air au-dessus de la tête. Je me laissais partir de droite à gauche, sans réfléchir, il n'y avait aucune logique, juste se laisser aller.. Mais il me manquait le toucher, le toucher familier qui n'appartenait qu'à la danse. A elle seule. Le rideau de mes cils s'était levé pour permettre à mon regard d'attraper à nouveau le sien, dans une étreinte silencieuse, envoûtante. Pour la seconde fois, je laissais ma main ondoyer devant Jeha en une invitation de la prendre, de la serrer un instant pour réduire l'espace entre nous deux à néant. De quelques pas, deux à peine, je le rejoignis, ma paume se frayant alors un chemin du bout des doigts jusqu'à sa nuque. « Soyons au même rythme, suis-moi.. » Une voix plus grave, suave, les ongles carmins glissant sur sa hanche, sur le noir de son pantalon, leurs jumeaux en firent de même sur la seconde. Les audacieux. D'une brève vague, mon bassin effleura le sien puis s'y appuya, engageant déjà son rythme, de légères ondulations qui formaient comme des huit imaginaires. J'attendais qu'il me suive, je le sentais m'écouter, attentif, crispé. Danse lascive dans ce frottement de corps, encore léger, autour duquel je n'arrivais plus à me détacher. Je me perdais doucement dans la musique, dans l'accordéon, les djembé, la guitare, le violon... De longues secondes, la notion du temps semblait ne plus être. Et la raison l'avait suivi. Envie, luxure. J'étendis mon bras vers le haut, s'avançant vers sa carrure solide, alors que je me penchai peu à peu en arrière. Mes épaules s'agitaient, une bretelle glissa, une clavicule marquée. Bassin contre bassin, les reins cambrés, me redressant d'une pulsion qui fît flotter quelques blondeurs dans les airs. Torse que je savais dessiné que je percutais sans force, sans douleur, délaissant le dessin d'un baiser appuyé sur sa peau offerte par sa chemise négligemment entrouverte, vers laquelle je m'étais épanchée. Aguicheur. Dessin souligné d'un rouge à lèvre de femme. Aguicheuse. J'avais évité son regard jusque là, bercée dans une bulle chaude, sa respiration puissante se répercutant contre la mienne. Ils étaient grands ouverts cette fois-ci, se trouvant enfin, se liant lentement.. Les ténébreuses prunelles m'arrachèrent un frisson qui m'enflamma les reins. Chaudes, tentatrices, creusant l'écart des deux souffles aux arômes familiers. Mon buste s'étendit, mes doigts taquinèrent l'ébène de sa nuque, sourire en coin malicieux qui avait envie de susurrer des ne recule pas.. Qu'il essaye. Les pulpeuses effleurèrent les siennes, le rouge contre le rosé. Lèvres entrouvertes, presque hésitantes d'une suite qu'elles mourraient d'envie d'assouvir. Les hanches ralentissaient, comme si elles étaient elles aussi à l'écoute, dans cette attente insoutenable. Lumières rouges et orangers. Caresse érotique des regards tendus, fiévreux, et d'un baiser qui n'en était pas encore un. Juste une petite pression, qui suffisait pourtant à me brûler. Mais pour une fois, je ne voulais pas faire ce pas, comme si je craignais de le faire. Alors, je fis ce que je savais le mieux entreprendre, provoquer.. le bout de ma langue fondant un instant sur sa lèvre inférieure.. Je me fis violence pour ne pas bondir, la soif me torturant, le désir me consumant. Mais, après de longues secondes de cette frustration ardemment retenue, le félin se reculait, le félin relâchait le loup solitaire, et sa chaleur enivrante. Fraîcheur désagréable. Ondulations aux courbes féminines disparaissant derrière lui, les griffes s'aventurant dans son dos d'un simple toucher éphémère. C'était mes omoplates qui se présentèrent à nouveau, la ligne jusqu'à ma taille, les courbes toujours obsédées par la musique dans leurs vagues infatigables. Mon visage de profil, je passai un regard en coin par dessus l'épaule, l’extrémité de mes lèvres s'étirant en direction du brun derrière moi. Je n'étais plus contre lui. Un espace, une séparation, un vide, même si je pouvais toujours sentir sa présence.. que je tentais silencieusement d'attirer. C'était la danse.. C'était juste la danse..    

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Dim 26 Mar - 5:23
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'aura jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 


Un sourire était le reflet de nombreuses émotions. La joie, la tristesse, la moquerie, la peur ou même encore la tendresse. Elles étaient des dizaines à pouvoir habiller ce dessin de chaire, esquissé par le pinceau poignant du cœur humain. Et, alors que Sora répondait avec une franchise tranquille et coutumière, je ne pouvais empêcher l'ombre d'une telle ébauche de traduire ce que mon muscle palpitant ressentait. De l'affection d'abord, à l'égard d'un ami que j'avais vu grandir et dont l'inquiétude aurait été plus touchante si elle ne l'avait pas conduit indirectement à me mettre en danger ; de l'ironie ensuite, distillée par cette pensée dans ce croquis imperceptible, et enfin une pointe légère de frayeur. Mais de cette émotion, pourtant familière, ne restait plus que des lambeaux insaisissables dans une âme libérée de tout carcan, si ce n'est celui de ce désir latent qui me contraignait à retenir, de mes dernières forces conscientes, l'animal saoul qui vivait dans un regard posé sur elle. Conscience brumeuse qui, si elle n'avait pas été occupée à museler le loup sauvage attiré par sa fragrance capiteuse, aurait pu prévenir l'intérêt que distillait doucement son comportement dans mon être. Je découvrais chez cette femme mille et une facette qu'il aurait été plus simple d'ignorer. La chaleur presque enfantine d'un sourire détendu, le naturel séduisant d'un humour vif et piquant, la malice délicieuse d'un regard joueur et déterminé et la fougue étonnante d'un entrain communicatif. Tant de touches dans une personnalité que je découvrais malgré moi, à la faveur d'une soirée arrosée et d'une brûlante atmosphère bruyante. Aussi, et si l'alcool jouait un rôle important dans mon propre comportement, aux antipodes de celui que j'aurais eu sans une once de boisson dans les veines, le sien était tout aussi décisif. Elle me poussait inconsciemment sur une route que je n'aurais jamais arpenté autrement qu'en sa compagnie. Seul, Morphée serait depuis longtemps venu cueillir une âme aisément corruptible par quelques grains de sables soufflés sur mes longs cils. Mais si j'en ressentais parfois la caresse, son rire, ses mimiques et sa présence suffisaient à l'éloigner, de même que ces jeux loufoques auxquels nous nous prêtions dans le cadre d'un tournoi improbable aux allures de parodie. Le sien en fut l'apothéose. Destiné à massacrer les dernières onces de fierté qu'il me restait, il était un hymne parfait au ridicule atterrant dans toute sa splendeur. « Tu es sérieuse ? » insistai-je, soufflé qu'elle soit à l'origine d'une telle proposition. Mais ma stupeur n'eut pas l'air de lui faire prendre conscience de ce dans quoi elle nous entraînait. Au contraire, elle se fit même le plaisir de faire une démonstration, qui suffit à faire taire en moi le doute et la mauvaise volonté. En quelques mots et en un sourire angélique, elle venait de me faire comprendre ce qui avait tant attiré Il Nam chez elle. Une touche de douceur sous la force et les flammes. Et mon sourire, né d'un moment d'égarement, se mua en rictus quand elle plissa les lèvres en une moue significative. La mignoncité était pour elle autant une torture que pour moi. « J'aurais pu en profiter si tu ne m'entraînais pas dans tes conneries. » lui rappelai-je d'un ton moqueur en suivant des yeux le vol gracieux de sa main dans sa lourde chevelure blonde. Un rappel de la femme sauvage et sensuelle avant qu'elle ne se transforme à nouveau en enfant, pour m'empêcher de verser cette larme de rhum dans le minuscule verre qui flottait. Et c'était difficile. Difficile de faire abstraction de ses sourires, de ses mots et de ce ton traînant et perturbant qu'elle employait. « Quel plaisir ? » grondai-je entre mes dents serrés, en un son qui fut inapte à dissimuler le sourire qui dansait dans mes pupilles. Je battis des paupières pour en éteindre le feu tandis qu'elle prenait la bouteille. Et ce fut beaucoup plus dur pour moi d'endosser le rôle du gamin. Je savais être tendre, adorable mais je n'étais plus un enfant depuis des années. Hors, je ne voyais pas l'exercice autrement que comme un retour forcé dans une époque lointaine. Mon premier saut dans le passé fut hésitant et ce au point qu'elle s'en moqua. Je contractai la mâchoire et me concentrai sur la bouteille pour oublier la cuisante brûlure de la honte. Ce fut son bonhomme qui la doucha. En vérité, ce jeu était moins une torture pour l'orgueil que pour la mâchoire et la langue, cette même langue que je mordais violemment pour ne pas rire d'incrédulité. Heureusement, jouer l'enfant avait l'avantage de tuer en moi toute envie de rire. Mais pas celle de pleurer. De sangloter. De plonger à cœur perdu dans un ridicule qui me ferait mourir de honte dès que j'échapperais à cette parenthèse alcoolisée. Mais surtout, il avait celui de jeter un voile sur un désir inexprimé. Pourtant, il caressa ma peau, suave et langoureux, quand elle pressa son front au mien pour me faire fuir. Son nez frôla le mien, son souffle rebondit sur mes lèvres et l'idée de lui voler un baiser me vint à l'esprit. Mais je demeurais immobile et reculai sous son impulsion, presque inconscient de la tentation qui avait été mienne durant ces quelques secondes d'imprudence.

J'avais perdu. Pour un simple mot, pour quatre lettres, pour un o entrelacé de deux p puis d'un a. Pourtant, elle n'était pas la première à m'appeler ainsi. Mes sœurs, mes plus proches amis laissaient parfois échapper ce mot sans forcément que j'en fasse une maladie tant il paraissait naturel à tout un peuple de l'employer. Mais, dans la bouche de Sora, il sonnait d'autant plus faux qu'elle me rappelait qu'au fond, je n'en appréciai ni la sonorité ni la signification. Le rhum déborda, le verre coula. Elle hurla sa victoire puis la dansa. Il ne m'en fallut pas plus pour laisser exploser tout ce que je gardais en moi depuis le début de ce concours improvisé. Ce fut un rire sauvage, sincère, éclatant, qui déchargea mon corps de toutes ces folles émotions que je ressentais depuis quelques jours. Et quand les derniers échos eurent finit de se disperser dans la salle, je me sentis libéré, du moins jusqu'à cette crise de toux. « Je risque de mourir rapidement alors. » exhalai-je lorsque j'eus repris mon souffle. A moins d'être dans cet état, presque lamentable, j'étais rarement de bonne humeur avec elle. Ce qu'en cette seconde, je regrettais presque. Une seconde seulement, envolée en fumée lorsque son pouce caressa son inférieure pulpeuse. Elle ne faisait que traduire sa réflexion par un geste anodin, mais ce dernier suffit à me rappeler ce pourquoi je l'évitais et la rejetai. Je tenais toutes les femmes à distance, du moins les étrangères, pour éviter de me compliquer la vie. Un but qui s'était cassé la figure dans une salle de bain. Pour un regard. Un but qui n'avait aucun sens en cet instant. J'entrouvris les lèvres et soufflai doucement sur mes cheveux, afin de détourner les yeux de ce doigt qui flirtait outrageusement avec l'objet de mon désir. Je ne la vis donc pas formuler ces mots, que je n'attendais pas mais qui coulèrent paresseusement dans mes oreilles, enrobées du son rauque et suave de sa voix féminine. Je baissai la tête pour rencontrer à nouveau ses amandes sombres, pris au dépourvu. Je n'y avais jamais réfléchit et pourtant, plusieurs clichés possibles naissaient spontanément dans mon esprit. Le bonheur de mes sœurs ou de Séol, la naïveté enviable des enfants qui couraient dans la rue, la fleur mourante et tremblante arrachée par le vent d'hiver. Des flocons de neige qui tourbillonnent dans un paysage désert. Des dizaines d'images coloraient ainsi mes pensées, illustrant des envies diverses et ma personnalité. « Une porte de prison ouverte. » dis-je finalement, les yeux perdus dans le vague. Les mots m'avaient échappé, traduisant l'envie de profonde d'échapper à des barreaux que je tentais de fracasser par tous les moyens possibles. La photo était le reflet de ma propre vie. Elle était mon souffle, mon âme, ma transparence. Elle disait ce que je taisais, elle offrait ce que je gardais jalousement, elle dévoilait ce que je dissimulais. Elle était mon reflet dans le miroir, celui sans hargne, sans colère, sans rancune. Elle était la seule à qui je me donnais corps, cœur et âme. « C'est une image. » lui expliquai-je dans un murmure. « J'aimerais photographier la liberté. La vraie. Je l'attends toujours. » Je la cherchais même. La frôlais du doigt à chaque grognement, à chaque recul, à chaque regard porté vers un ciel à la brume blanche significative. Je laissai le silence se tendre, voiler la table tandis que je laissai mes pensées voyager sur les ailes d'un aigle à la couleur trouble. Des mouvements flous titillèrent alors mon esprit et je revins sur elle. Elle bougeait sur des notes plus rythmées, le corps happé par la musique qu coulait dans ses veines. Puis, elle se leva brusquement et s'approcha d'un pas souple pour me demander l'inimaginable.

« Danser ? » Je ne me souvenais pas même la dernière fois où j'avais mis un pied sur la piste pour faire autre chose que la traverser. La danse en elle même ne m'effrayait pas, mais c'était un monde auquel je ne me mêlais plus. J'étais l'ombre des hauteurs, le regard derrière l'objectif, celui qui observait sans participer. Je n'avais aucun talent pour me fondre dans la foule. Non, ce n'était pas mon truc. J'entrouvris les lèvres pour le lui affirmer mais elle se pencha en avant. Ses cheveux blonds frôlèrent ses épaules nues alors qu'elle enfonçait la main dans la banquette de cuir. Ses yeux semblaient immenses dans la pénombre, tout juste déchirée par les lumières qui valsaient. J'eus un excès de faiblesse incompréhensible. Les mots moururent dans ma gorge et je cédai à son sourire, à ce s'il te plaît qui lui ressemblait si peu, à la menotte dessinée de ses doigts sur mon poignet. Je me levai et la suivis dans l'escalier, non sans une légère appréhension, en particulier quand je mis le pied sur la piste. Pour la première fois depuis son arrivée, je ressentis la brusque envie de tourner les talons. Ce n'était pas mon monde. Je n'exprimais rien corporellement, hormis la tension et la colère. Je retenais chaque émotion, les brisai par de nombreux carcans métalliques ou de pierres, ne révélai rien, si ce n'est par le biais de la photo, ce qui restait métaphorique et subtile. La danse, a contrario, était un don de soi et une ouverture concrète sur l'âme et ces sentiments que je rejetais en bloc. En particulier le désir. Il pulsait entre les couples qui évoluaient, qui se miraient, qui bougeaient en accord l'un avec l'autre. Que foutais-je au milieu ? Je me contractai, aussi peu à l'aise qu'un poisson dans une assiette prêt à être tranché vif. Je ralentis, les dents serrées, indisposé d'être ainsi plongé dans un univers qui m'était totalement étranger. Elle dû le sentir car elle se retourna pour m'offrir un rire moqueur et une caresse de ses doigts. Cette grimace dû jouer sur mon orgueil car je répondis à son étreinte et me remis en marche, sans avoir la capacité de commenter cette nouvelle folie. Car, si le pourquoi résonnait dans mon crâne au rythme des notes rapides, je n'avais aucune réponse concrète à lui apporter. En effet, pourquoi ? Pourquoi déambulai-je parmi ces couples qui dansaient collés serrés ? Pourquoi affrontais-je directement et de plein fouet ce que je fuyais le plus au monde et pour les beaux yeux d'une femme qui me mettait en danger plus qu'aucune autre ? Elle finit par s'immobiliser, par me lâcher au milieu des requins. Pour la énième fois, je questionnai ma présence. Mon cœur battait en sourdine dans mes tempes. Il faisait trop chaud. Je fis sauter un bouton de ma chemise, comme si ce simple geste avait le pouvoir de faire chuter ma température corporelle. J'étouffai. Je n'aurais jamais imaginé cet espace si restreint. A la manière d'un claustrophobe, j'eus la sensation que cette marée humaine se rapprochait de plus en plus pour m'engloutir. Son souffle effleura mon oreille, comme pour m'épingler. Une caresse chaude sur ma peau déjà brûlante. J'ancrai mes yeux aux siens et la suivis du regard tandis qu'elle reculait pour se déhancher. Si j'étais un étranger, elle était dans son élément. Elle respirait la musique, se l'appropriait, la rejouait de son corps souple. Et plutôt que de bouger, je l'observai. Je la peignais inconsciemment dans mes souvenirs, en y immortalisant les clichés que seul mon esprit pouvait capturer. Elle était belle. Belle dans son abandon, dans son art, dans sa passion. Belle dans sa manière de bouger, ainsi embrasée par les sons qu'elle semblait émettre d'une torsion des hanches, d'une valse du poignet, d'un claquage de talon. Je ne savais plus respirer. Et ce n'était ni le lieu, ni la mer humaine dans laquelle je pataugeai qui me sciait mais cette attraction entremêlée de fascination que je ressentais à son égard. L'éventail délicat de ses cils battit et ce regard, à l'ambre taché d'obscurité, se ficha dans la mien comme un coup de couteau. Il était différent. Noyé. Passionné. Elle se rapprocha, un sourire accroché aux lèvres et pressa sa paume sur mon épaule. Le tissu léger ne protégea en rien ma peau nue, qui absorba sa chaleur. Elle me fit l'effet d'une brûlure, dont l'écho se répandit dans mes muscles en un frisson douloureux. Ses mots criés me parvinrent malgré la musique. J'aurais voulu lui répondre que je me foutais des autres. Son regard lui même n'était pas celui qui m'importait le plus. Danser était m'exposer, moi et mes blessures, moi et mes hésitations, moi et ce désir qui renaissait par vague. L'alcool ne pouvait rien contre cette ultime barrière, ce dernier lambeau de conscience, cette hésitation étranglée avant le saut brutal dans un vide vertigineux. De plus, j'étais trop obnubilé par ce qu'elle dévoilait pour seulement songer à bouger. Elle était animale. Elle était féline. Elle était femme. Elle était tout à la fois. Ce qui m'attirait, ce que je détestai, ce qui me fascinait.  La danse la transfigurait, l'enflammait. Un souffle. Il était brûlant sur mes lèvres, comme si son propre feu intérieur m'incendiait par le biais du regard. Un brasier qu'elle intensifia d'une approche. Elle ne faisait qu'effleurer en dansant, jouant sur des allers et retours frustrants. Je ne me retrouvais plus. Je ne reconnaissais ni le paysage, ni mes sensations. Elle était mon seul point d'ancrage. Et c'était dangereux. Elle m'insensibilisait à ce qui m'entourait, aux coups, aux émanations de transpiration, à la foule. J'étais happé par ses mouvements, par cette bouche qui chantait, par ces hanches qui roulaient, par ces jambes qui se mouvaient, par cette chevelure qui valsait. Par ces deux pierres ombrées, qui luisaient sous un rideau de cils à la noirceur reflétée par ces larges traits sombres qui les paraient.

Son rythme évolua, se fit plus lent, plus lascif. Langoureux. La chanson n'était plus la même. Je perçus le changement à la chaleur de ses prunelles, au mouvement sensuel de ses bras dansant au dessus de sa tête, au huit sexy dessiné par son ventre. Et je sus à son regard que j'avais perdu. Sans plus d'hésitation, de recul, de mal être, je sautais dans le vide et pris sa main tendue. Mes doigts s'enfoncèrent doucement dans sa paume chaude et je la laissai s'approcher, jusqu'à ce que nos corps se frôlent et que nos souffles s'entremêlent. Je la respirai, buvant à quelques centimètres de sa bouche le parfum alcoolisé qu'elle expirait. Alors, sa main trompa la mienne par une caresse sur mon bras, sur mon épaule, sur cette nuque dans laquelle elle s'enlisa. La pression de ses ongles fit naître mille et une sensation dans mon être abandonné, de même que des mots qui coulèrent onctueusement dans mes oreilles battantes. Je ne lui répondis pas par un phrasé que je n'aurais pas été capable de prononcer. Je fis autrement. J'ouvris inconsciemment la porte de ma propre prison et libérai un corps qui bougea au rythme de celui que je tenais dans mes bras. Les notes m'imprégnèrent, de même que le tracé de ses doigts sur mes flancs puis sur mes hanches. Les miens voyagèrent aussi, guidé par l'envie, sur ses bras afin de goûter au velours de son épiderme. Ils voguèrent jusqu'à ses poignets avant de se nicher contre sa taille creusée.. Et il pulsa dans mon bassin, dans ma tête, dans chacun des vaisseaux au bleu écarlate tissés sous ma peau. Une soif dévorante, que trahissait mon regard incendié. Celui même qui suivit le ballet serpentin de ses bras et le dessin arqué de ce buste qui se renversa en arrière. Une bretelle noire abandonna son épaule et dévoila un peu plus sa clavicule bombée. Il n'y eut pas de souffle, juste l'expression d'un désir marqué, que trahissait un bassin plaqué contre le sien, auquel elle se frotta lorsqu'elle se redressa. Je n'eus alors plus qu'une envie : l'acculer au fond de la salle et réaliser enfin tous les fantasmes qui m'étouffaient et qui m'auraient attiré les foudres d'un comité de censure. Mais je ne fis que courir mes doigts sur son bras dans l'intention de remonter sa bretelle fuyante. Un geste immobilisé lorsqu'elle appuya sa bouche contre ma peau nue. Un éclat s'y ficha en un douloureux contraste avec la douceur satinée de ses lèvres pulpeuses. Je me raidis à nouveau sous ses paumes. Mais cette brusque tension ne trahissait ni le mal être, ni la rage, ni même l'envie d'échapper à l'inéluctable. Elle était envie. Elle était éclaboussure de sang dans les pierres noires. Elle était luxure. Et j'en vis l'écho dans les deux amandes d'or et d'ébènes dans lesquelles je plongeais. Je sentis le poids de ses bras sur mes larges épaules puis le toucher sensuel de ses doigts à la naissance de ma chevelure. Elle s'approcha. Ensorcelante. Charmeuse. Son souffle fut le premier à frôler mes lèvres, avant que les siennes ne s'y posent en un toucher éthéré. Mon cœur cessa de battre une demi seconde puis s'emballa violemment. Il frappait comme un fou, pulsant un sang bouillonnant dans des veines fatiguées et des muscles tendus. Puis il y eut la langue. Ardente. Humide. Mes poumons se remirent à fonctionner mais pour exhaler un râle presque inaudible sous cette caresse à la légèreté frustrante. J'aurais voulu la happer. La mordre, l'aspirer. Mais elle se recula, emportée par les notes ou bien par la volonté de me faire flirter avec la folie. Le manque. Il me saisit quand elle disparut, et ce même si son parfum m'enveloppait et que ses mains m'effleuraient. Elle fit le tour d'un homme aux anciennes volontés trépassés et réapparue de dos, les hanches voluptueuses et le corps chantant. Elle tourna doucement la tête. La lumière exposa la courbe de ses lèvres qui s'étirèrent. Ce n'était pas un sourire. C'était une tentation soufflée, un défi dessiné. J'y répondis d'un pas souple. Et ils furent nombreux à lui succéder, bien qu'à peine esquissés sur place tandis que je nouais un bras autour de son bassin pour l'attirer contre mon torse. Son dos l'embrassa et j'ondulais contre elle, omoplates contre pectoraux, bassin contre bassin. Oui, la danse conduisait à la transparence émotionnelle. Contre elle, pour elle et pour moi, je révélai le désir que j'éprouvais à son égard. Celui de la humer, d'une pression du nez contre sa chevelure et sa tempe, celui de lui faire l'amour d'une pression du bassin contre la courbe de son fessier. Celui de goûter au velouté de sa peau tendue sur ses tempes effleurées. Je pliai les genoux, sans savoir si je suivais la musique ou les mouvements chaloupés de ma compagne. Ma main libre remonta au fur et à mesure des pas le long du rebelle qu'elle tendait vers le ciel. Ils rampèrent, en savourant la texture soyeuse de sa peau  chaude, jusqu'à cette paume qu'elle embrassa d'une pression ferme. Je l'amenais à descendre doucement, pour rejoindre ce visage perdu dans sa crinière blonde, que la lumière colorait différemment à chaque passage. Bleu, vert. Rouge. Je reculai. Mon bras glissa, la délaissa. Je ne fis qu'un pas, mais un pas suffisant pour ne plus ressentir la chaleur de son corps souple. Sans m'attarder sur la sensation de vide qui m'étreignait, je la contraignis à tourner de cette main toujours nouée à la sienne. Son visage m'apparut à nouveau, dans une once de lumière qui s'évanouit lorsque je guidai son bras jusqu'à ma nuque. Je l'enlaçai et pressai mes paumes à ses flancs, puis à ses hanches mouvantes. Mon nez frôlait sa pommette. Son parfum s'insinuait en moi, comme pour inscrire dans ma chaire cet instant volé par la boisson et la chanson. Je pressai mes lèvres à sa peau. Aveugle à toute autre chose que la saveur de son épiderme sur ma langue, j'éloignai légèrement mon visage pour battre des paupières. Je brûlais de répondre à l'invitation de celles, carmines, qui ornaient son minois. Doucement, je m'en approchais. Y soufflais. Les effleurais. Le désir me balaya, telle une houle puissante. Je l'inspirai, elle et son soupir, elle et sa fragrance, elle et son essence. Puis, j'embrassai son inférieure, que je capturai doucement entre mes lèvres avant de la relâcher. Je me torturai, sans connaître la raison du brusque excès de folie qui me conduisait à jouer plutôt qu'à savourer. Danser plutôt qu'à dévorer. Et pourtant, je tins bon. Je la perdais quelques secondes pour mieux la retrouver, tandis que nos corps communiquaient autrement que par des mots qu'ils ne savaient plus exprimer. Et Sora voguaient sur les ailes de sa passion, faisait l'amour à cette chanson déversée avec la dextérité et la sensualité d'une artiste. Et moi je mirais. Dévorai des yeux. Effleurai des lèvres, des mains qui voyageaient sur ses bras, ses flancs, ce ventre, parfois même la courbe de ses seins protégés par le tissu de sa robe. Et le tambour frappait, à la fois dans les hauts parleurs et dans mon être envoûté. Par sa gestuelle. Par la grâce qui la nimbait tel un halo. Par cet éclat de sang dans ses pupilles dilatées, qui reflétaient celui qui brisait les miennes.Chaque frôlement, chaque toucher, chaque étreinte me donnait envie de l'enlever. Un désir qui contredisait celui de me laisser porter. Noyer. Posséder par la musique et cette danse dans laquelle elle m'avait entraîné à nos risques et périls. Courbée sur mon bras, elle finit par se redresser, les lèvres entrouvertes et les pommettes rouges. Les mèches blondes valsaient sauvagement autour de son visage. Et je n'y tins plus. Je penchai la tête et pressai ma bouche contre la sienne. Plus d'effleurement, de jeu, de danse destinée à frustrer plus qu'à combler. Je coulai la main contre sa nuque et glissai ma langue entre ses lèvres.  Le mambo, je le dessinai de mon muscle humide, en entraînant le sien dans une danse sauvage et désinhibée. Nos bouches se fondirent, se mêlèrent jusqu'à se confondre. Je l'attirai plus étroitement contre moi et approfondis ce baiser qui nous liait. Je buvais à même sa bouche. Me nourrissais à la fois de son souffle et de ses sons. De cette langue taquine, de ses mains appuyées, de la sensation de ses seins écrasés contre mon torse. Je ne reculai que pour mieux la déguster, l'apprivoiser. L'embrasser me donnait l'impression de sauter d'un avion. L'excitation, l'adrénaline, le désir sexuel et pur s'entrelaçaient en moi. Tantôt impérieux, tantôt sauvage, tantôt luxure, cette union me procurait mille et une sensations différente et déchaînait en moi une exaltation primitive. Jusqu'à cette brusque bousculade, qui m'arracha au sort que m'avaient jeté ses lèvres. Je relevai la tête dès que je la sentis me rentrer dedans, poussé par un homme bourré qui s'excusa dès que je posai les yeux sur lui. Ma main, instinctivement, avait coulé dans ses cheveux et mon bras la retenait, en une étreinte protectrice qui trahissait un tempérament que ne connaissaient que mes proches. La claque fut légère, à peine perceptible, de même que la conscience d'une chanson suave assassinée par une comparse plus endiablée. J'étais drogué. Mais surtout, je me débattais avec l'envie archaïque de la jeter sur mon épaule pour l'amener ailleurs. Pour me repaître plus que de sa bouche, mais aussi de ce corps que je sentais toujours contre le mien. Prenant sur moi de rassembler les dernières parcelles de conscience disséminées un peu partout, je la relâchai et m'éloignai. Je fendis la foule pour rejoindre les toilettes, heureusement presque vides. D'un geste, j'écrasai le robinet et recueillit l'eau dans la coupe de mes mains pour m'en asperger généreusement. L'eau s'accrocha à mes cils, à ces mèches noires qui se plaquèrent à mon front, à cette bouche fiévreuse. Je fermai un œil, tournai la tête en un tic nerveux puis agrippai le lavabo, les bras tendus et le corps arqué. Alors, j'inspirai. Posément, calmement, pour calmer à la fois les battements furieux de mon cœur et cette envie presque maladive de retrousser immédiatement sa robe. Respire Jeha. Je fermai les yeux, baissai la tête entre mes bras puis me redressai avant de la secouer, comme pour en chasser mes idées ou fantasmes délurés. Une dernière claque humide et je m'essuyai rapidement de mon bras avant de quitter les toilettes pour rejoindre la grande salle. Alors, et ignorant le loup affamé qui hurlait de protestation face à une conscience limitée, je la cherchai des yeux, non pour l'entraîner dans un coin ou reprendre une danse dangereuse, mais pour la guider -nous guider- loin de toute tentation. Je finis par la repérer, en un éclat blond, une silhouette incomparable, et la rejoignis en prenant garde de ne pas la toucher pour ne pas succomber. « Partons. » Ma voix rauque trahissait encore le bestial et sensuel échange qui nous avait laissé des cicatrices plus ou moins profondes. Sa bouche était encore plus rouge. Plus tentante. « Je vais finir par m'effondrer. » De frustration à défaut de sommeil.  
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Mar 28 Mar - 2:00
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Je Ha & Sora





TENUE & MUSIC | Ma question sembla le prendre au dépourvu, tant elle avait été cherché avec précaution et attention. Une seule question, je n'avais plus envie de demander n'importe quoi, mais une chose que je serais ravie de connaître, une chose qu'il ne se serait peut-être pas permis de me partager, ni de me répondre. Il aurait fait semblant de l'ignorer, d'y lire autre chose entre les lignes, et de passer à travers, avec une aisance naturelle pour éviter la confrontation. Mais cela n'avait rien d'une confrontation. Ce n'était pas une question pour ça, pour agacer, pour piquer, faire reculer, non. Bien au contraire, je voulais plutôt qu'il avance, qu'il éclaircisse ce nuage niché en permanence au dessus de sa tête, qui ne faisait que cracher des éclairs terrifiants. Mais après la pluie, venait le beau temps, celui-ci était souvent caché derrière. Il fallait juste attendre, jouer les vents furieux et balayer la foudre d'une bourrasque inarrêtable. Peut-être que pour un photographe, il y avait déjà réfléchi, ce qui n'était pas mon cas. Ce qui viendrait naturellement, ce serait peut-être la famille ? Les proches, les moments partagés, des événements particuliers, le bonheur en général. Ou un rêve de sa passion ? Un pays, un lieu qu'il devrait absolument capturer ? Etait-ce la beauté d'une banalité quotidienne qu'il aimait, ou l'instant incroyable qu'il ne pourrait peut être jamais revoir ? Deux genres, de mon point de vue extérieur à ses pensées. Deux visions, qui ne furent aucunement celle qu'il me confia. Je devais reconnaître que vu mon expression, effectivement, je ne m'étais pas attendue à une telle image. Une.. Une porte de prison ouverte ? Je ne comprenais pas.. J'y réfléchissais de longues secondes, me demandant naturellement si il connaissait quelqu'un qui était en prison, qu'il espérait voir sortir ? Je ne pouvais clairement juger cette idée, qu'il avait éclairci en rajoutant que c'était une simple image. Une métaphore, je comprends mieux. La liberté, sujet grand, immense, qui se baladait à tous les coins de rue si on avait les yeux assez ouverts pour cela. Elle était aussi facile que difficile à attraper, aussi légère que marquante, révolutionnaire. Sujet splendide, d'une richesse visuelle indéfinissable, il avait de quoi faire ! Et cela avait l'air de lui tenir à coeur.. « Il ne faut pas l'attendre la liberté, il faut lui courir après. Il faut lui faire assez confiance pour que la porte cède, cette porte dont on est souvent, inconsciemment, les seuls à avoir les clés.. » lui répondis-je doucement. « Il me tarde de voir ce projet, et ce cliché. » Si j'étais un peu plus apte à réfléchir, lui comme moi, le sujet aurait pu être long à débattre. Qu'est-ce que cela signifiait vraiment pour lui, la liberté, cette photo ? Mélanger nos visions, nos pensées.. j'aimais bien ce genre de conversations, mais je sentais que mon cerveau s'était mis en veille, laissant mon corps prendre entièrement le relais. Je ratais peut-être un nouveau moment intéressant avec lui, mais ce n'était pas vraiment le lieu pour cela, pas pour discuter réellement de nos vies. Mais.. m'en laisserait-il encore l'occasion ? Je le forcerais, si il le faut. Forcerais à ma manière, parce que j'étais certaine qu'il était intéressant si je continuais à gratter la surface ornée d'épines qu'il braquait en permanence vers moi. Elles étaient tombées ce soir, je ne les voyais plus, et je n'allais pas me gêner pour en profiter en peu plus..

Je l'entraînais sur la piste, lieu où les corps reprenaient leurs droits, guidés par l'art splendide qu'était la danse. Plusieurs styles se mélangeaient, ceux qui jouaient, habitués du corps à corps, enchaînant des improvisations à deux, captivantes à admirer. Ceux dont le désir presque sexuel se ressentait dans chacun de leurs gestes, comme un avant-goût d'une soirée déjà bel et bien exposée. Ceux qui étaient en groupe, s'éclatant sur des chorégraphies inventées, des défis idiots à réaliser tout en suivant la musique. D'autres dansaient seuls mais prenaient plus leurs pieds que quiconque ici ! Je repérais une femme entourée de tout un tas d'hommes, mais qui rejetait la moindre proximité. Si on ne voulait pas s'aventurer sous les projecteurs, il y avait tant à voir, tout était un spectacle ici, mais j'étais peut-être la seule à m'y attarder autant. Le brun avait les prunelles assombries d'une ombre inquiétante, allant de droite à gauche, déstabilisées. Le monde faisait peur mais en réalité, une fois que tu te mélangeais à la foule et que tu y trouvais ta place, il n'y avait plus aucune crainte. On s'y engouffra, je partais en éclaireur, je tenais quelques uns de ses doigts pour ne pas le perdre, geste presque enfantin, une bribe du jeu de tout à l'heure peut-être. Et puis, lorsque l'on avait enfin réussi à se trouver une place, un espace rien qu'à nous, la chaleur ambiante nous frappa de plein fouet. Elle enveloppa ma peau claire, me forçant à esquisser un chignon flou dans la longue blondeur, pour dégager une nuque déjà échauffée. Mais elle tournoya sans peine dans le vide pour se défaire. Tant pis.. Il était temps de s'adapter, de suivre, de s'imposer. Les hanches avaient déjà trouvé le rythme, elles étaient toujours les premières, sans faute, inégalables. Les épaules jouaient en écho des accords invisibles, des accords roulés, mon cou s'étendant à chaque mouvement sec d'une mâchoire qui marquait les temps. Ce que je pouvais aimer cette basse.. Les basses étaient toujours les meilleures, en fond, comme un murmure embrasé. Je fermais les yeux pour la savourer, m'imprégnant en silence de chaque instant de ce morceau que je devais connaître par coeur. La chaleur étouffante des lieux était désormais la mienne, je ne la sentais plus, elle n'était plus. Tant que je ne m'arrêtais pas, je la supporterais jusqu'au bout. La barrière de cils se releva, surveillant toujours du coin de l'oeil mon compagnon qui ne semblait pas encore à son aise. Une vague, buste se relevant dans un arc de cercle d'une lenteur volontairement accentuée. Je m'approchais de l'homme pour m'assurer qu'il allait bien, si il y avait bien quelqu'un ici qui devait tomber dans les pommes, c'était bien moi ! J'avais beau avoir mis des talons, tout le monde me dépassait largement d'une tête, et je respirais pourtant à plein poumon, l'air ambiant m'étant si familier. Ma paume contre son épaule se voulait encourageante, m'y attardant d'une pression, glissant d'une longue caresse sur son bras pour se perdre à nouveau dans les airs. Peu à peu, je me lâchais, complètement. J'en éprouvais ce besoin, de me donner entièrement, relâchant une pression constante et épuisante qui me conditionnait durement dans la vie de tous les jours. Personne pour juger, personne pour regarder. Enfin si, il y avait bien quelqu'un, qui ne bougeait toujours pas d'un seul pas, alors que je tournais sur moi-même, dominant l'espace sans la moindre retenue futile. Quelques mèches pâles, sauvages, encadrèrent mon regard ambré, s'accrochant à celui de Jeha qui ne semblait pas m'avoir lâché. Je l'avais vu, biensûr. J'avais vu qu'il me regardait longuement, et à cette prise de conscience, tout semblait s'être accentué, prononcé, agrandi, dans une volonté de plaire que je ne pouvais nier. Une volonté de plaire que je ne pouvais contrôler, instinctive et indomptable. Parce qu'il était plaisant de plaire, d'attirer le regard, son regard d'homme qui ne me rendait pas mal à l'aise comme certains, son regard à lui qui me poussait à lascivement courber les reins pour qu'il y glisse, et s'y aventure sans même me toucher. Je l'imaginais ce toucher, et mon coeur s'emballa dans les fantasmes de ses sens tumultueux. Pulsations vives cognant un épiderme à fleur de peau. Même un pas vers lui ne le faisait avancer, ni reculer d'ailleurs. Je souriais, amusée, pas spécialement par lui, un peu. Il s'était crispé dans ma première approche, et puis semblait s'habituer, alors que j'ondulai de plusieurs allers et retours sur les pas latinos, obnubilée par le plaisir de la danse que je semblais être la seule à partager. Je lui lançais des viens, suis-moi, tu viens ou tu restes là ? muets que mon corps hurlait. Mais seul, il ne tentait rien. Je m'en inquiétais presque. Etait-il si mal à l'aise avec l'idée de s'ouvrir de cette manière ? C'était naturel, oui chez moi c'était devenu naturel, depuis bien avant mon adolescence, alors j'en oubliais la difficulté qui immobilisait. Arrête de me regarder, et danse, idiot. Les pulpeuses s'étirèrent en les lui scandant en pensée. Je continuais à m'épanouir dans mon monde, lui dévoilant, lui offrant une personnalité qui était la mienne, d'une arrogante assurance, mais passionnée dans chacun de mes muscles gonflés, tendus. Dans ce besoin de distraire, de charmer, de faire céder..

Nouvelle chanson, rythme lent, l'acoustique reprenant les rennes. Si il restait là où il était, c'était moi qui allait devoir aller le chercher. S'il ne savait pas savourer seul, alors à deux, peut-être, qu'il apprécierait ? Laisse-moi t'aider, laisse-moi t'approcher.. Mais si sa vision était déjà particulièrement intense, qu'allait donner son toucher.. ? Une main vers une autre en une invitation feutrée de rouge intense, habillant nos visages qui se retrouvèrent, sans une hésitation, l'un contre l'autre, en deux souffles contenus. Tension de quelques secondes, l'air s'engouffrant à nouveau dans mes poumons, alors que je repris contenance. Un rythme, nous avions besoin d'un rythme à nous, de nous accorder. Un autre rythme que celui de nos coeurs qui battaient à l’unisson sur une batterie frappant à toute allure, digne d'un rock'n'roll endiablé. Tout semblait être ralenti, j'en prenais à peine conscience, alors que je guidais ses hanches de mes mains, bassin contre bassin. Contact encore léger que je m'assurais de rendre moins flou, plus prononcé, n'hésitant pas à me coller davantage à lui pour le forcer à ne pas couper ce contact. Finesse d'un corps marqué dont je dessinais les ombres à la naissance de son torse, alors qu'il s'aventurait à son tour d'une caresse le long de mes bras, rejoignant les dirigeantes, avant qu'il ne se pose sur ma taille élancée. Un frisson. Rattrape-moi, ou  laisse moi tomber. Je me laissais partir en arrière, m'accrochant du bout des doigts aux pans de sa chemise sans réellement me retenir, sans penser une seule seconde qu'il me lâcherait. Sa poigne se fit plus ferme lorsque je me redressai d'une impulsion, ondulant d'une brusque et lascive vague contre lui. Deux bassins assassinés par un frottement répétitif, souple, un délice dans une torture lente qui semblait faire son effet, marquant un désir plus que dévoilé chez mon partenaire. Le réaliser fit parcourir mille et une aiguille dans tout mon corps, au creux de mon ventre, au creux de ce bassin si titillé, dont je ne pouvais arrêter la cadence, au risque de perdre pied.. Un désir révélé sans vraiment le vouloir, mon désir que j'affirmais à mon tour de l'esquisse de mes lèvres sur une peau délaissée que je mourrais d'envie de parcourir à cet instant précis. La musique semblait contenir mon besoin de brûler les étapes, ou de les accélérer. Je n'en faisais rien. Je fondais juste, comme du chocolat chaud, m'étalant sur sa carrure virile, m'emparant d'une nuque tendue, humide, regards incendie, regards volcaniques. Laisse moi me réchauffer plus près, encore plus près.. Je venais pour la prendre cette bouche, cette bouche aux sourires rares, et pourtant si lumineux. Cette bouche piquante, hargneuse, et pourtant si douce contre la mienne, la taquine. Ce n'était pas une conquête, mais une simple expédition. J'en délimitais les frontières, ma poitrine se gonflant, fiévreuse contre son torse. Je n'avais pas lâché les mystérieuses prunelles, pas une seule fois. C'était sans doute cela le plus excitant. Ce qui faisait bouillir de piques incessantes au creux de mon ventre, de mes reins, sous cette peau si fine qu'il touchait, caressait, de toute cette chaleur qu'il émanait, qui m'envoûtait. L'excitation de cet instant figé dans le temps alors que je luttais contre la respiration aux effluves d'alcool vers laquelle je me penchais. Ma langue signa des mots qui ne pouvaient sortir, deux mots qui glissaient dans ma gorge, qui pétillaient dans une étincelle embuée entre mes cils.. Embrasse-moi. La provocante osait toujours, quoiqu'il arrive. C'était touché, c'était dit, c'était ancré dans un effleurement mouillé. Je le laissais sur cette frustration mutuelle, comme pour grandir cette tentation que j'étais sûre de pouvoir encore intensifier, encore plus.. Car la tentation, la séduction était un jeu de attrape moi si tu peux, qui se jouait à deux, et jamais dans un seul sens, sinon, l'ennui viendrait vite, non ? Alors je m'éloignais de Jeha, un peu, pas trop, son parfum m'attachant à lui alors que je m'aventurais autour, féline, le reluquant sans gêne, avant de reprendre le rythme d'une danse soliste. Un manque, soudainement alors qu'il était pourtant juste là, à un pas. Épaules aguicheuses qui roulaient sur elles-même pour attirer, inviter à nouveau sans cette fois-ci faire le moindre geste. Et il s'avança.. Il s'était avancé, il avait bougé. Il ne faisait plus que me regarder, cette fois-ci, on dansait vraiment.. ensemble.

Je reculais d'un demi pas, me pressant contre son torse, son bras enlaçant possessivement mes hanches qui retrouvèrent avec plaisir leurs jumelles. Bien que mes fesses les séparaient, mais cela ne semblaient nullement déplaire celles-ci, ni Jeha, ni son bassin, dans notre lent chaloupé des plus indécents. J'étreignais son bras qui m'entourait, me laissant fondre comme neige au soleil. La blondeur habillant son épaule, mon cou offert au souffle chaud qui s'y perdait à quelques centimètres. Je lui laissais désormais le champ libre. Si c'était moi qui avait commencé cette danse à deux, je lui en abandonnais les rennes, curieuse de voir ce qu'il allait en faire. Fermant les yeux, à l'écoute d'un corps qui m'épousait si sensuellement. Il remontait vers mon bras qui se perdait vers le plafond, comme si il cherchait à courir après les lumières multicolores. Paume contre paume. Il le ramena dans sa chevelure ébène que je caressais du bout des doigts avec une douceur, dont tout mon être semblait être possédé. Tout en moi semblait se laisser aller, fluide, léger, réactif aux moindres intentions de l'homme qui me tenait. Mes sens semblaient à l'affût, ils ne se concentraient que sur lui, et sur rien d'autres. Je ne voyais plus ceux qui nous entouraient, tout devenait flou alors qu'il me fît tournoyer d'un simple revers du poignet, laissant naître un sourire naturel, amusé. Je retrouvais cette étreinte, cette bulle de chaleur prête à éclater à tout moment. Je crevais d'envie qu'elle éclate. Je suivais mentalement le trajet de ses mains sur moi, fantasmant de les voir ailleurs, sur mes cuisses, sur mes fesses, sur mes seins.. Un soupir, sa bouche se pressant sur ma joue en une pression sucrée. J’entrouvrais la mienne, l'humidifiant de ma langue. Notes de guitare qui me rendaient fébrile, mes paupières se fermant alors que je le sentais approcher. Mon pouce caressait la naissance de l'ébène ténébreux, mon autre main s'était frayée un chemin entre son cou et sa chemise, bien trop occupée à esquisser les contours de sa clavicule et d'une musculature contractée.. Je relevai cette barrière de cils noircie d'un large trait, alors qu'il embrassait une lèvre, une seule, faisant naître une folle jalousie chez la seconde, qui criait à l'égalité. A l'égalité du plaisir entre les deux lèvres de cette bouche mutine, qui se redressait d'un mouvement de menton, comme pour suivre cette effluve, cet arôme qu'elle n'avait pas assez goûté. Il se jouait de moi, comme je me jouais de lui, effleurant, titillant, torturant.. jusqu'à que l'un de nous deux cède. Car il y en aurait un, qui allait céder pour mieux encore.

Les minutes passèrent sans que l'on ne s'en rende compte, instant intemporel, indéchiffrable. Étreinte langoureuse qui ne semblait vouloir se défaire, toujours liée par un toucher de l'un des deux. Pour ma part, je parsemai de tant à autre quelques baisers, son cou en était marqué, d'un rouge à lèvres presque effacé. Seul mon désir le marquait désormais. Les tracés bleutés de ses veines s'y reflétaient, se gonflant sous la tension palpable. C'était assez sexy.. J'en effleurais sa mâchoire aiguisée qui se relevait lorsque je m'y aventurais. Nous nous laissions porter par la musique, nous suivant mutuellement, comme si nous avions toujours dansé ensemble. Ça semblait simple, naturel. Cette attraction possessive qui nous faisait pourtant tant tourner la tête, ces bassins frustrés de tant de vêtements sur eux.. Je fis descendre ses paumes qui frôlaient ma poitrine, de ma taille à mes hanches d'une lenteur exquise, avant de parcourir ses avant-bras découverts par les manches du fin tissu blanc. Le chaloupé ne s'était pas une seule fois stoppé. Déhanché suave.. envoûtant. C'était ça, je me sentais envoûtée. Envoûtée par Jeha, la musique, la danse, l'ivresse, la chaleur des lieux.. Tout. J'inspirai, j'expirai en des soupirs chauds à ses oreilles, contre cette peau dont j'apprenais la sensibilité si chatouilleuse, si nerveuse.. ma cuisse remontant un bref instant le long de sa jambe, en une nouvelle provocation plus que revendiquée. Je m'accrochais à tout ce qu'il m'offrait, me reposant sur lui sans la moindre appréhension. Mis à part cette transe dans laquelle nous étions plongé.. Cette transe vive qui nous faisait planer. Cambrée dans le vide, la main ferme dans le creux de mes reins, l'ardeur du buste qui s'étirait puis se relâchait dans un élan saccadé sous les douces secousses des épaules dénudées. Tête qui tournait, une seconde, puis deux. L'ébauche d'un sourire charmé, sauvagement attrapé, volé dans un bouche contre bouche qui n'était pas inattendu, mais.. tant attendu.. La surprise d'abord, puis l'explosion, le coeur qui s'emballe, les mains qui s'agrippent à sa nuque, les corps qui se collent et se serrent à s'empêcher de respirer. Est-ce que l'on respirait ? Je n'en savais rien, je ne savais plus.. Je me laissai happer dans un tourbillon d'émotions incontrôlables que pouvait me provoquer cette langue mutine, cette danse des plus érotiques dans laquelle elle m'entraînait, moi et sa jumelle. Danse chaude de ces deux muscles souples et agiles. J'en suçotais un du bout des lèvres, puis le relâchai avant qu'ils ne se rejoignent à nouveau.. Mes soupirs s'échappaient, quelques uns. La plupart s'étouffaient contre nos bouches gourmandes, affamées. Il me rapprochait plus étroitement contre lui, m'arrachant cette pique violente dans mon ventre, cette impression que quelque chose se tordait en moi, alors qu'il pressait davantage son bassin au mien. Un énième frisson, un autre symptôme d'une libido en ébullition. Je me laissais parcourir par ce désir primitif, ces pulsions sexuelles qui affluaient par milliers alors qu'il approfondissait ce baiser tant refoulé. J'étais prête à bondir, à courir, à fuir pour trouver rapidement un autre lieu pour assouvir des envies, des fantasmes peu catholiques qui me venaient à l'esprit. Avec lui. Contre lui. Tout s'entremêlait, et pourtant affluait à une seule et même chose. Quant tout à coup, quelqu'un me bouscula, me poussant vers l'avant, mais je crois que je n'en avais réellement pris conscience que les quelques secondes qui en suivirent. Une interruption, un réveil brusque. Mes doigts glissant sur son torse, essoufflée, retenue dans une étreinte différente mais tout aussi agréable. Des excuses presque avalées par la musique, puis cette fraîcheur soudaine qui me frappa. Je suivis du regard Jeha fendre la foule d'un pas rapide, sans même se retourner, même à l'appel de son prénom. J'avais l'impression d'être sourde.. aveugle.. et que tout me revenait d'un seul coup, le son puissant des hauts-parleurs, les gens qui nous entouraient, les coups, les cris hystériques près du DJ.. La bulle avait éclaté, mais les battements précipités de mon coeur n'avaient toujours pas ralenti, alors que j'y plaquai la main. Je ne tardai pas à suivre le même chemin, m'extirpant de la foule compacte dans laquelle je ne me sentais plus à l'aise. En sortant de la piste, j'inspirai cette grande bouffée d'air encore chaude, mais plus insoutenable comme il y a encore quelques secondes. Je cherchai le photographe autour de moi, vérifiant la mezzanine où sa silhouette ne semblait y apparaître. Mes talons me portèrent jusqu'au bar, demandant une serviette en papier dont j'en tapotais le front et la nuque humides. Je m'appuyai d'un main sur le tabouret haut, observant les alentours. Il n'était quand même pas parti ? J'essayais de l'apercevoir, mais la seule idée de penser à lui, ne faisait que m'enchaîner des images, des sensations que mon corps me rappela d'une brève douleur. Les lèvres s'entrouvrirent, les cuisses se touchèrent volontairement l'une contre l'autre, avant que le loup ne réapparaisse dans mon champ de vision. Je m'étais surprise à le reluquer de haut en bas dans sa démarche pressée, qui venait dans ma direction. Qu'est-ce que je faisais.. Les mèches qui retombaient rebelles sur son front étaient mouillées.. Il devait avoir disparu aux toilettes. Sa voix résonna, grave et attirante.. Ses pierres noires, fauves que je fixais intensément, alors qu'elles coulèrent je ne sais où, plus sur mes yeux mais ailleurs.. plus bas.. Pulsions. Mes doigts se crispèrent sur la barre en fer. « Et moi, par te plaquer contre un mur. » lâchais-je brusquement, dans une tension palpable et un silence qui s'en ait suivi. Sous-entendu plus que clair, et qui se voulait être clair. Pour ponctuer ses paroles, je le contournai sans plus m'attarder, me dirigeant vers l'accueil pour récupérer mon manteau et mon sac. Quelques minutes plus tard, nous quittions le New Generation.

Le froid de la nuit faisait terriblement du bien en sortant. On avait l'impression d'être passé d'une saison à une autre en deux secondes, de l'été à l'hiver. Je n'avais pas mis mon manteau, il était seulement posé sur mes épaules. Un mètre, un mètre nous séparait, je marchais d'un bond pas devant lui. Tentant de m'en éloigner sans vraiment le vouloir en réalité. Agacée, frustrée.. Émotions qui me tendaient à l'extrême et que je haïssais voir se battre en moi. Plutôt crevée que de me prendre trop la tête ! Et je le pris au pied de la lettre en apercevant sa voiture garée à quelques pas de l'entrée. Je m'arrêtais net, avant de brusquement rebrousser chemin, faisant face à Jeha. Près, assez près pour que sa chaleur vienne titiller ma température qui commençait à descendre. Sans dire un mot, je coulai ma main sur l'une de ses hanches, la glissant dans sa poche avant d'en resserrer les doigts sur un objet. « Ahh.. je savais que j'avais senti une seconde chose.. » murmurais-je, d'un sourire enjôleur, alors que je récupérai le petit trousseau de clé. Sous-entendu numéro deux. « Je conduis. » affirmais-je clairement, tout en rejoignant la voiture. « Je ne suis pas blessée, j'ai moins bu que toi, c'est moi qui doit t'escorter et en plus, j'ai besoin de me focaliser sur un truc, alors c'est réglé. » J'ignorais la moindre protestation, alors que j'actionnai le déverrouillage automatique, les talons des sandales claquant sur la route quand j'entrouvris la portière. Hors de question que j'aille côté passager.. Et mon ton autoritaire démontrait que je n'avais absolument pas envie d'être contrariée là-dessus. J'allais bien trop rêvasser à des choses auxquelles je pensais déjà bien assez en ce moment-même, alors autant me concentrer sur la conduite. Je m'installais sur le siège conducteur, le brun en fît de même sur le siège voisin. Cette intérieur était superbe et assez confortable mais.. « J'ai chaud, j'peux pas conduire avec ça, non ! » lançais-je, ôtant comme je le pouvais mon manteau qui ornait mes épaules. Je me penchais entre les deux sièges pour l'envoyer sur la banquette arrière, insistant plusieurs fois en pestant, avant d'y arriver et d'y lancer mon sac à sa suite. Je soupirai, alors que je remarquais que Jeha galérait avec sa ceinture. Sans grande hésitation, je passais le haut de mon corps par-dessus l'accoudoir, puis Jeha en agrippant l'objet défectueux. J'y tirai une fois avec trop de force, puis une seconde avec plus de douceur, et il s'avoua vaincu. « Alors, c'est qui le plus bourré hmm ? » demandais-je amusée. Son souffle à nouveau contre ma joue. Je m'y penchais légèrement comme pour le happer, ses intenses prunelles chocolatées à quelques centimètres, mes muscles tendus dans leur position en déséquilibre, tendus pour.. par autre chose aussi, avant de regagner ma place quelques secondes plus tard, sans plus d'explication. C'était peut être lui que j'aurais dû mettre sur la banquette arrière, je sentais que sa présence à côté de moi allait tout autant me distraire.. Reprenant mes esprits, je démarrai la voiture, et m'engageai vers l'avenue la plus proche. Dix minutes plus tard, nous étions à l'appartement de Il Nam.

Arrivés devant la porte d'entrée, je m'aventurais dans mon corsage à la recherche de la petite clé confiée par son propriétaire, soigneusement cachée pour ne pas la perdre. Je tâtonnais à droite de longues secondes, en fronçant les sourcils, avant d'en faire de même à gauche. « Bein elle est où ? Je me suis trompée de sein ? » murmurais-je pour moi-même, mais sans doute assez fort pour que le brun ait pu l'entendre. « J'aurais peut-être besoin d'aide.. » l'aguichais-je, penchée sur mon décolleté. Et puis révélation, elle était dans le revers du noeud qui ornait ma poitrine. Bingo ! Je lâchai une exclamation, la brandissant devant lui, avant de me pencher pour être sûre de ne pas désormais, manquer la serrure ! Mais le test de la serrure fût réussi, et l'on s'engouffra peu après dans l'appartement. Mes pas me portèrent avec nostalgie vers la baie vitrée qui illuminait le salon de milles lumières orangers.. « J'ai toujours adoré cette vue.. » susurrais-je bien trop faiblement. Ce n'était pas la meilleure vue de la ville, mais j'avais toujours eu un coup de coeur sur cette petite prise de hauteur sur le quartier. Mon regard vacillait de droite à gauche, emporté par les éclairages des ruelles que j'imaginais comme des lanternes s'envolant vers le ciel.. « Je pense que je vais dormir ici, c'est décidé. Il Nam ne m'en voudrait pas ! » scandais-je, en m'avançant vers le seul large fauteuil qui décorait la pièce à côté du canapé. Je m'y installais négligemment, ma tête sur un accoudoir, et mes jambes sur l'autre. « Je squatterais l'une des deux chambres. » Je ne savais pas encore laquelle d’ailleurs.. Je pliais l'une de mes jambes pour l'en défaire de sa sandale noire, que je déposais sur le sol. Je réajustais les bas résilles, les étirant lentement vers le haut puis, me bagarrais avec la bride de la seconde chaussure, qui ne semblait pas vouloir me céder, m'agaçant d'une lamentation. Ne me déclarant pas vaincue, je quittais mon appui pour m'allonger sur le dos, sur le canapé que le brun occupait. « Ou alors ce canapé, il a l'air douillé ce canapé ! En plus, j'ai oublié mon sac et mon manteau dans ta voiture alors.. » avouais-je pour continuer à le convaincre, même si je n'étais pas vraiment dans l'attente de sa permission. Sans prévenir, je glissai nonchalamment mes jambes sur ses genoux, lui présentant le pied encore chaussé. « Help me ~ » lui demandais-je d'une petite moue mignonne, accoudée sur les avant-bras, alors que mes jambes s'entrelaçaient dans une pause, un réflexe typiquement féminin et volontairement.. accentué.     

 

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