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JERA (+) I can't help but want you even though I try not to

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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Mer 29 Mar - 16:19
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'auras jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 



Il ne faut pas attendre la liberté, il faut lui courir après.

Le ciel était gris ce jour là. Je me souvenais de chaque nuance, de chaque nuage et de chacune des gouttes de pluie que j'avais cru apercevoir dégringoler au travers la vitre. Pourtant, l'infirmière m'avait assuré de ses couleurs bleu et blanche lorsqu'elle était parvenue à entrer quelques courtes heures plus tard. Mais je ne me souvenais que de ce ton ardoise, qui reflétait si bien la teinte qui noyait mes yeux lorsque je m'étais regardé dans un miroir. J'y avais vu l'orage, la pluie, les déchirures tailladées par les éclairs. L'obscurité qui s'invitait indéniablement dans les rainures creusées entre deux nuages noirs gorgés d'eau. De peine. De douleur. Je ne m'étais pas reconnu. Cette silhouette, noyée par la souffrance et l'humiliation, n'était pas la mienne. Je rejetais cet infirme au cœur brisé qui ne savait plus bouger ainsi que ce lit sur lequel il était cloué par des chaînes épaisses et invisibles. Votre traumatisme est d'ordre psychologique. Il ne dépend que de vous de pouvoir remarcher un jour. Le choc. Je m'étais laissé bousiller, piétiner. Aveugle et sourd, j'étais tombé si bas que ma liberté m'avait été fauchée, aussi bien par mon cœur que par mon cerveau déficient. Bouge. Mais ces deux colonnes de chaires, enrobées dans ce pyjama blanc tâché de bleu, étaient restées immobiles. J'aurais voulu avoir la liberté de hurler. De m'effondrer. Mais la porte ouverte d'une chambre qui ne cessait jamais de claquer m'empêcher de m'épancher. Non je n'étais pas libre. De pleurer, de marcher, de me laisser aller à cette fragilité qui me menaçait à chaque tentative échouée. Le ciel était gris ce jour là. Gris ardoise, à l'image de ces larmes que je ne laissai jamais couler. Mais le temps les alourdissait sous mes paupières fatiguées de batailler. La gorge qui brûlait, les poumons qui étouffaient. La panique qui déblayait un corps meurtrit qui n'obéissait plus. J'ai enfoncé les paumes dans le matelas. La souffrance a déformé des muscles qui se sont tendus et ce visage qui s'est contracté. Pour rien. Alors mes doigts ont menotté ces poteaux sans vie et sans âme. Privés de volonté, heurtés par celle d'une tête épuisée, elle ont bougé. Centimètre par centimètre, ils se sont approchés du rebord puis sont tombés dans le vide avant de frapper le sol. A l'inverse d'un cœur qui battait coup sur coup, je n'ai rien sentit. Rien. Le néant. J'aurais souhaité l'inverse. Un cœur insensible et des jambes qui fonctionnent. Mais je n'ai fait que chuter. D'une impulsion des mains, j'ai chuté dans le vide. L'épaule, puis ma tête ont cogné le mur, alors que seuls mes bras bougeaient pour retrouver un équilibre perdu. Je me suis traîné. A l'image du serpent, j'ai rampé vers une porte entrebâillé, d'où me parvenait un monde que je désirais voir disparaître. Le sang battait mes joues, brûlant, agaçant. Il rougissait aussi les mains que j'ai appuyé contre la porte. Ce jour là, elle a claqué. Sur un bruit de tonnerre, elle s'est refermée. Et la pluie est tombée.

Cette porte dont on est souvent, inconsciemment, les seuls à avoir les clés.
Dans un dernier effort, j'ai tourné la clé. La paix. Le silence. La solitude. J'étais enfin seul avec moi même et cette douleur qui me déchirait. Frappé par la houle, je me suis laissé emporter. J'ai hurlé, hurlé la souffrance, hurlé ma connerie, hurlé ma cécité. Mes jambes perdues, ma tête éraflée. Mon cœur brisé. Des jours et des jours sans âme et sans autre réaction que le silence. Ma voix ... je l'ai enfin laissé s'échapper en un déchaînement de notes graves qui m'ont heurté de plein fouet. J'étais libre. Une porte fermée et j'étais libre. De crier de frustration. De maudire. D'insulter. Pour la première fois depuis mon réveil, j'avais choisit seul. La solitude. J'ai ignoré les coups frappés à la porte, les voix des infirmières, celle de ma propre sœur dont je percevais les échos désespérés. J'étais seul. Recroquevillé contre une porte, le silence fit suite à la crise. Un silence effiloché par une respiration aux accents appuyés. Le sol n'était ni froid, ni dur sous mon être tordu. La porte l'était. Mon front appuyé en percevait la fraîcheur de même que l'absence de vibration après la tempête. Seul. Les lèvres entrouvertes, j'ai respiré en observant les ombres s'étendre dans une chambre dont je ne supportais plus la vue. Je me souviens sa caresse. Légère, éthérée. Lourde et blessante. Une larme unique avait survécu au déchaînement soudain de mes émotions. Elle a coulé, immuable, insensible avant de s'écraser sur le sol. Éclatée. En mille morceau, comme une liberté fauchée par mon cœur, par cette porte poussée, ouverte à la volée. Sous la pression du panneau, j'étais tombé. Ce jour là, je me suis effondré. Et son visage, dont j’ai oublié jusqu'aux traits, s'est penchée sur moi. Ma respiration hachée s'est emballée. Des poumons perforés par l'angoisse, par ce visage que j'avais vu à travers elle. Un visage qui n'était pas le sien. La première fut la plus violente. Bleue, de la couleur d'un ciel que j'avais travestit. Des lèvres, bleues, des veines bleus. Un regard détruit. A l'image de ce muscle aux battements désordonnés, de cette volonté vaine de tenir une porte fermée. Mais pas celle d'un esprit, qui se referma avec violence tandis que je peinais à respirer.

Une porte fermée qui en ouvrait une autre. Celle du choix.

La porte claqua le mur quand je l'ouvris, en un son comparable à celui d'un cœur fou et dégénéré. D'un geste abrupt, j'enfonçais le bouton d'un robinet qui déversa son eau gelée. Les mains en coupe, je giflai mon visage de ce sésame glacé afin d'atténuer une crise qui ne ressemblait en rien à celles qui me frappaient d'ordinaire. Les symptômes étaient pourtant les mêmes. Mes poumons peinaient à véhiculer l'oxygène, mon cœur emballé souffrait de ses coups violents et mes muscles tendus hurlaient à l'agonie. Mais l'angoisse et la peur n'en étaient pas responsables. Le désir seul me noyait. Le désir seul me rendait dingue. Je tendis les bras et cherchai mon souffle pour endiguer la forte poussée de folie qui me conduisait à désirer une étreinte sauvage contre les murs crasseux de cet établissement. Son corps écrasé par le mien contre le mur, sa robe retroussée, la chaleur de ses cuisses. La douceur satinée de cette bouche pourtant bestiale. Un grognement échappa à mes lèvres entrouvertes tandis que je m'appuyai au lavabo de tout mon poids. La tête lâchée, tournée vers le sol recouvert de papiers toilettes abandonnés, je tentais de me raccrocher aux souvenirs douloureux du passé. La souffrance, la douleur, tout ce qui m'avaient submergé et assassiné. Mais ces réminiscences n'étaient plus que des lambeaux minces que je ne parvenais pas à attraper. Je grondais de frustration et levai la tête pour regarder mon reflet. Je n'avais rien d'une silhouette fantomatique, au teint mortuaire et aux yeux brisés. Le sang colorait mes pommettes, de même qu'une bouche épaissie par le plaisir. Quand à ces deux pierres qui me fixaient … Un feu les vivifiait, d'une larme sanguine qui perçait les ténèbres. Je serrai les doigts contre le lavabo, happé par le souvenir de cette bouche contre la mienne. Par cette langue qui dansait avec la même sensualité que son corps noyé par la musique. Chaque déhanché, chaque balancement. Chaque toucher. Je contractais la mâchoire, les dents serrés. Je pouvais encore sentir la caresse de ses doigts sur mes bras, la chaleur de la pulpe de ces derniers malgré le tissu fin d'une chemise froissée. Leurs marques étaient encore imprimés dans mes paumes, alors qu'elle les avait guidé sur son corps pulpeux et dessiné. Le renflement de ses seins, sa taille creusées, ses hanches courbées. Les détails s'étaient gravés dans mon cerveau brûlé et mon imagination débridée prenait plaisir à harceler mon esprit d'images érotiques d'une netteté stupéfiante.  Les jointures de mes mains devinrent blanches tant je serrais la céramique dont la fraîcheur n'était plus qu'un souvenir. Je ne doutais pas de la chaleur torride de ma peau … marquée. Mon regard glissa sur la trace de ses lèvres abandonnée sur ma gorge. Elles avaient papillonné et tracé un chemin coloré de ma veine battante jusqu'à ma clavicule. Une véritable onde me traversa de la tête au pied tandis que j'écrasai ma paume bouillante sur ma gorge. Mais dissimuler des marques de luxure n'assassinait en rien celle qui bouleversait mon corps au point de l'esclavager à sa volonté. Et l'alcool … ce foutu alcool qui endormait toutes les émotions dont j'avais besoin pour ne pas la jeter sur mon épaule. J'inspirai profondément, conscient du tambour brutal sous ma paume. Etait-ce mon imagination ou percevais-je la douceur de cette infime trace de rouge à lèvre sur mon épiderme ? Ou était-ce le souvenir éthéré de baisers aussi légers que des battements d'ailes ? J'y frottai le pouce alors que ma langue glissait spontanément sur mon inférieure. Sa saveur la caressa, suave et tentatrice. Elle avait maquillé mes lèvres à la manière d'un rouge à lèvre humide et j'en récupérai jusqu'à la dernière bulle, en un mouvement instinctif, primaire, rapide. Je fronçai les joues et mes pommettes se creusèrent tandis que je serrais les lèvres. Pourquoi les souvenirs de cette danse m'imprégnaient-ils autant alors que je ne parvenais pas même à me rappeler pourquoi je tenais à ce point à l'idée masochiste de ne pas coucher avec elle ? Je pressai mes paupières, fortement, pour replonger avec brutalité dans le passé. Le passé qui m'échappait, excepté celui qui s'était déroulé quelques minutes plus tôt. Elle dansait avec une telle maestria que je la voyais onduler avec une précision acérée sur un lit. Hanche contre hanche, langue contre langue. Des paumes embrassées, une poitrine écrasée. Un souffle manqué. Je rouvris la bouche pour respirer l'air âcre et presque écœurant des toilettes. Mais je n'avais en tête que son parfum capiteux, qui imbibait mes veines encore plus que cet alcool qui m'embrouillait. Des taches écarlates dansaient d'ailleurs sous mes paupières fermées, comme pour se moquer de ce dernier voile infime de conscience qu'elles souhaitaient déchirer. Je me redressai brutalement et secouai en tout sens cette tête à la volonté misérable. L'eau glacée n'y changeait rien. Elle ne fit que s'évaporer, brûlée par une chaleur corporelle improbable. Je frottai mon visage de la manche de ma chemise et poussai la porte. Elle n'était pas la première que j'ouvrai ce soir, pour me jeter dans la gueule d'un loup au déhanché voluptueux. L'ambiance de la salle me précipita dans les souvenirs, ravivant dans mon esprit les images d'une danse que mon inconscient projetait avec un plaisir sadique. Je tournai la tête, fouillai la foule en appréhendant presque le moment où mes yeux se poseraient sur elle. Sur cette silhouette à la crinière blonde et au fessier souligné par sa robe moulante. Je retins instinctivement mon souffle dès que je la vis. Elle frottait ses cuisses l'une contre l'autre. Mes lèvres se fuirent et j'inspirai à pleine poumon en levant légèrement les yeux vers le plafond. Une demi seconde. Une demi seconde d'enfer où elle n'apparaissait pas avant de replonger dans un tartare barbare où mes sens en ébullition se firent un plaisir de me torturer. Non, tu ne brûles pas de couler la main entre ses cuisses pour voir le plaisir noyer ses yeux et agrandir cette bouche dont la saveur te manque. Non, tu veux pas parcourir sa peau d'une main paresseuse ou brutale, ni goûter à cette pointe acérée qui tend le tissu rouge et noir dont elle avait eu la bonne idée de s'affubler. Et non, tu ne désires pas la voir danser à l'horizontale. Je me répétai cette litanie tel un mantra et m'avançai vers Sora en essayant d'ignorer les contre coups d'un cœur certain que j'allais céder. Chaque muscle, chaque membre se tendait d'impatience, prêt à tout pour briser les précieux lambeaux de volonté éparpillés dans mon cerveau alcoolisé. Un cerveau néanmoins affûté par ma libido. Je sentais le poids de son regard sur mon corps à l'agonie, alors même que le mien ne pouvait s'empêcher de fixer ses lèvres gonflées. Et d'un rouge … un rouge sang qui battait fortement mes veines et colorait ses joues, de même que ces deux amandes profondes et déchirées par ce même désir qui me violentait. Les mots que je parvins à prononcer étaient très éloignés de ceux que mes fantasmes soufflaient. De ceux qu'elle même prononça, d'une voix chaude et altérée. Je les reçu chacun comme un coup de fouet. Je levai légèrement la tête alors qu'elle me frôlait, comme pour demander au ciel une aide précieuse. Si elle se mettait à faire écho à ces visions écarlates qui me harcelaient, comment allais-je m'en sortir ? Je pris le temps de vider mes poumons et me détournai pour la suivre, sans parvenir à ignorer le balancement de ses hanches et la valse naturelle de ses fesses. Cette même croupe que j'avais plaqué contre mon bassin, dans un mouvement de pur sadomasochisme. Mais la musique m'avait fait entrer en transe, et plus encore les mouvements de ce corps aussi divin qu'ensorcelant. La respiration hachée, je récupérai ma veste et mon sac à dos puis la suivis dans un parking désert, tout juste éclairé par une lune taillée en serpe. Il me fallut quelques secondes pour sentir la fraîcheur d'une nuit profonde et dont la caresse perturbait à peine l'ébullition d'une sève à la course folle. Mes paupières s'abaissèrent de moitié, dans un but de concentration qui échoua misérablement lorsqu'elle se tourna vers moi. D'un pas agile, dont j'aurais admiré la dextérité si je n'étais pas à ce point envoûté par sa démarche féminine, elle me rejoignit pour glisser la main dans la poche de mon pantalon. Je me tendis, les yeux agrandis, éclaboussé par un désir que le temps ne faisait qu'exacerber. Ses doigts se refermèrent sur mes clés, à quelques millimètres d'un membre gonflé dont elle mentionna l'existence avec un sourire que j'aurais volontiers fait disparaître d'un coup de dent. L'ivoire claqua, rangé dans une bouche serrée, pour résister à une tentation profonde à laquelle je faillis néanmoins céder. Mais sa phrase eut le don de m'interpeller assez pour oublier cette folie. « Il faudra que tu m'expliques un jour pourquoi tu tiens tant à conduire ma voiture. » grommelai-je mais sans opposer de résistance. Je combattais déjà violemment sur un front, je n'avais ni la force ni l'esprit de le faire en plus avec elle pour des questions de logistique. « C'est réellement la plus mauvaise idée qu'Il Nam ait jamais eu. » commentai-je en ouvrant la portière pour me laisser tomber sur le siège passager. Si j'avais eu plus de présence d'esprit, j'aurais choisit l'arrière pour rester loin de cette femme et de la tentation qu'elle représentait. Mais j'avais instinctivement choisit l'avant, où mon regard pouvait aisément se poser sur cette cuisse dénudée. Dans un rêve semi brumeux, je la sentis de nouveau contre la mienne, en cette remontée lente et provocante qu'elle avait dessiné quelques minutes plus tôt. Ou était-ce une éternité ? Le grain de sa peau … je n'avais pas pu m'empêcher de remonter sa cuisse offerte de ma paume et ses fesses que je n'avais qu'effleurer. Je serrai le poing et me raidis quand elle jeta sa veste à l'arrière, en un mouvement qui me frôla de nouveau. Une nouvelle bouffée de chaleur, à laquelle je fis face en m'acharnant sur ma ceinture. Évidemment, cette dernière se fit tout aussi coopérative que le reste de ma personne. Je sentis son parfum avant même qu'elle se penche. La main, enfoncée dans le siège, frôla ma cuisse tendue et sa chevelure mon bassin assaillit. Je ne bougeai pas un cil. Concentré sur un souffle déclinant, je lâchai la ceinture pour ne pas avoir à subir le toucher de sa main. Mais mon regard s'accrocha en compensation à sa nuque. Ma salive afflua, comme pour marquer le désir brusque qui m'envahissait d'y déposer les lèvres. Une pression seulement sur sa peau d'albâtre, tout juste parsemée par quelques mèches rebelles. Elle releva la tête et plongea ses yeux dans les miens. Je les fouillai avant de les baisser sur cette bouche entrouverte. Une torture dessinée. « Ce n'est pas l'alcool qui me rend dingue. » répondis-je d'une voix rocailleuse. Elle nous mettait tous les deux dans une position dangereuse. Si elle ne bougeait pas … mais elle le fit. Ses cheveux relâchèrent leurs étreintes légères, sa bouche s'évanouit et je respirai de nouveau, quoique avec l'aide providentielle d'une fenêtre entrouverte. L'accélération de la voiture rendit l'air glacé, mais pas assez pour m'aider à réguler ma température. Les yeux obstinément fermés, la tête tournée vers la fenêtre, je cherchai néanmoins à apaiser aussi bien mon corps que mon esprit. Sans succès. J'étais l'esclave enchaîné à ses propres fantasmes. Je délirais. Sur sa bouche, sur ce corps que j'avais frôlé sans réellement touché.  C'était à me rendre dingue. Cinglé. Seule la voiture brusquement immobilisée atténua les images folles dont le désir m'éclaboussait. Il me fallut un regard, un seul pour comprendre que la situation menaçait clairement de dégénérer.

« Tu plaisantes ? » lâchai-impulsivement en me penchant sur le tableau de bord. « Tu veux nous tuer tous les deux ? » Cette soirée était la conséquence directe de mon désir d'éviter à tout prix de me retrouver seul ici avec elle. Mais cette femme n'avait rien trouvé de mieux à faire que de nous y mener directement, sans même songer une minute à l'enfer qu'elle me faisait vivre. « Pourquoi tu ne nous as pas con … Sora ! » pestai-je en ouvrant abruptement la portière. Mais elle filait déjà vers l'entrée. Avec mes clés. Et merde ! Je claquai la porte et la rejoignis dans la couloir, déchiré. Je le sentais mal. Ce calvaire n'aurait-il jamais de fin ? Ses doigts répondirent à ma question muette lorsqu'elles glissèrent dans son corsage, entre ses seins ronds. Mon regard fuit et se posa sur une dizaine de points différent. Mais il finit indubitablement par caresser à nouveau cette poitrine dans laquelle elle cherchait, tête baissée, une clé évanouie. De peur de ce que je pourrais en faire, j'enfonçai les mains dans mes poches et m'efforçai de détourner les yeux. Mais il était difficile d'ignorer ce qui survivait sous mes paupières, même de manière imaginaire, et plus encore lorsqu'elle mentionna l'objet d'un désir refusé à voix haute. « La seule que je peux t'apporter c'est un aller simple au dortoir. » Dortoir que j'évitais depuis plusieurs jours mais qui m'apparaissait en cet instant plus sûr qu'un bouclier. Du monde, des murs, il offrait des armes que cet appartement n'avait pas. Mais elle resta aveugle à la brillance de mon idée, à défaut de l'être vis à vis d'une clé qu'elle dénicha et qu'elle enfonça dans la serrure. En se penchant. Je serrais les poings dans mes poches mais ne pus que caresser du regard la courbe de son fessier. Respire. Le panneau s'ouvrit heureusement sans résistance et elle entra dans la pièce avant de s'éloigner vers les fenêtres. Avec la sensation tenace de faire une connerie, j'entrai à sa suite et refermai les doigts sur un panneau que je maintins ouvert. Jusqu'à le lâcher. Je ne pouvais pas attendre d'elle qu'elle nous conduise à nouveau avec un tel taux d'alcoolémie dans le sang. Il se referma en un bruit sourd et je me tournai vers elle. « Parce que tu avais une autre intention avant de venir ici ? Tu as pris ma voiture et tu es saoule. » lui fis-je remarquer en m'approchant d'un canapé sur lequel je me laissai tomber. Les coudes enfoncés dans mes cuisses, je plongeai la tête dans mes mains et frottai des paupières brûlées au fer rouge. Etait-ce la fatigue ou cette envie vicieuse ? Concentre toi. Mais c'était difficile. Je ne parvenais pas à focaliser mon esprit sur autre chose que les sons qu'elle produisait, jusqu'à ce gémissement qui pénétra ma peau aussi sûrement que son parfum sur la piste de danse. Je relevai la tête alors qu'elle se avançait de ce pas sexy qui la conduisit jusqu'au canapé sur lequel elle s'effondra. Je n'eus pas la présence d'esprit de répondre à son nouvel argument. Bien qu'elle me fasse vivre un enfer, il était hors de question que je la renvoie seule dans ma voiture à cette heure de la nuit et dans cet état. Paix à mon âme. Ses pieds frôlèrent mes cuisses et, plutôt que de reculer, je levai les bras instinctivement quand elle les posa sur ses dernières. Les pressa. Je frappai du dos le dossier du canapé, les bras figés dans une position peu naturelle, à l'image des mots qu'elle exhala. Je tournai la tête, les lèvres serrées. Les siennes étaient plissées en une moue qui me rappelait celles qu'elle avait enchaîné lors de notre dernier duel. «Tu as déjà gagné, tu peux laisser tomber le côté mignon. » lui signalai-je alors qu'elle se soulevait en croisant les jambes. Ma mâchoire se contracta pour durcir un visage qui ne parvenait pas à dissimuler le tourbillon de sensations qu'elle me faisait ressentir. L'animal et l'humain se combattaient ardemment dans ma tête. L'un voulait bondir sur sa proie tandis que l'autre se raccrochait pathétiquement à ses dernières défenses. Ce fut le loup qui l'emporta. Je posai les doigts sur la bretelle de sa chaussure, et me concentrai sur une attache brumeuse. Je n'eus malheureusement pas à m'acharner. Elle se défit aisément et j'embrassai sa cheville de ma paume pour lui retirer sa chaussure de l'autre. Le talon noir glissa, révélant un pied menu au ongles aussi rouges que ceux de ses mains. La seule différence était ce tissu noir et transparent qui les voilait. Mon pouce glissa, voyagea sur le bas. Il contourna l'os rond qui ornait son pied, en crayonna le cercle, puis suivit la rainure creusée par son muscle. Son mollet était ferme et élancé sous mes doigts. Déconnecté d'une réalité qui s'était dérobée, je laissai ma paume naviguer lentement jusqu'au creux de son genou, où la peau plus fine était plus chaude. Les aiguillons étaient des milliers à déchirer mon corps et ce bassin révélé par mon pantalon étroit. Je levai les yeux. L'ombre de mes prunelles, souillée d'un désir primaire, heurta l'or taché d'obscurité qui baignait les siennes. J'aurais pu m'y perdre, tête la première. J'aurais d'ailleurs aimé m'y noyer et claquer définitivement la porte à mes états d'âmes survivants. Mais ils étaient présents, à me chanter inlassablement, d'une voix presque inaudible, les raisons pour lesquelles je ne pouvais pas. Je soufflai, les poumons étranglés par un combat violent. Déchaîné. Ma paume s'immobilisa et mes doigts se recroquevillèrent sur l'ourlé plus épais de son bas. Mon majeur frôlait sa peau nue et percevait les battements de son cœur, qui semblaient faire écho à ceux qui gémissaient dans ma tête. Mon poing tressauta contre sa cuisse, remonta légèrement plus haut. Sur son épiderme dévoilé. Mes doigts se déplièrent d'eux même pour s'y enfoncer, pour effleurer la peau fine tendue vers son artère fémorale.  Inconsciemment, je m'étais penché vers elle, comme ensorcelé par cette bouche qu'un rien me suffirait à rejoindre. Deux tracés carmins sur sa peau colorée, traduisant les émotions qui baignaient ces deux abîmes de sensualité qu'elle dardait sur moi. Des cils épais, plus noir encore que ce coup de crayon savamment dessiné. Dans un effort de volonté, je détournai les yeux et parvins à éloigner la main d'une tentation intense. Celle de ne remonter que de quelques centimètres pour embrasser des doigts le creux de ses cuisses.

Mon passé choisit ce moment pour réapparaître, comme appelé par ma volonté défaillante. Je n'avais qu'elle. Depuis ce premier jour à l'hôpital, alors que la réalité venait de frapper durement mes paupières faibles. Elle et cette détermination féroce, éveillé par un handicap dont j'étais le seul responsable. Je me revis sur ce lit, à combattre violemment mon traumatisme pour bouger des jambes rebelles. Et je me raccrochai à cette image, pour forcer une nouvelle mon corps à se mouvoir contre sa volonté. D'un geste bref, je poussai ses jambes et me levai d'un bond pour m'éloigner du canapé, d'un pas qui trahissait ma tension et mon hésitation. Le désir était à l'image même de mes jambes autrefois récalcitrantes. J'avais besoin de le pousser dans le vide, de le plier à cette volonté folle qui était mon seul rempart contre la connerie. Jusqu'à claquer la porte sur mes sensations et mes envies les plus primaires. Je m'approchai du meuble qui habillait le mur opposé, et ouvris les tiroirs avec une brutalité que je ne pouvais pas contrôler. Un à un, je les fouillai et ce jusqu'à trouver le paquet de cigarette que je laissai chez lui. Le battant fut repoussé avec une violence qui l'arracha de moitié et je pris un bâton de nicotine que je glissai aussitôt entre mes dents. Elles s'y imprimèrent en une morsure, tandis que je saisissais le briquet pour en faire jouer la roulette. Une flamme. Elle ressemblait à celle qui léchait ma peau, mordait mon bassin, et me rendait à moitié fou et fiévreux. La cigarette brûla et une épaisse fumée blanche s'éleva, crachée par la nicotine et cette bouche qui désirait tant se poser sur la sienne. Qui désirait tant cracher un désir pour s'en défaire. Je fermai les yeux quelques secondes, pour savourer l'âcre goût du bâton qui pendait sur mon inférieure. Le tabac remit un peu d'ordre dans mes idées désordonnées et je me tournai vers elle. « Tu n'as pas vraiment envie de coucher avec moi. » lui affirmai-je avec une assurance que j'étais loin de ressentir. « Tu es bourrée et cette danse aurait fait tourner la tête à n'importe qui. » J'embrassai la cigarette et le voile de mes cils acheva de troubler la silhouette d'une femme qui me faisait tourner la tête. J'aspirai. La réalité, les idées, les arguments que je pouvais aligner, tout en essayant de souffler toutes les émotions qui m'agitaient. Plus que de la nicotine, j'avais besoin d'elle. Besoin qu'elle arrête de me provoquer et qu'elle ouvre les yeux sur la situation. L'alcool lui avait fait perdre la tête. Aucune autre explication ne pouvait justifier cette brusque flambée, dont elle n'était l'esclave que depuis quelques verres. Moi, je bataillais depuis des jours, depuis cette rencontre fortuite dans la salle de bain que je ne parvenais pas à effacer. Mais elle n'était assujettie par la luxure qu'en raison d'un verre enfilé, bu à la faveur d'une série de cap ou pas cap qui avait dégénéré. De nous deux, elle était donc la mieux placée pour mettre un stop efficace à cette tension qui nous déglinguait « Tu ne me détestes pas, mais tu ne m'apprécies pas. » lui assénai-je, dans le but de lui rappeler des mots qu'elle avait confié après une bagarre inattendue à l'arrière de son club. « N'oublie pas qui tu as en face de toi.Un emmerdeur finit qui te jettera dès qu'il n'aura plus la tête dans le cirage. Et je ne sais pas ce que donnerait nos deux réactions dans quelques heures si on couchait ensembles à cause de quelques verres de trop. » Comment la convaincre quand ma voix rauque ne parvenait pas même à poser les mots sans les enrober de force brute ? Je tirai sur ma cigarette et m'approchai de la fenêtre pour l'ouvrir avec des gestes peu clairs. Mais le battant finit par céder et la vitre par se dérober. L'air frais pénétra faiblement la pièce et je m'adossai au mur. « Oublie ce canapé et va dormir dans la chambre d'Il Nam. » grommelai-je sans plus la regarder, en accentuant néanmoins le nom d'un ami dont je me serais servit si je n'étais pas à ce point embourbé dans la mélasse. De même que j'aurais probablement eu la bonne idée de courir m'enfermer dans une chambre si je n'étais pas saoul au point de demeurer bêtement planté dans la pièce. Mais, si j'arrivais à combattre vaillamment la forte attraction qu'elle exerçait sur moi, je n'avais pas encore le courage de la perdre de vue. Pathétique. « Tu veux un dernier défi pour terminer cette soirée en beauté ? » murmurai-je en fixant les lumières de la ville. « Cesse de jouer au chat avec moi et va dormir. Ne perd pas face à la boisson. Ce serait dommage de ternir ta belle victoire en terminant cet âpre combat dans un lit parce que tu as cédé au rhum. » Après la raison, je m'attaquai à son sens du jeu, en espérant que cette plaidoirie, prononcée d'un ton éraillé, suffirait à la réveiller.   
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Dim 9 Avr - 21:53
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I can't help but want you even though I try not to
Je Ha & Sora





TENUE & MUSIC | Boum Boum Boum. Il cognait, il tambourinait, ce coeur excité par la musique, la danse, le corps à corps, le sourire, le rire, le regard, le toucher sensuel, les lèvres délicates si empressées.. Je tentais de l'ignorer, de l'atténuer, de l'apaiser à coup d'ardeur, de confiance, mais peine perdue. Il cognait encore.. comme un fou, comme jamais. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas danser de cette manière avec un homme. Peut-être était-ce même.. la première fois ? Sans doute parce qu'elle était inattendue, cette danse. Elle avait été comme un coup de vent sur la piste, nous emportant dans une chaude étreinte, dont j'en ressentais encore les ravages sur ma peau brûlante. Ce que c'était bon.. Délicieuse sensation que ces corps enlacés l'un contre l'autre, exprimant sans un mot, un désir dans une tension plus que palpable. Un désir qui avait grandi, tant grandi.. Découvrir, effleurer, toucher, dévorer... Un peu devenait, un peu plus, puis encore plus, et surtout encore.. encore.. encore... Appétit qui se faisait plus désireux, plus gourmand, approfondissant le creux de mon ventre de mille papillons piquants. Assez difficile de les ignorer, bien trop simple de ne pas en profiter un peu. On était deux là dedans, on était deux à avoir ressenti la même chose, j'en étais plus que certaine et il ne pourrait pas le nier devant moi. Il était bien trop lisible à cet instant précis et ses paroles dans la voiture ne faisaient qu'un peu plus écho à mes pensées. Sa voix rauque me fît frémir et je ne savais pas ce qui me retenait de faire basculer ce siège en arrière.. de grimper sur lui et de lui démontrer que le plus dingue était à venir.. Est-ce que j'étais si en manque que cela pour avoir l'envie soudaine de le faire dans une voiture, à la va-vite ? Pas encore, pensais-je, alors que je me reculais pour retourner correctement à ma place, même si un petit avant-goût ici ne m'aurait pas déplu. Je sentais que mon attention vacillait vers l'homme à mes côtés, et j'essayais de couper court à toute discussion intérieure pour me concentrer sur la conduite. Était-ce l'habitacle ou nous deux qui dégagions une telle chaleur ? Mes joues semblaient être en feu, j’entrouvrais les fenêtres, l'air frais s'engouffrant dans l'accélération de la voiture sur les longues avenues. Feu rouge, feu vert, rond-point, panneaux de signalisation.. J'étais en alerte, deux fois plus d'ailleurs, atténuant comme je le pouvais l'alcool qui tentait de rendre mes réflexes moins rapides, et cette envie difficile à contrôler de jeter un oeil au loup qui faisait mine de se reposer à côté. A l'arrêt, je m'étais légèrement penchée pour l'observer un court instant, ses cils étaient si longs.. ses sourcils se fronçaient, je pariais qu'il ne dormait pas, alors que j'appuyais sur la pédale pour reprendre la route. Si il arrivait à dormir après ça, j'en serais presque vexée. J'étouffais les images qui me venaient, les sensations qui restaient ancrées alors que je faisais rouler mes lèvres l'une sur l'autre en un soupir. Au loin, notre destination se dessinait enfin.  


Arrivés dans le parking de l'immeuble de Il Nam, j'avais légèrement sursauté, les mains crispées sur le volant quand Jeha s'était soudainement mis à crier. « Yah, je te rétorque la question ! J'suis entrain de me garer, gueule pas comme ça, sinon tu vas retrouver ta voiture dans un sale état ! » m'écriais-je à mon tour, alors que je regardais le rétroviseur pour être sûre de ne pas toucher le mur derrière nous. Non mais j'vous jure. Mission accomplie. Je coupais le moteur d'un geste agile, pourtant assez embrumée par l'alcool, avant de descendre du véhicule, le fermant rapidement à clé dès que le brun avait mis un pied au sol. J'entendais encore sa voix retentir en écho dans les lieux, et je levais les yeux au ciel en me dirigeant vers l'ascenseur, suivi par ses pas à quelques mètres. « T'es plus alcoolisé que moi encore, et tu aurais dû faire le chemin en sens inverse, alors cesse de râler, c'était la meilleure solution. » répliquais-je, alors que la sonnerie retentit pour annoncer l'étage que nous venions d'atteindre. Après quelques difficultés à trouver les clés dans mon décolleté, nous étions enfin rentrés dans l'appartement, baigné par les éclairages orangers extérieurs qui ornaient les rues du quartier. Je m'y sentais mieux, plus à l'aise, occupant familièrement les lieux en m'installant nonchalamment sur l'un des fauteuils. « Ma première intention était que tu ne conduises pas, et maintenant.. j'ai juste la flemme de reprendre la route, je dois l'avouer.. » lui répondis-je, en étirant mes membres, avant de replier les jambes l'un après l'autre pour en retirer les sandales. Mais peine perdue, l'une des deux résistait, l'attache jouant la résistante à mes attaques peu assurées. Ahhh vive les bottes, ça s'enlève vite, on a juste à tirer et hop ! Je lâchai un petit gémissement contrarié, tout en assurant à Jeha qui venait de s'asseoir juste à côté, que je dormirais bien ici ce soir, et que je repartirais sûrement en milieu de matinée. Car je devrais repasser à la fraternité, ayant quelques projets dans l'après-midi. Cette chaussure commençait sérieusement à m'agacer.. Je m'installais donc à côté du photographe, glissant mes jambes sur ses cuisses pour lui présenter ce pied emprisonné. Je lui demandais son aide d'un air de jouvencelle en détresse, qui pourrait peut-être encore faire son effet sur lui. J'avais peut-être gagné mais rien ne m'empêchait de m'en servir encore non ? « … Please ? » me lamentais-je d'une lèvre inférieure plus bombée. Sa mâchoire se décrispa et il céda, tout comme la bride à peine quelques secondes après, lorsqu'il retira la chaussure. « Mais comment t'as fait aussi vite ? C'était coincé et.. t'as des mains magiques, thank's. » rajoutais-je d'un léger sourire enjoué, troublé par le rhum qui se mélangeait au sang bouillant qui coulait dans mes veines. Je laissais échapper un soupir, le haut de mes pieds battant doucement dans les airs, alors que les mains de l'homme s'attardaient sur la cheville, attirant mon attention. Je penchais la tête sur mon épaule pour le regarder faire, appuyée sagement sur les avant-bras, alors qu'il remontait lentement ses doigts le long de mon mollet. Il m'arracha un frisson malgré le tissu qui le couvrait. Il entamait son excursion comme un doux massage, léger, dont je suivais chaque tracé pour ne pas en perdre la moindre sensation, qu'elle soit aussi bien visuelle, que ressenti par le toucher. Le genou était d'une sensibilité étonnante, je venais de le découvrir... Sa main s'aventurant dans son creux, mon corps s'était crispé, envoyant une décharge électrique jusqu'à celui de mon ventre, ardemment torturé d'une nouvelle pique si familière.. Ses prunelles noircies soudainement relevées vers les miennes.. J'entrouvris mes lèvres, reprenant un souffle retenu, alors qu'il s'accrochait à l'élastique de ce bas qui m'empêchait de sentir pleinement ce contact particulier, d'une lenteur si agréable. Si frustrante. Il marquait une pause, il hésitait, je le sentais. Et cela me torturait particulièrement de ne pas lui forcer la main, et c'était le cas de le dire. De lui attraper, et de l'aider à gravir le peu qui lui restait.. Je n'avais même pas conscience que mes cuisses s'écartaient peu à peu, d'à peine quelques centimètres, invitant silencieusement le loup à continuer ce qu'il était entrain de faire. Et c'était ce qu'il fît, étendant son poing pour caresser une peau offerte à la pulpe de ses doigts. Mon coeur cognait, je retenais une respiration qui s'emballait. Sentait-il ce pouls qui frappait sa paume, alors qui s'aventurait près de mon artère fémorale ? Sentait-il ma température monter à chaque seconde qu'il réduisait en se penchant de plus en plus vers moi ? Me violentant de visions plus que stimulantes que je voulais tout de suite assouvir sur ce canapé.. Je ravalais une salive qui affluait, mouillant ma lèvre inférieure du bout de la langue en un geste instinctif, me préparant sans m'en rendre à compte, à mélanger mon souffle au sien.. Étreinte fougueusement désirée, mon buste se cambrant légèrement, un regard criant des Continue... Jusqu'à ce qu'une ombre passe sur son visage, éteignant une flamme ardente dans ses pierres qui s'éloignèrent brusquement. Il repoussa mes jambes et se redressa comme piqué violemment par quelque chose, traversant la pièce d'un pas rapide vers un meuble un peu plus loin.

Je restais figée de longues secondes, incapable de dire quoique ce soit. Je penchais ma tête en arrière, lâchant une expiration brève, brute, offusquée. Une frustration immense m'avait envahi, relâchant un corps assoiffé, qui s'étendit de tout son long sur le canapé. Mes cuisses s'entrechoquèrent l'une contre l'autre, dans un besoin violent d'effacer les sensations qu'il avait délaissé, provoqué.. Je l'entendais dans ses mouvements brusques à ma droite, et je tournais la tête pour le voir glisser une cigarette contre sa bouche, qui ne tarda pas à esquisser une fumée blanche autour de lui. Je n'avais pas vraiment envie de coucher avec lui hmm ? Tourner la tête à n'importe qui ? Je laissai mon regard couler vers le plafond, lâchant un rire nerveux, trahissant un agacement soudain. « Non mais tu me prends pour qui ? Tu crois que je ressens facilement ça pour n'importe quel mec, juste en buvant quelques verres ? Tu n'es pas dans ma tête.. » répliquais-je aussitôt, m'accrochant aux ombres qui se battaient avec les lumières extérieures. Et puis, je n'étais pas bourrée. Pompette à la rigueur, je me sentais légèrement vacillante, plus enjouée, et emprunt d'une confiance à toute épreuve. L'alcool avait ce pouvoir, de nous désinhiber entièrement. Tout semblait plus à fleur de peau, fort et intense, et en même temps, enfoui dans une bulle, dans un flottement permanent, un flou artistique qui faisait ressortir chez nous un peu tout en même temps.. C'était difficile de se faire une idée claire parfois dans cet état, mais j'avais encore mon sens de la réflexion particulièrement opérationnel. Et voilà qu'il me ressortait ma propre réplique pour essayer de me contrer, m'assénant plusieurs images de cette soirée où nous étions tous les deux au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais finalement, c'était après cet événement que ma vision de lui avait changé. « Je ne te déteste pas, mais je commence à t'apprécier.. » répondis-je simplement, sans penser à quelque chose de compliqué. Notre relation était plus supportable pour moi qu'auparavant, alors je supposais que je commençais à apprécier sa compagnie. Un peu. Voir la désirer de plus en plus, sans m'en rendre vraiment compte, jusqu'à ce soir. « Et l'emmerdeur finit, je l'emmerde royalement, c'est pas lui que j'ai en face de moi, tout de suite. » lui assénais-je en le regardant un instant, avant de plaquer mon avant-bras sur les yeux, essayant toujours de calmer une respiration endiablée, croisant lentement mes jambes. Ma réaction demain matin.. je n'étais pas sûre qu'elle soit bien différente de celle que j'éprouvais en ce moment même. Je n'avais pas la sensation de ressentir quelque chose qui était mal, bien au contraire, ce qui ne semblait pas être son cas. Que craignait-il ? Je ne le comprenais vraiment pas. Je l'entendis bouger, et je devinais qu'il tentait d'ouvrir la fenêtre, péniblement, mais il avait réussi, un peu d'air venant s'aventurer vers moi, en un frisson léger. God, que ça faisait du bien, la bonne idée de ces dernières minutes ! Biensûr que je n'allais pas dormir sur le canapé si une des chambres était libre, une évidence même. Je lâchai un lourd soupir comme pour le faire taire alors qu'il reprit la parole, et le mot défi me fît tendre l'oreille. Je retirais le bras de mon visage, une pointe d'exaspération le possédant, avant de me redresser aussitôt. J'attrapais un coussin qui se trouvait là, et visant plutôt assez bien, il avait atteint Jeha en pleine poire, pile au moment où il laissait échapper le poison de fumée d'un cercle effacé.

« T'es quand même pas un rapide, il faut le dire ! » lui lançais-je en me plantant devant lui. Il avait l'art de présenter les choses d'une mauvaise manière. D'une façon qui révoltait les gens en moins de deux secondes, c'était peine croyable ! Adossé contre le mur, je m'avançais d'un pas pour le bloquer, frappée à nouveau par ces fragrances de cèdre qui m'enivraient et de cigarette fraîchement allumée. « Pourquoi tu présentes ça d'une manière si péjorative ? Je n'ai pas cédé au rhum, je veux céder.. à mes envies, qui étaient là bien avant notre petite soirée si tu veux tout savoir. » lui avouais-je en braquant mon regard dans le sien avec une force qui démontrait, que je n'avais pas apprécié ce qu'il insinuait. Le rhum ne créait pas le ressenti, il l'accentuait, voilà tout. « Carpe diem, on profite de tout ce que peut nous offrir aujourd'hui, et on ne pense pas à demain. » lui citais-je, en m'avançant un peu plus, m'imposant dans son espace vital afin de lui faire bien comprendre mes pensées, qui lui échappaient complètement. « Et c'est ça ton problème, tu penses trop au lendemain.. » murmurais-je, mes prunelles dorées descendant lentement sur sa bouche, sa gorge, et sur cette chemise entrouverte qui dégageait une chaleur attirante.. « Alors qu'il faut simplement profiter du moment présent.. » A ces mots, mes doigts vinrent dégager un torse musclé, se débarrassant doucement d'un bouton, puis d'un autre, dans un silence palpable, alors que mes battements semblaient ralentir puis accelérer d'un seul coup, d'un rythme effrené. Une ombre marquée séparait les deux parties bombées de ses pectoraux, en soulignant les lignes arrondies que je contournais des yeux, pour le moment. « Toi aussi, tu es particulièrement.. » Je continuais mon ascension, ma descente, à la découverte des dessins qui habillaient son ventre de trois étages, certainement solidement construits.. « sexy et désirable.. » susurrais-je d'une voix suave, alors que je relevais un instant les yeux vers lui, d'un sourire taquin. A mon tour, je l'avais cité, c'était quelque chose qu'il m'avait dit la dernière fois que l'on s'était retrouvé seuls, dans cette salle de bain, tous les deux dénudés.. Et je pensais la même chose de lui. Sa chemise était entièrement ouverte, et comme pour confirmer mes pensées, je caressais du bout des doigts les traces marquées qui se contractaient sous chacune de ses expirations. Je perdais peu à peu pied.. J’entrouvrais mes lèvres, les humidifiant. Tout était dur, aiguisé et je m'amusais à en suivre les contours pendant de longues secondes, de ses muscles bandés, de ces lignes qui quadrillaient sa peau.. Il était plus que bien fait. « Je ne te demande pas de m'épouser, ou d'être avec moi.. » commençais-je, coulant à nouveau vers son regard sombre, qui semblait briller à cet instant précis, alors que je me mettais sur la pointe des pieds. De la main droite, je m'agrippais à son épaule solide, mon souffle effleurant son cou jusqu'à son oreille. J'inspirai, expirai.. La gauche glissant sur son ventre.. « Je te demande.. de me faire l'amour.. parce que je sais que tu en crèves d'envie autant que moi.. » lui murmurai-je, provocante. Glissant sur sa ceinture, sur son pantalon.. mes doigts se refermant d'une légère pression sur une virilité plus que dévoilée sous ce tissu tendu. Elle semblait davantage se gonfler tout à coup.. Est-ce que mes mots lui auraient-ils fait de l'effet ? « Ose me dire que tu n'as pas envie de moi.. Ose. » J'esquissais un sourire satisfait, relâchant ma prise pour venir caresser ses côtes, mon bassin venant volontairement se coller au sien. « J'ai envie de sentir à nouveau tes mains sur moi, il y a encore beaucoup d'endroits que tu n'as pas exploré.. » rajoutai-je d'un ton plus grave, mes lèvres s'appuyant sous sa mâchoire serrée, mes hanches contre les siennes. Je tentais de l'assouvir à quelques visions qui me tourmentaient.. Si on en avait envie, pourquoi est-ce qu'on le regretterait ? Nous étions tous les deux consentants, et sans attache, à moins qu'il me cache une petite amie, là c'était une autre histoire, mais autant le dire directement. C'était maintenant ou jamais. Quoiqu'on ne pouvait en réalité rien prévoir, la preuve avec cette soirée plus que mouvementée et inattendue. Je me détachai doucement de lui, délaissant mon emprise sur son épaule, son cou, son torse, son bassin qui manquait déjà au mien.. On pouvait lire dans mon regard une flamme de débauche qui ne faisait que grandir, et envahir un corps déchaîné par un désir qui le rongeait. Corps à fleur de peau cherche autre corps à fleur de peau, qui ferait vibrer son épiderme à chaque toucher, chaque baiser, chaque à-coup.. L'envie de le posséder me torturer. « A toi de voir si c'est l'alcool qui parle pour toi mais moi ce n'est pas mon cas, est-ce que c'est clair ? » lui lançais-je, les yeux dans les yeux, ce menton relevé trahissant une assurance qui ne semblait jamais s'atténuer, quoiqu'il arrivait. Je récupérais la cigarette qu'il tenait bien trop fermement, la nichant entre mes lèvres en un baiser indirect. « Je te laisse quelques minutes pour y réfléchir. Je vais voir les chambres, je reviens.. » lui glissais-je simplement, avant de m'en détourner pour me diriger vers le couloir qui menait aux deux chambres de l'appartement.

Je délaissais celle de Il Nam pour la chambre d'amis, aux murs blancs et aux touches de rouges dans la décoration, qui se mariaient assez bien avec ma tenue. Je fis le tour, comme pour m'occuper l'esprit qui était ailleurs, à quelques mètres, dans une autre pièce. Pieds presque nus, je marchais sur le tapis moelleux, détaillant les tableaux sans vraiment m'y plonger, avant de m'asseoir sur le lit. Soupir. Je passais ma main dans mon cou, balayant la blondeur sur une épaule. Chaleur d'un corps à la libido en ébullition. Ce besoin primaire m'assassinait de souvenirs sensoriels tenaces, obsédants.. J'avais encore l'impression de voir, de sentir sa main monter le long de ma jambe, le long de ma cuisse, et ce coeur qui se serre, ces poumons qui se crispent, et cette attente extrême que sa main et sa bouche daignent enfin atteindre leur but.. Je me mordillais la lèvre inférieure, relevant mes yeux vers le miroir qui me faisait face. J'aspirais le poison offert par ce tabac chaud, en savourant la saveur, cherchant du bout de la langue à retrouver celle de Jeha.. Je me redressais pour avancer vers mon reflet. Mes lèvres étaient légèrement enflées, dévorées par un baiser sauvage dont j'en ressentais encore les dégâts, dans chaque pique qui s'enfonçait à nouveau dans mon bas ventre à l'appétit sexuel féroce. J'effaçais lentement les traces de rouge qui débordaient. Je le voulais. Ma poitrine se gonflait en une longue inspiration, se dégonflait en une longue expiration, les deux pierres se fixant pour s'assurer qu'aucune d'elles n'allaient vaciller. Je le voulais. La fine cigarette faisant taire toute parole, la fermeture s'entrouvrant, les bretelles glissant sur les épaules, la robe sur la taille, les hanches, les cuisses.. Je le voulais.

Cinq minutes, peut-être moins de temps était passé. J'en avais perdu la notion. Ma main se faufila contre l'interrupteur du salon, éteignant de l'index une petite lumière qui éclairait faiblement les lieux. En réalité, nous n'en avions pas vraiment besoin. Le fauve qui était en moi s'adaptait à cette vision presque nocturne, lueur d'or luisant dans l'ombre. Il avait bougé, il était désormais contre la fenêtre, baigné par une lune presque pleine, accentuant sa pâleur et l'ébène qui encadrait son visage. « Alors.. tu t'es décidé ? » demandais-je, cassant ce lourd silence qui s'était emparé de la pièce. Le feu que j'aspirais trahissait un peu plus ma présence, soulignant mon profil d'ondulations de fumée. Il ne faisait pas assez noir pour ne pas réussir à me voir, il y avait assez de lumière pour dessiner une silhouette lestée de toute rayure. J'avançais sur la pointe des pieds, félin méfiant, délimitant une zone, la restreignant peu à peu jusqu'à atteindre son but, sa proie.. afin de lui laisser nulle chance de s'échapper. Je longeais l'ombre, l'ombre qui n'était pas touchée par la luminosité concédée par les baies vitrées et cette fenêtre devant laquelle il était posé. L'air volontairement blanchi traçait le chemin de chacun de mes pas, qui n'émettait aucun son, légers. Dangereux. Trois mètres. Une jambe, puis une autre, l'oranger grimpant le long des bas noirs, de mes cuisses, de mes hanches, couleur chaleureuse épousant parfaitement le rouge passion de cette fine dentelle qui les habillait. Un pas, deux pas. Ombre linéaire qui glissait sur mon ventre, en soulignant la taille élancée. Mosaïque de ces lumières jaunies qui se perdaient dans le feuillage de ce grand arbre devant l'immeuble, se reflétant sur le haut de mon corps, esquissant une poitrine dénudée, offerte.. Les deux pulpeuses légèrement couvertes par la blondeur, qui coulait jusqu'à ces petites pointes tendues, sensibles aux moindres effleurements.. Je sentais son regard vagabonder sur chaque parcelle que je lui dévoilais. Et plus il me regardait de cette manière, plus je le désirais. La main sur la taille en accentuant le creux, le huit chaloupé qu'il avait vu danser, onduler contre lui. La cigarette s'enflamma à nouveau, éclairant mes deux pierres assombries par la luxure qui semblait m'avoir entièrement possédée. Tendant ma gorge vers le haut, bouche gonflée de plaisir en un soupir brumeux. Corps qui roule, qui se cambre, qui s'approche vers cette lumière blanche qui, à chaque battement étouffant, l'éclaircit, efface toute trace d'opacité, et n'en soumet que la réelle tentation. Aucune once d'embarras, aucune rougeur qui trahirait la moindre peur, la moindre hésitation. Je ne pouvais pas être plus claire qu'à cet instant, alors que je réduisais notre distance en centimètre. J'observais son torse se gonfler en une respiration rauque, contrôlée. J'aimais ce que je lisais dans ses prunelles.. qui manquèrent d'ailleurs de me faire défaillir dans cette tension chaude et sensuelle qui liait nos deux corps si près l'un de l'autre.. Prêts à bondir. Et non, je n'étais pas la seule à le vouloir, je le sentais. J'en étais même certaine. Même si j'avais déjà la réponse à ma question, sans qu'il en ait peut-être, lui-même encore conscience, je voulais encore jouer.. Taquiner.. « .. Je prendrais cela pour un oui, l'alcool parle pour toi et tu n'as pas vraiment envie de moi.. » ironisai-je d'un sourire en coin, aguicheur, alors que je savais que c'était tout le contraire. Et lui aussi, certainement. Me rapprochant un peu plus, un peu plus et ma poitrine pourrait l'effleurer.. je me penchais lentement sur le côté droit, écrasant la cigarette sur le rebord de la fenêtre. Je relevais mon regard vers lui, dominante. « Good night. » murmurais-je de mon accent américain, le bout de ma langue se faufilant entre l'ivoire dans la prononciation de chaque syllabe. Regard appuyé, suggestif, qui se détourne. Lentement, je lui tournai le dos pour me diriger de quelques pas vers le couloir. Maintenant.. ou jamais ? A toi de choisir, Jeha.      

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Lun 10 Avr - 22:34
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'auras jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 


La fumée dansait sous mes yeux explosés … suave, lente, comme un rappel déchirant à la danse érotique dont le souvenir battait toujours mes tempes. La tête baissée, les dents enfoncées dans la nicotine, j'étirai ma nuque aussi nouée que le reste d'un corps au supplice. Elle m'imprégnait. Son parfum flottait comme un halo autour de moi et la saveur de sa peau survivait aussi bien sur ma langue sèche que sur mes doigts recroquevillés. J'avais envie d'elle. Douloureusement, puissamment et à un point tel que ma volonté blessée ne parvenait presque plus à rivaliser avec la désir qui m'écrouait. Je fermai les yeux, la mâchoire contractée. Le mouvement brut fit rouler ma peau sur mes dents claquées, en une illustration féline de cette tension qui me ravageait. Arrête. Ce mot, j'aurais voulu l'exhaler avec plus de force que ceux qui pourfendaient mes lèvres rouges et charnues, cette même bouche qui rêvait de baisers plus que de piques acérées. Mais mon esprit combattait fermement la luxure qui voilait mon regard enraillé et fuyant, et ce au nom d'une raison qui ne voulait plus faillir. Sora était trop charismatique et bien trop présente dans mon quotidien pour qu'une nuit, même une seule, reste sans conséquence. Hors la perspective d'avoir à les gérer, ainsi que les complications, même infimes, qu'elles pouvaient impliquer me faisaient frémir d'horreur. J'inspirai profondément et relevai légèrement le menton quand elle prit la parole, en détruisant une argumentation à laquelle j'avais voulu croire. « Et je ne veux pas l'être Sora. Ni dans ta tête ni ailleurs. » Menteur. L'insulte résonna fortement dans mon cerveau englué. Je fantasmais au contraire sur la chaleur de son corps et la douceur de son fourreau, sur le toucher soyeux de sa peau et l'humidité de sa langue. Un souffle. Mes lèvres se fuirent et la mienne goûta l'air saturé en une vaine tentative d'apaiser mon feu intérieur. Mais ces images brûlantes, ces fantasmes de merde, intensifiaient inlassablement le brasier qui me ravageait. Et je me sentais perdre pied. Chaque minute, chaque seconde que je passais avec elle me fragilisait. Et pourtant, je restais immobile, les doigts pressés autour d'une cigarette qui ne calmait en rien les battements fous d'un cœur écartelé. Je l'arrachai à mes dents et pressai brutalement les mains contre le rebord de la fenêtre. Mes muscles bandés, sous le fin tissu d'une chemise étouffante, trahissaient une tension qui s'accrut quand elle reprit la parole. La surprise me frappa durement et je tournai la tête vers elle, pour fixer intensément sa silhouette allongée. « C'est d'autant plus une connerie que je ne te retournerais pas la défaveur. » répliquai-je, mais sans parvenir à y distiller une dureté éteinte. J'étais assommé et la chaleur rauque de ma voix illustrait non plus un conflit mais un hypnotisme généré par la vision de sa silhouette allongée sur le canapé.  Elle avait croisé ses jambes félines et posé un bras sur un visage dont je ne percevais plus que la bouche en une touche de carmin sous l'albâtre. Je détournai les yeux en inspirant profondément. Je maudissais cette soirée, Il Nam, son sex-appeal et plus encore ma connerie de ne pas avoir accepté la clé à la seconde même où elle s'était présentée.  J'aspirai profondément la fumée âcre tandis que sa voix suave coulait dans mes oreilles pour détruire une nouvelle fois mon argumentation avec une précision diabolique et un agacement sous jacent. « Non tu as devant toi un homme bourré qui va foutre en l'air tout ce contre quoi il se bat depuis plusieurs jours. » sifflai-je entre mes lèvres serrées, « et tout ça pour quelques verres. » Quelques verres et une danse dont chaque mouvement m'obsédait. Une pensée suffisait d'ailleurs à recréer les sensations éprouvées dans mon corps gémissant. Je levai la tête vers la fenêtre et me décidai à changer de technique pour la convaincre. Dans un dernier sursaut de lucidité, je me dissimulai derrière le jeu qui nous avait conduit dans cet appartement. Un défi lancé, auquel elle répondit avec brutalité. Le coussin rebondit brusquement sur mon visage, en une frappe qui contrastait avec la douceur du tissu. Les lèvres plissées, je rouvris les paupières et fichai un regard sombre dans celui, doré, de la jeune femme qui s'était levée. « Tu trouves ça drôle ? » Ma voix faillit sur la dernière syllabe alors qu'elle s'approchait. Tendu à l'extrême, je m'adossai au mur, avec la sensation d'être acculé par un prédateur. Elle en avait l'allure. Les deux pierres qui ornaient son visage luisait d'un feu assumé et son parfum capiteux dénonçait la luxure encore plus sûrement que son expression sauvage. « Je ne veux pas le savoir. » grognai-je sans conviction, totalement pris au dépourvu par sa soudaine approche et une confession que je peinais à comprendre. « Bon sang c'est ridicule » repris-je dans une tentative rauque de reprendre le contrôle d'une situation qui m'échappait, « tu ne peux pas passer aussi vite de l'envie de m'étrangler à celle de me sauter dessus. » Hypocrite. Ne l'avais-je pas vécu ? Elle m'avait insupportée mieux que personne et pourtant son visage et son corps se peignaient désormais dans chacun de mes fantasmes. Qui se devaient de rester des fantasmes. Je fixai un point derrière elle et me redressai pour échapper à la désagréable impression d'être devenu une proie. « Recule. » L'ordre ne l'effleura pas. Au contraire, elle s'avança même, pour dérober un peu plus d'air à une bulle vitale éclatée. « Tu ne m'am … l'alcool n'offre rien. On aura même de la chance si on se souvient de cette scène dans quelques heures » Pourquoi se refusait-elle à m'écouter ? Etait-elle inconsciente au point d'ignorer que l'alcool n'était pas l'ami du sexe ? Et encore moins de cette raison à laquelle je m'accrochai comme un noyé à un rocher glissant. « Je ne ... » Les mots se perdirent, soufflés par la soudaine danse de ses doigts sur ma chemise. Les boutons lui cédèrent avec une facilité déconcertante tandis que, désorienté, je subissais -ou savourai- chaque toucher et chaque effleurement en silence. Mon cœur s'emballa douloureusement et une onde de chaleur tissa sa toile dans ma tête ensorcelée. Je sentais son regard sur mes muscles, sur ce torse qu'elle dévoilait et qu'elle caressait de ses yeux avec une intensité qui me soufflait. Quand au compliment qu'elle prononça … il faisait écho à celui que j'avais prononcé dans la salle de bain, arraché par sa taquine moquerie et ma peur de céder à un désir inattendu. Désir auquel j'avais tenu à échapper avec une force qui se retournait violemment contre moi. Je me raidis instinctivement quand elle posa les doigts sur ma peau nue, pour en esquisser de la pulpe les abdos dessinés. Épiderme qu'elle brûlait d'un toucher, comme le faisait le feu pour un mégot de cigarette toujours pendant sur mon inférieure. D'un geste vif, je l'y arrachai pour pouvoir respirer plus profondément mais l'air se bloqua dans ma gorge nouée. Mon propre sang, porté à ébullition, m'irradiait et m'étouffait. Je m'étouffais. Par mon refus et par cet entêtement dont je comprenais de moins en moins l'existence. Car cet appétit féroce n'était pas comparable à deux jambes bornées. J'avais désiré remarcher et m'en sortir mais cette fois … mon désir le plus profond était de lui céder et non de résister comme un forcené à ce qui me bouffait. Alors pourquoi ? Je pressai la main contre la fenêtre pour maintenir un équilibre tant psychologique que physique. Mais son regard m'appela et son argument porta. Mes pupilles se dilatèrent alors que je la fixai, touché en plein cœur par un phrasé qui faisait sens. Elle ne voulait visiblement qu'une nuit, qu'une partie de jambe en l'air avant de s'en éloigner à nouveau. Mais moi ? Serais-je même capable de la regarder en face après avoir couché avec elle ? Et comment affronter chaque jour le souvenir d'une faiblesse que je ne supportais plus ? J'entrouvris les lèvres afin d'arguer avec elle mais elle ne m'en laissa pas l'occasion. La main pressée contre mon épaule, elle se hissa et fis rebondir son souffle chaud sur ma mâchoire et le lobe de mon oreille. Mes arguments, pourtant présents sur le bout d'une langue sèche, s'évanouirent, oublié d'un esprit poignardé par les siens. Mais ce fut pire quand ses doigts se pressèrent contre une masculinité à l'avidité transparente. Une plainte grave m'échappa, tandis que je refermai instinctivement la main sur la sienne, sans savoir si je voulais l'arracher ou au contraire l'y presser. Respirer. Souffler. La mâchoire contractée, le voile de mes cils abaissés sur des yeux à l'ombre indéniable, je m'efforçais de contrôler le loup qui ne demandait qu'à bondir et lui arracher ses vêtements. « Sora .. » la menaçai-je pour toute réponse, incapable de lui offrir les mots qu'elle attendait. Et pourtant, elle était évidente. Oui j'en crevais d'envie. De la plaquer sur le sol, sur ce foutu canapé ou contre le mur qui me faisait de l'oeil de l'autre côté de la pièce. J'enfonçais les doigts dans son poignet, au comble de supplice mais elle finit par relâcher l'étreinte pour venir flatter mes côtes. Et plaquer son bassin contre le point le plus sensible de mon anatomie. Je me mordis l'intérieur de la lèvre et fermai les yeux. Mais l'obscurité me sensibilisait dangereusement. La naissance de son ventre pressé contre mon bassin, le toucher humide et soyeux de sa bouche sur ma mâchoire tendue, la caresse éthérée de ses doigts sur mon flanc. Je ne la touchai plus. J'avais libéré son poignet à la veine battante, conscient qu'une seconde de plus signerait l'arrêt de ma tête et me conduirait à me comporter comme un animal. Je rouvris les yeux pour rencontrer son regard, alors qu'elle me faisait part du désir de sentir mes paumes sur elle. Je serrai les poings, non par colère, mais dans un ultime réflexe de survie. Conséquence. Complication. Ces deux mots résonnaient comme une litanie, mais si lointaine que j'en percevais à peine les échos. Etait-ce la raison pour laquelle je n'éprouvais aucun soulagement lorsqu'elle recula ?Au contraire, le manque enfonça ses griffes acérées dans ma chaire à vif. Instinctivement, je tendis la main pour la retenir, en un réflexe que je refrénais avant même de l'effleurer. Mes doigts se replièrent, s'enfoncèrent dans ma paume jusqu'à m'en faire mal. J'étais incertain, dépassé par mes sens, par mes pensées mais surtout par ce manque d'indice effarant sur ce que je désirait réellement. Elle ou la fuite ? Un moment de débauche valait-il la merde qui en résulterait ? Elle profita de mon inattention superficielle pour m'arracher ma cigarette, seule bouée tangible qui m'empêchait encore de couler. Ses doigts fins l'amenèrent à ses lèvres rouges et pulpeuses, qu'elle arrondit autour du bâton pâle. Mon cœur s'arrêta et une jalousie malsaine se distilla doucement dans mes veines. J'aurais aimé lui arracher et reprendre une bouche dont le souvenir m'obsédait. Je devenais fou.

Heureusement – ou malheureusement-, elle s'éloigna, de cette démarche féline qui accentuait les fantasmes les plus sauvages que je pouvais nourrir. Je détournai les yeux et me rapprochai de la fenêtre contre laquelle je pressai un front brûlant. Il était évidement que l'alcool parlait pour moi. Jamais je ne serais allé aussi loin avec elle si la boisson ne m'avait pas rendu aveugle au danger. Pourquoi avais-je dansé avec elle ? Et pourquoi attendais-je comme un imbécile au lieu de la plaquer contre un lit ? Elle avait été claire. Elle voulait une nuit, une seule. Étais-je faible au point de ne pas être capable de gérer quelques heures volées ? Sora et moi n'étions ni amis, ni proches. Nos habitudes, nos colocataires, nos vies étaient différentes. Alors pourquoi cette seule nuit deviendrait problématique ? Je tentai de fouiller mon esprit pour en trouver les raisons mais il était atomisé par la sensation persistante de ses lèvres sur ma peau, ou par celle de ses doigts sur une virilité qui me rendait aveugle à toute autre chose que la soif qui m'incendiait. Je poussai un soupir grave, frottai mon œil de ma paume et secouai la tête, doucement puis brutalement. Mais je n'étais plus capable d'échapper aux émanations sexuelles de mon propres corps. Même l'hôpital me paraissait floue tant je ne voyais plus de comparaisons possibles entre ces deux événements. Je voulais cette femme, avec une intensité qui m'aurait effrayé si je n'avais pas été aussi saoul. Ou ivre d'elle. J'expirai profondément et me retournai pour m'adosser à la vitre. L'air froid soufflait contre mon dos mais sans parvenir à avoir un réel effet sur mon corps inattaquable. Je glissai la tête, le menton levé vers le plafond, en un geste qui tira mes cheveux contre la vitre en une douleur qui n'équivalait cependant pas celle d'un bassin torturé. Si j'avais été intelligent, j'aurais profité de son départ pour prendre la porte. En réalité, si je l'avais été, je l'aurais plaqué contre  celle de la salle de bain dès le départ. Ce foutu désir n'aurait jamais implosé à ce point si je n'avais pas réprimé ce qui ne pouvait pas l'être.

La lumière s'éteignit et les ombres se propagèrent sur le plafond que je fixais. Les dents serrés, je tournai la tête vers la porte du salon. Sa silhouette ombrée s'y découpait, voilée par la fumée qui échappait de ces deux pulpeuses à l'emplacement trahie par un point de lumière. Décidé … je l'étais si cela signifiait lui arracher la cigarette qu'elle s'obstinait à consommer. Mais … Je me redressai, interdit. Mes yeux s'agrandirent et le néant déborda de mes pupilles dilatées pour se répandre dans mes prunelles explosées. Un halo blanchâtre soulignait son buste pâle … « Bon sang Sora ... » exhalai-je péniblement, mais sans quitter d'obsidiennes voilées son corps à demi nu qui se mouvait avec souplesse. Évoluant dans l'obscurité provoquée par sa main mutine, elle finit par y échapper d'un pas esquissé dans une larme orangée. La lumière du réverbère caressa son mollet fin et coula paresseusement le long de son corps pour en dévoiler la beauté sauvage. Les bas noirs exacerbaient les courbes artistiques de ses jambes musclées et attiraient le regard sur cette touche de sang qui habillait sa féminité. La dentelle épousait suavement les mouvements de son bassin tandis qu'elle s'avançait et ce jusqu'à laisser le halo fauve embrasser sa poitrine tendue. Les monts voilés par sa chevelure dansante m'appelait à mirer les bourgeons durs et offerts qui ornaient le cercle incarnat couronnant ses seins. J'ouvris la bouche, humidifiée par une faim indicible. Je m'y voyais déjà poser les lèvres. Les aspirer. Les faire luire et rougir d'une morsure. Ma respiration, coupée jusqu'ici, s'emballa brusquement, comme pour sauver la vie d'un pantin articulé par l'envie sexuelle. Cette femme était … dangereuse. Chaque mouvement, chaque geste, chaque chaloupé sensuel d'une taille soulignée par sa main fine était un vibrant hommage à l'art. Elle était la personnification même du fantasme et du rêve masculin. Son menton navigua, ses lèvres rouges dansèrent et la fumée échappa à sa bouche chaude. Je soufflai, sans chercher à dissimuler ma respiration entrecoupée et profondément marquée par un torse saccadé. Mes joues se gonflèrent et expulsèrent le dioxyde suffocant qui s'attardait dans mes veines. Pas vraiment envie de … Etait-elle aveugle ou se jouait-elle encore de l'effet qu'elle avait sur moi ? Je ne pris pas la peine de répondre, enlisé par les sensations qui me submergeaient. Brûlures, ondes, aiguilles … elles étaient des milliers à frapper mon être tendu vers le sien, alors même qu'un sourire lent achevait de faire voler en éclat toute autre envie que celle de lui faire l'amour. D'un geste, elle m'effleura. Comment était-elle arrivée aussi vite ? Ses seins éraflèrent ma peau, en y enfonçant une myriade d'épines. Mes poumons cessèrent de fonctionner. Ils s'arrêtèrent dès que j'entraperçus sa langue entre ses dents, pour souffler un mot en totale contradiction avec ce qu'elle venait de me faire subir. Au diable les conséquences. Au diable le lendemain. Il ne me fallut que quelques secondes pour avaler la courte distance qu'elle venait d'établir et refermer la main sur son poignet. Son cœur battait à contre coup sous mon pouce enfoncé dans sa peau soyeuse. Sans délicatesse, je la tirai vers moi. Son corps souple rebondit sur mon torse nu et je refermai un bras dans son dos pour l'empêcher de fuir. « Une seule. » Cette mise en garde était la dernière chose que j'étais capable de lui opposer. Sans attendre une réponse que je connaissais, je baissai la tête et écrasai ma bouche contre la sienne. J'y insinuai la langue, sans douceur ni même tendresse. Ce baiser était un hymne à la tension accumulée, à la profondeur d'un désir réprimé, à l'urgence d'un besoin exacerbé par sa torturante mise en scène. Il était sauvage. Incontrôlé. Bestial. Je capturai son muscle, en savourai la texture, la forme et la saveur. Elle était suave, bagarreuse et rebelle, à l'image de la femme que je tenais dans mon bras. Je le remontai, relâchai son poignet et enfouis mes deux mains dans sa chevelure opulente et parfumée, afin de la contraindre à lever la tête et à offrir sans reddition une bouche que je dévorai avec voracité. Je voulais y boire, y apaiser la tourmente dessinée dans mon bassin, y puiser la force nécessaire pour ne rien regretter. Je voulais m'y perdre et m'y noyer. Je voulais la dévorer puis l'oublier. La déguster et m'en imprégner. J'avançai. Nos jambes se mêlèrent alors qu'elle reculait et ce jusqu'à épouser le mur qui donnait sur le couloir. Mes mains retombèrent, effleurèrent ses bras nus, s'insinuèrent dans leurs creux puis la soulevèrent pour la faire glisser. Ses jambes se nouèrent naturellement autour de mon bassin, que j'appuyais contre le sien. Une inférieure mordue, relâchée. Un visage éloigné. Je plongeai dans ses yeux, deux pierres fauves dans lesquelles se reflétait un même désir, une même urgence. Je penchai la tête et effleurai des lèvres sa mâchoire, que je finis par crayonner de la langue jusqu'au lobe de son oreille que je mordillais. La saveur de sa peau explosait dans ma bouche, florale et capiteuse, et sa chaleur tranchait avec la froideur d'une boucle d'oreille qui m'effleurait. Hypnotisé, je suivis des lèvres la courbe nacrée de sa nuque et goûtai à la veine qui battait sa gorge. Je l'aspirai, pour rougir son épiderme et imprimer en moi les battements furieux de son cœur. Une pression, une caresse puis elles fuirent de nouveau pour reprendre une exploration tantôt lente, tantôt empressée. Sa clavicule, effleurée par sa chevelure puis … Je soufflai sur sa poitrine, mais sans pouvoir l'atteindre autrement que par mon haleine brûlante. Alors j'arrachai mes mains au mur et empoignai sa taille pour la plaquer contre moi. La serrant, je traversai le couloir et rejoignis, dans un élan de lucidité, la chambre d'ami. Un pas, deux esquissés puis je la renversai sur le lit. Ses cheveux y formèrent un voile blond, avec lequel ses lèvres, à l'écarlate vivifié, contrastait érotiquement, tout comme avec son corps à la blancheur immaculée. Mais même ainsi, alanguie sur les draps, elle n'avait rien d'une douce poupée passive. Elle respirait la prédation et la luxure, la sensualité et le danger. Néanmoins atteint de cécité, j'y étais imperméable. Je saisis les deux pans de ma chemise pour la faire glisser sur mes bras tout en retirant mes chaussures. Ce fut le seul écart que je m'autorisai avant de presser un genoux au matelas, entre ses jambes séparées. Mes mains s'enfoncèrent également dans le drap alors que je me penchai pour poser mes lèvres sur son ventre plat. Sensible au tambour qui vibrait sous la toile chaude et tendue sur ses muscles, je traçais un sillons humides autour de son nombril, que j'emplis de la langue quelques secondes avant de repartir vers l'objet de mon désir. D'une obsession. Un baiser, un toucher éthéré puis ma bouche se referma sur la pointe tendue et acérée. Je l'aspirai entre mes dents, les y enfonçai, entraîné par une valse dont je ne maîtrisais plus les pas. Elle était farouche et imprévisible, ensorcelante et addictive, à l'image d'une main qui vogua pour glisser sous la dentelle. Mon majeur coula entre les lèvres chaudes de sa féminité, jusqu'à cette perle vibrante qui tressauta sous la caresse. Je la taquinais, en jouant avec la dextérité d'un musicien, usant et rejouant de sa corde sensible sans quitter d'une bouche taquine et ardente ce sein à la tentation inscrite dans mon esprit depuis des jours. J'apprenais. Je suivais la musique de sa gorge, m'appuyai sur ses souffles, ses soupirs pour bouger. Finalement noyé par la curiosité, je levai la tête afin de savourer le spectacle d'une première salve de plaisir éclaboussant ses traits.

Mon cœur fit un bond puis dégringola sourdement dans mon estomac. Lui donner ainsi du plaisir était facile mais qu'en serait-il lorsque je me donnerais à elle sans plus de barrières ni de boucliers ? Le rideau de mes cils chuta puis dévoila à nouveau son visage. Elle était belle. Ses joues légèrement voilées, sa bouche entrouverte, ses yeux profonds. J'appuyai la main sur le matelas et m'approchai d'elle pour couvrir sa supérieur de mes lèvres, en un baiser qui tranchait par sa sensualité. « Je reviens. » Je me redressai, et expliquai en un mot. « Préservatifs. » Il me fallut faire un véritable effort pour quitter l'étreinte chaleureuse de son corps. Je repris pied sur le sol, sans cesser d'effleurer, de caresser sa silhouette de deux pierres sombres et voilées. Mais il me fallut passer la porte et briser un temps l'étrange connexion qui nous liait. Connexion éphémère que je ressentais pourtant dans chacune des terminaisons nerveuses tissées dans mon corps. De mémoire, je me dirigeais vers le meuble dans lequel je laissais les cigarettes quand la sonnerie retentit avec une brutalité presque tranchante. Oubliant ma tenue débraillée et le tableau osé que je devais offrir, j'ouvris la porte, à moitié déconnecté de la réalité. Mon esprit était ailleurs. Il était de sang, de soupirs, de passion et d'envie. Aussi me fallut-il quelques secondes pour reconnaître la voisine, qui travaillait de nuit et que j'avais aidé les quelques fois où elle en avait eu besoin. « Almoni ? » Elle me balaya d'un regard vif, malgré l'horaire et son âge avancé. « Je pensais bien avoir reconnu ta voiture. Je suis désolée d'arriver au mauvais moment mais des petits plaisantins se sont amusés et l'alarme s'est enclenchée. » « De ma voiture ? » répétai-je avec une difficulté profonde à réorganiser mes pensées. « Oui ta voiture. » répéta t-elle patiemment. « Si tu me donnes tes clés, je peux ... » « Non, je vais y aller. » la coupai-je, sans même songer un instant à l'envoyer. Je balayai rapidement la pièce dans mon dos, repérai les clés abandonnées par Sora et sortis sur le palier. L'air froid mordit mon torse nu, de même que la plante de mes pieds que mes chaussettes ne protégeaient pas. « Tu vas attraper froid. » «Aucun risque. » Ma peau brûlait et dans mes veines tiraillées pulsait un sang surchauffé. « Ah les jeunes. » grommela la vieille dame en se dirigeant vers sa propre porte. Sans mot dire, je me dirigeai vers les escaliers, dédaignant instinctivement l’ascenseur comme pour apaiser mon corps tourmenté. Et au fur et à mesure que je descendais et que l'air glacial m'enveloppait, mon esprit se réveillait. Qu'est-ce que j'étais en train de foutre ? Je passai la main sur mon visage, comme pour en chasser les effluves de son parfum et pouvoir ainsi me reconnecter avec ma raison fuyante. De la buée se formait à chaque expiration, chaque souffle expirés. Je mis le pied sur le parking et perçus enfin, comme au travers d'un brouillard, la sirène hurlante de ma propre voiture. Je m'en approchai, pressai le bouton du pouce et la fis taire. Mon corps lui ne restait pas silencieux. Je lui avais donné trop pour revenir sur mes paroles. Une nuit, une seule. Je levai la tête, comme pour voir l'appartement au travers des murs. Comment réfléchir avec un cerveau foutu ? J'ouvris la portière de ma voiture, m'y engouffrai et tendis impulsivement la main pour ouvrir la boîte à gants. Je n'en prenais que lors de mes plus grosses crises, quand le calme et la respiration profonde ne suffisaient pas à les apaiser. Hors, j'étais en crise. De libido, érotique, sexuelle … de folie. Je fis sauter le capuchon et avalai deux comprimés, sans même songer que mélanger médicaments et alcool était une idée lamentable. Je voulais juste réfléchir. Être sûr d'un choix qui n'en était pas un. Je n'étais plus capable de faire marche arrière. Chaque muscle, chaque membres se rebellaient contre l'idée même de ne pas coucher avec elle. Je levai à nouveau les yeux. Ma vision était trouble. Les murs s'effaçaient, de même que l'encadrement de la porte. Quand à réfléchir … je sentis une chape de fatigue plomber mes épaules et endormir le désir qui battait farouchement mes veines. Je plissai les joues et attrapai le flacon pour y lire des lignes troubles et floues. Mes doigts s'y resserrèrent et je frappai l'accoudoir de la tête, une jambe pressée contre la portière fermée. L'envie s'évanouissait. Une seconde. Je fermai les yeux une seconde, incapable de lutter contre l'engourdissement qui me noyait. Contre l'envie de dormir qui me fauchait. Je m'enfonçai, m'enlisai sans réellement en avoir conscience. Je ne me sentis pas partir.  Ni succomber.   
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Mer 12 Avr - 17:44
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Je Ha & Sora





TENUE & MUSIC | Essayons une autre danse, veux-tu ? Une danse, collée, serrée, entrelacée. Dénudés, délivrés de tout. Toi et moi, à l'horizontal, à la verticale, comme tu veux, tant que tu restes contre moi sans m'échapper, sans me laisser m'enfuir. Rattrape moi si je m'éloigne, si je glisse, si je reprends mon souffle trop longtemps. Bois le mien, je te le donne, je te donne tout pour quelques heures, quelques heures seulement. N'est-ce pas plus excitant quand le temps nous ait compté ? Quand on se dit que c'est maintenant ou peut-être jamais plus. A cet instant, penser que je ne pourrais jamais t'avoir me paraît inconcevable. Impossible. Douloureuse ivresse de luxure qui aspire à guider, à posséder chaque parcelle de mes muscles tendus à l'extrême pour.. t'attirer. Dominer tous tes sens seraient un caprice que j'aimerais m'offrir, auquel t'assouvir. Je les laisserais me repérer, me contempler, m'humer, m'effleurer, me goûter... Puis s'éprendre des soupirs que tu aurais provoqué, me brûler d'un simple regard, nous mélanger pour créer notre propre fragrance, me caresser jusqu'à ce que tu me connaisses par coeur, me dévorer jusqu'à ce que notre soif soit enfin assouvie.. Ecoute-les qui s'agitent à chaque pas qui s'avance vers toi.. Ecoute les miens, ses sens qui papillonnent, qui jouent de leurs parures, de ce corps qui appelle, qui clame et réclame une étroite étreinte.. étouffante. Fais-moi perdre les mots, ne les laisse pas se taire tout seuls dans une énième tentative de lutte inutile. Muette. Je te frôle, je le fais exprès, biensûr, comme toujours. Je ne te touche plus, car c'est à toi de me toucher, de me montrer que tu me veux. Que tu me désires, autant que moi. Savoure la proximité, l'envie, méprise la distance, le manque. Alors, qu'est-ce que tu attends.. que je parte ? Les secondes passent, ma patience menace, mes pulsions demeurent. Cette fierté, vive et combative, m'empêche de faire ce dernier pas. Celui de te plaquer moi-même contre ce mur et réveiller cette bouche endormie, béate. Laisse-moi la vivifier d'une couleur chaude et suggestive... Goûte au danger. Il paraît qu'après on a dû mal à s'en défaire, mais en réalité, on en redemande toujours..

Un étau puissant, une résistance infime car je n'attendais que ça. Qu'une réaction qui éclatait enfin.  Je m'étais sentie rebondir contre lui, arrachée à l'air, à une température ambiante pour celle plus tropicale qui m'enflamma en une seconde. Où était cette pluie pour nous éteindre ? C'était trop tard. Deux mots qui firent bondir mon coeur, stopper puis éclater. Sa bouche s'écrasant contre la mienne, dans une violence tout bonnement appétissante. J'écarquillais les yeux un bref instant, la surprise trahissant mes traits dans cette brutale avalanche que je me prenais de plein fouet. Reculer ? Non. Je me laissais emprisonner, ses bras me retenant de tous les côtés. Son torse épousant ma poitrine, cette langue intrusive dont je lui abandonnais toute retenue, la rejoignant dans une ultime connexion, perdue bien trop brusquement lors de leur dernière rencontre. Un courant électrique me parcourra lorsqu'elles se touchèrent, s’emmêlèrent dans un combat humide et enivrant. Mes doigts se glissant sur sa peau, sous cette chemise qui ne cachait presque plus rien. Le long de ses reins, remontant pour le contraindre à ne pas reculer, mes ongles traçant leur passage dans un empressement inarrêtable.. La résistance était plus que stimulante, mais céder était tout simplement.. indéfinissable. C'était comme si on ouvrait toutes les portes d'un seul coup, et que la tempête de feu s'abattait sans la moindre pitié. Brûlant déjà une peau à vif, qui en redemandait plus, encore. Quel délicieux sadisme. Un soupir, une inspiration que j'essayais d'attraper alors que l'on reculait. Il me vola cet air que je venais de happer, l'aspirant, me l'offrant à nouveau jusqu'à ce que mon air devienne sien, que son air devienne mien, en un seul et même réceptacle. Ce baiser langoureux, furieux, relâchant brusquement une tension accumulée depuis de heures, des jours.. des images, des fantasmes, des scénarios ardents.. qui continuaient à nous harceler en sentant l'objet de toute cette dépravation entre nos bras. Ne me lâche pas. Il incita mes pieds à quitter le sol, mes cuisses se refermant d'une pression ferme autour de ses hanches, dans ce besoin presque instinctif de sentir son bassin contre le mien. Une gorgée d'oxygène que j'aspirais à plein poumon, cette fraîcheur soudaine qui ne dura que peu de temps. Un léger pincement à cette inférieure, regards fauves qui se firent écho en une respiration entrechoquée. Papillonnage de ses pulpeuses qui s'aventurèrent le long de ma mâchoire, une langue affamée dont le toucher me fît entrouvrir les lèvres. Défaillir.. J'avais l'impression de vouloir me laisser aller complètement, lâcher prise.. alors que mes jambes se contractaient pourtant davantage à son bassin pour se frotter à cette virilité proéminente. Un soupir, expiration, cage qui se rétracte. Mes doigts s'enfoncèrent dans sa nuque alors qu'il s'attaquait à mon cou, sensible.. Épaule qui s'abaisse pour laisser un passage plus lisse à ses baisers sur ma peau. Sensible à ce souffle rauque qui voulait descendre, pour réchauffer.. pour se délecter de ces monts acérés, tendus contre son torse gonflé. Chaque toucher me soulageait, me torturait, me forçant à en réclamer plus, toujours plus.. Il me captura à nouveau et je me penchais vers l'avant pour nouer mes bras. Frôlant sa bouche d'un sourire, la léchant de cette pointe humide, avant de m'en abreuver pleinement. M'appropriant son goût, m'en imprégnant sans en oublier la moindre saveur sucrée. La pensée de l'embrasser pendant des heures venait de me traverser, m'assénant une nouvelle plainte alors qu'il me renversait sur le lit. J'avais du mal à me défaire de cette chaleur qu'il m'enlevait, me laissant glisser malgré moi, alors qu'il se redressait. Cette plainte de désapprobation, de menace, de manque évident. L'intensité de son regard penché sur moi.. alors que je cambrais volontairement ce corps d'une pose érotique, la bouche rouge passion aguicheuse à souhait.. mettant en valeur cette partie voluptueuse qu'il n'avait pas encore touché et qui semblait particulièrement le tenter.. Je fis glisser l'une de mes jambes entre les siennes, la longeant, remontant lentement jusqu'à son entrejambe de cet air coquin que je lui lançais. Je le fixai, sauvage, suivant ses gestes, dans cette chemise qui volait. Le dessin courbé de ses bras puissants, des dorsaux marqués, des avants-bras parcourus de lignes bleutées au pouls battant la chamade au rythme du mien.. Je le laissais s'installer, s'approcher, descendre vers ce ventre qui s'était aussitôt raidi en un bref relâchement. Un contact à nouveau. Le plafond au dessus de moi sur lequel je me concentrais tant bien que mal alors que le sens du toucher était taquiné par cette intruse imbibée d'une salive agrume, humectant mon épiderme d'une ligne épurée. Des arabesques indescriptibles, que je suivais, que j'écoutais, mes muscles tendus. Je connaissais la suite. L'impatience.. alors que je savais parfaitement où il allait.. Un frisson, poitrine touchée, goûtée, se gonflant davantage sous les aiguilles qu'il m'asséna par cette simple pression.. Et cette vive douleur qu'il m'arracha d'une seconde plainte, une douleur excitante qui ne m'avait pas empêché de me cambrer à nouveau vers lui pour qu'il recommence. Pas besoin de mot, le corps parlait de lui-même et clamait quand il aimait ce qu'on lui faisait subir. Mon attention était possédée, puis à nouveau accaparée. Une main baladeuse glissant sous la dentelle, s'insinuant d'un doigté joueur dans mon intimité. Je laissai échapper ce soupir incontrôlé, suave.. Comment est-ce qu'il pouvait être si.. doué.. Je me mordillais intensément la lèvre inférieure, assouvie par ses caresses répétitives, parfaitement bien placées.. qui me rendaient peu à peu incapable de rester en place. Ces hanches ondulant d'une danse primaire, alors que je fermai les yeux. Mon bassin se soulevant, le réclamant, réclamant plus encore que son majeur de pianiste émérite, enfoui contre cette perle à l'agonie. La pulpe de mes doigts s’enfonçait dans sa chevelure d'ébène, penchée sur ma poitrine.. Un sein jaloux attendait son tour, rebondissant dans les mouvements d'un corps qui ne savait plus quoi faire, à part subir et profiter.. Haletant.. L'autre main froissait férocement les draps pâles.. quand un gémissement remonta le long de ma gorge, plus aiguë alors que le plaisir s'emparait de moi..          

La rangée de cils se releva, s'ouvrant sur Jeha qui s'avançait pour m'embrasser. D'un baiser plus doux, plus lent, plus sensuel, avant de se reculer en une parole qui me farda d'une moue désapprobatrice. Mes mollets frôlèrent ses hanches en une vaine tentative de le garder, alors qu'il se redressait. Coeur qui cognait, s'échauffait, s'emballait. Bouche essoufflée, rougie, mordue, torturée puis délaissée.. Je me laissai glisser sur le côté, sur les flancs, puis doucement sur le ventre. D'un regard assoiffé qui le déshabillait silencieusement, de ces reins creusés et de ce fessier galbé dans une pose délicieusement lascive.. « Dépêche toi. » lui ordonnais-je d'une voix enjôleuse, trahissant une urgence dont nous avions tous les deux terriblement conscience. Je suivais sa silhouette dans la pièce, me délectant de la vue que m'exposait son dos dessiné, jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans le couloir. Jusqu'à ce que tout d'un coup, la sonnette de l'appartement retentit, me faisant sursauter sur le lit. What the h.. Qui était là à une heure pareille ? Par réflexe, je me redressais subitement à la simple pensée que cela puisse être Il Nam. Non, il avait dit qu'il rentrerait directement après le travail chez ses parents. Mais il aurait très bien pu venir pour s'assurer que Jeha allait bien, il en était capable ! Je ramenais les jambes contre moi, tendant l'oreille alors que j'entendais de loin le loup discuter avec quelqu'un. Non, ce n'était pas son meilleur ami, sinon il serait déjà entré. C'était chez lui après tout. Et puis, la porte se referma en un claquement, instaurant un silence dans les lieux. « Jeha ? » appelai-je, sans avoir de réponse en retour. Après de longues secondes, je posai les pieds au sol, attrapant machinalement sa chemise abandonnée sur le carrelage. Je m'en vêtis avec souplesse, lui donnant l'allure d'une robe courte dont je fermai peu à peu les boutons. Il s'était pas tiré quand même ? Et qui avait sonné ? Là était certainement toute la question. Sans m'attendre à rencontrer quelqu'un, mis à part le brun, j'ouvrai sans attendre la porte d'entrée, me retrouvant nez à nez avec la voisine d'en face qui sortait ses poubelles. Une ajhumma qui me reluqua de la tête aux pieds, alors que je m'inclinai aussitôt devant elle. Heureusement que j'avais fermé la plupart des boutons.. « Si vous cherchez votre ami, il est allé à sa voiture. » m'affirma t-elle calmement, sans que je n'ai eu à prononcer le moindre mot. Je la remerciai, avant de m'engouffrer  dans le salon, me coupant de la lumière éblouissante de l'étage. Il avait dû aller récupérer ce dont il avait besoin dans sa voiture, il n'allait donc pas tarder. Je m'adossai contre le mur qui jouxtait la porte, prête à le voir la franchir. Prête à l'appâter, et à le plaquer contre celle-ci sans la moindre délicatesse. Un manque d'une connexion atténuée que je voulais lui reprocher, que je voulais retrouver. Droguée de lui, juste pour une nuit, juste une. Et profiter de ce flou artistique, érotique que nous infligeait la divine luxure. Divine, qui me remémorait durant les longues minutes de son absence, chaque effleurement savoureux qu'il avait ancré, dont j'avais encore l'impression de sentir, et de ressentir.. Frottant mes cuisses l'une contre l'autre.. Qu'est-ce qu'il faisait bon sang ? Il ne fallait pas tant de temps que ça pour aller au parking, surtout en prenant l'ascenseur. Même avec l'escalier d'ailleurs, on était pas dans un building ! Mon pied frappait frénétiquement le sol, avant de se stopper. Il n'était quand même pas.. parti ? Non.. impossible. Il n'aurait pas pu me faire.. ça.. Pas à un moment pareil.. Un éclair traversa mes pupilles dilatées, guidant mes pas jusqu'au canapé. Aucun homme ne m'avait fait un coup pareil et il n'allait certainement pas être le premier. Mais le photographe était un cas particulier, difficile à cerner et bel et bien imprévisible. Je sanglais rapidement les talons, avant de me diriger quelques secondes plus tard vers l'ascenseur. J'allais clairement m'en assurer.    

En peu de temps, j'avais gagné le sous-sol, accédant aussitôt au parking. Peu assurée, j'avançais de quelques mètres dans l'allée, avant de repérer sa voiture, garée sur un emplacement réservé. Il n'était finalement pas parti, du moins pas au volant. L'esprit embrumé, je ne sentais même pas l'air frais remonter le long de mes jambes dénudées, tant mon corps était assailli d'une chaleur bien singulière. Je me mis à tourner sur moi-même, détaillant les alentours. Il n'était pas parti à pied tout de même.. Légèrement désorientée, l'alcool atteignant certainement son plus haut taux dans mon sang, je rejoignais rapidement la voiture après avoir soudainement aperçu une silhouette à l'intérieur. Ne me dis pas que c'était... ? Il ne savait pas combien en prendre ou quoi ? Un sourire amusé se nicha aux coins de mes lèvres, alors que je me penchais contre la vitre, côté conducteur. J'écarquillais les yeux. Il était.. Il.. Il dormait ?! Je lâchais une exclamation de surprise, levant les yeux au ciel. Il se foutait de moi, c'était pas possible ! J'ouvris brusquement la portière. « Yah, Jeha ! Tu te fous de moi, t'es pas vraiment entrain de dormir là ? » m'écriai-je, devant ses yeux fermés. « Non mais t'es sérieux ? Tu m'écoutes ? Réveille toi ! » hurlai-je plus fort, ma voix résonnant dans le parking entier. Comment est-ce qu'on pouvait s'endormir à un moment pareil ? Aussi vite en plus ? C'était une blague, il faisait semblant ! Je lui tapotais l'épaule, une fois, deux fois, le secouant un peu plus. Il ne réagissait toujours pas, même si la tonalité de mes mots n'avait rien d'une agréable mélodie à cet instant précis. Je soufflais, gonflant mes joues. « Yah Moon Je Ha. Jeha. Jeha... Jeha.. ? » Je me rapprochais du loup qui ne bougeait pas, fronçant les sourcils, avant de lui donner de légères petites tapes sur le visage. Tapes qui auraient réveillé n'importe qui, mais pas lui. Je fixai l'homme, mon coeur se crispant en une seconde, avant de s'emballer. Ma paume épousa sa joue, et la prononciation de son prénom se fît douce, un chuchotement, un murmure, un appel, puis un cri. Le timbre de ma voix avait perdu de sa colère, remplacé par une inquiétude nerveuse, au rythme de l'agitation qui me possédait. Qu'est-ce qui se passait ? Il avait fait un malaise ? Une crise cardiaque ? Mais il respirait, oui il respirait. Qu'est-ce que je devais faire ? Appeler les secours ? Oui les secours... les secours... Je passais ma main sur la chemise qui me couvrait.. pas de téléphone ! Il fallait que je remonte ! Un soupir. Un soupir qui n'était pas le mien. Je reportais aussitôt mon attention sur le photographe dont les paupières battaient faiblement, avant de s'entrouvrir. Je me courbais d'un bond vers lui. « Yah Jeha ! Jeha, ça va ? Ça va ? Tu m'entends ? Qu'est-ce que t'as, t'as mal quelque part ? » enchaînais-je rapidement, trahissant une anxiété bien présente. Je pressais mes doigts sur son épaule nue comme pour tenter de le ramener à la réalité, avant de repérer sur le siège passager.. une boîte de médicaments. Je passai par-dessus lui pour la récupérer à la va-vite, parcourant les étiquettes. Stress, anxiété.. ça avait tout l'air d'être des calmants mais ce qui attira mon regard, c'était bel et bien l'indication risque de somnolence.. Je relevais lentement les yeux vers lui. « .. Espèce.. d'abruti.. Espèce d'abruti ! J'ai cru que t'avais fait un malaise, ou pire !! Alors qu'en réalité, t'as pris une trop forte dose ! Ptin, t'en as pris combien ? Ils disent pas plus d'un par heure ! » criais-je. Il avait réussi à articuler deux. « Ouais bein, deux cachets, et l'alcool, voilà le résultat ! Un véritable cocktail, bravo ! » fis-je, en applaudissant. Ce mec ne cessait de m'étonner, mais je n'étais pas sûre que ce soit dans le bon sens du terme. Je préférais sans aucun doute cela, à pire mais.. merde ! Je me voyais déjà devoir l'emmener aux urgences ! « Pour la peine, j'te laisse ici ! » affirmai-je sous la fureur, en serrant les dents, une rancœur soudaine me rongeant. Je tenais fermement la porte et le neugdae choisit pile le moment où j'allais la refermer violemment, pour  couler sur le côté, dans le vide. Il manqua de justesse de tomber, le retenant solidement par les épaules d'un mouvement vif. De justesse ! Je soufflais à nouveau, exaspérée.. Vu sa tenue, il faisait bien trop froid pour que je le laisse réellement ici.. Et malgré les nuages de rhum qui s'infiltraient joliment dans mon esprit, j'arrivais à l'assimiler. Conscience alcoolisée. « T'es qu'un con... Allez, sors de là, appuie-toi sur moi. » lui ordonnai-je. J'avais la rancune tenace. J'avais récupéré les clés sur le contact, et réussi à le hisser hors de l'habitacle. Le chemin vers l'ascenseur fût lent, et beaucoup plus long qu'à l'aller ! Son bras par-dessus mes épaules, le mien dans son dos, et le gauche contre son torse, de peur qu'il ne se penche trop en avant, et qu'il trébuche. Ce mec me tuait.. Je ne faisais que lui parler pour le guider, et surtout le garder éveillé, au moins jusqu'à l'appartement. On aurait dit un vrai somnambule ! Et encore, un vrai somnambule marcherait certainement plus vite. Arrivés dans la cabine, Jeha perdait de plus en plus son équilibre, et ses jambes lâchèrent une seconde. Une seconde où je le rattrapai par réflexe d'une exclamation alors qu'il me percutait de plein fouet, comme je venais de le faire avec le mur derrière moi. Je lâchai une plainte en me cognant la tête, alors que je le sentais glisser. Je passais aussitôt mes bras contre ses flancs, puis dans son dos, le calant contre moi. J'inspirai subitement d'une grande bouffée. Mémoire d'une chaleur familière se dégageant de ce torse chaud contre moi.. Le haut de son corps se courbait peu à peu, s'affaissant sur mes épaules qui forçaient tant bien que mal pour le soutenir. Hors contexte, on avait réellement l'impression que je l'enlaçais ou qu'il m'enlaçait.. Et c'était d'ailleurs ce que devait croire le couple qui se présenta devant les portes de l'ascenseur, qui n'était pas encore parti. J'écarquillais les yeux, mais pas autant qu'eux. « Ce n'est pas ce que vous croyez ! » leur lançais-je, alors qu'ils s'éloignèrent aussitôt, pour certainement prendre les escaliers. J'aimerais qu'ils croient ce qu'ils voyaient, même moi j'aurais voulu y croire, mais la fin de soirée ne semblait plus partir dans ce sens-là ! Malheureusement ! Je me tordis comme je le pouvais pour actionner le bouton pour l'étage, et l'ascenseur s'éleva. Je priais pour que l'on arrive vite en haut et que tout cela se termine une bonne fois pour toute.. Son visage s'enfouissait de plus en plus dans le creux de mon cou, son souffle me chatouillant, me brûlant.. Il m'arracha, sans doute involontairement, des piques violentes au creux de mon bas ventre, alors que je le revoyais me plaquer contre le mur du salon, puis toute cette scène qui avait suivi.. Foutues pulsions sexuelles, pensais-je, en me mordant durement la lèvre inférieure, alors que nous arrivions à l'étage.

De longues minutes plus tard, je renversai enfin Jeha sur le lit, me laissant tomber à côté en une immense exclamation de soulagement. « Ahhh j'en peux plus.. T'es trop lourd.. » Mon corps était ankylosé et j'aurais préféré qu'il le soit pour autre chose, si vous voyez ce que je veux dire ! Cette soirée était tout bonnement improbable.. Des hauts et des bas constants. J'avais l'impression que c'était tout le temps comme ça avec lui, c'était intriguant, tout en étant particulièrement crevant. « Avoue, tu l'as fait exprès.. T'as pris ces médocs comme somnifère pour ne pas coucher avec moi ? » lui lançais-je, après avoir roulée vers lui. Il avait les yeux fermés, la bouche légèrement entrouverte. « Tsss.. tu t'endors au bon moment toi.. » Mais est-ce qu'il dormait vraiment, allez savoir. Je ne savais plus quoi en penser. Je ne savais pas si je devais être plus vexée que moqueuse.. ou folle furieuse, et désespérée. « Dis-le moi si ça ne va pas.. » murmurais-je, simplement. La fatigue s'installait au dessus de mon crâne alors que je couvrais le loup d'une couverture, trouvée dans l'armoire. Pour ma part, je n'en avais pas besoin, je dormirais à même les draps. Ces même draps embaumés d'effluves de luxure qui m'incendiaient encore les sens.. Je n'avais fait que me tourner et me retourner, tourmentée de tous les côtés. Par une libido qui n'acceptait pas de se contenter d'une mise en bouche, par une rancune qui me titillait, et une inquiétude qui m'assénait de questions. Plongés dans la pénombre, j'écoutais la respiration de Jeha comme si je craignais qu'elle ne s'arrête brusquement, dès que j'aurais fermé un oeil. Il n'en avait pas assez pris pour faire une overdose, n'est-ce pas ? N'aurais-je pas dû l'emmener à l’hôpital pour m'assurer que ce n'était rien de grave, qu'il n'avait pas besoin d'un lavage d'estomac ou je ne sais quoi.. ? La nuit, le noir, le silence, m’entraînaient dans un tourbillon d'interrogations, qui avaient fini par avoir raison de moi.. Tout comme le sommeil qui m'emporta..    
     

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | Ven 14 Avr - 0:06
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La passion et la peur se disputent ton regard qui fuit. Tu aimerais oublier. La faiblesse, la fragilité, ce manque de contrôle que tu n'as jamais eu et n'auras jamais. Tu aimerais effacer des émotions naissantes que tu ne sais pas interpréter et que ton corps te hurlent sans que tu ne songes à l'écouter. Oui tu préfères fuir. Fuir le désir qu'elle t'inspire, fuir l'intérêt et la fascination qu'elle fait naître dans ton âme blessée et rébarbative.  Mais à courir, on trébuche. Puis on chute.
 


J'oubliais la chaleur de sa peau et la douceur satinée de sa bouche. La saveur de sa langue et l'éclat fauve de son regard. Le froid les effaçait, de ma mémoire engourdie comme de mon corps immobile. Incarcéré, noyé dans un flot d'obscurité, je n'avais plus conscience que de ce voile hivernal qui léchait ma peau. Sa caresse était mordante … douloureuse. Mais elle tenait éveillée ce soupçon de conscience qui m'empêchait de plonger totalement dans le néant. Dans un élan de pur rébellion, je m'accrochai à la caresse gelée de mon souffle sur mon inférieure. Une nouvelle fois, j'étais dépossédé. De mon corps, de mes jambes … de ma faculté de penser. Je n'étais plus qu'une âme dans un vaisseau endommagé, par l'alcool, les médicaments et les désirs refoulés. Par ma propre connerie. Et elle pesait. Infâme et lourde, elle ravageait mes épaules pour me contraindre à lâcher prise. Tombe. Ploie. Sa voix murmurait, pernicieuse, dans les tréfonds d'un esprit fatigué et abusé par la boisson. Mais à son timbre doucereux s'en mêla un autre aux accents colériques. Familiers. L'éclat de l'or sur le marbre blanc. L'ambre couronnant un cercle d'ébène. Une touche d'écarlate dans la neige. Les secousses me parurent lointaines, la douleur dérisoire. Pourtant, je souffrais. Mais d'un cœur ralentit, d'une respiration lente et de paupières si lourdes qu'il m'était impossible de les soulever. Les soubresauts s'accentuèrent et une cuisante douleur se répandit dans mes joues. Alors, le froid y recula, balayé d'un revers de main, chassé par des accents désespérés qui perçaient la barrière sombre ceinturant mon esprit écroué. Un voile de douceur sur une joue frappée. Des mots tissés, soufflés, hurlés. Je m'accrochai à chacun des sons émis, à chaque toucher pour émerger des ténèbres dans lesquelles je m'étais plongé. Je bataillais contre la fatigue imposée, contre mes paupières pesantes, contre cet engourdissement qui me figeait. Les secondes me parurent une éternité mais mes cils finirent par s'écarter. Doucement. Sûrement. Difficilement. Mes lèvres s'entrouvrirent, l'air piquant s'y glissa et je forçais ma volonté à dévoiler un regard humidifié par l'épuisement. Des taches rougeoyantes troublaient les formes floues qui m'apparurent, où du gris, du bleu et du noir s'entremêlaient en un mélange perturbant et méconnaissable. Mais, et au delà du tableau qui se peignait doucement sous mes yeux, je renouais avec mes autres sens. La paume qui glissait sur ma cuisse, la mèche de cheveux qui balayait mon oreille, l'odeur caractéristique du cuir .. un parfum féminin. Des doigts enfoncés dans mon épaules nue. Chauds, presque brûlants. Mon épiderme s'imprégna de leur chaleur et la déversa dans mes veines pour m'aider dans un combat silencieux et intérieur. Je parvins à bouger légèrement la main, tombée sur le côté de mon siège, puis à me concentrer sur les mots qu'elle jetait. Combien ? Je fouillai ma mémoire anesthésiée pour revivre une scène qui s'était pourtant déroulée quelques minutes auparavant. Une image, celle de deux cachets blancs reposant dans ma paume, effleura mes paupières à moitié fermées. Je poussai ma langue contre mes lèvres et les forçai à se séparer pour répondre, dans un filet de voix presque inaudible. « Deux. » Des claquements, qui ressemblaient à s'y méprendre à ceux générées par deux paumes frappées, résonnèrent dans mes oreilles, ainsi que des sons furieux. Continu de hurler. Je me raccrochai à sa colère pour émerger un peu plus et parvins à bouger mon bras. Mais le geste, brusque, me déséquilibra. Je me sentis tomber, puis rebondir sur elle. « Attends. » prononçai-je péniblement en battant des paupières pour y chasser les minuscules larmes générées par mes yeux brûlants. « Je suis trop lourd. » Je n'avais aucune force dans mes muscles raides et le simple fait de garder les yeux ouverts me demandaient une énergie colossale. De plus, et même si Sora me guidait doucement vers la réalité, la voix de la fatigue chantait dans ma tête compressée. Mais la jeune femme, inconsciente ou bornée, glissa mon bras d'autorité sur ses épaules pour me soulever à la force des siens. « Sora, je .. » Tombe. Ploie. Infatigable, elle tentait sournoisement de me tirer en arrière, dans ces ténèbres exécrées dont je percevais l'orée au bord de mes cils mouvants. Et merde. La mâchoire serrée, je me forçai à contracter le muscle de mes jambes. Et cette détermination acérée, cet acharnement démesuré contre mon propre corps faisaient naître en moi des sensations désagréables. Comme si ce n'était pas la première fois. Je poussai sur mes talons mais le combat mené contre mes jambes me faisait perdre celui contre ma nuque. Elle ploya et ma joue rebondit sur la tête de la jeune femme qui me traînait. Un pas. Sa fragrance s'insinuait dans mes narines, dans ma bouche, dans mes veines altérées. Elle sentait bon. Deux pas. Je ne pouvais me tenir à rien sinon à elle. Elle était ma béquille, mon pilier éphémère. Elle était cette voix qui ne cessait de chanter pour contrer la seconde. Je recroquevillai les doigts sur son épaule fine, à la nudité dérobée par un tissu blanc, et me contraignis à concentrer le peu de force qu'il me restait sur mes jambes qui se mouvaient. La sueur perlait sur mon front et mes pommettes pour souligner la violence de mon effort. Mais elle ? Je sentais d'infimes tremblements sous mon bras. Mon cœur, presque endormit, se serra et je tentais de le lui arracher pour la libérer d'un fardeau qui la concernait pas. Mais ce geste, mal avisé, me fit perdre l'équilibre alors que nous arrivions dans un espace clos à l'air étouffé. Incapable de retenir mon propre amas de chair, je basculai dans ses bras et ma tête se nicha naturellement dans son cou parfumé. La caresse de ses cheveux. L'odeur caractéristique et familière du haut qu'elle portait. La force d'une étreinte qui me soutenait et m'éloignait du sol. Durant une demi seconde, j'eus envie de lâcher prise et de me laisser glisser dans cette bulle de chaleur dont elle était le cœur. De me laisser happer par son arôme, par la musique de ses palpitations et par les émanations chaudes de sa peau. J'eus envie de m'abandonner à son étreinte. Mais elle tremblait. C'était minime et pourtant, je le sentais contre ma joue, contre mes lèvres effleurant sa gorge, contre mon torse plaqué contre son buste. J'éloignai légèrement mon visage et refermai la main sur la barre qui ornait le mur de l'ascenseur dans une tentative utopiste de me redresser. Je ne pus que raidir un peu mes jambes, alors qu'elle me tirait, me traînait jusqu'à l'appartement d'Il Nam. Chaque pas me coûtait, me vidait du peu de force que sa présence m'insufflait. Et l'obscurité s'épaississait. Mais je tins bon jusqu'à ce la jeune femme me lâche et que le vide ne vienne réclamer ce que je lui refusais depuis de longues minutes avec acharnement. L'inconscience.

La caresse de ses cheveux m'éveilla en douceur. J'y soufflai paresseusement pour les éloigner d'un nez chatouillé et resserrai instinctivement l'étreinte de mon bras autour d'elle. D'elle … Le cœur assassiné par une angoisse familière, je battis des paupières pour m'arracher au sommeil. Sa chevelure, presque blanche dans l'obscurité, fut la première chose que je vis. Le souffle coupé par un tableau des plus inattendus, je relevai lentement la tête. Nichée sous mon bras levé, elle semblait dormir profondément, et ce malgré la prison de chaire qui la retenait fermement contre mon torse. J'entrouvris les lèvres, surpris et me retins in extremis de ne pas lui arracher mon bras. Les dents serrées, et dans un silence relatif tant ma respiration entrecoupée trahissait mon désarroi, je fouillai ma mémoire à la recherche d'une réponse au pourquoi qui déchirait mon esprit. Des flashs l'envahirent. Rouges et parfumés. Brûlants et passionnés. Je me tendis contre elle, en un mouvement qui me fit prendre conscience de nos jambes entremêlées et de la rondeur de son fessier contre mon bassin réveillé. J'inspirai profondément, les lèvres entrouvertes, pour m'astreindre au calme. Alors, et faisant fit du désir brut qui inondait mes veines, je dégageai doucement ma jambe, en combattant farouchement l'envie de le faire avec brutalité. Ainsi que celle de lui sauter dessus afin de finir ce que ma connerie avait interrompu. Car je n'avais pas couché avec elle. L'humiliation s'ajouta au flot d'émotions qui me dominaient tandis que je faisais couler mon bras sur son ventre, avec la souplesse d'un archer sur les cordes d'un violon. Je redoutais qu'elle se réveille et qu'elle prenne conscience d'une étreinte aussi surprenante qu'indésirée consciemment. Pourtant, et tandis que je reculai sur le matelas pour me relever, je sentis la morsure du manque et le poids de la frustration. Je me mordis la lèvres et posai le pied par terre en veillant à ne faire aucun bruit. Sora ne bougeait pas. Ses longs cils étaient la seule touche d'ombre sur son visage voilé de stries blondes, qui coulaient également sur sa bouche entrouverte. Un aiguillon de désir s'enfonça dans mon bassin et je détournai brusquement la tête pour sortir de la pièce. Mais même la porte fermée n'apaisa pas une respiration secouée. Qu'est-ce qui m'était passé par la tête ? Je frottai mon visage contre ma paume et baissai le baissai pour regarder mon torse nu, mon pantalon froissé et mes chaussettes. Et merde. J'enroulai mes doigts autour de la poignée et ouvris silencieusement le panneau. Sa silhouette attira indubitablement mon regard sombre. La mâchoire contractée, je repérai mes chaussures près du lit, les ramassai et sortit de nouveau en espérer laisser derrière moi un flot de souvenirs que je ne savais pas comment gérer. Mais ils s'accrochèrent à mon ombre, et me poursuivirent jusque dans l'armoire d'Il Nam, dans laquelle je volais un haut que j'enfilais avec des gestes bruts. J'avais été à deux doigts de craquer. Non, en vérité, je lui avais sauté dessus comme un sauvage. Je passai une main nerveuse dans ma chevelure sombre et refermai son placard sans savoir que faire. J'avais besoin d'une douche, mais surtout d'éclaircir des idées que je peinais à creuser dans mon cerveau douloureux. Je sortis de la pièce, rejoignis le salon et cherchai des yeux mon téléphone portable ainsi que mes clés. Je trouvais le premier sur le sol, près du canapé, et les secondes sur la table. Je me maudissais. Comment avais-je pu être con au point de passer la soirée avec elle alors que j'éprouvais déjà l'envie de la plaquer contre un mur ? Ulcéré par ma propre inconscience, et plus encore par ce besoin de boire qui m'avait perdu, j'enfilai mes chaussures et manquai de claquer la porte en quittant l'appartement. Mais elle se referma en silence, silence que se plut à briser un téléphone qui sonna alors que je fixais l'ascenseur. Je ne gardais que des souvenirs flous des événements qui avaient suivit ma prise de médicaments, mais je savais qu'elle m'avait traîné seule jusqu'à l'appartement. La force tremblante de ses bras, la douceur de son cou contre mon visage et les accents de sa voix imprégnaient ma chair et ma mémoire. Je levai la tête et poussai ma joue d'une langue sèche. La boisson ne me réussissait pas. Dédaignant l'ascenseur pour des raisons évidentes, je pris les escaliers pour descendre aux sous sols. Et, afin de fuir les images brûlantes que mon cerveau se plaisait à ressasser, en les superposant de surcroît à ceux d'une humiliation qui me donnait la nausée, je déverrouillai mon téléphone pour lire le message que je venais de recevoir. Et faillis le lâcher. Les mots d'Eun Bi s'étalaient sous mes yeux écarquillés, comme un rappel féroce à ma propre bêtise. Comment pouvait-elle même être au courant ? Ma mâchoire se durcit et je répondis rapidement, en jouant l'autruche. Mais au fond, je savais qu'elle ne posait pas la question par hasard. Mais que savait-elle ? Lui avait-on répéter ma danse lascive et érotique sur la piste ? Lui avait-on commenté le départ de son frangin en compagnie d'une blonde ? Et quel foutu connard était allé lui raconter ma vie ? Les insultes silencieuses furent coupées par la sonnerie et je fermai les yeux quelques secondes pour calmer la colère qui m'envahissait. A mon propre égard. « Il ne se passe rien du tout. » grognai-je en ouvrant ma voiture, afin de récupérer le sac à dos dans lequel j'avais fourré un rechange en précision de cette nuit. Dire que j'avais voulu m'éloigner d'une femme qui venait de la passer dans mes bras ! C'était risible. Je claquai la portière et m'y adossai, tête baissée. Ma colère se lisait dans mes muscles bandés et dans les messages que j'envoyais à ma sœur, presque secs. Je plissai les lèvres lorsqu'elle m'en fit la remarque et me forçai à adoucir mon ton. Elle n'y était pour rien si son frère était un crétin doublé d'un imbécile. Je détournai la conversation et y mis fin sur une promesse avant de glisser le portable dans ma poche. Je ne savais pas comment réagir, ni même comment me comporter face à Sora. Une nuit de sexe aurait été compliquée à gérer, mais cette surdose de frustration, cet engagement sexuel non tenu et ce final, cette apothéose durant laquelle j'avais finit inconscient et à sa charge …. Un sourire noir étira momentanément mes lèvres alors que je levai la tête vers le plafond. Le seul point positif de cette histoire tordue était probablement qu'elle n'aurait plus la moindre envie de me pousser à la faute. A cette pensée, ma frustration redoubla, mais j'évitais de m'y attarder en niant farouchement une nouvelle fois. Il ne se passait rien entre Sora et moi. Rien du tout.

Frigorifié, j'enfilai un pull gris sur mon jean clair. Mes cheveux, trempés, pleuraient des larmes gelées sur mes joues pâles. Tendu, je les frottai de la serviette avec une brutalité contenue. Ce salop résistait. Il hantait mes veines, mes muscles et ma tête, en me bombardant d'images osées et de réminiscences récentes. Mais le plus insupportable à mes yeux était sans nul doute ce manque de certitude quand à ma propre résistance. J'avais déjà un mal fou à ne pas traverser ce foutu couloir pour la réveiller moi même. Je gonflai les joues pour souffler et coulai un regard dans le miroir pour observer mes traits tirés. Sora était un cauchemar depuis notre première rencontre mais je n'avais jamais imaginé qu'elle puisse me pourrir la vie à ce point. Je jetai la serviette en boule dans la corbeille et déverrouillai la porte que j'ouvris à la volée. Pour me figer. Brutalement. Douloureusement. La surprise me noya et je fus incapable de dissimuler la tension qui ravagea mes traits, pas plus que je ne sus contenir le désir flamboyant qui ensanglanta mes pupilles dilatées. Je fronçai les sourcils et lâchai avec plus de sécheresse qu'elle n'en méritait. « Il faut qu'on parle. » La culpabilité m'effleura dès que les mots jaillirent. « Sil te plaît. » ajoutai-je entre mes dents, pour adoucir une pique involontaire et née d'une irritation principalement dirigiée contre moi même. Sans attendre sa réponse, je me glissai devant elle et regagnai le salon. Les mains enfoncées dans mon jean et les épaules nouées, je me tournai vers elle pour lui faire face. Une erreur. La voir dans ma chemise, qui ne dissimulait rien du triangle écarlate qui habillait ses hanches, donnait à la scène une dimension érotique qui me déstabilisait. « Je suis désolé pour hier soir. » commençai-je crispé, en veillant à ne fixer que ses yeux. « Désolé de t'avoir inquiété et de t'avoir mise dans cette situation. » Désolé d'avoir craqué. Mais je retins ses mots du bout de la langue pour ne pas l'acculer davantage. Malgré la colère, malgré l'incompréhension et la fatigue, je m'efforçai de ne pas me réfugier dans une agressivité mal avisée. Je passai la main sur ma nuque, profondément mal à l'aise, et frottai l'arrière de ma tête. La cicatrice râpa mon doigt, comme pour me rappeler mes propres résolutions à l'égard de ma sexualité. Ma paume voyagea et s'attarda quelques secondes sur ma bouche avant que je ne reprenne la parole. « Quand à ce qui a faillit se passer entre nous … ça en restera là. Je ne sais pas gérer les relations d'une nuit et je n'ai aucune envie de compliquer ma vie pour quelques heures volées. Revenons à l'époque où tu ne pouvais pas me supporter, ce sera mieux pour moi comme pour toi. » Quelques heures pour lesquelles je me serais damné quelques heures plus tôt. Et une part de moi y était encore prête. Ses seins tendaient le tissu pâle et ses cheveux blonds soulignaient les larges épaules d'une chemise trop grande pour elle. Elle était belle, malgré la fatigue, malgré les cernes et malgré le pli de sa bouche pincée. Plus que belle, elle était désirable. Je recroquevillai les doigts dans mes poches, pour échapper aux éclairs qui les parsemaient à la simple idée d'effacer l'expression d'un baiser mordant. « Je te laisse ma voiture. Que tu l'utilises ou pas, je te laisse le choix. Préviens seulement Il Nam si tu ne la ramènes pas, que je puisse revenir la chercher ce soir. » Je posai les clés sur la table sans plus de commentaire, et attrapai le sac à dos que j'avais laissé sur une chaise. Il Nam. Vu la merde dans laquelle il m'avait plongé, il pouvait jouer les intermédiaires. Car je n'avais pas la moindre intention de reparler à Sora avant d'avoir réussit à apaiser ma libido la concernant. Je soulevai le sac que je jetai sur mon épaule, attrapai téléphone et veste puis quittai l'appartement sans un mot, mais surtout sans un regard. Oui, je doutais d'une résistance que l'image de cette femme à demi nue dans mes vêtement avait sérieusement effritée. Aussi, et encore une fois, je pris la fuite, sans savoir qui de mon orgueil ou de mon corps était le plus blessé.   
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Re: JERA (+) I can't help but want you even though I try not to | 
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