Face à son miroir, Joo Hee constate que les années ont défilées. Ce n’est plus le reflet d’une jeune femme qu’elle voit, mais celui d’une femme qu’une quarantaine d’années passées. Pourtant, elle reste toujours la même, seul son physique à quelque peu changé. Elle est toujours actrice, à même joué dans de grands films, a obtenu de nombreuses récompenses et pose toujours pour de nombreux magazines. Un parcours dont elle n’est pas peu fière surtout lorsqu’elle constate aujourd’hui que sa lancée n’est pas encore terminée. Occupée à se maquiller, elle passe toujours autant de temps à prendre soin d’elle, à se mettre en valeur autant qu’elle le peut qu’à ses vingt ans. Ce n’est pas avec du vinaigre que l’on garde les mouches, ce n’est pas en se laissant allée qu’elle gardera Ji Hoon. C’est ce qu’elle s’appliquait à faire lorsqu’elle entendit la voix de Ji Hoon, son époux depuis de nombreuses années maintenant, s’élever derrière la porte puis y toquer.  « J’arrive. » Elle pose une derrière touche de rouge à lèvre sur sa bouche, regarde une dernière fois son reflet dans le miroir avant de sortir. Soudainement, elle se rendait compte du vacarme qu’elle pouvait faire, les murs de la salle de bain étouffant la musique de sa fille. Elle, cela ne la dérangeait pas trop mais elle se devait de soutenir son époux. Comme Ji Hoon quelques instants plus tôt avec elle, Joo Hee allait frapper à la porte de la chambre de sa fille avant d’ouvrir. « Sae, est-ce que tu peux abaisser le son s’il te plait ? ça agace ton père et si tu veux qu’il t’achète ton nouveau téléphone je te conseille de lui obéir. » Déclarait-elle à sa fille, lui adressant la dernière phrase à voix basse pour qu’elle seule l’entende. Sae Eun ayant baissé le son dès son entrée, elle lui envoyait un baiser imaginaire avant de retourner dans le salon. « Ce volume te convient-il ? » Adressa-t-elle à Ji Hoon avant de se servir un verre d’eau et de s’asseoir sur le canapé, la fille de leur défunt Léo nommée Léa (tellement d’imagination) la rejoignant très vite.

Lorsque Ji Hoon lui posait la question du pourquoi Sae Eun ne l’écoutait jamais, la réponse lui semblait pourtant évidente. « Elle ne t’écoute jamais parce que tu es son père. » Elle hausse un peu les épaules. Ne pouvant pas prendre cet exemple sur sa propre expérience car son père n’ayant que trop rarement était là, elle pouvait simplement se douter de la raison qu’en ayant observé les relations familiales de ses amies. Combien étaient-elle revenues en gueulant je déteste mes parents alors qu’elle ne le pensait pas le moindre du monde ? Et puis, c’était bien connu : ils pensent être indépendant, pouvoir l’être totale et les parents sont ces monstres qui viennent dicter leur conduite. Joo Hee passe mieux pour lui demander quelques choses sûrement parce qu’elle est la plus laxiste des deux. Elle ne râle pas trop pour la musique trop forte, lui préparait ses plats végétariens lorsqu’elle eut cette période, fait du shopping en ligne avec elle lorsqu’elle est malade comme si cela allait la soigner. Alors que Ji Hoon, bien qu’il ait aussi ses moments privilégiés avec elle, reste un peu plus stricte. « T’es juste un peu plus strict alors tu lui donnes plus de matière à se rebeller. Mais ça va passer, sa crise d’adolescente va passer. »

Sa main vient caresser le doux poil de son animal (Léa, pas Ji Hoon voyons) alors qu’elle jetait un bref coup d’œil au téléphone de son époux car après tout cela la concerne forcément. Continuant de flatter son chien qui ne tarde pas à se mettre sur le ventre pour en demander davantage, la jeune femme l’écoute parler de l’avenir de leur fille. Il n’avait pas tords, cela approchait à de bien grands pas. Joo Hee stressait même de plus en plus mais s’appliquait à ne pas le montrer car cela n’avait clairement rien de bon ni pour elle, ni pour Ji Hoon et encore moins pour Sae Eun. Bien sûr qu’elle voulait le meilleur pour sa fille, bien sûr qu’elle aimerait elle aussi que celle-ci intègre la Yonsei mais elle ne voulait nullement lui mettre la pression ou la forcer à aller dans une université qu’elle ne désire pas. Fort heureusement, sa fille lui avait déjà confié vouloir intégrer la même université que ses parents. « Elle travaille beaucoup. » Cela l’avait même quelque peu mais agréablement surprise d’ailleurs. Soudainement, les souvenirs de ses années universitaires lui revenait et faisait naître un large sourire sur les lèvres. « Tu te souviens lorsqu’on a appris qu’on devait partager notre chambre chez les pyobeoms ? »

La Yonsei était un véritable puit de souvenir pour Joo Hee, des bons comme des mauvais. Elle se souvient encore des soirées étudiantes complètement folles, du silence lourd dans les amphithéâtres pendant les partiels, de ses cours de théâtre et de la bouffe infâme de la cantine, les fraternités ... Tant de longues années passées là-bas, comment oublier ? Un brin nostalgique, elle demandait à Ji Hoon si il se souvenait du jour où ils ont appris qu’ils partageront leur chambre. Elle, elle pouvait aisément se le remémorer. Fidèle à elle-même, elle n’avait pas stressée le moindre du monde. Elle aurait pu littéralement paniquer à l’idée de cohabiter avec trois garçons, s’imaginer le pire et demander une nouvelle distribution pourtant il n’en fut rien. Elle pouvait bien supporter Ji Bok qui valait bien cent gogoles alors trois garçons d’apparence mentalement stable, c’était bien facile. « Dégonflée pour quoi ? De partager ma chambre avec des garçons ? » Ji Hoon était si jeune à cette époque, bien plus qu’elle et pourtant bien plus intelligent qu’elle. Le courant était immédiatement bien passé et aujourd’hui, ils étaient mariés. Lorsqu’elle y pense il fut un temps elle ne l’aurait jamais imaginé. Totalement aveuglée par l’amitié, ayant sûrement contribué au Don Juan qu’il fut un temps, ils mirent bien du temps à se rendre compte de leurs réels sentiments. « Tu imagines si elle refait exactement la même histoire que nous ? Genre, devenir amie avec son colocataire de chambre, tombé amoureux puis se marier ? Sans les cochonneries dans le bureau bien sûr, ma fille est pure elle ne fait pas ce genre de choses ! »

Puis il y avait d’autres souvenirs un peu plus mauvais. L’incendie de l’université, Ji Bok qui fut forcé de quitter les Gumiho, les enlèvements juste pour la blague, Missha qui la force a quitter les pyobeoms, toutes les fois où Ji Hoon et elle se sont engueulés pour x ou y raisons et bien sûr leur accident de voiture bien qu’il ne soit pas tant en relation avec la Yonsei. Pourtant si elle devrait recommencer, elle ne changerai rien. Elle y a énormément appris et aujourd’hui sûrement elle ne serait pas celle qu’elle est sans tout cela. Le souvenir des pyobeoms la poussait à se questionner. « Si les pyobeoms existent encore, tu penses qu’elle y ira ? Je me demande à quoi ressemble les fraternités maintenant … »

Joo Hee souhaitait le meilleur à Sae Eun. Peu importe si elle intégrait la Yonsei ou non, peu importe ce qu’elle étudiera et peu importe si elle y rencontre un garçon – ou une fille – comme elle put le faire. Elle est sa fille, la personne la plus importante à ses yeux la chair de sa chair, le sang de son sang. Elle donnerai tout pour elle, tout pour un simple sourire, le monde entier pour qu’elle soit heureuse quitte à ce que elle ne le soit pas. Alors elle pouvait simplement imaginer, se questionner, mais peu importe ce qu’elle fera de ses années universitaires, si elle y fait des erreurs ou pas, elle l’aimera toujours d’un amour infini. « C’est vrai, mais je suis certaine que l’on peut lui faire confiance pour cela. » Sae Eun faisait bien semblant de se moquer de ses études, de prétendre que cela lui passe par-dessus la jambe mais Joo Hee sait que cela est totalement faux. Elle la voit, elle l’observe, et sûrement le fait que Joo Hee est moins sur son dos pour les études que Ji Hoon l’aide sûrement à obtenir plus de sincérité de sa part. Si elle prétend le contraire à son père, c’est clairement par provocation, tout simplement.

Ses longs doigts caressant la tête de son animal, l’actrice se mit à alors à se remémorer les souvenirs passés avec les fraternités. Les attaques, les alliances qu’elles soient vraies ou fausses … Bien sûr que parfois cela partait loin mais cela fait partie du meilleur de ses années universitaires, sûrement que cela aurait été moins amusant sans ces guerres incessantes. « Tu penses qu’il n’y en a plus ? » S’étonnait-elle. Elle en doutait, les fraternités existent depuis bien longtemps, encrées dans l’histoire même de l’université. Sûrement qu’elles ont évoluées mais elle doutait qu’elles n’existent plus.
La jeune femme le regarde se lever, continuant de flatter sa chienne, croisant ses jambes. Elle réfléchit quelques instants à la question de son époux. Quel cursus Sae Eun allait poursuivre ? « Je ne pense pas qu’elle se dirige dans un cursus semblable aux nôtres. » Commence-t-elle, ne niquant nullement sa mine réfléchie. « Je pense qu’elle fera quelque chose comme le stylisme ? Ca lui irait bien je trouve. »

Voir sa première fille entrer à l’université mettait une claque monumentale à Joo Hee. Cela faisait longtemps qu’elle avait quitté les bancs des amphithéâtres maintenant et ce fait était une expression concrète qu’elle n’était aujourd’hui plus toute jeune. Pourtant en regardant derrière elle, elle pouvait être fière d’avoir réussie sa vie. Elle avait un mari toujours présent malgré les années et qu’elle aimait comme aux premiers jours, des enfants merveilleux qui l’aimait autant qu’elle les aimait malgré les bêtises qu’ils peuvent faire et sa carrière dans l’acting et le mannequinat avait pris une ampleur considérable. Elle ne regrettait rien, absolument rien, pas même les quelques faux pas qu’elle eut pu faire, même les choses les plus insignifiantes. Les effacer pourrait changer considérablement toute sa vie, elle n’aurait certainement pas appris certaines choses qui font la femme qu’elle est aujourd’hui. Elle espérait le plus sincèrement du monde qu’il en sera de même pour Sae Eun, quand bien même elle serait toujours aussi fière d’elle et qu’elle l’aimera toujours sans limite malgré ses choix.

Son regard se levait vers Ji Hoon qui la rejoignait finalement, son éternelle tasse de café à la main. « Non merci. » Elle refusait poliment sa proposition avant de le voir réfléchir quant à l’avenir de leur fille ainée. « Elle me vole mes vêtements parfois, sans parler de mes chaussures. Elle m’a même coupé des hauts et des jeans alors j’espère sincèrement que c’est sa voie de prédilection sinon je l’étripe. » Elle n’était pas sincère, elle passait beaucoup de chose à sa fille et même si la mode ne serait pas son secteur, elle avait le mérite de faire des supers fringues malgré elle. « Non je plaisante elle prend la voie qu’elle veut de toute façon ça ne changera rien.» Elle baisse à nouveau la tête vers sa chienne pour la caresser avant de reporter à nouveau son attention vers Ji Hoon.  « Je pense que tout ira bien pour elle, elle travaille vraiment bien sans faire vraiment de réels efforts. Ca, elle doit le tenir de toi. » Elle se mit à rire légèrement avant de poursuivre. « J’espère juste que tout ira bien pour elle là-bas niveau intégration et qu’elle se fasse autant de bons souvenirs qu’on en a nous de cette époque. Qu’elle ne fasse quand même pas trop de bêtises du moins, pas pire que les nôtres. » Elle finit par cesser de flatter son animal pour retenir sa tête, le coude sur le dossier de canapé. « De toute façon si elle ralentit son rythme de travail on peut serrer la vis en la privant d’argent et en lui offrant une gueulante. » Elle hausse les épaules simplement avant de se mettre à sourire. « Tu es toujours aussi beau qu’à l’université. »