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It's the mask that falls off (+) caemi
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It's the mask that falls off (+) caemi | Mer 19 Avr - 2:43 Citer EditerSupprimer
Tu la cherches, tu la piques, sans réellement savoir, sans réellement comprendre. Elle t'attire. Elle te charme. Mais sous le vernis du jeu et de la moquerie, tu restes inaccessible. Elle n'est qu'un passe temps, elle n'est qu'une heure volée de ton temps, elle n'est qu'un sourire moqueur et une poignée d'humour. Tu ne te serais dévoilé. Mais le destin, fourbe, ne te laisse pas le choix. Elle voit ce que tu dissimules au plus profond de toi, sous le masque dur et brisé d'un homme qui n'est pas que froid.
Je perdais rarement mon calme. Il était un voile permanent tiré sur un visage impassible, auquel seules la moquerie, le charme et l'ironie donnaient vie. Mais parfois il se déchirait, tailladé par le couteau invisible d'un passé qui planait, vicieux et silencieux. Alors lui survenait. Son image se reflétait dans l'eau sous mes prunelles concentrées, dans un ciel noir à la lune assassinée ou dans les ombres effilochées de ses anniversaires, saluant aussi bien une vie fauchée qu'une mort lointaine. La blessure, la peine, le poids de la culpabilité brisaient alors ce malsain détachement pour laisser transparaître une douleur profonde et une fragilité éphémère. Celle d'un cœur arraché, coupé en deux par un destin sournois et cancérigène. Heureusement, je ne goûtais que rarement aux sels de mes propres blessures et ce bien que la souffrance, tapie dans un coin de mon esprit, attendait patiemment son heure pour survenir aux moments les plus inattendus. Cet enfant le fut. Silencieux dans une eau qui l'engloutissait, il ne criait pas. Il se débattait seulement pour échapper aux tentacules d'une mort qui l'enlisait en se moquant de ceux qui l'aimaient. Depuis des années, j'étais imperméable à la douleur des autres. Qu'elles soient physiques ou seulement psychologiques, les larmes, les prières et les suppliques glissaient sur ma peau sans jamais pénétrer un être endurcit. Mais la pierre qui m'enrobait n'existait plus face à ce tableau aux couleurs du passé. A l'image de l'inconnu se superposa celle d'un frère qui n'existait plus, sinon dans mon cœur bloqué et compressé. Je le vis dans sa chevelure noire, dans sa manière de se mouvoir, dans les cris muets que sa gorge tentait de cracher sans y parvenir. Ce fut brusque, soudain. Je ne réagissais pourtant jamais par instinct. Je savais maîtriser mes pensées et mon corps, et je n'agissais jamais sans réfléchir et analyser. Pas cette fois. Transporté dans mes propres souvenirs, revivant la douleur et la culpabilité qui me ceignaient depuis sa disparition, je courus jusqu'au bord de la rivière et plongeai. L'eau imbiba mes vêtements, alourdissant mon jean et cette veste qui flottait tout autour de mon ventre. Elle était froide. Glaciale. La peur l'était aussi. Celle de ne pas pouvoir le sauver, celle de le perdre au profit d'une faucheuse dédaignée. Je tirais sur mes muscles, au point que la douleur noya mes muscles pourtant entraînés. Mais je finis par l'atteindre. Mon bras s'enroula autour de son buste, si chétif, puis je le tirai hors de l'eau, avec une précision que me garantissait seulement des années de pratique. Car mon cerveau ne fonctionnait plus, suffoqué par la terreur. Le tenant solidement contre moi, je brassais jusqu'à la rive et le tirai sur l'herbe, où un véritablement attroupement commentait une scène que l'angoisse dominait largement. Mais j'étais imperméable à toute autre chose que l'enfant que je venais de poser sur l'herbe. Ses joues pâles et ses yeux fermés me poignardèrent. Ce n’était pas son visage que je voyais mais le mien. Le sien. Le reflet d'un passé ancien, la réminiscence d'une mort, d'une perte, d'une cassure. Je pinçai le nez du petit garçon et ouvris sa bouche pour souffler. « Respire. » lui intimai-je en me redressant pour commencer un massage cardiaque. Les secondes étaient interminables. « Respire ! » hurlai-je la voix brisée tandis que mes yeux embués trahissaient l'enfant survivant. L'eau jaillit et il crocha, toussa, rejeta le liquide et la mort qui stagnait dans ses poumons. Alors le visage de mon jumeau disparut et je vis pour la première fois les traits de l'enfant. Il fut arraché au sol par sa mère, que je n'avais pas vu arriver. Après tout, les autres n'existaient pas vraiment. Lui même avait cessé d'exister à la seconde où la vie avait ré imbibé ses traits juvéniles. Mon frère était mort. « Merci, oh merci. » sanglota sa mère sur laquelle je posais un regard absent. Trempé jusqu'aux os, je me redressai et m'éloignai d'une scène dans laquelle j'avais joué un rôle malgré moi. Le froid me rattrapait, guidé par l'onde de choc qui m'avait traversé de la tête au pied, intensifié par l'eau qui imprégnait mes vêtements et plaquait mes cheveux contre mon front et mes pommettes. Je sentais sa caresse jusque dans mes lèvres bleuies, jusque dans ce muscle figé. Le masque n'existait plus. Il venait d'être fracassé, réduit en mille morceaux par une scène qui n'avait pas duré plus de quelques secondes. J'inspirai profondément, pour chasser l'enfant, pour chasser la peur mais surtout la souffrance. Je ne m'attendais pas à la voir. Je ne m'attendais pas à lui montrer un tel visage, ni même à ce qu'elle assiste à une telle tempête émotionnelle. Assise dans l'herbe, un de ses éternels livres à la main, elle avait la tête levée. Mais je n'étais ni d'humeur à jouer, ni même à lui montrer une partie de cette âme que je sauvegardais. Mes prunelles glissèrent. Sans la fuir, je l'ignorais. Je passai devant elle, en faisant fit des larmes ensanglantées du souvenir et de celles que pleuraient une chevelure trempée. Je m'avançais jusqu'à un banc, à une dizaine de mètres, jusqu'à craquer sous les claquements de dents et les frissons incontrôlables. Alors je retirai ma veste pour la poser sur le dossier du banc et m'assis sur le bois, en plein soleil. Il était en retard. Je plongeai les doigts dans la poche serrée de mon jean et en extrait mon téléphone, qui faisait grise mine. Je serrai les lèvres et le démontai. L'eau ruissela, achevant un appareil qui n'avait plus aucune utilité si ce n'est celle d'habiller un cimetière technologique. Je soupirai faiblement, les sourcils légèrement levés et fermai les yeux en essuyant mon visage de mes deux paumes. Elles étaient humides, comme mes joues, comme mes yeux aux cils habillées d'une multitude de gouttes.
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Jeu 20 Avr - 0:10 Citer EditerSupprimer
Si les émotions pouvaient parler, elles crieraient ta solitude. Tu tiens tant que ça à conserver ta carapace ? Cette enveloppe qui te coupe du monde et qui obstrue ta vue si bien que tu en perds le plus important. La sensation d'être entouré, la chaleur humaine qui éclairera peut être un jour, ton visage d'un sourire sincère.
Pas de baby sitting, pas de service à la tarterie, ses thèses et ses essais étaient tous rédigés et prêt à être remis à ses prochains cours. Eos était à une compétition de Muay Thai, et Risae l’avait elle aussi abandonné pour un moment en famille. La coréenne était seule avec elle-même et ses livres pour combler un moment, un temps libre dont elle n’avait pas l’habitude. Le soleil et la chaleur se faisait encore timide, mais les jardins reprenaient leurs couleurs d’été avec des arbres dont les feuillages gagnaient en verdure. Il aurait été dommage de ne pas en profiter, alors Eun Mi s’était mis en tête d’aller s’installer à l’ombre d’un feuillu, un plaid sous le bras et un bon roman en main. L’air était doux, mais la brise fraîche venait souligner un temps encore trop instable. Perdue dans les pages, la coréenne fut dérangée par un petit garçon d’à peine une dizaine d’années. « Dis madame, tu lis quoi ? » Le sourire aux lèvres, elle tenta vainement de lui en lire quelques passages avant qu’il ne s’intéresse davantage à sa couverture, un cadeau de son père juste après avoir intégré les Gumihos. Les parents du garçonnet, installés un peu plus loin, ne perdaient pas un moment des yeux leur progéniture, si bien qu’Eun Mi se sentait épiée et surveillée. La liberté qu’elle avait tant espérée lui glissait entre les doigts, mais pour cette petite tête brune, elle était prête à échanger ces quelques heures. Elle sortit feuilles et crayons pour occuper son nouvel ami jusqu’à ce qu’il ne daigne retourner auprès de sa famille. « Fais bien attention à toi, et regarde où tu mets les pieds d’accord ? » L’inquiétude de la baby sitter ne connaissait pas de repos, mais elle oublia bien vite son gagne-pain au profit d’une lecture qu’elle connaissait pour l’avoir déjà parcouru. La suite se déroula sous ses yeux à une vitesse effrénée. Au moment où elle releva ses prunelles, elle vit un jeune homme se précipiter dans la rivière sans même regarder autour de lui les quelques personnes qui s’étaient rassemblées. Il ne lui fallut que quelques minutes pour ressortir de l’eau avec un enfant dans les bras, le nouveau camarade de la coréenne qui gisait dans les bras de son héro. La scène lui semblait irréelle et la pétrifiait sur place sans avoir besoin de rejoindre la foule des curieux et des inquiets qui gonflait face à un garçon qui venait d’être sauvé. Elle ne connaissait que trop bien cette peur, se noyer était aussi un cauchemar. Ne sachant pas nager, elle évitait soigneusement les piscines ou les lacs qui la narguaient de leurs abysses. Elle avait d’ailleurs bien failli y succombé un malheureux jour où elle avait surestimé ses capacités en matière de fuite en avant. Retenant sa respiration, elle observait de loin le sauveur s’acharner sur le corps si frêle d’un garçon qui venait d’échapper à une mort certaine, et elle ne s’en rendit compte que lorsqu’il tressauta, recrachant l’eau qui s’était insinuée vicieusement dans ses poumons juvéniles en reprenant à son tour l’air que ses poumons attendaient. Elle aurait dû faire plus attention avant de le laisser repartir. Elle aurait dû le suivre des yeux jusqu’à ce qu’il regagne ses parents dont les traits étaient déformés par la terreur et la gratitude envers ce bon samaritain. Il se détacha d’ailleurs rapidement du reste du groupe, préférant un instant de solitude, et ce ne fut que lorsqu’il passa devant Eun Mi qu’elle reconnut le nageur expérimenté, Caem. Elle le suivait du regard sans comprendre l’ombre qui éclairait les prunelles qui glissèrent sur elle, et sans même chercher à l’éviter. Elle ne savait pas quoi, mais il y avait dans son comportement un appel à l’aide, ou du moins c’était ainsi qu’elle l’interprétait. Il trainait le pas jusqu’à un banc à peine plus loin pour s’y laisser choir mollement. Elle aurait dû l’ignorer, continuer son roman, se concentrer sur autre chose, tout sauf lui. Mais le cœur de la coréenne était sans doute trop tendre, ou trop naïf. Elle rassembla d’un geste ses affaires et se dirigea vers son tortionnaire. L’hésitation freinait son ascension jusqu’à ce qu’elle se retrouve finalement à son côté. Son expression était douloureuse, elle ressemblait à celle d’une âme déchirée, torturée par un secret dont lui seul avait connaissance. Les gouttes qui ornaient ses yeux firent voler en éclat la méfiance qu’elle pouvait lui porter. « Caem ? Tu t’es fait mal quelque part ? Est-ce que ça va ? » Le vent froid qui soufflait paresseusement devait être une torture en étant ainsi trempé. Elle sacrifia alors son plaid pour lui permettre de se couvrir un minimum. Après tout, elle avait laissé sa vigilance de côté lorsque le bambin avait quitté sa compagnie, était-elle en partie responsable ? Il ne lui fallut qu’une fraction de seconde avant de décidé que oui, elle était adulte et sa responsabilité avait été engagée au même titre que n’importe qui aurait pu passer un moment avec le petit qui avait failli en perdre la vie. D’un geste elle recouvra le nageur. « Tu vas tomber malade si tu restes comme ça ! » Eun Mi aurait pu le laisser se débrouiller seul, mais en voyant le téléphone sans vie dans ses mains, elle ne put s’empêcher à nouveau de lui proposer son aide. « Est-ce que …tu as besoin d’appeler quelqu’un ? » Il lui avait fallu s’armer de courage pour braver le regard noir et froid qui l’assassinait sur place. Tu fais ce qu’il faut, ne te laisses pas impressionner. S’il ne veut pas de ton aide, tu pars et tu le laisses. Pas de réponses. Elle allait tourner les talons, mais elle n’arrivait pas à se résigner le laisser seul et frigorifié. Qu’y avait-il de si attirant chez lui pour qu’elle se sente obligée de vérifier une dernière fois qu’il allait bien et qu’elle pouvait le laisser se prendre en main comme un adulte ? Elle comptait l’attaquer, de la même façon qu’il s’en prenait à elle lorsqu’ils venaient à se croiser, mais les iris noyés de Caem la coupèrent dans son élan. Prenant une profonde inspiration, elle décida de s’asseoir à côté de lui, muette quelques minutes pour finalement briser le silence. « Tu sais si tu as besoin d’aide tu peux le dire. » Son ton se voulait rassurant, et pourtant, elle appréhendait un nouvel échange dont il avait le secret, de ceux qui avaient le don de réveiller une colère habituellement endormie, enfouie là où elle n’irait pas la chercher elle-même.
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Ven 21 Avr - 21:46 Citer EditerSupprimer
Tu la cherches, tu la piques, sans réellement savoir, sans réellement comprendre. Elle t'attire. Elle te charme. Mais sous le vernis du jeu et de la moquerie, tu restes inaccessible. Elle n'est qu'un passe temps, elle n'est qu'une heure volée de ton temps, elle n'est qu'un sourire moqueur et une poignée d'humour. Tu ne te serais dévoilé. Mais le destin, fourbe, ne te laisse pas le choix. Elle voit ce que tu dissimules au plus profond de toi, sous le masque dur et brisé d'un homme qui n'est pas que froid.
Je soufflai sur mes paumes mais la chaleur s'effaça dès qu'elle eut rebondit sur ma peau froide. Serrant les lèvres, je baissai la tête et enfouis mes deux mains dans mes cheveux humides. Je n'aimais pas cette fragilité qui saignait mon cœur battant, pas plus que cet abattement né d'une peur incontrôlable. Il était mort. Mort. Depuis quatorze ans. Je secouai la tête et me redressai pour plaquer mon dos humide contre le dossier du banc. Depuis une éternité. Une pulsation. Je serrai les dents et tournai la tête pour regarder mon téléphone, abandonné près de ma cuisse moulée. Finalement, il me lâchait au bon moment. J'avais besoin de solitude et de temps pour me remettre d'une émotion qui m'avait giflé avec une force aussi brusque qu'inattendue. Mais elle poignarda le silence, piétina le désir et imposa sa présence. Je tressaillis, puis me contractai. Le voile de mes cils chuta et mes lèvres fuirent pour laisser jouer une langue plus impassible qu'un visage fermé. « Va t'en. » Mais les mots, à peine soufflés, n'atteignirent pas la naïveté incarnée. Plutôt qu'une solitude à laquelle j'aspirais, je la sentis m'offrir un lourd vêtement qu'elle posa sur mes épaules. Une chaleur diffuse se propagea dans mes veines, aussitôt assassinée par un orgueil glacé. Je levai les yeux vers elle et la fusillai du regard. Plus une once de moquerie ne l'habillait. Il était d'encre, dur. Lointain. « C'est ta présence qui me rend malade. » Le remord ne m'effleura pas à l'écoute de mots pourtant durs et tranchants. Mais elle n'entendait pas plus que la dernière fois. Insensible à la vérité, prisonnière d'un monde qui n'existait pas, elle était pétrie de bonne volonté, à l'image de ces filles naïves qui pullulaient dans les mangas japonais. La douceur voila deux pupilles hésitantes alors qu'elle mentionnait mon téléphone noyé. A l'image d'une patience inexistante. Stoïque, je me contentai de la fixer, sans parvenir à percevoir les limites de sa bêtise. Le faisait-elle exprès ou était-elle réellement aussi … Irrité, je haussai un sourcil et détournai les yeux, pour retenir la violence qui me submergeait. J'avais envie de la secouer et de lui montrer le monde tel qu'il était. Sombre, gris … mais certainement pas rose ou bleu comme elle semblait le croire. D'une main ferme, je poussai le plaid qu'elle avait posé sur mes épaules. Il glissa, offrant de nouveau mon buste aux épingles d'un froid qui s'y plantèrent avec délectation. « Pars. » La violence s'était sauvée, pour ne laisser dans mon ton qu'une supplique à peine déguisée. Elle était froide, détachée mais dans les notes entrelacées se lisaient clairement un besoin qu'elle n'était pas prête à donner. Ou même à admettre. Je pris une profonde inspiration pour ne pas lâcher les insultes que son côté borné m'inspirait. Une nouvelle fois, et alors que je pensais avoir vu chez elle tout ce qu'il y avait à voir, elle me surprenait. Elle restait. Plutôt que de fuir le tranchant d'une voix ou la froideur d'un regard, elle s'assit sur le banc, nimbée de précaution et de gêne. Mais elle faisait fit de tout ce qu'elle ressentait pour faire face au fauve que je représentais. Je pressai mon bras contre ma cuisse et glissai les doigts sur un front que je dénouais d'une pression. Un sourire naquit et esquissa le vide émotionnel dans lequel je désirais plonger mais que je ne parvenais pas encore à effleurer du bout des doigts. Mais comment reforger une concentration annihilée avec cette fille à mes côtés ? « J'ai besoin d'aide. » admis-je avec une indifférence affichée. Mais je savais qu'elle n'imprégnait que mon timbre. Mon visage, lui, était encore en proie aux larmes de la rivière que le soleil, pas plus que le temps, ne parvenaient encore à sécher. « Pour une fois, je vais te demander de m'écouter. Laisse moi tranquille. Je ne suis sensible ni à tes bons sentiments ni à ta gentillesse excessive. Tout ce que tu parviens à faire, c'est m'irriter profondément. » La flamme de la colère, pourtant si peu familière, étreignait mon cœur à vif et blessé. Mon calme s'était brisé sur les rochers du souvenir et de la peine autrefois ressentie. Du vide. Du chagrin qui saignait mon âme depuis tant d'années. « Ne me force pas à être odieux et à te faire partir en larmes. Tu sais que j'en suis capable. Alors prends ta couverture et ton côté bon samaritain pour en faire profiter quelqu'un d'autre. » J'enfonçais les doigts dans le plaid, et plus précisément dans un visage de renard dessiné. Eun Mi était une Gumiho et par ce geste inconscient, elle était celle que j'écrasais pour l'éloigner. De moi, de mes épaules, de cette langue acérée et de ce désir de la voir disparaître. Je fis tomber la couverture sur ses genoux puis me désintéressai d'elle. Elle aurait dû cesser d'exister. Mais je percevais sa chaleur, sa douceur et tout ce qui m'horripilait le plus chez elle en cette seconde. « Hyung ! » Pourquoi entendais-je sa voix ? Survenue d'outre-tombe, elle résonna longuement dans ma tête atrophiée par une peine refoulée. Je serrai les dents et posai deux onyx chavirés sur un enfant souriant. Trempé et recouvert d'un manteau largement trop grand, il tendit la main pour m'offrir un trèfle. « Tu m'as sauvé la vie Hyung. Merci ! » Inconscient de l'impassibilité que je lui opposais, il posa la feuille sur mon jean. Sa mère se répandit alors en remerciement. Une, puis deux minutes. Les lèvres serrées, je me contentais de regarder son fils qui se tenait près d'elle. Sa main s'était refermée sur le tissu de son pull, comme s'il peinait à la lâcher maintenant qu'il avait faillit la perdre. Je détournai les yeux et posai le bras sur le dossier du banc alors qu'elle s'adressait à Eun Mi. Quelques secondes plus tard, elle quittait enfin les lieux, en emportant dans son sillage les dernières réminiscences de la journée. Je n'étais pas le héros qu'elle avait mentionné dans son discours aseptisé. Je n'avais sauvé son fils que parce qu'il m'avait rappelé mon frère décédé. Que parce que sa silhouette m'avait frappé par des similitudes que j'aurais préféré ignorer. J'inspirai profondément pour remplacer l'air toxique qui noyait mes poumons. Alors, et reprenant pied, je retirais mon t-shirt et l'essorai fermement pour en chasser aussi bien l'eau que mon « exploit ».
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Sam 22 Avr - 16:53 Citer EditerSupprimer
Si les émotions pouvaient parler, elles crieraient ta solitude. Tu tiens tant que ça à conserver ta carapace ? Cette enveloppe qui te coupe du monde et qui obstrue ta vue si bien que tu en perds le plus important. La sensation d'être entouré, la chaleur humaine qui éclairera peut être un jour, ton visage d'un sourire sincère.
Eun Mi n’écoutait pas ses supplications, elle restait sourde à des paroles qu’elle estimait ne pas mériter. Elle faisait fi de leurs différents pour lui venir en aide et la seule chose qu’il trouvait à lui dire était de s’en aller ? Son regard froid et dur aurait pu la faire fuir, mais elle y décelait une douleur qu’il n’avait, jusqu’à présent, jamais montré. Ses mots furent douloureux, mais pas assez pour parvenir à la décourager. Téméraire Eun Mi, elle prit une profonde inspiration, et après une seconde d’hésitation, elle s’installa sur le banc, espérant que sa présence soit un certain réconfort. « Il suffit de plonger son regard dans le tiens et d’y apercevoir cette bonté qui est en toi pour redonner à n’importe qui son sourire, n’oublie jamais ça ! Tu es un vrai soleil, il faut croire en ta chaleur. » Des paroles qui étaient un véritable réconfort pour la coréenne, d’autant plus que ce furent les dernières de sa mère avant qu’elle ne se décide à rejoindre les cieux. Elle tentait de s’y accrocher comme à une bouée en pleine mer, elle était douée pour ça. Réconforter et soutenir des âmes en proie à une douleur, même invisible, elle s’était promis de ne jamais laisser personne souffrir seul et en silence. Ses gestes trahissaient une lutte intérieure, et même si sa colère était dirigée contre elle à ce moment, elle savait que ses démons, eux, n’étaient pas tournés vers la jeune femme douce et naïve. Il repoussa son plaid d’un geste. Pourquoi essayait-il de jouer au plus fort ? Qu’y avait-il de si humiliant à accepter une aide pour le moins ordinaire en se protégeant uniquement de la brise encore trop fraiche de ce début de printemps ? Il la repoussa une nouvelle fois, et les sourcils froncés, elle était bien décidée à rester à sa place. C’était devenu un défi, elle ne voulait plus céder à ses attaques. Il avait réveillé en elle un côté qu’elle ne connaissait pas et qu’elle se découvrait un pu plus à chacune de leur rencontres. Étrangement, cette nouvelle facette lui plaisait, c’était un véritable combat, mais la récompense en était chaque fois plus grisante. Alors elle lui tenait tête. Sa voix se brisait à peine passait-elle la barrière de ses lèvres, et ses traits trahissaient une fatigue et une lassitude qu’elle ne reconnaissait pas en Caem. Aussitôt cette pensée lui traversa l’esprit qu’elle se mordit l’intérieur de la joue. Depuis quand le regardes-tu avec autant de ferveur Eun Mi ? Il souffrait. La coréenne n’avait aucune idée de ce qui l’oppressait de cette manière, mais elle était persuadée qu’il méritait, au même titre que n’importe qui, de jouir d’un soutien, et même de sa part. Elle passerait outre les rancœurs, les joutes verbales et les moqueries en lui apportant ce qui lui manquait. Eun Mi ne prétendait pas trouver la réponse à tous les maux qu’elle voulait panser, mais elle savait pertinemment qu’une présence, la chaleur d’un sourire et la douceur d’un regard étaient souvent bien plus utiles que milles mots. Puis il avoua. Une confession douloureuse et pourtant qui laissait son visage impassible, comme dénuée de sentiments. Mais pourquoi faisait-il marche arrière ? Il se confessait puis rebroussait chemin avant même qu’on lui tende une main, il appelait à l’aide puis repoussait le moindre secours aussi désintéressé soit-il. La coréenne soupira, il se montrait borné et ne se rendait même pas compte qu’il avait seulement besoin d’une impulsion, une étincelle qui lui permettrait certainement de trouver à nouveau la paix, ou du moins de faire taire cette bataille qui faisait rage dans son cœur. « Penses-tu sincèrement que je suis aussi faible que ça ? Que de simples mots peuvent avoir raison d’une volonté inébranlable ? » D’une voix douce, elle tentait de ne pas le faire fuir, elle savait très bien qu’il se renfermerait si tôt que les hostilités seraient lancées. Au moment où il se débarrassait du plaid, refusant un acte de générosité qu’elle estimait banal, le petit garçon refit son apparition. Elle ne fut pas touchée de ce rejet, et de voir ce petit à nouveau sur pied, sain et sauf était son plus grand soulagement. Eun Mi pensait trouver un semblant de réconfort dans les traits de Caem face à un être dont il venait de sauver la vie. Mais encore une fois, il restait de marbre… ou presque. Elle crut apercevoir une ombre l’étreindre, une nouvelle douleur qu’il peinait à masquer cette fois-ci. Et alors que le garçon s’accrochait à son sauveur, ce fut la matriarche qui s’adressait à elle, la remerciant pour un geste dont elle ne tirait aucun mérite. Elle n’avait rien fait, et c’était sans doute ce qui la mettait le plus mal à l’aise. Après une nouvelle salve de remerciements, elle emporta sa progéniture, les laissant à nouveau seuls. Elle n’était pas une héroïne, mais Caem avait fait preuve d’un sang froid admirable en portant secours à un inconnu, elle devait bien le lui reconnaître. « Je ne te comprends pas. Ne trouves-tu pas un certain mérite à avoir pu sauver une vie ? C’était un geste admirable, il ne faut pas le minimiser ! » Elle tenta un regard doux et réconfortant vers lui, mais il semblait ne pas vouloir entendre ses paroles. Elle aurait pu lui monter une fanfare pour lui prouver qu’il avait réagit comme un héro qu’il aurait certainement préféré fuir. Ce ne fut que lorsqu’il enleva son T-shirt détrempé qu’elle sursauta. « Mais tu es fou ! » Il essora le tissu imbibé alors qu’Eun Mi montait le plaid devant ses yeux. Elle avait juste eu le temps d’apercevoir le torse du nageur. Un bref regard qui lui avait valu dé découvrir à nouveau le buste musclé qu’elle avait déjà pu admirer quelques semaines plus tôt, au détour d’une rencontre dans la piscine du campus. Un moment qu’elle n’arrivait pas à oublier même en y mettant toute la bonne volonté qui la caractérisait. Respire Eun Mi, il ne se met pas nu, cesses d’être aussi prude ! Prenant une nouvelle inspiration, elle refit son apparition en laissant la couverture retomber sur ses jambes. « Tu comptes vraiment finir à l’hôpital ? » D’un geste, elle passa de nouveau son plaid sur les épaules de Caem, récupérant dans son sac une pince qu’elle vint fixer juste sous son menton pour le faire tenir. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire satisfait, et s’il voulait s’en débarrasser à nouveau, alors elle ne chercherait plus à lui venir en aide. Mais elle espérait secrètement qu’il l’accepte enfin. « Tu sais exposer ses sentiments ce n’est pas faire preuve de faiblesse, c’est seulement une preuve d’humanité. Alors si tu as besoin d’aide… » Elle n’en revenait pas, elle tendait la main à Caem, le seul qui arrivait à l’irrité de son simple sourire moqueur, le seul qui arrivait à la mettre hors d’elle. « … Je suis là si tu as besoin. » Un nouveau sourire, un regard compatissant et qui prouvait son honnêteté. Mais une hésitation, s’il refusait ? Serait-elle capable d’ignorer sa douleur et de le laisser se noyer dans les méandres de souvenirs qui le torturaient ?
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Mer 26 Avr - 19:35 Citer EditerSupprimer
Tu la cherches, tu la piques, sans réellement savoir, sans réellement comprendre. Elle t'attire. Elle te charme. Mais sous le vernis du jeu et de la moquerie, tu restes inaccessible. Elle n'est qu'un passe temps, elle n'est qu'une heure volée de ton temps, elle n'est qu'un sourire moqueur et une poignée d'humour. Tu ne te serais dévoilé. Mais le destin, fourbe, ne te laisse pas le choix. Elle voit ce que tu dissimules au plus profond de toi, sous le masque dur et brisé d'un homme qui n'est pas que froid.
« Tu es faible, du moins tu t'obstines à l'être avec tout le monde excepté moi. Mais c'est un rôle que tu m'as attribué que je n'ai pas envie d'endosser aujourd'hui. Alors pour la dernière fois, fou moi la paix. » sifflai-je en lui coulant un regard aussi glacial que ma peau gelée. Mon cœur était le seul rebelle à échauffer doucement mon être tendu, face à deux visages que je n'espérais pas revoir. Je ne ressentais rien de particulier vis à vis d'une sauvetage plus impulsif que réel. Je n'avais songé qu'à lui et à la douleur qui m'avait noyé autrefois. Je n'avais songé qu'à mon muscle poignardé et aux larmes inversées. La mâchoire contractée, je regardais sans voir, j'entendais sans écouter. Je me voulais déconnecté d'un tableau qui m'importait peu et d'une scène qui me touchait plus que je ne l'aurais désiré. La voix d'Eun Mi perça le brouillard et la commissure de mes lèvres tressauta. J'enfonçai les doigts dans le tissu humide d'un haut retiré puis le secouai d'un geste brusque avant de répondre à une affirmation populaire. « Je sais nager. Je ne vois pas bien ce qu'il y a d'admirable là dedans. » répliquai-je froidement en agitant mon t-shirt fermement. L'héroïsme était la dernière chose qui pouvait expliquer un geste volé. En revanche … je contractai les bras et posai mon haut sur mon jean, les yeux perdus dans le vague. Je ne voyais plus l'herbe balayée par le vent, ni les rides qu'il dessinait sur la rivière à quelques mètres. Je n'étais conscient que du passé qui flottait et qui étranglait. J'inspirai profondément et secouai imperceptiblement la tête pour chasser les images qui m'envahissaient. Je ne voulais pas être victime des réminiscences de son corps raidit par le froid, de ses lèvres bleus, de son cadavre aux poumons noyés et au corps vide. Le voile de mes cils chuta, de même que les gouttes d'eau qui s'y accrochaient et qui s'éparpillaient à présent sur mes joues froides. Mais ce ne fut ni mon geste rebelle, ni même ma logique qui me sauvèrent de cette brusque noyade dans l'obscurité. Je tournai la tête vers elle et suivit son regard sur mon torse nu. « Je ne vois pas en quoi ça te concerne. » Je ne comprenais pas sa gentillesse excessive envers un mec qu'elle avait eu envie de cogner quelques jours auparavant. Une pensée sur laquelle je n'eus pas le temps de m'appesantir puisqu'elle jeta de nouveau son plaid sur mes épaules, avec une opiniâtreté qui me rappelait celle dont elle avait usé à la piscine. Je serrai les dents, appréciant peu l'idée d'être affublé de renards dessinés, d'autant plus qu'elle eut le culot d'accrocher la couverture avec une pince sous mon menton encore humide. D'une main calme, qui tranchait avec un regard acéré, je défis la pince qui m'étouffait. Les pans du plaid retombèrent sur mes épaules souplement alors que je posais l'objet sur ma cuisse. J'aurais retiré la couverture si elle n'avait pas attiré mon attention sur des émotions qu'elle tentait de voir. Peut-être au fond l'avait-elle perçue, cette douleur que je ressentais et qui, d'ordinaire, était noyé par un détachement en partie brisé. Je plissai les lèvres, pour la première fois muet face à l'une de ses phrases. Que dire à une fille qui laissait si facilement transparaître ses émotions ? Que dire sur le cliché bien répandu du mauvais garçon qui n'offrait rien de sa personnalité ? « Bien … puisque tu tiens absolument à rester, reste. » cédai-je en partit en retirant la couverture pour la lui donner. Alors j'enfilais mon t-shirt, sensible au froid qui mordait ma peau. J'avais besoin de bouger, de faire fonctionner mes muscles et d'échauffer un peu ce corps qui tremblait et bleuissait. Mieux, j'avais besoin d'un café pour oublier les épines de glace qui s'étaient fichées dans mon cœur depuis que j'avais vu cet enfant dans l'eau. « Puisque tu veux jouer les samaritaines, allons dans un café avant que je ne me transforme en statue de glace. » Je ramassai ma veste mais la gardai au poing, comme j'aurais désiré y enfermer toutes les émotions qui m'agitaient et noircissaient un regard posé sur elle. Elle se leva, nimbée de ce voile de douceur que j'avais longtemps perçu mais jamais ressentit. Néanmoins, je devais m'avouer qu'il apaisait quelque peu la déchirure qu'avait provoqué en moi la scène. Glissant les mains dans mes poches, je la laissai récupérer ses affaires puis m'avançai sans particulièrement l'attendre. Néanmoins, je percevais sa présence dans mon dos. Je m'immobilisai sur le trottoir et la sentis à mes côtés, non par sa force mais par ce mélange de bienveillance et de bonté qu'elle exhalait. D'ordinaire, un tel voile ne m'effleurait pas. Mais la fragilité d'un moment lui avait permit de toucher un peu plus un cœur désœuvré sous l'épais cuir dont j'étais entouré. Je glissai les dents sur mon inférieur puis traversai pour rejoindre le café qui faisait face au passage piéton. La chaleur du lieu me cueillit dès que je pénétrai l'endroit. L'humidité de mes vêtements m'indisposaient mais je me sentais mieux dans un lieu chaud que sur la berge fouettée par les vents. Je me dirigeai vers le comptoir, puis commentai un café noir et brûlant, assez amer pour m'arracher la gorge et me réveiller de ce semi brouillard qui persistait. Un léger sourire étira mes lèvres lorsque Eun Mi commanda sa propre boisson. Ce n'était ni de la moquerie, ni de l'arrogance. Elle lui ressemblait simplement. Je tendis ma carte sans lui laisser le loisir de protester puis m'approchai de la fenêtre pour m'installer avec délectation sur une banquette de cuir. « Pourquoi tu tiens absolument à m'aider ? Ne devrais-tu pas être contente de me voir un peu moins arrogant ? » lui demandai-je avant de tremper mes lèvres dans le liquide brûlant. Je plissai les yeux sous la chaleur mais bu avec une avidité mesurée l'amertume du café sombre. La chaleur se propagea dans mes veines et je repris pied mieux que je ne l'avais fait plus tôt. Son souvenir reculait, s'effaçait doucement dans une mémoire qui le rejetait. « J'ai connu quelqu'un qui s'est noyé quand j'étais enfant. » lui révélai-je en partit pour me décharger du peu de poids qui pesait encore sur mes épaules. « Cette histoire ne m'a donc pas rappelé de bon souvenirs. » J'en disais peu mais le prononcer suffit. La douleur s'évanouit de pupilles qui se posèrent sur elle, plus tranquilles. « Maintenant que proposes tu pour m'aider concrètement ? Je ne vois pas bien ce que tu peux faire contre le passé. » la provoquai-je, néanmoins avec moins de punch que d'ordinaire.
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Jeu 27 Avr - 21:04 Citer EditerSupprimer
Si les émotions pouvaient parler, elles crieraient ta solitude. Tu tiens tant que ça à conserver ta carapace ? Cette enveloppe qui te coupe du monde et qui obstrue ta vue si bien que tu en perds le plus important. La sensation d'être entouré, la chaleur humaine qui éclairera peut être un jour, ton visage d'un sourire sincère.
Les mots ricochaient sur elle, ne voulant pas y accorder une attention qui la pousserait encore une fois à éprouver colère et rage. Il pouvait la penser faible s’il en avait envie, rien ne remettrait jamais en cause la foi qu’elle avait en l’humanité et la bonté dont elle faisait preuve contre vents et marées. Caem refusait cette étiquette du héros, soit, Eun Mi ne voulait pas non plus lui imposer, mais elle ne comprenait pas pourquoi il refusait d’admettre qu’il venait de sauver la vie d’un être qui aurait été condamné sans sa présence. Pire, il s’exposait à la morsure du froid d’avril. Cherchait-il un moyen de souffrir ? Sans même hésiter, la coréenne balança une nouvelle fois son plaid sur ses épaules. « Cela me concerne parce que je suis à côté et que je ne peux t’ignorer c’est tout ! » Elle fixa le tissu avec une pince dont il se défit aussitôt qu’elle l’eut accroché. Eun Mi aurait pu s’évertuer à la remettre en place un nombre incalculable de fois qu’elle savait déjà qu’il serait sans doute aussi têtu. Contre toute attente, elle lui proposa son aide. N’ayant aucune idée dans quoi elle se plongeait, elle lui offrit tout de même son soutien, une main tendue qu’il serait libre d’accepter ou de refuser. Mais son bon sens lui interdisait de le quitter alors qu’il était… fragile ? Ne serait-ce que pour s’assurer qu’il ne tombe pas malade. Elle se sentait presque ridicule, le materner alors qu’il était plus vieux, et qu’il avait sans doute connu pire que d’attraper un rhume. Mais prodiguer des soins était devenu naturel pour la coréenne, la replongeant dans un passé encore trop proche, mais dont elle ne regrettait rien. Pas un seul des moments passés avec sa mère n’avait été un fardeau, et même s’ils étaient durs, elle en chérissait les souvenirs. Les derniers moments avec une matriarche douce, forte et fière. Sa vraie héroïne. Elle s’attendait à tout, sauf à ce que Caem n’accepte de la laisser veiller sur lui. Reste. Alors pourquoi se levait-il soudainement ? Comptait-il l’abandonner après lui avoir fait croire qu’il acceptait son aide ? « Je ne joue pas les samaritaines ! Je suis juste serviable et… » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle se leva, d’un bond pour ne pas se laisser distancer. Récupérant ses affaires, elle s’apprêtait à lui emboiter le pas. Suivre Caem… Eun Mi chercherais-tu à provoquer le Diable ? À peine quelques pas derrière lui, elle se figea lorsqu’il s’arrêta. Elle se tenait à côté de son tortionnaire, celui qui aimait lui rappeler qu’elle n’était rien dans ce monde, que par la seule force de sa bonne volonté elle ne pouvait que se faire croquer. Et étrangement, elle n’avait pas peur. Elle ne savait pas vraiment où aller, alors elle se contentait de le suivre jusqu’à un café. Si un jour on lui avait dit qu’elle aurait pris un café en compagnie de Caem… jamais elle n’y aurait cru. Mais elle devait bien se rendre à l’évidence, la vie était faite de surprises ! Il lui suffit d’à peine quelques enjambées pour rejoindre le comptoir et commander un café. Elle fut surprise lorsque les regards se tournèrent vers elle, et spontanément elle demanda un chocolat chaud. Rien ne valait un bon chocolat chaud pour se réchauffer, ou même se remettre de ses émotions, elle lui aurait d’ailleurs conseillé une boisson plus douce que son liquide aux effluves amers, mais n’en fit rien. Cherchant dans son sac un moyen de régler sa commande, elle fut prise de court par la gentillesse de Caem. « Op… » Elle se coupa dans son élan, après tout elle ne l’appelait plus Oppa depuis qu’il savait si bien la mettre en colère. L’air renfrogné, elle se contenta de le suivre jusqu’à une table. « Merci… pour le chocolat chaud. » La chaleur du lieu était agréable, sa tasse fumante laissait échapper un parfum doux et sucré, elle se sentait bien et elle aurait pu trouver cette sortie presque normale. Mais Caem était en face d’elle, il cachait une douleur qu’elle pensait percevoir et peut être même panser. Sa question resta en suspens. Pourquoi ? Eun Mi n’en avait pas la moindre idée, c’était un besoin, elle devait se rendre utile. Peu importait la personne, elle voulait se dire que sa présence pouvait être un secours. « Ce n’est pas une question d’être moins arrogant, même si… c’est agréable de ne pas se faire aboyer dessus. » Elle l’observait, s’attendant à nouveau à recevoir sa mauvaise humeur habituelle, mais au lieu de ça, il se confessa. Un aveu qui ne laissa pas Eun Mi de marbre. Un souvenir douloureux, sombre et particulièrement lourd à porter quand les circonstances voulaient qu’un petit garçon manque de se noyer sous ses yeux. La coréenne sentit son cœur se serrer à la pensée qu’il ait pu connaitre une telle épreuve. Un enfant. Elle ne put s’empêcher de penser à sa mère, elle qui était partie alors qu’Eun Mi était adolescente, apte à comprendre, capable de faire son deuil. Alors un enfant… Ne sachant que répondre, elle but une longue gorgée de sa tasse, et le chocolat chaud glissa le long de sa gorge, laissant une sensation de brûlure sur son passage. Elle n’avait en aucune idée de comment lui apporter son aide, elle n’avait aucune notion de psychologie mais elle savait que les fantômes qui hantent un passé peuvent être douloureux si l’on les conservait cachés. « Je ne peux rien faire contre le passé, mais je peux faire quelque chose pour le présent ! » C’était à la fois étrange et réconfortant de découvrir cette facette de Caem. Il n’était pas qu’un tyran, il n’était pas que cet homme qui aimait l’acculer et la pousser dans ses retranchement, il avait un cœur aussi, des sentiments et des zones d’ombres qu’il avait tenté de fuir. Son ton était plus las, moins piquant et elle pouvait y apercevoir une porte s’entrouvrir. Laissait-il enfin l’humanité regagner son être ? Elle ne voulait pas le replonger dans un souvenir sans doute encore trop douloureux, alors elle lui offrit d’abord un sourire timide, mais chaleureux. « Si tu ne veux pas parler de ton passé, on peut parler d’autre chose ! » En pensant à leur première rencontre, elle brûlait pourtant de lui demander si la natation était liée, s’il voulait dominer les éléments et reprendre le dessus de cette manière, mais les mots restèrent enfouis. Pas tant qu’il ne l’aura pas décidé. Il lui paraissait moins féroce, même derrière ses traits tirés, Eun Mi avait aperçu les lueurs d’une âme qui lui semblait éteinte, mais qui continuait pourtant de luire. Faiblement, mais elle était là. Les yeux de la coréenne pétillaient de nouveau. Il y a de l’espoir pour lui finalement. « Si tu me disais plutôt pourquoi tu bois ce liquide infâme ? Pourquoi un café plutôt qu’une boisson plus douce ? » Elle détournait son attention, sciemment, dans le but de l’apaiser et peut être de lui décrocher un sourire.
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Dim 7 Mai - 3:09 Citer EditerSupprimer
Tu la cherches, tu la piques, sans réellement savoir, sans réellement comprendre. Elle t'attire. Elle te charme. Mais sous le vernis du jeu et de la moquerie, tu restes inaccessible. Elle n'est qu'un passe temps, elle n'est qu'une heure volée de ton temps, elle n'est qu'un sourire moqueur et une poignée d'humour. Tu ne te serais dévoilé. Mais le destin, fourbe, ne te laisse pas le choix. Elle voit ce que tu dissimules au plus profond de toi, sous le masque dur et brisé d'un homme qui n'est pas que froid.
« Parce que tu penses sincèrement que je t'ai déjà aboyé dessus ? » lui demandai-je calmement, les lèvres imperceptiblement plissées en une moue amusée. En quelques mots, elle venait de me confirmer qu'elle était surprotégée par son entourage. Elle ne connaissait ni la colère, ni l'énervement et n'avait visiblement aucune idée du tempérament réel de l'homme qui lui faisait face. « J'ai été beaucoup de chose avec toi mais je ne me souviens pas m'être énervé. A moins qu'il y ait eu des scènes entre nous dont je n'ai gardé aucun souvenir mais j'en serais le premier étonné. » ajoutai-je avec une pointe de malice en plantant mon regard sombre dans le sien. Mais la moquerie et la provocation qui m'animaient d'ordinaire en sa présence semblaient s'être envolées, affadies par les émotions qu'avait réveillé la presque noyade de cet enfant. Et les mots m'échappèrent, en une confession à peine esquissée. Ils ne furent pas nombreux, à traduire la peine et la douleur qui pesaient sur mon cœur. Je ne faisais qu'effleurer ce qui s'était réellement passé mais une telle ébauche suffit à apaiser la souffrance qui pesait encore sur mon corps gelé. J'expirai doucement sur la boisson que je venais de lever, et des rides en sillonnèrent la surface, comme pour traduire un éloignement que je ressentais physiquement. Le soulagement fut un baume sur mon cœur malmené tandis que je trempais de nouveau les lèvres dans un liquide qui brûla ma langue et ma gorge à la pomme d'Adam mouvante. Mais j'en savourais la chaleur douloureuse, celle qui lécha mes veines et apaisa mes muscles contractés. J'y pressai les paumes et reportai mon attention sur mon vis à vis, ou plutôt sur une bouche sur laquelle s'attardait une goutte de chocolat. Le marron tranchait avec l'incarnat de son inférieure pulpeuse et j'eus l'envie irrésistible de la récupérer de la langue par un baiser volé. « Tu crois en être capable ? De me faire oublier le passé ? » Il s'éloignait déjà, poussé par une volonté irrépressible, à l'image d'un corps qui ne sut pas résister plus longtemps. Je me penchai légèrement en avant et caressai sa lèvre du pouce pour en chasser la larme brune. Sa peau satinée roula sous la pulpe de mon doigt, auquel le lait s'accrocha en une caresse chaude et humide. Le désir enflamma ma gorge et mon regard s'assombrit momentanément. Je ne le comprenais pas. Je ne saisissais pas l'envie qui m'effleurait parfois quand je la regardais, pas plus que je ne parvenais à deviner ce qui le provoquait. Je retirai ma main et portai mon pouce à mes lèvres. Ma langue y recueillit le liquide, sans que je ne regarde véritablement la jeune fille. Je lui préférai la tasse que je saisis à nouveau, sans mot dire, sans trahir une pensée sans conclusion. Le limitant à un geste anodin, je pressai mon pouce contre la céramique que je portai de nouveau à ma bouche. Elle en profita pour poser une question qui en fit tressaillir les commissures. J'aurais pu lui mentir mais pour une raison inexplicable, je lui dis la vérité sans détour. « Parce que ça me donne du courage. » Je lui offris cette nouvelle confession d'un ton calme, presque détaché, alors que je posais de nouveau les yeux sur sa bouche luisante. « Cela dit, j'aime aussi le chocolat chaud. » ajoutai-je d'une voix suave en plongeant dans ses yeux aux couleurs divergentes. Je ne pouvais pas m'empêcher de la taquiner, de la piquer, de provoquer la femme dans ce regard d'enfant. Au fond, j'aimais le contraste distrayant et parfois imprévisible qu'elle offrait. Parfois … parce que sur d'autres sujets, elle était terriblement perceptible, ce qui en soit restait surprenant. « Puisque nous sommes en trêve …. je vais te poser une question par curiosité … comment ça se passe avec l'homme que tu t'es choisit ? » L'interrogation n'était pas irréfléchie. Je la posais, d'une parce que je ne comprenais pas son intérêt pour ce genre de mec, de deux parce que je m'intéressais à l'évolution de sa psychologie sur le sujet. Je m'attendais néanmoins à ce qu'elle reprenne la défense passionnée qu'elle avait tenu dans la bibliothèque, où elle s'était acharnée à me faire comprendre que ça ne me regardait pas et qu'elle était très heureuse. Étrangement, je n'en doutais pas. Elle était assez naïve pour transformer un loup en agneau et pour savourer chaque moment passé en compagnie d'un prédateur sans se douter de sa véritable nature. Excepté avec moi. Quoique … elle restait, persuadée de pouvoir faire quelque chose même si je percevais la méfiance sous-jacente qui assombrissait son regard enfantin. Quand au « Oppa » qu'elle avait retenu dans un moment de rébellion, il m'avait fait sourire intérieurement. Contrairement à la plupart de ceux qui semblaient l'entourer, j'aimais son côté un peu plus sauvage, celui qu'elle montrait quand elle désirait me tenir tête, celui qui la poussait à se camper fièrement sur ses deux jambes malgré ses joues rosissantes. « Comment se fait-il que je sois le seul, à priori, à voir ton côté un peu rebelle ? » Elle était sensée être celle qui orientait la conversation mais je l'avais ramené sur elle, sans agressivité cette fois. J'étais atone. Si la douleur n'était plus qu'un souvenir et si mon frère s'était laissé emporter par la brume, j'en subissais encore les conséquences. J'étais vidé, fatigué. La souffrance psychologique avait laissé une véritable empreinte dans mon esprit ralentit, même s'il se focalisait sur la jeune fille dont le calme était un prétexte pour lui poser quelques questions sensées m'apporter un éclairage. Je ne semblais faire que ça. Creuser pour découvrir, pour comprendre ce qui ne l'était peut-être pas. « Je sais que tu n'aimes pas forcément répondre à mes questions mais ce serait un détournement de pensées efficace puisque tu m'intrigues. » la poussai-je, en usant d'un chantage psychologique subtile. Puisqu'elle tenait tant à m'aider, pourquoi ne pas le faire intelligemment en cédant à ce qu'elle me refusait depuis notre première rencontre ? Je ne demandais que quelques réponses pour percevoir avec plus de netteté ce double visage inconscient qui semblait être le sien.
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Mar 9 Mai - 18:02 Citer EditerSupprimer
Si les émotions pouvaient parler, elles crieraient ta solitude. Tu tiens tant que ça à conserver ta carapace ? Cette enveloppe qui te coupe du monde et qui obstrue ta vue si bien que tu en perds le plus important. La sensation d'être entouré, la chaleur humaine qui éclairera peut être un jour, ton visage d'un sourire sincère.
Aboyer n’était peut-être pas le bon terme, et elle aurait sans doute dû lui répondre mais attiser à nouveau la colère et les remarques déplacées ne lui semblait pas être la meilleure stratégie. Eun Mi préféra oublier cette pulsion, celle qui voulait qu’elle lui tienne tête à nouveau, reportant son attention sur sa tasse, une boisson qu’elle dégusta avec plaisir en une longue gorgée chaude et sucrée. Caem semblait distant, il ne ressemblait plus au tortionnaire qu’elle avait l’habitude de côtoyer, et c’était presque aussi troublant que leurs joutes verbales acharnées. Il laissait apparaitre une certaine fragilité, un aspect qu’elle ne connaissait que trop bien pour en être le reflet presque parfait. Et même si elle avait accepté cette facette, elle ne pouvait s’empêcher de penser que depuis sa rencontre avec le nageur, il avait fissuré certains pans de cette personnalité habituellement si douce et docile, laissant apercevoir une certaine ferveur rebelle et téméraire qu’elle ne contrôlait pas. « Je n’ai pas dit qu’il fallait oublier le passé, au contraire, je pense que c’est important de se souvenir. Mais pas de revivre des scènes sur lequel le rideau s’est déjà tiré ! » Un nouveau sourire étira ses lippes, consciente qu’elle n’était certainement pas capable de lui apporter tout ce dont il aurait besoin, mais elle voulait au moins essayer, le décharger de cette pression qui appuyait sur ses épaules ne serait-ce qu’une journée. C’était étrange, de discuter si tranquillement avec lui, et quelque part, elle appréhendait qu’il ne redevienne le Caem qui s’amusait à la provoquer. Elle fut tirée de ses pensées par un geste qui aurait pu paraitre anodin, presque banal, et elle aurait sans doute été gênée s’il avait pressé son pouce sur ses lèvres de cette manière quelques semaines plus tôt. Seulement, les sentiments s’étaient évaporés, presque aussi rapidement qu’ils étaient venus, laissant place à une inquiétude, juste une inquiétude sincère et honnête pour un étudiant qu’elle connaissait et donc à qui elle estimait devoir apporter un soutien. Eun Mi tenta alors maladroitement de détourner la conversation, d’alléger un cœur qui semblait encore se noyer avec le petit garçon. Du courage, une réponse surprenant pour celui qui semblait ne jamais en avoir besoin. Il exhalait la confiance, et derrière son masque d’impassibilité, ne paraissait en aucun cas avoir besoin de ce courage qu’il recherchait pourtant dans une tasse brune et amer. Était-ce l’amertume de la vie qu’il tentait de contrer par un café si fort qu’il aurait l’impression de reprendre le dessus ? Courage… C’était un mot étrange venant de lui. La coréenne porta à nouveau son chocolat chaud à ses lèvres alors que ses mots résonnaient comme une alarme. Elle ne comprenait pourtant pas ce qui la chagrinait à ce point, il était comme tout le monde finalement, il connaissait lui aussi les doutes et la douleur. « Tout le monde aime le chocolat chaud ! » ajouta-t-elle en faisant mine d’être offusqué s’il avait seulement pensé le contraire. Elle avait beau être mal à l’aise lorsqu’on la dévisageait trop longuement, ou lorsque, comme à cet instant, ses iris étaient sondés avec une telle intensité, et elle savait qu’elle aurait dû détourner le regard, mais les yeux de Caem ne l’impressionnaient pas, ou du moins, elle y décelait autre chose que le froid glacial qui les faisait luire habituellement. « Nous sommes en trêve ? Oh… d’accord. » La coréenne aurait préféré qu’il s’arrête là, qu’il ne pose pas cette question qui lui semblait stupide. Et instinctivement, la honte et la culpabilité refirent surface, lui rappelant qu’elle n’avait pas su aimer, qu’elle avait échoué là où elle pensait pouvoir réussir à coup sûr. Baissant de nouveau les yeux sur sa tasse, elle laissait ses doigts courir sur l’anse, désemparée face à une interrogation à laquelle elle ne pouvait toujours pas répondre. Elle ne lui en voulait pas d’être parti, après tout c’était elle qui avait été incapable d’être une petite amie, une vraie petite amie, de celles qui pouvaient offrir plus qu’un simple sourire. Elle n’avait pu se résigner à donner davantage. Son corps, son cœur et son âme étaient restés intactes, il n’avait pas réussi à faire sa place à ses côtés. « Je ne pense pas que ce soit très intéressant. » D’un ton presque las, Eun Mi ne voulait pas en dévoiler davantage, après tout, elle pouvait bien garder son échec pour elle ? D’autant plus lorsque son interlocuteur avait la fâcheuse habitude de se moquer d’elle et de ses idées préconçues sur l’amour. Elle le voyait déjà rire à gorge déployée face à ce qu’elle s’était efforcée de mener à bien, une histoire qui n’avait au final rien de romantique, une relation tout simplement banale entre deux jeunes adultes qui n’avaient rien en commun. Elle ne lui cherchait plus d’excuse, pas non plus à le défendre, quand bien même il s’était montré patient et mesuré avec elle. Eun Mi ne voulait pas l’accabler de reproches qui sonneraient faux, alors elle se contenta de garder le silence. Se murant derrière ses rêves de grand amour qui s’effilochaient pour ne laisser finalement que l’envie de ressentir plus qu’une gêne incontrôlable. « Je n’ai pourtant pas l’impression d’être rebelle. » Néanmoins, l’idée qu’elle puisse avoir ce côté était attrayante, presque séduisante. C’est fini, cette histoire est derrière toi, et puis cette fin… elle n’était pas si triste ! La coréenne ne cherchait pas le courage, elle ne se reprochait que le manque de sentiments qui l’avaient conduite à ce moment. Ne voulant conserver que les sourires et oublier la sensation d’un cœur serré. Elle aurait pu, une nouvelle fois, se sentir accablée par la curiosité sans faille de Caem, et pourtant. Il était étrangement calme, presque serein même si elle se doutait que derrière son masque devait se trouver une autre facette, peut-être bien plus triste que ce qu’il voulait bien montrer. « Tu as raison, je n’aime pas répondre à tes questions, et j’aimerais t’en poser une avant que tu ne tentes encore une fois de me donner le premier rôle. Pourquoi es-tu si curieux à mon sujet ? » Il revenait à la charge, chaque fois qu’ils se rencontraient, comme si la comprendre était d’une importance capitale. La seule différence à cet instant était l’animosité qui avait disparue, laissant place à une honnêteté et une sincérité presque désarmante. « N’es-tu pas capable de deviner juste en me regardant ? À la manière de Sherlock Holmes, d’ailleurs c’est d’autant plus facile dans mon cas, je sais très bien que je suis un livre ouvert ! Si tu veux je peux même essayer avec toi ! » Les coudes sur la table, le visage entre ses mains, elle laissait ses prunelles s’attarder sur le nageur. Les yeux plissés comme pour souligner une concentration intense, elle s’engagea dans une analyse des plus simplistes. « Je vois que…. Tu n’es pas coréen, enfin tu n’es pas né ici. Que tu fais partie du club de natation, que tu aimes particulièrement te montrer froid et distant, et que tu es… mouillé ! » Elle ne put s’empêcher de rire, se redressant sur sa chaise elle n’avait rien d’une comportementaliste, et surtout, elle ne connaissait rien au profilage, mais elle espérait au moins que cet épisode douloureux ne soit déjà plus qu’un souvenir.
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Jeu 18 Mai - 16:26 Citer EditerSupprimer
Tu la cherches, tu la piques, sans réellement savoir, sans réellement comprendre. Elle t'attire. Elle te charme. Mais sous le vernis du jeu et de la moquerie, tu restes inaccessible. Elle n'est qu'un passe temps, elle n'est qu'une heure volée de ton temps, elle n'est qu'un sourire moqueur et une poignée d'humour. Tu ne te serais dévoilé. Mais le destin, fourbe, ne te laisse pas le choix. Elle voit ce que tu dissimules au plus profond de toi, sous le masque dur et brisé d'un homme qui n'est pas que froid.
Une ébauche de sourire, à mi chemin entre l'ironie et la lassitude, étira mes lèvres humidifiées par une boisson aussi sombre que les mèches qui coulaient sur mon front. Je ne revivais pas. Le rideau était depuis longtemps retombé sur une scène plongée dans l'obscurité, et seul cet incident avait réveillé une douleur que j'aurais préféré effacer. Définitivement. Mais ces mots restèrent dans l'ombre du silence. Je leur préférais les gestes, la caresse d'un pouce sur sa lèvre, l'humidité des miennes sur ma peau sucrée par son lait, la saveur âcre d'un café qui vient brûler une langue au désir soufflée par l'amertume de la boisson. « Il paraît. » acquiesçai-je, les pupilles éclaircies par l'amusement. Sa mimique offusquée se grava dans ma mémoire, comme toutes celles qui l'avaient précédé. Quelle drôle de fille. Je penchai la tête et, pour oublier ce qu'elle s'efforçait à enrayer par sa présence, laissait parler une curiosité que je n'avais aucune envie de refréner. Sa réaction me laissa coït un premier temps. Visiblement mal à l'aise, elle déroba son regard pour le plonger dans son chocolat chaud. Chacun de ses gestes, de la crispation de ses mains à celles de ses lèvres, en révélaient plus que le silence qui s'éternisait. Elle était soudainement moins prompt à défendre un homme sur lequel elle se refusait à faire le moindre commentaire. Je compris, avant même qu'elle ouvre la bouche pour éluder, que son histoire n'en était plus une. Les bras croisés sur la table, je me penchai légèrement en avant pour chercher deux prunelles fuyantes. « Ne revis pas des scènes sur lesquelles le rideau est tiré. » répétai-je en l'observant. « Ce type était loin de correspondre à ton idéal. Si tu cherches le prince charmant, oublie les loups et concentre toi sur les moutons. » Je m'adossai à la chaise et retins une légère grimace quand le vêtement trempée moula plus étroitement mon dos gelé. Roulant les épaules pour échapper inconsciemment à l'étreinte glacée d'un vêtement que je ne pouvais pas retiré, je me concentrai sur la jeune fille et l'énigme qu'elle représentait partiellement. « Et tu te définirais comment ? » demandai-je sans chercher à approfondir ma pensée, conscient qu'elle avait du mal à lire sa propre personnalité. Je n'oubliais pas la vexation qui avait été la sienne quand j'avais osé la comparer au schtroumf bonasse, qui lui ressemblait pourtant sur bien des points. Elle confondait gentillesse et esclavagisme, naïveté et stupidité, amour et fantasme. Nous n'avions pas le même vocabulaire. Comme pour se contredire elle même, elle éluda de nouveau ma question pour me la retourner. Je haussai un sourcil amusé et esquissai un sourire impertinent. « Et tu n'es pas rebelle ? » me moquai-je suavement en plongeant dans son regard vairon. «Je pourrais te le dire et te l'expliquer … en fait la raison est assez simple. Mais comme tu t'obstines à ne rien me donner, je ne sais pas si je vais me confier sur ma propre fascination. Ce ne serait pas très juste, n'est-ce pas? » répondis-je en croisant les mains sur la tasse, sans quitter des yeux la jeune fille. Il était étonnant qu'elle parvienne à me changer les idées vu sa réserve apparente et pourtant l'image de mon frère se troublait. La douleur elle même n'était plus qu'un souvenir amer, que me rappelait seulement la froideur des vêtements qui me collaient à la peau. Mais même la température finit par s'effacer lorsqu'elle reprit la parole, d'une manière assez surprenante. Mes pupilles se dilatèrent alors qu'elle évoquait Sherlock Holmes et un large sourire illumina mes traits à l'indifférence momentanément brisée. Elle se pencha en avant, avec une assurance qui ne lui ressemblait pas, et planta deux amandes contraires dans les deux onyx qui s'offraient à elle sans réserve. Je m'attendais à beaucoup de choses … mais elle réussit à me surprendre par une analyse plus que simpliste. Il jaillit. L'éclat de rire me secoua et échappa à mes lèvres, en un son grave et éphémère. Ce fut un instant, une seconde durant lesquels deux rires s'entremêlèrent en deux cascades de notes différentes. Je repris mon calme quelques délicieuses secondes plus tard et me penchai à mon tour, les bras croisés et le visage calme. « Si je t'analyse à la Sherlock Holmes, ne vas tu pas encore éprouver l'envie de m'arracher les yeux ? » la questionnai-je, le ton bercé par une pointe de malice et une touche d'ironie. « Mais soit … A première vue, tu es une jeune fille timide et très réservée. Tu vis dans une bulle, surprotégée par ton entourage, dans laquelle tu t'adonnes à la lecture et à la rêverie. Tu rêves d'amour au point de craquer sur des hommes que tu n'as pas le courage d'approcher et tu fantasmes des personnalités qui n'existent peut-être pas forcément, au point parfois de te casser la figure, comme pour ton ex ou pour moi. » Je glissai les doigts sur la tasse, la soulevai et la portai à mes lèvres pour boire les quelques dernières gorgées d'un café à la chaleur envolée. Tiède, il caressa ma langue et ma gorge pour les noyer d'une amertume qui acheva de me secouer. « C'est ce que j'ai pensé de toi la première fois que je t'ai vu et l'image que tu me montres encore de temps à autres. Et pourtant, tu as des excès de rébellion, tu tiens tête à plus fort que toi et malgré ta timidité et ton envie évidente de fuir, tu t'accroches, bornée, et ce sans céder pas un pouce de terrain. Tu élèves la voix quand tu es acculée et tu es prête à mordre quand tu es vexée. » repris-je sans atteindre de réaction de sa part. « Tu voulais savoir pourquoi je suis curieux ? » Je penchai la tête et m'adossai de nouveau à ma chaise, le bras tendu sur la table. « C'est parce que les deux images que j'ai de toi ne vont pas forcément ensembles et que je cherche à savoir qui tu es. » Un battement de cœur résonna dans ma cage thoracique alors que je caressai des yeux ses lèvres. Momentanément. « Et je ne comprends pas pourquoi je te désire alors que tu n'es pas mon genre de fille. Je n'ai jamais eu d'inclination pour les enfants coincées dans l'adolescence aux allures de poupées. » expliquai-je avec une franche sincérité. « Tu comprends mieux ? »
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Re: It's the mask that falls off (+) caemi | Sam 20 Mai - 10:18 Citer EditerSupprimer
Si les émotions pouvaient parler, elles crieraient ta solitude. Tu tiens tant que ça à conserver ta carapace ? Cette enveloppe qui te coupe du monde et qui obstrue ta vue si bien que tu en perds le plus important. La sensation d'être entouré, la chaleur humaine qui éclairera peut être un jour, ton visage d'un sourire sincère.
Ne revis pas des scènes sur lesquelles le rideau est tiré. Elle n’aurait su dire s’il se moquait d’elle, où s’il tentait de la réconforter en répétant ses propres mots. Son cœur ne battait plus de la même façon en pensant à lui, d’ailleurs, avait-il seulement été affolé en sa présence ? Aussi loin qu’elle se souvienne, la seule sensation qu’elle avait été capable d’éprouver était une gêne intense, celle qui lui faisait refuser toute proximité avec Yoon Hyung. Finalement le nageur n’était pas si affable que ce à quoi elle avait été habituée. Elle trouvait presque un certain réconfort en croisant une nouvelle fois son regard. Un mouton ? Eun Mi ne releva même pas la comparaison, mais après tout, peut-être avait-il raison. Elle avait sans doute eu beaucoup trop d’ambition en tombant sous le charme du coréen, pensant pouvoir maîtriser les théories le plus folles sur les relations amoureuses. Il me semblait pourtant que c’était toi le loup… Les mots ne furent pas prononcés, et pourtant, elle ne put s’empêcher de les penser. « Je me définirais comme ordinaire. » Eun Mi acquiesça à ses propres paroles, après tout, n’était-elle pas une simple étudiante, suivant son chemin comme quiconque le ferait ? La question lui arracha un nouveau sourire. « Non, je ne le suis pas. Mais tu aimes bien me donner une étiquette apparemment… » Et elle esquiva la curiosité de Caem par une autre question, tentant vainement de lui soutirer quelques informations sur un intérêt qu’elle ne comprenait pas. Il s’était évertué à la pousser dans ses retranchements, l’enrager à chacun de leur face à face, alors que pouvait-il vouloir de plus ? Mais Eun Mi ignorait ou refusait qu’elle puisse être attrayante, elle qui s’enlisait dans ses livres à tel point que le monde était devenu un terrain de jeu. Elle oubliait les dangers pour ne retenir que les fantaisies qu’elle voulait vivre à son tour. Elle remarqua le sourire qui éclaira le visage de son vis à vis, fermé quelques minutes plus tôt, et elle fut presque surprise de l’entendre rire avec elle en réponse à son analyse certainement puérile et dénuée d’intérêt. C’était bien la première fois qu’elle le voyait, un sourire sincère, pas de ses grimaces qui se voulaient moqueuses, pas de ce rictus froid et distant. Mais plus que ses lèvres étirées, elle entendit son rire. Un éclat qui lui avait échappé face à la timidité de la coréenne. « Tout dépend de la qualité de ton analyse ! Mais je prône la non-violence, je t’assure donc ainsi que je ne te torturerais pas ! » Levant la main, elle fit mine de rendre sa promesse solennelle avant de l’écouter. Timide et très réservée, il visait juste, mais cette information n’était pas un secret défense, elle savait pertinemment qu’elle renvoyait cette image, et cela ne la gênait pas le moins du monde. Rêves d’amour, surprotégée, lecture, encore une fois il avait raison. Elle était la petite dernière d’une fratrie de quatre enfants, la petite surdouée qui se hissait doucement mais surement plus haut que ce que sa famille avait prévu pour elle. Elle hochait la tête doucement, acquiesçant inconsciemment à une description qui s’avérait encore une fois juste. Mais qu’y avait-il de mal à tâtonner, trébucher et tomber si l’on était capable de se relever par la suite ? « Alors je tomberais. Et je me relèverais, c’est aussi simple que ça ! » Le simple fait qu’il s’associe à l’image qu’elle avait voulu donner à Yoon Hyung la perturbait. Le grand méchant loup essayait-il d’avoir la renarde par la ruse ? Prêcher le faux pour savoir… pour savoir quoi ? Je ne me rappelle pas être tombée à ce point pour toi… Mais elle s’avouait volontiers avoir éprouvé quelques sentiments à son égard, des sentiments motivés par une image qu’elle avait cru douce, un visage qui inspirait la confiance malgré un volonté de garder ses distances. Eun Mi reporta son attention sur sa tasse, le chocolat refroidissait mais cela ne l’empêchait pas de le boire avidement. La description qui suivit la rendait presque fière. Il peignait le portrait d’une jeune femme forte, indépendante et… presque sauvage ? La coréenne retint un nouvel éclat de rire, s’il y avait bien une personne que l’on ne pouvait qualifier de sauvage c’était bien elle. La docile et douce Eun Mi, celle qui répondait présente dès qu’on l’appelait, celle qui se pliait aux volontés de ses aînés, juste par respect et politesse. Mais cette image, elle était réconfortante. Elle se voyait déjà repousser les démons, se battre avec fougue contre des ennemis imaginaires. Mais les pensées s’envolèrent aussi vite qu’elles étaient venues. Elle n’était pas cette fille. « Et pourtant, je suis rarement vexée, c’est que tu dois avoir un don ! » Reprenant le ton de l’humour, elle préférait de nouveau se concentrer sur ce qui les avait amenés dans ce café : réussir à soulager Caem de ce poids qui l’oppressait. Le nez plongé dans le parfum sucré de sa boisson, elle manqua de recracher ce qu’elle venait de boire, dans une toux aussi brève que sa surprise. Ce n’était pas la première fois que le nageur évoquait ce sujet, et c’était toujours un véritable défi que d’y faire face. Pas mon genre de fille. Elle voulait bien le croire, et jamais elle n’avait prétendu à ce titre, alors qu’est-ce qui le poussait à voir cette part d’elle qui n’existait pas ? Elle aurait pu à nouveau s’énerver sur une description peu avantageuse, une enfant coincée dans l’adolescence aux allures de poupées, mais étonnamment, elle conserva son calme, la provocation était une habitude chez lui, elle ne s’y prendrait plus. Elle ne voulait pas d’une nouvelle bataille, d’une nouvelle joute verbale qui entrainerait indéniablement des gestes ou des paroles déplacées, voire blessantes. « Non, je ne comprends pas mieux. » Elle reposa doucement sa tasse, une fraction de seconde qui lui permettait de réfléchir, choisir ses mots. Elle se laissait trop souvent consumer par ses émotions lorsque Caem l’accablait de ses reproches, mais cette fois-ci, elle ne se ferait pas avoir, l’impulsivité n’aurait pas raison de cette nouvelle maîtrise. « Tu parles de désir, moi je pense que c’est juste ta curiosité qui te ronge. » Prenant une longue inspiration, elle releva finalement les yeux vers lui. « Tu sais qu’il existe différent… degrés de désir ? Comme par exemple je désire manger une glace, c’est juste exprimer une envie, alors pourquoi venant de toi ce mot prend un accent…particulier ? » Son regard, elle n’avait qu’à plonger dans ses iris pour y voir la lueur qui faisait écho à ce désir dont il parlait. « Je pense au contraire que c’est toi qui n’as pas compris. » Elle quitta sa chaise pour retrouver le moelleux de la banquette sur laquelle Caem était assis, prenant place à son côté, elle tentait peut être le diable en s’approchant ainsi, mais elle refusait de croire qu’il puisse éprouver une attirance physique, pas alors qu’ils n’étaient que des connaissances, pas alors que leurs seuls échanges se résumaient à une bataille, une prise de position qui déterminerait qui serait dominant. La proximité qu’elle provoquait aurait pu la rendre à nouveau mal à l’aise, mais finalement, c’était comme s’asseoir à côté d’un ami, n’est-ce pas ? « On va faire un test ! Je te désigne une personne dans ce café, tu auras droit à quelques minutes de réflexion, MAIS, il faudra choisir entre désir et curiosité. D’accord ? Pas d’hésitation, juste un choix simple à faire ! » C’était sans doute un jeu dangereux, celui de provoquer un homme qui venait pourtant de lui laisser entrevoir des pensées tournées vers un échange qui lui restait étranger. Discrètement, Eun Mi désigna la première victime, un jeune homme assis, jambes croisées et discutant bruyamment avec un groupe d’amis. « Désir ou curiosité ? » En voyant le regard interdit de Caem, elle étouffa un rire. « Bon d’accord, ce n’est peut être pas forcément le meilleur exemple, alors… » Son regard bigarré s’arrêta sur une coréenne au comptoir. Une taille fine, une robe qui la mettait certainement en valeur, des gestes mesurés et un sourire éclatant, elle ferait un parfait exemple. « Elle ! Désir ou curiosité ? » Elle se doutait de sa réponse, bien sûr qu’elle éveillait le désir, mais comparée à Eun Mi, la différence était flagrante. Elle voulait seulement mettre en évidence ce qu’elle pensait indubitable : il ne pouvait pas éprouver autre chose qu’une simple curiosité pour elle. Le terme était d’ailleurs encore trop fort, elle qui n’avait aucuns secrets pour personne.
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