Bom Chan grogne en regardant l’heure. Pas trop tard mais pas spécialement tôt non plus. Il avait proposé à Sana de se voir pendant sa pause déjeuné, il n’aurait jamais cru que l’heure après-midi ressemblerait à ça … il affiche un sourire du mec fier de lui en voyant Sana allongée nue à côté de lui savourant la quiétude de l’instant. Il s’allume une clope en se levant nu du lit sans pudeur pour traverser la pièce. « Allez debout princesse. Je t’aurais bien proposé de rester beauté mais j’ai à faire. » Il lui lance un sourire complice avant de sauter sous la douche pour se laver rapidement. Il continue de fumer en même avec ce talent qui lui est propre pour éviter de noyer sa cigarette. Il se lave même les cheveux. Prends le soin de les coiffer en arrière et de les plaquer comme il aimait avoir. Il choisit un costume bleu nuit et une chemise blanche pour constater. Le regard de Sana le suit et elle se permet même de se moquer de lui. Dieu qu’elle est belle allongée dans ce lit, le drap négligemment tombé sur son ventre alors qu’elle se redresse nue. Pour un peu Bom Chan se mettrait en retard. Non pas qu’il un rendez-vous ou même une heure fixée mais il était pressé de voir Syu malgré tout. C’est même plus fort. Faut dire que son appétit est bien rassasié. Il rit sous les moqueries taquines de la jeune fille et finit de se préparer. En bon gentleman qu’il apprenait à être il raccompagne Sana jusqu’à chez elle et prends la direction de la maison de Syu. En chemin il s’arrête pour acheter un cadeau à son neveu et une bouteille de champagne. C’est qu’ils ont des choses à fêter ce soir. Notamment la libération de Rei, mais aussi le nouveau poste de Syu à l’université. Il était tellement fier d’elle mais il n’avait pas encore réussi à lui dire. C’est qu’il était nul avec les mots Bom Chan et qu’il n’aimait pas franchement dire ce qui se passait dans sa tête. Mais elle le méritait alors ce soir il ferait l’effort. Il avait même prévu de les emmener au restaurant mais pour ça il devait se dépêcher pour ne pas qu’elle ait mangé. Ni Shin Bom. Il se remet en route et arrive rapidement à l’appartement de sa meilleure amie. Il fouille dans ses poches et soupire de constater qu’il a oublié les clés. Fait chier. Tant pis la surprise ne sera que plus grande. Affichant un grand sourire il sonne deux trois fois à la porte, champagne, fleur et dragon en lego à monter sous le bras, prêt à féliciter Syu. Il a même une poigné de confettis coincé dans le creux de la main. La surprise est de taille oui.

Bom Chan n’était pas certain de comprendre. Lui ici ? Le temps semblait s’arrêtait autour de lui, juste le temps qu’il comprenne ce qu’il se passe. Il pensa soudain au pire et pendant un instant son corps se tendit prêt à bondir, prêt à faire la peau à cet enfoiré qu’il avait fini par détester plus que tout. Peut-être même plus que sa propre famille. Son poing se serra si férocement qu’il planta ses ongles dans le creux de sa paume à en dessiner des demi lunes. Il serre les dents, persuadé qu’à l’instant où se relâchera ça sera pour sauter sur l’homme en face de lui. La seule chose qui l’arrête réellement c’est le visage de Syu, souriante, amusé. Petit ami ? Bom Chan sent le sol sous ses pieds s’ouvrir. Il n’a aucune prise. Son cœur manque un battement et la rage qui boue en lui n’a d’égale que la tristesse de voir Syu de ce côté de la porte avec ce monstre. Qu’est-ce que tu fais ici ? N’a-t-il pas le droit de venir maintenant ? Cet appartement n’est plus son refuge ? Il n’a plus le droit de venir à l’improviste ? Shin Bom n’est pas là … tu avais besoin de quelques choses ? Oui, de toi. Bom Chan sent son souffle se couper. Syu … et lui ? Ce n’est même plus de la trahison qu’il ressent c’est un dégoût incommensurable pour sa meilleure amie, pour sa sœur. Il la fixe avec la sensation que son corps vient de cesser de fonctionner et que son cœur s’enraille dans ses rouages. IL la fixe choqué, incapable de bouger, de réagir. Ses yeux deviennent humides sans savoir si c’est parce qu’il n’avait pas cligné des yeux depuis de longues secondes, ou si c’est parce qu’il laissait enfin voir sa peine. Soudain il se sentit ridicule. Sa bouteille à la main et ses confettis dans l’autre. Il déglutit. Vacilla. Sembla tenter de reprendre un semblant de vie. Il secoue la tête, recule de deux pas en trébuchant, laisse tomber la bouteille qui par chance ne se brise pas. Il prend appuie sur ses genoux, penché en avant, comme si la bile de son estomac allait remonter d’un instant à l’autre. Il tousse, souffle comme s’il venait de prendre un coup de poing dans l’estomac. Attends-moi dans le salon … Reste avec elle, reste avec lui. Elle avait déjà fait son choix. Bom Chan se redresse et sans un regard pour sa meilleure amie se détourna, il remonta le couloir tentant de mettre le plus de distance possible entre elle et lui. Entre lui et lui. C’était tellement inconcevable pour Bom Chan et la douleur qu’il ressentait à cet instant masqua le bonheur qu’il ressentait de voir Rei, son frère, échapper à la mort. Il tremblait tellement quand il appela l’ascenseur. Il fallait qu’il parte pourtant … pourtant il remonta le couloir à grande enjambé, poussa Syu pour passer se jeta sans prévenir sur ce fils de pute. Il s’en foutait Bom Chan qu’il vienne à lui casser la gueule, au moins il aurait porté le premier coup. Le plus triste à vrai dire, c’est que ça ne le soulagea en rien. En rien parce qu’il savait de toute façon que l’histoire était déjà écrite. Son poing le brûlait douloureusement et il espérait au moins lui avoir cassé le nez.  

Bom Chan observe la scène avec tellement de rage en lui qu’il ne saurait contenir. Il bouillonne et sa rage le taraude si fort qu’il a envie d’hurler. Mais ce qui lui fait sûrement le plus mal c’est de voir à quel point sa meilleure amie, sa sœur, sa seule famille se jette sur cet homme pour le protéger, pour s’excuser, pour s’assurer qu’il n’ait rien … Bom Chan la fixe avec tellement d’amertume et de rancœur qu’il en a envie de vomir. Oh ça oui … il voudrait pouvoir leur vomir sa bile et sa haine. C’est un acte de trahison. A trop vouloir Syu s’est brûlée les ailes. Il la fixe, comprenant à peine le sens de ses paroles. Défendue pendant 7 ans ?! A qui croire-t-elle mentir encore ? Il n’a même plus envie de lui trouver des excuses, de l’écouter lui dire combien elle se fou que ce mec soit un monstre, qu’elle l’aime et qu’elle veut faire sa vie avec … de toute façon bom chan n’a d’autre choix que d’accepter sa relation avec ce putain de fils de chien. Il n’ira jamais lui imposer un ultimatum. Mais ce qui est évident c’est qu’elle, elle lui laisse pas le choix. Que son ultimatum elle lui impose avec cette facilité à lui dire si t’es pas content part. Parce que c’est comme ça qu’il ressent à cet instant les choses. Pourtant il sait que Syu sera malheureuse sans lui et finalement c’est peut-être cette maigre consolation malsaine et amère qui l’empêche de sombrer. Soit malheureuse, parce que de toute façon t’as pas su me rendre heureux. C’est peut-être son seul vrai défaut à Bom Chan, tout le reste ne sont que des incommodités. Il tient beaucoup trop à Syu et Rei. Il donnerait sa vie pour eux, sans aucune hésitation. Est-ce que Syu serait prête à faire la même chose pour lui ? Sans parler de Shin Bom. Juste entre eux. Bom Chan n’a pas de limites, n’a pas de filtre. Il a perdu la seule femme stable de sa vie et il n’a rien pu faire pour ça. Il a tout donné pour avoir assez d’argent et sauver sa mère de sa maladie. Il s’est épuisé, enchainant les petits boulots sans réussir à sauver sa mère. Sa mère. Il n’a plus que Syu et Rei désormais, mais Syu … Syu choisit l’amour, l’amour de ce fils de pute à leur relation. Très bien. Bom Chan essoufflé et avec l’envie de furieuse de tout détruire se redresse et marche sur les débris de ce vase. Le crissement sous ses chaussures ressemble étrangement au bruit que son cœur fait quand il fixe ce couple. Il lâche un rire amer en s’avançant vers sa meilleure amie. Son regard se pose sur leurs mains serrées. Ça lui fait tellement mal. Tellement. Il secoue la tête et ignore les questions de Syu. Après tout, est-ce qu’elle mérite vraiment de tout savoir de lui ? Il avait raison de croire en Rei quand son meilleur ami lui a assuré qu’il serait toujours là pour lui. toujours. Et finalement … finalement il sait que tous les deux s’aiment pareil. Parce que Rei a toujours su faire passer Bom Chan avant tout le reste. C’est sûrement qu’il en demandait trop à Syu. Ouais, mais là,  à cet instant il ne le voit pas comme ça. Ca faisait des années, oui des années, que Bom Chan n’avait pas souffert autant … depuis son abandon par sa mère biologique. Oui. Ca va faire presque 20 ans que Bom Chan n’avait pas ressenti une douleur aussi déchirante et la déception, l’amertume et la rancœur qui perle dans son regard transperce Syu sans une once d’empathie. Bom Chan se redresse, ravale sa tristesse et sa rage et souffle la voix cassée « J’espère au moins que tu seras heureuse. » ironise-t-il en serrant son poing. Il n’a pas la force de regarder ce fils de pute dans les yeux et ne lâche pas le regard de Syu. Ça sonne comme un adieu. Bom Chan tire sa révérence maintenant. Il sait plus que quiconque qu’il ne fait pas le poids contre la décision de Syu. Il ne veut pas la voir souffrir, il ne veut pas la voir heureuse avec ce mec. Il préfère partir et tant pis si elle lui reproche plus tard. Si elle a eu la force de pardonner à ce monstre, elle trouvera bien le courage de lui pardonner son départ. Mais ce point final que Bom Chan est prêt à dessiner sur leur histoire l’achève plus qu’il ne le laissait paraitre. Il se détourne, lançant un dernier regard remplie de déception vers Syu et s’avance vers la porte de l’appartement. A vrai dire, à cet instant la seule personne qui hante ses pensées c’est Shin Bom … et la simple idée de devoir quitter sa vie le tue littéralement. Mais c’est trop pour ça soir. Vacillant dans le couloir il prend appuie contre le mur pour s’éloigner le plus possible de cette vision.