TENUE + Serrant un peu plus fortement mon noeud de cravate, je finis par l'abandonner sur l'un des sièges arrières de ma voiture. Je ne me sens pas à l'aise avec un tel accessoire étouffant mon cou. Pourtant, j'ai pris l'habitude de me vêtir de manière assez classe pour ne pas faire fuir mes clients mais ce soir... Je l'avoue, je crois que je me sens nerveux alors je préfère éviter. Aish. J'ai beau avoir l'habitude d'être talentueux, cette reconnaissance qui n'est qu'une formalité pour beaucoup est un premier pas pour l'homme d'affaires que je suis devenu. Cette affaire est très importante à mes yeux. Elle est mon gagne-pain et forge forcément ma réputation. Mais bon sang ! Je n'aurais jamais pensé figuré sur cette liste de nominés. Ma concession est relativement jeune. Un an seulement et ils pensent déjà que j'ai du succès ?! Raclant doucement ma gorge, j'ignore si je vais remporter ce titre convoité par cinq autres personnes qui ont à peu près mon âge tout comme celui de mon meilleur ami. Meilleur ami vers lequel je me tourne. Park Jin Hyun a toujours été là pour me soutenir et même s'il n'apprécie les soirées mondaines, je ne me voyais pas trop venir sans lui. Un sourire amusé prend possession de mes lèvres. " Je ne sais qui est le plus séduisant en pingouin. Peut-être toi. Mais tu as un avantage ! J'ai perdu l'habitude de te voir habillé ainsi. "Je sors finalement de ma voiture, attendant que le passager rabatte à son tour la portière pour fermer le tout. J'ai pris soin de venir le chercher. C'est normal comme comportement, il a accepté mon invitation, quoi ! Et puis, autant que les deux beaux gosses de la soirée arrivent en même temps ? Les demoiselles deviendront encore plus hystériques Or, j'approche le plus lentement possible vers celui-ci avant de tapoter le haut du dos de Jin Hyun: " Merci d'avoir accepté l'invitation au fait. La soirée aurait été bien longue sans toi. " Je ricane légèrement avant de finalement entrer dans les lieux, après avoir pris soin de citer nos noms au vigile. Même en avançant comme un escargot, on est déjà arrivé. J'aurais peut-être dû me garer plus loin.

TENUE + Jetant un rapide coup d'œil dans le miroir du pare-soleil passager, un faible rire légèrement teinté de frustration s'échappe de ma bouche aux paroles de mon meilleur ami. « Et j'aurais préféré ne plus avoir à porter de costard avant un bon bout de temps, crois moi... » Pas avant le jour de mon à mariage, pour tout vous dire. Si celui-ci devait avoir lieu, bien évidemment. « Mon père serait ravi de me voir dans cet accoutrement, tiens... » Et pourtant Dieu seul sait à quel point je déteste lui faire plaisir. « C'est beaucoup mieux que tes survêtements et tes baskets, non ?! Là, au moins, tu ressembles à quelque chose ! » qu'il me dirait. Comme si cela m'importait de savoir ce qu'il pouvait bien penser de moi. Je vous jure... Mais passons. Alors que je détache ma ceinture, un sourire en coin un brin moqueur prend possession de mon visage quand je remarque l'expression qu'arbore mon meilleur ami. Et ni ces airs qu'il se donne, ni l'assurance qu'il tente de faire passer dans le ton de sa voix ne parviendront à me duper. Il est stressé, ça se voit. En même temps, il y a de quoi... Il est loin le temps où on plaisantait de l'avenir de Baek Ho par SMS, en se disant qu'il pourrait se reconvertir dans la vente de voitures de luxe, sans pour autant réellement le penser. D'ailleurs, il y a encore un peu plus d'un an, jamais nous n'aurions imaginé que Baekie puisse finir à la tête d'une entreprise. Faut dire que ce genre de responsabilités ne l'attiraient pas des masses à l'époque et si, de nous deux, quelqu'un aurait dû terminer derrière un bureau, la logique aurait voulu que ce soit moi. Du moins, si j'avais daigné suivre la voie toute tracée par mon père... Mais, finalement, voilà que les rôles sont inversés. Tandis que de mon côté je m'épanouis dans ma passion qu'est la danse, Baekie est devenu ou est en marge de devenir un homme d'affaire respectable. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous nous retrouvons ici, ce soir, parmi tous ces jeunes entrepreneurs... Pour « célébrer » la réussite de mon meilleur pote. Et, bien évidemment, je me devais d'être à ses côtés en cet instant. Toutefois, lorsque je pénètre dans le bâtiment à sa suite, une grimace prend possession de mon visage. « Parle pas trop vite... J'ai comme l'impression que ma présence ne changera pas grand chose pour le coup. » Alors que je scrute la salle, un soupir s'échappe de ma bouche et je finis par siffler, entre mes dents : « Putain, j'ai déjà envie de me barrer... » Je déteste vraiment ce genre d’événements. Franchement, je ne sais pas comment j'ai fait pour supporter ça pendant des années... « Heureusement que t'es mon meilleur pote... Et heureusement que tu m'as promis un super buffet, surtout... » Alala, la nourriture. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour elle...

TENUE + Je ne connais pas la liste des invités y compris mes concurrents. Ces derniers, seul leur nom pourrait me revenir mais physiquement, c’est impossible. J’ai déjà énormément de travail et je ne peux pas me permettre de connaître les autres chefs d’entreprise qui règnent sur notre capitale. Je connais déjà mes fournisseurs, quelques partenaires et quelques-uns qui se trouvent dans mon quartier. Pour celui qui regarde essentiellement son nombril, je suis quand même plutôt satisfait de ce semblant de liste. Néanmoins, avoir un camarade en guise de soutien est un véritable avantage bien qu’il ne soit pas spécialement ravi de se présenter dans ce type de lieux. J’espère que je saurais l’être pour nous deux mais ça serait également mal me connaître. Je ne suis pas venu ici depuis un moment non plus. Mon délire ? C’est plutôt inviter mes potentiels clients au restaurant pour qu’on puisse parler affaires avec du bon vin. D’ailleurs, je me demande comment j’arrive à entretenir ma ligne avec tout ce que je peux manger. Cette soirée ne risque pas de faire exception. C’est bien connu… Les buffets sont parfois surchargés, et le gaspillage alimentaire pourrait faire le titre des unes. Sauf si Jin Hyun est dans la zone. « Tu veux peut-être que je lui envoie une photo ? » J’ai finalement eu cette sensation que ces histoires étaient loin derrière nous ou derrière moi. Depuis que j’ai monté mon affaire, j’ai une pression différente sur mes épaules. Quant à ma famille, celle-ci est bien trop préoccupée par mon grand frère, ce qui, pour une fois, ne me déplaît pas réellement. Le jour où ils commenceront à s’intéresser à ma concession, ça sera uniquement quand je devrais mettre la clé sous la porte. Prions juste pour que ça n’arrive pas.

Notre entrée dans les lieux se fait silencieuse. Une petite musique en fond sonore, des conversations à droite et à gauche, des femmes comme des hommes bien habillés (bien que je regarde surtout les premières), je finis par réaliser le monde qu’il peut y avoir. Je tente d’étouffer mon stress dans un rire. « Commence pas à parler ainsi. Je vais finir par regretter de t’avoir offert ce petit cadeau … » Par cadeau, entendez buffet. Mon meilleur ami l’évoque aussitôt. Je lui désigne du regard une grande table un peu plus loin : « Tu ne peux pas le louper. J’ai toute ton attention maintenant ? » Par chance, je suis habitué à passer après la nourriture avec lui. J’émets de nouveau un rire alors qu’un serveur s’approche de nous, un plateau rempli de coupes de champagne. Sans tarder, j’en tends une à mon meilleur ami avant de me faire plaisir à mon tour. « A ta faim de loup. » Je lui fais un clin d’œil tandis qu’on continue de marcher à travers la foule. « On devrait saluer quelques personnes. Tu viens ? »

TENUE + Pendant des années, il a fallu que je fasse attention à l'image que je pouvais renvoyer. Tel était le rôle que devait tenir le digne futur héritier d'une chaîne d’hôtels de luxe connue dans le monde entier. Cela a d'ailleurs commencé alors que je n'étais qu'un môme, lorsque pendant les repas réunissant mon père et ses associés je me devais de faire bonne figure afin que mes parents puissent me brandir comme un trophée - leur trophée - dans l'espoir d'impressionner leurs convives. Puis, ensuite, il y a eu les soirées mondaines, celles pendant lesquelles on a commencé à me présenter un peu plus officiellement aux gens du milieu. Ces soirées auxquelles je détestais aller mais dans lesquelles je me devais pourtant d'aller, toujours dans l'optique de représenter au mieux l'entreprise familiale. Du moins, c'était le cas jusqu'à ce que je ne décide finalement de tourner le dos à mon père et aux projets qu'il avait pour moi, ce qui, bien évidemment, ne fut pas forcément à son goût. Depuis, ce dernier s'est donc mis en tête de me faire changer d'avis. Alors, pour sûr, me savoir présent à ce genre d’événements, et vêtu de cette manière qui plus est, lui ferait trop plaisir... Beaucoup trop plaisir. Chose que je ne souhaite pas forcément, qu'on se le dise. C'est pourquoi, à la question de Baek Ho, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un faible rire jaune. "Tu ferais vraiment de lui l'homme le plus heureux de cette planète, tu sais ?!" Mais je doute également que rendre mon géniteur heureux soit dans les projets de mon meilleur ami. "Il voudra sûrement te remercier de m'avoir ramené sur le droit chemin d'ailleurs..." Parce que si je suis ici c'est pour et seulement pour Baek Ho. Même si, je l'avoue, lorsque je passe la grande porte de la salle de réception, ce n'est pas l'envie de me carapater en courant qui me manque. Je ne me prive d'ailleurs pas d'en informer mon meilleur ami qui, sans tarder, me balance le contre argument. Celui auquel ne peut pas résister Park Jin Hyun, à savoir la bouffe. Jetant alors un regard vers le buffet qui s'étale sur plusieurs mètres, je laisse échapper un faible soupire et m'empare de la coupe de champagne qu'il me tend, avant de lever cette dernière. "C'est bon, t'as gagné ! A ma faim de loup et à ta réussite !" Emboîtant ensuite ses pas, nous marchons à travers la foule de personnes toutes mieux sapées les unes que les autres et si aller me mêler à eux ne fait absolument pas partie de mes désirs les plus profonds, je me laisse toutefois entraîner par Baek Ho lorsque celui-ci me propose d'aller en saluer quelques unes. Après tout, nous ne sommes pas venus ici pour rester dans notre coin. "Au fait, t'as des nouvelles de tes parents ? Et de ton frère ?" Bien que je me doute déjà un peu de la réponse de mon meilleur ami, étant donné la nature de ses relations avec les membres de sa famille (des relations pas tellement plus glorieuses que celle que j'entretiens avec mon père), je préfère quand même demander. Sait-on jamais... "Ils savent pour tout ça ?" Savent-ils que leur fils fait partie des meilleurs jeunes entrepreneurs de l'année ? Savent-ils à quel point il a travaillé dur pour en arriver là où il en est ?

TENUE + Le thème de cette soirée devrait flatter mon égo mais je ne suis pas spécialement à l’aise. En plus, je viens de trouver une toute autre solution pour parvenir à obtenir quelques compliments. Un sourire amusé prend possession de mes lèvres. « De la gratitude de la part de ton père ? Je serais le plus heureux des hommes. » Une mine réfléchie, je surenchéris pour taquiner mon meilleur ami. « Je devrais suivre cette consigne. » Comme si je le pensais, comme si je pouvais trahir l’une des personnes les plus importantes dans ma vie. Il est vrai que j’aurais pu tenir ce type de discours lors de notre adolescence, mais maintenant, beaucoup de choses ont changé. Jin Hyun est le seul qui est resté, qui m’a encouragé et qui, au fond, m’a souvent inspiré. Lui avouer une telle chose, même ivre, serait comme un cauchemar. Non pas que je sois incapable de lui faire confiance, c’est tout l’inverse en fin de compte, mais c’est que je suis pudique. Glissant rapidement ma main sur son épaule, je le gratifie d’un sourire. J’aimerais que son paternel lui lâche un peu la grappe, une bonne fois pour toutes, mais disons que nos familles sont particulièrement talentueuses pour nous mener la vie dure. Après avoir salué quelques personnes, c’est de nouveau notre sujet de conversation. « Hm. Ils sont au courant mais ça ne vient pas de moi. » J’échappe un soupir. « Un ami de mes parents leur a dit alors ils ont été frustrés et se sont retrouvés un peu con. » Cette fois-ci, c’est un sourire moqueur que j’arbore. « J’aurais aimé voir ça. A vrai dire, je trouvais ça débile de leur annoncer vu le peu de soutien que j’ai eu de leur part quand j’ai décidé de me lancer. D’après eux, je change trop souvent d’hobby. » Je sirote mon champagne. « Je ne vois pas où est le mal. Il faut bien tester et fréquenter plusieurs femmes avant de trouver la bonne, tu crois pas ? » Un rire s’échappe. « Quant à mon frère, ils m’ont dit qu’ils avaient l’intention de  revenir ici. Ça me surprend un peu. Il n’est pas encore en âge de prendre sa retraite sportive. » Dans quatre ans, peut-être ? Je ne sais plus l’intensité du championnat de hockey sur glace au Canada. « Vous avez prévu quoi avec ta compagnie ? Ça fait longtemps que je ne suis pas venu te voir. Il n’y a plus de billets ou d’entrée en coulisses pour les bons vieux copains ? » Plaisantai-je.

TENUE + Fut un temps, moi aussi je rêvais de rendre fier mon paternel. D'être digne de sa gratitude. Comme bon nombre de petits garçons en quête de reconnaissance. Mais ça, c'était avant... Aujourd'hui, les choses ont changé et si lui rendre la vie impossible ou aller à l'encontre de ce qu'il souhaiterait pour moi à l'avenir n'est pas forcément quelque chose que je fais de façon volontaire, je dois quand même avouer en retirer une certaine satisfaction, le rendre fier étant devenu le cadet de mes soucis. Alors aux paroles de mon meilleur ami, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un rire. Un rire jaune. « Il t'en faut bien trop peu pour être heureux.... » Une expression ironique accrochée au visage, j'hausse ensuite légèrement les épaules et rajoute, moqueur : « Personnellement, je préférerais encore mourir qu'apprendre que j'ai rendu mon père heureux de quelque façon que ce soit, parce que cela voudrait dire que j'ai finalement décidé de renoncer à ce pourquoi je me suis battu jusqu'ici. » A savoir ma liberté. La possibilité de pouvoir faire mes propres choix et non d'avoir à suivre le chemin que mon paternel a tracé pour moi. Quitte à me le mettre à dos (ce qui est déjà pas mal le cas). Et je ne suis pas le seul à avoir une vie de famille un peu compliquée. Ne pouvant d'ailleurs retenir un nouveau rire quand Baek Ho me raconte la réaction de ses parents quand ils ont appris que leur fils réussissait très bien sa vie, et ce, sans leur aide, je vide le contenu de ma coupe de champagne, avant de finalement m'exclamer : « Ils n'ont pas forcément tort, tu sais ?! Jusqu'à maintenant, je n'ai jamais rencontré quelqu'un de plus indécis que toi... » Une nouvelle fois, une moue taquine prend possession de mon visage. « M'enfin, le plus important c'est que tu ais enfin trouvé ta voie. » Mieux vaut tard que jamais comme on dit... Puis, à quoi bon se presser ? On est encore jeunes, après tout. Très loin de prendre notre retraite, tout comme le grand frère de Baek Ho. Arquant d'ailleurs un sourcil, quand il m'annonce que ce dernier a peut-être l'intention de revenir en Corée, un fin sourire étire mes lèvres. « Il en a peut-être marre de la Californie... » Qui sait ? Je n'y suis jamais allé, personnellement, mais peut-être que la Corée lui manque et qu'il en a eu assez du soleil, de la chaleur, des hamburgers et des jolies californiennes. Quoique... J'en doute quand même un peu. « Ça fait combien de temps qu'il est là bas, déjà ? » Un bon paquet d'années, ça c'est certain. Je crois d'ailleurs que Baek Ho et moi n'étions encore qu'au collège quand il est parti... Mais soit. Me débarrassant finalement de ma coupe de champagne en la déposant sur le plateau d'un serveur qui passait tout près de nous, je viens glisser mes mains dans les poches de mon pantalon et lève les yeux au ciel, à la remarque de mon meilleur ami. « En même temps, Monsieur le ministre est toujours trop occupé ces derniers temps... » Ce que je ne lui reproche pas, bien évidemment. C'est que ce n'est pas rien de devoir gérer une entreprise... « M'enfin, pour l'instant, il ne se passe pas grand chose. On fait quelques shows, par-ci par-là, en se cantonnant à la capitale. J'pense d'ailleurs qu'on ne va pas beaucoup bouger pendant les prochains mois. A la limite, peut-être le Japon mais sinon... » Un nouvel haussement d'épaule pour accompagner mes paroles et nous nous retrouvons finalement près du buffet sur lequel je m'empare d'un amuse bouche que je gobe presque, puis d'un second, puis d'un troisième. Toutefois, au moment où je m'apprête à en ingurgiter un quatrième, une voix derrière nous finit par s'élever. Une voix que je ne connais que trop bien. « Ça ne m'étonne pas de te retrouver près du buffet, à te goinfrer... » Parce que cette voix, ça fait vingt cinq ans que je dois la supporter...

TENUE + Presque fier de ma boutade, je reprends une mine sérieuse à l'entente de la réponse donnée par mon meilleur ami. Sa relation avec son père était à la fois si simple et si complexe à comprendre. Je peux comprendre le ressenti de mon ami. Les familles trop intrusives étaient souvent source d'un nid à problèmes mais c'est tout bonnement malheureux à quel point son géniteur ne cesse de le rabaisser au lieu de l'encourager. Pendant un temps, j'ai pensé que je pourrais peut-être me mettre à leur place, quand je serais devenu un adulte. Maintenant que c'est le cas, il reste un bon nombre de concepts qui continuent de m'échapper encore. Curieux, je me décide finalement à interroger Jin Hyun. " Et si cette chose te permettrait de te rendre heureux ? Est-ce qu tu serais capable de reculer, par esprit de contradiction, par exemple ? " Pour autant, j'ai l'impression que mon meilleur ami n'est pas en spécialement en quête de quelque chose à l'heure actuelle, ou alors, il ne m'a pas mis au courant. Jin Hyun a l'air plus serein mais les choses peuvent changer du jour au lendemain. Parfois, il suffit d'un seul événement pour tout remettre en cause. D'ailleurs, je pense être un expert en la matière. J'esquisse un léger sourire. " Quand nous sommes talentueux dans une multitude de domaines, il est difficile de deviner du premier coup celui dans lequel nous rêvons de nous démarquer. " Puis, c'est au tour d'un sourire quelque peu arrogant d'apparaître sur mes lèvres. " Je peux comprendre que ça puisse vous échapper. " J'ai conscience de l'ironie de mes mots. Il y a eu deux périodes dans ma vie et celles-ci étaient vraiment démarqués l'une de l'autre: une où je courrais sans cesse pour devenir champion d'esprit, et la seconde, pour faire courir les clients au détour d'une belle bagnole. " Moi aussi. " finis-je par dire, en toute honnêteté. Parfois, il est rassurant de trouver une certaine stabilité, surtout que je suis féru de travail. En ce moment, j'ai vraiment l'impression de mettre tout le reste de côté. " Ou alors son club a compris qu'il n'était pas aussi bon que ça..." Tu parles mais j'adore être de mauvaise foi quand il s'agit de mon frère aîné. C'est comme ça... Depuis qu'il est parti, j'ai toujours cette colère en moi alors que nous avons été proches jusqu'à lors. " Une dizaine d'années, je dirais à peu prés. " Le temps passe vite, c'est fou... Puis, je me mets à rigoler à sa remarque. " Super. On va pouvoir se faire une revanche. J'ai amélioré mon jeu de pédales. " Bizarre, je n'ai pas le souvenir d'avoir suivi des cours de piano... Le sourire aux lèvres, je suis content d'être avec Jin Hyun. J'en oublie mon petit stress et ce désespoir de me retrouver dans une soirée bien pompeuse... Mais comme dit précédemment, il suffit d'un seul événement pour tout bouleverser. Monsieur Park fait une entrée digne de ce nom. Il me fait lever les yeux au ciel. Il m'arrive de me demander s'il arrive à aller aux toilettes. " Monsieur Park, bonsoir." Je ne sais pas pourquoi mais j'ai comme un mauvais pressentiment. J'affiche un sourire hypocrite. Bah quoi ? Personne ne l'a convié à nous rejoindre, et puis, je n'aime pas spécialement son comportement vis-à-vis de mon pote. " J'ignorais que vous faisiez partie des invités. Je ne vous ai pas vu dans la liste des nominés... " Une petite pique bien foireuse, je l'avoue mais je n'étais pas trop inspiré. Il en profite donc pour rire un coup. " Vous êtes bien naïf. Je ne fais plus partie des listes depuis de longues années maintenant... On me décerne plutôt des prix d'honneur. "

TENUE + Serais-je capable de renoncer à certaines choses concernant mon avenir, quand bien même elles me rendraient heureux, et ce pour la seule et unique raison que les dites choses seraient susceptibles de contenter mon père ? Voilà une question plutôt intéressante et qui, lorsqu'on connaît la relation que j'entretiens avec mon géniteur, sans parler de mon désir quasi constant de m'éloigner de lui, pourrait semblait compliquée. Pour autant, la réponse à cette dernière me paraît plutôt évidente. Car, au risque de me répéter, je ne vis pas pour mon père et l'idée même qu'il ait une influence, de quelque manière que ce soit, sur mon avenir me donnerait presque la nausée. Or, me détourner de quelque chose qui me ferait vraiment plaisir, seulement dans le but de foutre en rogne mon père, ce serait le laisser avoir, encore une fois, un certain impact sur mes choix. Et ça, il en est hors de question. Ceci étant dit, il y a très peu de choses qu'une telle situation se présente, et pour cause... « Ce genre de chose n'arrivera jamais, Baekie, tout simplement parce que, quoique je fasse ou dise, mon père trouvera toujours quelque chose à redire. En fait, à partir du moment où il n'est pas question de sa foutue entreprise, ce n'est forcément pas bien pour lui. Et comme son entreprise j'en ai strictement rien à foutre... » Laissant ma phrase en suspend, j'hausse doucement les épaules et esquisse finalement un léger sourire en coin, avant d'ajouter : « Mais si ça t’intéresse vraiment, la réponse est non. Jamais je ne laisserai mon père avoir une quelconque influence sur les décisions que je pourrais prendre. Alors non, je ne renoncerais pas à quelque chose qui pourrait potentiellement me rendre heureux par esprit de contradiction. Mais, encore une fois, rien qui puisse me rendre heureux ne saurait rendre mon géniteur heureux également donc... » La question ne se pose pas vraiment. Mais soit. Débarrassé de ma coupe de champagne, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un rire aux paroles de mon meilleur ami. Faut dire qu'entre ses pseudos excès de confiance et la mauvaise foi dont il peut faire preuve lorsqu'il parle de son frère, y'a de quoi se marrer. Mais le summum du summum c'est quand même lorsqu'il laisse sous entendre que son « jeu de pédales », même après avoir été amélioré, mériterait que je lui accorde une revanche. « Tu parles... » Planté devant le buffet, j'esquisse une moue légèrement moqueuse et surenchéris, après avoir ingurgité un premier amuse-bouche : « Jeu de pédales amélioré ou non, tu vas te prendre exactement la même raclée que la dernière fois et, ensuite, tu n'auras plus que tes yeux pour pleurer ! » Laissant de nouveau échapper un rire, je continue de me goinfrer – un peu – mais c'était sans compter sur mon géniteur qui choisit pile poil ce moment pour faire une entrée digne de... Et bien, digne de lui, tout simplement. Arquant donc un sourcil, je ne prends toutefois pas la peine de relever la tête vers lui et attrape un énième amuse-bouche, souriant légèrement à la petite pique que lui lance Baekie. Cependant, mon visage se charge rapidement d'une expression des plus blasées quand mon père reprend la parole. « Des prix d'honneur ? » Abandonnant finalement le buffet, je me tourne pour faire face à mon père et un rictus vient prendre possession de mes lèvres. « En général, c'est pas les prix que l'on donne à quelqu'un en lot de consolation car il n'est justement plus capable de figurer sur les listes des nominés pour les vrais prix ? » Bon, ok, j'exagère. Les prix d'honneur ne sont pas aussi inutiles que je le laisse entendre. Cela dit, et même si cela n'a pas effacé le sourire suffisant qui orne le visage de mon père, ça m'a quand même fait un bien fou de lui balancer ces quelques mots à la gueule. « Plus sérieusement, qu'est-ce que tu veux papa ? T'es en manque d'un auditoire ? Personne d'autre, ici, n'a accepté de t'écouter te vanter pendant des heures alors t'es venu nous trouver nous ? » Et nous faire chier, aurais-je voulu ajouter... « Te fatigue pas. On a d'autres choses à faire alors va trouver quelqu'un d'autre à impressionner... » Levant une nouvelle fois les yeux au ciel, je tourne le dos à mon père et attrape un autre amuse bouche, désireux de couper court à notre discussion. Mais celui-ci ne semble pas être du même avis et vient se placer à côté de moi, m'empoignant par le bras, l'air légèrement menaçant. « Si j'étais toi, Jin Hyun, j'arrêterais de faire le malin... » Mon père avait prononcé ces mots tout bas, mais suffisamment fort cependant pour que moi, et sûrement Baek Ho, puissions l'entendre. Me dégageant toutefois de l'emprise que celui-ci exerce sur mon bras, d'un mouvement d'épaule, je serre quelque peu les dents et les poings, avant de lui faire face. « Sinon quoi papa ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? » Pas sur que continuer à le provoquer soit la meilleure des choses à faire. Mais que voulez-vous ? Je suis comme ça. Et puis, c'est de bonne guerre...

TENUE + à vrai dire, j'aurais aimé que monsieur park décide de snober son fils. la logique aurait certainement voulu qu'il agisse ainsi. après tout, il ne cesse de répéter que son enfant l'humilie avec ses choix professionnels et son mode de vie alors pourquoi perdrait-il son temps à s'afficher avec son fils dans un événement public ? pour garder bonne figure ? je ne comprendrais jamais cet homme et je me sens un peu désolé d'avoir embarqué jinhyun dans ce gala mais au fond, lui et moi, nous savons déjà qu'il était impossible de ne pas le croiser. contrairement à mon meilleur ami, celui-ci trouve nécessaire de s'afficher partout, d'afficher son plus beau sourire sur son visage de sale rat. que voulez-vous, je ne peux pas être neutre à son sujet et peut-être que je devrais faire mes propres choix avant de défendre mon meilleur ami. mais ce n'est clairement pas ma façon de penser. après toutes ces années à ses côtés, c'est tout bonnement impossible. bien sûr, si jinhyun fait une connerie, je n'hésiterai pas à lui dire, à en discuter avec lui y compris une discussion houleuse devrait s'en suivre. je lui accorde toute ma confiance et je suis certain qu'il comprendrait. je ne veux que le meilleur pour lui sauf ces fameuses victoires lors de nos parties de jeux vidéos, c'est un fait. saluant son père, je suis le premier à lancer les hostilités mais avec une certaine subtilité. jinhyun, de son côté, a nettement moins de patience, ce que je peux entendre. personnellement, je suis heureux d'être inscrit sur les listes. ceux qui n'ont pas pu venir ce soir, ont dû prendre connaissance des nominés pour la cérémonie de ce soir. cela me permet de gagner en visibilité. après tout, nous avons que des portefeuilles bien garnis dans la salle, ce soir. c'est un bon point pour mes affaires. me concentrant de nouveau sur la discussion en cours entre les membres de la famille park, je sens que cette histoire va mal finir. " j'ai un tas d'idées et si tu continues à manquer de respect envers ton père, je n'aurais pas d'autres choix que de les appliquer. je suis las de te voir faire n'importe quoi de ta vie depuis des années. j'ai eu tout mon temps pour y réfléchir.  " une menace ? à mon avis, il n'est pas à son premier coup d'essai. je me demande ce qu'il pourrait faire contre son fils. le déshériter ? ça serait fâcheux s'il tend à faire venir jinhyun dans son entreprise familiale. il ne faudrait pas qu'il joue de son influence pour ruiner la carrière professionnelle de mon ami. c'est la seule chose à laquelle j'arrive à penser bien que cela soit dénué de sens. je fronce naturellement les sourcils et dis d'un ton nonchalant. " monsieur park, je ne suis pas certain que votre comportement sera considéré comme étant honorable si vous continuez de menacer votre propre fils. " je lui adresse un sourire forcé alors qu'il ne me prend pas la peine de me regarder. puis, le son d'un micro se fait entendre. le blabla super ennuyeux va commencer. nous sommes ravis. " on en reparlera après. essaye de faire bonne figure si ce n'est pas trop demandé. " c'est si gentiment demandé. et puis, qui vient nous emmerder ? on ne peut plus discuter tranquillement. aish, je suis franchement content de ne pas avoir les jung dans les pattes. je me retourne vers jinhyun, ignorant royalement le discours introductif. " ce n'est pas la première fois qu'il te dit des trucs pareils non ? sauf si tu as tué quelqu'un et qu'il soit au courant, je ne vois pas franchement ce que tu risques.. " je hausse les épaules et regarde monsieur park s'avancer pour se placer en première ligne. " franchement, il me surprendra toujours. " j'échappe un léger rire et passe mon bras derrière les épaules de jinhyun. " bon mon pote, je suis sincèrement désolé mais il faut qu'on avance un peu devant le cirque. dis adieu au buffet. " puis, j'échappe un sourire complice en attrapant deux-trois amuses-gueules supplémentaires. " c'est quand même super bon ces petites merdes. " par chance, je ne vais recevoir aucun prix d'honneur de mon côté. je peux me laisser un petit peu aller !

TENUE + J'aurais dû m'en douter que, dans un événement comme celui-ci, les chances de ne pas croiser mon paternel étaient quasi inexistantes. Car, pour Park Père, toutes les occasions de se montrer et de rappeler qu'il existe sont bonnes à prendre. Absolument toutes... Faut dire qu'il a toujours été comme ça. A croire que tout réside dans le paraître... Et pourtant, même en étant conscient que je risquais d'avoir à supporter sa présence, il y a cette petite part de moi qui espérait grandement que pour une fois, une seule petite fois, la soirée se passe bien. Dans le meilleur des mondes... Malheureusement, comme à son habitude, mon père ne manque pas cette occasion de me rappeler ô combien c'est un connard fini. D'ailleurs, face à ses menaces à peine voilées, j'ai bien du mal à contenir cette envie grandissante que j'ai de le provoquer un peu plus encore. Cependant, je suis malheureusement ou heureusement forcé de m'abstenir lorsque mon meilleur ami décide d'intervenir. Et, alors que mon père reprend la parole, me demandant de faire bonne figure, mes lèvres s'étirent en un sourire quelque peu forcé et je finis par m'exclamer, ironique : « Evidemment... Il ne faudrait pas que ton image s'en retrouve entachée. Ce serait tellement dommage... » L'observant ensuite s'éloigner, du coin de l'oeil, je finis par arquer un sourcil à la question de mon meilleur ami. Evidemment que ce n'est pas la première fois que ce genre de chose arrive avec mon père. Les provocations, les menaces... J'y ai droit à chaque fois que je le croise et je sais très bien que ce ne sera pas la dernière fois, non plus. Il y en aura d'autres, encore... Haussant donc les épaules, je me contente simplement de lui répondre, blasé : « Tu le connais... Il faut toujours qu'il en fasse des tonnes... » Je ne peux d'ailleurs m'empêcher de ricaner, en le revoyant si fier d'annoncer le pourquoi de sa présence ici. Franchement, c'était d'un pathétique. Et puis... Un prix d'honneur ? Sérieusement ? Quelle bonne blague... Qu'ils lui refilent aussi le prix Nobel de la paix, tant qu'ils y sont... « J'y suis habitué, maintenant... » Une nouvelle fois, j'hausse les épaules, dans un geste nonchalant, puis un fin sourire vient prendre possession de mon visage, lorsque je vois Baek Ho piocher dans les assiettes Je m'empresse d'ailleurs très vite de faire la même chose, hochant la tête aux paroles de mon meilleur ami, puis finalement nous nous avançons pour nous mêler un peu plus à la foule et, ainsi, nous rapprocher de la scène sur laquelle le maître de cérémonie poursuit son discours. Discours qui me paraît interminable... « Je ne comprendrais jamais que l'on puisse aimer ce genre de soirées... » C'est d'un ennui mortel, faut dire... D'ailleurs, je regretterais presque que mon père soit parti si vite. Au moins, il mettait un peu d'ambiance, lui. Ou pas... « Dès que t'as reçu ton prix, on s'barre d'ici, hein ?! » Parce que pour moi, il s'agit d'une évidence. Baek Ho repartira forcément de cet endroit avec sa petite récompense. « On ira fêter ça autour d'une bonne bière, si tu veux, mais hors de question qu'on reste pour l'after... » Pour devoir supporter la tête de tous ces péteux ? Il en est hors de question. Je préfère encore sauter d'un pont. D'ailleurs, dans la catégorie péteux, j'appelle le Péteux Suprême qui, avec cette même démarche et cette même expression un peu trop fière qu'il arborait déjà lorsqu'il est venu nous trouver à Baek Ho et moi un peu plus tôt, monte sur la scène pour venir récupérer son fameux prix d'honneur. « Le seul fait de voir son air suffisant me donne des envies de meurtre... » Difficile de croire que je parle de mon propre père, n'est-ce pas ? Et pourtant...