Il poussa un soupir, et je ne savais pas quelle était la signification de ce soupir. Était-il lassé d'entendre une telle réponse ? Peut-être l'avait-il déjà suffisamment entendue dans sa vie pour en être lassé. Ou bien, ce soupir n'était pas un soupir de lassitude, et il exprimait plutôt sa colère. Dans tous les cas, cela ne signifiait rien de bon pour moi. Quand je pensais que ce moment serait enfin fini... Apparemment, ce n'était pas près d'être le cas. Je ne l'avais jamais vu faire, mais il me faisait peur. Ce n'était pas causé par ses rumeurs, en vérité. Ses rumeurs ne faisaient qu'empirer la chose, mais c'était surtout son attitude et sa prestance qui m'effrayaient. Rien que sa voix calme et pourtant si effrayante me terrorisait sur place. Si j'avais su, je n'aurais jamais fait mon curieux pour lui demander si ses rumeurs étaient vraies. Maintenant, plus j'avais « discuté » avec lui, plus je me disais que ses rumeurs étaient vraies... Pourtant, je ne devrais pas. Rien ne me disait que ses rumeurs étaient vraies. Cependant, avec des personnes comme Yoohim dont les rumeurs étaient déjà là depuis longtemps, c'était difficile de faire abstraction des rumeurs en le voyant. C'était peut-être ça qui indiquait que peut-être, au fond, j'y croyais. Mais si j'avais répondu que j'y croyais, qu'est-ce qu'il se serait passé pour ma vie ? J'aurais certainement subi sa colère, et ce n'était pas dans mon but. Moi, tout ce que je voulais, c'était de rentrer dans ma chambre, puis d'aller dormir. Si seulement j'avais verrouillé la porte, rien de tout ça ne serait arrivé... J'étais vraiment un idiot. Yoohim semblait réellement en colère, et tout ce qu'il faisait était de la contenir pour ne pas me frapper. Il disait que c'était mon air de chiot battu qui lui donnait envie de me frapper, mais je n'y pouvais rien. Il m'effrayait, c'était la vérité. C'était évident, mais je ne pouvais pas lui dire. Je ne savais pas comment il réagirait. Justement, le fait que je ne puisse pas prédire ce qu'il allait faire m'effrayait. Peut-être allait-il bien finir par me frapper, et là, je serais fichu. Je ne compris pas réellement l'expression qu'il venait d'utiliser. Je ne jouais pas aux grands. Il m'effrayait, mais depuis le début de notre discussion, je n'avais pas menti. Je n'avais dit que la vérité. Peut-être que c'était ça qui l'énervait, aussi. Je ne disais que la vérité. Je ne pouvais pas savoir si une rumeur était vraie sans l'avoir vue de mes propres yeux, c'était normal. Il m'effrayait pas à cause de ses rumeurs, il m'effrayait à cause de ses mots et de son attitude. Son ricanement ne m'avait pas rassuré non plus, d'ailleurs. Son ton ironique me terrorisait, et d'un côté, alors que je savais qu'il ne me montrerait pas laquelle de ces rumeurs était vraie, j'avais tout de même l'impression qu'il finirait par me la montrer. Comme il le disait, je ferais mieux de partir avant que je ne me reçoive un coup dans le visage. Je ferais mieux de ne rien dire, d'ailleurs. J'en avais déjà eu assez les frais tout à l'heure. J'avais osé parler, et c'était ça qui m'entraînait dans cette situation. Je quittai la salle de bain sans demander mon reste, me contentant de m'incliner pour prendre congé. J'avais une grande envie de rejoindre ma chambre, de m'allonger sur mon lit, et de fermer mes yeux. Bien que je ne savais pas si les rumeurs de Yoohim étaient vraies, une seule était sûre : il me faisait cruellement peur.

Codage par Libella sur Graphiorum