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sharing our pain (yuba)
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sharing our pain (yuba) | Ven 30 Juin - 1:54 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
/// une journée de plus qui se termine. un quotidien qu'elle s'évertue de rendre meilleur, à sa façon. les semaines, les mois défilent et elle ne parvient toujours pas à avancer. une quête de cette âme égarée qui s'éternise, dont elle ne voit pas la fin. cinq étapes dans le deuil et pourtant, bagheera reste bloquée à la première. le déni d'une perte bien trop importante, même lorsqu'elle se retrouve en face de cette pierre gravée. parce qu'elle refuse de croire que tout est terminé, que bae ne sera plus à ses côtés. elle s'interdit de penser qu'il a disparu à tout jamais malgré ces inscriptions, celles qui marquent la fin d'une vie si précieuse à ses yeux. on a beau lui dire, lui répéter qu'il ne reviendra pas, elle y croit, toujours plus fort. même durant ces longues nuits passées seule devant ce qu'il reste de cette enveloppe charnelle. et ce soir encore, c'est dans l'espoir infime d'un signe de sa part, que bagheera remet les pieds dans cet endroit si froid, si lugubre. elle a besoin de faire le point sur ses recherches, de remettre la main sur cette formule qui donnait un sens à sa vie. et lorsqu'elle ne s'évapore pas dans la nature, c'est à ses côtés qu'elle vient trouver refuge. toujours le même rituel dans la nuit. elle vient, silencieuse, discrète, apporte quelques provisions avec elle, et se pose devant cette pierre tombale où l'on peut facilement deviner le nom de nam bae ju. plus qu'un frère, plus qu'une aide depuis sa plus tendre enfance, bae a toujours été le seul à savoir déchiffrer le monde pour elle. alors c'est tout naturellement qu'elle s'installe, sortant de son sac un plaid sur lequel elle s'asseoit, quelques gâteaux, et de quoi boire. pas de calepin, pas de formules à déchiffrer, seulement la mémoire des instants passés ensemble. il n'en faut pas plus à la rosée pour se renfermer dans sa bulle, fixer du regard ce nom qui n'aurait jamais dû se trouver là. les souvenirs réapparaissent dans son esprit, sans qu'elle n'ait à le contrôler. parfois, elle reste silencieuse durant de longues heures, ne trouvant rien à dire où à faire à par contempler les restes de ce bonheur qui lui tendait les bras. et d'autres fois, elle se laisse imaginer qu'il est installé juste à ses côtés, prêt à répondre à toutes ses questions. les minutes s'écoulent alors que seul le bruit des feuilles vient briser ce silence lourd. elle relève la tête lentement, la penche légèrement sur le côté, perdue dans ses pensées. "tu sais quoi bae ? j'ai vu la voie lactée la dernière fois, et j'ai repensé à ce que tu m'as dit." on pourrait la croire folle de parler seule, mais c'est simplement l'envie de croire qu'il se rapprochera d'elle pour l'écouter qui la fait parler, continuer de faire vivre ces souvenirs que l'on croit parfois perdus à jamais. "c'est stupide de vouloir croire que la personne qu'on a perdu est devenue une étoile. ça voudrait dire qu'elle pourrait pas nous voir pendant le jour. c'est pas ça le but de la métaphore ? se dire que même du ciel, les gens peuvent nous voir ?" et elle réfléchit, se demande ce que bae aurait pensé de ça. le silence pour simple réponse, elle continue de se dire qu'il reviendra bientôt lui apporter plus d'explications à ce qui l'entoure. "dans ce cas là, ça serait mieux de les imaginer comme des nuages, ne ? au moins, même quand il fait noir, on les voit quand même." un léger sourire se dessine sur ses lèvres. bae aurait certainement rit de cette remarque, et elle croirait même l'entendre de là où il est. un réconfort pour elle, qui ne cherche qu'à retrouver la sécurité d'une vie normale, sans ce poids dans le coeur dont elle n'a jamais pu se débarasser. "peut être que les gens trouvent ça plus joli, une étoile." ce rictus reste figé sur son visage, se remémorant cette nuit sur l'un des toits de la ville. ces discussions autour d'un ciel étoilé qui n'avait jamais été aussi beau. et elle espère, en vain, que tout redevienne comme avant. puis vient un long silence, sa tête se balance de la gauche vers la droite, ses pensées bousculées par ce qu'aurait pu dire ou faire son grand frère, les réponses qu'il aurait pu lui apporter. elle fait mine parfois de réfléchir, pour se reconcentrer sur cette pierre froide et sans vie. l'espoir toujours bien présent qu'un jour, il réapparaitra.
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Re: sharing our pain (yuba) | Mer 5 Juil - 18:57 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
C'est seul que tu te retrouves ici, souvent les dimanches mais parfois, en milieu de semaine. Peu importe l'heure, tu viens ici, te recueillir, à chaque fois que tu en ressens le besoin et dieu sait que tu en as besoin. C'est vital. Venir ici avec quelqu'un ? Hors de question, même pas ta petite sœur, tu n'y arrives pas. Tu ne veux pas prendre le risque qu'elle te parle de Minhee, tu ne le supportes pas, tu n'arrives même pas à entendre son prénom sans te sentir affaibli, sans te sentir vulnérable. Tu te mets automatiquement en mode défensif et ça, tu ne veux pas, tu sais comment tu te comportes quand c'est le cas et tu n'as pas envie de faire de mal autour de toi, de blesser les gens en les envoyant sur les roses alors qu'ils souhaitent t'aider. T'es là, une veste sur les épaules dû à la fraîcheur de la nuit, seul le bruit du vent et des feuilles se font entendre. Entourant ta taille de tes bras, tu fixes cette tombe, sa tombe, depuis plusieurs longues minutes, tu ne sais pas, tu ne vois jamais le temps passer quand tu es ici. Tu pars que lorsque tu te sens prêt. L'avantage de venir la nuit, c'est que tu es réellement tout seul ici, tu ne prends aucun risque et tu te sens bizarrement mieux, comme si la nuit t'enfermait dans cette bulle, votre bulle... À Min Hee et toi. Pourtant, tu finis par relever le visage, le déposant sur ta droite et non loin de toi, tu l'aperçois. Cette femme. Tu la vois souvent ici mais tu ne lui as jamais parlé, tu sais juste qu'elle vient souvent et qu'elle est à la Yonsei. Son style est particulier, elle n'a pas un visage qu'on peut oublier facilement et tu ne sais pas pourquoi... Mais tu es poussé vers elle. Tu as souvent eu envie d'aller la voir mais que pourrais-tu bien lui dire? C'est ça, le problème. Alors tu n'y vas jamais. Pourtant elle est là, cette nuit, vous n'êtes que deux ici mais tu sais très bien que tu n'iras pas, comme à chaque fois. Pourquoi ferais-tu ça ? Qu'est-ce que tu pourrais lui dire ? Et puis, tu n'aimes pas qu'on vienne te déranger, elle doit sans doute vouloir être seule elle aussi, tu ne veux pas prendre le risque de t'imposer, tu te mets à sa place. Tu fermes les yeux, laissant échapper un fin soupir avant de tourner les talons, te dirigeant doucement vers la sortie du cimetière, tu tentes d'être discret pour ne pas la déranger parce que oui, tu t'approches d'elle afin de pouvoir sortir d'ici. Cependant tu l'entends parler, lui parler, tu ne peux t'empêcher d'écouter parce que oui, ça t'interpelle quelque part. Elle peut te comprendre, non ? Et si tu te pouvais retrouver en elle, cette partie de toi qui comble ta solitude ? Ça serait bien la première fois que tu aurais ce sentiment d'être compris auprès de quelqu'un. Tes pas se stoppent, le regard rivé sur le sol, tu entends ces paroles qui te font toi aussi réfléchir. Elle ne te pose pas la question à toi, elle ne t'a même pas vu... Enfin, tu crois. Mais tu ne peux t'empêcher de tourner ton visage dans sa direction, un poil hésitant, tes sourcils se froncent. C'est vrai ça, c'est le but de la métaphore... Mais le jour, où sont les étoiles ? Où elles sont quand on a besoin d'elles ? « Beaucoup pensent que les étoiles nous guident. » Tu te surprends toi-même, ta voix résonnant jusqu'à tes oreilles. Tu plisses les lèvres dans une moue plutôt gênée, tu n'aurais peut-être pas dû faire ça, tu aurais dû la laisser seule... Mais c'était bien plus fort que toi. « … C'est sans doute pour ça. » reprends-tu, t'approchant d'un pas. Tu gardes tout de même cette distance, tu ne sais pas si elle souhaite vraiment rester seule et encore une fois, tu n'as pas envie de t'imposer. Tu hausses doucement les épaules, non tu n'as aucune idée de pourquoi les gens voient ces personnes perdues comme des étoiles, mais oui... C'est jolie, une étoile.
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Re: sharing our pain (yuba) | Jeu 6 Juil - 16:08 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
/// elle se sent perdue dans cette discussion inachevée. elle a cette incompréhension qui la retient, qui l'anime encore le soir, lorsqu'elle se retrouve seule face à la nuit. il lui est impossible de trouver l'inconnu qui résoud cette formule, celle de leurs âmes liées à tout jamais. bagheera, elle n'a jamais su expliquer le résultat d'une combinaison parfaite entre ces deux auras d'imperfection. une alchimie que seule ma avait réussi à provoquer. et maintenant qu'il n'est plus là, elle est à nouveau seule, cherchant encore et encore comment les réunir à nouveau. tant de questions, tant de souvenirs à continuer de créer, mais son âme s'est échappée dans l'obscurité, et elle cherche encore où elle a bien pu s'installer. elle aimerait lui dire à quel point elle ne sait pas vivre sans lui, à quel point elle est incapable d'avancer. elle aimerait lui demander de revenir, de la soutenir dans son quotidien terni par l'absence. alors, pour pallier à ça, elle vient passer du temps devant ce qu'il reste de lui, ce qu'on ne lui a pas encore enlevé. un repère lorsque tout devient trop flou, un moyen de se rappeler ces conseils de vie qui l'aidaient tant à avancer. elle aurait voulu croire que la vie avait de belles choses à offrir, et que ce ne sont pas nécesairement les meilleurs qui partent les premiers, mais elle se rend compte qu'elle n'a jamais été aussi seule, et que personne n'est finalement capable de comprendre ce qu'elle ressent. elle laisse ses paroles s'envoler dans les airs, en espérant que de là où il est, bae pourra lui répondre. parce qu'elle sait, qu'il n'attend d'elle que la résolution de ce problème pour réapparaître, pour donner un sens nouveau à sa vie. une telle alchimie ne peut pas s'effacer d'un seul trait. cette question suspendue marque un silence auquel elle fait face chaque jour, à chaque instant. et comme un signe de son âme égarée, une réponse parvient finalement à ses oreilles. jettant un coup d'oeil derrière son épaule, bagheera sourit. elle ne s'attendait pas à ce qu'on l'écoute, à ce que baeju puisse lui indiquer que oui, il peut l'entendre à travers le ciel. son regard se pose à nouveau sur son nom, une légère moue prenant place sur son visage. "comment une étoile peut-elle nous guider si on ne la voit pas alors ?" elle penche la tête en arrière un instant, admirant le ciel, avant de se retourner vers celui qui a brisé ce silence douloureux. difficile de cerner ses traits dans la nuit, pourtant, elle essaie de discerner correctement ce visage. elle reconnait cette silhouette, elle l'a déjà vue. dans la pénombre, elle se rappelle l'avoir déjà croisé aux alentours. elle ne peut s'empêcher de le fixer, sans pour autant bouger. ses yeux traduiraient presque sa détresse, son regard qui pourrait lui demander : "toi aussi tu la ressens cette douleur ? toi aussi t'as l'impression qu'elle s'en ira jamais, et que tout est perdu d'avance ? parce que moi, moi j'arrive pas à vivre avec, c'est comme si le monde tournait à l'envers, et que tout était à refaire. dis, toi aussi, t'as l'impression de tomber d'une falaise sans savoir comment revenir en arrière ?" elle n'a pas besoin de le connaître pour savoir qu'il vit la même chose qu'elle. ou du moins, qu'il pourrait comprendre ce que c'est que de ne pas pouvoir trouver la paix dans la perte d'un être cher. elle a ce sentiment qu'il voudrait partager sa peine sans savoir comment faire. ils sont pareils. ils souffrent mais ne disent rien. elle le sent. elle sent ce désarroi dans le regard, et cette imcompréhension dans la voix. alors, plutôt que mille mots, elle lui tend simplement une brique de jus de fruit. "tu as soif ?" parce qu'elle sait, à quel point ça creuse le ventre, à quel point ça rend faible de rester là, des minutes, des heures entières, dans l'espoir d'un signe. dans l'espoir qu'un jour, tout ira mieux.
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Re: sharing our pain (yuba) | Dim 6 Aoû - 1:41 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
Tu ne sais pas ce qu'il t'a pris, pour le coup... Toi qui ne supporte pas de venir avec quelqu'un au cimetière, non, tu préfères venir seul. Tu ne prends aucun risque, tu sais à quel point tu peux te montrer sensible quand ça concerne ta sœur jumelle et au moins, seul, tu as ce poids en moins. Tu n'as pas à faire attention à ce que tu dis, à ce que tu fais, ayant rejeté tes proches pendant beaucoup trop longtemps. Tu n'as pas envie que ça recommence mais pour ça, tu as besoin d'avoir ce moment, seul. Avec elle. Tu es bien placé pour le savoir, ouais, mais pourtant tu as pris la parole. Tu as brisé ce court silence où cette fille ne parlait pas pour faire un pas vers elle, bizarrement, tu en avais besoin. Ce n'est pas la première fois que tu la vois ici, ce n'est pas la première fois que tu es poussé vers elle mais tu n'as jamais trouvé le courage de le franchir, ce pas. Comment? Non, tu préférais rester à ta place, tu veux que tes proches te laissent seul mais va savoir, ça serait sans doute plus facile avec une inconnue. Tu as cette étrange sensation qu'elle pourrait te comprendre beaucoup plus facilement, c'est idiot pourtant, ta famille souffre elle-aussi mais... C'est bizarre, ni plus ni moins. « Comment une étoile peut-elle nous guider si on ne la voit pas alors ? » T'en sais rien. Tu plisses les lèvres, baissant même les yeux un court instant. Tu n'as pas la réponse pourtant, tu fais partie de ces personnes qui observent souvent le ciel, espérant qu'une étoile pourrait être ton étoile. Pourrait être elle. Tu l'espère, t'y crois, tu t'y accroches comme si c'était ton dernier espoir, que dans un sens, ta sœur soit encore là. Ton regard suit celui de la jeune femme, cherchant à nouveau cet espoir, cette étoile. « Je sais pas... » souffles-tu d'une voix presque inaudible. Jusqu'à ce que, doucement, ton regard se pose à nouveau sur elle. Vous vous échangez ce regard. Regard brisé par la tristesse, par le manque d'un être cher, par le deuil qui est bien trop difficile à faire mais surtout, le même regard. Oui, tu as l'impression de retrouver ton regard dans le sien, que vous vous comprenez sans dire un seul mot supplémentaire. Souffrir sans rien dire, elle partage ce sentiment et tu en es convaincu, tu peux le lire dans son regard. « Tu as soif ? » te demande t-elle finalement, tendant dans ta direction, cette brique de jus d'orange. Geste qui te fait doucement sourire, pas un sourire des plus joyeux non, mais un fin sourire, brisé mais sincère. Au moins, tu es certain de ne pas la déranger parce que c'était tout sauf ton intention, elle te donne comme qui dirait, l'autorisation de rester, non? Tu t'approches davantage, délicatement, et vient même doucement te saisir de cette brique de jus d'orange. « Merci... » dis-tu, d'une douce voix. L’atmosphère est calme mais pesante, pesante car vous vous trouvez à l'endroit qui vous rappelle cette perte. Tu ne sais pas ce par quoi elle a traversé, tu ne sais pas qui elle a perdu non plus mais vous souffrez, tous les deux. Tu t'installes alors, timidement avouons-le, sur le plaid installé, jetant même un rapide coup d’œil à la nourriture et les boissons qu'elle avait apporté, elle devait prévoir de rester un petit moment ici. Tu t'occupes les mains, retirant la paille du plastique avant de venir la planter dans la briquette, puis, lance un regard peu hésitant vers cette jeune femme. Tu finis tout de même par briser le silence. « Tu sais... » commences-tu, reposant ton regard sur ta pauvre briquette. « Ce n'est pas la première fois que je te vois ici. » Une ou deux fois à l'université, mais c'est surtout ici que tu la croises, tu ne sais même pas si elle t'a déjà remarqué, cependant. Mais tu ne sais pas pourquoi tu t'es toujours senti poussé vers elle, ça, tu ne peux pas l'expliquer. Tu relèves alors ton regard dans sa direction. « Je n'ai jamais osé venir... Je m'étais dit que tu préférais sans doute être seule. » Et tu peux le comprendre plus que quiconque, ça. Toi le premier. C'est d'ailleurs pour ça que tu n'arrives pas à exprimer ce besoin de faire ce pas vers elle, mais tu ne cherches pas réellement la réponse à cette question. « Je viens toujours seul. » termines-tu, dans un soupir. Mais ce soir, tu n'as aucune envie de rester seul. Ce soir, tu as besoin d'être compris. Et tu te sens déjà compris, n'ayant même pas besoin de prononcer un seul mot de plus.
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Re: sharing our pain (yuba) | Lun 14 Aoû - 22:50 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
/// un an. un an que son monde s'est effondré. une année entière à se demander si elle est encore capable d'avancer, de comprendre le monde alors qu'elle a toujours été figée dans son propre univers, rempli de molécules et de formules pour expliquer de manière logique et scientifique ce qu'elle pourrait vivre. une année à venir se réfugier devant ces restes d'une vie si facile à apprivoiser, tant qu'il était là. malgré l'absence, ses souvenirs ne s'effacent pas. ils restent là, bien ancrés dans sa mémoire. mais ce n'est pas suffisant pour continuer de vivre, pour continuer d'apprendre de ces expériences et de ces rencontres. elle aimerait tant pouvoir lui faire partager ce qu'il se passe dans son quotidien, de ces personnes qui font désormais partie de sa vie. que ce soit il kyung chez qui elle trouve refuge lorsque rien ne va, à sunah qui sait comment lui montrer qu'on peut vouloir la protéger chaque jour des monstres de la nuit. mais il n'est plus là pour partager tout ça, il n'est plus là pour lui dire comment faire pour vivre normalement, au même niveau que le commun des mortels. il n'y a plus personne pour lui expliquer le comportement humain, les aléas d'un quotidien qui n'a jamais réellement été facile. elle cherche parfois du réconfort mais ne saurait trouver la personne qui pourrait ressentir la même chose qu'elle. ce sentiment de solitude, de vide intense qu'on ne saurait combler. une absence qui pèse et qui bouffe tout le reste. mais dans la pénombre, on n'est jamais seul. il y a toujours quelqu'un, quelque part, avec cette même douleur qui prend au ventre, et qui nous laisse sur place. et elle le sait bagheera, elle le comprend lorsque le jeune homme finit par briser le silence. et ça la rassure, finalement. parce qu'elle n'est pas seule. il y a d'autres personnes, comme elle, perdus dans la nuit, et qui souffrent en silence. par un simple regard, ils se comprennent, elle le sait. la rosée a peut être trouvé une autre âme égarée comme la sienne, et qui ne sait pas quoi faire face à ce manque. et elle se souvient, elle se rappelle ces paroles de baeju. "si quelque chose ne va pas, dis le moi. tu te sentiras toujours mieux à partager ta peine. tu sais que t'es pas seule bagheera. je serais toujours là, il y aura toujours quelqu'un prêt à s'asseoir à tes côtés pour t'écouter, te laisser te vider de ta douleur. faut pas tout garder pour toi bagheera, tu souffriras toujours plus si tu fais ça." son regard élevé vers le ciel, elle se remémore ces instants qui lui paraissaient si insignifiants, mais qui représentent beaucoup désormais. alors elle finit par l'inviter à s'installer avec elle, c'est sûrement ce qu'il aurait voulu qu'elle se dit. elle l'observe s'installer à ses côtés, ce sourire brisé dessiné sur ses lèvres. ce soir, elle ne sera pas seule à partager sa peine. et elle l'écoute, attentivement. elle penche la tête sur le côté alors que ses yeux se posent sur cette tombe qu'elle connait par coeur. "je t'ai déjà vu aussi, là bas." d'un geste fin, elle pointe du doigt l'endroit où elle remarque sa silhouette dans la nuit. elle n'a pas besoin de discerner son visage pour savoir qu'ils vivent la même chose, quelque part. "on préfère toujours être seul. bae dit qu'il faut savoir partager sa peine, que ça nous permet d'avoir moins mal. t'y crois toi ?" elle se tue un instant, le temps de prendre une gorgée de jus de fruits, et reporte son attention vers le jeune homme. "je crois surtout que si on a vraiment envie d'être seul, alors on le reste." et parfois, il y a ce moment où on se rend réellement compte qu'on peut partager cette douleur, qu'on en ressent le besoin pour se libérer petit à petit de ce poids. elle ne saurait dire si c'est ce qu'elle vient chercher ici, où si c'est simplement le réconfort de ses souvenirs qui l'aident à avancer, mais elle sait qu'elle ne refusera pas ce partage, aussi douloureux soit-il. parce que finalement, s'ils sont là, c'est sûrement parce qu'ils en ont besoin.
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Re: sharing our pain (yuba) | Mar 31 Oct - 0:22 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
et pourtant, tu aurais pu la partager, ta peine. tu n'es pas le seul à avoir perdu minhee. tes parents ont perdu leur fille, ta petite sœur a perdu sa grande sœur, ton meilleur ami a perdu sa petite amie. mais toi, tu as mise cette distance. tu ne voulais pas, tu ne l'as pas fait exprès mais que pouvais-tu bien faire? tu étais bien trop dévastée par la perte de ta moitié. minhee, c'était ta sœur jumelle. oh non, tu étais clairement au fond du trou, tellement que tu as fini par rejeter tout le monde. sûrement persuadé qu'ils ne pourront pas t'aider. pourtant tu sais qu'ils souffrent eux aussi, mais tu ne peux malheureusement rien leur apporter, tu es devenu qu'une épave, après l'avoir perdu. le deuil, tu ne l'as pas encore fait, même pas après sept ans. et en réalité, tu doutes pouvoir le faire un jour. des années sont passées, oui, tu as appris à vivre sans elle mais minhee reste un sujet beaucoup trop sensible pour toi, ce n'est pas pour rien que tu te rends seul sur sa tombe, tu ne veux prendre aucun risque. tu sais comme tu peux te montrer distant et braqué quand ça la concerne, c'est la douleur, le manque, parce que t'en souffres encore. pourtant, quelque chose t'a poussé vers cette femme. de la curiosité ? non pas vraiment, ça fait simplement plusieurs fois que tu la vois ici mais tu n'avais encore jamais franchi le pas. comment ? il n'y a rien à dire de plus, n'est-ce pas ? pourtant, vous possédez le même regard, la même peine dans vos yeux, la même douleur, inutile de le dire, ça se voit, ça se ressent. et puis, bizarrement, tu te sens à l'aise. ouais, tu devrais te sentir plus à l'aise avec les personnes de ta famille, ou tes proches, mais ce n'est pas le cas. t'as beaucoup trop peur des réactions que tu peux avoir, de la douleur que ça peut provoquer en toi, parce qu'il y a tous ces souvenirs qui te frappent à chaque fois. c'est sans doute plus facile avec une inconnue, quelqu'un qui peut te comprendre sans te connaître réellement, du moins, pour le moment. c'est étrange, oui, mais t'as juste cette impression d'être à ta place, là où tu devrais être, pour une fois. « je t'ai déjà vu aussi, là bas. » instinctivement, tu détournes le regard vers l'endroit qu'elle t'indique: la tombe de ta sœur. tu restes là à la fixer pendant un court instant avant de baisser les yeux. mais lorsqu'elle reprend la parole, tu tournes à nouveau ton visage dans sa direction. « on préfère toujours être seul. bae dit qu'il faut savoir partager sa peine, que ça nous permet d'avoir moins mal. t'y crois toi ? » et là, ton regard se pose droit devant toi, sur cette tombe, où tu y lis clairement le nom de nam bae ju. t'es peiné, et sa douleur, tu peux toi-même la ressentir. si tu y crois ? ça pourrait expliquer tes réactions, ces dernières années. « je crois surtout que si on a vraiment envie d'être seul, alors on le reste. » tu acquiesces doucement d'un geste de la tête, elle a raison, après tout. mais tu ressens ce besoin de ce libérer de ce lourd poids qui te pèse, tu ne sais juste pas comment, toi qui t'isole et évite le sujet à chaque fois. peut-être que ce soir, tu pourras essayer de le faire, avec cette inconnue. « je sais pas... » reprends-tu, buvant une gorgée de la briquette qu'elle t'a donné. enfin, si, tu le sais. après avoir avalé quelques gorgées, tu prends une discrète inspiration, avant de reprendre finalement la parole: « il doit avoir raison. » avoues-tu, finalement. tu marques une courte pause, parce que tu le sais, tu commences à t'aventurer sur une pente dangereuse. « ça va bientôt faire sept ans que j'ai perdu ma sœur jumelle, que je reste seul. » du moins, que tu ne partages pas ta peine. tu te confies à elle, et bizarrement, c'est plus facile que tu ne l'aurais cru. tu poses alors ton regard sur elle, un mince sourire timide et attristé sur les lèvres. « et je me sens toujours aussi mal. » le temps passe, oui, mais ta douleur ne se dissous pas pour autant. peut-être parce que justement, tu restes toujours seul avec ces démons qui te hantent.
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Re: sharing our pain (yuba) | Mer 8 Nov - 19:05 Citer EditerSupprimer
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/// elle n'arrive pas à imaginer qu'il ne soit plus là, qu'il ait disparu du monde en la laissant livrée à elle-même. elle n'arrive pas à passer le déni pour faire son deuil, n'en trouve pas l'envie ni même le courage. elle veut croire qu'il est encore là, quelque part, qu'il a encore beaucoup à lui apprendre du monde et des gens. qu'il reviendra un jour, et qu'elle ne sera plus seule. qu'elle retrouvera cette part d'elle même qui l'a toujours aidé à avancer, à se familiariser avec le commun des mortels. comme avant. mais elle a beau essayer de s'en convaincre, la douleur ne s'en va pas. toujours plus forte, toujours plus éreintante. cette souffrance continue de grandir en elle à chaque jour qui passe, chaque moment passé devant cette tombe. chaque souvenir de lui est une véritable torture alors qu'elle s'efforce de croire que ça l'aidera à trouver la solution à ce coeur en peine. mais comment faire face à une perte aussi importante ? comment continuer de vivre normalement quand on a l'impression d'avoir tout perdu ? elle en cherche encore la réponse alors qu'elle n'arrive même pas à croire qu'il ne reviendra plus jamais. ce n'est pas faute d'essayer, mais dans sa vision du monde, il ne peut pas avoir disparu. alors elle préfère rester près de ce qu'il reste de lui, imaginer sa présence près d'elle. se remémorer leurs instants hors du monde. parce qu'il était son seul lien tangible pour comprendre les autre, et elle a l'impression que personne ne pourra percevoir le sens de ce qu'elle ressent. et dans le plus grand des hasard, c'est la première fois qu'elle rencontre quelqu'un comme elle. quelqu'un qui, par un simple regard, est capable de lui faire comprendre qu'il y a d'autres personnes comme elle. perdus dans la pénombre, le coeur en miettes, sans possibilité de le récupérer entier. elle se mord la lèvre à cette simple idée, à cette présence à ses côtés qui reflète sa douleur à travers ses yeux. elle se demande s'il est préférable de rester seul où si partager sa peine l'aidera à aller mieux, à comprendre pourquoi lui est parti et pas elle. elle se pince les lèvres avant de boire un peu de jus de fruits, continuant de contempler cette pierre tombale. depuis un an, elle se sent terriblement seule sans forcément le vouloir à chaque instant. mais elle ne pensait pas pouvoir trouver quelqu'un comme lui un jour. elle se pince les lèvres alors qu'elle se tourne entièrement vers lui, s'installant en tailleur. elle l'observe attentivement et finit par lui offrir un sourire marqué par la tristesse. "c'est parce que tu en avais besoin peut-être. mais si tu es venu, c'est parce que tu en as besoin aussi, d'en parler." elle attrape son paquet de biscuit, en prend un qu'elle mange rapidement avant de lui tendre la boîte. "c'est difficile d'aller de l'avant, ne ? est-ce que tu penses qu'il est possible de trouver une formule pour y parvenir plus facilement ? j'ai beau chercher, je n'ai pas encore trouvé." pendant un instant, elle devient silencieuse, penche légèrement la tête sur le côté. elle serait incapable d'avoir les bonnes paroles, de trouvers des phrases rassurantes à lui dire. après tout, il n'y a personne pour lui en faire part depuis que bae ju a disparu. son cerveau bouillonne à chercher ce qu'elle pourrait dire ou faire de sensé dans cette situation. puis elle relève finalement son regard vers lui, ce jeune homme qui serait capable de la comprendre à travers la douleur. "j'ai une idée. tu me parles d'elle, et je te parle de lui. on n'a qu'à voir si ça aide vraiment, de partager ce qu'on ressent." dans le fond, elle n'est pas vraiment sûre que ça puisse fonctionner, mais à ses yeux, rien n'est perdu d'avance tant qu'on a pas essayé. elle aurait du mal à proposer cette idée à quelqu'un d'autre. après tout, elle n'a jamais été sûre du fait qu'on puisse la comprendre réellement. elle ne perd rien à lui proposer de parler, elle s'aventure vers des chemins sinueux, mais elle ose, timidement. elle ose lui proposer de ne pas être seul, au moins le temps d'une soirée.
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Re: sharing our pain (yuba) | Lun 18 Déc - 18:52 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
c'est étrange cette sensation que tu as, cette impression de t'ouvrir à elle alors que tu ne la connais même pas... c'est sans doute pour cette raison que tu y parviens aussi facilement. soyons honnête, tu pourrais te confier à ta sœur, à tes parents malgré le fait que vous n'êtes pas si proches que ça, ou même encore à tes cousins/cousines. tu as une famille avec toi mais c'est justement eux que tu évites, sans doute parce qu'ils ont beaucoup de souvenirs avec elle, que c'est déjà assez difficile pour toi d'essayer de canaliser ta peine de la perte de ta sœur jumelle. tu ne le vois peut-être pas encore mais à force de rester seul avec toutes ces pensées, toute cette peine... tu finis par te détruire, à petit feu, cette douleur qui ne cesse de grandir en toi. le plus étrange dans cette histoire c'est qu'avec cette fille, tu n'as même pas eu besoin de communiquer pour comprendre qu'elle ressent la même chose que toi. c'est rare, mais ça soulage. tu ne pensais pas que ça te soulagerait autant, en réalité. oui, toi, tu te sens beaucoup trop seul depuis que min hee est décédée, c'est ce qu'on doit ressentir lorsqu'on perd notre moitié. après tout, tu pouvais le sentir à tes kilomètres lorsqu'elle tombait malade, alors quand elle est décédée, tu as eu cette impression de crever, toi aussi. alors cette jeune femme se tourne totalement vers toi, t'adressant toute son attention au moment où elle reprend enfin la parole pour t'avouer que tu en avais sans doute besoin. tu baisses les yeux un court instant, tu n'y trouves rien à redire. toi qui pense ça inutile, toi qui rejette tes proches, toi qui vit dans le plus gros déni en ayant espoir que ça t'aide... pour une fois, oui, tu es d'accord avec ce genre de propos. t'en avais sans doute besoin plus que tu ne l'aurais pensé. et alors qu'elle se saisit du paquet de biscuits, se servant avant de te tendre la boite dans ta direction, tu l'attrapes à ton tour, relevant le regard vers elle afin de toi aussi, lui accorder toute ton attention. « c'est difficile d'aller de l'avant, ne ? est-ce que tu penses qu'il est possible de trouver une formule pour y parvenir plus facilement ? j'ai beau chercher, je n'ai pas encore trouvé. » c'est drôle mais là, tu as l'impression d'être face à un miroir, de parler avec toi-même, peu importe ce qu'elle te dit, tu parviens à ressentir la même chose, à acquiescer, aussi. la comprendre. « j'en sais rien... » souffles-tu, la tristesse te sautant à la gorge. tu te poses la question depuis sept ans, maintenant, tu n'as pas encore trouvé de réponse toi non plus. alors tu viens te saisir d'un gâteau, petite excuse pour t'occuper le regard et les mains. tu n'oses même pas briser ce silence qui parle de lui-même, tu en avais peut-être aussi besoin, de ce court silence. « j'ai une idée. tu me parles d'elle, et je te parle de lui. on n'a qu'à voir si ça aide vraiment, de partager ce qu'on ressent. » tu sais que c'est une pente dangereuse pour toi. parler de min hee... quelque chose que tu ne sais plus faire depuis bien longtemps, en tout cas, non sans perdre complètement les pédales. mais cet environnement t'apaise, cette inconnue aussi, et cette réciprocité que tu ressens dans son regard te console et te donner un minimum de courage. tu as l'impression d'être ta bulle, mais cette fois, tu n'es plus seul. « on peut toujours essayer. » dis-tu, te tournant toi aussi totalement vers elle. « je n'ai jamais réellement fait ça... » continues-tu, un sourire se frayant un chemin sur tes lèvres, assez gêné. et non, tu n'as jamais vraiment parler d'elle, pas comme ça du moins. « je commence? » lui demandes-tu, prenant une petite inspiration lorsque tu comprends que c'est à toi de commencer, au début, tu cherches tes mots, tu ne sais pas trop par où commencer et pourtant, tu en as des choses à dire. tu ne connais pas cette fille, elle ne vous connaissait pas non plus mais encore une fois, tu as cette douce impression que c'est plus facile pour toi, justement pour ces raisons. tu espères simplement qu'elle ressentira la même chose de son côté, avec un peu de chance, ça l'aidera tout autant que toi. « elle s'appelait min hee. » tu marques une courte pause, tu ne supportes pas entendre son prénom d'habitude, tu évites de le dire pour cette raison et ça se voit puisque tu sens ton cœur se resserrer dans ta poitrine, l'habitude de ne jamais le prononcer, sans doute. « elle était mon repère. elle... elle avait toujours les bonnes solutions, réponses à tout. » tu souris tristement en y repensant mais c'est la vérité, pas pour rien que tu répétais que tu serais sûrement perdu sans elle... la preuve en est, aujourd'hui. « c'était la fille qui ne jugeait jamais personne, l'amie qu'on aimerait tous avoir. » tu baisses le regard un instant. « elle était ma meilleure amie. » en plus d'être ta sœur. c'est bizarre ce que tu ressens, tu as l'impression de rouvrir cette plaie qui te fait sombrer depuis des années mais pour une fois, tu n'as pas le sentiment de mal faire. alors tu tournes la tête vers la tombe à côté de vous. et là, tu deviens silencieux, tu n'attends pas particulièrement de réponse mais tu lui laisses le temps, si elle a envie de parler de sa douleur, elle aussi. après tout, vous êtes deux à partager ça. vous n'êtes plus seuls. elle saura t'écouter tout comme tu sauras être là, toi aussi.
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Re: sharing our pain (yuba) | Dim 14 Jan - 12:28 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
/// venir devant cette tombe est à double tranchant. il y a des jours où elle ne serait pas capable de poser son regard sur le simple prénom de bae ju, trop marquée par la douleur et le manque. trop absorbée part cette question qu'elle se pose à chaque instant, savoir dans quel coin du monde il s'est échappé. et il y a d'autres jours, comme aujourd'hui, où elle ressent simplement le besoin de lui parler, de poser des mots sur ce qu'il se passe dans son quotidien. un moyen pour elle de continuer à le faire vivre à tout instant, tout comme lorsqu'elle s'imagine ces moments passés avec lui, de sa plus tendre enfance aux plus récents souvenirs à ses côtés. le plus difficile reste d'admettre qu'y repenser est de plus en plus douloureux, à chaque fois. pourtant, elle n'y arrive pas. elle n'arrive pas à passer le déni pour avancer. elle a besoin de croire qu'il reste des bouts de lui éparpillés quelque part, qui l'aideront à nouveau à comprendre la face cachée du monde, à savoir comment faire face à la vie. cette impression que personne ne pourrait l'aider pourrait presque disparaître ce soir, assise à côté de ce jeune homme dont elle a apperçu la silhouette plusieurs fois déjà. et comme pour oublier un peu cette tristesse qui la prend au ventre à chaque fois qu'elle repense à son frère, elle préfère désormais se concentrer sur lui, sur ce besoin qu'ils ont l'un et l'autre de se confier. un sourire, léger, nait sur ses lèvres alors qu'il exprime l'envie d'essayer de parler. elle l'écoute, attentivement, alors qu'elle peut remarquer que ça lui est douloureux. elle a le sentiment de faire face à elle même, incapable d'en parler aux autres, d'énoncer son nom, mais qui tente d'en avoir le courage, au moins une fois. jamais, elle n'a osé en parler à ma, où les autres enfants partageant le même toit qu'elle. ce n'est pas faute de les avoir entendus lui présenter leurs condoléances, lui dire à quel point sa perte est incensée et triste, elle n'a jamais voulu y croire, le prendre en compte. jamais, elle n'a osé exprimer ce vide qu'elle ressent sans lui. est-ce réellement plus facile devant un étranger ? elle ne saurait dire, et pourtant, elle se sentirait prête à le faire si cela peut avoir de bonnes répercussions sur leurs souffrances communes. "elle avait l'air d'être une bonne personne." elle se permet de le murmurer, sans vouloir l'interrompre pour autant. son regard se perd dans l'obscurité alors que les paroles du jeune homme font écho à ce qu'elle peut imaginer de bae ju. elle se mord les lèvres, ses yeux se relevant vers le visage du jeune homme. on pourrait y lire toute sa tristesse, mais aussi toute sa compréhension. "on dirait bae ju." une moue triste prend forme sur son visage alors qu'elle se met à jouer nerveusement avec ses doigts. des souvenirs de son frère parviennent à son esprit sans qu'elle ne puisse le contrôler, sans qu'elle ne le veuille réellement, alors qu'un nouveau silence prend place entre eux. pendant quelques longues secondes, elle cherche à son tour le courage de parler, d'exprimer comme elle le peut ce qu'elle ressent. "bae est le seul qui sait déchiffrer le monde pour moi, qui arrive à me faire comprendre ce qui m'est trop abstrait." elle déglutit lentement, essayant tant bien que mal de ravaler sa tristesse, de ne pas perdre pieds. certains aspects de leur relation n'ont jamais pu être compris par certains, un lien indescriptible qui l'a toujours maintenue debout malgré ce qu'elle a pu voir du monde. "c'est lui qui m'a tout apprit, qui m'a aidée à me sentir moins... à part. et je ne sais plus comment faire maintenant qu'il n'est plus à mes côtés." maintenant qu'il n'est plus de ce monde, malgré ce qu'elle se force à croire. elle s'imagine parfois le retrouver, reposer à nouveau son regard sur lui, lui demander de continuer à retranscrire le monde pour elle. elle n'a pas encore la force de se dire que tout ça est derrière elle désormais, qu'elle est seule à devoir affronter l'extérieur simplement en gardant en mémoire tout ce qu'il lui a enseigné de l'univers, des gens.
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Re: sharing our pain (yuba) | Mar 23 Jan - 23:37 Citer EditerSupprimer
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yury &' bagheera
c'est étrange, tout de même. toi qui n'a jamais su réellement en parler, toi qui évitait même toutes les personnes qui pouvaient te rappeler min hee, toutes ces personnes qui avaient le pouvoir de te remémorer tous ces souvenirs, qui auraient pu t'en parler. tu évites tout ça et depuis tant d'années maintenant, tu évites le temps que la douleur s'estompe un minimum mais ça n'a jamais rien changé. jamais. parfois, tu te demandes si tu pourras réellement te sortir de tout ça, à la place, tu préfères rester dans ton déni le plus total, le seul endroit où tu peux encore y trouver une once d'espoir mais surtout, où tu penses souffrir le moins sans te rendre réellement compte que ce n'est qu'un mirage. et là oui, pour la première fois, tu te sens à l'aise, compris, et c'est sans doute parce que cette fille, tu ne la connais pas. c'est étrange de se dire que c'est plus facile de se confier à une inconnue qu'à sa propre famille mais c'est ce qu'il se passe. tu ne saurais expliquer pourquoi, alors oui, tu commences à lui parler de ta défunte sœur jumelle. ça te blesse, de te remémorer tout ça mais cette souffrance te délivre d'un très long moment de silence, qu'au final, c'est apaisant. ça te fait du bien, aussi. et puis, il faut le dire, tu as trouvé la bonne personne. elle est attentive, elle écoute le moindre de tes mots, et dans ses yeux, tu y vois de la sécurité mélangé à sa compréhension. ton cœur se resserre, tes mots sont difficiles à prononcer mais tu le fais, tu le fais parce que tu en ressens le besoin et que ça te soulage d'un énorme poids. ou du moins... il devient plus léger. alors tu acquiesces ses paroles d'un doux geste de la tête, oui, min hee était une bonne personne, c'était la meilleure. la voix de cette inconnue t'apaise tout autant, elle est douce et agréable même c'est déchirant de vous voir dans un tel état. deux pauvres âmes brisées qui errent dans cet endroit à la recherche de ce qu'il reste d'une personne chère à leur cœur. et lorsque vos regards se croisent, ton cœur se resserre un peu plus. tu vois tellement de souffrance dans son regard, le reflet de la tienne, et sa propre souffrance. ouais, c'est déchirant. c'est alors qu'elle reprend la parole, parlant de bae ju. tu ne la quittes pas du regard, c'est à ton tour de devenir attentif, tes sourcils discrètement froncés par le chagrin, tu l'écoutes parler à son tour. ses mots sont difficiles à entendre, difficile parce que c'est l'atroce réalité qu'elle vit là, et puis aussi parce que tu la comprends. que rien ni personne ne pourra arranger ça. tu te retrouves en elle, en ses paroles. et c'est tout aussi difficile pour elle d'en parler, du moins, c'est la sensation que tu as. peut-être qu'elle a envie de craquer, c'est normal après tout, on ne sait même plus comment se débarrasser de tout ce chagrin. à ses derniers mots, tu baisses le regard un court instant. tu comprends tellement ce qu'elle ressent, là, vous partagez ce même et horrible ressenti, avec un peu de chance, à deux, vous allez finir par adoucir un peu tout ça. tu te rapproches doucement d'elle, gardant tout de même une distance raisonnable mais tu ne peux t'en empêcher. peut-être comme un moyen de lui montrer qu'elle n'est pas seule, qu'elle n'est pas incomprise. « tu sais... quand j'ai appris qu'elle était... » décédée. un peu trop difficile à prononcer, ce mot. ou plutôt de l'admettre. « je n'ai pas réagi tout de suite. » alors oui, peut-être que tu t'es effondré sur le moment, tu as perdu tous tes repères. réagi, tu as réagi, en hurlant, en exprimant ta haine et ta douleur, mais tu n'as jamais su l'accepter. « je veux dire... je n'ai pas réussi à me dire que je n'allais plus la revoir. » un sanglot se coince dans ta gorge, c'est difficile à expliquer mais elle saura sans doute te comprendre, comme depuis le début. « je savais qu'elle n'était plus là mais... je sais pas, c'était tellement irréaliste. » soyons honnête, tu ne te voyais pas vivre sans ta sœur jumelle que lorsque tu as compris que tu allais devoir passer le restant de tes jours sans elle, tu n'as pas voulu l'admettre. c'était de l'auto-protection, mais ça t'a détruit, que tu le veuilles ou non. « et depuis, j'ai toujours ce sentiment que ça passera, qu'un jour, elle rentrera à la maison et que tout redeviendra comme avant. » c'est idiot, hm? c'est pour cette raison que tu restes encore tête baissée un court instant, avant de la relever, plantant à nouveau ton regard dans le sien. c'est un sentiment horrible mais aussi difficile à expliquer. « tu ressens ça toi aussi? comme si... comme si tout ça n'était qu'un cauchemar. et que même si tu te dis que c'est réel... tu n'arrives pas à te défaire de cette idée qu'un jour.. peut-être... » ils reviendront? ouais... il ne faut pas s'attacher à ce genre d'espoir impossible, mais toi, tu as l'impression de ne pas avoir le choix, sans quoi, tu te laisserais couler.
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