Les nuits à Hongdae étaient toujours animées. C'était en effet the place to be pour tous les jeunes qui aimaient sortir jusque pas d'heure. C'était, entre autre, l'un des quartiers de prédilection des jumelles Rhee. Cependant, une fois n'étaient pas coutume, les deux soeurs étaient sorties chacune de leur côté. Cela leur arrivait des fois, et c'était toujours amusant d'essayer de faire deviner aux gens bourrés qui de Soo Mee ou de Mee Joo se tenait devant eux. En général, ils se trompaient. Mais les heures passant, Mee Joo commençait à sérieusement s'ennuyer. Oh, elle avait beaucoup trop d'alcool que pour rentrer ceci dit, ce serait du gâchis. Puis, elle aurait voulu voir l'aube se lever ; de toutes ses soirées, c'était l'instant qu'elle préférait, quand elle montait sur les toits de Séoul pour voir le soleil effleurer les immeubles de ses rayons. Mais ses amis n'étaient pas de cet avis, et semblaient vouloir regagner le confort de leur lit, malgré toutes les tentatives de Mee Joo pour les faire rester. Elle avait même fini par s'asseoir, boudeuse, au milieu de la rue, les bras croisés sur sa poitrine. Et les lâches l'avaient  malgré tout abandonné - sachant que de toute façon, la jeune fille ne risquerait jamais sa vie pour si peu. Elle s'apprêtait ainsi à rentrer chez elle quand des voix l'interpellèrent. Une en particulier lui semblait familière. Un peu plus loin, un groupe de mecs visiblement éméchés entourait une blonde peu rassuré. Il fallut quelques instant à Mee Joo avant de réaliser que Dambi se faisait importuner. Sauf qu'il y a une règle chez les neugdae : laissez un loup en vie, et le troupeau n'est jamais en sécurité. Enfin, non, en vrai, ça c'est Arya Stark qui le dit, mais d'un coup d'un seul, Mee Joo s'élança en direction des hostilité. « Ces messieurs t'ennuient, Blondie ? » Mee Joo avait sa tête des mauvais jours, l'expression qu'elle tenait de son père et qui semblait signifier qu'elle était prête à en découdre. T'inquiète pas, Bambi, ton sauveur, enfin, ta sauveuse, est arrivée.

Cette soirée devait être une fête en l’honneur de Bom Chan. Il avait un heureux évènement à fêter, ses retrouvailles avec Rei je crois ? Et il m’avait demandé de faire acte de présence si l’envie de s’amuser leur en prenait. J’avais mis ma plus jolie robe, un maquillage naturel et j’avais fait un chignon avec ma chevelure dorée. La soirée se dérouillait plutôt bien, bien que je passais plus mon temps à l’écart ou à parler avec le barman qu’à discuter avec les deux hommes plus qu’émécher. D’ailleurs, ils disparurent en un instant. Il n’avait suffi que je tournais la tête trente seconde, que je les quitte du regard une microseconde. Et POUF ! DISPARU ! Paniquée, je me mis à les chercher dans la grande salle bondée de gens se frottant les uns les autres. Prise d’angoisse de me retrouver seule, je me sentais suffoquée. Je parvins toute de même à trainer ma carcasse hors du bâtiment, l’air frais extérieur remplissant mes poumons. Je me sentais déjà mieux, moins oppressée. Néanmoins, je n’en restais pas moins seule. Je regardais en tous sens après les visages familiers que j’étais venue retrouver, sans grand succès. « Bom Chan ? Rei ? » Criais-je au milieu de la rue, continuant à les chercher. Quelques visages se retournèrent vers moi sans grand intérêt, pensant que j’avais du boire un verre de trop en cette nuit déjà bien avancée. Mes recherches n’attirèrent pas les hommes voulus mais une bande de jeunes qui ne marchait plus très droit. Je voulus les contourner mais l’un d’eux m’agrippa me repoussant au milieu du groupe qui m’entourait à présent. Trois hommes contre une malheureuse enfant. Et vu les regards lubriques qu’ils portaient sur moi, tout annonçait une mauvaise fin à cette histoire. Je les suppliais de me laisser tranquille. Plus je me débattais, plus ils avaient l’air d’insister. Jusqu’au moment où une voix familière se fit entendre. Même si il s’agissait de mon bourreau, j’étais heureuse de la voir en ce moment même. Elle, je savais au moins à qui j’avais à faire. « Mee Joo, aide-moi… » Hurlais-je dans un son aigu de petite souris. Je profitais d’une inattention de mes geôliers pour m’échapper du cercle et me réfugier derrière la louve qui venait à mon secours.

De mémoire d'homme, il n'arrivait pas une soirée sans que Mee Joo ne soit impliquée dans une bagarre. Généralement, c'était de sa faute, elle ne parvenait pas à passer une nuit sans se dégourdir les poings, ou en tout cas, sans se vexer de quelques réflexion que ce soit. L'alcool la rendait encore plus susceptible qu'à l'accoutumée. Ce soir pourtant, elle était restée calme. On pouvait même dire que pour une fois, elle avait l'alcool joyeux. Mais ça, c'était jusqu'à ce qu'elle assiste à une scène qui mettait Dambi en fâcheuse posture. Or, Mee Joo avait beau ne pas être des plus tendre avec l'occidentale, elle ne pouvait tolérer que l'on s'en prenne à une neugdae. « Reste derrière moi. » Somma-t-elle à Dambi, qui avait l'air terrifiée, avant de s'adresser aux trois énergumènes qui devaient penser avoir touché le gros lot. L'un d'eux tenta d'ailleurs une réplique à la fois obscène et ridicule, qui aurait sans doute dû effrayer une fille normalement constituée. Sauf que Mee Joo avait grandit au milieu de gaillards bien plus impressionnants « Si j'étais toi mon gros, je garderai une distance de sécurité. T'as pas envie de te retrouver à l'hôpital pour avoir emmerder la mauvaise nana, si ? J'passe pas par la case commissariat moi. » De toute façon, elle n'avait pas le choix. Des Mee Joo qui se battaient une fois la nuit tombée, les flics n'en connaissaient pas tant que ça, et M. Rhee était fatiguée des frasques de sa fille ... mais peut-être que pour une fois, il ferait exception ?

Je ne me faisais pas prier pour rester derrière elle, hochant vivement de la tête. J’étais trop peureuse, me mettant parfois moi-même dans des situations dont je ne pouvais pas me sortir. Sur l’instant, j’admirais meejoo qui tenait tête à ces trois affreux Jojo. Je serais incapable de faire un tiers de ce qu’elle était entain d’accomplir. Je ne compris pas l’entièreté de ses paroles, mais peu importe, ca avait l’air de marcher sur certains des gaillards qui lui faisaient face. Dans tous les cas, le commissariat ne me faisait pas peur, j’y avais déjà plus d’une fois fait un tour, et j’avais vite appris qu’il suffisait de battre des cils pour qu’ils oublient malencontreusement de fermer la cellule à clef. « Tu l’as entendu ? Tu risques gros en t’attaquant à elle… » Émis-je presque dans un murmure tremblant. J’espère sincèrement qu’elle savait ce qu’elle faisait. En même temps, on parlait de Mee Joo …

Certains des hommes étaient en train d'envisager les risques que posait Mee Joo. Bien sûr, un petit bout de femme de vingt-et-un ans, ce n'était pas particulièrement imposant, mais une nana qui se pose face à trois hommes et les menaçait sans sourciller, c'était vachement plus surprenant. Bien sûr, aucun ne se doutait qu'elle avait de nombreuses années de taekwondo derrière elle, et qu'elle tapait plutôt fort, comme le lui avait enseigné son père. Aucun ne se doutait non plus que la violence coulait dans ses veines. Alors quand l'un, manifestement le leader, s'avança d'un pas mal assuré pour s'en prendre à elle, Mee Joo n'hésita pas deux fois avant de lui balancer son poing dans le nez, et de lui faire un balayage afin de le mettre au sol. Apparemment, l'adrénaline l'avait fait désaouler, ou alors c'était juste ses réflexes, mais dans un cas comme dans l'autre, l'effet fut immédiat. Mouvement de recul de la part des deux autres « Vous êtes vraiment cons au point de vouloir vous battre ? » demanda-t-elle d'un ton mauvais, s'accroupissant au niveau de l'imbécile au sol « Je vous laisse une dernière chance avant de vous mettre en pièces : dégagez. » À voir maintenant si l'information monterait jusqu'à leur cerveau imbibé d'alcool. Cependant, elle risquait d'être un peu frustrée s'ils décidaient de partir : elle commençait enfin à s'amuser, comme quoi il manquait vraiment quelque chose à cette soirée.

Je couinais alors que le premier poing atterrit sur le visage d’un des hommes faisant entendre le craquage des os de son nez en sang. Je reculais d’un pas, posant sur ma bouche en forme de 0 mes deux mains, quelque peu choquée par tant de violence, mais aussi par le fait qu’un si bout de femme pouvait être si forte. J’observais Mee joo de profil, elle avait la grâce d’une femme et la force d’un homme. Elle aurait pu être le prince charmant que chaque princesse attendant pour peu qu’elle soit plus galante. Je me surpris à penser qu’elle était belle en cet instant, éclairé par la lumière artificielle du réverbère, forte comme la lune, pleine d’assurance. Elle avait ce regard de vainqueur qui faisait tant vibrer les cœurs. Un d’entre eux déguerpit sans demander son reste alors que le deuxième balaise fonçait sur elle tel un taureau enragé. En une fraction de seconde, j’eus peur pour la jeune louve. Sans réfléchir, je bondis sur l’agresseur, me retrouvant sur son dos à le frapper de mes frêles petits poings. « Laisse la tranquille sale brute ! »

Depuis qu'elle était née, Mee Joo avait fréquenté des bandits. C'est que sa maison grouillait de voyous en tout genre, tous plus ou moins reliés à ses parents. La plupart nourrissaient une forme d'affection pour les jumelles Rhee, tant elles faisaient partie du décor, rendant l'austère demeure des Rhee un peu plus vivante. Du coup, Mee Joo savait parfaitement bien que ce genre d'individu parlaient plus fort qu'ils ne frappaient. Le premier à terre, l'un avait fuit, et l'autre fonçait sur elle. Elle était prête à le réceptionner lorsqu'une tornade blonde s'interposa, décontenançant Mee Joo qui observait Dambi. Avait-elle perdu l'esprit ? « Je t'ai dit de rester derrière moi ! » s'indigna la jeune coréenne dont le sang ne fit qu'un tour alors que la brute en question poussa violemment la jeune blonde sur le côté pour s'en débarrasser. Soudain, aux yeux de Mee Joo, se défendre ne suffisait plus. Ces hommes s'en étaient pris à la mauvaise personne, très clairement, et ils avaient beaucoup de chance qu'elle était censée se tenir à carreaux, sans quoi elle se serait très probablement amusée. « Touche la encore une fois et t'es un homme mort » elle espérait sincèrement qu'il comprenne qu'elle ne bluffait pas, elle n'avait pas envie de se salir les mains. Et histoire de lui prouver tout son sérieux, elle lui fonça dessus afin de lui enfoncer son genou dans les parties génitales, accompagnant son geste d'un coup de coude dans la mâchoire. Pendant ce temps, son accolyte - probablement retombé sur la tête - gisait toujours sur le sol, à moitié conscient.

Suite à mon assaut désespéré se transformant en un rodéo acharné, je fini par etre expulsée quelque mètres plus loin. Je grimaçais alors que je sentais le bitume granulé écorché mes genoux, faisant de grands trous dans mes collants noirs. Je retins les larmes qui tentaient de s’échapper de mes yeux océans. Je me devais d’etre forte alors que Mee Joo affrontait seule les deux molosses. Il ne lui fallait pas deux secondes pour neutraliser le deuxième assaillant. Je la regardais, admirative, en oubliant ma douleur. Moi aussi je voulais pouvoir faire ca, et pouvoir avoir le courage de les affronter, mais je n’étais un pauvre faon sans défense. Assisse sur le sol, j’applaudissais la chinoise, me fichant bien de voir ma peau égratignée. « Bravo Mee Joo, tu es la meilleure. » commentais-je la peur au ventre envolé avec les deux gugusses qui partaient tant bien que mal la queue entre les jambes.

Les deux imbéciles avaient manifestement compris que ça ne servait à rien d'insister avec Mee Joo dans les parages. Du coup, le deuxième, se tenant les bijoux de famille, avait été ramassé son pote, et ensemble ils s'étaient cassés tant bien que mal. Une bonne affaire de faite, et avec Dambi comme témoin, il y avait de fortes chances pour qu'ils n'aillent pas porter plainte contre elle. Bon, au pire, elle dirait à son père qu'ils avaient commencé, ce qui n'était pas entièrement faux de toute façon ; pour une fois, elle n'était réellement pas responsable. Rajustant ses cheveux, elle se tourna vers Dambi qui allait manifestement bien, assise sur le sol, les collants troués. Elle n'avait pas dû tomber trop violemment, même si Mee Joo se reprochait de ne pas avoir réussi à éviter la chute. Elle se rapprocha alors d'elle « Tu n'as rien ? » commença-t-elle, les sourcils légèrement froncés par l'inquiétude qu'elle lui avait causé « Qu'est-ce que tu fous toute seule dehors à cette heure ? Tu imagines ce qui aurait pu t'arriver si je n'étais pas arrivée ? » Oui, Mee Joo était dure, mais ce n'était que pour le bien de Dambi. Se relevant, elle tendit alors la main à la petite louve, ne retenant pas un léger soupir « Allez, viens, je te reconduis à la fraternité avant que tu ne te mettes un tueur en série à dos » parce que si elle pouvait clairement tenir tête à trois gus gonflés à bloc par la testostérone, Mee Joo n'avait pas spécialement envie de s'attirer de véritables ennuis, du coup autant ne pas forcer sa chance.

J’écarquillais les yeux presque d’émerveillement en voyant les deux hommes partirent la queue entre les jambes. S’ils avaient été les prédateurs il y a quelques minutes encore, la situation c’était bien vite renversée. Mee Joo, à elle seule, avait réussi à leur faire une peur bleue. Toujours assise le cul par terre, j’observais la scène sans bouger. Je secouais vivement la tête de gauche à droite. « Ca va bien grâce à toi. » j’en oubliais même mes genoux écorchés. « J’étais avec des amis et je les ai perdue de vue … » chouinais-je doucement, détournant les yeux un peu honteuse de la situation dans laquelle je m’étais mise. Une tristesse qui s’enfuit bien vite en voyant le sourire rassurant de la louve qui lui tendait la main pour l’aider à se relever. Je ris doucement à sa taquinerie. « Avec un peu de chose, il me trouvera trop douce pour servir d’agneau pascal. » je grimacais alors que je me remettais sur mes jambes, fixant mes collant déchirés. « Ils sont bon pour la poubelle… »