Wearing. | Doucement mais sûrement, Ivy réapprenait à être cette femme qui n'avait pas peur de faire de nouvelles rencontres, qui n'avait pas peur de parler aux inconnus. Elle avait tellement pris l'habitude d'être en retrait, d'être dans son coin. Ça avait été presque difficile de sortir de cette zone de confort qui n'était pas naturelle chez elle, cette zone de confort qui lui avait été imposée. C'est ce qu'elle avait fait avec Indiana. Et elle s'en félicitait aujourd'hui. Ils étaient certes radicalement différents mais par un miracle inexpliqué, ils parvenaient à s'entendre. Ivy le trouvait attendrissant, il lui rappelait Jae Hwan parfois même.

C'était pour retrouver le jeune homme qu'elle traversait ces rues humides à la chaleur étouffante. Si ce n'était pas là un signe d'affection de sa part, elle ne savait pas ce que c'était. Sans projet précis, elle se disait qu'elle allait juste profiter de cette après-midi en sa présence. Il avait quelque chose de rafraîchissant. Et il avait autant de mal qu'elle à savoir être un être normalement sociable. En tout cas, pas de plan précis pour le moment, elle n'avait pas besoin de ça. Un peu de spontanéité, de toute façon, ce n'était pas comme si ce pays manquait de chose à faire.

Elle arriva à la hauteur de Indiana et lui sourit en lui faisant un signe de la main. Était-ce lui qui était trop à l'heure ou elle qui avait toujours cette manie d'arriver quelques minutes en retard ? Allez savoir. Mais elle avait ça dans les gênes. Comme un moyen de dire "j'emmerde le monde et le temps j'arrive quand je veux". Son père détestait ça chez elle, alors forcément, elle avait cultivé son manque de ponctualité. "Hi buddy !" Parler anglais était sans doute une des choses qui leur avaient permis de se rapprocher. C'était avec l'anglais que Ivy sen sentait le plus à l'aise, bien que ce ne soit pas sa langue maternelle. Elle fit immédiatement la moue à la proposition de Indiana. "Un ciné ?! Mais y a zéro film en ce moment !" Du moins, aucun film à son goût. "Un groupe Indie sympa donne un concert pour fêter leur premier album dans un bar, ça te tente pas ça ?" Franchement, c'était mieux non ? Elle remarqua bien qu'il hésitait. "Allez hésite pas ! Tu voulais voir quel film genre ? Y a riiien en ce moment !" Et elle insista bien sur le rien, histoire de bien le convaincre, mais elle n'était pas certaine que ça marche.

Wearing. | C'était étrange d'être contente de retrouver quelqu'un même si elle savait qu'ils allaient passer leur temps à se chamailler. Elle allait donner des idées, lui d'autres, et ils allaient devoir faire des deals pour se mettre d'accord, comme toujours. Pourtant, ça marchait bien, ils s'entendaient bien. C'était un genre de petit miracle ces deux là. Peut-être parce qu'elle voyait que comme elle, il avait un peu de mal à savoir quoi faire ou quoi dire avec les gens. Ils n'avaient pas les mêmes raisons pour en être arrivés là, pour Ivy, c'était même de sa faute au final... Mais soit.

Elle ne se défaisait pas de son sourire en retrouvant le jeune homme, trop contente de le retrouver ce jour-là. Elle lui donna un petit coup de coude. « Handicapé arrête ton char ! Tu te sers de ta jambe comme excuse... » Ce n'était pas un reproche, juste un constat. Elle avait l'habitude de ce genre de conversations, que ce soit avec lui ou avec Tae In. Bon soit, elle allait écouter ce que lui avait proposer, elle n'était pas au courant de tous les films à l'affiche en ce moment. « Mouais... Il me dit rien ce films, les supers héros et moi t'sais... » Mais elle était amusée par ce commentaire, la façon qu'il avait eu d'amener finement qu'elle aussi était une femme forte. C'est qu'il essayait de la brosser dans le sens du poil pour la convaincre ? Elle finit par rire et passer son bras au sien. « Okay allons manger, c'est moi qui régale ! Y a un resto mexicain pas trop mal dans le coin. Ça te dit ? » Elle avait envie de manger autre chose que du coréen. Comme elle avait fait pas mal de soirée à l'arcade, elle s'était contenté de plateaux repas acheté au combini qu'elle mangeait derrière le comptoir de The Matryx, et clairement... C'était loin d'être ce qu'elle préférait. « Rock indie, rien de violent... Mais j'te sens pas motivé non plus alors bon. Je vais pas te forcer, même si je pourrais. » Elle eut un petit rire qu'elle voulu démoniaque. « On va bien finir par trouver. J'espère. Sinon on va finir sur un banc dans un parc comme deux clodo. » C'était le risque quand on ne parvenait pas à se mettre d'accord, au final, on ne faisait rien. « Avoue je t'ai manqué ! » Elle parla comme on le ferait à un enfant, et lui pinça doucement la joue. Entre petites prises de becs et taquineries, il devait sacrément s'ennuyer sans elle.

Ivy c’était mon rayon de soleil dans mes abysses. J’étais épuisé à chaque fin de journée passé ensemble, mais j’adorais ça. Parce qu’on se comprenait, qu’elle et moi, c’était facile. On était tous les deux des handicapés des relations sociales, on faisait simplement de notre mieux ensemble. Sans jugement. Je riais en l’entendant. Bien sûr que je me servais de ma jambe comme une excuse, ça ne fonctionnait plus avec elle. Mais il ne fallait pas m’en vouloir d’essayer. Je grimaçais légèrement en la regardant. « Tu me connais trop bien, c’est pas juste. Soit dit en passant j’ai quand même vraiment mal !». J’avais le droit de jouer un peu les chochottes avec elle, histoire qu’elle prenne soin de moi de temps en temps.
Je devais avouer que même moi le film ne me tentait pas tellement, mais je voulais rester sur mes positions, parce que j’aimais bien le cinéma, et que je ne voulais pas la laisser gagner si facilement. Mon sourire s’agrandit en sentant son bras autour du mien. Je me sentais beau gosse de marcher avec elle. C’était une très jolie fille, mais j’étais malheureusement un peu trop fermé à leur charme. Mexicain, ce n’était pas trop mon truc, mais si c’était elle qui invitait, je n’avais rien à dire. On ne pouvait pas non plus se contredire éternellement. Je n’aurai qu’à manger une entrée, ou un truc dans le genre. « C’est parti pour mexicain alors ! Mais la prochaine fois faudra qu’on essaye un petit resto thaï !». C’était fait, elle n’avait pas intérêt à oublier pour la prochaine fois. Il fallait qu’on trouve des compromis, sinon on ne s’en sortirait jamais. On était aussi têtu l’un que l’autre et aucun de nous ne voulais lâcher l’affaire. On s’en sortait de mieux en mieux. On apprenait à s’écouter, et c’était un sacré miracle. « Je te remercie de ne pas me trainer dans ce genre de truc, vraiment ! ». Je me sentais soulagé de ne pas être obligé de me rendre à ce concert qui ne me faisait pas du tout envie. Je la faisais se caler sur mon pas pour ne pas qu’elle avance trop vite. J’étais une vraie tortue, mais il fallait faire avec. « On aura le temps de se décider pendant qu’on mange et si on a besoin d’un peu plus de temps, on prendra encore des desserts ! ». C’était ce que j’arrivais à manger le plus en ce moment. Le sucre. C’était un grand pas pour moi. Je ne pouvais m’empêcher de rire, mais elle avait vraiment raison. « Oui mais des beaux clodos qui sentent bons !». Je gémissais quand elle me pinça la joue, je ne m’y attendais pas, je la regardais de travers. « Tu me manques pas quand tu fais des trucs comme ça !». C’était faux, elle m’avait vraiment manqué. « Je suis content de te voir, je me sens un peu seul en ce moment. Alors t’illumine ma journée, c’est cool ! ». C’était la vérité, je passais de bons moments avec elle, à chaque fois, peu importe nos chamailleries. « Il est où ton resto ? » Je me sentais un peu fatigué et j’avais vraiment envie de m’assoir. «Et moi je t’ai manqué un peu, beaucoup, passionnément ? ». Elle avait sûrement m’envoyer une vacherie à la figure, ce qui voulait dire qu’elle m’aimait bien.

Wearing. | A force de le côtoyer, elle savait qu'il avait tendance à esquiver en utilisant l'excuse de sa jambe. Elle n'allait pas le blâmer, elle en aurait sans doute fait autant et il n'était pas le seul à faire ce genre de choses. Mais quand il en arrivait à utiliser sa jambe, elle savait qu'elle pourrait insister autant qu'elle voulait, rien n'y ferait. Cette excuse c'était un peu le « non » absolu. Tant pis. La ville regorgeait de choses à faire. Ivy restait cependant contrariée par le fait qu'il ait réellement mal. C'était comme un signe pour elle qu'il fallait la jouer tranquille ce soir-là, elle allait ménager le jeune homme. Ça aussi c'était nouveau pour elle, apprendre à faire attention aux autres.

Première étape: manger. Compromis en poche, ils prirent la direction du restaurant mexicain. Ivy ne pu s'empêcher de rire néanmoins. « Okay okay, promis la prochaine fois on va où tu veux. » Il fallait bien ça pour que ça marche, ils n'iraient nulle part sinon. « Mais tu vas voir tu seras pas déçu ! J'ai juste pas envie de manger coréen ce soir. » Elle faisait une légère overdose. Accrochée à son bras, ils avancèrent tranquillement vers le restaurant, il n'était pas bien loin. « Bah je vais pas t'obliger si t'as pas envie. Le but c'est qu'on passe un bon moment tous les deux ! » Et dans une légère bourrade affectueuse, elle essaya de lui montrer qu'elle prenait en compte ce qu'il ressentait, que c'était important pour elle. Elle aimait bien le chahuter un peu, mais elle restait douce. C'était sa façon à elle de montrer son affection. Elle savait que ce n'était pas vraiment comme ça qu'on faisait en général, mais Ivy n'était pas comme tout le monde, c'était son plus gros défaut comme sa plus grande force. Un sourire amusé et affectueux étira ses lèvres. « Content même si on va finir avec un mal de crâne tous les deux ? » Elle eut un sourire espiègle qui se transforma en rire en entendant Indiana. Elle conclut la tirade du jeune homme par un « pas du tout » tonitruant, qu'elle conclut par un rire franc et pas forcément élégant. « Bien sûr que tu m'as manqué. Mon été est un peu terne, tu es ma touche de couleur à tout ça ! » Elle lui fit un clin d’œil avant de pousser la porte du restaurant devant lequel ils venaient d'arriver. « Après vous monsieur Kwon. » Avec une fausse déférence elle entra après lui, et l'entraîna à sa table habituelle qui, par bonheur, était disponible. Presque aussitôt on leur apporta de l'eau et les menus. Ivy servit un verre au rose et un verre pour elle. « Et te force pas devant moi, mange ce que tu veux. » Elle serait la dernière à dire quoique ce soit, bien que ça ne l'empêcherait pas de s'inquiéter. « Et tu sais aussi que si tu veux parler, de quoique ce soit, je suis là hein. » Elle eut une petite moue contrariée. « J'aime pas savoir que tu te sens seul. J'ai trop connu ça pour le vouloir pour qui que ce soit... » Une dernière grimace et elle ouvrit son menu, n'ajoutant rien de plus. Ce n'était pas à propos d'elle, mais de lui alors elle allait juste arrêter de parler et l'écouter, s'il le voulait bien.

Je pouvais comprende qu’elle ne veuille pas manger coréen, j’avais d’ailleurs eu un peu de mal à m’habituer à cette nourriture en arrivant. C’était sûrement plus sain qu’aux Etats Unis, mais aussi beaucoup moins bon. Ça ne me dérangeait pas. J’essayais de faire de mon mieux pour lui faire plaisir et elle faisait de même, on avait juste un peu de mal à se le montrer. On faisait des efforts, c’était déjà pas mal. Je riais avec elle, parce qu’elle avait ce petit truc en plus qui me touchait en plein cœur. Parce qu’elle savait comment m’atteindre. Elle était tellement différente que c’en était agréable. Elle ne me regardait pas avec pitié, elle avait même tendance à me malmener et ça me faisait plaisir qu’elle ne me voit comme une pauvre petite chose. Je plissais mon nez, un peu vexé de ne pas lui avoir manqué, mais elle se rattrapa rapidement et je me sentais rassuré. « Je sais, je sais, on me dit souvent que je suis un arc en ciel ». Je lui tirais discrètement la langue. Je lui souriais avant de passer la porte avant elle. « Trop de galanterie !». J’étais heureux de m’assoir, je commençais vraiment à me sentir fatigué. Je n’étais jamais venu dans ce restaurant. Il fallait bien une première fois pour tout. L’ambiance me plaisait assez et Ivy semblait y avoir ses habitudes. Je hochais la tête. Ce n’était pas difficile de voir que j’avais des problèmes avec la bouffe quand on trainait un peu avec moi. J’assumais entièrement avec elle, je n’avais pas besoin de me cacher. J’attrapais la carte pour regarder ce qui pourrait me faire envie. « Je vais juste prendre une entrée je pense. J’ai pas envie de gâcher ». Je me connaissais, j’allais choisir un truc qui me faisait envie et une fois devant moi je serai incapable de l’avaler. « Merci. Et tu sais que tu peux me parler aussi. Je suis très doué pour garder les secrets. De toute façon, j’ai pas vraiment beaucoup de monde avec qui les partager si je voulais.» Depuis que j’étais arrivé en Corée je n’avais pas fait beaucoup de rencontres, je n’avais pas vraiment beaucoup d’amis. Mais j’étais entouré de bonnes personnes et c’était le plus important. Je continuais de regarder le menu en réfléchissant. « ça me fait du bien de te voir, ça me change les idées. » Depuis quelques semaines je n’avais pas arrêté de penser à ce garçon qui était resté à San Francisco. Je soupirais avant de commande une assiette avec du guacamole et quelques chips. Je relevais la tête pour le regarder. « Je crois que je suis amoureux Ivy.» C’était un problème, je ne savais pas comment réagir. Je n’avais jamais eu aucune relation, je n’avais aucune relation. « C’est en train de me bousiller. » Jusque-là j’avais réussi à ne pas trop penser à lui, mais son souvenir me revenait en pleine gueule et dès que je fermais les yeux je voyais son sourire idiot. Je ne savais pas gérer les sentiments, c’était terrifiant.

Wearing. | Ivy était la dernière personne qui se permettait de juger les gens. Enfin... De prime abord elle jugeait tout le monde. Mais c'était superficiel, parce qu'en réalité, elle était réellement la dernière à juger qui que ce soit pour quoique ce soit. Elle ne reprocherait rien sur son alimentation à Indiana. Bien sûr elle s'inquiétait pour lui, bien sûr elle se posait des questions. Mais elle savait aussi que le confronter à ça ne lui ferait aucun bien. Elle préférait le voir manger quelque chose aussi peu sain cela soit-il, plutôt que rien du tout. Et si il voulait lui parler de tout ça, et bien il le ferait, en attendant, elle se contentait d'être elle Ivy et d'être là pour lui, c'était les deux choses les plus importantes pour elle et lui.

Elle sourit doucement à Indiana, de ces sourires doux et affectueux qu'elle se redécouvrait au fil des semaines. « Je sais que je peux tout te dire. Mais dans l'immédiat, y a pas grand chose de plus que la dernière fois. Les ragots de Park Ivy se font rares en ce moment... » Elle eut un petit rire avant de se replonger dans le menu, ce qui ne servirait à rien, elle allait prendre le même menu que d'habitude et rajouter un plat par gourmandise. Elle releva la tête vers lui, n'aimant pas ce qu'elle entendait. Lorsque quelqu'un avait besoin de se changer les idées, c'était souvent que quelque chose n'allait pas. Elle s'inquiétait vraiment pour lui. « Amoureux ? » Ce n'était pas un reproche, pas une question non plus. C'était le genre de nouvelles qui effrayait un peu Ivy. L'amour... Ce grand sentiment qui détruit tellement de choses sur son passage. La preuve. Indiana se faisait bousiller par l'amour, il le disait lui-même. « Je déteste entendre ça. » Ce n'était pas un reproche, juste un constat, elle détestait entendre que son ami était aussi mal. « Et je connais l'heureux élu ? » Avant qu'il ne puisse y répondre, une serveuse arriva pour prendre leur commande, et Ivy, comme prévu, commanda son menu habituel et un plat en plus parce qu'elle était gourmande. Une fois qu'Indiana eut aussi passé commande, la serveuse repartit, et Ivy se tourna à nouveau vers son ami. « La situation est si compliquée ? » Quelle question, l'amour était toujours compliqué. Du moins, c'est ce dont était encore persuadée Ivy.

J’adorais quand elle avait des histoires farfelues à me raconter ou des petits potins. J’étais assez curieux dans ces moments là. Je lui fis une petite moue déçue pour lui faire comprendre que la prochaine fois elle avait intérêt à avoir de nouveaux ragots, même si ce n’était pas à propos d’elle. Je n’avais pas assez de contact pour entendre les rumeurs et honnêtement, je n’y prêtais jamais attention, alors je ne pouvais pas non plus lui balancer quelques détails croustillants.

Oui j’avais dit le mot. Amoureux et je ne savais pas comment interpréter son regard. Elle semblait troublée et même inquiète. Est-ce que c’était si grave que ça ? Je commençais à paniquer de peur de retomber dans mes travers à cause de cette stupide histoire de cœur. Je ne pouvais pas me mettre en danger pour quelqu’un. Je baissais la tête en l’entendant. L’amour c’était pas censé vous foutre en l’air, bien au contraire. Mais c’était la première fois que je ressentais ce genre de sentiment, alors je ne savais pas comment faire, ni ce que je devais faire. J’allais lui donner un nom mais le serveur me coupa dans mon élan. Je commandais rapidement une entrée au hasard du menu avant de la regarder. « En fait, il est pas sur le même continent. On a plus ou moins grandi ensemble aux Etats Unis.» Surtout plus que moins, vu l’enfer qu’il m’avait fait vivre durant toutes ces années. Je riais suite à sa question. Compliqué ? C’était même pire que ça. Je ne savais pas comment lui raconter, ni par où commencer. Je me raclais la gorge pour essayer de faire simple et surtout assez court. « Il m’a martyrisé quand j’étais à l’école, et c’est un peu à cause de lui si j’ai fini à l’hosto et si j’ai quelques soucis avec la bouffe encore. Et il est venu me rendre visite à l’hôpital, tous les jours, il m’a embrassé et je me suis barré en Corée. » C’était une version assez condensée, mais qui résumait l’essentiel. Le baiser, et ma fuite. « Ça fait deux ans que je l’ai pas vu, mais j’arrive pas à oublier. J’ai que ça dans la tête, ça me rend dingue. » Je n’arrivais pas à penser à autre chose, tout me ramenait à lui à chaque fois, peu importe ce que je faisais, et avec qui j’étais. Je ne savais plus quoi penser non plus. Est-ce que je devais me rendre malade pour un type qui m’avait complètement détruit ? Normalement non. Mais j’étais Indiana et j’avais un sacré appétit pour la destruction. « Tu dois me prendre pour un idiot, on devrait pas s’attacher à quelqu’un qui nous fait du mal… » C’était plus fort que moi, je ne contrôlais plus mes sentiments, je ne contrôlais plus rien en ce moment.
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Wearing. | Ce n'est pas que Ivy n'avait rien à raconté au jeune homme, c'est plutôt que ces choses qu'elle pouvait lui dire, elle voulait encore les garder pour elle pour le moment. Elle en découvrait un peu plus chaque semaine sur ses origines, elle avait l'impression qu'elle se rapprochait du but. Mais ayant peur de se porter la poisse, elle gardait ces choses pour elle, et n'osait en parler avec personne. Et ses histoires de cœur... Chat échaudé craint l'eau. Ivy était plus méfiante que jamais, pas seulement avec la gente masculine, mais avec elle-même aussi. Elle avait retenu la leçon de ses histoires passées. Si elle était une tête brûlée, elle refusait à présent de mettre son cœur et ses sentiment en danger. Mais en attendant, elle n'avait pas grand chose à raconter à son ami, et elle se doutait bien qu'il était déçu. Elle espérait avoir plus de choses à lui raconter la fois prochaine. La reprise des cours imminente l'aiderait sans doute.

Mais il n'avait pas à se plaindre, ce que lui avait à dire était énorme. Ivy en était surprise. Surprise et inquiète. Mais elle ne jugeait pas, à aucun moment. Qui était-elle pour juger les gens, surtout lorsqu'il s'agissait de leurs histoires de cœur. Elle l'écouta sans lui couper la parole, le regardant d'un air paisible bien que les mots qu'il employait par moment la faisait froncer des sourcils dans une moue soucieuse. « Tu es amoureux de ton bourreau ? » Elle était un peu surprise malgré tout, ce type l'avait envoyé à l’hôpital et ce qu'il avait fait avait encore des retombées sur la vie de Indiana aujourd'hui. Elle le laissa terminer, et haussa finalement les épaules. « Non t'es pas idiot... J'ai une propension à l'auto-destruction qui vaut bien la tienne alors tu sais... » Elle avait un petit sourire en coin, et poussa un petit soupir. « Tu sais avec mon ex... C'était chouette au début, mais rapidement, on n'était bon qu'à se faire souffrir lui et moi. On s'étouffait, on se faisait du mal. Et pourtant on est resté ensemble trois ans... Alors tu sais... Aimer celui qui nous fait souffrir, ça me paraît pas si fou. Ou alors on l'est tous les deux. » Elle eut un léger rire pour détendre l'atmosphère. Et sur ce fait, la serveuse vint leur amener leurs plats. Après cette brève interruption, Ivy reprit, fourchette en main tout en piochant dans les plats devant elle. « Et si tu venais à le revoir ? Si là demain, tu croisais son chemin. Qu'est-ce que tu ferais ? Qu'est-ce que tu lui dirais ? »