Ivy semblait surprise de ma révélation. Tout le monde avait cette réaction quand j’expliquais que j’étais dingue du type qui m’avait maltraité toute mon enfance et qui m’avait rendu anorexique. Ce n’était même pas envisageable pour eux. Si quelqu’un m’avait raconté cette histoire je l’aurai sûrement trouvé un peu idiot et je lui aurai dit de passer à autre chose. Mais personne n’était à ma place et personne ne pouvais ressentir ma douleur. Elle ne me jugeait pas et c’était ce que j’aimais chez elle. Je pouvais lui parler de tout sans craindre une remarque désagréable. Elle était franche et disait ce qu’elle pensait, alors ça ne me blessait pas. Je prenais son avis et ses conseils en considération. Elle le faisait pour mon bien. On avait l’air de se ressembler tous les deux et je l’écoutais avec attention. Je ne pensais pas qu’elle avait vécu une histoire aussi difficile, mais je pouvais comprendre ce qu’elle ressentait. Aimer quelqu’un qui vous détruisait. C’était l’histoire de toute ma vie. « Comment t’as fait pour te sortir de cette histoire ?» J’étais incapable de l’oublier, incapable de passer à autre chose. J’avais peut être besoin de son avis, même si je n’en faisais qu’à ma tête dès que ça concernait Damon. Je souriais à la serveuse lorsqu’elle déposa mon entrée devant moi, je la trouvais bien assez grosse, heureusement que je n’avais rien commandé d’autre. Ivy semblait avoir tourné la page sur sa relation, et j’étais vraiment admiratif. Elle était beaucoup plus courageuse que moi. Je gardais ma fourchette à la main, sa question me figeant immédiatement. Cette situation semblait irréel, je n’allais pas le croiser dans la rue, ou il n’allait sûrement pas débarquer dans ma chambre à l’université. Je n’y avais jamais vraiment réfléchit. Qu’est-ce que je lui dirais, ou bien qu’est-ce que je ferais ? Il n’était pas là, la question ne se posait pas. « Je… Je sais pas… ». Je l’imaginais devant moi et aucun son ne sortait de ma bouche. J’avais autant envie de l’embrasser que de lui coller mon poing dans la figure. « Je suis celui qui est parti, c’est lui qui risque de m’en vouloir. Je m’excuserai de m’être enfui et de l’avoir laissé deux ans sans aucune nouvelles. Il m’a embrassé, j’ai carrément flippé. Il pense peut être que je voulais pas de lui» Et c’était bien tout le contraire. Je ne voulais que lui, mais je n’avais pas réussi à assumer. J’étais beaucoup plus fragile à l’époque. « Je pense qu’on s’engueulerait aussi, on sait faire que ça… se disputer. » Je me rendais compte que notre relation n’était pas du tout conventionnelle et qu’elle n’avait rien à voir avec un conte de fée. « Il est populaire avec les filles et il me manque quelques attributs pour tenter ma chance. » Je riais de bon cœur pour détendre l’atmosphère. Je ne savais pas vraiment quoi faire. J’aurai été capable de prendre un billet d’avion et de débarquer chez lui, si j’avais eu assez d’argent de côté. Je plongeais ma fourchette dans mon plat et mangeait doucement. Je ne devais pas agir sur un coup de tête. « Je sais pas quoi faire. »
.

Wearing. | Des fois, elle avait l'impression que ce qu'elle avait vécu avec Kazuya remontait à des années lumières. Pourtant, elle portait encore les marques morales de cette relation. Comme la peur d'attiser la jalousie de l'être aimé, le fait qu'elle se retenait lorsqu'elle avait parfois envie d'aller vers les autres, et tant d'autres choses. Elle s'en remettait, mais le processus était long. Elle avait fini de panser ses plaies et lécher ses blessures, venait maintenant le moment de la reconstruction. Celui de redevenir elle-même, Park Ivy. Celle qu'elle était avant, sans pour autant oublier ce qui l'avait amené à faire ce travail sur elle-même. Elle essayait de sortir plus forte de tout ça et non pas l'inverse, ce n'était pas chose aisée, mais Ivy avait un instinct de survie assez puissant pour qu'elle y parvienne. « Comment j'ai fais ? » Elle eut un sourire qui ne disait rien de bon, qui disait que le choix qu'elle avait fait était douloureux. « Je l'ai quitté. C'était mieux pour lui, c'était mieux pour moi. On s'aimait mais on se faisait trop de mal c'était invivable. » Elle haussa enfin les épaule, un sourire un peu plus sincère sur les lèvres. « Ça a pas été simple après, j'avais pris plein de nouvelles habitudes pour lui. Mais j'crois... J'crois que je m'en sors bien. » Elle se sentait de plus en plus libre, de plus en plus elle. Elle s'autorisait même à rêver et à désirer à nouveau, elle ne pensait plus « nous » elle pensait « je » et c'était libérateur ce petit égoïsme. Mais Indiana saurait-il en faire autant ? Il avait été assez blessé par ce type, il était temps pour lui de faire preuve d'égoïsme, de penser à lui avant cet autre qui lui avait abîmé l'âme, le cœur et le corps. « Tu t'excuserais ? » Ce mot la fît frissonner, un schéma qu'elle connaissait un peu trop bien. « Vous vous disputeriez ? » Une nouvelle fois... Elle grimaça malgré elle, elle ne le jugeait pas, qui était-elle pour le juger ? Mais elle avait peur, peur pour lui, peur parce qu'elle le connaissait déjà fragile... Elle finît quand même par sourire, pour le rassurer et pour se rassurer aussi. « T'as pas besoin de mes attributs pour qu'on te veuille. T'as bien plus à offrir qu'une paire de seins ! » Elle lui fît un clin d’œil, comme si elle avait voulu le séduire, et son sourire se fît plus espiègle. Elle finît enfin par attaquer les plats que la serveuse avait déposé devant elle quelques minutes plus tôt. Elle marqua malgré tout une petite pause. « Moi je te dirais de fuir. Mais c'est une décision qui t'appartient. Mais avant de penser à lui pense à toi. T'as assez morfler... Sois égoïste. » Sur ce conseil qu'elle trouvait très approprié, elle prit une grosse bouché de son plat et poussa une exclamation. Une exclamation assez forte, et assez douteuse, assez pour que quelques têtes se retournent vers leur table, ce qui amusa beaucoup Ivy qui eu un rire peu élégant la bouche pleine. Mais elle était avec Indiana pas besoin de prétendre d'avoir de bonnes manières. « Tu vois, t'es même plus élégant que moi, tu vaux mieux qu'une meuf ! » Ce qui ne l'empêcha pas de manger une nouvelle bouché sans élégance une nouvelle fois.

Ivy était une femme forte, courageuse et indépendante. Tout ce que je n’étais pas. Je me disais qu’elle avait peut-être la solution pour que je puisse réussir à m’en sortir. Je ne la quittais pas du regard. Elle l’avait quitté. C’était ce que j’avais fait en quelque sorte. J’étais parti en lui enlevant le droit de m’aimer, mais aussi en lui retirant la possibilité de me briser à nouveau. Ça avait été si douloureux que j’en avais parfois le souffle coupé. Elle s’en sortait beaucoup mieux que moi, mais elle avait dû pas mal ramper avant d’avoir la force de pouvoir se relever. Elle me fascinait. « Tu t’en sors même très bien. On a vécu des trucs difficiles tous les deux, alors on n’est peut-être pas très doué en société, mais on s’est trouvé. Je trouve ça plutôt cool. » J’étais faible et toujours aussi amoureux qu’avant. Je ne savais plus où puiser mes forces pour avancer. Avancer sans lui. Je ne faisais que reculer, retombant peu à peu dans mes travers. Elle savait exactement comme me faire sourire. Je la trouvais parfaite. Elle était magnifique, et elle savait ce qu’elle voulait et elle n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. « Je suis qu’un gamin timide qui n’a pas confiance en lui. J’ai pas grand-chose à offrir. Ou peut-être un peu trop justement. Je sais pas trop. Je suis capable de tout donner, et ça peut faire peur aussi. » J’étais trop romantique, trop sensible, trop moi. Elle avait raison, je devais penser à moi en premier, mais c’était une chose que je n’avais jamais réussi à faire, même quand j’étais gosse. Je me laissais emmerder parce que je voulais éviter les conflits. « C’est que j’ai fait. Fuir. Et j’ai l’impression de me sentir encore plus mal qu’avant. J’ai fait l’égoïste une fois dans ma vie et je me demande si j’ai pas fait la pire erreur. » Je la regardais mangé en riant alors que j’arrivais à peine à mettre ma fourchette dans ma bouche. Elle était naturelle, je me disais qu’elle se sentait bien avec moi et je me sentais rassuré. J’avais toujours peur de décevoir les autres, ou qu’ils finissent par se lasser de moi. Il fallait que je reprendre un peu confiance, mais depuis que j’avais perdu la possibilité de danser, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. « Tu penses que tu serais capable un jour de te lancer dans une nouvelle relation ? » C’était toujours difficile quand on avait vécu une rupture un peu violente. Elle n’avait sûrement pas cette idée en tête mais elle savait sûrement de quoi elle était capable. Elle devait profiter de sa liberté, de se retrouver.

.

Wearing. | Pendant pas mal de temps avant sa rupture, mais aussi après, Ivy s'était sentie comme seule au monde. Elle avait eu la sensation que personne ne pouvait la comprendre et que jamais personne ne le pourrait. Elle avait aussi eu la sensation que jamais elle ne retrouverait la jeune femme exubérante et flamboyante qu'elle était avant de se faire plus discrète pour son ex petit-ami. Les changements chez elle avaient été si subtiles... Et puis finalement, comme ce soir encore, elle se rendait compte que tant de personnes avaient vécu des expériences similaires à la sienne, ou partager une souffrance qu'elle comprenait si bien et qui à l'inverse, la comprenait si bien. C'était le cas avec Indiana, comme il le disait si bien c'était plutôt cool. « On s'est trouvé et on s'est bien trouvé ouais. » Dit-elle dans un sourire. Ils se ressemblaient tous les deux sur tant de choses, tout comme ils étaient si différents sur d'autres. La preuve était qu'ils avaient souvent du mal à se mettre d'accord sur quoique ce soit, et pourtant, ils se comprenaient tout à fait, ou du moins, prenaient le temps d'essayer de se comprendre. Ivy fronça les sourcils en l'entendant, se stoppant dans son mouvement alors qu'elle s'apprêtait à manger. « Rien à offrir tu plaisantes ? Ou tu veux que je te frappe ? » Elle le menaça de sa fourchette. « J'peux pas te reprocher de vouloir tout donner, voir trop, je suis pareil. Mais on a qu'une vie, qu'un cœur, ça se trouve demain matin je vais dire au mec qui me plaît qu'il me plaît justement, et le soir bim je me fais écraser. Et bien du matin au soir, j'aurais la satisfaction de lui avoir montré et offert tout c'que j'avais. » Elle marqua une pause, se rendant compte qu'elle pensait bien à quelqu'un en prononçant ces quelques mots. Elle chassa cette idée rapidement, en reprenant sur un ton plus léger. « Et j'sous-entends rien de cochon ! Mais tu vois où je veux en venir. » Elle sous-entendait que la vie était courte, et que quitte à aimer, autant aimer à fond sans se poser de barrière. Elle fonctionnait comme ça avant, elle apprenait à nouveau à fonctionner comme ça. « Alors s'il revient voit ce qu'il se passe. Mais ne te ferme pas des portes et de jolies histoires parce que tu as fait ce qu'il fallait au moment où il fallait. » Après tout, Indiana n'était peut-être pas fait pour être avec ce type à ce moment-là, mais maintenant il l'était peut-être qui sait ? Elle mangeait avec appétit en tout cas, même si ce dont ils parlaient n'était pas forcément facile. Elle se stoppa dans ce qu'elle faisait une nouvelle fois, à savoir manger allègrement, se mettant à mâcher ce qu'elle avait dans la bouche plus doucement, réfléchissant à sa question. Une fois de plus, et malgré elle, un visage s'imposa à elle et elle chassa rapidement une nouvelle fois. « Je sais pas... J'ai peur j'avoue. Mais... J'crois que j'en ai envie. » Envie d'être avec quelqu'un qui l'avait vu sous son pire et son meilleur jour, quelqu'un qui pouvait l'accepter comme ça mais aussi lui tenir tête. « Et toi ? Tu penses que tu pourrais essayer quelque chose avec quelqu'un d'autre que ce type ? » Évidemment, elle avait une ou deux personnes qu'elle pouvait lui présenter, mais Ivy n'était pas ce genre de personne, elle ne le ferait que si il le voulait. « C'est peut-être ce qu'il te manque aussi non ? »

Je n’arrivais pas à me voir comme j’étais vraiment et mes amis avaient une vision un peu plus objective. Je baissais légèrement la tête quand Ivy me remis à ma place. J’avais des choses à offrir ? Je ne m’en rendais sûrement pas compte. Je jetais de rapide coup d’œil à la fourchette en espérant qu’elle ne me mette pas réellement un coup. Elle avait raison et je le savais. Je hochais la tête pour lui faire comprendre que je l’avais bien écouté. Mais si je donnais tout et que je ne me faisais pas écraser par un bus et qu’en plus je me faisais rejeter ce n’était pas ce qui allait m’aider à remonter la pente. « Fais attention quand tu traverses d’accord ? » Imaginer la perdre m’avait fait l’effet d’un coup de fusil en pleine poitrine. On n’était peut-être pas souvent d’accord, mais je tenais à elle, nos différends ne nous empêchait pas de passer du bon temps ensemble. Je ne pouvais m’empêcher de sourire quand elle avec autant de conviction. Je ne pouvais faire que la croire et la suivre dans ses idées. « Tu dis toujours des trucs cochons ! Assumes !». La vie était courte, je le savais mieux que personne. J’avais failli perdre la mienne. J’avais vraiment essayé de rencontrer quelqu’un d’autre, mais je ne supportais pas mon cœur et je n’étais jamais à l’aise avec d’autres hommes. Et je ne savais pas pourquoi, j’avais toujours l’impression de trahir Damon. « J’ai voulu faire des rencontres, mais je n’ai jamais réussi. Je ne supporte pas que quelqu’un d’autre que lui me touche… C’est bête, je sais, mais je ne me contrôle pas.» Je la regardais manger avec appétit et je l’enviais. Moi aussi j’aurais aimé me goinfrer de tout ce qui me plaisait avant.
Ivy était courageuse, je savais qu’elle finirait par trouver quelqu’un de bien, quelqu’un pouvait lui tenir tête et qui ne serait pas effrayé par une femme forte et indépendante. « T’es plus courageuse que moi de toute façon». Je soupirais un peu désespéré. Je n’avais mangé que deux fourchettes de mon entrée et je devais me forcer si je voulais garder des forces. « Non, je pourrais pas passer à autre chose. Enfin… pas tant qu’on n’aura pas mis les choses au clair. Et s’il me rejette pour de bon, j’envisagerais cette possibilité.» J’avais toujours aimé Damon, et enfouir mes sentiments pour lui me semblait impossible. Il me restait un petit espoir et je comptais dessus. « T’auras qu’ me présenter quelqu’un ! » Je riais, je plaisantais, mais dans le fond, pourquoi pas. Ça ne m’engageait à rien après tout. J’avais peur de l’inconnu, de ce que pourrait être ma vie sans lui. « Mais faudra que tu t’occupes de mon look !» Je ne faisais pas très attention à ma façon de m’habiller et je n’étais pas doué pour accorder mes vêtements. Je comptais sur elle pour me rendre beau.


.

Wearing. | Elle aurait aimé qu'il se voit comme il était vraiment, qu'Indiana réalise enfin toutes ses qualités et tout ce qu'il avait à offrir à quelqu'un. Avoir peur ne lui éviterait pas le danger. Encore traumatisée par sa précédente relation, Ivy se rendait compte qu'elle était prête à nouveau à se brûler les ailes pour un homme. Si l'image qu'elle utilisait était un peu étrange et sinistre, elle le pensait vraiment. Le dire à haute voix créait même un déclic en elle, même si elle n'en avait pas encore conscience à cent pour cent. Elle se contenta juste de sourire, elle ferait attention en traversant, elle espérait juste que le message était passé, ou, au pire, qu'elle était parvenue à semer quelques graines dans sa conscience qui éclorait un peu plus tard. Elle continuait de manger, de façon moins vorace, écoutant sincèrement ce qu'il avait à dire, et comprenant très bien ses doutes et ses peurs. Il ne fallait pas qu'il se laisse paralyser par tout ça. « Non ce n'est pas bête... » Elle réfléchit un moment, pesant le pour et le contre, elle n'aimait pas l'idée que cet homme puisse le faire souffrir encore. Mais ce qui faisait encore plus c'était les regrets, se demander sans cesse « et si ? » Ou « et peut-être ? ». Alors... Alors oui, peut-être que si Indiana avait la chance de revoir cet homme, de lui dire ce qu'il ressentait, il serait soulagé, et pourrait soit passer à autre chose, soit vivre une histoire d'amour... « Essaie de le contacter, de le revoir, si tu en as la possibilité. Essaie de voir si la flamme est encore là. J'peux pas te dire de l'fuir si tout on être te dit de le retrouver. Vois ce qu'il se passe, essaie. Et si ça devient trop dur, trop dangereux, sauve toi, appelle au secours. » Elle lui sourit, rassurante, bienveillante. « J'dis pas être la meilleure là-dedans, mais j'serais là mais ça tu l'sais déjà. » Elle mordit une nouvelle fois dans sa nourriture. Elle voyait bien que lui ne touchait pas vraiment à ce qu'il avait devant lui, mais elle se voyait mal l'obliger à quoique ce soit. Elle hocha vivement la tête, tout en mâchant. « Cha t'inquiète t'pourras compter chure moi ! Ch'ai plein de beaux mecs à te préchenter ! » C'était dommage d'ailleurs que Jae Hwan soit reparti, elle était certaine qu'ils auraient pu s'entendre ces deux là. « T'inquiète, t'es déjà beau comme un camion. » Elle lui adressa un clin d'œil, ne sachant quoi lui dire pour qu'il prenne confiance en lui. Il était vraiment joli garçon, comment le lui faire comprendre. Le voyant toujours jouer avec son plat plutôt que d'en manger, elle mît un peu du sien sur sa fourchette et la tendit en direction d'Indiana. « Tu veux goûter. C'est vachement bon ! » Elle ne l'obligeait à rien, il pouvait lui dire non, elle tentait juste un petit quelque chose. « Et sinon, c'quoi ton type de mecs, j'ai besoin d'un profil pour affiner mes recherches. » Bon elle n'en avait pas non plus une centaine sous le bras, mais quand même, elle ne voulait pas le présenter à n'importe qui, il méritait tellement d'être heureux.  

Le contacter ? J’aurais vraiment aimé le faire, mais j’avais supprimé son numéro depuis bien longtemps et je ne voulais pas retrouver des photos de lui, entouré de filles beaucoup trop jolies. Je ne savais même pas s’il aurait envie de me parler. Est-ce que je n’allais pas me faire encore plus mal, est ce que je n’allais pas briser tous les efforts que j’avais fait. Je ne voulais pas me retrouver dans le même état qu’avant. Mine de rien j’avais grandi, j’avais reprise des forces, même si je n’avais pas vraiment confiance en moi. A l’époque, j’étais seul, mais aujourd’hui j’avais des amis pour me soutenir. J’avais toujours peur d’être un poids pour eux, mais ils ne demandaient que ça, me soutenir. Il m’avait fallu beaucoup de temps pour le comprendre. Ivy me donnait du courage « Si tu es la pour me ramasser, alors je veux bien tenter une approche. Au moins s’il me jette, je serai fixé pour de bon, plutôt que de me faire des films tout seul. Je pourrais compter sur toi si je finis en bouillie et ça me rassure ». Je lui souriais pour la remercier de son attitude. Elle était presque protectrice, et c’était aussi une raison qui faisait que je me sentais si bien avec elle. Je laissais échapper un petit rire en la voyant parlé la bouche pleine. Il n’y avait rien de mieux que le naturel. Elle se sentait assez bien avec moi pour agir sans se poser de questions, sans se dire que j’allais me moquer ou bien la juger. Ivy, c’était un peu mon oxygène. « Je suis plus camion que beau… » J’essayais de prendre soin de moi mais ce n’était pas toujours facile. Je ne l’avais jamais fait avant. Mon poids m’empêchait de rentrer dans les vêtements qui me plaisaient et ensuite j’en avais perdu beaucoup trop pour réussir à porter quoi que ce soit. J’avais honte de mon corps alors qu’on m’avait souvent complimenté. Je regardais sa fourchette devant mon nez et mangeais sa bouchée. C’était meilleur de se nourrir de cette façon. Elle avait raison, c’était bon. Si je voulais être beau, je devais manger. « Je pense qu’il faudra refaire un peu ma garde-robe » Je me mordillais en réfléchissant à ce que pourrait être mon type d’homme, je n’y avais jamais réfléchit dans le fond. J’avais toujours été amoureux de Damon. « Mon style ? Les gros nazes, un peu trop beau, qui aime maltraiter les autres ?» Je haussais les épaules. Je la taquinais mais il y avait une part de vérité. « Tu sais, je suis jamais sorti avec personne, alors je n’ai pas vraiment d’exigences particulières, l’important c’est qu’il soit gentil… je suppose ? C'est quoi ton style d'homme à toi ?» En ce qui concernait les relations, je n’étais vraiment pas doué. Je n’avais jamais dragué, ni flirter, je n’avais jamais fantasmé sur des garçons dans la rue parce que je les trouvais beau. J’avais mon idéal dans mon esprit et j’avais du mal à penser à autre chose. « Quelqu’un de plus grande que moi et drôle. Je crois que c’est tout … ça laisse pas mal de choix non ? » Je prenais ma fourchette et me penchais légèrement sur la table pour piquer dans son assiette. « C’est meilleure chez toi ! »


.

Wearing. | Une des choses les plus compliquées à vivre lorsque quelqu'un nous plaisait, c'était de se demander si c'était réciproque. En sentant l'envolée de papillons au creux de son ventre en pensant à l'élu, c'était se demander si lui aussi ressentait ces choses là. Lorsqu'on sentait une douce chaleur nous saisir en posant les yeux sur cette personne, est-ce que c'était réciproque ? C'était ces doutes, ces questions qui rendaient les choses difficiles. On avait toujours envie de savoir avant de ses lancer, parce qu'on avait peur de se faire rejeter ou pire, se faire briser le cœur. Elle comprenait tout à fait Indiana, mais la peur n'évitait pas le danger, alors autant se lancer. « Je serais là. Dis toi que c'est un risque contrôlé. C'est mieux de souffrir un court moment, que de se languir et se torturer une éternité. » Tout en mangeant, elle fusilla Indiana du regard. La conversation filait, mais son manque de confiance en lui restait. Elle aurait aimé qu'il se voit avec un regard extérieur, un regard autre que le sien complètement déformé. Elle avait vu une émission un jour, où une personne était munie d'une oreillette et entendait ce que les gens disaient à son sujet. Faire ça pour son ami lui semblait presque une bonne idée, mais c'était surtout de lui que devait venir ce déclic. Son problème aussi était de ne pas savoir le genre d'hommes qui l'intéressait. Elle ne parlait pas de type idéal, de toute façon, on ne finissait jamais avec la personne de ses rêves. Juste de ce qu'il recherchait chez un homme. Elle commenta donc ce qu'il disait. « Gentillesse, humour... je note. » Elle aurait bien un ami qui répondait à ces critères. « Du charme aussi un peu ? » Le physique pour Ivy ne comptait pas vraiment si la personne n'avait aucun charme. La beauté fanait, le charme, lui, restait. « Moi ? Mmmh... » Elle réfléchit en jouant d'un air distrait avec sa fourchette. « Quelqu'un de charmant... Avec une passion. Pas la même que moi, mais une passion qu'on puisse se comprendre. » Sans s'en rendre compte, elle visualisa très bien le genre d'hommes, ou plutôt l'homme, dont elle parlait. « Avec de la répartie. Quelqu'un qui sait me supporter mais aussi me renvoyer la balle et même me faire taire. » Un fin sourire aux lèvres, elle continua. « Quelqu'un avec qui j'aime passer du temps, même sans rien dire, sans rien faire, juste me contenter de sa présence... » Se rendant compte qu'elle avait une idée bien précise, elle se redressa et s'éclaircit la gorge. « Mais c'est pas de moi dont on parle, mais de toi ! » Elle poussa son assiette vers Indiana, trop contente de le voir manger et piquer dedans. « En effet ça laisse pas mal de choix... » Elle eut un petit sourire mutin. « Et comme tu dis, c'est meilleur chez moi, j'peux te présenter une ou deux personnes. » Elle leva les mains avant de le voir renâcler. « Que si tu es d'accord, et sans aucun faux plan. Tout dans la transparence et je ne parle pas des vêtements. » Elle eut un petit rire. « Je connais trop ça avec mon père, alors t'en fais pas pour ça. » Piochant dans un autre plat sur la table, elle tendit le met à Indiana, l'invitant à ouvrir la bouche. Elle avait évidemment prit soin de choisir quelque chose qu'il pourrait envisager sans paniquer.