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Tell me your reason ft. Shin Tae Woo
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Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Mer 9 Aoû - 18:39 Citer EditerSupprimer
TELL ME YOUR REASON
Feat Shin Tae Woo
Feat Shin Tae Woo
Je m’installai à une table et soupirai bruyamment en regardant mon plateau. Je ne pouvais pas croire que moi, Kwon Min Ah, finissait toute seule pour manger aujourd’hui. Désaccords d’emploi du temps pour la plupart, aucun de mes amis ne pouvaient m’accompagner. Normalement, ma partie préférée d’une journée est justement la pause déjeuner – or, ce jour-là, ce n’était pas le cas du tout. Être toute seule me déprimait plus qu’autre chose mais je n’étais pas capable de me priver de manger – pour moi, la nourriture était trop importance pour en arriver à cette extrême. Je ne ressentais juste pas le même plaisir à déguster ces plats qui n’étaient pas si délicieux que d’habitude. De plus, autour de moi, je ne voyais absolument personne qui mangeait seul et que je connaissais un tant soi peu pour m’incruster et devenir moins solitaire. J’étais donc, malheureusement, condamnée à rester par moi-même et ça coupait presque ma faim. Je pris mon téléphone et m’occupais en regardant les dernières nouvelles, en jouant à des jeux que je n’appréciais pas vraiment – dans ces moments-là, la Playstation des sangos me manquaient particulièrement – et je ne mangeais presque pas. Autant ennuyée qu’au début, je redressai la tête exactement au moment où un garçon, seul, au regard sans expression et presque triste, cherchait un endroit pour s’asseoir. Je le reconnus immédiatement ; Shin Tae Woo, un sango lui aussi. Honnêtement, depuis qu’il est arrivé, je garde un œil sur lui et je ne peux pas m’arrêter d’être curieuse à son propos. J’avais bien remarqué qu’il fuit les filles – et donc moi aussi – et son regard si peu enthousiasmant en disait long sur son état d’esprit. Or, si je pouvais m’avérer parfois plutôt froide avec certaines personnes, à la limite d’être une peste avec eux, lui, il me faisait plus de la peine qu’autre chose, peu importe le nombre de fois où il m’a rembarré plus ou moins délicatement. Plus il m’évite, plus il me donne envie de lui tourner autour pour comprendre ce qui s’est passé chez lui et qu’est-ce qui a déclenché ce tel manque de joie de vivre.
De toutes les personnes aux symptômes curieux que je connaissais – et, j’en connaissais – il était de loin un des plus étranges. Pas des plus graves, mais juste des plus mystérieux. Craindre les filles comme lui les craignait était peu commun, si ce n’était rare. Quand il regardait une fille, il avait le même regard que celui d’un mysophobe qui était confronté à une tâche, remplie de microbes, particulièrement tenace chez lui. Pourtant, je n’y décelais pas une haine des filles, donc ce n’était pas un misogyne. Après, je n’y connaissais pas grand-chose, je faisais des études en droit, non en psychologie, après tout. Lorsqu’il m’aperçut, je remarquai qu’il détourna immédiatement le regard, ce qui me fit sourire. Il s’engagea alors dans une voie de tables bien éloignée de la mienne afin de m’éviter et il s’installa à une table, la tête baissée, le dos courbé, évitant maladroitement de regarder dans ma direction même si quelques-uns de ses gestes me laissaient penser qu’il voulait vérifier si je le regardais toujours.
Ni une, ni deux, je pris mon plateau et me déplaçai en marchant vite, voire en courant, puis le posai bruyamment sur la table qu’il avait choisie. La distance qu’il avait mis entre lui et moi pour manger ne m’effrayait pas du tout, et pour une fois depuis le début de la pause déjeuner, je sentais que j’allais m’amuser, autant voire plus que d’habitude. Je le regardai fixement, avec un grand sourire sur ma bouche, fière de moi, et je m’exclamai :
« Bonjour, Tae Woo ! »
Je pouvais me permettre de lui parler informellement, il était plus jeune que moi – comme la plupart des gens d’ailleurs, je faisais part des vielles de l’université désormais. D’autant plus que la formalité imposait une certaine limite entre deux personnes et je tenais absolument à ce qu’il n’y en ait aucune entre lui et moi, je voulais le forcer à ne pas m’éviter et au contraire à m’affronter. C’était peut-être vicieux ; peut-être que je le brusquais et que j’étais une peste en agissant ainsi, au final. Mais peu m’importait, j’avais décidé que je découvrirais ce qu’il cachait, et je ne changeais jamais d’avis une fois que je choisissais quelque chose. Ce n’était pas sa pseudo-froideur et sa peur de moi qui allaient y changer quelque chose, alors, accroche-toi Tae Woo, parce que ça ne fait que commencer.
De toutes les personnes aux symptômes curieux que je connaissais – et, j’en connaissais – il était de loin un des plus étranges. Pas des plus graves, mais juste des plus mystérieux. Craindre les filles comme lui les craignait était peu commun, si ce n’était rare. Quand il regardait une fille, il avait le même regard que celui d’un mysophobe qui était confronté à une tâche, remplie de microbes, particulièrement tenace chez lui. Pourtant, je n’y décelais pas une haine des filles, donc ce n’était pas un misogyne. Après, je n’y connaissais pas grand-chose, je faisais des études en droit, non en psychologie, après tout. Lorsqu’il m’aperçut, je remarquai qu’il détourna immédiatement le regard, ce qui me fit sourire. Il s’engagea alors dans une voie de tables bien éloignée de la mienne afin de m’éviter et il s’installa à une table, la tête baissée, le dos courbé, évitant maladroitement de regarder dans ma direction même si quelques-uns de ses gestes me laissaient penser qu’il voulait vérifier si je le regardais toujours.
Ni une, ni deux, je pris mon plateau et me déplaçai en marchant vite, voire en courant, puis le posai bruyamment sur la table qu’il avait choisie. La distance qu’il avait mis entre lui et moi pour manger ne m’effrayait pas du tout, et pour une fois depuis le début de la pause déjeuner, je sentais que j’allais m’amuser, autant voire plus que d’habitude. Je le regardai fixement, avec un grand sourire sur ma bouche, fière de moi, et je m’exclamai :
« Bonjour, Tae Woo ! »
Je pouvais me permettre de lui parler informellement, il était plus jeune que moi – comme la plupart des gens d’ailleurs, je faisais part des vielles de l’université désormais. D’autant plus que la formalité imposait une certaine limite entre deux personnes et je tenais absolument à ce qu’il n’y en ait aucune entre lui et moi, je voulais le forcer à ne pas m’éviter et au contraire à m’affronter. C’était peut-être vicieux ; peut-être que je le brusquais et que j’étais une peste en agissant ainsi, au final. Mais peu m’importait, j’avais décidé que je découvrirais ce qu’il cachait, et je ne changeais jamais d’avis une fois que je choisissais quelque chose. Ce n’était pas sa pseudo-froideur et sa peur de moi qui allaient y changer quelque chose, alors, accroche-toi Tae Woo, parce que ça ne fait que commencer.
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Jeu 10 Aoû - 22:16 Citer EditerSupprimer shin tae woo & kwon min ah Tell me your reason Aujourd'hui était un jour normal. Je rentrai dans le réfectoire, puis me servis de la nourriture. Normalement, quelqu'un serait là pour m'accompagner. La plupart du temps il n'y avait que Jungwan. Parfois Bokyung ou mon autre meilleur ami s'ajoutait. Et quand on le pouvait, on mangeait tous les quatre. C'était alors le moment que j'appréciais le plus de la journée. Mais aujourd'hui, ce n'était pas le cas. Nos emplois du temps ne s'accordaient pas aujourd'hui. Jungwan avait été absent de la journée. Je ne savais pas vraiment pourquoi. Depuis l'université, il ratait souvent les cours. Peut-être que c'était le résultat sur son comportement après la mort de Saehee. Dans tous les cas, je me retrouvais seul pour manger. Ce n'était pas nouveau. J'aimais bien être seul de temps en temps. Ça me permettait de penser, de me perdre dans mes pensées, comme je le faisais très régulièrement. Le plateau dans mes mains, je cherchai une table vide où m'asseoir. Il n'y avait pas beaucoup de tables vides, mais vu le monde qu'il y avait à la Yonsei, ce n'était pas bien étonnant. Toutefois, je n'avais apparemment pas de chance puisque malgré tout ce monde, je dus quand même apercevoir cette fille. Oui, cette fille. Depuis que j'étais entré à la Yonsei, et donc après, chez les sangos, elle n'arrêtait pas de venir me voir. J'avais bien remarqué qu'elle savait que j'évitais les filles, mais elle venait me voir tout de même. J'avais compris que c'était dans l'unique but de m'énerver. Et donc, quand elle venait me voir, cela n'avait que le don de m'énerver davantage. Je soupirai en la voyant, croisant son regard, puis eus l'automatisme de me mettre à la table la plus éloignée d'elle pour qu'elle comprenne le message. Elle mangeait seule en plus, ça n'annonçait rien de bon. J'espérai qu'elle ne me regardait plus. Si elle me regardait encore, ça voulait bien dire qu'elle n'avait pas lâché l'affaire, et que d'une minute à l'autre, elle allait débarquer en face de moi. Et ça, je n'allais pas aimer. Je voulais vraiment manger seul. Je ne voulais pas qu'elle y mette son grain de sel. Je regardai une nouvelle fois le plus discrètement possible si elle me regardait en retour, mais je ne la vis plus. Avait-elle fini de manger ? J'étais chanceux. Mais un bruit me fit sursauter, et je compris rapidement mon erreur. J'avais jugé la situation beaucoup trop rapidement. Elle me salua avec un grand sourire, puis s'installa en face de moi. Pitié, pas ça. Je n'avais pas envie de me rapprocher d'une fille. Je n'avais pas envie de ressentir quoi que ce soit pour une fille, parce que j'avais beaucoup trop peur d'avoir une relation avec une fille. Qu'est-ce qu'elle comprenait pas dans mes mots froids et dans mes regards désemparés ? Ne voyait-elle pas que j'étais sérieux, et qu'un jour, j'allais finir par en péter un câble ? Je n'étais pas de nature violente, j'étais même pacifiste. Mais elle, elle me donnait envie de vomir. J'avais envie de m'enfermer dans les toilettes et d'y déchaîner tout ce que je ressentais. Je ne voulais plus regarder une fille de la même manière que j'avais regardé Saehee. Hors de question. La seule solution que j'y avais trouvée, c'était de les éviter. Mais cette fille m'en empêchait, et je détestais ça. J'avais déjà envie que ce moment se finisse.
Je ne répondis rien à sa salutation et l'ignorai. J'avais bien compris que peu importe si je changeais de table, elle me suivrait. Elle était tout aussi déterminée que moi à me suivre. Mais moi, j'étais déterminé à l'ignorer et à l'éloigner de moi. Lequel de nous deux gagnera, je me le demandais ?© 2981 12289 0
Je ne répondis rien à sa salutation et l'ignorai. J'avais bien compris que peu importe si je changeais de table, elle me suivrait. Elle était tout aussi déterminée que moi à me suivre. Mais moi, j'étais déterminé à l'ignorer et à l'éloigner de moi. Lequel de nous deux gagnera, je me le demandais ?
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Ven 11 Aoû - 10:08 Citer EditerSupprimer
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Mon sourire s’agrandit presque lorsque je remarquai que, comme je l’avais prévu, il ne répondait rien. Il faisait ça à chaque fois et le peu de fois où il usait de ses cordes vocales, il prenait un ton froid, méchant et me balançait sans aucun scrupules de dégager. Or, je m’en fichais pas mal, de ce qu’il disait. Ce dont j’étais certaine, c’est que derrière sa voix qui se voulait froide, je l’entendais trembler et j’étais donc persuadée que ce n’était pas de la haine mais bien de la peur. Et ça, pour moi, ça changeait tout. S’il me haïssait sans raison – ou plutôt, s’il haïssait toutes les filles sans raison – je l’aurais frappé, insulté, montré à quel point c’est un vieux macho qui ne mérite même pas ma compagnie, mon regard ou ma haine. Par contre, avoir peur, c’est différent. Il y a toujours une raison à une peur et, surtout, c’est incontrôlable. Ce n’est pas vraiment lui qui décide mais c’est plus fort que lui. Peut-être était-il dans le déni et pensait-il qu’il choisissait d’agir ainsi mais je savais parfaitement que les peurs ne se contrôlent pas. Moi-même, des années, j’ai cru que c’était mon choix d’être froide avec les petites copines trop proches de mon frère pour finalement comprendre que c’était plus fort que moi, que ma peur d’être abandonnée une nouvelle fois était trop présente pour que j’arrive à me comporter gentiment en présence d’une potentielle menace, malgré mon envie de le faire. Je savais cependant que, plus j’insistais à traîner avec elles, plus j’avais de chances de m’améliorer. Si je me rendais compte que à quel point j’avais tort, ça ne pourrait qu’aider. Or, la façon la plus rapide pour me convaincre que non, mon frère ne m’oubliera pas même s’il sort avec une fille, ce serait de lui en parler à lui et je n’en étais pas encore capable. J’étais encore trop dans la torture de moi-même et je préférais me faire du mal plutôt que de le formuler, ce qui était stupide.
J’étais persuadée que c’était la même chose avec lui. Il avait peur d’un truc, il ressentait une menace mais il préférait se dire que c’était son choix de l’éviter et non pas un réflexe chez lui. Il n’a certainement jamais formulé clairement sa peur à quelqu’un qui pourrait l’aider à lui faire comprendre que c’était une crainte stupide et, par conséquent, il se persuadait lui-même qu’il avait raison, que le danger qu’il s’imaginait était forcément présent. Malheureusement, contrairement à moi, il n’est pas le type de garçon sociable ou bavard, alors au lieu d’essayer d’affronter sa peur, il préférait se renfermer sur lui-même et il n’arriverait jamais à changer ainsi. Moi, au moins, je passais du temps avec les copines de mon frère, même si elles ne devaient pas apprécié ce temps passé en ma compagnie parce que, je l’avouais, j’étais plutôt arrogante avec elles.
Bref, dans tous les cas, ce n’était ni son ignorance, ni sa froideur qui me feraient reculer. Je suis là pour le faire parler, pour découvrir ce qui le met dans un tel état et j’y arriverai, peu importe le temps que ça prendra.
« Bon, puisque t’es pas douée pour la conversation, je vais très bien – merci d’avoir demandé – et toi ? »
Je préférais cependant feindre l’ignorance. Je craignais que, s’il découvrait à quel point j’essayais de lire en lui, il me rejette encore plus. Par conséquent, bien qu’il devait se douter que j’avais remarqué sa peur, je préférais mettre mon insistance sur le compte de la stupidité ou de la naïveté ; je me demandais bien quelle image de moi il avait, cependant. Peut-être celle d’une peste qui veut l’énerver ou le blesser ?
J’étais persuadée que c’était la même chose avec lui. Il avait peur d’un truc, il ressentait une menace mais il préférait se dire que c’était son choix de l’éviter et non pas un réflexe chez lui. Il n’a certainement jamais formulé clairement sa peur à quelqu’un qui pourrait l’aider à lui faire comprendre que c’était une crainte stupide et, par conséquent, il se persuadait lui-même qu’il avait raison, que le danger qu’il s’imaginait était forcément présent. Malheureusement, contrairement à moi, il n’est pas le type de garçon sociable ou bavard, alors au lieu d’essayer d’affronter sa peur, il préférait se renfermer sur lui-même et il n’arriverait jamais à changer ainsi. Moi, au moins, je passais du temps avec les copines de mon frère, même si elles ne devaient pas apprécié ce temps passé en ma compagnie parce que, je l’avouais, j’étais plutôt arrogante avec elles.
Bref, dans tous les cas, ce n’était ni son ignorance, ni sa froideur qui me feraient reculer. Je suis là pour le faire parler, pour découvrir ce qui le met dans un tel état et j’y arriverai, peu importe le temps que ça prendra.
« Bon, puisque t’es pas douée pour la conversation, je vais très bien – merci d’avoir demandé – et toi ? »
Je préférais cependant feindre l’ignorance. Je craignais que, s’il découvrait à quel point j’essayais de lire en lui, il me rejette encore plus. Par conséquent, bien qu’il devait se douter que j’avais remarqué sa peur, je préférais mettre mon insistance sur le compte de la stupidité ou de la naïveté ; je me demandais bien quelle image de moi il avait, cependant. Peut-être celle d’une peste qui veut l’énerver ou le blesser ?
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Ven 11 Aoû - 23:04 Citer EditerSupprimer shin tae woo & kwon min ah Tell me your reason Je ne la regardais pas. Je faisais comme si elle n'était pas là. Je mangeais mes bouchées de grains de riz avec un peu d'accompagnement inlassablement. Je n'étais pas prêt d'avoir fini de manger, mais pour moi, il valait mieux que je finisse le plus vite possible de manger pour sortir de cette situation. Enfin... Peut-être que cette fille aura l'audace de me suivre. Aujourd'hui, j'allais passer ma pause midi seul, en plus. Tout ça n'annonçait rien de bon. Je préférais ne pas imaginer ce qui pourrait m'attendre pour la journée et enchaînai en silence les bouchées de nourriture. Je savais qu'elle ne partirait pas, alors autant l'ignorer jusqu'au bout. Cette épreuve allait s'annoncer compliquée, toutefois. J'avais hâte que cette pause se finisse. Comme je l'avais prédit, elle n'abandonnait pas après que je n'aie pas répondu à sa salutation. Le contraire aurait été surprenant. Elle me demanda si ça allait. Était-ce une blague ? Je n'allais jamais bien. Généralement, je ne répondais rien à ce genre de questions. La réponse était claire. Depuis cinq ans, il n'y avait pas un seul jour que je passais où je me sentais bien. Où, comme la question disait, j'allais bien. Alors je ne répondais rien à ce genre de questions de la part des inconnus. Mes amis les plus proches eux ne prenaient même plus la peine de me poser cette question. C'était tout simplement parti de notre vocabulaire en commun. Et en cette situation, j'avais une autre raison pour ne rien répondre. C'était elle qui me parlait. Je n'avais pas du tout envie de me confier. Je savais qu'elle faisait ça juste pour m'embêter. Elle n'avait rien d'autre à faire dans sa vie. Elle se trouvait alors une occupation. Cette occupation, c'était moi. Je comprenais un peu. Quand on n'avait pas de vie, on se cherchait une vie en allant voir les autres... Du moins, c'était comme ça que je la percevais. Une fille sans honte qui venait me voir pour gâcher ma journée et pour égayer la sienne, Elle changeait mon quotidien. Je n'aimais pas ça. Je ne répondis rien, laissant un silence entre nous alors que les autres tables parlaient toutes joyeusement et fort. Le réfectoire était vraiment un lieu que je n'aimais pas, à cause du bruit. S'il pouvait y avoir plus de silence, ce serait mieux. Je continuais à manger, ignorant totalement sa présence. Je me demandais maintenant ce qu'elle allait trouver à me dire...© 2981 12289 0
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Sam 12 Aoû - 10:41 Citer EditerSupprimer
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Voyant que je n’obtenais toujours aucune réponse de sa part, je pris quelques bouchées afin de le laisser espérer quelques secondes que je m’arrêterai là. En effet, si j’y allais trop fort, je risquais réellement de le dégoûter plus qu’il ne l’est déjà et ce n’était pas du tout mon objectif, bien au contraire. Ce n’était pas la première personne renfermée avec laquelle je parlais, et même s’il me semblait différent des introvertis puisque sa peur se mélangeait à sa timidité, j’étais persuadée que je le ferai parler, un jour. Tout le monde avait fini par céder à force de me voir accrochée à eux, sans arrêt. C’est forcément fatigant de lutter contre quelqu’un comme moi alors il vaut mieux aller dans mon sens et le plus vite possible afin de ne pas s’épuiser pour rien – mais, visiblement, Tae Woo n’en était pas encore arrivé à cette conclusion et semblait certain que j’en aurai marre avant lui.
Peut-être qu’intérieurement, pensais-je en continuant de manger, il m’imaginait comme une sadique, qui aime tourmenter les faibles, ceux qui ne répondent rien. C’était parfaitement possible parce que c’est vrai que ça ressemblait à du harcèlement ce que je faisais mais je m’en fichais pas mal. Ma conscience était tranquille puisque, moi au moins, je savais que je ne faisais pas ça avec des mauvaises intentions et il finirait bien par le découvrir, un jour.
« Tu préfères quoi dans les plats de la cantine ? Le riz, les accompagnements de légumes ou de viande ? »
Je lui souris en espérant qu’il lèvera la tête vers moi, enfin. En attendant sa réponse, qui n’allait peut-être même pas venir, je continuais de manger tranquillement. J’étais bien plus sereine que lui, c’était certain. J’espérais tout-de-même que je n’allais pas lui pourrir sa journée ou sa digestion parce que ce n’était pas l’objectif mais de toute façon, c’était bien connu, il fallait passer par l’énervement et la souffrance pour se soigner de ses peurs. Si personne ne l’aidait à aller mieux, si tout le monde passait son temps avec lui sans jamais le mettre à l’épreuve, en étant trop doux avec lui, alors il sera comme ça toute sa vie et il ne pourra jamais vivre. Que ce soit au travail ou dans la vie quotidienne, sa peur des filles allait être un sacré handicapante. Ce n’était que de la mauvaise protection de l’assister maintenant pour qu’il souffre plus tard. Du moins, c’était ainsi que je pensais.
« Tu veux faire quoi plus tard ? Tu veux travailler dans quoi ? »
N’attendant pas forcément de réponses pour ma première question, j’en enchaînais une deuxième. En fait, j’aurais préféré qu’il réponde au deux mais une des deux suffisait pour me satisfaire, pour l’instant en tout cas. Je pris une dernière bouchée de mon plat pour m’arrêter de manger et le regarder fixement. Tant qu’il ne répondrait à aucune de mes réponses, je continuerai à être de pire en pire avec lui, de plus en plus indiscrète, et il allait finir par craquer. Il valait mieux pour lui comprendre que répondre au plus vite allait le protéger d’entendre des questions pires pour lui.
Peut-être qu’intérieurement, pensais-je en continuant de manger, il m’imaginait comme une sadique, qui aime tourmenter les faibles, ceux qui ne répondent rien. C’était parfaitement possible parce que c’est vrai que ça ressemblait à du harcèlement ce que je faisais mais je m’en fichais pas mal. Ma conscience était tranquille puisque, moi au moins, je savais que je ne faisais pas ça avec des mauvaises intentions et il finirait bien par le découvrir, un jour.
« Tu préfères quoi dans les plats de la cantine ? Le riz, les accompagnements de légumes ou de viande ? »
Je lui souris en espérant qu’il lèvera la tête vers moi, enfin. En attendant sa réponse, qui n’allait peut-être même pas venir, je continuais de manger tranquillement. J’étais bien plus sereine que lui, c’était certain. J’espérais tout-de-même que je n’allais pas lui pourrir sa journée ou sa digestion parce que ce n’était pas l’objectif mais de toute façon, c’était bien connu, il fallait passer par l’énervement et la souffrance pour se soigner de ses peurs. Si personne ne l’aidait à aller mieux, si tout le monde passait son temps avec lui sans jamais le mettre à l’épreuve, en étant trop doux avec lui, alors il sera comme ça toute sa vie et il ne pourra jamais vivre. Que ce soit au travail ou dans la vie quotidienne, sa peur des filles allait être un sacré handicapante. Ce n’était que de la mauvaise protection de l’assister maintenant pour qu’il souffre plus tard. Du moins, c’était ainsi que je pensais.
« Tu veux faire quoi plus tard ? Tu veux travailler dans quoi ? »
N’attendant pas forcément de réponses pour ma première question, j’en enchaînais une deuxième. En fait, j’aurais préféré qu’il réponde au deux mais une des deux suffisait pour me satisfaire, pour l’instant en tout cas. Je pris une dernière bouchée de mon plat pour m’arrêter de manger et le regarder fixement. Tant qu’il ne répondrait à aucune de mes réponses, je continuerai à être de pire en pire avec lui, de plus en plus indiscrète, et il allait finir par craquer. Il valait mieux pour lui comprendre que répondre au plus vite allait le protéger d’entendre des questions pires pour lui.
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Dim 13 Aoû - 16:36 Citer EditerSupprimer shin tae woo & kwon min ah Tell me your reason Elle me posa quatre questions. Je ne savais pas ce qu'elle avait dans le cerveau, mais si ça ne se lisait pas sur mon comportement que je voulais sincèrement qu'elle s'en aille, c'était qu'on était vraiment aveugle. Cela ne me semblait pas étonnant pour elle, de toute façon. Je n'avais pas envie de m'user la voix pour lui répondre. J'avais juste envie de manger en silence et en tout sérénité. Cependant, je comprenais exactement ce qu'elle allait faire ensuite. J'étais certain que ses questions allaient empirer. Pour assurer ma survie, je ferais mieux de répondre à ses questions. Je n'en avais nullement envie, mais peut-être qu'en y répondant, elle me laisserait enfin tranquille. Le problème était que je ne pouvais pas réagir puisque je ne savais pas son but. Pour moi, il me semblait clair qu'elle voulait jouer avec ma « peur ». Cependant, je ne pouvais pas en être sûr. Si elle était juste curieuse, mes réponses ne feraient qu'empirer son obsession. Je jouais donc à pile ou face. Soit elle réagissait mal, et c'était tant mieux pour moi, soit elle réagissait bien, et j'empirais ma situation. Dans tous les cas, c'était certain qu'elle continuera à poser ses questions idiotes si je ne faisais rien. Autant parier. Je n'aimais pas prendre de risque mais le fait qu'elle vienne toujours me coller commençait à sérieusement m'énerver. Je voulais y mettre un terme au plus vite.
« Le riz. » répondis-je en mangeant une bouchée de riz, ne la regardant toujours pas.
Je mâchai le riz qu'il y avait dans ma bouche. J'adorais manger. Je savais qu'à une époque, elle ne mangeait pas beaucoup, et c'était moi qui mangeais la plupart qui était dans son assiette. C'était peut-être pour ça qu'elle était restée plus petite que les filles normales. Mais après qu'elle ait disparue, j'avais perdu tout mon appétit. Si elle était encore là, peut-être que ce midi-là, j'aurais pu manger avec elle, et encore manger ce dont elle ne voulait pas. La personne en face de moi ne serait pas cette personne, mais elle. J'avalai ma bouchée de riz.
« Photographe. » dis-je d'un ton sec.
Je repris de la nourriture. J'espérai que ça allait stopper cette situation, mais c'était trop beau pour que ça se réalise.© 2981 12289 0
« Le riz. » répondis-je en mangeant une bouchée de riz, ne la regardant toujours pas.
Je mâchai le riz qu'il y avait dans ma bouche. J'adorais manger. Je savais qu'à une époque, elle ne mangeait pas beaucoup, et c'était moi qui mangeais la plupart qui était dans son assiette. C'était peut-être pour ça qu'elle était restée plus petite que les filles normales. Mais après qu'elle ait disparue, j'avais perdu tout mon appétit. Si elle était encore là, peut-être que ce midi-là, j'aurais pu manger avec elle, et encore manger ce dont elle ne voulait pas. La personne en face de moi ne serait pas cette personne, mais elle. J'avalai ma bouchée de riz.
« Photographe. » dis-je d'un ton sec.
Je repris de la nourriture. J'espérai que ça allait stopper cette situation, mais c'était trop beau pour que ça se réalise.
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Dim 13 Aoû - 19:02 Citer EditerSupprimer
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J’attendis avec impatience le moment où il répondrait enfin. Honnêtement, même s’il ne répondait pas à ces dernières questions, ça ne me dérangeait pas vraiment ; alors, à ce moment-là, je lui poserai de vraies questions, celles qui me rendent réellement curieuses, celles qui toucheront là où ça fait mal, de toute évidence. Non pas que c’était mon objectif de lui faire du mal, pas du tout, mais il fallait toujours faire un peu mal à un arbre pour lui arracher les branches qui étaient là en trop et lui permettre de se développer encore mieux. Là était mon objectif ; et, en pensant à ça, je ne pus m’empêcher de me dire que j’aurais peut-être dû envisager de devenir psychologue ou psychiatre au lieu d’avocate ou procureur. Enfin, j’avais des raisons de choisir ce métier. Ma mère, avant de nous avoir, Min Soo et moi, voulait devenir avocate mais elle a préféré abandonner ses études pour prendre soin de nous. Alors, elle a dû abandonner son rêve pour nous. Depuis que je connaissais cette histoire, j’ai voulu faire des études de droit, les études les plus longues possibles pour rattraper ça. Bien entendu, maintenant que ma mère était morte, ça ne servait plus à rien, j’en avais conscience. Jamais, elle ne serait fière de moi, jamais elle ne dirait que la relève était assurée. J’eus un sourire triste en pensant à ça avant de réaliser que ce n’était pas du tout le moment de plonger dans de tels souvenirs douloureux ; j’étais avec Tae Woo et je devais le titiller jusqu’à ce qu’il m’échappe. J’arborai alors un immense sourire sur mes lèvres, plus difficilement que précédemment, lorsque je l’entendis répondre à mes questions.
Le riz, ce n’était pas un choix très commun, pensais-je. Beaucoup de gens préfèrent la viande – moi par exemple – ou les légumes. Le riz, c’était plutôt fade, ça n’avait pas de goût tout seul et c’était bien pour cette raison que c’était toujours accompagné de petits plats délicieux. Mais bon, visiblement, en plus d’avoir lui-même un caractère fade pour je-ne-sais-quelle-raison, il aimait aussi les plats fades.
Photographe, par contre, attira un peu plus ma curiosité. C’était un métier particulièrement à la monde ces dernières années, notamment grâce à l’apparition des appareils photos sur les téléphones qui rendaient la photographie accessible à n’importe qui. Je trouvais que ce métier allait très bien avec sa façon de toujours observer les gens, se mettre en retrait, ne pas participer lui-même aux choses mais les enregistrer telles que les autres les ont vécues. Cependant, je doutais qu’un bon photographe pouvait être ainsi retiré du monde. C’était justement en expérimentant pleins de choses différentes qu’il pouvait deviner comment mettre en valeur les sentiments dans une photo ; alors que si jamais il n’avait ressenti lui-mêmes ces sentiments, il ne pourrait pas bien les faire ressortir. Je voulus donc, d’un coup, lui poser beaucoup plus de questions mais je me retins. Plus il répondait à mes questions, moins je devais lui en poser pour l’inciter à continuer, sinon il se sentirait étouffé et penserait que, peu importe qu’il y réponde ou non, il sera toujours harcelé.
« Ooh, photographe ! Qu’est-ce qui t’intéresse autant dans la photographie ? Personnellement, je trouve ça un peu triste et solitaire comme métier. En fait, ça revient à ne vivre que dans le passé, puisqu’on collectionne les photos de moments déjà passés et qui ne reviendront plus jamais. On ne regarde jamais le futur pour en profiter, on est toujours nostalgique de ce qui s’est passé parce que la photo rend tellement belle qu’on se dit que le moment était très beau aussi. Alors qu’en fait, si on revenait vraiment à ce moment, on n’était pas si heureux qu’on le croit avec le recul. »
Je savais ce que je disais. J’avais tellement voulu retourner dans le passé, moi aussi. J’avais rêvé des années qu’une machine le permette, je voulais revoir mes parents, je voulais redevenir aussi heureuse qu’avant mais, à mes dépends, j’avais appris que ce n’était pas ainsi qu’il fallait vivre. Maintenant que je regardais ces moments-là, bien sûr, ils me paraissaient parfaits, heureux, mais ce n’était pas non plus aussi beaux que je l’imaginais désormais. Non, à l’époque, j’étais pauvre, j’avais des difficultés pour me faire plaisir, je culpabilisais parfois si je mangeais trop parce que je ne voulais pas que les autres se privent pour me nourrir. Le passé semblait toujours plus heureux que le présent alors que ce n’était pas le cas, en réalité. Des éléments du passé rendaient les instants biens et d’autres les rendaient douloureux tandis que des éléments du présent le rendent bien et d’autres le rendent dur. Dans quelques années, je repenserai à aujourd’hui comme à un moment plus heureux.
Le riz, ce n’était pas un choix très commun, pensais-je. Beaucoup de gens préfèrent la viande – moi par exemple – ou les légumes. Le riz, c’était plutôt fade, ça n’avait pas de goût tout seul et c’était bien pour cette raison que c’était toujours accompagné de petits plats délicieux. Mais bon, visiblement, en plus d’avoir lui-même un caractère fade pour je-ne-sais-quelle-raison, il aimait aussi les plats fades.
Photographe, par contre, attira un peu plus ma curiosité. C’était un métier particulièrement à la monde ces dernières années, notamment grâce à l’apparition des appareils photos sur les téléphones qui rendaient la photographie accessible à n’importe qui. Je trouvais que ce métier allait très bien avec sa façon de toujours observer les gens, se mettre en retrait, ne pas participer lui-même aux choses mais les enregistrer telles que les autres les ont vécues. Cependant, je doutais qu’un bon photographe pouvait être ainsi retiré du monde. C’était justement en expérimentant pleins de choses différentes qu’il pouvait deviner comment mettre en valeur les sentiments dans une photo ; alors que si jamais il n’avait ressenti lui-mêmes ces sentiments, il ne pourrait pas bien les faire ressortir. Je voulus donc, d’un coup, lui poser beaucoup plus de questions mais je me retins. Plus il répondait à mes questions, moins je devais lui en poser pour l’inciter à continuer, sinon il se sentirait étouffé et penserait que, peu importe qu’il y réponde ou non, il sera toujours harcelé.
« Ooh, photographe ! Qu’est-ce qui t’intéresse autant dans la photographie ? Personnellement, je trouve ça un peu triste et solitaire comme métier. En fait, ça revient à ne vivre que dans le passé, puisqu’on collectionne les photos de moments déjà passés et qui ne reviendront plus jamais. On ne regarde jamais le futur pour en profiter, on est toujours nostalgique de ce qui s’est passé parce que la photo rend tellement belle qu’on se dit que le moment était très beau aussi. Alors qu’en fait, si on revenait vraiment à ce moment, on n’était pas si heureux qu’on le croit avec le recul. »
Je savais ce que je disais. J’avais tellement voulu retourner dans le passé, moi aussi. J’avais rêvé des années qu’une machine le permette, je voulais revoir mes parents, je voulais redevenir aussi heureuse qu’avant mais, à mes dépends, j’avais appris que ce n’était pas ainsi qu’il fallait vivre. Maintenant que je regardais ces moments-là, bien sûr, ils me paraissaient parfaits, heureux, mais ce n’était pas non plus aussi beaux que je l’imaginais désormais. Non, à l’époque, j’étais pauvre, j’avais des difficultés pour me faire plaisir, je culpabilisais parfois si je mangeais trop parce que je ne voulais pas que les autres se privent pour me nourrir. Le passé semblait toujours plus heureux que le présent alors que ce n’était pas le cas, en réalité. Des éléments du passé rendaient les instants biens et d’autres les rendaient douloureux tandis que des éléments du présent le rendent bien et d’autres le rendent dur. Dans quelques années, je repenserai à aujourd’hui comme à un moment plus heureux.
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Mar 15 Aoû - 22:00 Citer EditerSupprimer shin tae woo & kwon min ah Tell me your reason Je l'écoutai alors donner son avis sur mon futur métier. J'aurais très bien pu mentir en disant que je voulais faire quelque chose dont on pouvait juste répondre « ah ok » sans trouver autre chose à dire, mais je savais que dans tous les cas, elle, elle trouvera toujours quelque chose à y redire. Notamment sur ce métier-là. Elle disait que c'était triste et solitaire, comme métier. Elle avait raison et tort. Un photographe prenait les photos, et n'apparaissait pas sur les photos. Pour lui, cette photo avait une valeur particulière, et, bien qu'il soit toujours derrière et non devant l'objectif, la réelle beauté de ses photos ne pouvait être vue que par lui. L'instant où il avait pris la photo n'était partagée que par lui et le moment même. Au moment où il prenait la photo, cette photo se situait déjà dans le passé. Les photos gardaient un souvenir du passé. C'était ce que j'aimais dans la photographie. Elle ne semblait pas être du même avis. Les photos revenaient à vivre dans le passé.
« puisqu’on collectionne les photos de moments déjà passés et qui ne reviendront plus jamais » Cette phrase me fit l'effet d'un poignard dans le cœur. Je ne le savais que trop bien, mais l'entendre dire de la bouche de quelqu'un d'autre restait toujours aussi douloureux. Quand je regardais les photos où on voyait Saehee, je me disais que je voulais bien revoir ce visage enfantin. Sa bonne humeur de tous les jours et son sourire si particulier, je voulais les revoir. Mais je n'avais plus de photos d'elle. Je m'étais passionné trop tard pour la photographie, après tout. Les seules photos que j'avais d'elle étaient juste des images prises par nos parents. Si j'avais aimé la photographie plus tôt, j'aurais pu mieux sauvegarder chaque moment. Comme ça, les souvenirs anciens que j'avais dans le cerveau auraient peut-être pu être plus fidèles à la réalité. Si j'avais sauvegardé chaque moment, je me serais rappelé de chaque détail. Alors que dans un jeu vidéo, on pouvait sauvegarder et reprendre, dans la vraie vie, on ne pouvait pas reprendre. Je fermai les yeux suite à cette pensée, le cœur déjà meurtri depuis cinq ans. Je ne regardais plus le futur depuis longtemps. A quoi cela servait-il de regarder le futur quand celle avec qui on croyait partager son futur avait disparue ? Je voyais toujours quelqu'un d'autre dans mon futur. Elle m'accompagnait dans chacune de mes pensées heureuses à l'idée de mon futur, mais elle n'était plus là. Je rouvris les yeux, puis me mordis la lèvre. Je n'aimais vraiment pas y penser. Cela me rendait encore plus triste que je ne l'étais déjà. Cette fille me dit quelque chose qui m'étonna. La photo était si belle qu'on se disait que le moment était très beau aussi, alors que ce n'était peut-être pas si vrai que ça ? Je me demandais ce qu'elle avait vécu pour avoir de telles pensées. Cependant, ce n'était pas mon cas. Le moment le plus heureux de ma vie, c'était quand Saehee était là. Mes années lycée. J'avais bien passé de mauvais moments au collège et en primaire, mais du lycée, il ne me restait que de beaux moments. Ceux que j'avais partagé avec Saehee. Parce qu'il n'y avait pas un seul moment qui se passait sans Saehee. Elle était omniprésente dans ma vie. Et puis, elle disparut comme une étoile filante qui mourrait trop vite.
Je redressai ma tête, regardant Minah droit dans les yeux. Je n'avais pas envie de lui accorder de l'attention. Mais quand on parlait de photographie, qu'importe qu'elle soit une personne dont je n'appréciais pas la compagnie, je devais m'exprimer sur le sujet.
« Ce qui est beau dans la photographie, c'est qu'elle garde les choses comme elles sont. Le cerveau changera toujours un souvenir. La photo, elle, ne changera jamais. Peu importe le temps qui passera, elle restera intacte, alors que les souvenirs partiront petit à petit. La photographie permet de se rappeler de ce qu'il s'est passé. Elle fait vivre le passé qui fait ce que nous sommes. On ne peut pas oublier le passé. Alors parfois, il vaut mieux s'en rappeler le mieux possible, pour honorer ceux qui ont croisé notre chemin. Tu ne sais jamais quand quelqu'un va quitter ta vie. Tu penses que tu te souviendrais à quoi ressemble tel endroit où tu as été quand tu étais plus jeune à l'identique ? Si tu traînais dans un parc et qu'aujourd'hui il a été rénové, et que tes souvenirs ne peuvent plus te permettre de te rappeler de chaque détail, qu'est-ce qui viendra te rappeler à quoi ça ressemblait ? La photographie. Ça a beau être un métier triste et solitaire à tes yeux, je trouve que c'est un beau métier qui immortalise chaque moment, comme si on avait arrêté le temps à cet instant précis, et qu'on le sauvegardait pour le regarder dans le futur. Un photographe, c'est un peu comme un magicien. Quand il prend la photo, il arrête le temps pendant le quart d'une seconde, et il attrape ce temps là pour l'immortaliser dans une seule image : la photo. »
Quand c'était de la photographie dont on parlait, je pouvais en parler pendant des heures. Et justement. J'avais trop parlé. Je soupirai puis mangeai à nouveau de la nourriture, comme si je n'avais rien dit du tout.© 2981 12289 0
« puisqu’on collectionne les photos de moments déjà passés et qui ne reviendront plus jamais » Cette phrase me fit l'effet d'un poignard dans le cœur. Je ne le savais que trop bien, mais l'entendre dire de la bouche de quelqu'un d'autre restait toujours aussi douloureux. Quand je regardais les photos où on voyait Saehee, je me disais que je voulais bien revoir ce visage enfantin. Sa bonne humeur de tous les jours et son sourire si particulier, je voulais les revoir. Mais je n'avais plus de photos d'elle. Je m'étais passionné trop tard pour la photographie, après tout. Les seules photos que j'avais d'elle étaient juste des images prises par nos parents. Si j'avais aimé la photographie plus tôt, j'aurais pu mieux sauvegarder chaque moment. Comme ça, les souvenirs anciens que j'avais dans le cerveau auraient peut-être pu être plus fidèles à la réalité. Si j'avais sauvegardé chaque moment, je me serais rappelé de chaque détail. Alors que dans un jeu vidéo, on pouvait sauvegarder et reprendre, dans la vraie vie, on ne pouvait pas reprendre. Je fermai les yeux suite à cette pensée, le cœur déjà meurtri depuis cinq ans. Je ne regardais plus le futur depuis longtemps. A quoi cela servait-il de regarder le futur quand celle avec qui on croyait partager son futur avait disparue ? Je voyais toujours quelqu'un d'autre dans mon futur. Elle m'accompagnait dans chacune de mes pensées heureuses à l'idée de mon futur, mais elle n'était plus là. Je rouvris les yeux, puis me mordis la lèvre. Je n'aimais vraiment pas y penser. Cela me rendait encore plus triste que je ne l'étais déjà. Cette fille me dit quelque chose qui m'étonna. La photo était si belle qu'on se disait que le moment était très beau aussi, alors que ce n'était peut-être pas si vrai que ça ? Je me demandais ce qu'elle avait vécu pour avoir de telles pensées. Cependant, ce n'était pas mon cas. Le moment le plus heureux de ma vie, c'était quand Saehee était là. Mes années lycée. J'avais bien passé de mauvais moments au collège et en primaire, mais du lycée, il ne me restait que de beaux moments. Ceux que j'avais partagé avec Saehee. Parce qu'il n'y avait pas un seul moment qui se passait sans Saehee. Elle était omniprésente dans ma vie. Et puis, elle disparut comme une étoile filante qui mourrait trop vite.
Je redressai ma tête, regardant Minah droit dans les yeux. Je n'avais pas envie de lui accorder de l'attention. Mais quand on parlait de photographie, qu'importe qu'elle soit une personne dont je n'appréciais pas la compagnie, je devais m'exprimer sur le sujet.
« Ce qui est beau dans la photographie, c'est qu'elle garde les choses comme elles sont. Le cerveau changera toujours un souvenir. La photo, elle, ne changera jamais. Peu importe le temps qui passera, elle restera intacte, alors que les souvenirs partiront petit à petit. La photographie permet de se rappeler de ce qu'il s'est passé. Elle fait vivre le passé qui fait ce que nous sommes. On ne peut pas oublier le passé. Alors parfois, il vaut mieux s'en rappeler le mieux possible, pour honorer ceux qui ont croisé notre chemin. Tu ne sais jamais quand quelqu'un va quitter ta vie. Tu penses que tu te souviendrais à quoi ressemble tel endroit où tu as été quand tu étais plus jeune à l'identique ? Si tu traînais dans un parc et qu'aujourd'hui il a été rénové, et que tes souvenirs ne peuvent plus te permettre de te rappeler de chaque détail, qu'est-ce qui viendra te rappeler à quoi ça ressemblait ? La photographie. Ça a beau être un métier triste et solitaire à tes yeux, je trouve que c'est un beau métier qui immortalise chaque moment, comme si on avait arrêté le temps à cet instant précis, et qu'on le sauvegardait pour le regarder dans le futur. Un photographe, c'est un peu comme un magicien. Quand il prend la photo, il arrête le temps pendant le quart d'une seconde, et il attrape ce temps là pour l'immortaliser dans une seule image : la photo. »
Quand c'était de la photographie dont on parlait, je pouvais en parler pendant des heures. Et justement. J'avais trop parlé. Je soupirai puis mangeai à nouveau de la nourriture, comme si je n'avais rien dit du tout.
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Mer 16 Aoû - 10:52 Citer EditerSupprimer
TELL ME YOUR REASON
Feat Shin Tae Woo
Feat Shin Tae Woo
Mâchant la dernière grosse bouchée que j’avais mis dans ma bouche, je ne bougeais plus, fixant son visage. À son expression, je compris immédiatement que j’avais touché un point sensible mais parmi mon flot de mots, j’ignorais qu’est-ce qui venait de le mettre dans un tel état de réflexion et de mal-être. Il fallut plusieurs longues secondes, durant lesquelles je m’imaginai qu’il allait encore une fois m’ignorer, pour qu’il relève la tête vers moi. Pour la première fois depuis que je m’étais installée ici – que dis-je, depuis que je le connaisse, même – il gardait ses yeux dans les miens, d’un air grave, sérieux. D’habitude, quand il croisait mon regard, il fuyait immédiatement, regardait ailleurs, marchait plus vite pour passer à côté en mimant de n’avoir rien vu mais jamais, parmi ses réactions, il n’avait maintenu mon regard. C’était donc la première fois que je pouvais moi-même l’observer de face, clairement. Il se lança alors dans une réponse beaucoup plus longue que les autres, sans aucun doute la plus longue qu’il ne m’a jamais donnée et je l’écoutais avec une grande attention, afin de ne pas manquer un bout de sa réponse, et je le fixais d’un air à la fois envoûté et surpris. J’étais étonnée qu’un simple débat sur la photographie le lance ainsi, sans qu’il ne se soucie que je sois une fille ; visiblement, il n’avait pas réfléchi, il avait répondu avant de se dire que qu’il devait m’ignorer. Ça faisait du bien de ne pas être ignorée. Quand il eut fini sa tirade, je continuais de l’observer, toujours ébahie. J’avais sans aucun doute touché un point sensible pour qu’il ressente un tel besoin de se justifier et mon but n’étant pas de le rendre mal, je devais faire attention à mes prochains mots. Si nous étions sur un sujet qui le tenait à coeur, il ne fallait pas que je l’attaque dessus.
J’aimais moi-même la photographie, cependant, sans s’en rendre compte, peut-être, il venait de montrer une facette de lui. Ce garçon donne bien trop d’importance aux souvenirs qu’il ne le faut. Il vit dans le passé, il met les souvenirs avant le présent, il pense que les souvenirs rendent la vie plus heureuse et qu’il faut les garder intacte. Or, pour avoir moi-même pensé ainsi durant des années, je savais qu’il avait tort.
« Mais, Tae Woo, si les souvenirs changent, c’est pour une raison bien précise. »
Je continuais de le fixer du regard afin de me rendre compte quand est-ce que j’allais trop loin, pour m’arrêter avant de vraiment frapper son point sensible, mais je n’étais pas non plus quelqu’un qui ravalait son avis pour les autres.
« Si ton cerveau modifie tes souvenirs ou te les fait oublier, c’est parce qu’il en a besoin pour évoluer. En luttant contre ça, tu t’enterres toi-même. Les souvenirs ne sont rien d’autre que des souvenirs. Peu importe combien tu les aimes, peu importe combien ils te sont importants et peu importe combien tu t’en souviens, fidèles ou non à la réalité, ça ne changera rien, ce sera toujours du passé. Quand une fille se fait larguer par son copain qu’elle adorait, après la rupture, pour s’en remettre, elle finit par se convaincre qu’en fait, elle non plus ne l’aimait pas tant que ça et qu’elle allait le jeter si il ne le faisait pas. Si elle modifie ses souvenirs, c’est pour mieux accepter la rupture. En se disant qu’elle n’a pas juste été abandonnée, elle rend la séparation plus facile à vivre et ça lui permet de passer au-dessus. Si tu gardes les souvenirs toujours tels qu’ils étaient, tu n’évolues jamais. Les photographes ne prennent pas des photos pour mettre en avant le passé mais pour comparer le passé avec le présent afin que le présent paraisse encore plus beau. Tu n’es pas dans le bon état d’esprit pour rendre tes photos belles. »
Je respirai un grand coup posant mon regard sur mon plateau. Tout compte fait, nous n’aurions peut-être pas dû engager le sujet du futur métier. Je ne voulais pas parler de choses aussi sérieuses avec lui, pas si tôt, pas avant qu’il comprenne que je lui voulais du bien. Mes derniers mots, il risquait de les prendre très mal s’il était toujours convaincu que j’étais là pour l’enfoncer. Je posais mes baguettes sur le plateau et relevai les yeux vers lui. J’aurais dû formuler différaient ma dernière phrase. J’aurais peut-être dû utiliser la même métaphore que lui et lui dire que, si le photographe prend une photo du parc avant la rénovation, ce n’est pas pour que les gens se rappellent du parc tel qu’il était auparavant, mais pour que les gens puissent dire avec exactitude ce que la rénovation a apporté, a modifié et si le changement était nécessaire ou non.
J’aimais moi-même la photographie, cependant, sans s’en rendre compte, peut-être, il venait de montrer une facette de lui. Ce garçon donne bien trop d’importance aux souvenirs qu’il ne le faut. Il vit dans le passé, il met les souvenirs avant le présent, il pense que les souvenirs rendent la vie plus heureuse et qu’il faut les garder intacte. Or, pour avoir moi-même pensé ainsi durant des années, je savais qu’il avait tort.
« Mais, Tae Woo, si les souvenirs changent, c’est pour une raison bien précise. »
Je continuais de le fixer du regard afin de me rendre compte quand est-ce que j’allais trop loin, pour m’arrêter avant de vraiment frapper son point sensible, mais je n’étais pas non plus quelqu’un qui ravalait son avis pour les autres.
« Si ton cerveau modifie tes souvenirs ou te les fait oublier, c’est parce qu’il en a besoin pour évoluer. En luttant contre ça, tu t’enterres toi-même. Les souvenirs ne sont rien d’autre que des souvenirs. Peu importe combien tu les aimes, peu importe combien ils te sont importants et peu importe combien tu t’en souviens, fidèles ou non à la réalité, ça ne changera rien, ce sera toujours du passé. Quand une fille se fait larguer par son copain qu’elle adorait, après la rupture, pour s’en remettre, elle finit par se convaincre qu’en fait, elle non plus ne l’aimait pas tant que ça et qu’elle allait le jeter si il ne le faisait pas. Si elle modifie ses souvenirs, c’est pour mieux accepter la rupture. En se disant qu’elle n’a pas juste été abandonnée, elle rend la séparation plus facile à vivre et ça lui permet de passer au-dessus. Si tu gardes les souvenirs toujours tels qu’ils étaient, tu n’évolues jamais. Les photographes ne prennent pas des photos pour mettre en avant le passé mais pour comparer le passé avec le présent afin que le présent paraisse encore plus beau. Tu n’es pas dans le bon état d’esprit pour rendre tes photos belles. »
Je respirai un grand coup posant mon regard sur mon plateau. Tout compte fait, nous n’aurions peut-être pas dû engager le sujet du futur métier. Je ne voulais pas parler de choses aussi sérieuses avec lui, pas si tôt, pas avant qu’il comprenne que je lui voulais du bien. Mes derniers mots, il risquait de les prendre très mal s’il était toujours convaincu que j’étais là pour l’enfoncer. Je posais mes baguettes sur le plateau et relevai les yeux vers lui. J’aurais dû formuler différaient ma dernière phrase. J’aurais peut-être dû utiliser la même métaphore que lui et lui dire que, si le photographe prend une photo du parc avant la rénovation, ce n’est pas pour que les gens se rappellent du parc tel qu’il était auparavant, mais pour que les gens puissent dire avec exactitude ce que la rénovation a apporté, a modifié et si le changement était nécessaire ou non.
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Re: Tell me your reason ft. Shin Tae Woo | Mer 16 Aoû - 15:31 Citer EditerSupprimer shin tae woo & kwon min ah Tell me your reason Je mâchais la nourriture qu'il y avait dans ma bouche. Ce serait bien qu'elle ne réponde rien à ce que je venais de dire. Ce ne sera malheureusement pas le cas.
« Mais, Taewoo, si les souvenirs changent, c’est pour une raison bien précise. »
Je m'arrêtai subitement dans mon action. Ma mâchoire arrêta de faire ses mouvements réguliers alors que le riz était toujours dans ma bouche. Je ne la regardais plus, conscient d'avoir commis une erreur. Puis elle commença à émettre son avis sur la photographie, ou du moins, sur mon avis de la photographie. « En luttant contre ça, tu t'enterres toi-même », elle avait parfaitement raison. Peut-être que si je me battais pour ne pas perdre des souvenirs, c'était peut-être parce que je voulais m'enterrer. Ce serait mieux si je m'enterrais. Si je mourrais, tout simplement. Je m'étais raisonné depuis longtemps. Je ne pouvais pas abandonner ceux qui m'aimaient. Je les aimais trop pour me montrer égoïste et mettre fin à ma vie. Peut-être que ma façon de lutter contre la perte des souvenirs était une façon pour moi de m'enterrer vivant. Scientifiquement, mon cœur battait encore, mais émotionnellement, il ne battait plus depuis longtemps. Elle disait que ce soit fidèle ou non à la réalité, cela appartiendra toujours au passé. Mais non. Non, ce n'était pas ça. La plus belle chose qu'on pouvait faire pour honorer ceux qui avait croisé notre chemin, c'était de se souvenir d'eux... Si je ne me souvenais pas d'eux, qui sera là pour se souvenir de leur passage? Je n'étais pas d'accord. Mais elle avait sa propre vision de la vie. Je n'allais pas défendre ma vision de la vie. Chacun avait ses opinions propres à lui. Elle donna un exemple. Puis juste après je ne l'écoutai plus. Je m'étais dit ça, moi ? M'étais-je dit ça quand Saehee et moi avions rompu soudainement ? M'étais-je dit ça quand notre lien s'était soudainement cassé ? Non. C'était peut-être parce que nous n'avions pas rompu. Dans le plus profond de mon cœur, j'étais encore avec Saehee, et nous vivions encore le parfait amour. Ce serait bien. Je n'entendis que la phrase finale de son monologue. Je n'étais pas dans le bon état d'esprit pour rendre mes photos belles. Oui. Peut-être. Elles ne pouvaient être belles qu'à mes yeux, puisqu'il n'y avait que moi qui accordais autant d'importance à la notion du passé dans la photographie. J'avalai la nourriture mâchée dans ma bouche, regardant un point fixe dans le vide.
« Ce serait bien, si je pouvais m'enterrer moi-même. »
Ce fut ma seule réponse à tout ce monologue. J'aurais pu argumenter davantage contre elle, mais c'était inutile. De toute façon, je m'étais bien rappelé que je parlais à Minah. Soit à un mur. Le fait que je venais de lui répondre était déjà une erreur. Mon souhait restait le même qu'au départ : qu'elle parte au plus vite, pour que je puisse enfin profiter de la solitude qu'un photographe comme moi avait besoin.© 2981 12289 0
« Mais, Taewoo, si les souvenirs changent, c’est pour une raison bien précise. »
Je m'arrêtai subitement dans mon action. Ma mâchoire arrêta de faire ses mouvements réguliers alors que le riz était toujours dans ma bouche. Je ne la regardais plus, conscient d'avoir commis une erreur. Puis elle commença à émettre son avis sur la photographie, ou du moins, sur mon avis de la photographie. « En luttant contre ça, tu t'enterres toi-même », elle avait parfaitement raison. Peut-être que si je me battais pour ne pas perdre des souvenirs, c'était peut-être parce que je voulais m'enterrer. Ce serait mieux si je m'enterrais. Si je mourrais, tout simplement. Je m'étais raisonné depuis longtemps. Je ne pouvais pas abandonner ceux qui m'aimaient. Je les aimais trop pour me montrer égoïste et mettre fin à ma vie. Peut-être que ma façon de lutter contre la perte des souvenirs était une façon pour moi de m'enterrer vivant. Scientifiquement, mon cœur battait encore, mais émotionnellement, il ne battait plus depuis longtemps. Elle disait que ce soit fidèle ou non à la réalité, cela appartiendra toujours au passé. Mais non. Non, ce n'était pas ça. La plus belle chose qu'on pouvait faire pour honorer ceux qui avait croisé notre chemin, c'était de se souvenir d'eux... Si je ne me souvenais pas d'eux, qui sera là pour se souvenir de leur passage? Je n'étais pas d'accord. Mais elle avait sa propre vision de la vie. Je n'allais pas défendre ma vision de la vie. Chacun avait ses opinions propres à lui. Elle donna un exemple. Puis juste après je ne l'écoutai plus. Je m'étais dit ça, moi ? M'étais-je dit ça quand Saehee et moi avions rompu soudainement ? M'étais-je dit ça quand notre lien s'était soudainement cassé ? Non. C'était peut-être parce que nous n'avions pas rompu. Dans le plus profond de mon cœur, j'étais encore avec Saehee, et nous vivions encore le parfait amour. Ce serait bien. Je n'entendis que la phrase finale de son monologue. Je n'étais pas dans le bon état d'esprit pour rendre mes photos belles. Oui. Peut-être. Elles ne pouvaient être belles qu'à mes yeux, puisqu'il n'y avait que moi qui accordais autant d'importance à la notion du passé dans la photographie. J'avalai la nourriture mâchée dans ma bouche, regardant un point fixe dans le vide.
« Ce serait bien, si je pouvais m'enterrer moi-même. »
Ce fut ma seule réponse à tout ce monologue. J'aurais pu argumenter davantage contre elle, mais c'était inutile. De toute façon, je m'étais bien rappelé que je parlais à Minah. Soit à un mur. Le fait que je venais de lui répondre était déjà une erreur. Mon souhait restait le même qu'au départ : qu'elle parte au plus vite, pour que je puisse enfin profiter de la solitude qu'un photographe comme moi avait besoin.
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