Son long manteau soigneusement fermé, Chae Nah traverse l’intégralité du dortoir pour rejoindre le dortoir des garçons telle une ombre. Elle se fait discrète, prenant une grande attention à ne pas être vue. Bien sûr il s’agit de son dortoir mais elle n’avait pas envie de se faire rappeler à l’ordre par Hera. Ce serait une trop grande tristesse pour elle, ses plans et pour ce pauvre Yong qui subirait sans même le savoir un nouvel échec. Alors elle presse le pas jusqu’à arriver face à la porte de cette fameuse chambre. Tellement fière d’elle, elle sort la clé passe partout « empruntée » pour quelques temps. Elle ouvre doucement, vérifie que personne n’est dans les parages comme elle l’a calculée. Normalement la voie est libre et ses yeux le lui confirme. Rapidement elle referme la porte avant d’ôter aussi vite son long manteau laissant dévoiler une tenue d’infirmière. Pas de temps à perdre, elle se glisse dans le lit de Yong en attendant que son grand blessé arrive.

Il revenait de la douche, après une rude journée d’épreuves aux JO de la Yonsei. Tout pimpant, il bondait le torse dénudé, juste vêtu d’une serviette autour de la taille, fier comme un paon. Ses cheveux encore humides gouttaient lentement sur ses épaules. Le dortoir était calme. C’est que quelques festivités gaillardes étaient au programme. Yong comptait juste passer en coup de vent pour laver la sueur sur son corps d’athlète. Parce que oui, il s’était royalement vautré dans la première épreuve, magistralement même, puis le résultat était correct mais mitigé aux deux suivantes. Par contre, il avait eu sa revanche au tir à l’arc, et ça ! C’était la meilleure des satisfactions ! Arrivé devant la porte de sa chambre, il crut attendre du bruit à l’intérieur. Son meilleur ami lui préparerait-il une farce ? Ahah ! Ils verraient bien qui surprendrait l’autre. Sa main sur la poignet, il attendit quelques instants pour ne pas rater son entrée. Puis, soudain, il rentra dans la pièce dans un bond tonitruant. Sauf que… A la découverte de ce qu’il l’attendait, il en tomba des nus. Littéralement car bouche bée, sa serviette se détendit autour de sa taille et tomba sur ses chevilles…

Elle était vraiment fière de sa surprise. Fière et peut-être aussi un brin stressée à l’idée que quelqu’un d’autre que Yong puisse débarquer. Elle avait enquêté du moins rapidement mais selon ses prédictions personne ne devrait se pointer. Enfin, cela ne reste que des prédictions, de l’incertain. Dans tous les cas, qu’il s’agisse de Yong ou d’un de ses colocataires la personne qui la découvrirait ne comprendrait certainement rien. Elle-même ne sait pas réellement comment elle en était arrivée là. Elle avait trouvé l’idée marrante, cherchait à se persuader que c’était pour rire, pour le réconforter. En vérité, peut-être qu’elle voulait juste lui passer un certain message, lui rappeler qu’elle existe au cas où il l’ait un peu oubliée voire lui plaire.

Alors elle était là à attendre sur le lit, priant pour qu’il ne prenne pas tout son temps avant de revenir, priant pour qu’il revienne au moins. Soudainement, elle se mit à réfléchir si il n’avait pas entendu dire qu’il avait prévu quelque chose lorsque quelqu’un entra brutalement dans la chambre. Surprise, elle se mit à hurler comme un porc qu’on égorge, comme Hortense la première fois qu’elle lui a mis du vernis. Elle mit quelques secondes avant de remarquer qu’il s’agissait de son grand blessé pour le coup entièrement dénudé. « Tu m’as fait peur !!!! » Geint-elle. « Encore un peu et c’est toi qui aurait dû jouer l’infirmière en me réanimant ! » Elle affichait une mise boudeuse.

La nudité n’était pas pour me complexer. Néanmoins, dire que je n’eus ressenti la moindre once de gêne à me retrouver tel que l’Homme de Vitruve de Leonard de Vinci face à une infirmière sexy étendue sur le matelas à l’instar d’une dame de la Rome antique sur son sofa, serait mentir. Mon anatomie n’était pas une découverte non plus pour elle mais… J’voudrais pas lui donner des idées qui ne sont plus d’actualités. Il serait cruel de lui faire miroiter ce qu’elle n’aurait plus. Un peu comme elle faisait là… Allongée dans son costume plus que valorisant… Je déglutis, en feint de râler. « ça te va bien de te dire ça ! » Je ramassai ma serviette et la noua derechef autour de ma taille. Un peu de décence, entre amis de sexes opposés, on discutait pas à poils. Il serait fâcheux d’attiser quelques ambiguïtés. Je m’avançai jusqu’au lit où elle trônait, me penchai au-dessus d’elle. Plongeant mon regard dans le sien, sur mes lèvres, un sourire narquois se dessina :« Toute infirmière se doit d’avoir un médecin référent pour lui enseigner quelques tuyaux ? » Mais qu’est-ce qu’on était en train de faire là ? Je me rétractais alors prestement. « Qu’est-ce que tu fais là ? Et… » Je fronçai les sourcils. « Pourquoi tu es sur le lit de mon bro’ ? » Chaenah fricotait quand même pas avec un de mes colocataires ?!

Chae Nah avait été en quelque sorte victime de son propre jeu alors qu’elle était surprise de l’entrée brutale de Yong. Car non elle n’hurlait pas à la vue de son pénis, ce dernier elle l’avait déjà expérimenté donc ce n’était pas là le problème. Non le problème c’était son arrivée de bourrin qui a manqué de lui provoquer un arrêt cardiaque. Bientôt c’est lui qui allait devoir la réanimer, un comble n’est-ce pas ? « Mon intention n’était pas de te faire peur ! » Alors que la sienne oui, à moins qu’il soit atteint au point de faire peur à une chambre vide ? Possible. Elle jette un rapide coup d’œil discret à sa queue de renard avant qu’il ne renoue sa serviette et papillonne des yeux sans s’en rendre compte tandis qu’il s’avance et se penche au-dessus d’elle jusqu’à ce qu’il se braque soudainement. Ce qu’elle faisait ici ? Elle s’apprêtait à lui répondre mais les mots de Yong qui suivirent la perturbaient au plus haut point. Le lit de son bro ? Soudainement comme si le lit était devenus un tapis de cactus, elle se relevait soudainement en s’essuyant partout. « QUOI ? OH PUTAIN J’SUIS SURE IL S’EST TOUCHE DEDANS !!!! MA PEAU EST SOUILLEE ! » Et encore, Dieu seul sait quelle connerie il a pu y faire également … QU’ON LUI APPORTE UN GOMMAGE EN URGENCE !!!! Sa surprise était définitivement une catastrophe mais est-ce réellement étonnant lorsqu’elle se trouve en compagnie de Yong dans une pièce ? « J’ai entendu dire que tu t’étais rétamé aux JO et comme je m’ennuyais, j’me suis dit que j’allais venir te soigner. » Avouait-elle ensuite en arrêtant quand même de se préoccuper de sa peau souillée pour tourner les yeux vers lui.

Avec Chaenah et ses réactions aussi soudaines que démesurées, il valait mieux avoir de bon réflexe, à l’instar de celui de se reculer lorsqu’elle bondit brusquement hors du lit. Je riais bien à l’entendre s’égosiller de la sorte, me faisant oublier ma contrariété précédente née du doute de la véritable raison de la présence de Chaenah dans cette chambre. Vraisemblablement, je pouvais me rassurer qu’elle n’attendait nul autre que moi. En quel honneur ? Sa réponse me chiffonna et j’en eus vite cessé de rire. « Je me suis raté une fois, mais j’ai obtenu le meilleur score personnel au tir à l’arc et la troisième place en individuel sur l’ensemble des JO ! » Pourquoi fallait-il que seule ma contre-performance soit relayée ? Okay, je m’en foutais pas mal de mon podium, pourtant… Pourtant d’où me provenait cette once de fierté soudaine à défendre face à l’infirmière sexy ? Sourcils légèrement froncé, j’étirai mon cou sur un côté puis l’autre avant d’esquisser un fin et progressif sourire narquois. « Néanmoins… » Sa main je vins enrober au creux de la mienne, l’invitant à monter jusqu’à mon torse dénudé sur lequel je la fis se déposer. « Je crois que mes muscles ne seraient pas contre un massage… » Sans la lâcher, je l’incitai cette fois à descendre, à hauteur de mon entre-jambe derrière la serviette entourant ma taille. « Et surtout à ce niveau là » Je me rapprochai légèrement. J’oubliai tout mes interdits. Scrutant son visage de mon regard pénétrant, je me penchai vers elle et lui murmurai : « Et peut-être devrais-je laver ta peau de sa souillure ? » Ma main libre vint alors se glisser sur sa nuque tandis que mes lèvres rencontrèrent les siennes, que ma langue se fraya un chemin jusqu’à la sienne.

En même temps comment pouvait-elle reconnaître le lit de Yong ? Encore plus alors que les dortoirs avaient été réorganisés ? Elle n’en est pas à reconnaître son odeur ou les habitudes qu’il peut y avoir. Elle, elle avait pris le premier qu’elle y trouvait. C’était un risque à prendre, elle en a payé le prix en se retrouvant sur celui de son pote. Non, non, non, elle ne veut plus y penser ! Alors elle se concentre sur Yong qui se défend corps et âme au sujet des Jeux Olympiques, affirmant que sa seule défaite n’est rien. Il n’avait pas tout à fait tords alors peut-être devrait-elle réenfiler son manteau et retourner dans sa chambre ? Non, elle n’avait pas fait tout cela, bravé les couloirs du dortoir dans l’ombre, volé la clé passe partout de la présidente au risque de non pas se manger une soufflante mais un ouragan pour rien ! « T’as vu comment tu te défends ? Ça se voit que ton cœur a besoin d’être bandé ! » Puis elle allait se défendre encore plus mais ce dernier l’interrompit. Faisant glisser sa main de son torse jusqu’à son entrejambe, mentionnant qu’il avait besoin d’un massage surtout plus bas. Impossible de retirer son regard de lui, comme hypnotisé. Elle sent son cœur commencer à tambouriner terriblement dans sa poitrine et un milliard de sentiment grimper en elle. Sa raison lui indiquait de fuir, de partir loin mais autre chose de rester. Alors elle n’a rien dit et l’a suivie dans un baiser enflammé, laissant sa langue jouer avec la sienne et sa main avec autre chose. De toute façon, n’était-ce pas ce qu’elle cherchait en venant ici costumée ainsi ? Pour l’heure, elle n’avait pas réellement envie d’y penser. Elle avait un grand blessé à soigner ! Alors elle profite encore quelques instants de ce baiser avant de l’interrompre à contre cœur. « Je vous laisse vous installer sur le lit. » Lance-t-elle avec un sourire avant de préciser. « Sur le ventre pour commencer ! Enfin, si tu le peux. » Elle désignait d’un coup d’œil sa serviette qui possédait soudainement un effet 3D avant de rire légèrement.

De tous les morceaux de mon corps, mon coeur ne serait certainement pas celui que s’associerait au verbe bander. Encore moins présentement ! Chaenah ne manqua pas de le remarquer, mais… n’eus-je seulement volonté de le cacher ? Absolument pas ! Je m’étais enivré de ce baiser. Je mentirai si je prétendais n’en désirer plus. Elle provoquait en moi cette ardeur. Tandis qu’habituellement je brûlais pour la femme en général, ma langue n’avait jamais eu autant d’appétit que pour la sienne. J’en eus vaguement conscience, une fois mon souffle recouvert et surtout son sous-entendu sur ma difficulté à pratiquer la position allongée sur le ventre. Je lui aurais volontiers proposer d’échanger les rôles mais… P*tain, Yong, tu fous quoi là ?! Ne jamais reprendre deux fois du même menu sur la carte ! Chaenah, c’est l’histoire de galipette dans une tente sur la plage en plein hiver et puis, ça s’arrêtait là ! Pourtant, la situation prêtait à confusion. Bref ébrouement de tête, je devais rester fort ! Repos soldat ! Il n’y a aucun intérêt à livrer bataille dans un champ qui a déjà été labouré par le passé ! Sauf que je venais déjà de l’embrasser langoureusement donc, mon message n’était-il pas que trop explicite ? Pas du tout ! Ce n’était que pour lui prouver qu’elle aurait beau me en redemander, je restais maitre du game à la torturer de désir sans lui donner satisfaction ! « Ne te fais pas de fausses idées, ce n’est qu’un mauvais pli, » mentis-je derrière un sourire de tombeur bouffi d’assurance. Afin d’abaisser le mas, je dus pratiquer un véritable exercice mental. Hortense, je devais penser à Hortense ! Hortense en tenue d’infirmière, ça n’avait absolument plus rien d’excitant ! C’était parfait pour me ramener à la raison ! Je m’étendis sur le lit et laissai mon infirmière prendre les choses. Ses mains sur mon corps, sa petite tenue à la vision imprimée sur mes rétines… Hortense ! J’ai dit Hortense, pas penser Chaenah mais Hortense ! Sauf que, qui dit Hortense, dit Chaenah… Bon sang, allais-je finir par réussir à me dégouter de la femme ou m’enticher de la truie à ce rythme là ? N’était-ce pas plutôt à moi-même que j’étais en train d’infliger un cruel châtiment en vérité ?

Vu l’ouragan qui se passait en elle, Chae Nah aurait pu non pas chanter Je m’appelle Bagdad comme Tina Arena mais plutôt, Je m’appelle Israel carrément ! Avec la même inconscience qu’un somnambule en pleine crise, elle se laissait emporter aveuglément comme si elle n’avait jamais perdu d’écorces dans le jardin de l’amour. Non, il fallait qu’elle se reprenne ! Elle n’était pas venue pour ça à la base. Elle, elle venait simplement soigner Yong en tenue légère pour le réconforter de sa défaite fulgurante. Elle pouvait bien faire cela, elle, elle n’avait participé à aucune épreuve des Jeux Olympiques. Les courses, les sauts etc. Ce n’était pas son truc. Elle est plutôt du genre à dire non à la transpiration ! Encore il y aurait eu des épreuves type pêche au canard, premier jour de solde ou quelque chose comme ça d’accord mais là …

Elle l’écoute prétendre que ce qu’elle avait désigné d’un signe de tête n’était qu’un mauvais pli comme si il avait subitement changé d’avis. Qu’est ce qui lui prenait ? N’était-ce pas lui qui avait commencé cette avance ? Elle jusqu’alors, elle n’avait rien dit. Alors il pouvait bien essayer de mentir, elle l’avait senti le mille-pattes se transformer en gros calibre ! Elle l’aurait tâté à l’aveugle, elle aurait sûrement cru qu’il avait une arme à feu dans le pantalon . Elle aurait pu s’y méprendre et croire qu’il s’était déguisé en policier !

Quoi qu’il en soit, une fois qu’il fut allongé sur le lit, elle put enfin prendre ses fonctions de masseuses professionnelle ! Enfin, professionnelle est bien grand mot mais elle allait essayer de faire comme elle pouvait. Alors elle commence à le masser et s’applique même très particulièrement. Elle sait bien que normalement un massage est un moment de détendre mais c’est plus fort qu’elle, elle ne peut s’empêcher de parler. « Tu sais qui est l’ange gardien des roux ? » Elle traîne cette blague depuis déjà plusieurs jours et ne peut s’empêcher de la raconter à qui veut l’entendre. « L’enjoliveur. » Cette blague est pour toi rouky de mon existence.

L’énergie a déployé dans mon exercice mentale était telle que je ne parvenais guère à apprécier les bienfaits du massage. Heureusement, Chaenah avait ce don. A défaut de valoir une bonne masseuse thaïlandaise, proposerait-elle les mêmes prestations en extra ? Ah non ! Je ne devais pas penser à ça ! Elle me massait juste entre amis. Des amis peu ou sexyment vêtus, seuls en tête à tête dans une chambre, l’un étendu sur un lit, l’autre faisant glisser ses mains sur son corps… mais tout ceci restait purement amical ! Je tendais de m’en convaincre à m’en étouffer, le nez enfoui dans mon oreiller. Jusqu’à ce que le son de sa voix ce fit salvateur. Oui, elle avait le don de faire mourir de rire, par dépit tout du moins. Je ne saurais jamais trancher si ces pointes d’humour sont affligeantes ou du génie. Mais j’en riais. Au point que cette fois, je dus me retourner sur le dos avant que mon oreille n’est vraiment raison de ma survie. « Je sens les muscles de mon dos suffisamment déliés. Pourrions-nous passer à mon autre muscle qui est vraiment très contracté ? » Alors, non, je n’allais pas prendre deux fois du même menu ! Le lieu, les circonstances, ses vêtements, à part sa personne, tout était différent de la fois précédente. Je la saisis alors par le poignet pour la tirer sur le matelas afin qu’elle s’y retrouve étendu tandis que je me redressai et vrillai, la surplombant. Genoux et paumes de mes mains de part et d’autres de son corps, du bout de mes doigts de la main droite, je déboutonnai le premier bouton de sa blouse d’infirmière. Mes yeux plantés dans les siens, un sourire carnassier s’étendit sur mes lèvres : « Tu n’espérais pas ressortir de cette chambre sans l’avoir enlever, au moins ? »