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Song of the Moon ☽ Hewan

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Song of the Moon ☽ Hewan | Lun 18 Sep - 22:21
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Song of the Moon ☽

HEWAN ♛

Nuit scintillante, de ton voile tu recouvrais l’immensité du ciel de Séoul. Parée de ta robe étoilée, t’étais-tu apprêtée pour te joindre toi aussi à cette soirée ? Pourtant, ton bijou suprême manquait à l’appel. Lune demeurait invisible derrière son foulard de soie tissé par les nuages. Tandis que derrière la vitre teintée de luxueuse berline, je te contemplais, le coeur las, comme j’enviais ta souveraine de s’octroyer le droit de refuser l’invitation à cette arasante cérémonie de mondanité. D’aussi loin que ma mémoire s’en souvienne, je n’avais toujours aimé ces réceptions de parades, aux arrières goûts de mascarades, qu’au plaisir de me jouer de mon public. Petite princesse impériale à qui ils baisaient tous la main dont ils ignoraient la peau nimbée de venin. Ce monde était le mien, pourtant, s’il était bien part dont j’aspirai désormais à me détacher, c’était bien celui-ci. Rassemblement d’hypocrites. A quoi bon être reine d’une horde de sujets qui ne me vouait que de la haine. Celle de la jalousie, de l’envie… Je les comprenais mais ne cautionnais.

De mes doigts, je torturais une étoffe de tissu, prévue à cet effet, celui d’apaiser mes nerfs. En aucunement façon, je n’appréhendais. Etre exhibée, centre des attentions et des regards, à défaut d’une vocation, avait assurément toujours été le fléau de ma condition. Quand bien même, je n’étais organisatrice de la soirée. Quand bien même, je connaissais à peine, ce riche trentenaire, fier de son acquisition au point de quémander après le gratin de Séoul pour répondre présent à son inauguration. Un bateau de réception-croisière, nouveau fleuron du fleuve Han selon ses aspirations, et qui parlait navire ne manquait une occasion de s’incliner devant mon père. Ce dernier bien trop affairé pour s’importuner d’une si pitoyable banalité – bien que jamais de sa bouche, les mots ne seraient tels –, je me faisais alors son ambassadrice pour le représenter. Piètre connivence de mon aïeul, mes grands-parents pour qui les relations sur le sol de la péninsule avaient toutes leurs importances. Plus bel et précieux objet de leur collection, ils en profitaient pour se servir, et de mon visage et de mon nom, et de mon intelligence et de mon élégance pour redorer et effacer toute entache infligée à leur blason. Entrave à mon indépendance, parce qu’éreintée de mes responsabilités et déjà suffisamment en proie à la difficulté – inavouée – de tous ses changements dans mon existence, pour l’heure, je m’y pliais, à peu près. Mais lien du sang ou non, un jour viendrait où les derniers barreaux de cette foutue cage, j’écarterai.

Sous la lumière des projecteurs bordant une allée où s’accumulaient les curieux, la portière s’ouvrit et de la voiture, je descendis. Pierre précieuse qui ne révèle son éclat qu’à la clarté naturelle, comme pour me saluer et me sublimer, l’astre de nacre ôta sa cape de nuage. Brièvement, l’espace de quelques instants où elle me caressa de sa lueur et fit étinceler ma robe de soirée, avant de disparaitre derechef. Ainsi serait-ce là, la véritable raison de ta cachette, Lune évincée par ma beauté ? Tapis rouge foulé de mes pieds, il se dressait à présent devant moi, péniche de croisière qui se prétendait digne navire. Serti d’un collier lumineux à strates, il fallait en convenir, la vue ravisait les yeux et l’ambiance prenait des airs de délices, cependant, il en faudrait plus encore pour s’octroyer mes égards. De mon pas aussi gracieux qu’assuré, perchée sur mes hautes talons soulignant ma silhouette raffinée, je remontai le chemin pourpre en direction du pont d’amarrage. Juste à l’instant, où mon pied s’y posa, d’instinct mes muscles se raidirent. Vacillement éphémère, je chassai cet importun assaut de mal-être et sauvai sans les apparences dans la moindre erreur.

Des fautes, l’organisateur semblait également bel et bien avoir veillé de s’en prémunir au constat de mes iris parcourant le hall de réception principal de ce plaisancier. Visage que trop connu de part mon ascendance et mon statut d’égérie, je ne tardai à être assaillie à peine mon arrivée dévoilée. De salutations en présentations, honnêtement, en ce jour, je n’en avais que faire et ne forçait nul sourire qui ne souhaitait les satisfaire. Amabilité de mise, je ne m’encombrais des masques hypocrites quitte à paraître distante derrière les traits enjôleurs de mon minois. Ma réputation n’était de toute façon, assurément pas d’être d’une courtoise jovialité. En l’absence de média, je n’avais guère d’arrière à préserver. Au fil de mes pas, les yeux observateurs de l’agencement de ce navire, je vis défiler nombre de visage, jusqu’à un certain, quelques mètres plus loin : le tien, Iwan.

Je me figeai. Incertaine, je te fixais. Fidèle à ta personne, tu pavoisais et rayonnais face à quelque public. Sur ta tête, pourrais-je encore deviner ta couronne, mais ce n’était plus la même. Elle n’était plus aussi belle. L’or devenu carton, tu ne serais autorisé à porter joyau dont je t’avais privé. Tu étais parti et te voilà à nouveau revenu. Ses allés et retour entre nous ne cesseront-ils jamais ? Saurais-tu me dire pourquoi à ta vue mon coeur se serre ? Nos maux échangés, ton départ précipité, en proie au doute, tu m’avais laissé. Encore une fois. Bien qu’amarré, parce que posé sur l’eau, légèrement le bateau tanguait au rythme des flots. Je le ressentais mais une fois mes yeux posés sur ta silhouette, je l’oubliais. Tout à ton opposé. Toi qui me provoquais, pire malaise encore. Valse troublée de la haine et du manque né de l’absence. Je me devais de me détourner avant que tu ne puisses me remarquer. Je préférai d’éviter. Quel dieu avait donc veillé sur ta naissance pour t’octroyer la puissance de me faire lever le bouclier. Tu me poussais à cette bassesse que d’ordinaire je ne commettais : la fuite. Parce que tes mots, tes yeux, ta présence me bouleversaient encore dans un ballet de sentiments et ressentiments contradictoires, je redoutais de t’affronter. Prête à t’ignorer, je n’aurais dû perdre une second de plus avant que te donner chance de m’apercevoir. Trop tard, je croisai ton regard. Si je tendais à fuir dans la discrétion, une fois révélé à l’attention, ma fierté ne pouvait le tolérer. Tant pis pour le bouclier, je m’apprêtais dorénavant à dégainer l’épée.

Nous nous retrouvâmes face à face, comme il ne s’était produit depuis des mois. De mon regard, je te dardai sans ménagement. De ma voix, sereine et glacée à la fois, j’entrepris de te parler sans me donner la peine de poliment te saluer.
« Les rumeurs quant à ton retour étaient donc fondées. »
En vérité, comme tu pouvais t’en douter, ma mère qui t’affectionnait tant n’avait pas manqué de m’en informer. Récemment, ta cause semblait être redevenue son cheval de bataille. Pourtant, tu demeurais pour moi, le plus infâme des bourreaux.
« Tu aurais sans doute mieux fait d’y rester. »
Serons-nous donc toujours aussi à l’opposé l’un l’autre ? Toi qui réclamait à séjourner en terre de Corée, tandis que pour ma part j’y avais été forcé. Toi qui avait été appelé à y retourner et moi qui… ne saurais plus aussi aisément affirmer que je n’avais pour seule attente d’y rentrer.
« Néanmoins, tu as eu la bonne idée, fait suffisamment rare pour le souligner, de ne pas reposer valise à la fraternité. »
J’aurais redouté, qu’à nouveau, par ta présence, mes convictions tu finisses de parvenir à ébranler.
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Mar 19 Sep - 19:59
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Song of the moon
Hewan :heart:

« Drifting apart from someone you never used to go a day without speaking to is the hardest thing in the World. »
Confortablement installé dans la voiture, je remis mon costard correctement, afin d’être sûr qu’aucun détail ne faisait tâche. Plus que jamais, il fallait que je fasse bonne impression ici : je venais juste de revenir de Singapour à cause de mon mauvais comportement, il ne fallait pas que de mauvais rapports soient faits sur moi une nouvelle fois. Si ça pouvait m’éviter de nouveau d’être sous sa pénible surveillance, je ferai en sorte de me faire discret – mais pas trop. Pour moi, qui appréciais le regard des autres, rester calme restait quelque chose de plutôt rare. Je savais très bien me comporter en société, je n’avais jamais commis de gros manques de respects ou fait quelque chose qui choquait. J’étais fait pour l’attention qu’on me donnait et les gens qui m’entouraient dès que je rentrais dans de tels lieux étaient une compagnie que j’appréciais. Je n’avais visiblement aucune raison d’être plus anxieux qu’à l’habitude. D’ailleurs, le fait de m’y rendre ne m’avait absolument pas perturbé jusqu’à hier soir. Au moment de m’endormir, alors que je pensais au costard que j’enfilerai et à la cravate qui conviendrait le mieux, quelque chose auquel je n’avait pas pensé se présenta dans ma tête : si j’y suis invité en tant que représentant du second maritime à Singapour, tu allais sans aucun doute y être également. Je m’imaginais mal ton père se déplacer pour quelque chose de tel. J’allais te croiser, c’était obligatoire ; et il allait falloir que je fasse la meilleure impression possible. Je ne t’avais pas vu depuis des mois pendant mon séjour à Singapour et je n’avais jamais eu une seule occasion de me justifier. Il fallait que je saisisse l’occasion, que je profite de ta présence pour t’obliger à m’écouter. Je me fichais pas mal du fait que tu sortes avec Hyeon. Ou plutôt, bien que ça m’agaçait profondément, ça n’allait pas annuler mon désir de m’expliquer. Tout avait été créé par un stupide malentendu, dû à ma naïveté excessive et ça ne pouvait pas continuer ainsi. Tu étais faite pour être ma femme, il en fut ainsi depuis toujours et il n’y avait aucune raison pour que cela change. En tout cas, je n’avais aucunement l’intention de laisser ça changer.
Arrivé à destination, je descendis de la voiture en repassant ma veste avec les mains, afin de supprimer tous les éventuels plis qui avaient pu être créé par ce mouvement. Droit, je traversai le tapis rouge sans me sentir gêné une seule seconde par les regards, afin de me rendre dans le bateau. Tu n’aimais pas vraiment les bateaux, il me semblait : peut-être que ça me laisserait un champs plus large pour pouvoir m’adresser à toi. Ce n’était pas non plus la magnifique décoration de la péniche qui m’impressionnèrent ; pas plus que les gens qui s’empressèrent de me saluer. Ce n’était pas compliqué, dans de telles circonstances, d’avoir mon public pour la soirée et c’était ainsi que je m’amusais. À l’aide de grands sourires, de compliments et de beaux discours pour impressionner autant que je le pouvais. J’étais dans le domaine que j’appréciais – certes très différent des fêtes que j’organisais avec des amis, fêtes que j’appréciais tout autant. Occupé dans la discussion que j’avais engagé avec des directeurs bien plus âgés que moi, il me fallut un peu plus de temps que je ne le crus pour apercevoir le visage que je voulais voir dans la foule de la fête ; le tien, Hera. Tu étais déjà retournée lorsque je te vis ; mais je n’avais aucun doute sur ton identité. Il n’y avait que toi pour marcher ainsi, que toi pour avoir cette silhouette – et si tu partais dans le sens inverse d’un pas si pressé, c’était sans aucun doute que tu m’avais aperçu aussi. Tu ne devais pas te sentir très à l’aise, dans ce genre d’endroits. Tu n’avais jamais adoré les regards des autres, la haute société et surtout, les bateaux. Excusant brièvement les personnes avec qui je parlait agréablement jusqu’alors, je me dirigeai d’un pas pressé – presque en trottinant – vers toi. Je n’allais pas laisser passer ma chance, et si je venais de me faire passer pour un jeune homme fort impoli en faisant ça, tant pis. Tu étais bien plus importante que leurs avis, à mes yeux.
Face à toi, je restai immobilisé. Je ne savais plus quoi dire et surtout, j’avais peur des mots qui pouvaient sortir de ces lèvres. J’avais fini par être habitué à ta froideur, la seule chose qui m’étais désormais autorisé te concernant. Malgré mon absence, je n’eus même pas le droit à un salut. Absolument rien de ta part, comme si je n’étais qu’un chien du voisinage qui te courrait derrière – et encore, peut-être aurais-tu préféré ça ? Tu aimais les chiens plus que tu ne m’appréciais maintenant, et ce malgré tous les bons souvenirs que nous partagions. Ils n’étaient peut-être, pour toi, que du passé, mais ils étaient encore tout pour moi. Ils étaient encore bien trop précieux pour que je passe mon chemin en te voyant et pour que mon ton se fasse aussi distant que le tien. Je n’en étais pas capable et je ne voulais pas m’en rendre capable.
« J’aurais espéré être un peu mieux accueilli après un départ de six mois, mais tu me dis que tu aurais préféré que j’y reste ? »
Un sourire triste se dessina sur mes lèvres. Je n’en étais pas réellement surpris, c’était prévisible. Notre relation était devenue ainsi depuis pas mal de temps, désormais ; et je ne pouvais pas supporter ça. Faire face à cette expression si froide et à ces paroles si cassantes était une épreuve pour moi. Une épreuve obligatoire pour que je puisse dire ce que je voulais dire.
« Hera, on doit parler. Laisse-moi te parler, ça ne te coûte rien, non ? »
J’affrontais son regard qui lui avait valu le surnom de la reine de glace. C’est vrai, elle pouvait être tellement froide lorsqu’elle le voulait mais tellement aimable aussi. Elle pouvait être tellement souriante, tellement bienveillante. Je ne voulais pas croire que je n’étais plus le destinateur de ces attentions et encore moins me dire que c’était Hyeon qui m’avait remplacé.
« Si mon absence de six mois ne t’a rien fait, moi ça m’a fait quelque chose. Et je ne veux pas laisser passer une chance de me justifier, alors même si tu ne veux pas, je finirai pas trouver un moyen de m’expliquer. Peu importe comment. »
Je déglutis. Ma gorge était sèche et mon coeur battait extrêmement vite dû au mélange de l’excitation de la revoir mais de la peur de son attitude et des paroles qu’elle pouvait dire.
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Dim 24 Sep - 16:46
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Song of the Moon ☽

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Jusqu’à quand nos chemins se sépareraient et se rejoindraient ainsi, inexorablement, au rythme enivrant d’une valse viennoise. Que des milliers de kilomètres s’intercalent entre nous, nous finissions toujours, semblerait-il par nous faire face à nouveau. Dressé non plus l’un devant l’autre comme deux oiseaux amoureux, mais bel et bien, plus que jamais comme des opposants condamnés au duel. Seul un coup fatal parviendrait donc à mettre fin à notre histoire damnée ? Mais toi qui semblait à l’épreuve des balles, malgré les blessures, était-il seulement possible de véritablement t’abattre ? Imperceptible battements de cils, mes iris emplies d’intensité, je plantais sur ta personne.
« C’est quelque chose que tu as toujours eu, beaucoup d’espoir. »
A des oreilles non averties, ces mots pourraient sonner comme un compliment. Louable persévérance que je te reconnaissais. Cependant toi, qui certainement mieux que quiconque avait appris à lire entre mes lignes, à déchiffrer les mots cachés sur mes lèvres, y comprendrais-tu mon dédain pour tes fous espoirs vains. A quel moment t’étais-tu tant mépris sur ma personne pour t’illusionner d’un pardon après m’avoir poignardée ? Le lieu ne se prêtait pas à une scène. Impensable de donner chair à se repaître aux vautours qui nous entoure, je ne commettrais de faux pas. Pas une injure, bien que la haine au bord des lèvres ne franchiraient leurs frontières. Jeux de mots cryptés, fidèle à toi-même, tu semblais si inconscient du danger de marcher dans un terrain miné où j’excellais à tirer les ficelles. Mal avisé de m’avoir choisi comme personne à qui t’adresser, sur la place publique, je pourrais être tentée, en toute subtilité de t’infliger mon impitoyable revanche.
« La bienséance par contre semble toujours autant te faire défaut. Il ne serait courtois de nous échapper à cette assemblée, à peine arrivée. »
Et je n’en avais guère envie non plus. Si ton souhait se dessinait sous les traits d’une éclipse, qu’au clair de lune nous nous évincions de la réception, tu rêvais encore tout éveillé. Outre mon aversion à d’accorder un tête à tête en toute discrétion, je ne sous-estimais pas non plus les langues bien pendues autour de nous. Tout individu de ce milieu nous connaissant tous deux se doutait de quelques desseins d’union qui nous incombait. Tous deux n’étions pas que trop expérimentés par les ravages des rumeurs pour ne pas donner matière à un nouvel essaim de pareils frelons ? De tous les fiancés de la Terre, tu étais le dernier auquel je voudrais entendre m’être affublé. Tu n’étais plus ni mon ami d’enfance, ni mon heureux prétendant ou ne savais-je quel prince charmant chevauchant non plus un cheval mais un yacht revêtu de blanc. Tu n’étais plus mon destiné fiancé. Me rapprochant alors légèrement, je me penchais pour t’intimer discrètement quelques mots :
« Et chaque mot prononcé de ta bouche est un coup déjà bien trop onéreux à mes oreilles. »
Jeu de sonorité à tes oreilles soufflé en réponse à ta question avant de rétablir la distance. J’avais par le passé déjà eu bien assez à payer pour t’avoir écouté. Mettre laisser séduire et berner par tes belles paroles, qui sous le soleil de Singapour respirait pourtant la sincérité. Maître illusionniste, où était donc passé ton talent d’antan ? Une seule second de mon temps représentait dorénavant déjà bien plus que tu ne méritais. Tu m’en avais déjà bien trop dérober en ces années où tu disais m’aimer.
« Six mois sont déjà passés ? J’ai l’impression qu’hier encore, je croisais ton visage dans les couloirs de la fraternité. »
Perle de vérité enveloppée dans un tissu de mensonge. Dans cette partie de cache-cache des intentions imposées par un auditoire indésiré et affamé par la curiosité d’espionner toutes conversations environnante,  je me confessais d’une franchise trop dévoilée pour être reconnue. Je te laissais entendre n’avoir nullement remarqué ton absence. Que ton départ n’avait eu aucune incidence et pourtant… Oui, pendant tout ce temps, je n’avais eu de cesse de m’attendre à te revoir au détour de chaque couloir. Comme si tu allais réapparaître soudainement. Que ta voix ayant bercé toute mon enfance résonnerait derechef. Mais tout ne fut que mirage. A la Cité du Lion, tu étais rentré et j’ignorais si tu en reviendrais. Miroir déformé, nous nous trouvions tous deux dans le pays désiré par l’autre. Le destin s’amusait-il tant à nos dépends ?
« Prétends-tu donc que j’ai pu te manquer ? Au moins que… Les efforts de ton père auraient-ils fini par payer ? Aurais-tu appris à réfléchir à tes actes ? »
Ma voix demeurait toujours un savamment mélange de miel et de venin. Dans un échange aux apparences cordiales, de ma langue aiguisée, je t’assenais de quelques dards empoisonnés afin de te signifier qu’en aucune façon, le temps ne saurait panser mon mépris à ton encontre. Si tes excuses tu comptais me formuler, mes écoutilles y étaient toutes fermées et prétendument insensibles. À nos regards croisés, j’interdis à mon coeur de vaciller. Plutôt que de flancher, je préférais dégainer l’épée de son fourreau.
« Quelles belles tirades as-tu également pris soin de préparer ? Quelles nouveautés as-tu à rajouter de ton récit du passé pour t’exempter de toutes responsabilité ? Tu aimerais probablement m’entendre prononcer de tels mots ? Cependant, tout autant que j’aimerai pouvoir apprécier la vue, ce soir. »
Oui, je te signifiais bel et bien ainsi que tout aussi intéressant soit notre environnement, je lui portais plus d’intérêt qu’à ta personne. Que tu étais celui qui obstruait mon champ de vision par ta présence indésirable. Ma respiration se fit légèrement plus prononcée, soulevant discrètement ma poitrine au rythme de mes inspirations. Un noeud dans le ventre, je décuplais d’efforts pour te faire face, tandis qu’au fond de mon âme, mes yeux ne tendaient qu’à t’éviter. Qu’à te fuir de peur de céder au désarroi qui s’était immiscé en moi pendant ton absence. Le manque de ta présence m’avait insufflé une réflexion sur ta personne que désormais, je repoussais derechef, accrochée à ma propre obstination. J’appelais à mon orgueil de continuer à m’aveugler, rejetant consciemment la perception d’un petit rayon de lumière dans les ténèbres.
« Sur ce, j’aperçois quelques regards des plus envieux qui n’attendent qu’à pouvoir me saluer. »
Désir assurément non partagé de mon côté, cependant, tout échappatoire me semblait préférable à ta compagnie. A demi détournée, j’apprêtais à prendre congé, le coeur lourd aux souvenirs de notre enfance effondrés. Toi, qui avant même d’apprendre à mon coeur comment conjuguer le verbe aimer, tenait déjà ma main. Toi qui d’entre tous incarnait mon plus fidèle allié. Pourquoi as-tu tout entaché ?
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Jeu 28 Sep - 18:03
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Song of the moon
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« Drifting apart from someone you never used to go a day without speaking to is the hardest thing in the World. »
Un sourire rempli de tristesse naît sur mon visage. En effet, de l’espoir, c’est ce que j’ai toujours eu et ce que je continue d’avoir. C’est mon attribut comme ma plus grande faiblesse. L’espoir d’être aimé de tous, l’espoir d’être remarqué de tous, l’espoir de revenir à tes côtés, en tant qu’homme. Tous ces espoirs que je sais pourtant vains mais que je n’arrive pas à oublier, parce qu’ils font parti de moi. Ils sont une part de moi que je ne peux pas laisser tomber, ce serait comme si elle devait abandonner son statut social. Bien que tu paraisses ennuyée, désormais, d’assister à de telles choses, je pense pouvoir affirmer avec certitude que tu ne pourrais pas vivre comme une simple fille, dont la famille n’est pas reconnue de tous. Tu t’es attachée à ton statut, ce qui est évident. Devenir « n’importe qui » est aussi dur que devenir quelqu’un. Pour moi, abandonner mes espoirs, ça équivaut à oublier mes origines. C’est aussi impossible que ça à mes yeux, alors oui, des espoirs, j’en ai toujours eu beaucoup et je continuerai à en avoir. Je ne veux pas laisser tomber tant que je n’ai vraiment plus aucune possibilité de retourner en arrière. Hera, tu es supposée être à moi et je ne vais jamais chasser cette idée de ma tête.
« Celui-ci est un espoir qui a lieu d’être. »
Je n’arrive même pas à m’en persuader moi-même mais c’est ainsi que ça aurait dû être. Tu aurais dû être mienne dès le début et on n’aurait jamais dû se séparer. Notre séparation ne fut que le fruit d’une mauvaise coïncidence, d’une mauvaise aventure – ce n’est en rien définitif. Rien ne nous empêche de retourner là où nous étions. Rien, sauf ton comportement. Si tu me laisses m’expliquer, si tu te permets de me croire aussi, alors rien n’est perdu. Tu en rêves aussi, non ? Néanmoins, je souhaiterais sincèrement que ce soit le cas. J’aimerais que simplement ta fierté t’empêche de revenir vers moi, parce que ça signifierait qu’il me suffirait de la rendre muette. Tâche compliquée mais moins impossible que le reste.
« Nous n’avons qu’à en discuter ici. »
La place et le moment n’ont plus d’importance à mes yeux. J’ai trop attendu pour retourner en arrière, pour laisser passer une autre fois ma chance. Je ne repartirai pas d’ici sans m’être justifié, sans avoir brisé le mur que tu mets entre nous.
« Si c’est trop onéreux, alors tu n’as qu’à me demander tout l’argent que tu voudras en compensation. Je m’en fiche. »
Je joue sur les mots, comme un imbécile, parce que tu me connais. Tu sais que j’ai compris où tu veux en venir et que je ne fais que semblant de ne pas le savoir pour me laisser une chance. Mais au final, peu importe que tu en aies conscience ou non. Encore une fois, les mots que j’ai à dire sont plus précieux que cette fête, plus précieux que mon argent, plus précieux que mon besoin d’attirer l’attention. D’autant plus que tu aurais pu partir depuis longtemps. Tu aurais pu me laisser en plan comme tu l’as fait tant de fois, ignorant mon salut, ignorant mes mots, ignorant mes répliques. Si tu ne l’as pas encore fait, il doit y a voir une raison, n’est-ce pas ? Tu dois vouloir, toi aussi, entendre ce que j’ai à dire, non ?
« Eh bien pas moi. Je ne sais pas si les efforts de mon père ont payé ou non, tu n’as qu’à me regarder si tu veux le savoir, mais je les ai vus passer, ces six mois. Six mois où je voyais ton visage aussi, mais ce n’était que le fruit de mon imagination. »
L’honnêteté, au même titre que l’espoir, fait parti de moi. À quoi bon te faire croire que tu ne m’as pas manqué ? Je suis ici justement parce que ne pas te voir est devenu un supplice trop douloureux pour moi. Je suis ici pour te montrer à quel point, peu importe ce que tu penses, l’amour que j’ai eu pour toi, et que j’ai toujours à ton égard, n’est pas un vulgaire papier que tu peux déchirer à cause d’un malentendu.
« Je n’attends pas de toi que tu prononces ces mots. Je me fiche que tu dises quoi que ce soit, ce que je veux, c’est dire quelque chose, moi. Tu n’auras qu’à dire tout ce que tu veux lorsque j’aurai parlé. »
Cependant, malgré mes mots, je te vois me passer à côté afin de partir. Bien sûr, comme si tu allais rester sagement à m’écouter ; c’est de cette femme aux traits froids dont je suis autant amoureux que cette femme au sourire réchauffant. Obstiné, je te saisis, sans aucune brutalité, le poignet et tourne la tête vers toi.
« Je ne vais pas te laisser partir comme ça. C’est mon regard qui est le plus envieux de te regarder, pas les leurs, alors tu ne peux pas simplement t’en aller de cette façon. »
Je t’observe droit dans les yeux. Je ne crains pas ta froideur, je suis prêt à m’y confronter parce que je sais que ce n’est pas toi. La vraie Hera se cache derrière ce masque et je veux la voir ce soir. Je veux arracher ce masque de ton visage, le briser pour de bon pour ne plus avoir à y faire face. Je veux que ma sincérité et mes sentiments pour toi soient suffisants pour que tu me laisses t’écouter. Ce serait si simple si c’était ainsi. Malheureusement, je savais en venant ici que j’aurais besoin de plus que ça ; plus d’arguments. Ça ne m’empêchera pas de te dire tous les mots enfouis en moi, ça ne fera que les retarder de quelques minutes. Je les dirai ce soir, devant tout le monde s’il le faut. Si je dois retourner à Singapour des années pour m’être donné en spectacle devant une foule mal-intentionnée, j’y retournerai – tout me va tant que je peux me justifier. Je suis prêt à tout. Tu es bien trop précieuse pour moi.
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Sam 30 Sep - 11:19
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Song of the Moon ☽

HEWAN ♛

Tes mots témoignaient de tes dires. Cet espoir dont je te raillais, tu le revendiquais. Tu l’affirmais comme ta plus belle arme de bataille. Il était le plus bel et plus fier destrier de ta collection, chevalier pimpant dont l’orgueil semblait se retirer face aux yeux d’une demoiselle. Mais qu’espérais-tu ? Comment pouvais-tu t’imaginer que j’allais boire tes mélodieuses paroles, toi, qui parade, non pas tel un paon car jamais je ne te reconnaitrais l’un de mes attributs, mais plutôt un bouffon du roi à attirer l’attention, à faire rire ton assemblée, sous les yeux des femmes ? De quel droit affirmais-tu ainsi que ton espoir eut sa légitimité et qu’il puisse avoir quelques chances de connaitre une fin heureuse ? De ma lassitude, par tes mots suivants tu m’arrachas. Mon corps tout entier se crispa à t’entendre proposer calmement de discuter ici, en ce lieu où plus que des regards tant d’oreilles trainaient ! Te connaissant, tu aurais été capable d’évoquer mon intimité exhiber par le passé en prenant à témoins tous ces gens ignorants mais avides tout autant de me posséder que de me dévorer. Puis, à moi, tu vantas ton argent. Qu’attendais-tu comme réaction de ma part ? Me considérais-tu si vénale au point qu’on puisse m'acheter ? Quand bien même si cela avait été, la fortune toute entière de père ne saurait suffire. Je ne suis, n’ai jamais été, et ne serait jamais à vendre. Plutôt vivre dans la poussière plutôt qu’être prisonnière. Les sourcils froncés, d’un sifflement seulement audibles à tes tympans, je rétorquai :
« Ai-je seulement que faire de ton argent ? Remets les pieds sur terre, tout ce que tu possèdes n’appartient qu’à ton père. »
Osais-tu me prendre de haut du fait de mon exil puis de mon indépendance ? J’avais passé près d’une année avec des ressources limitées, gérées à distance par mon père. Ridicule version mensuelle qui me mettait en difficultés financières dès le 15 du mois arrivé. Pas de possibilité de virement supplémentaire, une vie en communauté, une chambre de la taille de mon placard à chaussures partagées – avec trois hommes de surcroit, même si cela mon père l’eut toujours ignoré dont deux qui m’ont violenté et l’un serait de ton ami –, pour me punir, m’apprendre la vie, je me suis sentie si humiliée, rabaissée qu’aux premiers mois de mon arrivée à la Yonsei, j’avais pour seule volonté de raser les murs et me concentrer uniquement sur mes études. Mais, ma propre personnalité m’a rattrapé ! Là où j’en suis désormais est davantage le fruit de mon mérite : mes études, ma reconnaissance de présidence, même ma notoriété d’égérie si l’initiative n’y était pas de mon fait, je manoeuvrais à y trouver mes avantages vers encore plus d’indépendance. Je ne vivais plus que de ce salaire refusant toute aide financière paternelle. Je m’émancipais tandis que pendant que tu jouais les électrons libres, tu restais aux crochets de ton géniteur. Alors, oui, je ne suis pas faite pour vivre ni dans l’ombre ni dans la pauvreté. Ou plutôt : dans l’inaction ! Même déshéritée, abandonnée, jamais je ne perdrais. J’ai le sang impérial alors quelques soient les embuches, je bataillerais et remonterais les pentes les plus ardues. Je brille parce que ma place est au sommet. D’où que soit mon point de départ. Je méprisais autant les assistés que les défaitistes j’m’en-foutistes. Misérables, pitoyables et pathétiques ! Tes mots en cascade se déversèrent. Ils ruisselèrent sur mon échine jusqu’à m’arracher un frisson de dégoût. Sensation de tes doigts autour de mon poignet, référence à ton regard affamé d’un sourire qui ne t’étais plus adressé. Tout ce qui faisait mon bonheur d’antan avait été effacé.
« Tu me répugnes… Suis-moi, » murmurai-je avec mépris avant d’ordonner fermement.
Je libérais mon poignet, d’un geste vif et discret, puis ouvrit la marche. Pour ce qui était d’éviter d’éveiller les curiosités et donner matière à se repaître aux faiseurs de rumeurs, il était trop tard. Je n’aurais plus qu’à me justifier en temps et en heure. Surtout auprès d’une personne, celui que je redoutais le plus de blesser. Celui que j’espérais ne pas voir inquiéter par quelques inventions sur l’évolution de ma relation avec mon fiancé passé. Celui auquel j’avais formulé le voeu de l’épouser en tout premier.

Sous les regards en biais d’une assemblée de charognards, nous nous étions défilés. De deux mal, j’optais pour le moins pire, ne te sachant que trop capable de nous faire une scène en public. Je l’étais aussi, mais en ces circonstances, je doutais de pouvoir endosser le rôle du meneur de danse. Brise fraîche de la nuit sur mon visage, mes pas débouchèrent à l’extérieur, sur le pont de ce bateau de croisière sur rivière. J’aperçus les flots, la vague houle bien timide en comparaison au refrain assoupi de l’océan. Cependant, cela suffit à faire brièvement vaciller mon coeur dans une infime sensation de malaise. Je m’en retournais alors promptement, comme pour ne pas me laisser davantage chanceler, comme pour saisir de mes yeux un autre point d’ancrage auquel m’accrocher. Et ce fut toi.
« As-tu obtenu satisfaction à présent ? »
Nous étions isolés, alors oui, tu pourrais parler, mais la sècheresse de mon ton te rappelait également qu’en contre partie, j’étais délestée de toutes entraves. Que ma langue serait tout aussi libre que la tienne et qu’elle possédait un venin envié de nombres de serpents. Chevalier maudit, ouvre les yeux sur ta fatalité. Plus tes mots me touchent et plus mon coeur saigne. Lame de vent, je n’ai pour seule défense de te la renvoyer. A chacun de tes pas en avant, mon esprit s’alarme. Appel à la fuite que ma fierté ne peut tolérer, alors je rends la charge et te repousse encore plus loin. Prisonnière d’un mal dont je ne semble trouver nulle issue. Je souhaitais que tu t’éloignes, que tu disparaisses et me laisses enfin en paix, mais toi qui me l’a infligé, cette plaie profonde doucement guéri par un nouvel amour, tu semblerais être à la fois la gangrène et l’ultime baume pour lui permettre de se refermer, enfin.
« Mais qu’espères-tu vraiment Iwan ? Soit, si je te laisse déverser un tissu de mensonge bien rodé tant tu as dû le répéter pour justifier ce que tu m’as fait, ta trahison. »
Rien que te l’évoquer, j’en frémissais de haine. Au bord de mes yeux se formaient d’infimes perles de sel. Je savais ô combien j’exposerais ma sensibilité et ma plus profonde faiblesse à te laisser parler. Par ton absence, j’avais pris conscience du manque, du besoin. Toi qui était doté de ce visage si omniprésent dans mon enfance, et aussi mon adolescence. Pour le meilleur et pour le pire, nous nous étions même pas marier et pourtant, nous y avions déjà goûter.
« Parce que je t’aimais, Iwan. J’ai été cette jeune adolescente idiote éperdument amoureuse d’un menteur au sourire trompeur. Je sais reconnaitre l’amour, grâce à toi, du moins dans mon coeur puisque déchiffrer ceux des autres a toujours été un mystère pour moi, et tu en es la preuve. Alors, je peux te l’affirmer et sans honte, aujourd’hui, j’aime. Je suis parvenue à aimer à nouveau. Malgré ce que tu m’avais fait, j’ai accepté d’ouvrir et d’offrir encore mon coeur. Cependant, ce n’est plus à tes mains qu’il revient. »
Regard de jais harponné au tien, je l’y plantais. Je tenais bon, sans la moindre inflexion dans ma confession. Du temps où je t’aimais, j’étais tombée dans ton piège. Notre histoire demeurera ma plus grande défaite. Mais après avoir bafoué ta terre conquise, tu l’as perdu. Elle ne t’appartient plus.
« Es-tu certain qu’au-delà de ta quête de pardon, tu ne te berces pas d’illusions ? »
Tu as toujours été si bruyant que même à distance, je ne manquais d’avoir vent ô combien tu revendiquais encore ma main. Alors si je t’écoutais ce soir, tu repousserais-tu pas encore un peu plus loin tes espoirs ?
« T’obstines-tu encore à croire en nos fiançailles ? »
Si tant était que de belles tirades puissent un jour te gracier de mon pardon, si à tes mots mes lèvres trouvaient les réponses aux questions qui les brulent depuis notre dernière altercation, jamais, ô grand jamais le passé ne saurait redevenir présent.
« L’homme avec qui je vais me marier, celui que j’ai choisi, ce n’est pas toi, Iwan, mais Hyeon. »
Je n’implorerais pas ton pardon pour ma dureté. Pour l’impact violent et délibéré de mes mots qui, s’il y avait en toi ne serait-ce qu’une once de sincérité, avaient le pouvoir de te blesser. Je te rendais la monnaie de ta pièce, mais je ne ressentais aucune volupté, aucun soulagement. Toi qui m’a toujours connu telle que j’étais, avec mes défauts comme mes qualités, tout autant cachés parfois, je ne te préserverai pas de mon égoïsme. Je préférais de loin te blesser en tentant de te couper l’herbe sous le pied avant que tu ne te mettes à parler dans la seule fin de me préserver.
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Sam 30 Sep - 19:48
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Song of the moon
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« Drifting apart from someone you never used to go a day without speaking to is the hardest thing in the World. »
« L’argent de mon père me reviendra de droit. » Je ne sais même pas comment je finis par me vanter de l’argent qui sera en ma possession. C’est inutile et surtout, ça n’a rien avoir avec ce dont je veux réellement te parler. Tes sourcils froncés auxquels je dois faire face me font plus mal que je ne l’aurais cru et pourtant, ça n’est pas la première fois que je les affronte. Comme quoi, on ne s’habitue jamais vraiment à une attitude froide, voire cassante, de la part de la personne qu’on aime. Ce serait plus simple pour moi si je pouvais m’y faire, je n’aurais pas à ressentir un éternel besoin de me justifier ; et en même temps, je n’ai aucune envie de laisser ce malentendu entre nous, amour ou non. Si je dois renoncer à toi en tant que femme, je refuserai jusqu’à la fin de renoncer à toi en tant qu’amie. Je te connais depuis que tu es née, tu es à mes yeux autant un trésor que je dois protéger qu’un trésor qui brille en ma compagnie. Un trésor qui ne peut parfaitement briller que près de moi, j’en suis persuadé aussi. C’est de ça dont je veux me convaincre – peu importe combien tu feins l’amour parfait avec Hyeon, cette ordure ne te mettra jamais autant en valeur que je ne le fais et, surtout, il ne t’aimera jamais autant que je ne t’aime. Ça fait parti des choses impossibles mais ça, peu importe combien j’y crois, c’est dur de te le faire croire. Toi, qui ne daigne même pas écouter un simple salut de ma part, comment te convaincre de ma sincérité à ton égard ?
Bien vite, ton regard assassin me paraît dérisoire face à l’expression de dégoût qui se lit clairement sur ton visage quand j’attrape ton poignet. Depuis quand est-ce que, en plus d’inspirer en toi une haine sans mots, je te fais éprouver jusqu’à du dégoût à mon égard ? Les contacts physiques qui étions notre quotidien à une époque, ceux qui m’ont guéri quand j’ai perdu ma mère, depuis quand est-ce que je me sens si mal lorsque je les provoque ? Les yeux que tu me lances me font me sentir tellement sale alors que je ne suis qu’un innocent dans cette histoire. Tu confirmes avec une phrase, comme si c’était nécessaire, comme si je ne l’avais pas déjà lu dans ton expression, que je te répugne et tu m’entraînes aussi tôt loin des regards. Je ne peux cependant pas me réjouir de cette victoire, toujours trop sonné des mots qui résonnent dans mon esprit avec ténacité. Tu me répugnes.

Les reproches que je recevrai plus tard, d’être parti de la salle de la première fête auquel j’assiste depuis mon retour supposé me remettre les idées en tête, ne m’ont jamais paru aussi loin. La seule chose à laquelle je pense, ce sont les phrases que je pourrais dire pour mettre toutes mes chances de mon côté ; mais malheureusement, ma capacité de manier les mots en ma faveur disparaissait face à toi. Malgré ma préoccupation intérieure, le fait que tu te retournes soudainement vers moi ne m’échappe pas – je te connais trop pour trouver ça parfaitement normal ; sauf que je ne peux trouver aucune raison pour justifier ce geste, alors je préfère le mettre de côté.
Je m’apprête à te répondre combien je suis satisfait qu’enfin, mes mots atteignent ton cerveau, mais je déchante rapidement. Quelqu’un prêt à écouter et à croire n’utilise pas un ton aussi froid, je ne suis pas un imbécile. Ta trahison. C’est ce que ça a toujours été pour toi, une trahison, alors que je n’ai jamais rien fait délibérément. Je suis la première victime de cette trahison mais tu persistes à croire que j’en suis le dirigeant. Je n’ai même pas le temps de clarifier mes pensées que tu reprends déjà ta parole, d’un ton toujours aussi froid et même vexé. Tes mots sont tel un poignard qui atteint le centre du coeur au premier essai et qui s’y plante avec une telle force que les bras les plus musclés ne pourraient pas le retirer. Le sentiment que je ressens est indescriptible tant il est douloureux et je comprends très rapidement que si nous sommes ici, ce n’est pas parce que tu veux me laisser parler mais uniquement parce que toi, tu voulais me dire ça. Tu n’as aucune idée d’à quel point ça me fait mal, tu crois encore que je n’ai jamais été sincère à ton propos alors que je le suis sans aucun doute plus que Hyeon. Je ne serais pas étonné que des larmes naissent au coin de mes yeux, mais je ne les laisserai pas couler et je sais que tu ne les verras pas non plus, tout simplement parce que tu ne les chercheras pas.
Imaginer que tu aimes à nouveau, imaginer que tu aimes quelqu’un d’autre que moi, bien que je m’en doutais, je n’ai jamais voulu le faire. J’ai toujours été celui que tu allais choisir, c’était tellement évident pour moi. J’avais tout pour être choisi : un père riche, un amour infini à ton égard et surtout, je te connaissais mieux que je me connaissais moi-même. Mais je ne suis pas là pour t’entendre parler à propos de ton nouvel amour, loin de là. Peu importe combien ces mots sont douloureux, je dois prononcer ceux qui attendent de sortir depuis trop d’années. « Mais tu ne l’as choisi que parce que tu m’as pris pour un être insensible qui t’a trahi. Tu ne l’as choisi qu’à cause de ce malentendu ! Tu ne l’as choisi que parce que tu ne m’as jamais écouté ! Autrement, tu ne serais jamais allé vers quelqu’un d’autre. Si tu savais à quel point je suis sincère à ton propos, si tu savais à quel point je m’en veux d’avoir naïvement participé à ça ce jour-là, si tu savais tout ça, tu ne serais pas dans les bras de quelqu’un d’autre ! » Ma voix se fait plus forte que je ne l’aurais imaginée mais attirer les regards ne m’a jamais effrayé ; et c’est encore plus le cas actuellement. « Réfléchis un peu, Hera. Tu n’es pas stupide ! Pourquoi est-ce que je te continuerais à te courir après si je ne tenais pas réellement à toi ? Pourquoi est-ce que je t’affirmerai mienne si je ne le souhaitais pas totalement ? Pourquoi est-ce que je me bercerai d’illusions si tu n’étais qu’une fille que j’ai manipulé pendant tout ce temps ? Tu me parais bien plus aveugle et bercée d’illusions que moi, actuellement ! » Retenir ces mots pendant tout ce temps a dû empirer ma frustration pour que je m’exprime ainsi. « Pendant six mois, tu m’as manqué à en devenir fou ; autrement, pourquoi est-ce que prendrais le risque d’être rapatrié à Singapour en quittant une fête rien que pour te parler ? Moi qui aime tant Séoul ? » Je déglutis. J’ai toujours aussi mal à cause de tes anciennes paroles, j’ai tellement mal que j’en deviens taré. Je serais même près à sauter dans l’eau si ça suffisait à te convaincre de ma sincérité ; mais jamais ce ne serait aussi simple.
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Mer 4 Oct - 18:53
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Spirale de mon égoïsme, tu m’as toujours reçu de plein fouet. Tu m’as toujours connu mise à nue, au sens figurée, tandis que le sens littéral fut la cause de ce massacre dans lequel tu recevais coups après coups, années après années. Rancœur que la souffrance empêche inexorablement de s’estomper. En vérité, je suis perdue dans mes sentiments. Il est dit qu’il n’y a qu’un pas entre l’amour et la haine. Dans mon cœur, main dans la main, ils valsent ensemble. Mais la haine demeure celle qui mène la danse car elle décuple, chaque fois que l’amour tente de prendre le pas. Elle se repait de lui. Elle le dévore. Parasite indestructible qui ronge encore et encore… Je te fuis car changer mon regard, retracer le passé ne ferait que m’effrayer. Mon obstination campe sur ses positions. Je ne veux pas savoir et galope à vive allure sur un hippodrome, protégé par mes œillères et les bouchons dans mes oreilles érigeant une barrière entre toi et moi. Je ne veux pas entendre une autre écriture du passé. Je ne veux pas reconnaitre mes torts. Le château de carte de ces sept dernières années s’effondrerait. Je ne peux même pas concevoir cette réalité alternative. Alors pourquoi ? Pourquoi t’ai laissé l’occasion de prendre la parole ? Pourquoi mes actes sont-ils si contradictoire ? J’ai tenté. Je n’ai pas mâché mes mots pour te dissuader de t’exprimer, mais toi qui avait persévéré pendant si longtemps, ai-je vraiment cru que cela suffirait à te réduire au silence ? N’ai-je pas succombé à cette poussière d’étoiles tombé sur mon cœur qui est porteuse d’un lointain vœu d’un espoir ? D’un souhait de comprendre, et le passé, et le présent. Pourquoi ton absence m’a-t-elle paru si pesante ?

Cependant, je ne souhaitais t’entendre réécrire l’histoire du présent à ta façon. Mon courroux ne pouvait que s’attiser à t’entendre vociférer sur ma relation devenue pilier. Discrètement, au bout de mon bras tombant le long de mon corps, mon petit poing se serra. Je me tus. Je me contenais. Je t’écoutais et enregistrais mais si du tac-au-tac, je m’abstenais de rétorquer. D’attaquer comme tu osais t’en prendre à mon couple. Alors, je me raccrochais, à cette épée de glace tandis que je me sentais chavirée. Mon cœur balloté par tes mots qui remettaient tant et tout en question. Ou en serions-nous si cela n’était pas arrivé ? Si nous n’avions pas été si cruellement séparés ? Mon esprit se perdait car à mes yeux l’histoire ne serait pas forcément plus belle. Je ne t’aurais pas perdu. Je n’aurais pas été si profondément blessé. Les années de mon adolescence n’auraient pas été hantées par une si étouffante solitude. Tu n’aurais pas été là, toujours présent mais banni de mon cœur, délesté de ton pouvoir de le réchauffait. Tout au contraire, ton sourire à chacune de ses apparitions ne faisaient que me rendre de plus en plus amer. Oui, ce passé aurait été plus beau, plus chaud, plus heureux. Mais que serait-il advenu de notre présent ? Serions-nous toujours ensemble ? A Singapour ? Probablement car si nous y étions ensemble, je n’aurais sans doute pas eu volonté de m’envoyer pour l’Angleterre et j’aurais obtenu de te convaincre d’y rester avec moi. De renoncer à Séoul comme le vœu de feu ta mère, car après tout, nous ne serions pas les personnes que nous sommes devenues aujourd’hui. Et ce constat… Si je pourrais regretter les années perdues, la souffrance, aussi impensable que cela aurait pu être moins d’un auparavant, je ne regrettais pas la vie actuelle que je menais. J’étais fière d’avoir changé. D’avoir appris et compris de nombreuses choses de la vie. D’avoir un nouveau regard sur les gens et le monde. D’avoir le cœur plus léger, apaisé, hormis toi… Bien qu’il fut vrai que du temps où je t’aimais un soleil particulier trônait dans mon cœur. Bien qu’il fut vrai que je m’épanouissais à tes côtés… Alors peut-être… Peut-être que nous ne nous étions pas séparés, j’aurais pu devenir aussi une bonne personne. Une meilleure encore ? Cependant…
« On ne réécrit pas le passé, Iwan. »
Dans un souffle froid mes mots finirent pas donner réponse à ton discours. Peut-être que j’accepterais de concevoir ta plaidoirie. D’accorder attention avec quelle ferveur, tu clamais ton innocence. Cependant, je ne voulais pas attendre tes « Si ». Je ne voulais pas te permettre de remettre en question la chose première pour laquelle je ne regrettais pas le présent : Hyeon.
« Souviens-toi néanmoins, que Hyeon ne t’a pas remplacé. Prends-le comme tu voudras, mais il fut le premier auquel j’ai souhaité me fiancer. »
Telle était la vérité. Si ton père nous avait décidés promis, le mien avait toujours prôné ma liberté de choix. Jeunes enfants qui imitent les grands, directive comme à mon accoutumé, j’avais entrepris les démarches de notre cérémonie où formuler les vœux de nos fiançailles.
« Pour toi, parce que tu es parvenue à toucher mon cœur, j’ai renoncé à cette promesse. »
Alors que je m’y étais si farouchement accrochée pendant plusieurs années, comme un trésor lové dans mon cœur, peu à peu, je l’avais abandonné et par ton sourire je m’étais laissé séduire, par ta voix, je me laissais bercer…
« Je ne l’ai cru effectivement que jeu d’enfants, si nous étions si jeunes. Il était si loin, alors que tu étais si près. Pourtant, regarde où nous en sommes à présent. »
Notre histoire fut éphémère, joli tableau au paysage ensoleillé sur lequel l’orage avait abattu sa foudre. Dont la peinture sous les gouttes de pluie avait coulé et s’en était allé. Je me retrouvais à nouveau au côté de celui que j’avais aimé « en premier ».
« S’il existe cette force appelée destin, alors, il a soufflé pour nous ramener sur la bonne voie. De vous deux, tu n’es pas celui qui m’est destiné, Iwan. »
Il n’était plus question de me préserver. Plus question de te dissuader, juste à croire un vestige d’affection tendre à ton égard qui voulait s’assurer de te faire entendre raison. Tu n’attendais pas seulement après mon pardon. Tu espérais après mon retour. Or, il était temps de faire tomber le voile d’illusions devant tes yeux. Je ne te reviendrais pas, Iwan. Les pensées et les sentiments ce sont emballés tandis que tes mots tu déballais. J’ai été ébranlé. J’ai douté. Mais ce dont je suis certaine, c’est que c’est lui que j’aime. Même si nous réinventions le passé, à la seule idée de ne pas le rencontrer à nouveau, à la perspective de le croiser cœur de glace dans son tombeau, regards d’étrangers croisés, indifférents, mon cœur se déchirait en lambeau. Nous nous conterions les anecdotes de notre enfance, lui à distance et ma main dans la tienne ? J’en souffrais rien que de l’imaginer. J’en souffrais pour lui, le savoir si seul, si malheureux… Je crois Iwan que nous aurions beau remanier le passé, la finalité serait la même. En cet instant, je ne pouvais que me projeter lâchant ta main pour réchauffer la sienne. Parce que je l’aime. Tant et tellement que je ne peux concevoir l’histoire autrement.

Et sans que je m’en rende compte, une perle de sel roulait le long de ma joue. Et sans que je m’en rende compte, le bateau avait amorcé son départ. Lorsque mon esprit en prit conscience, la réaction de mon corps fut instantanée et sans appel. Le visage devenu se parant de la pâleur de la lune, sous mon poids mes jambes se défilèrent…
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Ven 6 Oct - 18:24
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Song of the moon
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« Drifting apart from someone you never used to go a day without speaking to is the hardest thing in the World. »
On ne réécrit pas le passé… Ça, moi aussi, je ne le sais que trop bien. On ne réécrit pas le passé, donc maintenant que tout s’est déroulé, c’est trop tard. Tu aimes un autre homme et peu importe les raisons pour lesquelles tu as fini par l’aimer à ma place n’ont plus aucune importance. Le cheminement est moins important que la finalité, Iwan. Ce genre de choses, je me les suis répétées tellement de fois, sans arrêt, moi-même fatigué de croire à quelque chose qui ne reviendra pas, comme un enfant voudrait croire au Père-Noël jusqu’à la mort parce que son existence l’arrangerait. Mais que dois-je faire ; je suis un imbécile qui y croira jusqu’à la fin, jusqu’à ce que tout soit clairement clôturé, jusqu’à ce que la marche retour ne puisse plus être enfoncée et cet instant n’est pas encore arrivé. Jusqu’à là, je continuerai à espérer, parce que je suis celui qui aurait dû avoir ta main, la tenir et la faire virevolter avec charme. Je fronce les sourcils à la deuxième partie de sa réponse. Lui, le premier ? Comme est-ce que c’est possible ? Comment est-ce qu’il aurait pu être le premier lorsque j’ai revendiqué, à ton égard, mon amour en premier ? Lorsque je suis celui qui a toujours été à tes côtés, pour te taquiner autant que pour t’adorer ? Je déglutis. Tu m’écoutes, c’est vrai. Tu écoutes mes arguments et je peux déceler une mince différence dans ton comportement : dans tes paroles froides pour me casser, tu ne mets plus ce ton aussi distant et tes répliques sont de réelles réponses qui montrent que tu m’écoutes et que tu me considères. Contrairement aux précédentes fois, je ne suis plus qu’un chien qui aboie face à un chat qui miaule. Nous parlons la même langue et nous faisons un réel échange, qui ne tourne pas tel que je l’aurais souhaité, certes. Ça a le don de me frustrer autant que me blesser. Alors je ne suis pas celui qui t’est destiné, après tous les efforts que j’ai faits, après tout l’amour que je lui donne, après tout ce que je t’ai pardonné en essayant de te comprendre ? Et quel genre d’enfoiré écrit ce soi-disant destin ?
Cependant, il faut se rendre à l’évidence. Je ne dois pas être avide et me contenter de mon objectif principal : te faire comprendre à quel point je suis une victime dans l’histoire qui date du lycée. Si je dois me prendre toutes les remarques du monde selon lesquelles je ne serai jamais celui qui te passera la bague, je le ferai et je les ferai rebondir sur ma confiance en moi-même. Tant que je n’aurai pas abandonné, il n’y a aucune raison pour que tu ne sois pas mienne. Tout ce que j’ai toujours désiré, je l’ai eu et si tu n’es pas un objet, tu ne peux pas non plus nier que toi et moi, nous avons partagé des choses inoubliables. Des choses qui resteront des souvenirs en commun, que tu veuilles les effacer ou non. On n’oublie pas un homme avec qui on a passé toute son enfance et une belle histoire d’amour comme on oublie un simple flirt – et je suis à peu près certain que toi et moi, c’était du sérieux. Alors, ça peut le redevenir. « Je ne veux pas croire au fait que nous ne soyons pas destinés. Si nous ne l’étions pas, tout ne se serait pas passé ainsi. Le vent est quelque chose d’instable ; il peut à tout moment souffler, de nouveau, dans le sens inverse. Alors, si ce que tu appelles destin souffle de la même façon que le vent, rien ne te permet d’affirmer que toi et moi ne sommes pas destinés. » Je maintiens son regard mais je ne crois pas aux paroles que je prononce moi-même. Seulement, pour me faire vaciller plus que je ne suis déjà partagé entre la joie de pouvoir être entendu et la tristesse d’être ainsi mis de côté, une larme coule sur ta joue et me laisse complètement perdu, comme si toutes mes armes venaient de tomber au sol à l’instant même ou cette perle a reflété la lumière de la lune. Qu’est-ce qui t’a chamboulé au point que tu en pleures, toi, Hera ? Toi qui, quelques secondes auparavant, me montrait à quel point je ne pouvais plus t’atteindre, à quel point j’étais dégoûtant ? Est-ce que je viens de te faire pleurer ? Mais de quoi pleures-tu, de tristesse ? De joie ? De douleur ? Complètement désemparé, je ne manque cependant pas de remarquer ton teint soudain pâle, alors que le bateau vient de démarrer. Je te connais mieux que quiconque, moi, et je sais que ce n’est pas normal. Déjà, lorsque nous sommes arrivés ici, j’ai remarqué que tu avais un comportement presque inquiet mais tout ne fait que se confirmer. Sentant que tu peux t’évanouir à tout moment – et ignorant parfaitement pour quelle raison tu le ferais – j’écoute immédiatement mon instinct et mes deux mains s’agrippent automatiquement à tes épaules pour te maintenir un peu. « Hera, tu vas bien ? Qu’est-ce qui se passe ? Ça va ? » Au diable mes arguments ; au diable mon objectif, si tu te sens mal, à quoi bon ? Mon visage face au tien, j’essaie avec la plus grande ardeur possible de comprendre ce qui est en train de se passer, de déchiffrer toutes tes expressions. « Tu veux t’asseoir ? Manger quelque chose ? Boire ? » Je suis plus paniqué encore que quand j’ai vu ton visage, plus effrayé encore que quand tu m’as dit que j’étais dégoûtant. Plus grave que toi qui me rejette, c’est toi qui ne va pas bien.
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Mar 10 Oct - 18:18
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Cadeau de dieu… Telle était la signification de ce prénom que seules mes lèvres prononçaient encore sur le sol de la péninsule. Tu te faisais nommer autrement, je n’en comprenais pas l’intérêt, pas plus que je ne cherchais à le comprendre. Cadeau de dieu, il se révélait à mes yeux sans doute plus que jamais auparavant. Ce don que les cieux t’avaient accordé. Cette force de toujours espérer, jamais désespérer. Fut-ce parce que nous avions été élevé ensemble que notre obstination n’avait probablement d’égale que celle de l’autre ? Cependant lorsqu’elles s’affrontaient, seules des étincelles en résultaient. Tu avais pour habitude d’ordinaire de courber l’échine, me laisser l’ascendant, répondre à mes caprices, mais lorsque je luttais contre tes sentiments les plus profonds, tu tenais bon. Ainsi face à face, ne formions nous pas ridiculement le reflet l’un de l’autre, chacun campé sur ses positions. Tu ne renoncerais pas. Tu n’abandonnerais pas le combattant. Ce coeur que t’acharnait à reconquérir ne te revenait plus. Pourquoi ? Pourquoi insistais-tu ? Pour la première fois depuis plus de sept ans, je comprenais enfin les meurtrissures de mon être chaque fois que t’avais asséné de mes dagues de glace. Je tiens encore à toi. Alors, je souffrais. Te blesser ne consolait pas ma peine. Je parvenais juste à me la voiler, la détourner parce que je refusais de voir la vérité. À présent, j’ouvrais enfin les yeux. Cependant dans ton acharnement, me laissais-tu d’autres solutions que te transpercer encore et encore de la violence de mes mots ? Quand bien même, leur intention ne serait de glace. Quand bien même, je les choisirais avec attention. Leur sens demeurerait toujours le même : N’attends plus de mes lèvres de te dire je t’aime. La situation ressemblait à cruel dilemme qui n’avait pas lieu d’être. Peut-être mon coeur était enfin ouvert au pardon, et assurément, les personnes qui ont insufflé de l’amour en lui ces derniers temps n’y étaient pas étrangères, cependant, sa tendresse découlait donc aussi de son assurance. Celle de savoir pour qui il battait.  Tu n’en démordrais pas. Moi non plus. Nous nous trouvions à l’entrée d’une impasse lorsque les légers remous du fleuve firent tomber les murs. Ainsi que ma personne, mes jambes vidées de leur force qui fléchirent sous mon poids. Je ployais et tu accourais. Tu te précipitais pour me soutenir. « Ne me touche pas… » Ce furent les premiers mots qui me vinrent à la bouche. Réflexe profondément ancré de te rejeter. De maintenir cette barrière entre nous deux, comme si j’étais encore réticente, effrayée à t’accorder une nouvelle entrée dans ma vie. Je me sentais si fragile, si vulnérable, m’en remettre à toi ne me serait supportable. Cependant… « Attends… » À tes bras, mes doigts s’agrippent. Ne me laisse pas. Ne me laisse plus. Pas encore une fois. Ne m’abandonne pas quand j’ai besoin de toi. Même pour aller me chercher un verre d’eau. Encore appeler appeler de l’aide, je refusais qu’on me voit en pareil état. Ne me laisse juste plus seule. Ne me renvoie plus à l’effroyable solitude dans laquelle tu m’as si longtemps plongé, mon coeur brisé. Tu revendiquerais sans doute que je suis celle qui t’a fermé la porte. Qui t’as tenu éloigné. Néanmoins, quoi qu’il en soit, quoi qu’il en fut, n’éprouve pas de mépris pour ceux qui m’ont été à admirer de nouveau la clarté du soleil. Qui ont permis qu’aujourd’hui, la porte s’ouvre à nouveau devant toi. « Reste-là… un peu… je veux juste… » Échapper à cet enfer mais j’ignorai comment faire. Mon esprit était en proie à la panique. J’essayais du mieux que je pouvais de sauver les apparences mais mon teint blafard me trahissait. Mes bras aux mains agrippés au tissu de tes manches tremblaient. Les images défilaient. Celles de la mer qui nous engloutissait. Nous avait englouti. Plus d’un an était passé, les cauchemars s’en étaient allés, mais l’effroi ne faisait que sommeiller. Prêt à se manifester dès lors qu’une occasion se présentait. À l’instar de celle-ci, offerte sur un plateau d’argent tandis que le bateau s’était mis en mouvement. Je ne parvenais à raisonner. J’essayais tant bien que mal de contrôler cette phobie traumatique. Et je me raccrochais à toi. Je voulais d’une part que tu t’éloignes. Je refusais que tu assistes à cela. Que tu vois ainsi affaiblie, mais j’avais besoin de toi. Que tu restes là. Que tu m’aides à chasser, ces souvenirs qui me hantent. « Raconte-moi quelque chose de tendre… » Chasser les souvenirs sombres par ceux qui ont été peint du pinceau de la lumière. Toi qui connaissait tout de moi, toi avec qui j’avais tant partagé, n’avais-tu pas quelques mots à me conter pour vaincre la peur ? Que mon esprit s’échappe des méandres terrifiants. Libéré des tentacules du monstre infâme, qu’il remonte à la surface et qu’il revoit les flots apaisés de notre cité, où les rayons du soleil se reflète dans un bain scintillant sur les vagues assoupies. « Raconte moi notre enfance… Tous les deux, sur l’un des bateaux… » Ils ont bercé les premières années de nos vies, par notre pays natal, par nos pères, les navires, qu’ils soient cargos ou élégants plaisancier ont toujours eu part important dans nos existences. Particulièrement la mienne. J’aimais tant vogué sur l’océan. Mais cette ivresse m’a été ôté. Je n’en gardais désormais que le malaise, le profond mal-être… Pouvais-tu me ramener à la douceur d’antan où la caresse du vent donnait fougue à mes jambes aujourd’hui coupées ?
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | Jeu 12 Oct - 18:55
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Song of the moon
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« Drifting apart from someone you never used to go a day without speaking to is the hardest thing in the World. »
Les premiers mots que tu prononças me laissèrent gelés intérieurement pendant quelques secondes. Le fait que tu me demandes une nouvelle fois de ne pas toucher, et ce peu importe l’état dans lequel tu te trouves me fit me sentir plus sale que jamais, comme si je n’étais même pas digne de poser mes yeux sur toi – alors que je savais que j’étais plus digne de n’importe qui de le faire, que je te connaissais mieux que quiconque. Mais si je te connaissais aussi bien que je le prétendais, alors pourquoi est-ce que j’ignorais la cause de ta réaction actuelle ? Pourquoi est-ce que moi, Nizam Iwan, qui te connaissait si bien n’avait pas pu anticipé une réaction pareille ? De telles questions se bousculaient dans ma tête tandis que tu me demandais d’attendre, alors que je n’avais pas bougé et que je n’avais pas non plus l’intention de le faire, à moins que tu me répondes que tu voulais quelque chose à boire ou à manger. Quelques secondes de plus passèrent et je me crispai presque en sentant tes doigts sur mon bras – un contact auquel je n’étais désormais plus habitué, mais un contact qui éveilla en moi les sentiments que je n’avais jamais pu étouffer pour toi. Difficilement, tu arrivais à prononcer ta demande et je fus sans doute le plus surpris de l’entendre. Toi qui, jusqu’à présent, n’avait cessé de me demander de m’en aller, tu venais de me demander de rester à tes côtés. La joie ressentie à cet instant ne fut pas descriptible avec des mots ; et je ne voulais pas réellement les exprimer, me doutant que le moment était mal choisi. Tout ce que je désirais savoir, c’était la raison pour laquelle tu réagissais ainsi, sans aucune raison apparente. Toujours dans le mystère le plus total mais ayant bien compris au moins une chose – que tu avais besoin de moi en cet instant – je pris délicatement ta main dans la mienne. J’aurais aimé que ce soit dans d’autres circonstances, dans un contexte qui me permettrait d’affirmer que c’était romantique mais je savais que ma seule motivation, à cet instant-là, était de te rassurer un minimum.
Je ne savais pas combien de secondes étaient passées lorsque tu me demandas de te raconter notre enfance sur un bateau. Le temps d’un instant, je me demandai si c’était le démarrage du bateau qui t’avait rendue ainsi mais cette raison me paraissait trop absurde et soudaine pour être la réalité, alors je la chassai de ma tête pour réfléchir à quelque chose que je pouvais raconter. Tous ces mots loin d’elle, je n’avais fait que ressasser mes souvenirs pour ne pas l’effacer de ma mémoire, alors pourquoi n’arrivais-je pas à en formuler un dans cette situation ? Dans mes plus lointains et joyeux souvenirs je fouillais, essayant de choisir le meilleur, le plus significatif pour nous deux – mais il fallait s rendre à l’évidence, si c’était un souvenir de nous si jeunes, alors nous ne faisions que nous chamailler et faire semblant de bien nous entendre devant les parents. Je pensai alors à quelque chose, quelque chose de joyeux, quelque chose de mignon et je me raclai la gorge pour me mettre à raconter ce souvenir. « Mh… je ne sais pas si tu te rappelles, nous devions avoir cinq ou six ans à cette époque-là. J’avais perdu ma mère depuis peu. » C’était sans doute l’époque où nous nous étions le plus rapprochés. « Pour me changer les idées, tu m’avais proposé de m’emmener avec toi et ton père dans une des mini-croisières dans un bateau. Honnêtement, j’étais trop jeune pour me rappeler avec exactitude quelle sorte de bateau c’était mais j’en garde un très bon souvenir. Nous nous étions mis à l’avant du bateau, afin de profiter de la brise de la mer qui nous caressait très délicatement le visage. Elle me donnait l’impression de sécher toutes les larmes qui avaient coulé sur mes joues. » Je n’aimais pas rappeler que j’avais pleurer à cette époque-là mais ce n’était pas quelque chose qui comptait lorsque tu te sentais mal. « Par moments, la vitesse du bateau qui rencontrait les courants de l’eau nous éclaboussaient ; mais il faisait tellement chaud, ce jour-là, que ça n’était pas du tout désagréable. Au contraire, nous nous mettions à rire à chaque fois que ça arrivait, comme deux imbéciles heureux. » Je me mis à sourire en y repensant. « On se racontait quelques anecdotes, pour la plupart marrantes et on rigolait à chaque fois, comme si c’était le sketch le plus drôle. Honnêtement, je pense qu’à ce moment-là, je rigolais parce que j’étais heureux d’être avec toi, un jour aussi beau, dans un lieu aussi beau. Ce n’était pas du tout la première fois que j’allais sur bateau à cet endroit-là, mais cette fois-là c’était tellement différent. Je ressentais une joie que je n’avais plus ressentie depuis un bon moment, après la mort de ma mère… et surtout, j’étais en compagnie de la fille que j’aimais. » J’en avais fini sur cette conclusion, parce qu’à mes yeux, c’était le point le plus important du souvenir. Je n’étais pas encore tombé amoureux d’elle depuis des années, comme c’était le cas maintenant. « Ce jour-là, j’ai ressenti une chaleur dans mon coeur, quelque chose qui n’est même pas descriptible avec des mots. Quelque chose de tellement réconfortant. » Je déglutis. Je ne savais pas pourquoi j’avais choisi ce souvenir, finalement. À mes yeux, il était extraordinaire et réconfortant, mais ce n’était sûrement pas le cas aux tiens.
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Re: Song of the Moon ☽ Hewan | 
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