Erin ne connait absolument rien de leur relation et après tout, elle ne la juge absolument pas. Le fait qu’ils se fiancent tôt ne change rien à sa vie et ne la concerne pas du tout, que voulez-vous qu’elle dise ? L’américaine, elle, n’est pas certaine de vouloir en faire longtemps à l’avenir. Elle a mis bien du temps à acquérir une certaine liberté, ce n’est pas pour s’enfermer dans de nouveaux engagements. « Tu penses qu’ils le seront bientôt ? Ils le connaissent ? » Elle se met à sourire. « Tu t’entends bien avec tes beaux-parents ? » Rencontrer de potentiels beaux-parents, c’est exactement le genre de chose qui pourrait clairement la stresser, peu importe combien elle peut avoir confiance en elle. Puis Hera lui explique que la majorité à Singapour est obtenue à l’âge de vingt et un ans mais qu’elle ne souhaite pas le cacher à ses parents d’ici là, qu’elle n’a aucun secret pour son père. « Tu attends pour lui dire en face à face ? C’est vrai que c’est plus approprié que par message. » C’est une étape importante dans la vie après tout. « Oh, je n’y connais pas grand-chose au piano. » Elle a eu énormément de chose à rattraper après avoir vécue enfermée dans la religion et le piano ne fait pas réellement parti des choses qui l’intéresse énormément. Est-ce que les Etats-Unis lui manquent ? « Hum … Boston me manque, mon travail d’hôtesse de l’air un peu. » C’était vraiment cool la vie là-bas et de découvrir de nouveaux paysages après chaque vols. « Ma vie à Cheyenne pas vraiment. Mais ça va, on s’habitue un peu et puis, mon frère Connor est là. » Ses parents à qui elle était attachée et son frère Glenn lui manquent malgré tout, elle ne regrette absolument pas d’être partie du Wyoming pour partir à l’aventure.

Étrangères loin de leur patrie, nous semblions avoir toutes deux appris à vivre dans ce pays. Bien que certainement, tu fus moins réfractaire à ta propre venue que je ne le fus pour la mienne. Je t’écoutais brièvement évoqué ton parcours tandis que je continuais à chercher la vidéo que j’avais en tête. Une fois trouvée, je te la présentais sous les yeux. Tu pouvais admirer mon fiancé concentré à son piano et la mélodie délicatement s’envoler dans les airs. « Mon père et lui se sont vus l’hiver dernier, ma mère en revanche, Hyeon ne l’a pas revu depuis l’anniversaire de mes treize ans. »  La vidéo glissa quelques instants sur le public. « Ah, tiens, voici ma futur belle-mère, » te désignais-je une femme au premier rang. « Je crois qu’on peut dire que je m’entends bien avec eux… Enfin, ils semblent m’apprécier, mais je t’avoue que pour quelques raisons, la réciproque ne m’est pas exacte. » Je n’aimais pas la façon dont ils considéraient leur fils. « J’ai bien envie de leur voler dans les plumes parfois, mais je vais attendre encore un peu ! » plaisantais-je bien que pensant sincèrement mes propos. « Tu as de la chance d’avoir un frère avec toi, » soupirais-je doucement. Pour cela, je t’enviais un peu. « Tu aimais être hôtesse de l’air ? » J’avouerais que ton parcours me laissait quelque peu perplexe et encore dans le flou. Loin de te juger, j’essayais de comprendre un monde qu’il m’était encore difficile de concevoir avec mes normes qui furent si profondément ancrées dans ma façon de penser avant de s’élargir peu à peu depuis mon arrivée à la Yonsei. « Et tu as des photos de Boston et Cheyenne ? » J’étais un peu curieuse de découvrir des horizons qui m’étaient encore relativement inconnu, voire carrément en ce qui concernait le Wyoming.