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Beautiful #HARA ♥
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Re: Beautiful #HARA ♥ | Dim 26 Nov - 16:40 Citer EditerSupprimer
« I can hear the sound of your footsteps from afar Why are you so lovely ? I can hear the sound of my heart beating loudly I’m blushing
Beautiful
I’m happy with you here
I’m happy with you here
HaRa
« I can hear the sound of your footsteps from afar Why are you so lovely ? I can hear the sound of my heart beating loudly I’m blushing
Hello my love I always looked at you »
Appareil porté à mon oreille, j’entendais cette voix que trop familière qui cinglait mes tympans de leur froideur et toute la véhémence dont les mots s’imprégnaient. Si son langage n’avait été trop civilisé pour que sa langue se le permette, sans doute aurais-je été graciée d’un torrent d’insultes en cascades. Le sens de ses paroles aiguisées n’en demeurait pas moins transparent. Elle me rabaissait encore une fois à la condition de trainée irresponsable et inconsciente. Quel avait été mon crime ? Celui de sortir batifoler avec un inconnu à en croire ses sous-entendus. Mais je ne répliquais. Pour l’heure, de pousser un soupir, je me contentais. L’affrontement n’aurait lieu qu’après. Qu’une fois face à face, vile petite garce que j’étais à m’accorder l’impertinence de lui tenir tête. Ma grand-mère et moi nous étions toujours détestés d’aussi loin que ma mémoire remontait. Mon aînée avait toujours été sa préférée, tandis que j’enrôlais la cape de la pestiférée. Quant à ma demie-soeur, elle n’avait guère d’existence aux yeux de cette aïeul qui ne partageait son sang. Si Gu Jung Rae avait toujours été la seule personne à se dresser en obstacle à mes caprices, j’avais su depuis ma plus tendre enfance lui rendre la pareille en réfutant son autorité. C’était un duel qui ne prenait fin. En m’envoyant en Corée, mon père m’avait malgré lui offert sur un plateau doré à ce couple d’intéressé. Car, ma grand-mère avait eu beau choyer Eun Sun tout ce temps et me rejeter, la merveille, de part ses gènes avait fauté. J’étais seule à pouvoir redoré un blason à la réputation pas si immaculé que Jung Rae et son mari s’efforçait à le laisser paraître. Effacer la tache du premier mariage sur un tableau de famille souhaité parfait, pour cela, il fallait trouver objet à mettre en lumière. J’étais cet objet. Alors, finalement tandis que j’apprenais à déployer mes ailes, mes grands-parents s’échinaient – chacun à sa méthode – à me les couper. À défaut d’y arriver, ils érigeaient néanmoins autour de ma personne, les barreaux d’une cage vouée à me freiner.
Appareil raccroché, je ne prenais conscience de ce voile de légèreté qui avait enveloppé précédemment mon coeur qu’à présent qu’il se faisait de plomb. Poids accablant du retour à la réalité, m’ouvrant les yeux sur mes instants de perdition, d’évasion dans un monde fait d’insouciance et de simplicité. Je me retournais et sur vous deux mes yeux se posaient. Jethro et toi sembliez faits pour former un bon duo. Tu ne le connaissais probablement pas assez pour t’en rendre compte. Certes, ce farceur se révélait facilement sociable mais tu détenais déjà une certaine de complicité naissante avec lui. Assurément, il t’en ferait baver, mais, malgré ton apparence, j’avais le pressentiment que tu saurais persévérer. Lui aussi sans doute, raison pour laquelle tu lui plaisais déjà tant. Quelques instants encore, je vous observais, restant en retrait. Et je sentais, la douceur du moment précédent qui s’échappait au gré des feuilles mortes que le vent fit virevolter. Rares se faisaient les fragments de temps où il m’était donné de m’amuser. Tu n’avais pas tout à fait tort dans ta façon de me juger bien que jamais, je ne le reconnaitrais. Ce n’était pas l’envie qui m’en manquait, plutôt mon mode de vie qui ne me le permettait. Cette brève sortie dans le parc avec toi me serait déjà sévèrement reproché. Et pourquoi, ces instants si doux fut-ce avec toi que je venais de les partager ? Pourquoi ne pouvais-je vivre cette précieuse simplicité avec mon fiancé ? Je m’énervais que tu pointes les travers de mon quotidien car inconsciemment, tu ne faisais que remuer un couteau perforant déjà la plaie. Tu parlais sans savoir, n’imaginant même pas à quel point je me démenais déjà pour conserver les libertés que je m’octroyais. Ou combien les raisons m’interdisant l’insouciance s’avéraient nombreuses. J’aurais aimé prolonger cette agréable virée, à m’amuser avec Jethro. J’aurais pu me rebeller et envoyer paitre mon aînée, mais je ne présageais que trop les conséquences, et plus que toi ou moi, celui qui en subirait le plus les conséquences serait Jethro.
Ainsi résignée, sur mes pas je revenais et vous rejoignais. L’enthousiasme de mon fidèle ami à quatre pattes me décrocha néanmoins un sourire sur mon visage assombrit. Ta perspicacité sur l’instant, je préférais ne pas relever. Ma fierté n’acceptait de reconnaitre de vive voix l’illusion de soumission que l’appel de ma grand-mère produisait. La commissure de mes lèvres réagit néanmoins, timidement, hésitante, à t’entendre prendre un tel engagement de te muscler. Essayais-tu une pointe d’humour pour détendre une atmosphère devenue aussi soudainement bien plus froide que le vent automnale. À l’instar de cet épais nuage qui passait devant l’astre céleste, le halo de lumière qui nous berçait, s’était éteint. Ne se révélant à notre conscience qu’une fois disparu. En revanche, tu semblerais avoir besoin d’un indéniable apprentissage pour savoir quand te taire. À tes mots suivants, je te dardais soudainement. De tous tes dons, le plus manifeste semblait être sans contexte celui de m’irriter. « Dis-tu donc toujours une chose et son contraire ? » Question aussi réthorique qu’ouverte car, je me le demandais sincèrement, si tu avais conscience de l’absurdité de ta dévotion. « Tu prétends être prêt à faire des efforts pour ce poste et l’instant d’après, tu pousses de toi-même la porte de sortie ? » Qu’imaginais-tu si tu revenais à ma maison en annonçant m’avoir d’une fois ou d’une autre influencé, forcée à t’accompagner ? À cette pensée, je ne pus qu’en railler. « Ou bien, ça te prend souvent le délire du preux chevalier ? Crois-tu seulement être crédible dans ce rôle ? » Non pas du chevalier servant, mais de celui qui serait parvenu à avoir l’ascendant sur mon tempérament si obstiné et effronté. Tu t’aveuglais de fausses idées sur ce que tu pouvais représenter dans la cour de cette propriété où nous nous apprêtions à rentrer.« Ai-je l’air de quelqu’un qui fuit ses responsabilités ? » Qu’est-ce qui te faisait croire que j’avais besoin de toi pour m’extirper d’un moment fastidieux ? Me voyais-tu si vulnérable ? « Qu’as-tu donc à me concevoir si fragile et ayant besoin d’un héros ? » Etais-tu si bouffi de préjugé à ne même pas m’accorder qu’en tant que femme je sois capable de tout affronter sans avoir besoin d’un homme pour me couver ? M’imaginais-tu vraiment en train de me cacher derrière toi ? Avais-tu un si sérieux problème de complexe t’inventer de la demoiselle en détresse ? À moins que ta perception de ma personne ne soit tout autre et que du protecteur tu te plaçais en soumis sous mon joug tyrannique ? « Ou parce que je suis une princesse, je jette le premier venu en pâture pour essuyer mes fautes ? » J’étais cette personne auparavant, en effet. Je pouvais toujours l’incarner à nouveau de nos jours, mais qu’en de très rares occasions et cette situation ne nécessitait que je renoue avec mes vieux démons. Tu étais certes jouet, mais il semblerait que je ne souhaitais te jeter trop rapidement. Or, si tu te plaçais en coupable, jamais tu ne serais autorisé à revenir t’occuper de Jethro. « Crois-tu seulement que tu sois en mesure de t’adresser à ces gens là ? » Pensais-tu qu’ils t’écouteraient ? Que ta paroles aurait la moindre valeur à leurs oreilles ? Oh mon grand-père saurait te donner l’illusion de te satisfaire en t’accordant audience, mais son attention tu ne capterais. Ma grand-mère, elle, ne se donnerait même pas cette peine. Tu ne valais pas mieux que l’excrément de chien pour lequel tu serais payé à ramasser. « Occupe-toi de tes affaires, je gère très bien les miennes ! » D’une voix aussi sèche que le mouvement de poignet m’emparant derechef de la laisse, je tranchais. Sans te laisser en placer une, sourde oreille à toute tentative que tu pourrais vainement tenter d’énoncer, je tournais les talons. Emmenant Jethro avec moi, j’ouvris la marche.
Chemin du retour vers la maison, avec condescendance, je t’ignorais. Que tu te tiennes en retrait ou à ma hauteur, je n’y prêtais d’attention. Je préférais largement ne plus t’entendre, ne plus t’apercevoir dans mon champ de vision, car immanquablement tu commettais encore matière à m’agacer. Comment avais-je pu poser un seul instant les mots douceur et bonheur sur quelques uns de ces instants qu’en ta compagnie j’avais partagé ? Assurément, la présence de Jethro avait surpassé la tienne, c’était là, la seule explication plausible. De nos pas, nous remontèrent le trottoir de l’avenue. Si l’orchestre disharmonieux de la ville autour de nous résonnait, entre nous, le silence régnait. Mon ignorance dédaigneuse je dus néanmoins balayer une fois que nous parvînmes au portail d’entrée de la propriété de mes ainés. Te dominant malgré les centimètres qui me faisaient défaut, mes mots je daignais t’accorder de nouveau : « Je vais te filer quelques conseils quand tu dois mettre les pieds ici. Rends les sourires de mon grand-père mais ne te leurre pas de leur sincérité. Il manie seulement l’art de l’amabilité. Quant à ma grand-père, contente toi de baisser la tête et les yeux si tu viens à la croiser. Ne te fais pas remarquer, car cela ne sera jamais de manière positive. » J’espérais que tu ne te ferais de fausses idées. Si je tenais à t’aider à décrocher ce poste, ce n’était en aucune façon car tu m’aurais suscité une quelconque sympathie mais seulement pas nécessité. Il se faisait urgent que je trouve une personne à même de s’occuper de Jethro.
De retour, sous nos pas nous foulions l’allée qui menaient à la cour d’entrée principale. Jethro entre tes mains j’avais à nouveau confié après que nous ayons franchi le portail. Désagréable surprise, tu pus voir à mon instar, cette silhouette austère – bien que quelque peu en chair, modérément – qui se dressait sur le seuil de la porte d’entrée. Mon pas, j’hâtais alors comme pour te faire comprendre de rester en retrait. Tout ce qui par la suite se passerait ne te regarderait à l’exception peut-être… Lorsque je vis le regard assassin que me jetait ma grand-mère à mon approche, je pris alors conscience de la source de son courroux décuplé. Ta veste qu’aussi inconsciemment qu’inconsidérément, sur mes épaules, je portais encore. Mes yeux s’écarquillèrent alors. Avec empressement, je m’en dévêtais et te la balançais. Négligemment, de telle sorte que ce fut Jethro le plus rapide à la réceptionnais, mais je n’avais guère ni le temps ni le loisir de m’en préoccuper. J’affrontais avec autant d’assurance et de fermeté mon ainée qu’il en émanait de sa personne. Gravissant les marches pour la rejoindre, j’aurais pu me délecter de l’ignorer en restant en bas, mais la vérité était que je vivais habitée par l’appréhension de rentrer à jour pour découvrir que Jethro avait été fait euthanasier par cette incarnation de l’insensibilité. Je ne lui décrochais cependant pas un mot pour le moment, continuant mon chemin en passant à sa hauteur avant qu’elle ne tourne les talons et m’imite dans mon action d’entrer dans la maison. Elle me doubla même avant que nous en franchissions le seul. Par dessus mon épaule, un dernier regard, je t’adressais. Certaine que l’occasion ne nous serait donné d’à nouveau nous rencontrer. J’éprouvais ce léger pincement que je me refusais cependant à nommer regret. Puis, de ta vue, je disparaissais. Peut-être si tu étais invité à pénétrer à l’intérieur afin d’être briefé, les échos de notre dispute entre ses murs, tu entendrais. Cette voix véhémente qui m’assènerait de tous les torts, de tous les défauts, de tous les maux. Mes répliques intempestives qui en rien n’apaisaient la tension. Peut-être resterais-tu assez longtemps pour entendre des sifflements d'air conclus par un claquement que tes oreilles ne sauraient probablement définir. Mais ensuite, tu devrais te concentrer sur les ultimes et énièmes consignes qu’on te formulerait. Parmi lesquelles, je n’en doutais, l’une te stipulerait qu’en cas de rencontre avec ma personne dans le cadre de ton travail – bien que tel incident ne devrait plus avoir lieu de se reproduire – tu serais tout juste autorisé à me saluer, par politesse, en silence de préférence, et surtout d’abstenir d’essayer de me parler ou de me regarder… Telle était la loi de cette maison.
Appareil raccroché, je ne prenais conscience de ce voile de légèreté qui avait enveloppé précédemment mon coeur qu’à présent qu’il se faisait de plomb. Poids accablant du retour à la réalité, m’ouvrant les yeux sur mes instants de perdition, d’évasion dans un monde fait d’insouciance et de simplicité. Je me retournais et sur vous deux mes yeux se posaient. Jethro et toi sembliez faits pour former un bon duo. Tu ne le connaissais probablement pas assez pour t’en rendre compte. Certes, ce farceur se révélait facilement sociable mais tu détenais déjà une certaine de complicité naissante avec lui. Assurément, il t’en ferait baver, mais, malgré ton apparence, j’avais le pressentiment que tu saurais persévérer. Lui aussi sans doute, raison pour laquelle tu lui plaisais déjà tant. Quelques instants encore, je vous observais, restant en retrait. Et je sentais, la douceur du moment précédent qui s’échappait au gré des feuilles mortes que le vent fit virevolter. Rares se faisaient les fragments de temps où il m’était donné de m’amuser. Tu n’avais pas tout à fait tort dans ta façon de me juger bien que jamais, je ne le reconnaitrais. Ce n’était pas l’envie qui m’en manquait, plutôt mon mode de vie qui ne me le permettait. Cette brève sortie dans le parc avec toi me serait déjà sévèrement reproché. Et pourquoi, ces instants si doux fut-ce avec toi que je venais de les partager ? Pourquoi ne pouvais-je vivre cette précieuse simplicité avec mon fiancé ? Je m’énervais que tu pointes les travers de mon quotidien car inconsciemment, tu ne faisais que remuer un couteau perforant déjà la plaie. Tu parlais sans savoir, n’imaginant même pas à quel point je me démenais déjà pour conserver les libertés que je m’octroyais. Ou combien les raisons m’interdisant l’insouciance s’avéraient nombreuses. J’aurais aimé prolonger cette agréable virée, à m’amuser avec Jethro. J’aurais pu me rebeller et envoyer paitre mon aînée, mais je ne présageais que trop les conséquences, et plus que toi ou moi, celui qui en subirait le plus les conséquences serait Jethro.
Ainsi résignée, sur mes pas je revenais et vous rejoignais. L’enthousiasme de mon fidèle ami à quatre pattes me décrocha néanmoins un sourire sur mon visage assombrit. Ta perspicacité sur l’instant, je préférais ne pas relever. Ma fierté n’acceptait de reconnaitre de vive voix l’illusion de soumission que l’appel de ma grand-mère produisait. La commissure de mes lèvres réagit néanmoins, timidement, hésitante, à t’entendre prendre un tel engagement de te muscler. Essayais-tu une pointe d’humour pour détendre une atmosphère devenue aussi soudainement bien plus froide que le vent automnale. À l’instar de cet épais nuage qui passait devant l’astre céleste, le halo de lumière qui nous berçait, s’était éteint. Ne se révélant à notre conscience qu’une fois disparu. En revanche, tu semblerais avoir besoin d’un indéniable apprentissage pour savoir quand te taire. À tes mots suivants, je te dardais soudainement. De tous tes dons, le plus manifeste semblait être sans contexte celui de m’irriter. « Dis-tu donc toujours une chose et son contraire ? » Question aussi réthorique qu’ouverte car, je me le demandais sincèrement, si tu avais conscience de l’absurdité de ta dévotion. « Tu prétends être prêt à faire des efforts pour ce poste et l’instant d’après, tu pousses de toi-même la porte de sortie ? » Qu’imaginais-tu si tu revenais à ma maison en annonçant m’avoir d’une fois ou d’une autre influencé, forcée à t’accompagner ? À cette pensée, je ne pus qu’en railler. « Ou bien, ça te prend souvent le délire du preux chevalier ? Crois-tu seulement être crédible dans ce rôle ? » Non pas du chevalier servant, mais de celui qui serait parvenu à avoir l’ascendant sur mon tempérament si obstiné et effronté. Tu t’aveuglais de fausses idées sur ce que tu pouvais représenter dans la cour de cette propriété où nous nous apprêtions à rentrer.« Ai-je l’air de quelqu’un qui fuit ses responsabilités ? » Qu’est-ce qui te faisait croire que j’avais besoin de toi pour m’extirper d’un moment fastidieux ? Me voyais-tu si vulnérable ? « Qu’as-tu donc à me concevoir si fragile et ayant besoin d’un héros ? » Etais-tu si bouffi de préjugé à ne même pas m’accorder qu’en tant que femme je sois capable de tout affronter sans avoir besoin d’un homme pour me couver ? M’imaginais-tu vraiment en train de me cacher derrière toi ? Avais-tu un si sérieux problème de complexe t’inventer de la demoiselle en détresse ? À moins que ta perception de ma personne ne soit tout autre et que du protecteur tu te plaçais en soumis sous mon joug tyrannique ? « Ou parce que je suis une princesse, je jette le premier venu en pâture pour essuyer mes fautes ? » J’étais cette personne auparavant, en effet. Je pouvais toujours l’incarner à nouveau de nos jours, mais qu’en de très rares occasions et cette situation ne nécessitait que je renoue avec mes vieux démons. Tu étais certes jouet, mais il semblerait que je ne souhaitais te jeter trop rapidement. Or, si tu te plaçais en coupable, jamais tu ne serais autorisé à revenir t’occuper de Jethro. « Crois-tu seulement que tu sois en mesure de t’adresser à ces gens là ? » Pensais-tu qu’ils t’écouteraient ? Que ta paroles aurait la moindre valeur à leurs oreilles ? Oh mon grand-père saurait te donner l’illusion de te satisfaire en t’accordant audience, mais son attention tu ne capterais. Ma grand-mère, elle, ne se donnerait même pas cette peine. Tu ne valais pas mieux que l’excrément de chien pour lequel tu serais payé à ramasser. « Occupe-toi de tes affaires, je gère très bien les miennes ! » D’une voix aussi sèche que le mouvement de poignet m’emparant derechef de la laisse, je tranchais. Sans te laisser en placer une, sourde oreille à toute tentative que tu pourrais vainement tenter d’énoncer, je tournais les talons. Emmenant Jethro avec moi, j’ouvris la marche.
Chemin du retour vers la maison, avec condescendance, je t’ignorais. Que tu te tiennes en retrait ou à ma hauteur, je n’y prêtais d’attention. Je préférais largement ne plus t’entendre, ne plus t’apercevoir dans mon champ de vision, car immanquablement tu commettais encore matière à m’agacer. Comment avais-je pu poser un seul instant les mots douceur et bonheur sur quelques uns de ces instants qu’en ta compagnie j’avais partagé ? Assurément, la présence de Jethro avait surpassé la tienne, c’était là, la seule explication plausible. De nos pas, nous remontèrent le trottoir de l’avenue. Si l’orchestre disharmonieux de la ville autour de nous résonnait, entre nous, le silence régnait. Mon ignorance dédaigneuse je dus néanmoins balayer une fois que nous parvînmes au portail d’entrée de la propriété de mes ainés. Te dominant malgré les centimètres qui me faisaient défaut, mes mots je daignais t’accorder de nouveau : « Je vais te filer quelques conseils quand tu dois mettre les pieds ici. Rends les sourires de mon grand-père mais ne te leurre pas de leur sincérité. Il manie seulement l’art de l’amabilité. Quant à ma grand-père, contente toi de baisser la tête et les yeux si tu viens à la croiser. Ne te fais pas remarquer, car cela ne sera jamais de manière positive. » J’espérais que tu ne te ferais de fausses idées. Si je tenais à t’aider à décrocher ce poste, ce n’était en aucune façon car tu m’aurais suscité une quelconque sympathie mais seulement pas nécessité. Il se faisait urgent que je trouve une personne à même de s’occuper de Jethro.
De retour, sous nos pas nous foulions l’allée qui menaient à la cour d’entrée principale. Jethro entre tes mains j’avais à nouveau confié après que nous ayons franchi le portail. Désagréable surprise, tu pus voir à mon instar, cette silhouette austère – bien que quelque peu en chair, modérément – qui se dressait sur le seuil de la porte d’entrée. Mon pas, j’hâtais alors comme pour te faire comprendre de rester en retrait. Tout ce qui par la suite se passerait ne te regarderait à l’exception peut-être… Lorsque je vis le regard assassin que me jetait ma grand-mère à mon approche, je pris alors conscience de la source de son courroux décuplé. Ta veste qu’aussi inconsciemment qu’inconsidérément, sur mes épaules, je portais encore. Mes yeux s’écarquillèrent alors. Avec empressement, je m’en dévêtais et te la balançais. Négligemment, de telle sorte que ce fut Jethro le plus rapide à la réceptionnais, mais je n’avais guère ni le temps ni le loisir de m’en préoccuper. J’affrontais avec autant d’assurance et de fermeté mon ainée qu’il en émanait de sa personne. Gravissant les marches pour la rejoindre, j’aurais pu me délecter de l’ignorer en restant en bas, mais la vérité était que je vivais habitée par l’appréhension de rentrer à jour pour découvrir que Jethro avait été fait euthanasier par cette incarnation de l’insensibilité. Je ne lui décrochais cependant pas un mot pour le moment, continuant mon chemin en passant à sa hauteur avant qu’elle ne tourne les talons et m’imite dans mon action d’entrer dans la maison. Elle me doubla même avant que nous en franchissions le seul. Par dessus mon épaule, un dernier regard, je t’adressais. Certaine que l’occasion ne nous serait donné d’à nouveau nous rencontrer. J’éprouvais ce léger pincement que je me refusais cependant à nommer regret. Puis, de ta vue, je disparaissais. Peut-être si tu étais invité à pénétrer à l’intérieur afin d’être briefé, les échos de notre dispute entre ses murs, tu entendrais. Cette voix véhémente qui m’assènerait de tous les torts, de tous les défauts, de tous les maux. Mes répliques intempestives qui en rien n’apaisaient la tension. Peut-être resterais-tu assez longtemps pour entendre des sifflements d'air conclus par un claquement que tes oreilles ne sauraient probablement définir. Mais ensuite, tu devrais te concentrer sur les ultimes et énièmes consignes qu’on te formulerait. Parmi lesquelles, je n’en doutais, l’une te stipulerait qu’en cas de rencontre avec ma personne dans le cadre de ton travail – bien que tel incident ne devrait plus avoir lieu de se reproduire – tu serais tout juste autorisé à me saluer, par politesse, en silence de préférence, et surtout d’abstenir d’essayer de me parler ou de me regarder… Telle était la loi de cette maison.
(c) DΛNDELION
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