Only lovers left alive

Ses sanglots me torturent tellement. Je crois que c’est la première fois de ma vie que je m’en veux autant de faire pleurer quelqu’un. Chaque larme nous éloigne un peu plus et chacune d’entre elles resserre la boule que j’ai dans le fond du bide. « Ce n’est pas moi la mauvaise personne si je refuse de te pardonner, pas vrai ? Ce n’est pas moi qui ai tout gâché… est-ce que c’est moi ? J’aurais voulu être une jolie chose pour que tu puisses t'en contenter… » Ne pas me pardonner. Tout gâcher. Je reste interdit face à ses mots et observe une larme qui tombe sur mon t-shirt. Lentement, je lève ma main et caresse ma joue humide. C’est la première fois que je pleure pour quelqu’un. Ne Nana… Tu ne te rends pas compte à quel point j’ai pu en vivre moi aussi des premières fois grâce à toi ? Des vraies premières fois et c’est sans doute aussi pour ça que je suis tombé pour toi.

« Pourquoi t’es pas parti… tu savais ce que tu faisais ? Et tu savais que ça me ferait du mal… pourquoi t’as continué… pourquoi t’as pas fait comme tous les autres et que t’es pas parti en me laissant avant que je tombe vraiment amoureuse de toi ? » « Parce que… » J’avance et elle recule, elle recule tellement. Je la regarde et secoue la tête avant d’avancer encore même si elle me dit le contraire, jusqu’à me stopper net en la voyant partir. « Ne t’approche pas… s’il te plait… » « Nana… » Non, ne pars pas. Les gens autour nous regardent et je m’en fous. Je m’en fous tellement. Mais elle, je sais qu’elle doit sentir leurs regards peser sur elle. Mais la voir partir. « PARCE QUE J’ETAIS AMOUREUX DE TOI… ! » Je le crie un coup et la suis en gardant un mètre de distance. « Je me voilais la face parce qu’aimer… et risquer de subir le manque d’amour un jour me terrorisait. Alors j’voulais pas aimer. Mais toi… toi je t’ai aimé rapidement. Et je ne voulais pas me le dire. Ça me foutait la trouille de changer comme ça pour quelqu’un. Je sais… C’est pas ta conception de l’amour et j’ai mis du temps à changer et je t’ai blessée. M…mais j’ai changé. Nana… I’m so… glad you came into my life. Please… don’t leave. » Don’t. I don’t want to be a monster in your eyes. « Please. » J’essuie mes yeux humides et la regarde le cœur battant comme jamais.

Et des hommes commencent à intervenir, lui demandant si elle va bien, si elle a besoin d’aide et je serre les dents, laissant un grondement sourd m’échapper tandis que mon regard reste vissé sur elle. Don’t go…

Only lovers left alive

Elle aussi était tombée amoureuse. Deeply. Madly. Elle l’avait aimé sans se poser de questions. Pas pour le sportif qu’il était mais pour l’homme qu’elle connaissait. Pour ses sourires dépassés par sa maladresse et pour son regard qui la couvrait d'une attention toute particulière. Lorsqu'il tendait les bras pour la garder près de lui ou qu'il récupérait sa main l'air de rien pour la réchauffer dans la sienne. Elle était tombée pour lui, l'ambivalence de ce qu'il était, simple et charmant derrière la coquille de sa désinvolture de mauvais garçon. PARCE QUE J’ETAIS AMOUREUX DE TOI… ! Dis pas ça Nicky… s’il te plait… ne le dis pas. C’était encore pire de l’entendre maintenant, lui dire qu’il l’aimait et entendre sa voix craquer alors que c’était trop tard. Son coeur se serre, chaque fois un peu plus, et il se brise, toujours encore un peu. Elle voulait partir.

Alors pourquoi elle restait là. Incapable de bouger, à se faire du mal et s'obliger à l'écouter parler. Se justifier. Lui dire comme il l'aimait et comme il regrettait. L'empêcher de respirer. La laisser sangloter. Et la priver à jamais de ses bras pour la réconforter. « Moi je t'aimais... » elle frissonne et le regard baissé, continue dans un souffle à peine audible « je t'ai aimé, tout de suite et je t'ai fait confiance... je pensais que tu serais différent des autres, que tu serais... je pensais que tout ce que tu me disais c'était vrai... jamais je me suis doutée que toi aussi tu pourrais me mentir parce que... tu pouvais pas me mentir... t'étais pas comme les autres, je pensais avoir appris la leçon... alors pourquoi tout le monde part toujours ? » Parce qu'elle n'y arrivait pas. Le quitter. Elle avait la peur au ventre de lui tourner le dos et de partir sans lui.

Pauvre Nana. Couverte de regards inquiets et bienveillants. Ce n'est pas vrai... leur dire qu'elle va bien, c'est un mensonge et elle est la première à ne pas y croire. Elle pivote doucement sur ses talons et relève le visage vers son petit-ami. Ex petit-ami. « Goodbye, Nicky » elle ne peut pas contrôler le tremblement dans sa voix, son petit corps tout fébrile, secoué par les sanglots et le vent froid de l'automne. Elle n'arrive pas à le regarder, les yeux rivés sur ses poings serrés et son t-shirt humide. Il est si beau. Et elle se déteste de l'aimer autant malgré tout le mal qu'il lui fait.

Cette fois-ci, elle est partie pour de bon.