What consumes your mind controls your life

Je serre les dents, en proie à un mouvement de rejet violent. « Lâche-moi. » J’exige à nouveau froidement. Sa main lacère ma peau, elle imprime sa marque rouge sur mon bras. Je supprime un râle de douleur à l’endroit où la blessure reste intacte. « Chae Soo Kyung ? T’es une belle salope. Tu t’es bien foutue de notre gueule ! » Je savais qu’ils reviendraient. Que ce n’était qu’une question de temps. Que les quelques mois durant lesquels je ne leur avais pas donné de nouvelles ne feraient qu’attiser leur colère et gronder l’indigeste vengeance qu’ils espèrent bien me faire payer. D’un sadisme tortueux qui brille dans ses yeux, je reconnais ce grand type assez mal présenté, qu’on n’aimerait jamais avoir à fréquenter. Une odeur de tabac froid mélangé à combien d’autres vices innommables et innombrables. Sa main libre attrape mon visage au creux de sa paume et m’oblige à le regarder, craignant que les derniers pans de mon identité ne lui soient dévoilés pour de bon. Je le fusille d’un regard tranchant lorsqu’un souffle glacé transperce et secoue mon corps, « tu pensais qu’tu pouvais nous échapper ? » Un sourire mesquin déforme les traits de son visage. Une dernière fois je répète, intransigeante et venimeuse, articulant les mots qu’il n’avait pas l’air de comprendre « lâche-moi. »

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La voiture de son chauffeur est arrêtée, au coin de la rue, tandis que l’esprit de Hyeon travaille à grande vitesse, perdant tout contrôle de celui-ci. Il revoit la scène précédente, en boucle, parasitant son esprit, ne lui permettant pas de penser à autre chose. Mais d’un autre côté, il entend les mots de la jeune femme qui résonnent tout autant, lui interdisant presque d’agir quand il s’agit d’elle. Il s’était promis de ne plus interférer dans sa vie. De ne plus croise son chemin. De ne plus lui adresser la moindre parole. Mais . . . doit-il ignorer le fait qu’elle soit, semble-t-il en danger ? Doit-il celui qui n’a rien vu et rien entendu ? Et si jamais demain il retrouve un article la concernant, va-t-il encore dormir et avoir bonne conscience ? Qu’est-ce qui est préférable ? Faire l’ignorant ou agir en bonne conscience ? Il prend une grande inspiration réalisant alors à quel point il est stupide de penser autant alors qu’à sa place, elle aurait sûrement tourné les talons. Et c’est sur dernière pensée qu’il ouvre brutalement la porte de la voiture, précisant à son chauffeur qu’il revient dans quelques minutes, s’en allant vers la scène où elle s’y trouve. A peine est-il arrivé à hauteur des protagonistes qu’il les toise un par un, se faisant discret mais aussi entendre. « Excusez-moi messieurs de vous déranger, mais je doute que cela soit le lieu et l’heure pour, arrêtez-moi si je me trompe, persécuter une femme. Ne trouvez-vous pas cela lâche d’être plusieurs contre . . . », il la regarde de haut en bas, « une petite femme ? ». Un petit pic au passage. Il s’approche du groupe, se plaçant aux côtés de la jeune femme, les bras croisés. « Je doute que cela soit une bonne idée et je suis dans le regret de vous apprendre que je peux difficilement passer mon chemin sans m’arrêter. Pour vous alertez, rien de bien méchant ! ».

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Qui pour me confier ? Il n’y avait absolument personne et je connaissais trop bien la mentalité individualiste des gens pour s’occuper des affaires qui n’intéressent personne d’autre qu’eux-mêmes. Je n’ai besoin de personne. Je savais me détruire seule. Ce n’était peut-être qu’une justice équitable que d’en payer les conséquences seule ? J’envisage mes options quand mon sourire cynique fait table rase des inquiétudes. Je n’apprendrai jamais rien. Tant qu’il ne me sera pas arrivé quelque chose de grave, je crois bien que je n’apprendrai jamais rien. C’est peut-être en ça que mon père disait que je n’étais rien d’autre qu’une idiote sans jugeotte.

Des chuchotis et des regards imprévus. Ils n’étaient pas assez à deux, pour s’occuper de la pauvre gamine paumée que je suis ? J’aperçois une ombre au sol qui se rapproche. Doucement, avec une certaine classe. Et je reconnais sa voix entre mille, sa silhouette à contre-jour ne laissant pourtant aucun doute sur son identité. Putain de merde… « C’est qui celui-là ? Il veut s’mêler de ce qui l’regarde pas ? Tu nous avais pas dit que t’avais des admirateurs Sooki. » Leurs sourires sont vils et ils n'amusent qu'eux. Je tressaillis sans un regard. « Casse-toi » je lui souffle froidement. T’es inconscient de te ramener là. Ma discrétion échoue et l’un d’eux reprend la parole. « Tu le connais ? » Son ton devient menaçant. Quant à mon silence, il équivaut à un « ta gueule » qu’il n’a pas l’air d'apprécier. « T’as cru que tu pouvais te barrer et te pavaner au bras d’un salopard en costard ?! Fallait mieux t’renseigner, on fait pas de remise pour les traînées. Tu règles tes comptes ou alors » il tire sur mon bras pour terminer sa phrase à mon oreille « ce serait bête qu’il arrive quelque chose à ton petit copain. » Je me retiens de lui cracher au visage avant de les voir disparaître. Peut-être bien parce qu'avec Hyeon, se ramène un service voiturier au bout de la ruelle, qui pourrait bien attirer plus d'attention que de raison.

Je reste silencieuse. Les muscles tendus et tremblotante sous le poids des événements. « Oublie-moi. » Je chuchote avant d'exploser. « Oublie-moi et passe ton chemin quand tu me vois... mais putain ! N'essaie pas de m'faire croire que t'es plus con que t'en as l'air ! Qu'est-ce que t'as pas compris ?! » Je le regarde sans pitié en pivotant sur mes talons.

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Encore une fois il tombe dans son propre piège. Et encore une fois il n’est pas capable d’avancer sans reculer. Et encore une fois il s’en va l’aider. Et encore une fois il est là pour elle. Il sait, au moment où il parle, qu’elle ne va pas apprécier. Qu’elle va encore le rejeter. Le repousser. Pour ne pas changer. Mais il ne peut pas rester aveugle. Il ne peut pas nier la scène présente sous ses yeux. Il ne peut pas ressentir de la culpabilité. Il préfère agir que laisser. Et il n’a finalement pas tort de le faire. Même si les agresseurs semblent quelque peu menaçants, laissant un goût amer dans la bouche de Hyeon, ils ne font rien. Du moins pour l’instant ils s’en vont. Simplement. Les laissant tous les deux, Hyeon transpirant légèrement face à cette tension. Il a cru qu’il allait y passer et il a bien cru qu’il allait le regretter. Il relâche donc la pression dès qu’ils leur tournent le dos, son regard se focalisant alors sur sa voisine qui ne semble, encore une fois, pas heureuse de le voir mais qui semble être toutefois soulagée. Même pas elle le remercie, débutant déjà les hostilités. « Qu’est-ce que . . . ». Il inspire profondément, se demandant bien quand est-ce qu’elle va cesser de jouer les fortes, surtout dans une telle situation, si risquée. « Merci Hyeon de m’avoir aidé. Merci d’être venu à mon aide » dit-il d’un ton presque froid et sarcastique, se surprenant lui-même. « Je suis sincèrement désolé d’avoir voulu t’aider. Désolé de ne pas être de ceux qui continuent leur chemin en voyant une personne qui semble avoir besoin d’aide ». Il le savait de toute manière, qu’elle allait lui faire des reproches, mais il a préféré ça que prendre le risque d’avoir de mauvaises nouvelles dès demain qu’il aurait pu éviter. « J’ai juste été égoïste et j’ai juste pensé à ma culpabilité après. Je ne voulais pas avoir ça sur ma conscience, c’est tout », son visage reste placide à ces mots, ne cillant pas une seule fois. « Si tu crois que ça m’amuse . . . pas du tout. J’aimerai ne pas devoir à chaque fois venir à ton aide. Sincèrement j’aimerai . . . mais est-ce de ma faute si je te croise toujours dans de mauvaises circonstances ? Je vais finir par croire que tu le fais exprès ». Alors qu’il sait que non, elle n’est pas comme ça Miu. Et surtout pas avec lui.

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Elle inspire. La buée glisse entre ses lèvres, elles s’étirent d’un sourire doux et amère. « Merci » elle répète d’une voix concentrée, comme si c’était la première fois qu’elle entendait ce mot. « Merci ? » Et cette fois-ci, son sourire léger disparaît. « Et pourquoi je devrais te remercier ? Si tu cherchais les remerciements, t’aurais dû savoir que c’était pas la bonne intersection pour faire ta bonne action de la journée. » Elle lui jette au visage, dure et sévère.

Ses mains glissent à la racine de ses cheveux. Ils ne sont plus là et pourtant, c’est comme s’ils n’étaient jamais partis. Parce qu’ils l’ont mise en garde. Et qu’elle sait qu’à présent qu’ils savent où la trouver, elle n’y couperait plus comme elle avait eu l’air d’y penser. « Je vais pas te remercier de me foutre dans la merde. » Parce qu’elle n’a pas le cran d’avouer que c’est lui qu’elle a entraîné dans sa chute. « Qu’est-ce que tu fais là Hyeon ? Pourquoi est-ce qu’un garçon comme toi vient traîner dans des rues comme celles-ci. » Elle le juge d’un regard condescendant mais elle l’envie. Lui et sa stabilité. Lui et ses murs protecteurs. Lui et tout ce qu’il est, à l’abri du besoin et des tentations de la rue. « Si tu pensais m’aider c’est raté. » Elle parle sans donner l’air d’avoir peur. « Parce que si ce n’est pas ce soir alors ce sera un autre soir. Et tu ne seras pas là. Est-ce que tu pourras vivre avec ça sur ta conscience ? » Elle parle comme d’une fatalité, comme si elle cherchait vraiment à lui faire regretter d’être venu. « Ta conscience. T’as rien d’autre que ça en bouche. Est-ce que je suis une œuvre de charité ? » Dis-le, Miu. Que t’es quand même heureuse que l’heure fatidique ne sonne pas ce soir. Mais elle a beaucoup trop d’orgueil pour ça.

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Il ouvre la bouche, s’apprêtant à répliquer quelque chose jusqu’à ce qu’il perçoive le son de sa voix qui le remercie. Elle a dit quoi ? Les yeux écarquillés, il n’écoute pas davantage la suite, encore surpris par les mots de la jeune femme même s’ils ont été de courte durée. Il ne sait pas si elle le lui a dit de manière désinvolte, ironique, mais qu’importe, elle a dit merci. Pour la première fois de sa vie, elle l’a remercié. Il chasse toutefois rapidement ce petit mot de douceur, son front se crispant de nouveau. « Te . . . quoi ? Je dirai que c’est plutôt le contraire non ? Tu ne crois pas que je m’expose à un grand risque en venant t’aider ? Contrairement à toi je ne suis pas habitué à ce monde de délinquants ». Il inspire profondément se demandant lui-même ce qu’il fait là, tombant inlassablement dans le piège de toujours vouloir l’aider, et elle, l’a-t-elle déjà aidé une seule fois ? Jamais. « Si ça peut te rassurer je me suis trouvé ici par pur hasard et j’étais juste de passage. Un passage qui a finalement duré plus longtemps que prévu », il la toise du regard, lui faisant comprendre que c’est purement de sa faute. De nouveau les mots de la jeune femme l’alerte et sonne, à ses oreilles, comme une aide. Pourquoi lui demande-t-elle ça ? Il n’y a pas de raison pour qu’il ait ça dans sa conscience si dans les jours prochains il lui arrive quelque chose. Il n’en serait pas responsable. Il n’est pas responsable de sa survie n’est-ce pas ? « Je ne comprends pas Miu . . . Pourquoi tu me poses cette question ? Si je t’ai aidé ce soir c’est parce que je suis passé devant, mais crois-tu que je serai toujours à tes côtés, t’apercevant en danger ? ». Elle le sait. Il le sait. Il ne pourra pas toujours être là. Elle ne pourra pas toujours être sauvée. « Tu n’es pas une œuvre de charité Miu, tu es mon amie », les mots s’en vont seuls, dépassant les portes de ses lèvres, son regard prenant un air horrifié, « enfin je veux dire tu étais mon amie ». Lapsus révélateur ou bien simple erreur ? « Enfin de toute manière tout ce que je fais t’insatisfait. Ce n’est jamais bien même quand c’est bien ». A croire qu’il ne fait que des erreurs.

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Son regard plus froid encore que le givre glisse jusqu’à lui. « Tu penses sincèrement qu’il y a quelque chose à comprendre ? » Le monde n’est pas fait que de logique et de choses qui s’expliquent. Elle soupire. Toujours les mêmes discours qui ne changent jamais.

Quelque chose se brise en elle, qui la pousse à garder son sérieux plutôt qu’à lui rire au nez. Subitement, ses doigts se referment sur ses paumes et son souffle lourd fait trembloter sa poitrine. « Nous ne sommes pas amis. » Elle se reprend, cherchant pour une fois à tempérer ses propos plutôt qu’à le heurter. « Toi et moi, on ne peut pas être amis. Tu me traites de délinquante… et peut-être bien qu’t’as raison !? » Sa gorge se serre et sa voix monte d’un cran. Elle n’est pas énervée contre lui. Elle serait plutôt en colère contre elle-même, réalisant l’impact d’un trop grand nombre de choses dans sa vie. « Bien sûr que non tu seras pas toujours à mes côtés ! Personne l’a jamais été, et alors ? Ca change quoi ? Viens pas te mettre en danger pour moi, c’est pas ce que je te demande ! » Ses doigts glissent à la racine de ses cheveux et la manche de son manteau remonte d’un même mouvement, laissant apparaître des traces subtiles de sa précédente altercation avec Ha Jun. A croire qu’ils veulent tous la sauver… une horde de justicier et rien ne bouge. « J’ai besoin de l’aide de personne. J’ai encore moins besoin de voir les gens que je connais prendre les coups à ma place… qu’est-ce que tu crois qu’il va se passer s’il décide de s’en prendre à toi un jour ?! » God, damn it ! Est-ce qu’elle s’inquiète pour lui ? Elle aimerait croire que non. Que c’est du bon sens et qu’un esprit sain n’irait pas au-devant des ennuis. La vérité, c’est que Miu n’a pas envie qu’il arrive quoi que ce soit à Hyeon. Peut-être bien parce qu’ils ont grandi ensemble. Parce qu’il a été là pour elle à une période de sa vie. Peut-être bien parce qu’ils ont toujours été amis, sans même le savoir et sans même le vouloir. « Si je suis une délinquante, traite-moi comme une délinquante. Pas comme une amie. » Ou alors traite-moi comme une amie mais fait le bien.

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Chaque fois qu’il se retrouve face à elle il ne sait pas quoi dire, ayant le sentiment étrange de toujours dire le contraire de ses pensées. Ses pensées réelles du moins. Il sait qu’il n’y a rien à comprendre, et que malgré son désir de ne pas s’infiltrer dans la vie de la jeune femme il le fait quand même. Pour une raison qui lui échappe, pris par un flux d’énergie qu’il ne contrôle pas. Mais aussi parce qu’il connait sa vie, du moins son passé, et sait pertinemment qu’elle n’a pas eu la vie facile, et s’en doute que sa vie n’est toujours pas aussi facile, comme prisonnière d’un gouffre sans fin. Il sait, malgré lui et malgré elle, qu’elle n’est pas si forte qu’elle semble le faire croire. Qu’elle a besoin d’aide, tout autant que les autres. Qu’elle a besoin de personnes à ses côtés même si elle clame le contraire. Sa gorge se serre, son cœur aussi, quand elle lui dit que personne n’a jamais été là pour elle et ce n’est sûrement pas demain que cela va changer. Mais en même temps, elle le cherche. Elle cherche à fuir les autres. Elle cherche à les éloigner. Mais . . . il y a aussi une part d’elle qui, inconsciemment, à besoin des autres, de soutien, et c’est ce qu’il traduit en l’entendant dire de telles paroles. « Miu . . . » pour une fois sa voix se fait douce, presque tremblante, parce qu’il retrouve cette petite fille qui venait le voir, parfois, après s’être fait gronder, voir même battre, par son paternel. Il revoit cette petite fille qui gardait toujours le sourire, précisant qu’elle allait bien alors qu’au fond, elle n’allait pas bien. Il revoit cette petite fille qu’il a toujours voulu protéger des adultes, des dangers du monde, qu’il a toujours voulu soutenir. Il revoit cette petite fille qui était son amie. Sa précieuse amie. « Les gens ont peut-être envie d’être à tes côtés Miu, de t’aider, mais c’est toi qui les repousses ». Il inspire profondément, faisant un pas vers elle, remarquant alors ses quelques égratignures et une blessure datant de quelques jours, sûrement. Il lui prend doucement le bras, « tu t’es fait ça où ? ». Il ne répond même pas à ses précédents dires, soudainement inquiet pour elle. « Tu t’es faite soigner pour ça ? », il sent que la colère lui monte étrangement au visage, serrant l’un de ses poings. « Réveille-toi Miu. Tu n’es pas une délinquante comme les autres, comme eux. Tu . . . peux sortir de tout ça », finit-il par lâcher.

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Elle repousse les gens parce qu’elle ne fait confiance à personne et parce que les rares personnes qu’elle oserait jamais apprécier ne devraient pas avoir à payer pour les mauvais choix qu’elle a fait dans sa vie. Une succession de mauvais choix qu’elle donne l’impression d’assumer alors qu’elle voudrait simplement y échapper. C’est en Corée du Sud qu’elle a grandi mais ses repères ont disparu. C’est aux Etats-Unis qu’elle a fait ses armes mais elle ne s’y est jamais sentie complètement chez elle. Miu n’appartient nulle part. Et à personne. On l’a arrachée ici et collée là. On lui a dit de se tenir à carreaux et de faire les choses comme elles lui étaient dictées. Elle n’a nulle part où aller. Et lorsqu’elle y pense vraiment c’est terrifiant. C’est pour ça qu’elle oublie en faisant n’importe quoi de sa vie. « J’ai besoin de l’aide de personne » les gens qui vont et qui viennent elle les a trop connus « ça fait longtemps que je ne crois plus au Père Noël. »

Sa voix douce qui chuchote son prénom la renvoie à des souvenirs si tendres qu’elle les avait oubliés. Me fais pas ça Hyeon elle regarde ailleurs lorsqu’il se saisit de son bras. Putain manquait plus que ça. « On peut dire ça comme ça » par un étudiant en médecine, fervent pratiquant d’une médecine illégale surtout orientée pour soigner les blessures de gang. Typiquement le genre de détails qu’elle passera sous silence pour ne pas l’inquiéter davantage. « Je peux sortir de tout ça ? » Elle sert les dents devant son ignorance et de nouveau, la paravent d’un sourire moqueur qui ne se veut pourtant pas méchant « et j’en sors pour aller où ? Toi dis-le moi, parce que j’ai beau chercher j’en ai aucune idée » on ne se tourne pas vers ce qu’il appelle adorablement la « délinquance » par choix. Pour autant elle devrait être honnête avec lui et soupire « j’ai pas le choix alors ne me dis pas ce que je sais déjà, si j’avais pu le faire je l’aurais fait depuis longtemps » et elle l’avait fait ; jusqu’à ce qu’ils la retrouvent.

Elle se confie bien plus qu’elle ne le devrait, bien plus qu’elle ne le voudrait « franchement Hyeon, on dirait que tu t’inquiètes pour moi » elle dit ça sur le ton de la plaisanterie comme si elle s’en fichait – est-ce qu’elle s’en fiche vraiment ?

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Pourquoi est-elle si froide ? Pourquoi ne parvient-il pas à s’en détacher malgré ses comportements qui lui déplaisent tant et qui l’aurait amené à la détester réellement ? Peut-être parce qu’il sait qu’elle reste sa précieuse amie, celle avec qui il a passé des moments uniques et qui l’a de nombreuses fois aidé à dépasser les limites imposées. C’est elle la première qui l’a initié à l’au-delà, à être lui juste un peu, mais qui a aussi engendré une totale fermeture de sa coquille, désireux de ne plus jamais la laisser s’ouvrir, même un peu. Mais de nouveau il a changé et c’est certainement pour cette raison qu’il se sent davantage toucher par la jeune femme. Parce qu’il devient progressivement lui-même, il apprend à vivre en communauté. « Tu n’as pas besoin de croire au père noël » dit-il simplement, la regardant intensément, dans l’espoir d’y voir quelque chose, un signe, n’importe quoi. Et de nouveau elle tente de fuir, et de nouveau elle lui fait indirectement comprendre que sa vie n’est qu’un gros bordel et qu’elle ne peut y échapper, et de nouveau il se sent coupable. Coupable de ne pas avoir été là quand elle en avait le plus besoin, mais en même temps, avait-elle fait appel à lui ?? Ne l’a-t-elle pas déjà trahi une fois en lui tournant le dos ? Il le sait, elle est capable de renouveler l’expérience. Elle est capable de s’en aller, encore une fois, et de le laisser. Il aimerait pourtant lui donner les clés, des idées pour survivre, mais il n’y arrive pas, parce qu’il ne sait pas. Parce qu’il n’est pas dans sa situation. Parce qu’il n’est pas elle et il ne le sera jamais. Elle lui pose ensuite une question qui le percute et le dérange. Il ne sait pas quoi lui répondre parce que lui-même ne sait pas quoi dire. Et il se dit qu’elle a peut-être raison. Qu’il est inquiet pour elle, mais parce qu’il a de quoi être inquiet. Il la croise toujours alors qu’elle est dans une situation quelque peu déroutante et attristante. Et puis, il reste un homme avec un cœur, ressentant au final de la compassion. C’est sûrement ça, il ressent de l’empathie. A croire qu’il se développe bien et rapidement. Il inspire profondément, n’osant pas dire ce qu’il pense, mais lâchant les mots qu’il garde en lui. « Je crois bien ». Il se mord nerveusement la langue. « Je veux dire . . . n’est-ce pas normal de m’inquiéter pour mon . . . ancienne amie ? J’ai beau vouloir le nier, j’ai beau vouloir te détester . . . je ne peux pas ressentir un tel vice en sachant tout ce que tu subis Miu . . . toute vie si bouleversante. Je veux dire . . . je ne peux pas l’ignorer » finit-il par dire, baissant les yeux, ne sachant pas quoi dire de plus, serrant alors les poings. Elle veut peut-être qu’il réagisse autrement mais il ne peut pas. Doit-il lui tendre la main désormais et lui dire qu’il peut être là . . . en tant qu’ami ?!