Grand dieu, on aurait cru entendre la voix de ses parents provenant d’un automate reformaté ! Kanesuke a un petit soupir. L’argent... toujours l’argent. Ce pauvre enfant croyait décidément tout ce qu’on lui disait. Il apprendrait. Il ne savait pas si ce serait comme lui : de la manière forte, avec maintes douleurs et incertitudes. Il ne le lui souhaitait pas. Mais parfois il fallait de gros chocs pour décrocher des valeurs préconçues et néfastes de la société. Ou peut-être qu’il faisait exactement comme ses parents et que lui aussi voulait que le gamin voit les choses comme lui, par ses yeux. Cette douloureuse constatation lui fait étrangement peser ses mots avec soin lorsqu’il reprend la parole.

« Ce n’est pas mon opinion. Mettre l’argent avant mes envies ne m’a attiré que des ennuis, dans la vie et je me porte très bien depuis que j’ai cessé de le faire. », convient-il finalement, proposant ainsi une alternative sans scander que c’était exactement la chose à faire. De toute façon, s’il fallait être tout à fait honnête, Kanesuke devait admettre ne pas être un modèle à suivre. Tout sauf ça ! Même aujourd’hui alors qu’il se considérait « rangé », il ne l’était pas aux yeux de la majorité. Excentrique, décalé et n’en ayant strictement rien à foutre. En tout cas, cette histoire de coffre le fait grimacer, mais il ne dit rien. Il n’était pas sûr de vouloir tout à fait savoir ! « Encore heureux qu’il ne te frappe pas. C’est inadmissible. Il y a la prison pour ce genre de cinglés, hein. Si jamais... »

Il pouvait toujours appeler les flics ! Par contre, un petit sourire étire ses lèvres, entre amusement et presque... tendresse ? C’était mignon, cette histoire de veilleuse, mine de rien. Il y a un petit moment de flottement. Kanesuke hésitait à s’ouvrir autant. Mais finalement, dans un rire bref et bas pour ne pas s’attirer les foudres du dragons de la bibliothèques, il ose le faire.

« Moi aussi, j’ai une veilleuse. », admet-t-il tout en observant le jeune homme un moment, songeur. Il ne dit plus rien, attend peut-être de voir quel effet ça faisait à ce tout délicat garçon de réaliser que même ceux qui semblaient forts ne l’étaient pas toujours autant qu’on le croyait. Ou au moins, qu’ils n’étaient pas sans peur. « Moi aussi, on m’enfermait quand je n’étais pas sage, quand j’étais petit. »

Ses parents formaient une drôle de secte très malsaine, quand on y pensait. Mais ça n’avait rien à voir avec la religion. C’était l’art du paraître, de la perfection sociale. C’était tout ce qui l’avait fait chuter si dur qu’il aurait pu ne jamais s’en relever. Bref... pour le lycée, il hausse simplement les épaules.

« De toute façon, tu as réussi ces classes. Tu ne peux pas y retourner, c’est impossible. », décrète Kanesuke, ce qui était vrai. Le système scolaire ne perdait pas son temps avec des jeunes qui avaient déjà leurs crédits... et c’était normal, il fallait le dire ! En tout cas, pour ce qui était d’être bizarre, franchement... « Les gens qui ne sont pas bizarres sont très emmerdants. Tu devrais vite t’en rendre compte ! »

Et l’enseignant a un rire amusé alors que Galadriel essaie de marchander ! Il fait un petit clin d’oeil entre charme et amusement au garçon avant d’acquiescer et de tendre sa main pour signer ce pacte !

« Deal. », convient-il tout en serrant vigoureusement la main délicate. « Je suis sûr que tu t’en sortiras. Mais essaie de ne pas être trop naïf. Le monde va te bouffer tout cru. »

Lui, il ne faisait pas confiance à la société, qu’elle soit japonaise, coréenne ou peu importe quoi d’autre... C’était un monstre et il fallait parfois le combattre toute sa vie, surtout quand on était marginal, comme eux.