ça fait presque quatre heures maintenant que tu attends devant les locaux de la radio. tu as tes écouteurs dans les oreilles, branchés à ton portable, lui-même sur la fréquence de l’émission de jae hee oppa. tu aimes ce show depuis ses débuts et tu ne rates aucune émission. tu ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi tu l’aimes tant. sûrement à cause de jae hee. tu aimes sa voix douce et apaisante et son humour. tu envoies souvent des messages de soutien à la radio, mais également des cadeaux et pour le moment t’as pas eu trop de chance. il n’a lu à l’antenne qu’un seul de tous les messages que tu envoies. tu ne harcèles pas non plus le standard, mais tu envoies au moins un message par jour. alors ce soir, tu as décidé que tu allais le voir en personne. t’étais déterminée et sûre de toi pour une fois. tu pensais que tu allais y arriver, que tu pourrais lui parler. sauf que plus l’heure de sa sortie approche et plus tu perds de ton assurance. tes jambes deviennent du coton, ton cœur s’accélère et ton visage pâlit à vue d’œil. tu fais peine à voir assise sur ce banc en attendant de le voir. y a même des passant qui viennent s’enquérir de ton état. tu les rassures et ils disparaissent pas tellement rassuré à l’idée de te voir attendre comme ça toute seule. pourtant c’est ce que tu fais. tu pousses un soupir alors que jae hee annonce la fin de l’émission. t’aurais aimé en écouter plus, même si ce soir tu n’étais pas réellement concentrée, mais aussi parce que ça veut dire qu’il va bientôt sortir. non non ! t’es clairement pas prête. ton cœur de femme fragile va pas le supporter, tu le sais. tu le sens déjà se mettre à battre plus vite. ta respiration se fait également plus rapide, alors que ton regard pose partout sans s’y attarder. tu es complètement en train de paniquer. tu le savais, tu aurais du venir avec ariana. au moins elle aurait pu te changer les idées. sauf qu’elle ne pouvait pas venir et tu te retrouves donc seule comme une quiche. la porte s’ouvre enfin et tu le vois sortir, remontant son manteau sur ses épaules. OMG OMG ! il est encore plus beau en vrai que sur les photos ou le live. tu ouvres la bouche mais rien ne sort. il faut que tu le rattrapes avant qu’il ne monte dans sa voiture. t’es persuadée que ta meilleure amie lui aurait couru après le hélant pour attirer son attention. mais toit t’es pas comme ça. à la place tu te lèves, récupères ton sac, l’ouvrant par la même occasion pour prendre le t-shirt que tu as créé. c’est pas grand-chose, c’est même très simple. mais comme tu savais pas quel genre il aimait. si ça lui plait, tant mieux, sinon c’est pas grave. tu prends alors ton courage à deux mains et tu t’avances vers lui, à grandes enjambées. « jae…. jae hee oppa ? » que tu souffles assez fort pour attirer son attention alors qu’il s’apprêtait à entrer dans sa voiture. il se retourne vers toi, et tu te courbes immédiatement pour éviter son regard. tu lui as parlé c’est déjà bien. tu vas faire une syncope si tu continues. « je suis une fan du show et de vous. j’aime vraiment votre voix et vous êtes super doué. je vous admire et j’aimerai beaucoup que vous acceptiez ça. » tu lui tends un sac avec à l’intérieur le t-shirt que tu as réalisé spécialement pour lui. « c’est pas grand-chose, mais c’est moi qui l’ait fait et je voulais vous le donner… excusez-moi si j’ai été trop loin. » tu ne voudrais pas qu’il pense que tu es une sasaeng qui lui courre après comme une folle. « pardon encore. » que tu souffles parce que tu es embarrassée par ton comportement maintenant. t’aurais jamais du lui parler, jamais… tu te sens mal, tes jambes sont de plus en plus faibles. faites qu’il ne réponde pas, que tu puisses t’asseoir à nouveau.

« on rend l'antenne ! » tu retires ton casque, le déposant sur la table avant de te lever alors que ton équipe commence, elle aussi, à débarrasser leurs affaires. ton boulot vient de se terminer pour la soirée, comme d'habitude, tu as hâte de pouvoir rentrer chez toi mais tu ne fais pas partie de ces personnes qui s'empressent d'abandonner leur poste, t'es pas un acharné du boulot mais tu aimes ce que tu fais, et ça se voit. « mi-kyung, les résultats du concours? » lui demandes-tu, te saisissant d'une partie de tes affaires avant de te pencher vers ses notes. la seule qui est encore assise à son poste, la voilà, l'acharnée du boulot de la team. « tout est bon, la liste sera prête pour demain. » te répond t-elle avant de saluer certains de vos collègues qui vont récupérer leurs affaires pour rentrer enfin chez eux. « t'es parfaite. » termines-tu, lui tapotant l'épaule avant de toi aussi, te diriger vers tes affaires pour les récupérer. « à demain! » leur dis-tu, finalement, enfilant ta veste sur les épaules avant de te diriger, à ton tour, vers la sortie du studio. ta main maintenant un sac et la seconde contenant quelques papiers que tu dois emporter chez toi, tu te diriges vivement vers ta voiture après avoir remonté quelque peu ta veste sur les épaules. tu ouvres la portière de ta voiture avant d'être coupé par une voix féminine « jae…. jae hee oppa ? » tu te retournes afin de lui faire face, une jeune fille, la vingtaine, peut-être. « je suis une fan du show et de vous. j’aime vraiment votre voix et vous êtes super doué. je vous admire et j’aimerai beaucoup que vous acceptiez ça. » ton sourire s'élargit, t'es assez surpris, non pas par la démarche mais par la bonté de cette personne. oh toi, tu as eu à faire à des... disons-le, folles dingues. mais c'était plutôt par rapport au fait que tu es le fils du célèbre et fameux myung sang-wook. aucun rapport avec toi cela dit, bien qu'il y ait certain(e)s fans de ton émission qui sont parfois, très peu respectueux. « oh.. » tu déposes rapidement tes affaires, te débarrassant de tout ce que tu as dans les mains en les déposant sur ton siège un court instant avant de lui refaire face, toujours avec ce même léger sourire. tu attrapes le sac qu'elle te tend, tout de même curieux lorsqu'elle ajoute que c'est elle qui a fait ça, qui a fait quoi? tu te saisies alors des extrémités de ce t-shirt, le sortant du sac. tes yeux s'écarquillent davantage surpris en te disant que c'est sa propre création. mais tu reprends aussitôt la parole lorsqu'elle s'excuse une nouvelle fois. pourquoi s'excuse t-elle? c'est tellement mignon de sa part! « c'est vraiment adorable. » lui dis-tu sincèrement, observant à nouveau ce t-shirt. elle a l'air d'avoir du talent pour ça et surtout, beaucoup d'imagination et d'inspiration. « j'aime beaucoup! » lui dis-tu, toujours aussi sincère, reposant ton regard sur elle tout en repliant le tshirt, non sans l'observer à nouveau cela dit, tu aimes beaucoup son style. ton sourire s'agrandit alors, t'es touché par tant de gentillesse. « je te remercie en tout cas. c'est vraiment gentil de ta part. » pour ce t-shirt et les compliments, d'ailleurs, tu t'empresses d'ajouter : « toi aussi tu es très douée d'ailleurs. » habillé d'un sourire complice. c'est vrai que pour le coup, tu es vraiment stupéfait. tu n'as pas vu le reste de ses créations (s'il y en a) mais t'aimerais voir ça. tu ranges alors le vêtement dans le sac que tu poses lui même sur ton siège, apercevant un petit mot qu'elle t'a laissé. en fait tu y lis plutôt distinctement son nom. « chu jin hee... » tu fronces les sourcils, cherchant un peu dans ta mémoire parce que oui, ce nom te dit tout de même quelque chose. tu reportes alors ton attention sur elle. « tu as déjà laissé un message à la radio, non? ou envoyer quelque chose? » lui demandes-tu histoire d'avoir confirmation. ce nom te dit quelque chose oui, mais tu n'es pas à l'abri de te tromper ou de confondre avec quelqu'un d'autre.

tu prends ton courage à deux mains quand tu le vois sortir de la radio. tu sais que si ariana avait été avec toi elle lui aurait sauté dessus pour le retenir. mais toi t’es pas comme ça. d’ailleurs, tu sais que tu vas regretter ton geste parce que c’est clairement pas dans tes habitudes mais voilà, tu as fait ça exprès pour lui et tu veux qu’il le voit. tu sais très bien que si tu l’envoies à la radio, il ne lui donneront pas forcément. alors, autant lui donner en mains propres. sauf que même si t’es courageuse maintenant, en attendant dans le froid, pendant quatre heure pour être sûre de ne pas le louper, t’as les jambes en coton et le cœur au bord des lèvres. pourtant, tu arrives à l’arrêter au moment où il ouvre sa portière. il se retourne vers toi, tu vois le mouvement de ses chaussures parce que t’es baissée et t’as le regard fuyant. tu rougis déjà en entendant son exclamation prête à ce qu’il t’envoie promener. il aurait raison après tout. tu le déranges après son boulot. il veut sûrement rentrer chez lui et se reposer. et toi, une fille sans intérêt, se présente à lui. il aurait tous les droits de te dire de rentrer chez toi et de ne plus jamais revenir. tu ne le trouverais même pas mal poli ou cruel s’il le faisait. après tout, ce serait de ta faute. c’est toi qui empiète sur son espace et temps personnels. cependant, il attrape le sac. tu relèves lentement les yeux vers lui prête à le recevoir dans la tête. tu sais qu’il n’est pas comme ça, du moins, tu l’espères, mais tu t’attends à tout. pourtant, il attrape le t-shirt pour le regarder et tu vois son regard surpris. est-ce une bonne chose ? tu sais pas vraiment alors, tu t’excuses encore une fois de le déranger. sa voix se fait alors entendre et tu plantes ton regard dans le sien alors qu’un sourire commence à fleurir sur tes lèvres et que tes joues prennent une nouvelle fois une légère couleur rose. il trouve ça adorable. ton cœur bat de plus en plus vite et t’as l’impression de mourir quand il te dit qu’il aime beaucoup. « c’est vrai ? » tu lui demandes, en croyant pas tes yeux. omg, il aime vraiment ce que tu as fait. tu pourrais pleurer de joie si tu ne t’étais pas promis de ne pas le faire. il te remercie également, te complimentant sur ton talent. « oh my god ! » que tu t’exclames parce qu’il n’y que ça qui te vient à cet instant. il range le t-shirt et il en prend soin, tu le vois à la façon qu’il a de faire et tu sursautes quand tu entends ton nom dans sa bouche. tu hoches la tête parce que c’est toi oui. comment le sait-il ? est-ce qu’il a des pouvoirs et qu’il peut lire ton esprit ? oh non, s’il fait ça, il risque d’entendre à quel point tu l’aimes et l’admires. penses à autre chose jinhee, penses à autre choses. et puis tu te souviens que tu as écris un petit mot avec. mais quelle idiote ! si tu n’étais pas aussi perturbée par la présence du plus âgé, tu aurais très certainement pas pensé à ça. tu te retiens de te frapper le front comme à chaque fois que tu fais une bourde. il reprend alors la parole et ton cœur manque un battement. tu hoches alors la tête encore une fois. « oui c’est ça… je laisse un message chaque jour… et j’ai déjà envoyé des cadeaux. » t’as envoyé des bracelets, des gants et également une écharpe. tu sais pas réellement s’il a tout eu. mais tu as tout réalisé toi-même, tout est fait main. « mais vous vous souvenez de moi ? » tu murmures alors que tu commences presque à sautiller sur place, excitée à l’idée d’en parler à yury. parce que jae hee oppa il en a entendu parler depuis les débuts de l’émission, depuis que tu le suis. il sait à quel point tu l’aimes, à quel point tu l’admires. sauf que tu te rends comptes que tu ne pourras pas lui parler de tout ça. pas après les horreurs que tu lui as dit. et sans que tu ne t’en rendes comptes, tu te mets à pleurer, laissant ta peine exploser. t’as l’air d’une idiote plantée là à pleurer alors que tu rencontres ton animateur radio préféré, mais c’est plus fort que toi. tu laisses les larmes s’échapper alors que tu gémis. ce sont de gros sanglots qui te bloquent la gorge et tu te sens minable de pleurer devant jae hee.

« c’est vrai ? » tu relèves ton regard dans sa direction, hochant la tête avec ce fin sourire assuré. bien évidemment que tu aimes ! il faut avouer qu'elle est douée, et pourtant, tu n'as vu que ce t-shirt mais justement, c'est assez pour te donner l'envie d'en voir plus. tu es sûr et certain qu'elle t'impressionnerait davantage en voyant le reste de ses créations (s'il y en a). tu étouffes même un léger début de rire lorsqu'elle s'exclame ces quelques mots en anglais.  mais de toute façon, tu es très vite interpellé par ce nom. chu jin hee... si tu ne confonds pas, tu as déjà lu ce nom quelque part et tu ne tardes pas à le lui faire remarquer. peut-être pourra t-elle t'expliquer d'où peut provenir ce sentiment de déjà vu. « oui c’est ça… je laisse un message chaque jour… et j’ai déjà envoyé des cadeaux. » voilà, c'est bien ce que tu croyais. tu trouves ça réellement touchant, elle a l'air d'apprécier beaucoup ton émission de radio et depuis un petit moment. mais avant même que tu puisses reprendre la parole, la jeune femme s'en charge à ta place. « mais vous vous souvenez de moi ? » un murmure qui étire tes lèvres dans un léger sourire. évidemment que oui. bon tu ne te souviens pas de toutes les personnes qui ont envoyés des cadeaux ou qui laissent des messages, non pas parce que tu n'y prêtes pas attention -bien au contraire- mais parce qu'il y en a beaucoup trop. à ton avis, tu as dû recevoir pas mal de ses cadeaux et puis, ses messages aussi. « oui, évidemment. je connais ton nom. » ça t'a sauté aux yeux, chu jin hee, tu aurais pu confondre avec un nom plus ou moins similaire mais pour le coup, tu étais assez sûr de toi. tu en as même un bon souvenir, tu trouvais déjà ces mots et cadeaux plus adorables les uns que les autres... et oui, ça te revient ! il y avait cette écharpe et aussi ces bracelets. elle doit sûrement savoir que tu en portes toujours, les siens ne manquent pas à l'appel. d'ailleurs, tu gardes ton sourire en y repensant, et tu aimerais pouvoir lui en parler... or, ta mine se décompose légèrement lorsque tu vois son expression changer. qu'est-ce qu'il y a ? tu n'es pas sûr de tout comprendre et encore moins lorsqu'elle éclate en sanglots devant tes yeux. tu fronces les sourcils, réagissant assez vite en déposant ce qu'il se trouve dans tes mains sur le siège de ta voiture dans le but de libérer tes mains. tu n'es pas assez débile pour lui demander si elle va bien, ça se voit que ce n'est pas le cas. à la manière dont elle vient s'éclater en sanglots sous tes yeux. soyons honnête, tu ne penses plus réellement à rentrer là, l'idée ne te traverse même pas l'esprit. qu'est-ce qui a bien pu la mettre dans un tel état ? l'émotion ? non, tu en doutes, t'es pas non plus une star internationale, ça serait bien la première fois et puis, tu n'as pas l’arrogance d'y songer un seul instant. tu ne la connais pas, cette jeune femme, tu ne connais absolument rien d'elle. tu ne comprends pas grand chose. « ehh... » murmures-tu doucement, d'une voix qui se veut apaisante. tu veux avant tout qu'elle se calme, qu'elle puisse si elle le souhaite, t'expliquer ce qu'il se passe parce que là, t'es totalement largué. peut-être même que tu as pu dire quelque chose qu'il ne fallait pas, mais quoi ? t'es dans le flou total. tout ce que tu trouves à faire, c'est t'approcher d'elle, lui caressant doucement le bras en signe de réconfort mais t'es surpris par la froideur de ses vêtements. tu en hausses même les sourcils, c'est vrai qu'il fait frais ce soir mais toi, tu viens à peine de sortir. qu'est-ce que ça veut dire ? qu'elle est dehors depuis des heures ? « mais tu es gelée. » reprends-tu, en fait, tu parles plus à toi même qu'autre chose. bon, tu ne peux définitivement pas la laisser dans un tel état et encore moins mourir de froid, il faut que tu parviennes à la calmer. « attends. » alors tu te tournes à nouveau vers ta voiture, la portière encore ouverte. tu viens rapidement y chercher ton porte-feuille dans ton sac avant de t'écarter, fermant la portière et rangeant finalement tes clés dans ta poche. tu te tournes à nouveau vers la jeune femme, posant doucement ta main sur son dos comme pour l'inviter. « suis-moi. » c'est tout ce que tu lui dis, tu ne t'attardes pas trop à lui expliquer le pourquoi du comment, elle n'est clairement pas en état mais non, au cas où elle ne l'aurait pas compris, tu ne comptes pas la laisser seule et dans cet état. tu ne tardes pas à te remettre en route vers l'entrée de la radio au côté de jin hee, une fois chose faite, tu la diriges aussitôt dans une salle non loin de vous. passant évidemment par l'accueil, où l'employée te questionne du regard : elle qui t'avait vu quitter les lieux quelques minutes plus tôt, pensant que tu rentrais chez toi, te revoilà avec une jeune femme qui vient littéralement de fondre en larmes mais tout en continuant de marcher, tu lui adresses un fin sourire crispé, lui faisant ainsi comprendre qu'elle n'a pas à s'inquiéter, que tu contrôles la situation. fort heureusement, l'émission suivante a déjà commencé, les lieux sont assez vides mais le plus important c'est que la cafétéria le soit. une fois à l'intérieur, tu fermes la porte derrière vous, lui indiquant un petit canapé non loin de cette dernière. « installe-toi. tu vas te réchauffer. » lâches-tu d'une voix apaisante. c'est aussi pour cette raison que tu l'as emmené ici. pour qu'elle se calme mais aussi qu'elle n'ait plus vraiment froid. libre à elle de t'expliquer ce qu'il lui arrive ou non, même si ça t'inquiète assez. tu ne la connais pas non, mais elle a l'air adorable cette petite, ça t'embête cruellement. tu t'approches alors de la machine à café, sortant enfin ton porte-feuille afin de venir y récupérer quelques pièces. tu appuies sur l'un des boutons, venant par la suite, y récupérer le chocolat chaud que tu tends aussitôt à la jeune femme.

tu n’arrives pas à croire que jae hee se souvienne de ton nom. il doit en voir beaucoup des messages et recevoir tout autant de cadeaux. tu n’arrives pas à te faire à l’idée qu’il se rappelle que tu as souvent laissé des messages et des cadeaux. tu pensais n’être qu’un numéro dans la masse et de savoir que ce n’est pas le cas, te gonfle le cœur. t’as l’impression qu’il va exploser et encore plus quand il te dit qu’il connait ton nom. oh mon dieu ! tu pourrais mourir sur place tellement tu es heureuse. tu n’as qu’une hâte, c’est rentré chez toi et dire à yury que tu as rencontré jae hee oppa et que tu lui as même parlé et qu’en plus de ça, tu lui as donné un t-shirt que tu as fait toi-même. tu vois déjà la scène. tu rentrerais chez toi, un merveilleux sourire sur les lèvres. il serait dans le salon en train de regarder quelque chose à la télé ou les écouteurs visés sur les oreilles pendant qu’il dessine et toi, tu viendrais le déranger. mais c’est une information capitale, tu sais qu’il ne dira rien. tu pourrais même le secouer pour qu’il mesure l’importance de ce que tu as vécu. tu gueulerais aussi, ameutant probablement tes parents et damian dans le salon. mais tu serais trop contente de tout ça. sauf que cette vision s’efface en une seconde quant tu te rappelles que tu fuis ton grand frère, que tu lui as dit des choses horribles et que tu es un monstre. ton expression change alors en une fraction de seconde et tu sens les larmes s’accumuler au coin de tes yeux, avant qu’elles ne tombent en torrent. tu pleures mais pas les petits pleurs, non ce sont de gros sanglots qui sortent de ta bouche alors que ton chagrin augmente encore et encore par vagues régulières. jamais yury ne pourra te pardonner. jamais il ne te parlera à nouveau. t’es vouée à finir seule sans ton grand frère parce que tu l’as totalement rejeté. et tu t’en veux, beaucoup plus que tu ne devrais. c’est sa faute, il n’avait qu’à pas se murer dans le silence et sa douleur quand ça parlait de min hee. mais t’as beau savoir tout ça, t’arrives pas à te faire à l’idée que c’est vrai. c’est de ta faute, t’en es persuadée. si tu avais réussi à garder en toi cette douleur, à faire comme si de rien était, peut-être que tu aurais pu rester près de lui. mais maintenant c’est trop tard. tu sens le contact physique que jae hee instaure entre vous en te massant le bras et si dans d’autres circonstances ça t’aurait fait sauter de joie, là, t’as juste envie de pleurer encore plus. et c’est ce que tu fais, si bien que tu n’entends même pas les paroles de l’animateur radio. tes sanglots et gémissements sont trop fort pour que tu puisses les contrôler, les stopper ou même prêter attention à ce qui t’entoure. la main du plus âgé se pose dans ton dos et tu te sens avancer alors que tes pleurs continuent. tu ne sais pas où tu vas aller, ni même ce qu’il va faire mais tu le suis, lui faisant confiance aveuglément. après tout, s’il voulait te faire du mal, il l’aurait fait dehors. à la place, tu ressens la chaleur du chauffage qui te surprend. c’était ton rêve d’entrer dans la radio en compagnie de jae hee, tu le réalises à l’instant même et t’as même pas l’air de capter que c’est le cas. tu laisses les larmes continuer de couleur alors qu’il te dit de t’installer quelque part. à cause de ta vision floue, tu distingues simplement les formes et tu vas te poser là où il t’a dit. c’est un canapé. tu ramènes alors tes jambes près de toi tes bras entourant tes genoux et la tête posée dessus. un verre chaud vient se glisser entre tes doigts gelés. « m-m-merci. » que tu bégaies alors que tu refermes tes doigts dessus pour te réchauffer. et tu te mures dans le silence, tu ne sais pas combien de temps se passe avant que tu arrives enfin à te calmer. mais quand c’est le cas, tu finis par t’essuyer les yeux. ça efface les larmes de ton visage mais pas la peine de ton cœur. elle est toujours là, s’infiltrant dans la plaie béante que ton frère a laissé en toi. tu renifles bruyamment, avant de prendre une gorgée du breuvage qui s’avère être un chocolat chaud. le liquide te coule dans la gorge, réchauffant ton corps. puis, tu tournes enfin la tête vers jae hee. tu lui es reconnaissante de son silence. « je suis désolée pour tout ça. » tu essaies de sourire, mais ça ressemble plus à un rictus qu’à un véritable sourire. « c’est juste que j’ai eu une dispute avec mon grand frère… » tu commences à parler, parce qu’il mérite des explications pour ton comportement. « il sait à quel point je suis fan de vous… mais vu qu’on ne se parle plus, je ne pourrai même pas lui dire que je vous ai vu et que vous vous êtes souvenus de moi. » c’est surtout toi la principale fautive dans l’histoire. après l’avoir accablé de reproches, tu l’évites pour ne pas avoir à lui parler. « enfin, je suis désolée. » et tu détournes les yeux, gênée par le spectacle que tu as offert au jeune homme.

tu ne pensais pas que la soirée allait prendre une telle tournure, non. ni même que cette gamine allait fondre en larmes devant toi. littéralement, elle craque comme si elle n'avait pas pleurer depuis des jours, comme si elle relâchait enfin tout ce qu'elle contenait depuis un peu trop longtemps, tu n'es pas idiot, tu comprends bien qu'il se passe quelque chose. que jin hee ne va pas bien et tu ne comptes pas la laisser là, seigneur non, tu n'es pas un monstre. t'as un cœur, peut-être même un peu trop gros parfois. tu ne la connais pas mais ça te brise tout de même le coeur de la voir comme ça alors tu ne réfléchis pas vraiment, tu récupères quelques affaires à toi avant de fermer ta voiture afin de l'emmener à l'intérieur de la radio. oui parce qu'en plus, elle est complètement gelée. il faut dire qu'il fait déjà froid dehors mais là, tu comprends qu'elle est dehors depuis plus longtemps que tu ne l'aurais cru. rapidement, tu te diriges vers la cafétéria. elle est vide, et c'est tant mieux. tu sors quelques pièces de ton porte-feuille afin de lui prendre un chocolat chaud que tu tends dans sa direction. elle peine à te répondre, tu ne peux définitivement pas la laisser comme ça. alors à ton tour, tu viens te prendre un café. oui à cette heure-ci, il faut dire que tu ne fais jamais réellement attention à l'heure, tu carbures au café depuis des années maintenant. une fois chose faite, tu prends place à ses côtés alors que jin hee reprend la parole. tu n'es pas curieux au point de lui demander ce qu'il se passe, tu n'es juste pas fermé à l'idée qu'elle t'explique. ça ne te dérange pas mais tu ne veux pas la forcer, si elle n'a pas envie d'en parler, c'est son choix mais elle te prouve le contraire après s'être excusé. « c’est juste que j’ai eu une dispute avec mon grand frère… » tu comprends mieux. enfin toi, tu es fils unique, tu as même passé beaucoup de temps sans avoir de famille mais tu peux la comprendre, enfin, ça devait être vraiment violent pour qu'elle se mette dans un tel état, non? bien qu'au final ça ne soit pas tes affaires, tu t'intéresses tout de même à ce qu'elle te raconte. tu doutes pouvoir l'aider mais peut-être qu'elle a simplement besoin d'en parler et dans ce cas, oui, tu pourras être présent. « il sait à quel point je suis fan de vous… mais vu qu’on ne se parle plus, je ne pourrai même pas lui dire que je vous ai vu et que vous vous êtes souvenus de moi. » t'as beau être flatté d'entendre ces mots, ce n'est pas du tout ce sentiment qui prend le dessus, loin de là, t'es sans doute un peu trop embêté par ce qu'il se passe. c'est une gamine déchirée qui te fait face, là. tu ne sais pas depuis combien de temps ils se sont disputés tous les deux, ni même si ça va s'arranger. après tout, tu ne les connais absolument pas, mais tu sais à quel point c'est compliqué, ce genre de choses. alors tu continues de l'écouter, buvant une gorgée de ton café alors qu'elle reprend la parole pour s'excuser une nouvelle fois. tu grimaces doucement, sûrement dû à la chaleur de ta boisson qui te brûle la gorge. « arrête de t'excuser, c'est pas grave. » t'as pas envie de ça, toi, elle n'a même pas besoin de s'excuser. qu'est-ce qu'elle fait de mal au juste, hm? « j'imagine que vous êtes assez proches tous les deux, c'est ça? » non pas que tu sois curieux, mais ça expliquerait davantage sa réaction. c'est un peu délicat cette situation, tu n'as pas non plus envie de dire ce qu'il ne faut pas, mais il est là le truc, t'en sais rien, t'es au courant de rien et d'ailleurs, tu ne tardes pas à reprendre la parole. « écoute, je ne sais pas trop ce qu'il se passe mais je suppose que ça va s'arranger. » tu ne dis pas ça pour en savoir plus, mais pour lui montrer que c'est assez délicat, tout ça. tu ne veux pas lui faire de faux espoirs non plus, encore une fois, tu ne sais même pas de quoi tu parles mais c'est sincère, tu te permets même d'ajouter: « crois-moi, rien n'est irréparable. » c'est ce que tu penses en tout cas. tu ne fais que dire ton avis et ta vision des choses. après tout, ton père, tu avais fait une croix dessus il y a encore quelques années de ça. et tes disputes avec tes parents étaient des plus violentes, tu leur vouais une haine des plus immenses après ce qu'ils t'ont fait. ouais.. tu le haïssais il fût un temps, alors qu'aujourd'hui, il est ta seule et unique famille.

tu n’aurais jamais cru que tu craquerais de la sorte. certes, tu savais que tu allais pleurer parce que tu voyais jae hee oppa. mais tu aurais pleuré de joie, pas de tristesse. et pourtant là c’est le cas. tu pleures parce que tu sais que tu ne pourras pas parler à yury de cette rencontre parce qu’il t’en veut sûrement pour tout ce que tu as dit et fait. tu laisses donc ton chagrin sortir alors que le plus vieux prend soin de toi. faudra que tu le remercies un jour parce qu’il ne te connait pas et il s’occupe de toi comme si tu étais une amie. ça pourrait te faire sourire si tu n’étais pas aussi mal. à la place, tu essaies de te calmer et de lui expliquer calmement ce qui se passe avec yury. on dit souvent que de parler à quelqu’un d’extérieur à la situation et qui ne connait aucune des deux parties est plus facile et c’est le cas. même si tu n’entres pas dans les détails, parce que tu ne veux pas l’ennuyer, tu arrives à facilement dire ce qui t’arrive. et t’es heureuse qu’il t’écoute même si tu t’en veux de lui faire perdre son temps de cette façon. il doit être crevé et vouloir rentrer chez lui et toi tu le fais rester ici. pourtant, ça ne semble pas le déranger parce qu’il reste et qu’il te dit que tu dois arrêter de t’excuser. sauf que tu sais d’avance que tu t’excuseras encore au moins une fois pour lui prendre son temps. mais pour le moment, tu hoches simplement la tête. tu répètes ce geste quand il te demande si vous êtes proches. enfin, tu crois. tu n’es plus sûre maintenant. vous l’étiez avant la mort de min hee mais toute cette histoire vous a totalement éloigné. tu as toujours besoin de yury dans ta vie, tu crèves d’envie qu’il redevienne comme avant, mais est-ce que lui a besoin de toi ? ça ne semble pas être le cas vu qu’il ne s’est pas rendu compte à quel point tu avais souffert seule dans ton coin pendant ces sept années. tu ne lui en veux pas, tu sais que c’était difficile pour lui aussi. mais tu aurais quand même aimé qu’il se rende compte qu’il n’était pas le seul affecté par la mort de min hee. vos parents, vos cousins, vos oncles et tantes, ainsi que toi avez tous été touché par sa mort. tu peux comprendre que c’était encore plus difficile pour lui parce qu’elle était sa jumelle. mais ça n’excusait en rien qu’il t’ait laissé comme ça pendant tout ce temps. jae hee te sort de tes pensées en te disant que tout s’arrangera. tu poses ton regard embué sur lui et t’essaies de sourire un peu. « vous le pensez vraiment ? » ou il dit ça juste pour te rassurer. tu ne sais pas, mais même si c’est la deuxième option ça te fait du bien. tu continues d’essayer de sourire avant de détourner le regard, laissant le sourire mourir sur tes lèvres. « je n’en suis pas sûre moi… ça fait sept ans maintenant… c’est sûrement trop tard. » tu murmures parce que tu te retiens de pleurer encore une fois. ce ne serait qu’une nuisance si tu laissais tes larmes couler sur ton visage. « y a sept ans, j’ai perdu ma grande sœur dans un accident de moto. min hee c’était la jumelle de yury et elle avait pris sa moto sans son autorisation et sans qu’il ne le sache. je crois même qu’elle savait pas conduire, ou très peu. elle s’est tué comme ça. je connais pas les détails parce que mes parents n’ont pas voulu me dire et que j’ai pas voulu savoir. mais voilà, elle est morte, le jour de mon anniversaire, j’avais treize ans… » tu pousses un long soupir, alors que tu ne regardes toujours pas jae hee. « yury a été le plus affecté par sa mort, parce qu’ils étaient très proches. je suis sûr qu’il s’en veut parce qu’elle a pris sa moto et qu’il aurait du l’en empêcher. mais plus que tout, il n’a pas réussi à faire son deuil… mais il s’est pas rendu compte qu’on était tous dans cette situation. on a tous souffert de la mort de min hee. mais lui s’est enfermé et n’a pas laissé les gens l’aider. ça fait sept ans, qu’il me repousse parce qu’il ne veut pas voir la vérité en face. » une larmes s’échappe de tes yeux et tu l’essuies rapidement pour ne pas pleurer à nouveau. tu finis par tourner la tête vers jae hee et tu souris désolée. « désolée de vous faire perdre votre temps avec ça. et merci de m’écouter. »

« vous le pensez vraiment ? » tu souris doucement, hochant positivement la tête pour acquiescer ses paroles. dire que tu n'essayes pas de la rassurer serait mentir mais au moins, tu lui dis ce que tu penses. même si tu es mal placé pour le faire, tu en as conscience. tu ne connais absolument rien de jinhee et encore moins de son frère, ou de sa famille en général. mais oui, les choses se sont bien arrangées entre ton père et toi et pourtant, c'était mal parti, tu ne pensais jamais pouvoir lui reparler un jour, pourtant, tu as retrouvé votre relation telle qu'elle était, elle est même encore plus forte qu'avant. mais tu écoutes attentivement ce qu'elle te raconte, encore une fois, tu n'es au courant de rien. peut-être que par ses paroles, tu en sauras un peu plus et puis, tu comprendras mieux. tu seras sans doute plus apte à dire ce que tu penses de tout ça, la rassurer aussi, enfin tu l'espères. tu fronces quelque peu les sourcils en l'écoutant parler, sept ans ? qu'est-ce qu'il a bien pu se passer? ton visage se détend aussitôt, laissant place à une mine plutôt désolé lorsque tu entends la suite de ses paroles. apparemment, jin hee aurait perdu sa soeur dans un accident de moto. elle continue de t'expliquer, et tu la laisses faire. elle a besoin d'en parler et toi, tu es là pour l'écouter. ce n'était pas comme ça que tu avais prévu de terminer cette soirée mais autant être utile de cette manière, plutôt que de rentrer chez toi à ne rien faire. après tout, tu n'allais pas la laisser dans cet état. elle te fuit du regard, il ne t'en faut pas plus pour comprendre que cette gamine souffre. ça t'embête, évidemment, t'as beau ne pas la connaître, tu ne peux pas réellement l'aider à part en l'écoutant, mais ça t'attriste d'entendre tout ça. tu n'as pas vécu un tel drame dans ta famille, toi, c'était autre chose. mais tu as déjà perdu quelqu'un. tu as perdu hyunsook, cette grand-mère qui t'avait hébergé lorsque tu as été mis dehors à tes seize ans. elle était comme ta propre grand-mère, oui, tu étais proche d'elle. ce n'est pas comparable, mais tu sais ce que c'est, de faire le deuil d'une personne chère. jin hee continue alors de t'expliquer plus en détail la situation tandis que toi, tu prends une gorgée de ton café. sa grande sœur serait morte le jour de son anniversaire, rien de plus horrible, penses-tu aussitôt. elle finit même par verser une larme qu'elle essuie aussitôt, reposant enfin le regard sur toi avant de te remercier et de s'excuser à nouveau. ce à quoi tu réponds aussitôt, d'une voix qui se veut apaisante. « ne t'excuse pas. » cette pauvre gamine n'arrête pas de le faire. si tu es là, c'est parce que tu le veux bien, tu n'as pas non plus envie d'y ressentir une quelconque culpabilité dans sa voix, elle n'a clairement pas besoin de ça. « et tu peux me tutoyer. je n'ai même pas encore trente ans, ça me vieillit. » dis-tu, souriant un peu plus bien qu'après tout ça, ton sourire n'est pas des plus joyeux.  tu tentes de détendre un peu l'atmosphère, comme si ça pouvait l'empêcher de pleurer. t'as l'habitude qu'on te vouvoie mais ce n'est pas quelque chose que tu apprécies particulièrement, surtout lorsque cette jeune femme se confie à toi pour des choses assez personnelles. tu te redresses donc, t'éclaircissant la gorge. « effectivement, sept ans, ça commence à faire long. » tu marques une courte pause avant de reprendre. « je pense aussi qu'il doit culpabiliser par rapport à tout ça, c'est sans doute pour ça qu'il se renferme sur lui-même. il doit fuir le deuil, de ce que tu me dis, il devait avoir une relation très fusionnelle avec elle. » tu ne connais absolument rien de ce yury, et encore moins ses réactions habituelles ou le type de personne qu'il est, mais tu en déduis juste. « mais ce n'est pas la solution, de fuir comme ça. » elle sera sans doute d'accord avec toi. « crois-moi, il ne pourra pas tenir comme ça bien longtemps. je ne sais même pas comment il a pu tenir sept ans... mais à mon avis, ce n'est clairement pas une vie pour lui. s'il est dans cette phase de déni, c'est pour cette raison qu'il te rejette, au fond de lui, il doit avoir cruellement besoin de toi... je pense que ça ne doit pas être facile à gérer toute cette culpabilité. » sept longues années ? ce yury doit avoir un mental d'acier, ou au contraire, être une réelle loque. c'est triste d'entendre ce genre de choses, tu plains sa famille. « je suis désolé en tout cas, d'apprendre tout ça. » tu viens déposer ta main sur son dos, caressant quelque peu son vêtement comme si ce geste pouvait la réconforter ou du moins, montrer ta présence. tu laisses un léger silence s'installer, sans doute parce que tu t'apprêtes à t'aventurer sur un terrain dangereux pour elle. ce n'est clairement pas de la curiosité, mais encore une fois, tu tentes de l'aider. « et toi? tu as fait le deuil? » lui demandes-tu. on sait jamais, peut-être pas, dans ce cas, ça doit être encore plus difficile à gérer pour elle.

c’est bien la première fois que tu parles de la mort de minhee à un étranger. certes, tu en as parlé souvent avec ariana, avec hiro, avec tes parents et toute ta famille. mais à quelqu’un que tu ne connais ni d’adam ni d’ève, c’est bien la première fois. et tu es très reconnaissante envers jaehee pour t’écouter autant sans rien dire. il doit être crevé en plus et vouloir rentrer chez lui, mais à la place il est coincé ici à la station de radio avec une gamine qu’il ne connait absolument pas et qui lui raconte sa vie. pourtant ça te fait du bien, bien plus que tu ne le pensais. tu te sens un peu mieux de lui avoir tout raconté même si ça n’a pas pour autant atténué la peine que tu ressens et ce sentiment de culpabilité qui s’est emparé de toi. tu as beau savoir que c’était légèrement justifié tout ce que tu as dit à yury, tu ne peux pas t’empêcher de t’en vouloir. il n’avait clairement pas besoin de tout ça parce qu’il n’arrive pas à gérer la mort de minhee. toi non, tu ne gérais pas sa mort, mais tu y arrivais mieux que ton aîné. tu t’excuses encore une fois auprès de jaehee pour abuser de son temps et tu le remercies en même temps de t’écouter. sa réaction ne se fait pas attendre et ça te fait légèrement sourire. il ne veux pas que tu lui présentes des excuses et en plus de ça, il ne souhaite pas que tu le vouvoies. c’est vrai qu’il est encore jeune. un an ou deux de plus que tes cousins akira et akiko et eux tu ne te verrais pas les vouvoyer, sûrement parce que vous avez grandi ensemble et qu’ils sont de ta famille. tu hoches donc la tête à ses mots et tu baisses une nouvelles fois les yeux sur tes genoux remontés contre ta poitrine et le chocolat chaud que tu as entre les mains. tu en bois une gorgée alors que le plus vieux reprend la parole. tu l’écoutes attentivement et tu es d’accord avec tout ce qu’il dit. yury n’a sûrement pas fait le deuil de votre sœur parce qu’il s’en veut, parce qu’il aurait du être là pour elle, et surtout l’empêcher de prendre sa moto. tu pouvais le comprendre, plus que n’importe qui, mais il n’était pas seul dans la douleur. il avait tendance à oublier que tu avais aussi perdu ta sœur et que vos parents avaient perdus leur fille. tu souris légèrement quand jaehee s’excuse, mais c’est pas sa faute. c’est la faute à pas de chance. minhee a pris cette moto, s’est tuée avec, mais ce n’est pas la faute de personne. c’est la faute du destin c’est tout. tu ne crois pas en ce genre de choses d’ordinaire. mais quand on en vient à ta grande sœur, tu as tendance à voir les choses autrement. tu penses même qu’elle est là au-dessus de vous et qu’elle vous surveille, vous conseille et vous encourage silencieusement. de temps en temps, t’as même l’impression de sentir une pression sur ton épaule comme si c’était elle qui te disait que tout allait bien et que tout ira bien. la voix de jaehee se fait entendre et tu lèves les yeux vers lui. bonne question ! tu sais pas vraiment. « honnêtement ? je sais pas. » parce que c’est la vérité. tu penses que tu as fait le deuil de minhee mais c’est peut-être pas le cas. « je suis toujours triste quand on parle d’elle, je continue de pleurer parce qu’elle me manque les soirs où normalement on avait nos soirées entre sœurs. » rien que ce souvenir fait monter les larmes à tes yeux à nouveau. tu renifles essuyant tes paupières avant que ça ne coule encore une fois. « je pense que j’ai plus ou moins accepté sa mort et que je ne m’en veux pas pour ça, parce que je sais que c’est pas ma faute. mais elle me manque terriblement chaque jour. » ce qui te manque le plus c’est le fait que minhee était là pour sécher tes larmes quand ça allait pas, pour discuter avec toi de garçons. t’avais que treize ans à l’époque mais tu avais déjà eu des crushs. mais là, tu es toute seule. ce n’est pas à yury que tu peux en parler. il comprendrait pas ou alors jouerait au grand frère protecteur. damian, ce n’est pas la peine d’y penser, t’as pas envie de l’embêter avec tout ça. et ta mère ? hmm, tu pourrais mais pareil, tu ne veux pas les embêter. t’es devenue une jeune femme indépendante, enfin c’est ce que tu essaies de faire croire. ce n’est pas réellement le cas. « ils pensent tous que je vais bien, que je suis forte. mais c’est pas vrai. j’avais treize ans quand minhee est mort… comment je pourrai aller bien ? mais je fais comme si ça allait, parce que je veux pas les inquiéter. » et puis surtout parce que tu ne veux pas les embêter.

tu ne connais absolument rien de la jeune femme. alors oui, tu te demandais bien ce qu'il pouvait la mettre dans un tel état, elle a l'air d'avoir tant de peine à évacuer, que tu n'as pas hésité une seule seconde : la faisant rentrer sur les lieux de ton travail, pour qu'elle se réchauffe un peu (tu avais pu remarquer qu'elle était presque congelé dehors) et puis aussi, si elle veut, te parler. tu ne lui forceras pas la main, si elle n'a pas envie d'en parler, ça serait son choix, mais si elle le souhaite, tu seras là pour l'écouter. de toute façon, elle a besoin de vider son sac, et tu le comprends bien vite. elle se met alors à t'expliquer plus ou moins la situation, cette histoire avec son frère, la mort de sa grande sœur. ça te pince le cœur d'entendre tout ça mais tu la laisses continuer. tu lui diras ton avis, ce que tu en penses, bien que tu sois mal placé pour parler. tu ne connais pas cette famille. d'après toi, son frère a du repousser tout le monde par culpabilité, et par souffrance, oui, mais ce n'est clairement pas la chose à faire. il faut faire attention à ce genre de choses, non pas qu'il serait peut-être trop tard, mais il faudrait qu'il ouvre les yeux. au moins pour ne plus faire souffrir sa petite sœur, inconsciemment certes, mais les faits sont là : tu l'as retrouvé en larmes face à toi. pourtant, une question reste en suspend : est-ce qu'elle, a fait le deuil ? peut-être qu'avec tout ça, elle n'a même pas pu s'accorder assez de temps pour se libérer un minimum de cette souffrance. elle ne sait même pas te répondre. c'est vrai que c'est une question assez délicate, mais il faut qu'elle le sache. jinhee continue alors de se confier à toi, ses larmes lui montent aussitôt aux yeux lorsqu'elle t'avoue encore pleurer très souvent. c'est normal, de pleurer. ça ne signifie pas qu'elle n'a pas fait le deuil. elle lui manquera toujours, sa grande sœur. elle devait être si jeune... la vie est parfois si mal faite, elle avait toute sa vie devant elle. elle continue alors, tu comprends qu'elle a belle et bien fait le deuil. elle est seulement fragile, cette gamine. fragile et sûrement très seule. seule pour affronter ça. jinhee termine même en te confiant qu'elle ne va pas si bien que ça, mais qu'elle ne dit rien, pour inquiéter personne. elle te dit tout ça à toi parce que vous ne vous connaissez pas personnellement, et c'est sans doute plus simple. du moins, c'est comme ça que tu ressens les choses. tu doutes qu'elle l'aurait fait si vous étiez proche, tu n'es pas le mieux placé pour l'aider non, tu n'es pas un membre de sa famille ni quoi que ce soit d'autre mais au moins, elle s'est libéré de ce poids, et si tu peux l'aider à aller encore mieux, tu le feras. « approche. » commences-tu, t'approchant quelque peu d'elle. doucement, tu viens ouvrir tes bras pour la serrer contre toi. ça te fait mal au coeur de la voir dans cet état, elle t'était encore inconnue jusqu'à présent mais ce n'est qu'une gamine qui a beaucoup trop souffert pour son âge, et ça, toi, ça te déchire. tu lui caresses donc le dos, en signe de réconfort et de présence. « tu sais jinhee, je pense qu'il serait grand temps que tu penses à toi. » encore une fois, ce n'est que ton point de vue. elle se renferme, elle prend sur elle pour ne pas inquiéter les autres, elle pense sans doute à eux avant tout le reste mais tout ça doit être bien difficile pour elle. tu te décolles doucement, plantant ton regard dans le sien. tu prends alors une profonde et discrète inspiration. « déjà, je te trouve extrêmement forte pour ton âge, et courageuse. » il faut l'avouer, beaucoup de personnes n'auraient sans doute jamais supporté le quart de ce qu'elle a subi. parfois, la souffrance prend une place bien trop importante pour être contrôlé, pour être supporté. « mais... tu as besoin d'eux. ils ont peut-être besoin de toi jinhee, mais il ne faut pas que tu t'effaces. il faut que tu penses à toi. » et puis, ils seront là pour elle, t'en es presque sûr. peut-être même qu'ils ont pu déjà remarqué l'effacement de la jeune femme ? ou peut-être que c'est dans sa nature, t'en sais rien. « tu étais jeune quand tout ça est arrivé, c'est encore plus marquant. » on souffre, peu importe l'âge, mais elle était tellement jeune... beaucoup de choses marquent les esprits quand ça arrive à cette période de ta vie ou parfois, tu n'es pas fichu de comprendre correctement la vie. tu sais de quoi tu parles. « si ton frère continue de réagir comme ça... je te conseillerais de lui en parler. de ce que tu me dis, il a très mal vécu tout ça... et il ne doit pas se rendre compte dans quel état tu peux être. je suis sûr qu'en se confrontant à cette vérité, il sera obligé d'avancer. ça l'aiderait... et toi aussi. » il le ferait pour elle, non ? encore une fois, ce n'est que ton avis et ton point de vue totalement extérieur...