Damon passe une main dans ses cheveux et remet son bonnet en place. Il savait ce qu’il faisait. Le moindre de ses gestes étaient calculés. Il savait déjà comment réagirait Indiana, comment il se sentirait et dans quel état il allait le laisser … Damon jouait à un jeu dangereux mais il maitrisait si parfaitement les règles qu’il pouvait manipuler Indiana comme bon lui semblait. Il ne pensait pas à mal, il savait que ça plairait aussi au plus jeune. Il n’avait pas envie de réfléchir à la conséquence de ses actes. Pas maintenant, ça serait prendre conscience de beaucoup trop de choses … des choses auxquelles Damon n’a pas envie de faire face. Assis sur le rebord, dans une ancienne alcôve du bâtiment pour se protéger un peu du froid. Il n’a pas besoin d’énormément fouiller pour avoir les infos dont il a besoin sur Indiana, à croire que le plus jeune le faisait exprès de laisser trainer son emploi du temps, comme un appel, un message dont Damon avait fini par se saisir. Il sourit en coin en voyant les portes s’ouvrir. Il a tellement froid au moins qu’il les frotte l’une contre l’autre en tentant vainement de leur apporter un peu de chaleur de son souffle. Ses yeux guettent la sortie des étudiants pour trouver cette tête de chérubin qu’arbore sans cesse Indiana. Davantage quand le plus jeune porte une écharpe et un bonnet lui donnant des airs juvéniles … Airs qui ne peuvent que créer des idées déplacés chez Damon. Il saute du bas de perchoir et s’avance vers Indiana. Il a préféré le style à la chaleur d’un manteau. Sa veste ouverte sur son long t-shirt soulignant son torse bien fait bouge au rythme de ses pas. Il attend qu’Indiana le remarque. Mais c’est bien trop tentant de le prendre par surprise … Depuis leur petite escapade et la soirée organisée par l’école il avait pris soin de l’éviter et d’être amicalement distant avec lui. De la façon la plus cruelle qui soit et la plus innocente aussi, à tel point qu’il était certain que le jeune américain doutait même de ce qu’ils avaient pu faire dans ce cinéma … La vérité c’est que Damon lui-même avait du mal à comprendre ce qui lui avait pris et comment il avait pu aimer autant ça … Parce que c’était Indiana qu’il voyait dans ses rêves et c’était étrangement à Indiana qu’il pensait quand il s’autorisait à un plaisir solitaire sous la douche … L’américain bling bling avait bien tenté de mettre de la distance mais il fallait bien s’avouer que c’était peine perdu. Pas quand il avait traversé la moitié du monde pour le retrouver, pas quand il avait fait exprès de rejoindre sa fraternité, et plus encore, sa chambre … Alors c’était finalement avec un sourire tortueux qu’il s’était glissé dans son dos pour souffler sur sa nuque. « Salut. » sa voix grave saurait faire son petit effet sur la panthère il n’en doutait pas. Et puis comme si de rien n’était, comme si c’était la situation la plus naturelle du monde il passe un bras autour de son cou, se posant négligemment sur ses épaules, et l’entraine dans le couloir d’un pas tranquille. « Je t’accompagne ? » mais la question rhétorique soulignait les yeux malicieux du plus vieux. « C’était bien ton cours ? » demande-t-il tout en jouant avec sa sucette qu’il fait rouler de manière négligée entre ses dents. Décidemment Damon était un homme bien étrange à suivre …

Depuis ce soir-là Damon avait bien pris soin de garder ses distances avec moi. Je n’arrivais pas à le comprendre ni à savoir si ce qui s’était passé entre nous comptait vraiment. J’avais besoin d’être rassuré et comme toujours il me laissait me poser des centaines de question. J’avais essayé de ne pas trop me prendre la tête, en me disant que je pouvais lui faire confiance et qu’il avait besoin de temps mais c’était de plus en plus difficile. Je n’arrivais même pas à le croiser. Alors oui j’avais laissé trainer mon emploi du temps, juste au cas où il aurait envie de me voir. Ça ne servait à rien de lui courir après, il m’aurait simplement ignoré un peu plus. Je m’étais concentré sur mes cours. Depuis son retour, j’avais plus ou moins lâcher mes révisions et je devais me reprendre en main.

J’avais passé un peu de temps avec Chungjae pour me changer les idées, je lui avais dit que tout se passait bien entre Damon et moi, c’était pour le rassurer. Si je lui disais que j’avais couché avec lui mais qu’il ne me donnait pas de nouvelles, il aurait pété un plomb. J’étais idiot de me laisser traiter de cette manière, mais je l’aimais trop pour me mettre en colère contre lui. J’avais enfin l’impression de respirer depuis que je l’avais retrouvé. Je me sentais vivant, même si je commençais sérieusement à désespérer. Je n’avais aucune idée de la façon dont je pouvais attirer son attention, alors je ne faisais rien.

J’avais bien resserrer mon écharpe autour de mon cou avant de sortir. Il faisait froid et ma jambe me faisait un peu plus mal que d’habitude. J’aurais dû rentrer au dortoir directement, mais je voulais avancer sur un de mes devoirs et j’avais toujours aimé travailler à la bibliothèque, je m’y sentais en sécurité. Je sursautais en entendant une voix derrière moi et repoussait immédiatement ce garçon un peu trop proche. Je le fixais quelques secondes avant de me rendre compte que c’était lui. « Pardon… je ne savais pas que c’était toi. » Comment est-ce qu’il pouvait agir comme si rien n’était arrivé ? Comme s’il ne m’avait pas laissé mariner durant des jours. Et pourtant, devant son sourire, je n’étais plus capable de rien.

Je me rapprochais de son corps musclé pour me réchauffer, rassurer par se bras autour de mes épaules. Il ne fallait pas grand-chose pour me rendre heureux et il le savait très bien. Je m’arrêtais pour lui retirer la sucette de la bouche et la glisser dans la mienne. « Arrête un peu avec ça. » Il était beaucoup trop sexy et je savais très bien qu’il jouait avec moi. « C’était juste un cours. Je suis content de te voir. » Et le mot n’était pas assez fort, mon cœur était littéralement en train d’exploser. « Tu vas avoir froid comme ça … » Il avait toujours besoin de se montrer, qu’on le remarque et j’en avais assez de voir tous ces regards plein d’envie poser sur lui. Je me demandais d’ailleurs tout ce qu’il avait bien pu faire et avec qui durant tout ce temps. Je ne supportais pas l’idée de le partager. « T’es à moi pour combien de temps ? »

Ça serait mentir que de dire que Damon avait pris cette sucette par envie. Il savait pertinemment qu’Indiana allait s’en saisir et la mettre dans sa bouche. Et cette victoire de plus sur le garçon lui arracha un sourire satisfait. Tout comme la réaction qu’il a pu avoir, c’était agréable de voir que finalement il repoussait quiconque s’approchait de lui d’un peu trop près mais qu’il laissait Damon le prendre dans ses bras. Finalement l’américain avait la certitude que son ascendance sur le garçon était solide. Il était évident que ce pouvoir qu’il avait sur Indiana n’avait de cesse de se renforçait à mesure que leur relation évoluait. Et c’était grâce à ces moments fugaces et délicieux que Damon pouvait raffermir son pouvoir sur le plus jeune, sans même réaliser à quel point Indiana le mettait à genoux …


 Il rit légèrement en resserrant sa prise sur ses épaule pour l’attirer à lui. « Tu devras me réchauffer alors. » s’amuse-t-il en souriant calmement, d’un air si posé qu’il en devenait presque sérieux. Son sourire amusé contrasté avec l’assurance qu’il dégageait et quiconque aurait troublé de savoir s’il devait ou non prendre cette phrase de flirt anodine pour une réelle invitation. Il prend son temps pour avancer, laissant la plus part des étudiants passer dans le couloir sans même les regarder. C’est là un des contrastes les plus flagrant avec chez lui. Les coréens sont tellement axés boulot … c’en était presque flippant pour lui. Il utilisait son argent à bon escient au moins et se réservait une place au chaud dans cette université côté.

 

C’était impossible de résister à son attitude de sale gosse pourri gâté qui croyait que tout lui était dû. Je le confortais dans cette idée puisque je n’étais pas capable de le remettre à sa place quand il le méritait. Je rougissais suite à ses mots. Le réchauffer ? Je me revoyais devant cette salle de cinéma et je frissonnais en me rappelant de tout ce qu’il m’avait fait ressentir. J’aurais aimé en parlé avec lui, aborder le sujet, mais il n’avait pas l’air de vouloir le faire et personne ne pouvait forcer Damon. Comme toujours avec lui, je devais prendre mon mal en patience. « Si tu veux que je te réchauffe, y’a qu’à demander, pas besoin t’habiller si légèrement, t’es sexy tout le temps. » ça ne ferait que flatter son égo déjà surdimensionné, mais je le pensais vraiment. J’étais toujours timide et maladroit, mais ce qui s’était passé entre nous m’avais permis de prendre un peu confiance en ce moi.

« Comment tu…. » Je ne terminais pas ma phrase. Comment est-ce qu’il savait que je me rendais à la bibliothèque ? Est-ce qu’il m’observait sans que je ne m’en aperçoive ? Ça serait sûrement trop beau pour être vrai. Il était capable de me faire douter et de me rassurer dix secondes après. Il me rendait complètement fou. Je serrais les dents quelques secondes pour l’empêcherait de reprendre la sucette, avant de céder. C’était comme l’embrasser non ? Même si je préférais largement le contact de ses lèvres sur les miennes. « 20 minutes alors. » Ce n’était pas grand-chose, mais j’étais prêt à tout pour passer un peu de temps avec lui.

Je me figeais une fois le bonbon de retour dans ma bouche et son pouce sur mon visage. J’avais envie de me jeter dans ses bras et lui dire à quel point je pouvais le détester d’agir de manière aussi détacher. Je le laissais jouer ouvertement avec moi, mais je ne pouvais pas dire non, et prendre le risque de le vexer. Je le regardais s’éloigner avant de reprendre mes esprits. « Attends-moi ! » Je soupirais et essayais de me dépêcher pour le rattraper, mais avec ce temps ma jambe me faisait vraiment mal. Je faisais une petite pause, surpris par le froid. « Oui c’est dingue… » Je n’avais pas les mêmes souvenirs que lui. Je me rappelais juste qu’on m’avait souvent fait manger de la neige, et que j’étais leur cible préférée dans les batailles de boule de neige.

Je fronçais les sourcils en entendant quelques filles glousser devant son air de prince. Je voulais qu’il s’occupe de moi. Est-ce que ça faisait de moi un égoïste ? De vouloir attirer l’attention du garçon dont j’étais tombé amoureux ? Je me baissais pour former une boule de neige et lui balancer dessus. « Elles sont à moi ces 20 minutes… tu me dois bien ça quand même. » Après m’avoir ignoré durant des jours. Je ne savais plus comment réagir. Je voulais lui faire prendre conscience qu’il n’avait pas le droit de jouer avec mon cœur. Il m’avait déjà assez fait souffrir durant notre enfance. Je me sentais encore plus en colère et lui renvoyait un petit tas de neige essayant de viser sa tête « Tu peux pas t’empêcher de regarder ailleurs ! » Oui j’étais jaloux et je n’avais pas envie de m’en cacher.

Damon ne se rappelait même plus de tout ce qu’il avait fait subir à Indiana et de tout ce qu’il avait pu laisser faire, témoin passif pas moins coupable.  C’était plus fort que lui, il avait préféré tout oublier parce que c’était plus simple comme ça et s’était même convaincu qu’après toutes ses années il avait payé sa dette en aidant Indiana. Mais qui pouvait être simplement s’en sortir après avoir pratiquement poussé quelqu’un au suicide. Mais l’insouciance de Damon le poussait à agir comme si de rien n’était, comme si encore aujourd’hui, il n’avait pas pris la virginité d’un garçon dans un coin de cinéma pour l’ignorer des jours durant juste parce que c’était drôle de se sentir désiré et aimer. De le voir lui courir après comme si c’était un trophée. C’était juste une question d’égo ou de sentiment inassumé ? Damon ne cherchait pas à gratter sous ces mensonges et ce voile de confort qu’il s’entêtait à mettre sur leur relation.

 
 
 

Je me demandais comment je pouvais toujours être amoureux d’un garçon aussi exécrable. Oui c’était tout ce que je pouvais faire, je n’avais jamais été violent même lorsqu’il s’agissait d’un jeu, parce que la violence restait de la violence et que je n’en voulais plus dans ma vie. Il ne prenait rien au sérieux cet idiot. Je fermais les yeux instinctivement en faisant un pas en arrière. Un vieux réflexe que j’avais gardé de l’époque où il me faisait plus de mal que de bien. La peur qu’il avait réussi à ancrer en moi, il l’avait complètement occulté alors que je vivais encore avec. Je m’étais promis de ne plus avoir peur, mais devant lui je redevenais fragile.

Je sentais mon cœur s’arrêter et mes lèvres trembler. Je m’en foutais de lui ? Comment est-ce qu’il pouvait prononcer ces mots. Il était aveugle ou il le faisait vraiment exprès ? Je lui en voulais tellement à cet instant que j’effaçais la distance entre nous, posant mes mains contre son torse. Je n’étais pas souvent en colère, mais je ne permettrais pas qu’il remette en question mes sentiments pour lui. Je le poussais en arrière de toutes mes forces, ce qui dans le fond ne représentait pas grand-chose. Il pouvait me briser en un instant. Je croquais la sucette et balançait le morceau de plastique dans la neige. « Je m’en fous de toi ? Sérieusement ? Je t’aime à en crever et je peux pas le dire ni le montrer et tu sais pourquoi Damon ? Parce que dès que je me rapproche de toi, tu t’enfuis encore plus loin ! T’es pas juste ….» Je serrais les poings sentant les larmes au bord des yeux. Mes joues étaient rougies par le froid et je me baissais une dernière fois pour ramasser de la neige et lui coller moi-même directement en pleine figure.

C’était à son tour de subir. Et pourtant je profitais de ces quelques secondes de surprise pour glisser mes bras autour de sa taille, sous sa veste et me coller contre lui. J’étais dépendant de sa présence, de son odeur, des battements de son cœur. « Tu peux pas être gentil juste dix minutes ? C’est le temps qu’il me reste… » Un instant de répit ? Juste toi et moi. Comme ça ? C’était sûrement beaucoup demander, je savais que c’était sa manière à lui de se protéger, mais je n’avais plus envie d’être un punchingball, je voulais être beaucoup plus. Il n’était pas prêt à me donner ce dont j’avais besoin mais il pouvait au moins faire l’effort d’essayer. Non ?

C’était aussi troublant que plaisant pour Damon, il fallait l’admettre. Il l’observe, pendant une seconde, se demandant si c’était réellement à lui que s’adresser Indiana. C’était presque surréaliste comme situation pourtant elle était ce qu’elle était, depuis déjà tant de temps … tout passait au ralenti dans la tête de Damon. Les paroles du Pyobeom lui arrivaient en un écho lointain. Il pouvait presque voir son souffle se cristalliser sous ses yeux. Il laisse le garçon le pousser et recule d’un pas machinalement. Indiana a si peu de force que Damon aurait pu le mettre à terre facilement, mais il n’en est rien. Il l’écoute, ne peut s’empêcher de sourire et même de rire quand la neige lui saute au visage. Mécanisme de défense. Il ne réagit. Se contente de prendre ça pour une blague. Il n’a pas envie de comprendre à quel point tout ça c’est … réel. Vrai. Intense. Si intense que quand le plus jeune l’enlace alors que la neige fond de ses yeux Damon secoue la tête et murmure « Tu sais bien que ça je ne sais pas faire. »

 
 
 
 

J’avais beau lui dire ce que j’avais sur le cœur il préférait faire comme s’il n’entendait rien. Il était complètement sourd à mon amour. Et pourtant il m’avait laissé l’embrasser. Parfois j’avais l’impression de n’être qu’un jouet entre ses doigts, une petite marionnette docile. Pourtant, il avait tout quitté pour venir me retrouver. Il ne l’avait jamais avoué mais Cecil avait vendu la mèche. Je n’y avait jamais fait allusion. Est-ce qu’un jour je pourrais avoir une réelle conversation avec lui au sujet de notre relation ? J’en doutais vraiment. « Ah qu’est ce que tu fais ? » Je laissais échapper un cri de surpris en m’agrippant à lui. S’il voulait m’objétiser c’était gagné, j’avais juste l’air d’un sac de pomme de terre.

Je me retrouvais les fesses par terre, sentait l’air s’engouffrer dans mon manteau. Le bas de mon dos était gelé mais je n’osais plus bouger. Il avait toujours ce charisme qui me mettait à genoux. Je ne disais pas que des conneries, à moins qu’il considère mes sentiments comme tel. Qu’est ce que j’étais pour lui ? Une question que je me posais depuis plusieurs années et dont je n’aurais sûrement jamais la réponse. Je voulais rétorquer mais je me calmais. Ce n’était pas le moment de m’énerver où il allait se faire un malin plaisir de disparaître pour me le faire payer. « Pardon. T’en vas pas. » C’était aussi devenu un réflexe. La peur de le voir partir définitivement me prenait aux tripes et faisait de moi quelqu’un d’encore plus docile.

Je restais figé, son doigt entre mes lèvres. Je me sentais rougir, mes joues devenant brûlantes et je mordillais doucement son pouce. Je fermais les yeux sentant ses lèvres contre les miennes, mon corps entier tremblant sous cette sensation. J’essayais de récupérer mes mains pour le toucher mais il avait beaucoup de force. Je ne résistais pas à ses baisers, et il avait beau essayer de me contenir, ma langue cherchait avidement la sienne. Depuis que je m’étais offert à lui, je n’avais qu’une envie. Recommencer. Et Damon me faisait languir. Il devait adorer ça, me torturer.

Je le détestais d’être aussi beau et je sentais une larme rouler le long de ma joue que j’essuyais immédiatement. Je voulais l’embrasser, tous les jours, pas seulement quand monsieur était d’humeur. Il n’était plus le monstre qu’il était à l’époque, mais il en était devenu un tout autre genre. Il continuait à me briser et il ne s’en rendait même pas compte. « Euh oui… » J’étais étonné qu’il veuille s’amuser avec moi, ce n’était pas son genre. Je n’allais sûrement pas refuser. Je m’appuyais sur mes mains pour me relever doucement. Cette foutue jambe me gâchait la vie. « T’es sûr que tu auras le temps ? » Je n’avais pas envie de me faire abandonner. Pas encore.

Je n’étais pas assez et Damon était trop. J’allais encore me retrouver à bouffer de la terre, je le savais. C’était un ouragan et il allait tout détruire sur son passage, moi avec. Je ne savais pas comment lui faire prendre conscience que ce qui se passait entre nous n’était pas juste un jeu. « Est-ce que … on ressortira un soir ? Toi et moi ? » Juste nous deux.

Damon aurait aimé l’ignorer et ne pas voir cette larme rouler sur sa joue.  Il aurait aimé pouvoir faire comme si de rien n’était. IL ne comprenait pas vraiment Damon, ce qu’il faisait de mal à cet instant et qui faisait tant de peine au plus jeune. Il pensait vraiment agir comme il le fallait. Lui faire une surprise. Lui faire plaisir. Il ne savait pas ce qu’il pouvait faire de plus, pour l’instant, pour lui plaire. Il avait envie de profiter, pas de jouer avec lui, mais de … s’amuser avec lui sans penser à demain. Il n’était pas prêt à assumer tout ça, tout le reste … il voulait juste pouvoir l’embrasser sans avoir à se foutre la pression. Peut-être que c’était facile pour Indiana mais c’était loin d’être aussi naturel pour lui … bien au contraire. C’était déjà totalement dingue qu’il puisse agir ainsi ouvertement à cet instant … Mais il semblait ne pas faire ce qu’il fallait. Encore une fois.

 
 
 

Damon savait quelle emprise il avait sur moi et pourtant j’avais l’impression qu’il ne s’en rendait pas réellement compte. Ce n’était qu’un jeu pour lui, mais c’était avec mon cœur qu’il jouait et ce n’était pas juste. Combien de tempes est-ce qu’il allait encore se servir de moi pour apaiser sa culpabilité ? Il croyait que je n’avais pas compris, mais je savais très bien qu’il s’en voulait pour ce qu’il m’avait fait. Et moi j’attendais. Parce qu’il était tout ce que j’avais, tout ce qui m’importait. Mon amour pour lui avait toujours été pur et je ne pouvais pas le laisser le ternir.

Bien sûr que non, il ne comprenait pas pourquoi je pleurais. J’étais persuadé qu’il ressentait quelque chose pour moi mais qu’il était trop fier pour se l’avouer. Parce que monsieur Damon ne pouvait pas se montrer avec un homme. Parce que ça ne faisait pas bien et que ce ne serait pas bon pour sa popularité. Et d’un seul coup, il était redevenu plus dur, comme si je n’étais qu’un poids pour lui, alors qu’il était celui qui était venu me chercher. Je sentais mon corps entier tremblant en le voyant s’éloigner de moi. Il allait encore s’enfuir. Et… j’étais épuisé. Epuisé de lui courir après. Je lui donnais tout ce que j’étais et tout ce que j’avais, je ne pouvais pas faire plus. « Att… Attend ! »

Il était déjà parti alors que je  n’étais même pas encore debout et avec le froid ma jambe était vraiment douloureuse. Je mettais de longues secondes avant de me relever. Il avançait vite, tellement vite. J’avais envie de hurler. Parce que je savais que Damon était comme ça. Qu’il pouvait disparaître et m’abandonner en un claquement de doigt. Je peinais réellement à le suivre. Il mettait encore une barrière entre nous, alors qu’il avait ses lèvres contre les miennes quelques minutes plus tôt. Je m’arrêtais à bout de souffle. Il devait m’accompagner à la bibliothèque et je me retrouvais encore seul. Je regardais autour de moi pour être certain qu’il n’y avait personne et je haussais le ton pour essayer de l’atteindre. « Je suis amoureux de toi ! » Je ne l’avais jamais dit avant, même s’il l’avait sûrement compris.

Je ne pouvais plus le garder pour moi. Je restais figé, les pieds dans la neige à regarder son dos. Pourquoi est-ce que c’était aussi douloureux de l’aimer. Pourquoi est-ce qu’il avait fallu que ce soit ce type l’amour de ma vie ?  « Alors t’en vas pas … » Ce n’était qu’un simple murmure, mais c’était tout ce dont j’étais capable. Je mourrais de le voir s’éloigner. Je ne supportais plus l’attente et même si je savais qu’il n’allait pas tomber dans les bras, je voulais lui dire clairement, qu’il ne puisse pas dire qu’il n’était pas au courant. Damon se cherchait toujours des excuses. Est-ce que pour une fois il pourrait baisser sa garde et juste être avec moi ? J’en doutais. Il faisait des efforts, je n’étais pas aveugle. Sa maladresse était parfois blessante et il était parfois volontaire désagréable. Je ne comprenais pas pourquoi. Mais je n’aurais jamais de réponse à ma question.