« Qui je suis ? Une victime. Il y en a certainement eu d’autres, beaucoup d’autres, tous ceux qui croisent son chemin à vrai dire. Et même s’il persiste à renverser les rôles au gré de son humeur, il est toxique, c’est une plaie. De qui je parle ?  De Byun Gi. Dae. Son nom peut bien signifier l’attente, il ne faut rien attendre de positif venant de lui, vous ne serez amené qu’à être irrémédiablement déçu. Je parle en connaissance de causes puisque je l’ai fréquentée étroitement pendant ces quelques années où son trouble s’est déclenché.

Je le connais depuis ma plus tendre enfance et à vrai dire et il n’a pas toujours été comme ça. C’était le petit garçon discret que personne n’osait approcher parce qu’il était bizarre et qu’il ne semblait pas vouloir interagir avec nous. Un jour il a mystérieusement disparu, pendant quelques années, mais je reviendrais dessus plus tard. La puberté ayant fait son boulot, il est revenu au lycée mais quelque chose avait changé, en fait, presque tout avait changé, ce n’était plus la même personne. Sa façon de se tenir, de s’habiller, de s’exprimer et ciel qu’il avait changé. Son physique n’était plus celui du petit garçon frêle et discret que personne ne remarquait, dorénavant il était l’attraction principale et il en jouait, il était beau et il le savait et il faisait tout pour garder cette image intacte de lui, il fallait qu’il soit aimé et il l’était ! C’est aussi pour ça que j’ai succombé, vous pensez, un jeune homme en fleur qui s’intéresse à une fille qui n’a pas super confiance en elle, comment résister ? Mais je ne savais pas que sous ses airs de grands séducteurs, il cachait quelque chose de bien plus compliqué.

Très rapidement, j’ai compris ce que l’entourage des personnes hystériques vivaient et à quel point il était difficile d’être sur la même longueur d’onde avec ces personnes. J’ai repéré qu’il était différent, qu’il n’adoptait pas cette attitude séductrice qu’avec moi, qu’il voulait sans cesse être le centre de l’attention et qu’à côté de ça, il passait son temps à se placer en victime, que son humeur changeait au gré des heures et des saisons mais il me rassurait à chaque fois, trouver le moyen de me faire oublier mes doutes, il me manipulait. Encore aujourd’hui, je ne sais pas si les éléments de vie qu’il m’a comptés sont réels, ou si ce n’est une stratégie pour attirer ma compassion qu’il a dit tout ça, mais puisqu’il faut que j’en parle, je vais vous l’expliquer.

Il a été diagnostiqué avec un trouble de la personnalité histrionique à 15 ans avec un pendant narcissique prononcé, à peu près à la période où il est revenu dans nos vies. Durant ces deux années de césure précédant ce diagnostic, il serait tombé dans une addiction précoce pour palier à l’abandon de sa mère qui l’aurait livré à lui-même, il ne m’a jamais donné de détails dessus. Cela l’aurait mené en cure de désintoxication et deux ans plus tard, il est de retour mais changé. Il se met en scène, veut impressionner mais il se lasse vite et n’entre pas dans la profondeur de ses relations en tout cas ne cherche pas à avoir des relations étroites avec des gens, mais plutôt un ensemble de relations superficielles. Et on en arrive au point où il m’a fait vivre un calvaire, où il m’a usé psychiquement et physiquement, où toutes mes ressources ont de l’être utilisé pour le satisfaire et ou je me suis beaucoup fatiguée. Il a tenté de se suicider à 3 reprises sous mes yeux, savez-vous à quel point il est difficile d’être témoin de ce genre d’excès ? Sans hésitation aucune, il me montrait son mal-être physique, ses mutilations… De manière que je sois forcée d’être en empathie pour lui, il me manipulait pour que je sois à ses pieds et pour que je ne le froisse pas. C’était un manipulateur en chef mais heureusement pour lui… et pour moi, il s’est lassé. Il m’a dit qu’il était réellement amoureux de moi et fondamentalement, je le crois parce qu’il a très certainement ressentie de l’amour à un moment mais son trouble veut qu’il se lasse facilement et c’est ce qu’il s’est passé. Moi je l’ai aimé, je l’ai réellement aimée mais à présent je le déteste. Il a détruit la confiance que j’avais en moi mais surtout la confiance que j’accordais aux autres et maintenant, je suis obligée de participer à une stupide psychothérapie bidon pour parler de ‘comment mon premier amour’ m’a brisée à un médecin qui n’en a sûrement rien à faire. »

La séance s’achevait comme à son habitude avec cette histoire qui la tourmentait, ce jeune homme l’avait beaucoup marqué psychiquement et cette jeune fille restait là à se demander si tout ce que Gi Dae lui avait dit n’était que mensonge, ou s’il se cachait une vérité derrière cet amas de théâtralité. Elle n’en savait rien puisqu’elle ne faisait plus partie de sa vie et ne comptait pas y revenir un jour puisqu’à cause de lui, c’était elle qui avait intenté à ses jours et son entourage et elle-même avait jugé bon de s’écarter de lui le plus possible afin qu’il ne lui fasse plus aucun mal.