Elle en avait eu assez de son comportement. Assez de venir lui parler. De faire des efforts. Et de s’intéresser à lui. Assez de se faire ignorer. Au bout du compte, elle est simplement remontée à sa chambre avec deux fois plus de questions que de réponses. Elle aurait voulu savoir la raison pour laquelle il l’évitait, la raison pour laquelle il ne la regardait plus. Est-ce qu’il avait finalement eu tout ce qu’il avait voulu d’elle ? Elle n’avait jamais vu les choses sous cet angle et pourtant, dans son silence, dans ses regards froids, elle commençait à y croire.
Elle avait juste une putain de boule au ventre de se dire que c'était fini. Qu'il était passé à autre chose. Et qu'il l'avait oubliée.
Alors elle avait décidé d'en avoir le cœur net. De le coller au mur, de le mettre face à ses responsabilités. Peu importe ce qu'il lui dirait, peu importe ce qu'il en ressortirait. Et c'est là qu'elle avait compris qu'elle était foutue. Parce qu'avant, elle s'en serait foutue de ce qu'un gars aurait eu des comptes à lui rendre. C'était qu'un gars ! Une petite histoire de quelques pages qu'aurait pris fin au prochain chapitre. Le problème de Jun Young, c'est qu'il avait pris trop de pages. Trop d'espace. Elle aurait pu en écrire tout un bouquin de ses moues boudeuses et de ses sourires à la con ! Quelqu'un de censé lui aurait dit que c'était ça l'amour mais Seah, elle y connait juste rien à tous ces trucs-là.
Et puis elle explose. Elle sort de sa chambre en trombe et traverse le dortoir d'une aile à l'autre en faisant taire la voix de la raison. Et quand elle arrive devant sa chambre, elle frappe à la porte comme si son poing voulait la briser.
La vérité c'est qu'en venant, c'est son coeur qu'elle était consciente d'exposer. De fragiliser. Et de briser. « Ya. Choi Jun Young ! » Elle sait qu'il est là parce qu'à cette heure-là, il ne reste que les requins les plus déchirés à festoyer la victoire alors que d'ici quelques heures, le soleil va se lever. Elle frappe à nouveau lorsque la porte s'ouvre.
Et là elle ne dit plus un mot. Avant, son regard sévère la réprimandait. A présent, il n'y a même plus de ça. A ses yeux, c'est comme si elle était devenue transparente.
« C'est quoi ton problème ? »
Est-ce qu'il le sent ? Sa voix tremblotante. Les battements de son cœur.
Sa vulnérabilité derrière son ton dur et froid.
your name is my favorite word ♡ junah
Jun Young avait passé une assez bonne soirée, à cette fête uniquement réservée aux sangos, dans le but de célébrer leur deuxième trophée de meilleure fraternité d’affilé. Il s’y était rendu avec plusieurs de ses amis, dans un costume d’Hercules, pour s’amuser mais aussi amuser la galerie. Il avait beaucoup rit, bu, mangé. Il avait fait plus ample connaissance avec certains de ses camarades qu’il avait souvent croisé das la villa sans avoir l’opportunité de plus leur parler. Pourtant, il y avait bien une ombre au tableau. Qui n’avait cessé de le tourmenter, et de lui faire mal au cœur. Seah. En effet, depuis quelques semaines, c’était… froid, entre eux. Plus de câlinous, simples ou sous la couette. Plus de tendres sourires, plus de fous rire. Jun Young n’avait pas la tête à cela. Il la fuyait, pour tenter de panser son cœur qui au final ne cessait d’être meurtrit un peu plus chaque jour. Il avait été idiot. L’ambiance de Pyeong Chang l’avait rendu idiot. La réalité l’avait frappé violemment, sans pitié. Il était tombé de son nuage, pour s’écraser lourdement au sol. Alors oui, c’était stupide et puéril de fuir Seah pour cela, au lieu de l’affronter. Mais il ne savait pas, il ne savait plus comment faire. Ainsi, après cette fête au goût mitigé, il était rentré calmement dans sa chambre, bien triste et froide. Il pensa à Jjijimi, à qui il aurait volontiers fait des câlins. Pour se changer les idées, il se prit un bon bain, pendant de longues minutes. Il en ressortit, cheveux humides et bouclant légèrement, prêt à se poser dans son lit une fois un bas de jogging enfilé, mais on vint tambouriner à sa porte. Et cette voix… il aurait préféré croire que ce n’était qu’une illusion. Bordel mais que faisait Seah ici ? Se massant longuement le visage, le basketteur prit une grande respiration avant d’aller lui ouvrir. Le visage fermé, il ne dit rien, la regardant simplement avec un air détaché, alors qu’en réalité, il mourrait d’envie de la serrer dans ses bras. « De quoi tu parles ? ». Jun Young jouait aux cons, il le savait. La laissant entrer, il ferma la porte, histoire d’éviter de possible oreilles curieuses. « Il est tard. Tu devrais retourner dans ta chambre pour dormir. ». Et c’est alors que son cœur meurtrit prit la parole. « Si t’es en manque, j’suis pas dispo. T’en trouveras bien un autre, de pote avec bénéfices. ».
D'ordinaire elle aurait levé les yeux au ciel. « Tu vois très bien de quoi je parle. » Et elle n'a pas besoin de se le faire dire deux fois pour entrer après qu'elle lui ait forcé le passage. Sa chambre était restée la même. En bordel et familière. Et c'était étrange ce sentiment de nostalgie qui montait en flèche. Parce que Seah, elle avait toujours aimé se réfugier sous la couette de Jun Young et faire semblant d'y dormir pour qu'il ne puisse pas la renvoyer dans sa chambre à elle... Il l'avait jamais fait. Il l'avait toujours gardée contre lui, même le matin, surtout le matin ! « Non. » Elle se redresse pour lui faire face. Et lorsqu'il lui crache ces mots-là, elle sent sa gorge qui se noue et son estomac qui se retourne violemment.
« T'es pas sérieux là ? » C'était ce à quoi elle s'était attendue... à se faire jeter avant même de savoir pourquoi. Et dans le fond, est-ce qu'il avait seulement eu besoin d'une raison pour mettre un froid entre eux ? C'est fou... comme ça avait l'air simple pour lui de balayer les belles paroles, les gestes tendres et les souvenirs qu'ils avaient créé. Peut-être bien qu'elle était la seule à y avoir cru, en fait. « Si t'as quelque chose à me dire alors dis-le. Je vais pas m'éterniser cent ans si t'en as d'autres à sauter après moi... c'est ça ? c'est ça que je dois tirer de ton silence ? » Est-ce qu'elle a raison de s'emporter ? De hausser le ton ? Après tout, à replacer les choses dans leur contexte, c'est vrai qu'ils n'étaient rien d'autres que des potes. Comme il disait... des potes qui couchent ensemble.
Et pourtant.
Et pourtant elle avait espéré qu'un jour, elle aurait pu être plus à ses yeux que simplement ça.
Jun Young aurait préféré ne jamais avoir envie de câlins ce soir-là. Ainsi, il ne se serait jamais rendu à la chambre de la brunette, et il n’aurait jamais entendu ces mots qui détruisirent toute l’innocence de ces sentiments qu’il avait si longtemps enfouit et renié. Il n’y avait pas de méprise. Pas de mauvaise compréhension. Seah avait mit des mots sur leur relation. Sur ce qu’il était à ses yeux. Un ami avec bénéfices. Alors quoi, ces dernières semaines, il avait été le seul à croire qu’ils avaient franchit cette limite qu’ils s’étaient imposé en silence ? Le seul à croire que cette chanson qu’il avait chanté le dernier soir de leur séjour à Pyeong Chang n’était pas anodine, mais bien pleine de sens ? Un idiot. On le lui avait souvent dit, mais là, il avait eut une fois de plus la preuve. Cinglante. Ce fut pourquoi, malgré lui, Jun Young lâcha ces mots durs à sa belle. Mais n’était-ce pas là ce qu’elle même avait dit au téléphone ? Dents serrées, il écouta les dires de Seah, détournant le regard un instant avec un sourire en coin. Non pas de joie, mais de sarcasme. Parce qu’en plus, elle osait se faire passer pour la victime ? « Qu’est-ce que ça peut te faire si j’en ai d’autre à sauter, des filles, hein ? Depuis quand on doit se rendre des comptes ? ». Le basketteur posa alors un regard dur, glacial même sur la plus jeune. « C’est toi qui l’a dit. Je suis juste ton ami, avec qui parfois il y a du cul. Alors ne fais pas ce genre de scène, t’es pas la victime ici. ». Se passant une main dans ses cheveux encore humides, Jun Young soupira et s’éloigna pour aller récupérer sa bouteille d’eau traînant sur son bureau, en prenant une longue gorgée avant de la regard de nouveau. « Retournes à ta chambre. J’ai pas envie de parler de ça. Ni même de te voir. Tu t’es bien foutu de ma gueule, avec tes grands sourires, tes calinous, tes bisous. J’aurai déjà dû me méfier lors du jeu de la Saint Valentin. ». Là où Seah lui avait promit de venir le voir à l’armée, alors que seules la famille et la conjointe peuvent avoir l’autorisation. « J’suis juste trop con. J’ai capté. C’est bon. Tu l’auras, mon corps. Puisque c’est ça qui t’intéresse. ». Il avait mal. tellement mal. Ces mots remuaient le couteau dans sa plaie encore à vif.