C'est pas vraiment que je m'en fou de tout, c'est que j'ai la flemme de tout c'est pas pareil. J'ai un don, celui de pouvoir dormir n'importe où. Que ce soit en amphi, à l'arrêt de bus, ou devant chez toi. Ouais, un don je te dis. Je bouffe comme quatre laisse tomber, et je suis pour la préservation de la planète alors je me déplace en skate. Le bio c'est l'avenir je te jure. Je souris tout le temps, parait que ça me fait une gueule de con mais au moins j'apporte de la bonne humeur pas vrai ?! Tu peux te foutre de ma gueule, tu sais ça va me passer au dessus de la tête, je suis tellement perché que pour que tu m'atteignes m'en faut un max. N'essaye pas d'avoir de discussion sérieuse avec moi, j'ai oublié la signification de ce mot. Je rigole pour tout, et je prends tout à la légère, c'est pas contre toi hein, c'est juste que je veux pas me prendre la tête avec quoique ce soit. Que ce soit tes problèmes ou les miens, ou ceux du chat du voisin de la meuf que t'as sauté hier. Anyway. Je déteste mon père, je voue un culte à ma mère et j'aime mon cousin Park Jin Hyun comme un frère. Je déteste la gente féminine, pourtant j'adore les draguer pour les laisser en plan, voir leur regard d'incompréhension se poser sur moi ... Puis la colère se lire sur le visage ou la peine pour certaines ... Putain c'est jouissif mon gars ! Elles sont pathétiques s'en est presque attendrissant. Oh bien sur il m'arrive de coucher avec des filles, merde je suis un mec j'ai des besoins quand même, mais je les tris sur le volet, et je les tringles contre un mur, dans une ruelle ou dans les chiottes d'un club ... Après tout pourquoi s'encombrer de préliminaires et de toutes ces conneries qui ressemblent de trop près à l'amour. J'ai pas envie de prendre soin des autres, je prends je me barre. Sans même me souvenir du visage de la fille que je viens de sauter à l'instant où je remonte ma braguette. Non mais sinon je suis gentil faut pas croire.
 

  Allongé dans le noir je fixe un point invisible sur mon plafond que je ne perçois même pas. A travers le rideau filtre quelques rayons de soleil. J’ai l’estomac lourd du repas que ma mère m’a préparé. Mon lit est trop grand pour moi ce soir. Je me sens tout petit dedans, presque perdu. Je n’ai jamais compris l’utilité des grands lits comme ça. J’ai besoin de ses bras pour être honnête. Mais je sais que je ne pourrais jamais y avoir droit. Parce que je ne devrais même pas avoir envie d’être dans ses bras. Surtout pas aujourd’hui. C’est comme un feu brûlant dans le creux de mon ventre. Ça me consume avec une lenteur écœurante. Je roule sur le côté en serrant mon oreiller contre moi. Ce même oreiller où ses cheveux s’éparpillaient quand je lui faisais l’amour et qu’elle gémissait mon prénom dans le creux de mon oreille. J’enfouis mon visage dans le tissu pourtant je sais qu’il a perdu son odeur depuis longtemps. Pourtant je suis le genre de fou à rechercher la moindre fragrance de sa peau. Parfois, mon esprit malade a l’impression de le retrouver, mais c’est fugace, comme une griffe sur mon cœur qu’on m’assène. Son parfum disparait aussi vite qu’il n’est apparut, me poussant à croire que je l’ai simplement imaginé après avoir passé de longue minutes à le rechercher. Je revois ses yeux brillants qui se posaient sur moi quand je l’attirais dans mes bras dans un rire doux. J’adorais lover mon visage dans le creux de son cou. C’est dingue. Cette sensation de chaleur … Sa nuque était belle. Je n’ai jamais cru que je pourrais convoiter cette partie de son corps et pourtant … je savais que seules mes lèvres s’y aventuraient pour lui arracher des soupirs de bien être. Je sens encore sa peau sous mes doigts et ça me déchire. J’ai le cœur en morceau depuis qu’elle est partie … Il l’est depuis que je suis tombée à genoux devant elle pour la supplier de rester. J’ai renoncé à tout à cet instant … A ma fierté, à mon égo, à mon honneur. Putain, j’ai même chialer devant elle, comme un môme à qui on retirait son jouet. Mais elle est restée froide, avec son visage impassible. Son regard n’a pas cillé quand elle s’est retournée. J’entends encore ses talons claquer le bitume. Chacun de ses pas étaient un putain de poignard dans mon cœur. Elle m’a piétiné. Je me revois l’appeler, comme le gosse pathétique que j’étais … Noona … Réveille toi mon grand. Noona est partie. Elle a juste joué avec toi. Tu as voulu jouer au grand, t’avais l’impression d’être un homme dans ses bras. Elle était belle. Elle était ensorcelante. Putain, merde t’es tombé dans son piège mon gars. Ça te dérangeait pas d’être l’amant dans l’histoire. Tu ne pensais pas tomber amoureux mais de cette femme, t’as été raide dingue. Tu trouvais que ça mettait du piment dans ta vie, elle te disait qu’elle ne vivrait qu’à jamais pour toi … T’y as vraiment cru ? Bien sûr que t’y a cru, parce que t’as été qu’un con sur ce coup là. Ta richesse, ton patrimoine, ton avenir de fils de PDG tout tracé … elle s’en foutait, elle avait un fiancé tout aussi bien que toi. Peut-être même mieux … Ouais, ce connard était mieux et tu le savais, mais tu croyais bêtement qu’elle t’aimait vraiment et que ça, au moins, ça ferait pencher la balance. Tu parles … Je me sens con d’avoir été trouvé mon père, d’avoir renié mes liens avec lui pour lui dire que j’épouserais cette fille. Putain … j’étais même près à l’épouser. C’est risible. Je me redresse de mon lit avec ce gout amer dans la bouche. Je tire les rideaux pour faire de la lumière et ça me brûle les yeux. Je lâche un juron et passant une main dans mes cheveux. Je sors de ma chambre sans un mot et descend au salon où ma mère se trouve. Elle le sait, elle le voit, mais elle ne dit rien. Son fils va mal mais elle ne sait pas comment l’aider. J’esquisse un sourire pour la rassurer et me penche vers elle pour déposer un baiser sur sa joue. Mon père, lui, lit son journal. « Si tu sors, tu diras bonjour à Jin Hyun et rappelle lui qu’il vient dîner à la maison samedi soir. » c’est toujours la même rengaine. J’acquiesce. En silence, comme d’habitude, de toute façon il ne lèvera pas les yeux de son journal. J’enfonce ma casquette sur ma tête et abaisser la visière sur mes yeux. On ne voit que mon sourire insolent se dessiner sur mes lèvres. J’ajuste mon t-shirt sur mes épaules et regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir de l’entrée. Ça fait trois ans maintenant qu’elle m’a quitté pour rester avec son fiancé, mais je n’ai toujours pas avancé. Je crois que j’ai finis par me noyer mais dehors … Ils ne me connaissent pas. Ils ne savent pas qui je suis. Ils me prennent pour ce petit con arrogant et prétentieux qui ne prend pas la vie au sérieux. On toujours cherché à me coller une étiquette. Celui du fils raté, celui du coincé de service, maintenant l’étiquette du branleur de service célibatard. Et je n’ai jamais cherché à démentir. Si ça peut vous faire plaisir. Allez y. En fait je crois juste que je ne sais pas même pas moi-même qui je suis. Je sors de chez moi en glissant mes mains dans mes poches. Aujourd’hui est un jour comme d’habitude. Mon pas nonchalant et mon sourire provocant me font oublier mon cœur brisé que je laisse derrière moi, dans les draps de mon lit. La nuit viendra bien assez vite pour me rappeler son absence …