Né dans une famille pauvre aux moyens plus que limités, le jeune homme a compris très tôt que la vie, « cette vieille sal*pe » comme il aimait bien l'appeler, n'allait pas lui faire de cadeaux. Particulièrement terre à terre, il apprit très rapidement à se débrouiller seul et à subvenir soi-même à ses besoins. Quitte à se lancer des activités considérées comme illicites, mais dont il n'avait cure puisqu'il estimait mériter de vivre autant que les autres. Ses nombreuses altercations – viriles ou non – avec les adultes – que ce soit à l'école ou dans la rue – auraient du calmer ses ardeurs et le remettre sur le droit chemin, mais que nenni. Son adolescence, passée plus souvent dans les rues des bas fonds de sa ville que dans les couloirs de l'école, fit de lui un garçon bien loin de l'image parfaite du coréen standard que le moule sociétal s'efforçait pourtant à produire. Adieu, jeune homme bien habillé, bien coiffé, capable de réciter la formule de Simpsons à l'âge de six et de donner la cinquante-huitième décimale du nombre Pi. Et bienvenu au cancre dont on évite soigneusement le regard dans le métro.
Le sino-coréen est donc un garçon sanguin et impulsif, capable de partir au quart de tour pour peu qu'on lui regarde un peu trop de travers. On garde souvent de lui l'image d'un type qui n'hésite pas à se retrousser les manches, prêt à aller au casse-pipe et un poil trop grande-gueule, ce qui est carrément vrai. Généralement amateur du franc-parler, il lui arrive cependant - pour se protéger, ou quand ça lui arrange tout simplement - à raconter des bobards. Attention à ne pas vous fier à tout ce qui sort de sa bouche, même si ses paroles sont plus sucrées que le nutella. Et quant à sa débauche infernale d'énergie... Il faudra vous y habituer. Incapable de rester sur place à ne rien faire plus de deux minutes, son comportement quotidien risque de vous fatiguer plus que l'école elle-même. Ou bien à l'inverse, vous contaminer complètement.
Mais n'allez pas penser qu'il s'agit de là un mauvais bougre ! Si Jaehwan fait preuve d'une certaine maladresse envers les autres et qu'il puisse se montrer chiant à souhaiter, il reste malgré tout un type qu'on ne peut que difficilement détester et qui n'est vraiment pas méchant. Drôle, souriant, sociable et prêt à faire le pitre pour la bonne cause, toujours enclin à balancer quelques tours de magie quand il le faut. Il se montre en plus étonnamment respectueux envers les personnes âgées, pour qui il est prêt à braver vents et marées. On dit de lui qu'il est bizarre. Mais avec le temps, il a fini par prendre ça comme un compliment; Il se sait différent des autres sur de nombreux points et ne le cache pas : S'il ne déteste pas sortir avec des potes ou boire un verre après les cours ou le boulot, ne comptez pas sur lui pour le traîner en boîte toutes les semaines pour récupérer des numéros de gonzesse - il déteste ça, d'ailleurs -.
Dernière ombre au tableau, attendez vous à perdre des trucs en sa présence. Même s'il ne le fait pas exprès – et qu'il vous rendra sans doute ce qu'il vous a piqué lorsqu'il l'aura lui-même remarqué -, ses habitudes de cleptomanes ne se sont pas toutes évanouies.

Un fâcheux accident. Jaehwan est un enfant non voulu ; Comment pouvait-il en être autrement, de toute manière ? Né d'un père gérant d'un garage miteux empêtré des de colossales dettes et d'une mère call-girl low-cost qui utilisait son corps pour rembourser les faramineuses sommes englouties par l'échec social et économique de son mari, JH semblait être un accident de parcours qui allait disparaître dans la cuve des toilettes publiques. Et ce n'étaient clairement pas les allocations familiales qu'allaient générer sa naissance qui justifieraient cet « investissement » à haut risque. Mais la famille Park était même trop fauchée pour payer un avortement. Et si l'idée d'une chute accidentelle dans les escaliers germèrent dans les esprits des parents, ils « décidèrent » finalement de le garder. Non sans avoir évoquer à plusieurs reprises l'idée de l'abandonner devant une église ou une maison choisie au pifomètre.

Jaehwan a donc grandi dans un environnement familial pauvre. De son enfance, il ne retiendra pas grand chose si ce ne sont des mauvais ou très mauvais souvenirs. La solitude chez soi, seul devant la télé, l'après midi, parce que ses camarades de classe à la maternelle et à l'école ne voulaient pas jouer avec lui. Lui, jouer au ballon ou au toboggan, tout seul encore, alors que les parents des autres enfants venaient les récupérer à la fin des classes. Et encore lui, entendant les autres rire dans son dos lorsqu'il avait une mauvaise note en mathématiques. Son accent ridicule – sa génitrice étant une campagnarde profonde et son père un chinois exilé – n'aida malheureusement pas à son intégration sociale, qu'il considéra rapidement comme étant la source de tous ses maux : Si on se moquait de lui, c'était parce qu'il était différent. Et s'il était différent, c'était à cause de ses parents. Les enfants entrent généralement en conflit avec leurs géniteurs lors de l'adolescence pendant cette fameuse crise. Pour Jaehwan, cette période débuta bien plus tôt... Ce fut finalement une grand mère, vivant dans un appartement voisin, qui pallia l'absence des adultes dans sa vie. Cette dernière, admirable en tout point de vue mais délaissée par ses enfants et petits enfants, déversa sa générosité sur ce jeune garçon perdu qui regardait avec envie les autres gamins de son âge.

Mais l'amour de quelqu'un ne suffit parfois pas à maintenir l'espoir chez quelqu'un. Ce n'est pas ce qui comble l'estomac d'un homme. Ou qui réchauffe son logis la nuit.
Son premier larcin, il le commit à l'âge de dix ans. Ce n'était qu'une pomme, mais une première pomme suffit à l'engrener dans cette étrange spirale. Après la pomme fut le pain. Après le pain, le savon. Et après les objets de première nécessité vinrent ensuite l'argent, les téléphones, objets de luxes. Des choses qui n'étaient là pour satisfaire sa vanité d'abord, ses « supérieurs » ensuite. Voler en bande fut instructif mais était peu lucratif. Il quitta alors ses « amis » pour faire cavalier seul, se jugeant suffisamment grand et doué pour ne dépendre de personne. L'école était une obligation tandis que le larcin, une passion. Il se servait de l'argent illicite que cela générait pour sortir avec des filles, « s'acheter » des choses et se donner l'impression que sa vie n'était pas aussi pourrie que cela. Et ce ne sont pas les quelques soirées au commissariat qui calmèrent ses ardeurs.

C'est durant une de ses manigances qu'il rencontra pour la première fois Nao Mi. C'était une gamine « haute comme trois pommes » qui tentait de voler un vieux type. Une cible facile pour lui, mais trop difficile pour elle. L'échec était la seule issue, jusqu'à ce qu'il décide, pour des raisons qu'il ne saurait expliquer aujourd'hui, d'aider cette pauvre fille. Il partagea le « butin » avec elle alors que rien ne l'obligeait et créa, ainsi, un lien plus solide que celui du sang, avec elle. Il devint le maître, elle devint la disciple. Et ensemble ils firent les trois cent coups.
Cela dura des années, sans que Jaehwan ne sache comment se remettre en question. La rue était devenu son logis et voler, courir, disparaître et recommencer sa « raison de vivre ». Sa vie devint certes moins pénible, mais était-ce là la vie qu'il souhaitait avoir ? Les mots des policiers ne trouvèrent jamais écho dans son cœur, mais ceux de cette grand mère si. Voler et se battre à longueur de journée n'était clairement pas une vie de rêve. Ni une vie tout court. Ce fut juste dommage qu'il comprenne cela lorsque son seul « parent » rendit son dernier souffle.

Jaehwan commença alors à chercher une lumière, une conduite, la rédemption. Et ce fut dans Nao Mi qu'il trouva tout cela. Il l'aida à se revaloriser alors qu'il ne se valorisait plus lui-même. Il l'aida à se racheter une conduite tandis que la sienne était plus mauvaise que quiconque. Il décida de faire passer sa vie avant la sienne alors qu'il n'avait techniquement rien à y gagner. Et pourtant... Elle parvint à s'en sortir. Puis lui aussi. Il abandonna les larcins et se promit à lui-même qu'il allait changer. Ce qu'il fit, non sans difficultés. Il retourna à l'école, où il était particulièrement mauvais, pour se refaire la cerise : à son grand étonnement, il obtint son diplôme et se permit le luxe d'entrer à l'université. Son choix se porta sur l'art du spectacle, seule « matière » où il était moins mauvais que les autres. Il est drôle, connaît quelques tours de magie et a un certain penchant pour la démesure : sa voie était donc toute tracée. Et ne pouvant compter sur ses parents pour financer sa nouvelle vie – avec qui pourtant il se rapprocha étrangement -, il se mit en quête à gagner de l'argent en travaillant. Légalement, cette fois-ci.