Pour la énième fois depuis plusieurs minutes, Soo Hwan songea qu’il avait bien fait de sortir. Il passait un très bon moment, à l’opposé de cette jeune femme qui devait regretter du plus profond de son être d’être passée par le parc. « Que je te tutoie ou te vouvoie, je pense pas qu’on soit à ça près… c’est pas comme si t’allais te dire que j’étais un mec cool avec qui t’avais envie d’être proche, juste parce que je te vouvoie. Donc autant te tutoyer. Si ça te semble si injuste, t’as qu’à me tutoyer aussi. » Il avait un sourire arrogant et il l’était un peu, mais il s’en fichait. Son objectif était de la provoquer aussi longtemps qu’il le pouvait et les cieux étaient de son côté puisque l’abeille ne la quittait pas. Il eut un rire. « Donc t’es juste en train de dire avec des mots compliqués que je sers à quelque chose mais que ça te coûte de l’admettre. Sauf que tu viens de l’admettre. » Peut-être qu’il allait assez l’agacer pour qu’elle sorte de son masque neutre et de sa voix polie. S’il y avait bien quelque chose que Soo Hwan trouvait stupide, c’était toujours rester sur la superficialité, comme elle. Ne pas exprimer ses émotions, rester neutre, parler poliment quand on voulait insulter. Il observa une nouvelle fois le spectacle de la jeune femme qui essaya de partir mais fut contrainte de revenir derrière lui. « Ah ! Mais quelle mouche t’a piquée pour que tu changes d’avis ? » Il se trouvait drôle. Il ne l’était pas. En fait il le savait, c’était justement parce qu’il ne l’était pas et qu’il ne faisait que l’agacer davantage que c’était si marrant. Mais au fond, elle commençait à lui faire de la peine. Tout aurait été bien plus simple si elle avait su être honnête et lui dire de l’accompagner jusqu’à la fin du parc. Elle n’aurait pas eu à subir toutes les provocations inutiles du garçon. Il s’était bien diverti à l’agacer mais elle avait l’air un peu pitoyable quand même – il fallait savoir arrêter de se moquer des autres. Il ne répondit pas à la jeune femme et se contenta de faire des gestes rapides et brutaux contre l’abeille pour la faire fuir. Il suffit de trois ou quatre mouvements pour que cette dernière se sente menacée et préfère s’envoler, loin.L’abeille n’était plus. Rien n’obligeait plus la jeune femme d’être en sa présence et il n’avait pas non plus à l’accompagner pour traverser le parc. Il aurait pu, bien sûr, en profiter pour faire durer sa moquerie plus longtemps. Mais encore une fois, il avait jugé qu’il valait mieux s’arrêter avant d’être vraiment méchant envers elle. Lui voulait simplement rire, et il avait ri. « Voilà. Je t’en prie, continue ton chemin sans ma présence. Merci pour ce petit moment de rigolade, t’es mignonne dans ton genre, même si t’es un peu coincée. » s’exclama t-il en se moquant d’elle une dernière fois. Il fit un geste de la main pour lui dire au-revoir et partit le premier. C’était inutile de rester plus longtemps pour s’en prendre encore plein la gueule, même s’il l’avait mérité.