ça te déstabilise qu’elle se penche vers toi de la sorte. tu n’as pas l’habitude d’être observé de si près. pourtant, tu la laisses faire et tu ne recules même pas devant son geste, et ce même si tu ne comprends pas réellement la démarche. tu restes presque impassible alors que ton regard se bloque dans le tien. on ne voit rien de ta gêne, juste tes oreilles qui sont devenues rouges. tu reprends ton souffle quand elle se décale. tu n’avais pas fait attention à ce fait. tu n’avais pas remarqué que tu avais, l’espace de quelques instants, arrêté de respirer à cause d’elle. c’était la faute de alana pour être si belle et s’être approchée autant de toi. ça t’avait mis le cerveau à l’envers. heureusement, tu arrives à vite te reprendre et tu lui poses une question sur son métier. ça t’intéresse réellement de savoir si elle est spécialisée dans un sport ou si elle peut couvrir tout type d’évènement. quand la jeune femme te répond, tu fronces les sourcils. tu entends clairement que quelque chose ne lui plait pas avec la façon de faire de sa maison d’édition. t’hésites à lui demander pourquoi tu as l’impression que quelque chose ne va pas. mais tu te tais. ce n’est sûrement pas quelque chose dont elle a envie de discuter avec un inconnu. cependant, tu es curieux et au moment où tu ouvres la bouche pour demander, alana reprend la parole. tu hausses les épaules pensif. « je sais pas vraiment. » réponds-tu honnêtement, alors que ton regard se perd au loin. à vrai dire tu n’as jamais réellement pensé à ton avenir. tu sais que tu ne feras pas du taekwondo toute ta vie et que les compétitions n’étaient pas réellement faites pour toi. mais tu n’avais jamais pensé à l’après yonsei… « c’est ma dernière année à la yonsei avant l’obtention de mon diplôme. j’ai jamais réellement pensé à ce que j’allais faire. » tu tournes à nouveau la tête vers la jeune femme avant de laisser un sourire se poser sur tes lèvres. « tout ce que je sais, c’est que je finirai pas ma vie à livrer des sushis. » petite référence à ce qu’elle avait dit quelques minutes plus tôt. tu gardes le silence quelques instants avant de reprendre. « ça te dit une virée en moto ? » bon, faudrait d’abord que tu ramènes le scooter du restaurant et que tu récupères ta moto, mais tu proposes quand même.

Alana était toujours là où on ne l’attendait pas, avec une attitude parfois brusquant et désinvolte mais toujours réfléchie. Son père lui avait donné le goût du contrôle et la jeune femme agissait toujours en ayant deux coups d’avance en tête. Rien n’était jamais laissé aux hasards, et elle apprenait à gérer ses émotions pour n’être qu’un mur de glace face à ses adversaires. Elle se masquait derrière des sourires polis et des regards insolents. Elle savait qu’elle avait un rôle à jouer dans la société, elle se persuadait qu’elle n’était pas faite pour la simple vie cachée qu’elle menait. Alana rêvait de grandeur et refusait que sa maladie ne la cantonne à sa chambre. Elle voulait voir le monde et elle le verrait, de nuit s’il le fallait. Elle restait cloitrée entre ses murs à refaire le monde, fatiguée de ces si qu’elle ne cessait de se rabâcher. Elle voulait son indépendance, sa liberté, elle voulait pouvoir cueillir sa vie entre ses mains et en faire ce qu’elle voulait … elle avait déjà réussi à obtenir un métier qu’elle aimait, quand bien même de nombreux obstacles s’étaient dressée devant elle, elle s’était accrochée et battue plus qu’un autre, plus qu’une autre, pour obtenir ce qui lui revenait de droit. Elle détestait quand les autres utilisaient sa maladie pour s’en servir contre elle et ce qu’elle détestait par-dessus tout c’était qu’on puisse la voir faible et fragile parce que c’était tout sauf ce qu’elle était … Elle bascule la tête en arrière dans un léger soupire, fermant les yeux « Comment tu fais … ? » murmure-t-elle un brin fatiguée toutefois avant de reporter son regard brillant vers celui du garçon. « Pour ne pas prévoir ton avenir et savoir où tu seras demain. » C’était presque angoissant pour elle. De lâcher prise, de voir ce qui se passera sans rien pouvoir anticiper. Advienne que pourra était une hantise pour elle. Elle avait déjà sa maladie qu’elle ne pouvait prévoir et qui empiétait déjà sur sa vie … Elle attrape les baquettes et coince le dernier sushi entre le bois pour lui tendre. Elle place sa main dessous à l’éventualité de toutes chutes et vient lui porter à ses lèvres. Elle n’avait plus faim, trop contrarié pour réellement manger comme elle le voudrait. « Tu vaux mieux que livrer des sushi. » souffle-t-elle sincère. Elle ne le connaissait pas vraiment, comment pouvait-elle assurer une telle chose ? Parce qu’Alana avait du flaire, elle suivait son instinct qu’elle savait infaillible. « J’ai un bon pressentiment te connaissant. » sourit-elle amusé et malicieuse. Ça lui faisait du bien de pouvoir se détendre et de pouvoir faire tomber un peu le masque. Sourire aussi lui faisait du bien, toutefois c’est surprise qu’elle fixe le garçon en papillonnant des yeux. «  Tu proposes souvent des virées en moto aux inconnues ? » le taquine-t-elle, elle aimerait de toute évidence qu’il lui dise que non mais Alana avait depuis bien longtemps perdu tout espoir concernant les hommes. Elle se relève sans un mot et s’éloigne jusqu’à la poubelle pour jeter l’emballage vide des sushi. « On y va ? » conclut-elle en se tournant vers lui. Elle n’avait certainement pas la meilleure tenue la plus adéquate pour sa virée en moto mais elle n’avait pas envie de retourner chez elle pour l’instant. Cela lui faisait penser qu’elle  n’avait d’ailleurs pas payé son repas de ce soir. Plus tard, pensa-t-elle en haussant les épaules, frissonnant tout de même par la fraîcheur de la nuit qui arrivait doucement.

sa question t’arrache un sourire tandis que ton regard se bloque dans le sien. t’as l’impression de voir dans ses yeux de l’angoisse, comme si elle n’aimait pas ne rien prévoir et avoir tout sous contrôle. mais tu n’étais pas comme ça, tu vivais presque au jour le jour et même si tu te posais des questions par rapport à tout ça, tu n’étais pas aussi concentré sur ce que tu comptais faire de ta vie. tu avais plusieurs pistes, mais aucune qui pour le moment t’intéressait plus qu’une autre. « je sais pas. je me pose pas vraiment de question… j’attends de voir de quoi demain sera fait. » si yury avait été là, il aurait été fier de ta réponse. toi qui d’ordinaire réfléchissait à tout, pour ce genre de choses ce n’était pas le cas. tu te laissais porter par le vent comme un voilier. tu verras bien ce que ça t’apportera. alana décide ensuite de te nourrir, et un sourire s’affiche sur tes lèvres alors que tu avances la tête vers les baguettes et le sushi. tu l’attrapes entre tes dents avant de le fourrer complètement dans ta bouche. tu mâches le temps qu’elle reprenne la parole. elle semble sincère et tu poses sur elle un regard tendre. « merci. » dis-tu tandis que ta langue vient récupérer un morceau de riz resté coincé sur ta lèvre. tes yeux se reposent sur elle alors qu’elle te pose une question. est-ce que ça a réellement de l’importance ? parce que tu n’es pas réellement le type à proposer à n’importe qui de monter sur ta moto. « aux inconnues jamais. » tu réponds toutefois parce que c’est la vérité. « t’es la première. » il n’y avait eu que tes amies et ta famille avant et personne d’autre. est-ce que cette réponse lui conviendra ? est-ce qu’elle sera satisfaite d’entendre ces mots ? tu ne sais pas réellement et tu l’observes se lever pour aller tout jeter dans la poubelle la plus proche. quand elle revient vers toi, elle semble prête à partir et tu te lèves du banc, enlevant ta veste. « tiens enfile ça. » tu lui tends pour qu’elle la prenne avant de lui expliquer le programme. « faut que j’aille récupérer ma moto au restaurant et je dois déposer le scooter là-bas. j’espère que ça te dérange pas. » parce que clairement un scooter ça avait moins de gueule qu’une moto. tu n’en aurais pas pour longtemps de récupérer ton bolide, mais il faudrait qu’elle accepte de monter sur le scooter de merde du restaurant. enfin pas réellement de merde. c’était un nouveau modèle que l’assurance vous avez remboursé après que tu aies été volé devant le dortoir des sangos. « tu peux toujours refuser tu sais. rien ne t’oblige à venir. » c’est vrai qu’elle n’a pas à dire oui. seulement si ça lui dit. tu ne seras pas déçu, en colère ou tu ne lui en voudrais pas, si au final, elle décidait de ne pas venir avec toi. « t’as peut-être autre chose de prévu. » et elle est trop gentille pour te rembarrer. ce ne serait pas la première fois qu’une file est trop gentille pour te dire non, croyant que tu lui en voudrait ou quelque chose dans le genre. alors qu’au final, tu n’étais pas comme ça.

La première ? Ca arrachait un petit sourire en coin à Alana qui s’approcha de lui quand il lui tendit le casque. Il avait au moins la présence d’esprit d’assurer sa sécurité. Qu’importe s’il lui mentait ce soir, s’il était du genre à dire ça à toutes les femmes, ou s’il était sincère … Elle avait besoin de se changer les idées et de croire que ce soir tout lui était permis. Elle esquisse un sourire doux en prenant le casque et tire sur la veste du garçon comme pour l’ajuster et lui époussète les épaules. Elle le fixe et s’amuse de sa réaction comme s’il craignait de la forcer ou que sais-je … Alana ne peut retenir un petit rire amusé en soufflant «  Ça ne me dérange pas. » en arquant un sourcil s’approchant de lui pour poser une main sur son torse. « Scooter ou moto … peu importe tant que tu m’emmènes loin d’ici. » elle se rapproche de lui un peu plus en levant un regard vers lui « J’espère juste que ça ne dérangera pas ta petite amie … » souffle-t-elle d’un regard entendu en venant déposer un baiser sur sa joue. Elle était joueuse, flirtait avec lui de toute évidence sans rien promettre de plus, mais elle appréciait la présence du garçon. Elle s’approche du scooter et attends que le garçon grimpe dessus pour grimper derrière lui. « Je risque d’avoir froid avec ma jupe non ? » fit-elle remarquer en glissant ses mains sur ses hanches.  Elle ne comptait pas rentrer chez elle pour se trouver une tenue plus adaptée, elle connaissait déjà la réponse dans le fond, mais qu’importe. Assise sur le scooter elle ne comptait pas en descendre. Ça lui changerait les idées ce soir. « Tu m’emmènes où ? » sourit-elle comme si elle partait à l’aventure.