tes larmes continuent de couler tandis que pour la première fois depuis ton arrivée en mars, tu te plains. tu n’as jamais rien dit à personne. certes, ce sentiment s’est agrandit au fil des jours dans ton cœur, mais tu ne l’avais jamais mentionné à voix haute. et là, devant cette jeune femme tu laisses échapper quelques mots entrecoupés de tes sanglots. tu veux rentrer chez toi parce que tu ne supportes plus cette situation. tout est trop compliqué pour toi. tu as besoin de ta maman plus que de n’importe qui. en dix-sept ans de vie, c’est la première fois que tu es si loin de ta mère pendant aussi longtemps. t’es pas encore rentré en chine depuis ton arrivée et ça te manque ses bras protecteurs et son odeur familière et rassurante. tu voudrais tellement qu’elle soit là en ce moment et qu’elle te remonte le moral, qu’elle te dise que tout ira bien et que tu peux le faire. tu resserres encore un peu plus le tissu de ton doudou contre toi quand la plus vieille vient prendre place à tes côtés dans cet endroit exigu. tu l’observes tirer sur sa robe parce qu’elle avait dévoilé ses jambes et enlever ses chaussures à talons. que fait-elle ? pourquoi s’installe-t-elle près de toi ? tu ne comprends pas la situation et ne saisis pas ses intention. tu te recroquevilles encore un peu plus quand sa main vient remettre tes cheveux en place et qu’elle prend ton doudou dans ses mains. tu veux lui crier d’arrêter, mais t’en as pas la force. alors, tu la regardes sans comprendre et quand elle replace le tissu sur ton visage, tu arrêtes quelques secondes de pleurer à cause de la surprise. t’es encore plus confus quand elle te prend dans ses bras te serrant contre elle tout en te berçant. tu n’as pas le temps de penser à tout ça que les larmes recommencent à couler tandis qu’instinctivement, tu te rapproches encore plus de cette inconnue. tu ne sais pas pourquoi, mais elle sent presque comme ta maman. c’est pourquoi tu ne la repousses pas, toi qui n’est pas à l’aise avec les femmes. à la place tu enfouis un peu plus ton visage contre son sein, sentant ses cheveux chatouiller ton nez. tu ne dis rien alors que tes pleurs se calment petit à petit sous ses caresses.

Elle ne savait pas ce qu’elle pourrait lui dire pour l’après larmes. Quand il sera apaisé et calmé, qu’il sera sûrement fatigué d’avoir tant pleuré. Elle caresse sa nuque doucement et fredonne une mélodie que sa mère avait toujours l’habitude de lui chanter. C’était typiquement dans c genre de situation que Kelea pensait à Kouji. Lui qui savait si bien faire du bien aux autres, qui savait trouver les mots justes et qui savait être réconfortant et doux. Elle ne doutait pas que ce gosse aurait retrouvé rapidement le sourire à son contact …  Kelea était plus modérée dans ses paroles, dans son approche avec les autres. Beaucoup plus brute de pommes. Après de longues minutes qu’elle ne comptait plus, elle vient lui caresser la joue pour relever son visage vers elle. « Ça va mieux ? » souffle-t-elle avec une douceur qu’elle ne se connaissait pas. Elle affiche un petit sourire en lui essuyant le coin de l’œil de son doudou. « C’est ton doudou ? » sourit-elle. « Le mien je le garde sous mon oreiller chez moi. » souffle-t-elle comme pour le rassurer, leur trouver un point commun dont ils ne devraient pas avoir honte. Elle se redresse légèrement pour ne pas sentir sa jambe engourdie par leur position étroite. « Ça te dit qu’on aille manger un morceau … Qu’est ce qui te ferait plaisir ? Un bon burger ? Des nouilles ? » Un plat qui pourrait peut-être lui rappeler son pays ? Elle n’était pas certaine d’avoir le droit de poser la question mais elle ne faisait jamais fit de son indélicatesse. « C’est toujours mieux de raconter ses chagrins le ventre pleins. » comme lui disait souvent sa mère. Elle se déloge de leur cocon improvisé mais reste accroupie devant lui en lui tendant une main pour l’inviter à la rejoindre. « Et on peut même prendre ton doudou. » souffle-t-elle malicieusement, pour lui dire qu’elle se moquait bien du regard des autres. Elle ne sait pas pourquoi elle laissait une soirée importante tomber à l’eau pour les beaux yeux de ce gosse. Qui sait … Kelea grandissait et apprenait à se lier aux autres plus sereinement. C’était une étape importante dans sa vie.

tu mets plusieurs minutes à te calmer dans les bras de la jeune femme. tu ne comprends pas réellement pourquoi tu arrives à le faire alors que c’est une femme. tu as toujours été mal à l’aise en leur présence comme avec les personnes âgées. et pourtant, avec elle, tu te calmes comme si tu étais dans les bras de ta maman. leurs odeurs sont similaires et tu ne saurais pas expliquer ce qu’elles sentent. tu te sens juste totalement en confiance avec elle. tu finis par arrêter progressivement de sangloter alors que les larmes continuent un peu plus longtemps à couler sur ton visage. d’ailleurs, elle le remonte vers elle et tu hoches lentement la tête à ses mots. tu vas mieux, mais tu ne vas toujours pas bien. ça te manque trop ta vie en chine, ta famille, tes chiens et toutes les personnes qui font parties de ta vie là-bas. « oui c’est mon doudou. d’habitude il être sous l’oreiller. mais je pleurer avec lui quand je vais pas bien. » t’essaies comme tu peux de parler un coréen correct mais ce n’est pas encore ça. ça ne fait pas assez longtemps que tu es là pour arrêter de faire des fautes. tu le comprends mieux c’est sûr mais les fautes sont toujours là malheureusement. la jeune femme se redresse et tu la regardes faire en écoutant ce qu’elle te propose. allez manger. t’as pas réellement faim, mais tu sais que si tu ne manges pas ce soir, tu risques de te lever en pleine nuit pour dévorer des paquets de bonbons et ce n’est clairement pas bon pour toi tout ce sucre. tu hoches donc une nouvelle fois la tête, restant toujours assis entre ces deux machines à laver. elle se lève alors, se sortant de l’endroit où vous étiez avant de te tendre la main pour que tu la prennes. elle propose même que tu amènes ton doudou avec vous et tu le serres un peu plus fort contre toi, tandis que tu poses délicatement ta main dans la sienne. « je vouloir ramen s’il te plait. » tu n’aimais pas réellement la cuisine toute faite et encore moins quand c’était industriel, mais vu que tu n’avais pas faim, tu pourrais faire une exception pour ce soir. tu te sors toi aussi de ton lieu protecteur pour te lever. « tu devoir pas aller faire le fête ? » que tu demandes, remarquant pour la première fois le fait qu’elle est bien habillée. « je pas vouloir que toi reste avoir moi si tu vouloir sortir. » parce que tu t’en voudrais qu’elle s’occupe d’un gamin comme toi, alors qu’elle pourrait sortir et faire la fête avec ses amis. toi, t’es rien pour elle. tu resteras juste là à attendre que tes larmes se tarissent avant de rejoindre ton lit pour t’endormir.

Kelea réalise que pour comprendre le gosse il lui fallait remplacer les mots dans le bon sens et les conjuguer. Elle esquisse toute fois un sourire en coin amusé et se redresse en sentant ses jambes remplie de fourmi. C’était attendrissant la façon qu’il avait de parler, même si pour le coup elle savait que c’était le genre de chose qui allait vite l’agacer. Kelea avait du mal avec la différence quand bien même elle était l’exemple même de la différence. Elle se redresse et l’aide à se relever sans vraiment lui donner son avis. La vulnérabilité du garçon et son jeune âge lui donnait l’impression d’avoir un enfant en face d’elle, elle agissait alors avec lui comme  tel. « Déjà chéri, je vais t’apprendre à parler Coréen, et ensuite je vais t’emmener manger des ramens. » Elle rejette par-dessus son épaule sa chevelure presque naturelle et entraine le jeune garçon dans le couloir. Elle avise de sa tenue et souffle « Ça ira pour ce soir. » Elle se parlait plus à elle-même qu’au gosse et l’entraine avec un petit sourire en passant un bras par-dessus son épaule. « Ce soir je m’occupe de toi et on va manger dans le meilleur restau de ramen de la ville ! » étape numéro une leur trouver des manteaux, elle attrape celui accroché au porte manteau de l’entrée et l’enfile avant de le pousser à choisir son manteau. « et doudou, là, hop dans la poche il vient avec nous ! » Elle ramasse son sac à main qu’elle avait laissé dans l’entrée et ouvre déjà la porte, ne pas laisser le temps au gosse de réagir c’était encore la meilleure façon de le pousser à venir. Elle ne le connaissait pas encore mais se doutait au vu de sa timidité et de son mal être qu’il y avait 90% de chance qu’il refuse de venir. Au moins avec l’effet de surprise Kelea pouvait espérer au moins le trainer dans la rue.