Comme beaucoup histoire, la mienne n'a rien de féérique. Il n'y pas de chevalier, ni de princesse, ni de prince, ni de magie. Elle ne renferme aucun mauvais sort lancé par une sorcière ou un homme fou. En fait, il s'agit d'une histoire banale d'une famille combattant jour après jour pour survivre. J'aurais aimé pouvoir vous la raconter en commençant par cette fameuse phrase : il était une fois...  Cependant, les contes de fées font parties de l'imaginaire des enfants. Je suis loin de ce château grandiose qui m'ouvrirait les portes... Mon histoire n'a rien de merveilleux. Elle est ordinaire en allant vers l'ennui. Alors je ne vais pas vous la raconter, je vais simplement vous lire ma dernière lettre écrite à ma mère.

''Maman, tu as toujours été présente auprès de moi. Pourtant, je ne suis que source de douleur et de malheur pour ta personne. Tu n'avais pas besoin de me mettre au monde ou de me garder. Plusieurs options t’ont été offertes. Pourtant, tu as choisi la route que tu croyais juste. En oubliant ou plutôt en laissant le monde te juger. Tu as été délaissée par ta famille. Tu as perdu l'homme que tu aimais pour une simple question d'argent. Alors, tu voulais démontrer à tous les gens qui t'entourent que tu es responsable. Non ! Qu'il y avait en toi la force !

Tu as débuté sur le marché du travail comme vendeuse au marché. Tu vendais quelques poissons de ta famille. Il n’y avait aucune fierté dans ce travail. Puis, tu as rencontré cet idiot alors qu'il était jardinier chez les Park. Il était venu chercher quelques crevettes pour le chef cuisiner de la famille Park. C'est lui qui te fit rentrer comme nounou. Lorsque Madame Park attendait encore Jin Hyun... Ton sourire annonçait alors ton bonheur. Un nouvel emploi plus payant. Mais, le bonheur fut coupé de court quand tu appris pour moi. Tu en était à cinq mois de grossesse et il te quitta en t'offrant ses dettes en prime. Tu dû alors travailler plus dur. Profitant de tes soirées pour coudre quelques oursons en peluche. Et à mon arrivée, tu dus mélanger ton travail et ta vie de mère. Je ne pourrais jamais dire que tu n'as pas fait le bon choix. Grâce à toi, j'ai appris la signification du travail, de l'économie et de la détermination. C'est d'ailleurs grâce à toi que j'ai pu le rencontrer alors que j'effleurais mes neuf ans. Il avait été un élément déclencheur du tournant de notre famille.

Maman, tu te souviens de l'été de mes neuf ans. Nous n'avions pas les moyens de m'envoyer dans un camps de jour ou en voyage d'été. Tu avais alors pris un risque en m'apportant chez cette famille. << Eun Mi, tu ne peu pas t'habiller ainsi ! Va mettre ta robe du dimanche. >> Cette fameuse robe blanche qui réfléchissait la pureté. La seule et unique robe magnifique que je possédais à l'époque. Elle était pourtant réservée à l'église, mais tu m'as permis de la mettre. Je me souviens que tu m'avais demandé de m’asseoir au sol pour me nouer les cheveux à l'aide d'un ruban blanc et rose que nous avions acheté pour Noël. Cette journée, je me sentis telle une princesse. J'avais l'impression d'être magnifique comme jamais. Alors, la journée de ma rencontre avec lui avait été étrange. J'étais si gênée, si intimidée. Sa chambre faisait la taille de notre appartement et il possédait une console ! Celle que je pouvais souvent apercevoir dans les magasins. Il me proposa d'y jouer. Je restais surprise. J'étais nulle. Je ne savais pas jouer. C'était affreux ! Pourtant, cette journée avait été si merveilleuse que tout le long du trajet vers la maison, je n'avais pas arrêté d'en parler. Que dire ! Tu sais maman, le sourire et le rire qui apparurent sur ton visage me firent chaud au coeur. Tu semblais heureuse pour moi. Mais si seulement, nous n'étions pas allés jouer dans ce parc. Je n'aurais pas attiré les regards sur nous et tu n'aurais pas perdu ton travail par ma faute !

Cette journée, tu n'as pas pleuré. Tu es restée fière. Tu as serré les poings en respirant fortement. Je me serrais contre toi en versant plusieurs larmes. Pourquoi devais-je perdre mon ami ? Mon coeur fut brisé en plusieurs morceaux. Ma vie venait de prendre fin. Il était mon seul ami et l'unique personne me respectant. Je ne voulais pas partir. Je voulais jouer avec lui. Je voulais vivre d'autres aventures avec lui. Sache maman, tu n'es pas responsable et lui non plus. La vie est compliquée. Tu me l'as toujours dit.

Après avoir été virée par la famille Park, tu as été embauchée par une autre famille. Cependant, cela ne dura que quelques jours. La famille Nam voulait qu'une chose : te ridiculiser.

Maman, tu sais... Je suis désolée. Je n'aurais jamais dû être présente. Je n'aurais jamais dû entendre leurs mots haineux.  << Vous avez apporté la honte sur notre famille ! Vous ne venez pas de notre monde. Ma famille ne doit pas connaitre la pauvreté de la rue ! Les Nam sont destinés à la gloire. Nous n’aurions jamais dû offrir cet emploi à quelqu'un vivant dans une boite en carton ! Prenez votre dernière paie et éloignez-vous de ma famille ! Si, votre famille s'approche encore de la mienne, je vais tout faire pour que vous ne puissiez plus travailler ! Dégager de ma vue déchet de la société. >>

Tu sais maman, je me vois encore quitter Séoul. Cette femme avait ruiné ta réputation. T'empêchant de te trouver une nouvelle famille. Mais, tu lui avais pardonné. Tu savais que les riches possède un certain orgueil. Nous avons donc quitter Séoul pour rejoindre Hahoe et tu as d'abord travaillé comme serveuse dans un petit restaurant où la propriétaire te permettait de ramener les restes des clients. Nous vivions au jour le jour car tu ne voulais la pitié de personne. Tu trouvas ensuite un deuxième emploi le soir, un emploi peu avantageux où tu devais nettoyer le bain public. Mais grâce à cet emploi, je pus apprendre à jouer de la guitare et le piano. Pour te remercier, j'ai donc tout fait pour obtenir les meilleures notes. Je me classais numéro un à chaque examen. Puis, finalement, ce jour arriva. À mes vingt-trois ans, je fis une demande pour l'université et obtins cette bourse. Une bourse bien méritée.

Maman, je ne pourrais jamais te remercier. Je ne pourrais jamais te dire comment ton amour, ta bonté, tes encouragements m'ont été précieux. Nous n’avons pas connu la richesse, je n'ai jamais pu vivre sans manquer de rien. Mais, grâce à toi, j'ai appris la vrai signification de la vie. Tu m'as appris qu'il ne fallait jamais baisser les bras. Grâce à cette force que tu m'as transmise, je vais nous sortir de cette classe moyenne en nous faisant goûter un peu de luxure. Je vais tout faire pour que tu n'ais plus jamais à travailler.

J'espère que tu manges correctement ? Profite de ta liberté pour te trouver un compagnon. Maman, je ne suis plus à la maison. Alors, s'il te plait...Vis ta vie maintenant !


Ta fille qui t'aime. Byeol Eun Mi.